ESTRELLA - BRAHMAN PARADISE

By joannaacnt

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« 𝐚𝐮𝐱 𝐞́𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐯œ𝐮𝐱, 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐱 𝐫𝐞̂𝐯𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐚𝐮𝐜𝐞́𝐬. »... More

PLAYLIST
NOTE DE L'AUTEURE
prologue
chapitre 01
chapitre 02
flashback
chapitre 03
chapitre 04
chapitre 05
chapitre 06
chapitre 07
chapitre 08
chapitre 09
chapitre 10
flashback
chapitre 12
chapitre 13
chapitre 14
chapitre 15
chapitre 16
chapitre 17
flashback
chapitre 18
chapitre 19
chapitre 20
chapitre 21
chapitre 22
chapitre 23
chapitre 24
chapitre 25
flashback
chapitre 26
chapitre 27
chapitre 28
chapitre 29
chapitre 30
chapitre 31
flashback
chapitre 32
chapitre 33
chapitre 34
chapitre 35
chapitre 36
chapitre 37
chapitre 38
chapitre 39
chapitre 40
chapitre 41
chapitre 42
chapitre 43
chapitre 44
chapitre 45
chapitre 46
flashback
chapitre 47
chapitre 48
chapitre 49
chapitre 50
chapitre 51
chapitre 52
chapitre 53
chapitre 54
chapitre 55
chapitre 56
chapitre 57
épilogue
REMERCIEMENTS

chapitre 11

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By joannaacnt

NDA IMPORTANTE :

on est le 19 février, si tu as commencé l'histoire avant et que tu es actuellement en cours de lecture je te conseille fortement de recommencer de début, pourquoi :

j'ai re écris estrella, perfectionné, rendu meilleur, pour la version finale, et j'ai donc changé tous mes chapitres jusqu'au 13.
Avec de nouvelles scènes, de nouveau detail, plus de profondeur (j'ai écris ESTRELLA 01 y'a un an donc voilà j'ai assez évoluée)

bref, vous avez compris.
si tu es entrain de lire le chapitre 07 par exemple,tu seras totalement perdu dans la chronologie des événements car tout à changé !!
voilà désolée mais j'avais besoin de mettre à jour mon histoire finale et beaucoup plus travaillée 💕💕

bonne lecture

————

Lewy

Quand j'étais petit, ma mère me répétait qu'il fallait se forcer à sourire pour en faire apparaitre un sincère, meme dans les situations qui ne nous donnait pas envie de le faire.

Pour elle, un sourire véritable pouvait réparer un vrai cœur souffrant.

C'est ce que j'essaie de faire tous les jours de ma vie depuis dix ans, et encore plus aujourd'hui, alors que mon visage est encore plus noir que mes pensées à cause des cernes sous mes yeux.

Mes phases d'obsessions ont recommencé, et je n'ai pas fermer l'œil plus de deux heures cette nuit, mon esprit trop préoccupé par le test qui arrive lundi.

Cela faisait longtemps, que je ne m'étais pas rendu dingue sur une chose futile, au point de ne penser qu'a ça, remplaçant ma douleur habituelle par un violent besoin de combler cette obsession.

Aujourd'hui, l'obsession est celle de la réussite, qui ne me lâche plus. Il n'y a que ça qui tourne en boucle dans ma tete, et meme si c'est épuisant, je pense préféré cela, plutôt que les pensées habituelles qui m'accompagnent au quotidien.

Dans ces moments d'angoisse intense, elles sont balayées, car elles sont rivées sur l'élément déclencheur de mes névroses.

-Bonjour mon petit Wy.

La main de Maria se pose sur mon épaule derriere moi, et je n'ai pas le temps de me retourner qu'elle a déjà embrassé mon front, et se trouve rapidement au niveau du plan de travail, prete à passer au préparation du repas du midi.

Onze heure du matin, si elle s'y met maintenant, c'est pour une seule bonne raison.

-Papa ou maman rentrent, ce midi ?

-Ta mere ne va pas tarder, elle a une pause du midi plus longue que d'habitude entre deux affaires. Ton père sera la aussi, mais je ne sais pas quand.

Maria est un peu comme une magicienne.

Elle n'a pas besoin de m'entendre, ni meme de me voir, pour savoir ce que je ressens au plus profond de mon cœur, habitué à toutes nos tragédies.

-Tu sais qu'il ne restera pas longtemps. Ca ira.

-Je n'ai pas été élu au conseil des délégués, soufflais-je difficilement. Syril a déjà dû lui dire, alors je n'en suis pas si sur.

-Ah bon ? Hacher. Qui a gagné ? Alyah ?

-Non, du tout. Elle a abandonné en cours de discours. C'est une fille que je ne connais pas plus que ca, qui a été avec moi au lycée.

-Est-ce qu'elle le mérite ? demande Maria en me jetant un coup d'œil vif.

-Oui.

-Est-ce que tu méritais plus qu'elle ?

-Pas du tout.

-Alors ne sois pas déçu. Elle a été meilleure, c'est le jeu.

Maria, comme peut de gens, ne savent pas l'importance que ces victoires avaient pour moi. J'aimerais lui avouer que je me fiche du statut de délégué, mais que je voulais simplement espérer voir un sentiment de fierté, de joie, sur le visage de mon père.

Elle pourrait comprendre, me connaissant depuis trop longtemps et m'ayant vu chercher l'attention de mon père depuis des années, avec plusieurs façons différentes, mais je crains qu'elle me dise les vérités dont elle est adepte, et qui font mal.

L'honnêteté est la principale qualité de Maria, et je n'ai aucune envie qu'elle me dise haut et fort que ce n'est pas ça qui me ramènera l'amour de mon père.

-Tu es ailleurs en ce moment, Lewy.

-Est-ce nouveau ? je demande en souriant, alors qu'elle ne peut meme pas me voir, dos à moi.

-Non, mais c'est plus que d'habitude, maintenant que tu es à la fac. Je te préférais moins soucieux, dans tes années lycées.

Ramassant mon petit déjeuner fini, je me lève de ma chaise pour débarrasser, en me rapprochant d'elle. Ses petits yeux marrons attendaient déjà mon regard que je lui donne, avec un sourire aussi grand que le sien sur les lèvres.

-Tu es entrain de me demander de redevenir le bagarreur que j'étais à l'époque ?

Oui, j'ai tout essayé pour avoir l'attention de mon père, et les bagarres est la technique qui a le plus fonctionné.

Il me passait les plus gros savons de ma vie à chaque fois, me donnant l'envie de continuer encore et encore, juste pour entendre le son de sa voix, et prononcer mon prénom.

-Je suis entrain de te demander de dormir, et d'arrêter de bosser comme si ta vie en dépendait ! Vu le temps que tu passes enfermer dans ta chambre devant tes cahiers, tu dois connaitre meme la ponctuation !

-Non, toujours pas, dis-je sarcastiquement. Je m'arrêterais quand ça sera le cas, tu as raison. Merci Maria.

Ses paupières se soulèvent pour lever les yeux au ciel nonchalamment, en plein coupage de carotte et de concombre.

-Va te préparer, burro. Sois présentable pour tes parents, et s'il te plait ? Lave toi.

Je fais mine d'etre indigné par son sous-entendu qui laisserait croire que je pue, avant d'opérer un signe militaire, le torse bombé et le visage sérieux.

-A vos ordres, chef !

Forcément, j'ai le droit à un lancer de torchon mouillé en plein visage, avant qu'elle me fouette avec pour me faire sortir de sa cuisine.

Un instant à ses cotés réussit parfois à me faire oublier le néant qu'est devenu ma vie depuis toutes ces années, me rappelant qu'elle ne l'était pas réellement, car au fin fond de celui-ci, se trouver Maria pour m'empêcher de m'y noyer.

Quand je reviens dans ma cuisine, c'est pour y trouver mon père et ma mere, tous les deux face à face, un vin déjà servis pour chacun d'eux. Quand j'entre dans son champ de vision, maman est la seule à lever les yeux vers moi, un sourire aux lèvres.

-Bonjour mon trésor. Viens manger.

J'aimerais refouler la sensation de ce surnom que je n'avais pas entendu depuis longtemps, mais il laisse tout de meme un lourd impact sur mon cœur qui revit presque instantanément.

Malheureusement, il se cache très vite en voyant le regard de mon père quand je m'assoie à table. Je comprends pertinemment ce que ma mere essaie de faire. Elle me chouchoute en premiere, car elle sait que mon père n'est pas d'humeur.

Elle prépare la chute pour m'aider à atterrir du mieux que je peux.

J'en ai la preuve quand elle ne me parle pas de l'école. Elle qui d'habitude adore discuter de ca avec moi, évite le sujet exprès. Ce qui veut dire que oui, Syril leur a bel et bien dit que je n'étais pas délégué.

Mais de temps en temps, je lève les yeux vers lui espérant croiser son regard, pour lui rappeler mon échec, sa déception, et son envie de me le rappeler.

Sauf qu'aujourd'hui, il n'a pas l'air décidé à me faire payer mon incompétence par des mots, mais par du silence.

Il y a encore quelques jours, je me demandais ce que je préférais entre le silence et la violence, aujourd'hui, j'ai la preuve formelle de ma tendance sadomasochiste.

-Il y a eu les débats pour les élections, dis-je d'un coup vers ma mère, qui ouvre grand les yeux, surprise.

-Ah oui, c'est vrai. Syril nous a dit. Tu as aimé ? demande-t-elle doucement.

-C'était intéressant. Une expérience sympa.

De nouveau, je relève les yeux vers mon père qui n'a toujours pas laché son journal. Un verre de vin à la main, c'est comme si nous n'étions pas la.

Je pense, que je pourrais faire les choses les plus ridicules devant lui, qu'il ne bougerait pas. Mon père a ses phases. Celle de colère, ou il aime me rappeler à quel point j'ai gaché sa vie, et ses phases habituelle, qui n'est rien d'autre que sa vie triste et remplie de noirceur.

Avant, je haissais sa colère, mais quand il a commencé à l'abandonner, j'aurais tout donné pour l'entendre de nouveau.

En tout cas, aujourdhui, je n'aurais pas le droit à l'attention de mon père.

Les paroles de Wade me tournent en boucle dans la tete.

« Ce n'est qu'une facade ».

J'ai du mal à me dire qu'il a finalement peut-être raison, et que je me force à penser que mon géniteur redeviendra un père seulement grâce à mes prouesses ou échecs scolaire.

Peut etre, que je me suis raccroché à ça simplement car c'était mon dernier espoir, ma dernière solution.

Peut etre, que j'ai été stupide, de croire que je le retrouverais un jour.

Après ce repas chaotique à discuter avec ma mère, comme si nous n'étions que tous les deux, je quitte l'appartement rapidement, pour me réfugier dans un lieu qui apaisera toute ma colère ; la bibliothèque universitaire.

Me plonger dans les révisions me permettra de me détendre un petit peu, car plus je révise plus je me sens prêt pour lundi, et donc beaucoup moins stressé. C'est une échappatoire comme un autre.

Je passe mon après-midi le nez dans mes cours, je suis tellement à fond que je ne vois pas le temps passer, il est déjà plus de dix-huit heures quand je regarde mon téléphone, alors que j'ai rendez-vous dans même pas deux heures.

Je me dépêche de rentrer chez moi, espérant intérieurement que mes parents ne soient plus la. Meme ma mère, qui fait tant d'effort pour moi.

Bien sûr, il n'y a personne. Ils ont tous deux du faire exactement comme moi, filé se vider la tete dans une préoccupation devenue vitale ; leur boulot. La famille représente un schéma. Forcément, je ne peux pas etre le seul à fonctionner grâce à la tristesse.

Quand je rejoins ma chambre, je suis surpris de trouver Noélie qui est assise sur mon lit. Je m'apprête à lui sourire faussement, mais à voir son visage, elle n'a pas l'air ravi.

A peine je pose un pied dans ma chambre, qu'elle se lève et s'approche rapidement de moi.

-Tu as passé une bonne journée Lewy ? dit-elle d'un ton que je connais par cœur.

Elle est énervée.

-Euh, ouais. Et toi ?

-Bien sûr, un jour de concerto quoi, répond-elle d'un ton complètement ironique.

Et merde.

Ça m'été totalement sortie de la tête. Je devais l'accompagner, je lui avais promis il y a deux semaines de ça, mais j'ai passé ma journée à la bibliothèque, plongé dans mes révisions.

Encore.

Son regard déçu me ferait presque me sentir coupable.

Bon sang, j'ai tellement l'esprit ailleurs que j'en oublie l'essentiel de ma vie, que même un simple concerto a réussi à me sortir de la tête.

-Je suis désolé, j'avais complétement oublié. Tu aurais dû me le rappeler.

-Parce que c'est ma faute maintenant ? demande-t-elle en croisant ses bras sur sa chemise rose.

-J'avais la tête dans mes cours, je suis distrait en ce moment, excuses moi. Je viendrais au prochain, je te le promets.

Je dis ça tout en retirant ma chemise, évitant son regard plein de sous-entendu haineux et triste. Je sais bien que je la blesse en la mettant de côté, mais je ne peux pas faire autrement.

Je ne sais pas faire avec l'humain. Entretenir des liens, chérir l'amour qu'on me donne, et aimer en retour. Ce sont des choses que je n'ai pas appris à faire, trop vite plongé dans un monde ou la haine était plus puissante que tout le reste.

Comment aimer, quand on nous a appris à détester ?

Comment savoir gérer des sentiments, quand personne n'a été là pour nous en donner ?

-Tu as toujours la tête ailleurs. Pas que dans les cours. Tu es tout le temps distant. Je suis ta copine Lewy, je mérite un peu plus d'effort.

Je sais que je suis totalement en tort, et pourtant j'ai le culot de perdre patiente et d'en avoir marre de l'entendre.

-Désolé.

Elle me suit jusque dans la salle de bain, et se fiche totalement que je sois en train de me déshabiller et continue de s'énerver, dans l'attente surement d'une réaction un peu plus sincère, que je suis incapable de lui donner.

-Tu es tout le temps désolé. Je vais commencer à perdre patience devant tant d'indifférence de ta part.

Je ne réponds rien et m'enferme dans ma douche sans un mot, me maudissant d'etre un connard. L'eau bien chaude ne pourra que me faire du bien, et me détendre pour faire face à ma connerie, et à la crise produite par celle-ci.

Mais merde alors, Noélie savait très bien dans quoi elle se lançait avec moi, elle n'a pas le droit de me reprocher quelque chose qu'elle a elle-même choisi.

Tu ne te mets pas avec quelqu'un en espérant le voir changer, tout le monde devrait savoir ça. Je suis comme je suis, que ça plaise ou pas, je n'en ai rien a foutre, et elle sait pertinemment que rien ne me fait changer d'avis.

Et meme si je crevais d'envie d'etre autrement, les chaines autour de mon âme et de mon cœur m'en empêche depuis trop longtemps, me forçant à rester au fond de ce gouffre qui ruine tout et tout le monde autour de moi.

J'ai sombré, et ma souffrance a décidé de ne laisser rien ni personne indemne.

Je passe surement vingt longues minutes sous l'eau, et je suis surpris de voir Noélie toujours dans ma chambre. Elle porte maintenant sa tenue de cheerleaders et se fait une couette haute.

-Tu es toujours là ?

-Oui, dit-elle sans même me regarder, je ne vais pas partir sans toi. Et puis c'est toi qui m'amènes.

Je me prépare donc dans mon coin, sans aucune motivation. Je laisse tomber ma chemise pour un pull noir et le pantalon de costume pour un short plus détente. C'est une soirée foot, pas besoin d'être trop apprêté. Une fois prêt, Noélie s'approche un peu de moi et me regarde les bras croisés.

-Tu es beau.

-Toi aussi tu es belle.

Elle passe ses bras autours de mon cou et m'embrasse, puis colle son front contre le mien.

-Je veux juste que tu me vois un peu plus.

-Je sais.

-Je t'aime.

Ces mots censés être doux et délicats ont sur moi un effet contraire. C'est comme une énorme gifle, qui me rappelle avec violence que moi, je suis incapable d'aimer ou de ressentir autre chose que de la colère.

Je ne supporte pas quand elle me le dise, mais je ne le montre pas. Là, ce serait vraiment méchant.

Ma seule réponse est un mini sourire et un baiser. Elle se contentera de ça, car je ne peux pas lui en donner d'autre.

*

-Je suis chaud comme je ne l'ai jamais été ! hurle Raph en secouant mes épaules.

-Détends toi un peu, garde ton énergie pour le terrain, l'engueule Wade.

Il y'a énormément de monde présent, que ce soit dans les gradins du stade ou autours, vers les stands de nourritures et de boisson. Il y'a beaucoup de bruit et de musique, on s'entend à peine parler. C'est un environnement qui ne me permet pas de me détendre à 100% car je me sens toujours mal et en danger dans une foule aussi forte, c'est plus fort que moi. Je me sens toujours autant perdu.

Je m'installe dans les gradins, tout seul vu que mes deux amis sont sur le terrain, et Noélie et Fanie aussi, cheerleaders. Je suis tout devant, et je les regarde s'entrainer.

Je ne suis pas le seul, un peu plus loin je vois Taric Line et Alyah les observer aussi, mais eux se concentrent plus sur les cheerleaders. Quand Taric me voit, il me fait un petit signe de tête. Par politesse et respect, je lui rends. Au tour de sa copine espagnol de me voir, et elle en revanche me fait un doigt d'honneur en souriant. Line, elle, ne me regarde même pas, alors qu'elle sait que je suis là.

Déjà gonflé, je détourne le regard et me concentre sur Wade et Raph. Je repère leur numéro, onze et huit, afin de mieux les suivre sur le terrain. Ils ont le droit à l'échauffement de base, encouragé par les cheerleaders. Noélie elle, est superbe dans sa tenue. C'est une jupe bleu foncé et son haut moulant assortie.

J'ai l'impression que tout va à cette fille, et crois bien ne jamais l'avoir vu dans quelque chose qui ne la mettait pas en valeur. Elle est toujours canon. Ce rôle de capitaine dans l'équipe lui va bien, elle rayonne au milieu de ses camarades, au centre de la chorégraphie et de l'attention. Tout ce qu'elle aime. Quand elle voit que je la regarde, elle me fait un grand sourire.

En l'observant, je me demande si nous avions bien fait de nous mettre ensemble elle et moi. J'ai bien peur de ne jamais lui donner ce qu'elle veut de moi. Je suis peut-être un con, mais je ne suis pas un monstre, je n'ai pas envie de lui faire du mal, et pourtant je sais que je lui en fait depuis le début. La preuve, aujourd'hui encore j'ai dû m'excuser. Ce n'est pas normal de demander autant pardon dans un couple, et j'ai l'impression de passer ma vie à m'excuser de mes conneries.

J'apprécie Noélie, mais je n'ai pas la capacité d'aimer quelqu'un, ni de ressentir des sentiments. Malgré tout ce qu'on peut penser d'elle, elle le mérite plus que n'importe qui.

Le match commence enfin, le fendard se met à jouer à fond et tout le monde hurle pour accueillir les joueurs, ce qui me permet de penser à autre chose. Les cheerleaders commencent leur chorée, et tout le monde applaudit encore plus fort que la musique. L'arbitre donne le départ, et le match commence enfin.

La mi-temps de vingt minutes est sonnée, pour l'instant, notre équipe est en tête. Raph et Wade viennent vers moi pour me taper dans la main, et boire une gorgée de leur bière que je tiens.

-Bien joué les gars.

Ils me sourient tous les deux, contents de leur prestation et retourne dans les vestiaires. Noélie me rejoint à son tour, en essuyant la transpiration sur son front.

-Alors, me dit-elle en embrassant ma joue, comment tu trouves mon uniforme ?

-Ça te va bien.

Elle me sourit et embrasse mes lèvres, puis fait comme les garçons, boit une gorgée de sa bière à elle.

-J'y retourne bébé, a tout à l'heure.

Elle rejoint donc son équipe au milieu du terrain, surement pour un point. Personnellement, je me prends un instant pour aller me chercher à manger, me sentant un peu comme l'intru du groupe, qui préfère les maths et les étoiles.

Malheureusement, à la grande peine de Raph, je ne suis jamais rentré dans leur délire fanatique de sport.

Mourant de faim, je me faufile dans l'immense foule, sans avoir vraiment le choix, en pensant à autre chose pour ne pas craquer. Je me récite comme toujours le nom des planètes pour oublier que je suis ici. Je pousse tout le monde pour me diriger vers les Food trucks le plus rapidement possible. Une fois dégagé de toute la foule, je peux enfin circuler comme il faut vers les stands ou les gens sont moins entassés.

Je me mets dans la fille d'un camion qui vend des paninis et des frites, ça fera l'affaire pour me remplir l'estomac.

Au bout d'un certain moment, je sens quelqu'un me bousculer pour me passer devant. Sans même la voir, pas besoin avec son odeur de désodorisant pour chiotte, je sais très bien que c'est Alyah, qui vient d'arriver pour empiéter sur mon humeur déjà bien fracassante.

Sourire aux lèvres, elle s'arrête juste devant moi sans rien dire, en me regardant de haut en bas.

-Quoi ? je lâche déjà gonfler.

-J'ai perdu l'élection des délégués.

-Non vraiment ? Je pense etre au courant.

-Toi aussi tu as perdu, dit-elle en m'offrant un sourire encore plus grand et en penchant la tête sur le côté pour m'examiner.

Sans rien répondre, je pose ma main sur son épaule et la pousse sur le côté pour lui passer devant, ce qui me vaut une insulte en espagnol.

-J'étais là avant, dis-je dans ma barbe.

Elle recoiffe ses cheveux, et reprend sa place dans la file, cette fois derrière moi.

-Toujours sympa comme mec.

Je l'ignore et fait comme si elle n'était pas là, alors que je l'entends très bien continuer de ruminer derrière moi comme une gamine.

Seulement dix secondes se sont écoulées avant qu'elle me tape dans l'épaule, et pris d'impatience je suis obligé de me retourner.

-Quoi encore ?

-Je voudrais m'assurer que tu n'es pas complètement fou Jones, meme si tu en a l'air, et que ce petit jeu ne va pas aller trop loin. Je veux dire, tu m'as cherché, j'ai répondu, on s'est cherché, on s'est amusé, et voilà, la balle est au centre, nous avons échoué tous les deux. Pas de mauvais coup en préparation j'espère, on peut s'arrêter là et repartir sur de bonne base, c'est-à-dire ; etre de total inconnus l'un pour l'autre ?

Je penche un peu la tête sur le côté pour l'examiner. Ses cheveux bouclés sont attachés dans un chignon mal fait, et elle a du crayon noir sous ses yeux verts lumineux. Comme toujours elle est habillée à sa manière, un short en jean sur un long t-shirt à moitié rentré dedans, plein de fleurs et de pistolets. Autour de son cou pends son collier de lune et de soleil, qu'elle tourne machinalement entre ses doigts en attendant que je prenne la parole. Au lieu de ça, je continue de l'examiner, avant de détourner le regard sans un mot.

Car ça ne la regarde pas, ça sera une surprise pour elle.

-Pas de réponse ? me dit-elle, en penchant la tête sur le côté exactement comme moi.

-Quoi ? Je te fais peur Alyah ?

-Pardon ? Répond-t-elle en rigolant. Oh que non, c'est toi qui as peur oui. Tu crains tellement que je sois meilleure que toi que ça te rend dingue, idiot et irréfléchi.

-Personne n'est meilleur que moi, vais-je devoir te le répéter encore longtemps ? Mon échec à l'élection des délégués n'était que le fruit de notre débat annulé par ta fuite.

-Il existe toujours plus fort, tu n'es juste jamais tombé sur le bon adversaire. Aujourd'hui quelqu'un est là pour te faire tomber de ton estrade et ça te fait flipper. Donc je veux être sûr que tu ne vas pas abuser de ton pouvoir, pour éviter ça. Car franchement, c'était drôle deux minutes, mais je ne veux pas ruiner ma scolarité pour ton désir de victoire, dit-elle en fronçant les sourcils d'un air accusateur, les bras croisés sous sa poitrine.

Même pas cinq minutes de discussion que j'ai déjà envie de lui faire mal, comme toujours. Mais étrangement, je me sens autant en danger, qu'excité à l'idée de compétition qu'elle m'offre depuis qu'elle est là.

Pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un s'oppose à moi, et me tient tête. Mieux encore, pour la première fois depuis longtemps, quelque chose me donne envie de me lever, de tout donner et de réussir.

Ça m'énerve autant que ça me donne envie de continuer à la chercher, voir jusqu'où elle pourrait aller pour me rendre la monnaie de ma pièce. Elle a réveillé quelque chose que je pensais éteins à jamais en moi, ténacité.

Malheureusement, elle n'est pas comme moi. Elle se défend juste, moi j'aime écraser les autres.

-Alyah, tu ne m'impressionnes pas, et tu ne me menace pas non plus. Nous ne sommes même pas de la même catégorie de personne, tu es loin derrière moi, tu ne l'as toujours pas compris ? je demande de mon air le plus hautain et arrogant que j'offre au monde entier pour leur montrer que je ne suis pas celui que je suis au fond de moi, mais quelqu'un de fort et de confiant.

Ce sont ces réactions la, qui me font ressentir de nouvelle chose. L'impression de contrôler quelque chose, d'avoir la main sur un jeu que je maitrise. Celui dans lequel Perez et moi avons plongé tête baissée.

Etrangement, j'adore ca. J'aime avoir un objectif, un but, celui de la détruire, qui est réalisable comparé à l'amour de mon père que j'attends.

Face à ma réponse, elle écarquille les yeux avant d'ouvrir la bouche, mais c'est à mon tour de commander. Le serveur m'interpelle, et je passe commande. Frite, hamburger, ça fera l'affaire. L'autre m'a coupé l'appétit. Pour attendre ma commande, je passe derrière le Food truck avec ceux qui patientent, et c'est au tour de Alyah de commander. J'espère être servis avant qu'elle arrive, pour ne plus entendre sa voix désagréable, mais la vitesse du service n'est sûrement pas à son maximum.

En effet, elle arrive bien avant que ma commande soit prête, et se dirige droit sur moi, d'un pas déterminé, prête à finir cette conversation.

Lourde. Lourde et chiante. Voilà ce qu'elle est.

-C'est quoi votre souci avec vos catégories ? En quoi je ne suis pas dans ta catégorie Lewy Jones ?

Elle appuie sur mon nom, et place ses deux mains sur ses hanches, en attendant ma réponse.

-Tu n'es pas faite pour ce monde, c'est tout.

-J'ai ma place ici autant que toi, je me suis battue pour être là donc si tu crois que c'est ton avis qui va me faire douter de moi, tu peux toujours rêver.

-Ce n'est pas mon avis qui doit te faire douter, mais les vrais résultats qui tomberont parleront d'eux même. Pour l'instant, nous sommes exæquos, après le test, tu comprendras que tu ne fais pas le poids.

Elle me fixe un long moment, sûrement en train de réfléchir, puis me foudroie du regard, et ses yeux se plissent tout seuls. Sûrement un tic nerveux.

- Tu es à ce point persuadé d'etre imbattable ? Tu as un bon gros complexe de supériorité, c'est très grave. Va te faire soigner, gringito.

Je ne suis pas persuadé d'être imbattable, au contraire, mais on m'a appris à se sentir toujours confiant devant les autres. Plus tu as l'air confiant, plus tes adversaires le seront moins, pensant que si tu es persuadé de réussir, c'est qu'il y a des raisons.

Mais ce n'est qu'une apparence, pour la tromper, bien sûr que je sais qu'un jour, je tomberais sur meilleur, mais il faut faire semblant de se sentir intouchable, pour le devenir réellement.

En revanche, je refuse de croire que ce sera elle qui pourrait etre meilleure.

-Je suis juste supérieur, c'est tout. A toi en tout cas.

-C'est ce qu'on verra quand je gagnerai une deuxième fois.

-ça n'arrivera pas.

Elle se rapproche d'un pas de moi et plonge ses yeux clairs dans les miens, m'examinant rapidement avant de revenir sur mes iris. Ses pupilles se dilatent, comme à chaque fois qu'elle me fait face avec toute sa fierté et force pour me montrer qu'elle ne sera jamais impressionnée par mes prouesses.

Serait-ce malsain, de dire que ça me fait presque vibrer, et que j'attendais ce regard depuis le début de notre conversation.

Celui qui me dit qu'elle n'en a pas fini avec moi, et qui me donnera l'impression d'avoir enfin quelque chose à accomplir.

-On pari ? me dit-elle, suivi d'un léger sourire provocateur.

Merde, mon ventre se tord d'excitation.

-Tu es sérieuse ?

-Très.

Elle répond d'un ton ferme, sans hésiter une seule seconde. Elle a l'air sur d'elle, trop sûre d'elle. Elle a de l'audace. De l'audace qui ne demande qu'une chose, rencontrer et faire face à la mienne, pour voir laquelle sera la plus forte.

C'est idiot, et risqué, mais je ne peux pas reculer devant elle.

Je suis trop fier pour ça, et surtout, quelque chose en elle m'empêche de réfléchir correctement.

C'est idiot, purement enfantin, et pourtant, j'acquise toutes ses provocations pour en chercher d'autre, et fait de ses menaces un tremplin pour les miennes.

Alors un défi ? Bon sang, je pense que si elle me défie de sauter d'un pont, je le ferai, juste car je me sens enfin vivant.

-Ok, je t'écoute.

Son sourire témoigne de sa satisfaction mais aussi d'une drôle d'excitation. Elle est ravie.

-Cool. Si j'ai une meilleure note que toi... Je veux apprendre à te connaître pour comprendre ce qui fait de toi un gros con. Ça te va ?

Je reste sans comprendre un instant, me demandant si elle est sérieuse, ou pas. Au vu de sa tête d'idiote, j'imagine que oui.

En plus d'être chiante, elle est conne.

C'est mignon.

-OK. Si j'ai une meilleure note, tu quittes Stanford.

Son visage change d'un seul coup, pour laisser place à de l'étonnement, puis elle explose de rire. Quand elle voit que je suis sérieux, elle fronce les sourcils et ouvre grand les yeux, pointant un doigt accusateur vers moi.

-Tu devrais aller te faire soigner sérieusement ! Tu es vraiment dans l'excès !

-Tu préfères annuler le pari ?

-Je préférerais encore mourir écrasé par un bus que d'annuler. Je change de pari, tu quitteras Stanford aussi.

-Copieuse, dis-je avec un petit sourire en coin, qui lui fait lever les yeux au ciel.

-J'essaie d'être gentille, de ne pas abuser, et toi tu paris carrément mon avenir ? J'aurais dû me douter que je devais taper fort, alors voilà. Celui qui perd s'en va.

Ce qu'elle ne sait pas, c'est que je ne risque pas de perdre. Quand elle comprendra pourquoi, elle va vite enlever ce petit sourire de son visage d'ange.

J'ai hâte lundi, de voir son expression quand elle verra enfin, que personne ne m'attaque.

-Pas de problème. Paris lancés, gringito.

Elle me sourit d'un sourire si fier, que je ne peux garder le mien pour moi. Elle croit tellement m'avoir piégé, qu'elle ne se doute de rien, et c'est le plus excitant.

Derrière Alyah qui me dévisage, je vois Noélie se diriger vers nous, ce qui coupe court directement à la discussion.

Son regard est mauvais, et pourtant un long sourire s'étend sur son visage. Je la connais trop pour savoir qu'elle prépare quelque chose. Accompagnée de Fanie, elle fonce sur Alyah, et le contenu de son gobelet se renverse dans son dos.

Perez pousse un petit cri, et une grimace se forme sur son visage.

Noélie elle, attrape mon bras et se colle à moi, pendant qu'elle rigole avec Fanie. Mes yeux eux se posent sur Alyah, que je vois serrer les dents de toutes ses forces. De là ou je suis, je peux ressentir à quel point elle se retient.

-Dis-moi que c'est de l'eau Noélie, et pas un truc immonde.

Ma copine lui sourit et sent le gobelet.

-Vodka grenadine ma belle.

-Ok. Et pourquoi tu as fait ça, ma belle ? dit Alyah d'un ton ironique et moqueur, mais qui cache surtout de la colère maîtrisée.

Très bien maitrisée.

-Je fais ce que je veux aux filles qui s'approchent de mon copain.

La tension devient lourde d'un seul coup. Les deux se fusillent du regard, mais Alyah finit par exploser de rire.

-La seule chose que j'ai envie de faire à ton copain, c'est de lui arracher les yeux et son sourire mesquin. Vous vous êtes bien trouvé tous les deux ma foi, aussi idiot l'un que l'autre.

-Répètes un peu ce que tu viens de dire, intervient Fanie.

-Que ton amie et son copain sont des idiots finis.

Elle ne s'attendait surement pas à ce qu'elle le fasse vraiment, car elle ne répond rien et laisse Alyah nous faire un doigt à tous les trois, et s'éloigner de nous en tenant son t shirt de manière à ne pas lui coller à la peau, coupant court à notre affrontement.

-De quoi vous parliez ? me demande directement Noélie, d'un ton glacial.

-De sa ridicule ambition d'être meilleure que moi. Pourquoi ? Tu pensais à autre chose ?

Je la vois se détendre, et elle me sourit radieusement, réellement soulagée.

-Je n'aime pas voir des filles autour de toi. C'est plus fort que moi.

Elle enroule ses bras autour de moi et caresse quelques mèches de mes cheveux.

-Elle n'a même pas pris son menu, dit Fanie en nous montrant la poche de nourriture.

Noélie l'attrape, et l'ouvre pour manger des frites.

-Tant mieux, ça me donnera des forces. Allons-y, le match va reprendre.

Voilà, j'espérais avoir vingt minutes de répit avant de retourner dans la foule et le bruit, mais non, Alyah est venu pourrir mes tympans et mon esprit. Encore, comme si elle était venue d'Espagne dans le seul but de me rendre dingue, irréfléchi et mauvais joueur.

Vide d'énergie, perdu dans mon esprit, je suis les filles en direction du stade et de la foule, là où mon cœur s'agite automatiquement. Entre le monde, le bruit et la musique à fond, je me sens envahie.

Je me sens encore plus seul, encore plus perdu.

En arrivant juste à côté des gradins, nous repérons Raph, mais à la surprise générale, il n'est pas seul. Il est avec Alyah.

-Oh merde, vous croyez qu'il va réussir ? demande Fanie dans notre direction.

Personne ne répond, car nous regardons la scène. Raph est tout sourire, mais pas elle. Il lui tend son téléphone, et elle note quelque chose rapidement. Au vu de leur tête aux deux, je suis sûr que c'est son numéro. Il saute la barrière rapidement et va chercher son sac sur le terrain, quand il revient vers elle il lui passe un t shirt. Elle lui arrache des mains, et repars directement, le regardant à peine. Quand il nous voit, il nous fait un grand sourire et trottine vers nous.

-les gars devinez qui a eu le numéro de Alyah !!?

-Sérieux ? Comment tu as fait ? demande Fanie, impressionnée.

-Bah je l'ai vu en train de s'énerver toute seule, je lui ai demandé ce qui n'allait pas et elle m'a hurlé de lui trouver un t shirt.

-Et ?

-Je lui ai hurlé de me donner son numéro en échange. Elle l'a fait sans hésiter et je lui ai passé mon t shirt.

-Tu es sérieux ? demande Noélie d'un air jugeur.

-Je crois qu'elle a un souci de propreté. Elle n'a pas dit un mot en anglais mais elle avait l'air vraiment énervée d'être trempée comme ça.

-Elle n'avait qu'à pas me chercher.

-C'est toi qui as fait ça ? s'étonne-t-il.

-Oui. Elle ne t'a rien dit ?

-Les seuls mots que j'ai compris sont t shirt et vite. Non elle ne m'a pas donné de détail. Pourquoi as- tu as fait ça ? demande-il en rigolant

-J'avais envie. C'était marrant.

-Et bah je te remercie, car grâce à toi que j'ai eu son numéro et grâce à toi que je vais gagner vos paris, ma jolie.

Noélie lève les yeux au ciel en le bousculant pour passer.

-Le match va reprendre, dépêches toi abruti.

Les filles finissent par repartir rejoindre leur équipe, mais Raph lui, reste un instant avec moi avant le lancement de la deuxième mi-temps.

-Je lui propose quoi ? De venir direct chez moi tu penses ? Me demande-t-il, très sérieux.

-Sérieusement Raph ?

-Trop rapide hein ? Bon, je vais lui proposer de boire un verre pour commencer. Merci mec.

Il me tape à l'épaule avec un clin d'œil, puis retourne sur le stade.

Le match reprend, et Stanford gagne haut la main. Les élèves fêtent ça sur le campus une bonne heure, mais la vraie fête se passe après, chez Raph.

Personnellement, je n'y vais pas. Je rattraperais les soirées quand le test sera passé, car même si je sais que Alyah ne posera pas de soucis, je dois quand même arriver premier, et avoir la meilleure note.

Donc je me dois de bien dormir et de rester concentré pour arriver à mes fins, c'est-à-dire la réussite et ce projet universitaire.


Alyah

C'est le grand jour, ça y est.

Je me suis réveillée à cinq heures du matin alors que je ne commence qu'à huit heures, mais j'ai besoin de mon temps de détente pour me préparer à ce test. Je prends donc un bon bain chaud, avec mes bougies et ma musique.

Je repense encore et encore à samedi soir, et forcément, à Lewy Jones. J'ai réellement parié ma place à Stanford ? Je me suis tellement laissé prendre dans son petit jeu, que j'ai totalement craqué.

C'est plus fort que moi, à chaque fois il réussit à me rendre mauvaise.

C'est sûrement car ça me rend malade de me faire refouler à chaque fois que j'essaie d'être gentille. Je pensais que c'était un petit jeu entre nous, mais pas du tout, lui, il prend ça comme une véritable guerre. Il veut vraiment me voir partir. Personnellement, si je gagne je n'ai aucune envie qu'il parte, je ne suis pas folle, or lui je pense que lui, n'attend que ça. Je n'ai donc pas le droit à l'erreur.

Si mes frères le savaient, je crois qu'il viendrait jusqu'en Californie pour me tabasser. Même quand j'ai raconté ça à Swann, il m'a engueulé, ce qui veut dire que j'ai vraiment abusé. Swan n'est pas du genre à faire la morale.

Mais tant pis, maintenant que c'est fait, c'est fait. Je ne peux plus retourner en arrière, et donc je me dois de réussir, car plutôt mourir que d'annuler ce pari débile.

C'est pour ça que je prends un bon bain, un bon déjeuner et que je pars une bonne heure en avance, musique Mexicaine dans les oreilles. Le test n'est pas obligatoire, seuls ceux qui veulent le passent, mais il y a quand même énormément de monde sur les listes, et il est devenu pour moi comme la chose la plus importante de toute ma scolarité.

A cette heure-ci, le campus commence à se remplir, mais le monde n'affut pas comme d'habitude. Je rejoins donc ma salle de classe principale dans le calme, pour me noter présente sur la liste, mais quelque chose cloche.

Mon nom n'apparaît pas dessus.

Je vérifie bien, une fois, deux fois, mais non. Pas d'Alyah Perez. Line et Taric sont bien dessus, les abrutis aussi, donc c'est bel et bien ma salle de cours, mais moi, je n'y suis pas, alors que je m'étais bel et bien inscrite.

Je ne réfléchis pas et entre, décidée à régler ce soucis. Madame Liarth est assise à son bureau, elle s'apprêtait sûrement à me dire de sortir, mais je la coupe directement.

-Je ne suis pas sur la liste alors que je me suis inscrite. Pourquoi ?

C'est avec elle que je l'ai fait, donc elle sait très bien que ce n'est pas normal. Les sourcils froncés, elle attrape sa liste pour vérifier.

-En effet, tu n'y es pas. Va voir l'accueil, on a dû oublier de t'inscrire, c'est bizarre.

Je ne réponds même pas et part en courant à l'accueil.

Voilà, heureusement que je suis venue à l'avance. Je connais ma mal chance.

-Excusez-moi, dis-je en interpellant la petite femme de l'accueil, qui a le nez rivé sur son ordinateur. On a oublié de m'inscrire pour le test.

-Laissez-moi regarder ça. Votre nom s'il vous plaît.

-Perez Alyah.

Elle disparaît dans une petite salle, et prend bien tout son temps, comme si je n'étais pas pressée. Le stress monte quand je vois le temps passer sur ma montre. Plus que quarante-cinq minutes.

Dix minutes plus tard, elle me refait face, sans aucune expression distincte sur son visage.

-Vous avez été désinscrite, sûrement une erreur. On ne peut rien faire pour vous, allez au secrétariat.

Je ne peux m'empêcher de souffler, mais essaie de rattraper mon impolitesse en la remerciant, malgré l'angoisse qui monte. Il n'y a qu'à moi que ça arrive ce genre de truc.

Je repars en courant à toute vitesse pour aller au secrétariat qui se trouve à l'autre bout du bâtiment. Je cours vite et esquive comme je peux la foule d'élèves. Encore quelque chose que je faisais au Mexique qui m'est utile ici.

Une fois au secrétariat, pareil, je leur explique mon souci, ils prennent mon nom et disparaissent plus de dix minutes dans une petite salle.

Quand un jeune garçon revient me dire qu'ils ne peuvent rien faire et que je dois aller voir directement le directeur, il ne me reste plus que vingt-cinq minutes, et une fulgurante envie de mourir.

Ok. Je peux le faire.

Le bureau du proviseur est dans l'autre bâtiment, alors je donne tout ce que j'ai. Je m'imagine au Mexique, avec Yael ou Swann devant moi qui me criait de me dépêcher quand nous étions en retard à la maison.

J'arrive enfin chez le proviseur, et honte à moi, j'entre sans toquer. Quand il me voit, il ouvre grand les yeux et pose sa tasse de café encore chaude sur son bureau, puis croise les mains devant lui.

-Il est à peine huit heures, que puis-je pour toi ? me demande-t-il.

-Excusez-moi du dérangement, mais on m'a involontairement désinscrite du test de ce matin. Vous m'avez désinscrite involontairement selon le secrétariat, donc c'est vous qui devez régler ça.

-Ah bon ? Quel est ton nom déjà ?

-Perez Alyah.

-C'est ça oui. Comment se passent les cours ? Tu t'en sors niveau accent ?

Il y a trois semaines, il m'avait conseillé de faire disparaître mon accent, alors je fais tout mon possible pour l'effacer quand je lui parle.

-Je ne sais pas, à vous de me le dire.

-Un peu plus d'effort et ça le fera je suis sûr. Bon alors, laisse-moi regarder ça.

Je fixe ma montre, et je vois les minutes passer pendant qu'il tapote sur son clavier sans rien dire.

Dix minutes.

Cinq minutes.

Deux minutes.

-Voilà qui est bon Alyah ! dit-il en attrapant un papier qui sort de son imprimante. Je ne sais pas ce qui s'est passé, tu as bel et bien été désinscrite. Je suis désolé, je ne comprends pas comment c'est possible.

Pendant qu'il me dit ça, je fixe la photo de famille sur son bureau. C'est une photo de sa femme et de ses enfants, dont Noélie...

Soudain, tout devient clair dans ma tête. C'est le père de Noélie, elle vit avec lui, et Noélie... est la copine de Lewy.

Non.

Ne me dites pas que c'est lui ?

Dios mio, bien sûr que c'est lui !

Ce timbré a osé aller aussi loin ! Il est allé jusqu'à m'évincer de la piste, en jouant de ses pouvoirs et de son statut. Alors ça, pour une surprise c'en est une. Je ne le pensais pas aussi dingue pour en arriver là, mais j'avais tort.

Encore une fois, je ne me suis pas assez méfiait. J'ai sous-estimé le malade de la compétions que j'avais devant moi, alors qu'il m'avait assez avertis.

J'ai osé penser que ce n'était qu'un petit jeu de rien du tout, alors que j'avais en face de moi un déséquilibré, désespéré de gagner pour une raison qui m'échappe.

J'attrape le papier en le remerciant rapidement, et cours comme je n'ai jamais couru pour retourner à la salle d'examen, dans l'autre bâtiment. Je cours à n'en plus respirer, je me sens transpirer dans mes vêtements, j'ai chaud et mal aux jambes, mais je m'en fiche.

Il est huit heures, l'heure du début du test et j'arrive à peine dans le bâtiment, mais j'y suis presque.

J'ouvre brutalement la porte, ce qui fait sursauter les élèves de devant. Tout le monde me regarde car ils sont déjà presque dans le silence. Madame Liarth m'observe m'approcher de son bureau, essoufflée, et me sourit, fière de moi.

Je pose mon inscription pour le test sous son nez, et en profite pour poser mes deux mains sur son bureau et respirer un peu.

-Ça va aller ? me demande gentiment ma prof.

-Ouais, dis-je en soufflant presque. Un peu de sport dès le matin ça ne fait de mal à personne, au contraire.

-Quel était le problème du coup ?

-Oh rien de grave, une petite erreur de rien du tout, facile à rattraper.

Je lève les yeux vers la salle, et bien sûr, je tombe directement sur Lewy.

Un regard mauvais posé sur moi, il ne me lâche pas des yeux. Aucun sourire, aucun air satisfait, je vois de la colère sur son visage, mais aussi de la déconcertassions. Je lui souris, et souris à Noélie devant lui, en m'avançant vers eux.

Je n'en reviens pas, c'est lui qui est en colère alors que c'est lui qui m'a fait un sale coup ? Encore une fois, lui ne s'attendait surement pas à ce que je m'en sorte comme ça.

Je l'avais prévenu pourtant. Personne ne me mangera. Je pensais lui avoir fait comprendre, avec toutes mes défenses et attaques, mais il faut croire que rien n'a suffi à le calmer.

Je m'assoie juste à côté de lui, et il me regarde faire. Je soutiens toujours son regard noir, de près je peux voir qu'il serre la mâchoire de toutes ses forces. Me sentir toute collante et essoufflée m'énerve encore plus.

-Lewy... tu es vraiment... waw, je n'ai pas les mots.

La professeure distribue les copies, donc il ne me répond rien, et se contente de me regarder jusqu'à ce que sa feuille soit sur sa table.

-Vous pouvez retourner, bonne chance à tous.

Je retourne ma copie, il y a 100 questions, et non cinquante comme prévu, et nous avons une heure et demie. Je lis en diagonale le thème des questions, normalement ça devrait le faire. Il y a des questions d'histoire, de sciences, certaines sont sur le campus, d'autres centrées sur l'Amérique ou encore le monde entier.

Je passe en concentration maximale, prête à tout déchirer. Je dois y arriver, pour montrer à ce malade que même avec tous ses coups bas, il ne réussira jamais à m'avoir. Jamais.

-Posez les stylos, c'est fini, cri Madame Liarth.

Voilà, enfin libérée de tout ça. Je ne veux pas m'avancer mais je le sens plutôt bien. Je m'étire et jette un œil à Line et Taric, qui dans ma rage je n'ai même pas salué. Je leur fais un sourire, mais les deux me regardent d'un air perplexe sans comprendre. Quand la prof a fini de récupérer les feuilles, je vois Lewy partir directement suivi de sa copine, sans même me regarder. Alors là, je ne vais pas le laisser partir comme ça celui-là.

-Attendez moi pour manger, je vais tuer quelqu'un, dis-je à mes deux amis qui regardent Lewy s'éloigner.

A leur tête, je pense qu'ils ont compris ce qu'il se tramait.

Je ramasse mes affaires et me précipite dehors, en bousculant tout le monde sur mon passage sans meme m'excuser, car il est déjà loin.

-Lewy ! j'appelle derrière lui.

Bien sûr il ne se retourne pas.

J'accélère le pas, et fini par le rattraper. Je m'en fiche qu'on soit entouré, je le pousse contre un casier. Il ne dit rien, et se contente de lever la tête vers moi et de me foudroyer d'un regard que je n'avais encore jamais vu.

-Tu as vraiment fait ça espèce de gros malade mental ??

-Retouche moi comme ça Alyah et je te jure que je ne vais pas réussir à me retenir.

-Je rêve ? Je devrais te tabasser et t'arracher tes yeux pour ce que tu as fait ! Tu es carrément aller me désinscrire ? Mais qu'est ce qui ne tourne pas rond chez toi à la fin ?

Il décolle son dos du casier, d'un pas il se rapproche de moi et baisse la tête à mon niveau pour que je sois la seule à entendre.

-Je t'ai dit que je te mangerais. Je t'ai dit de ne pas trop me chercher, et malgré tout tu as continué à me provoquer. C'était la seule punition adéquate.

-Me manger ? J'ai passé le test finalement, ton plan a encore échoué car encore une fois, j'ai beaucoup mieux calculé mon coup que toi. Je t'ai aussi dit que tu avais en face de toi une véritable adversaire non ? Tu ne l'avais toujours pas compris, après tout ça ?

Ses yeux me parcourent de haut en bas, avant de revenir fixer les miens. Ses iris sont noires, et sans que je le veuille, me font froid dans le dos. J'ai l'impression qu'il me hait réellement.

Il ne me répond rien, mais moi je ne peux plus m'arrêter.

-Regardes toi, je t'effraie tellement que tu as essayé de m'éliminer. Tellement tu as peur de te faire écraser. C'est ridicule, tu es ridicule.

-Fais gaffe à tes paroles Alyah.

-Non Lewy. Je te parle comme je veux, que ça te plaise ou pas. Tu sais quoi ? Je pensais que tu avais un gros complexe de supériorité mais enfin de compte c'est surtout un putain de complexe d'infériorité qui te bouffe.

Ses sourcils se froncent, et son regard devient encore plus mauvais. Je pensais pourtant qu'il était au maximum. Même s'il fait tout pour le cacher, il est tellement tendu que je le sens d'ici.

-Je te demande pardon ? crache-t-il

-Tu n'as tellement pas confiance en toi que tu préfères m'éliminer que de me combattre. Tu crois que je ne t'ai pas cerné ? Tu fais semblant d'être intouchable alors qu'au fond, tu es une cible facile. Tu fais semblant de te sentir supérieur alors que c'est l'inverse, tu te sens comme une petite merde Lewy.

Un instant, je le vois déconcerté, et c'est la première fois depuis que je le connais qu'il détourne les yeux des miens. Il se passe une main sur le visage comme s'il essayait de se calmer et s'approche violemment de moi, tellement que je recule d'un pas.

Réflexe qui ne me lâchera jamais.

-Redis encore un truc comme ça Alyah, et je jure de faire de ta vie un enfer.

-Essaies un peu, car je le redis, tu joues le rôle du roi du monde qui se sent meilleur que nous tous alors qu'au fond c'est l'inverse. Comment les gens peuvent croire ton petit cirque sérieux ? C'est écrit sur ton visage que tu es effrayé.

-Tais-toi, répond-il simplement d'un ton sec.

Sa voix est remplie de colère, je l'entends très bien. Je vois bien que cette fois, je le mets réellement hors de lui. S'il croit que je ne vois pas ses doigts se serrer au point d'avoir les phalanges blanches.

-Pourquoi ? Car j'ai raison peut être ?

-Alyah je vais commencer à perdre patience pour de vrai et frapper beaucoup plus fort la prochaine fois.

-J'attends que ça Lewy. Mais les gens comme toi ne me font pas peur, car je sais que j'ai l'avantage.

-Ah bon ? Lequel ?

-Moi je n'ai pas peur. Je ne suis pas terrifiée par l'échec et j'ai confiance en moi. Alors que toi, tu as l'impression d'être une merde si tu ne réussis pas ! Sérieusement, est ce que me voir échouer te rassure sur ta propre vie triste et misérable ?!

Mon speech fini, il penche un peu la tête sur le côté, comme il le fait tout le temps, et m'observe attentivement. Personne ne dit rien pendant un instant, on se contente de se regarder en plein milieu du couloir, pendant que les gens passent à côté en nous regardant minutieusement, mais je m'en fiche totalement, ma rage ne voit que lui.

Pour la première fois je suis réellement en colère contre lui, de la véritable colère. C'était mignonet au début, là il est carrément excessif.

Il recule d'un pas, et une distance convenable revient entre nous, puis il me regarde de haut en bas avant de détourner le regard. Il finit par soupirer et s'adosser contre le casier derrière lui.

-Tu m'as vraiment donné mal au crâne Alyah.

Sa voix est moins agressive, mais ça ne veut rien dire. Au contraire, elle est juste devenue hautaine et arrogante.

J'ai envie de le frapper.

-Si tu savais les conneries que tu débites à la minute ma pauvre. Enfin bref, que le meilleur gagne, nos places sont en jeu.

Soudain, je comprends quelque chose, et je ne peux pas m'empêcher de sourire de toutes mes dents.

-Tu étais persuadé que je ne passerais pas l'épreuve, donc qu'il n'y avait aucun danger à ce pari vu que je ne serais pas là. Maintenant tu te rends compte de ta connerie, non ? Tu es en danger. Pour de vrai.

La tête posée contre le casier, il replace des mèches bouclées de ses cheveux tombant sur ses yeux, et me sourit de façon arrogante.

-Je ne vais pas mentir, tu as raison sur ce point. Donc que le meilleur gagne.

Il me regarde une dernière fois, avant de s'éloigner de moi. Même de dos je peux ressentir son arrogance.

Mais bon, ça n'empêche que j'ai très bien compris comment il fonctionnait réellement, et tout ce que j'ai dit était vrai. Il ne me fait pas peur.

Je rejoins donc mes deux amis qui m'attendent à la cafétéria, des cookies et des smoothies posés sur un plateau. Je m'avachi sur ma chaise, et peine à attraper mon cookie, fatiguée d'avoir tant couru, autant réfléchie, et autant parlée.

-Tu l'as tué ? demande Taric.

-Oui. Va chercher ta tenue et vite. Du fluo si possible pour bien fêter ça.

-Non sérieux, dis Line en rigolant, qu'est ce qui s'est passé ?

Je leur raconte tout, et je suis surprise de ne pas les voir étonné.

-Ce sont des privilégiés, on te l'a dit, renchérit Taric en buvant une gorgée de son smoothie banane. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, quand ils veulent.

-Mais je ne pensais pas qu'il le ferait. Sérieusement, si je n'avais pas réussi à régler ça, il aurait ruiné tout mon travail et surtout quelque chose qui me tenait vraiment à cœur.

-Et ? Il s'en fout lui. Il est prêt à tout pour réussir, quitte à détruire les autres, tu en as eu la preuve aujourd'hui.

Il est prêt à tout, c'est le terme exact. Je n'en reviens toujours pas. Je ne devrais pas me laisser abattre, mais savoir que je suis réellement la cible numéro un de quelqu'un me rend nerveuse. Pas qu'il m'inquiète, non loin de là. Mais je n'aime pas provoquer ce genre de colère chez les gens. Je ne suis ni une ennemie, ni un danger. Je suis venue ici pour réussir dans mon coin, et me voilà dans une guerre idiote avec monsieur je suis riche et je fais ce que je veux.

Ça me déprime, qui sait ce qu'il pourra faire si j'arrive première, j'en viens même à me demander si j'ai vraiment envie de gagner. C'est quoi la prochaine étape ? Une voiture va accidentellement me foncer dessus et me tuer ? Sérieux, il est limite flippant le mec.

La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées macabres, qui imaginait Lewy Jones pénétrer mon appartement pour venir me tuer dans mon sommeil. Je l'attrape, lasse, mais sursaute d'un seul coup en voyant de qui vient l'appel.

Swann.

Swann qui ne m'a donné aucune nouvelle depuis que Kai m'a appris pour Gin et Luna. Sans un mot pour mes amis, je me lève pour répondre et m'éloigner le plus possible du monde autour de moi.

-Swann ???

-Alyah.

C'est lui. Oh merci mon Dieu, c'est Swann. Je suis tout de suite heureuse de l'entendre, mais le ton de sa voix me brise ensuite le cœur.

Nous sommes proches au point que rien que d'entendre son ton, je le comprends et le ressens au plus profond de moi, comme mes frères.

-Swann. Qu'est ce qui se passe ? Tu vas bien ?

-On est allé chercher Luna, répond-il d'un ton glacial.

-Comment elle va ?

-Elle est terrorisée.

-Oh.

Un long silence se fait, j'en profite pour m'assoir a même le sol, contre un mur.

-Swann. Pourquoi ton frère est en prison ? Qu'est ce qui s'est passé ?

-Une balance. Une pupille qui travaillait pour les Corsicas. Comme d'habitude.

Les Corsicas. Cette guerre n'en finira jamais. Même mon père était en guerre contre eux quand il était jeune, jusqu'à encore aujourd'hui.

Il y'a plusieurs gangs qui se font la guerre vers nous, mais les Corsicas restent leur plus grand soucis niveau business. Et puis ils sont complètement fous alliés.

Les jeunes de notre génération se battent sur les traces des anciennes. C'est une descendance sans fin. Quand nous étions petits, notre père nous parlait déjà d'eux comme la tête à abattre, l'ennemi numéro un.

Au début, je n'écoutais pas, puis un jour j'ai fini par comprendre. Comprendre la haine qui régnait entre eux.

Mes frères sont rentrés très jeune dans ces histoires, Gin aussi. Sans le vouloir, Swann et moi aussi.

Pour ce qui est des pupilles, c'est simple. Ce sont les jeunes kidnappés par un cartel. Ils l'envoient pour faire amis avec l'ennemi et trouver des informations. Ce sont parfois des enfants, car on se méfie moins d'eux. J'en ai déjà connu une, malheureusement.

Les pauvres sont eux aussi des victimes, ils se font kidnapper, puis manipuler et ne savent pas réellement ce qu'ils font. Ils obéissent aux plus grands, sans avoir vraiment le choix.

-Il a pris combien de temps ?

-Deux ans.

-Tu veux que je rentre ? Je peux être là dans deux jours si tu veux. Tu veux venir chez moi ? Je te prends le billet et les faux papiers qu'il te faut. Swann j'aimerais tellement être là pour toi.

-J'ai plus de cinq cents appels manqués de toi dolce, crois-moi tu es bien là, dit-il d'un rire très faible, qui me fait encore plus mal au cœur.

-Tu vas faire quoi maintenant ?

-Je ne sais pas. Je vais continuer de travailler, et j'attendrais qu'il sorte.

-Du travail légal n'est-ce pas ?

-Oui Alyah.

Swann ne baigne pas directement dans tout ça, je le sais, nous sommes des spectateurs, des complices, qu'on essaie de garder loin. Mais maintenant que son frère est plus là, tout est chamboulé. Mes frères prendront soin de le surveiller comme un petit frère, je le sais, mais tout est possible là-bas.

Il vit seul avec son frère, sa mère est toujours là mais elle est maintenant malade. Le décès de son mari l'a affaibli, et depuis ce jour Gin est un pilier pour lui, ils n'ont jamais été séparé, et je crains qu'il ne le supporte pas.

-Mes frères vont bien ? j'ose demander, trop angoissée, car eux non plus ne m'ont donné aucune nouvelle.

-Bien sûr.

Tant mieux, je les appellerais ce soir, pour l'instant je dois me concentrer sur mon troisième frère, qui est au bord du craquage.

J'aimerais tellement le prendre dans mes bras, mais la distance me l'empêche, alors je me contente de rester au téléphone avec lui le temps qu'il a besoin.

Toute la journée, toute la nuit ou toute la vie s'il le faut.

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