Chapitre 42-2 : Souffle
PDV ANTHONY
Nous avions fais des tours dans toute la ville. Mais rien. Absolument rien.
Il n'y avait aucune trace d'elle. C'était comme si elle n'avait jamais existé. Et pourtant, j'étais bien placé pour savoir qu'elle était réelle.
Sans elle, je ne serais pas là, à l'heure qu'il est. Elle est celle qui a quasiment donné sa vie pour la mienne. Elle a accepté de se faire prendre, de se faire tabasser pour moi.
J'ai jeté un coup d'oeil à l'homme qui se trouvait sur ma gauche. Il avait les poings serrés sur le volant de la voiture, et j'étais en mesure d'apercevoir ses phalanges devenues blanches, dû à sa contraction intense. Il serrait les dents, il était à bout.
- Retournons à la caserne, lui proposais-je.
Ses yeux dévièrent de son point fixe, et j'ai aperçu la fureur dans ses yeux bruns, mais il acquiesça docilement. Il démarra la voiture et roula, appuyant un peu trop sur la pédale d'accélération, mais je comprenais son état, alors je n'ai rien dit. J'avais moi-même dû mal à me contenir.
J'allais perdre mon sang froid bientôt. Il fallait que je réussisse à me contrôler.
Arrivé devant la caserne, je suis descendu rapidement, avant de voir Nathaniel m'imiter, puis d'un coup, il frappa de son poing contre la voiture, avec rage.
Je me suis approché de lui, et j'ai posé ma main droite sur son épaule.
- Souffle un coup, Nathaniel.
Il m'obéit, et passa une de ses mains dans ses cheveux blonds désordonnés.
- Il faut qu'on la retrouve. Mais... j'ai un mauvais pressentiment, Anthony.
Oui, il était comme moi. J'avais ce sentiment étrange qui me rongeait les tripes depuis que j'avais découvert qu'elle avait disparu. Mais je ne voulais pas y prêter attention. Je voulais garder l'espoir qu'elle était encore saine et sauve, quelque part, non loin de nous et que nous allions la retrouver bientôt.
- Moi aussi, lui avouais-je.
Un éclair de peur traversa ses yeux, et il serra les poings pour se contenir.
- Mais peut-être que Dan a trouvé quelque chose. Allons le voir avant de tirer
des conclusions de ce genre. Angely est une battante. Elle ne se laisserait pas faire aussi facilement.
- Oui, tu as raison.
Il me suivit et nous sommes entrés dans la caserne, après avoir été contrôlé,
puis nous avons retrouvé Dan qui discutait avec une infirmière. Sa mine confirma mes craintes. Dès qu'il nous vit, il s'approcha de nous, et comprit également que nous n'avions rien trouvé.
- Quelqu'un a réussi à déjouer la sécurité de la caserne. Il s'agit forcément de quelqu'un qui est d'ici.
- Les suspects sont ceux qui sont absents.
- J'ai envoyé des équipes pour aller vérifier que chacun a un alibi.
- Il sera trop tard ! m'exclamais-je. Le temps qu'ils fassent le déplacement leur prendront trop de temps ! Et si l'agresseur est assez intelligent, il fera en sorte d'avoir déjà terminé ce qu'il avait à faire !
- Ah ! Vous êtes là !
J'ai aperçu les anciens camarades d'Angely, accourir vers nous avec inquiétude. Seth semblait être le plus incontrôlable des trois.
- On a fouillé partout. On a même contacté ceux que tu nous avais dit, fit Armin, en regardant le colonel.
Ce dernier hocha la tête, avant de nous faire signe de le suivre. Il contourna tous les soldats qui s'affairaient au recherche, et il nous emmena dans son bureau où il ferma la porte derrière lui.
- Savez-vous le nombre de victimes qu'a fait Angely ?
- Une centaine, non ? tenta Seth.
Le colonel regarda chacun d'entre nous, pour voir si l'on voulait ajouter autre chose, mais personne ne proposa d'autre réponse. Il soupira lourdement, et se dirigea derrière son bureau. Il souleva un seau gris qu'il posa lourdement devant nous.
Un seau rempli de plaques d'identités militaires.
- Ce sont ses victimes.
J'ai ouvert la bouche avant de la refermer d'un coup sec, choqué par ce que je voyais. Il ne pouvait pas y avoir seulement une centaine de plaque. Il devait y en avoir plus de 400, voire plus !
- Comment c'est possible ?!
Les autres étaient aussi choqués que moi. Je me suis approché pour voir les tâches de sang recouvrirent certaines plaques, et j'ai dégluti péniblement.
- En rentrant à la fin de la guerre, elle les a tous ramenées. Les portant dans son sac, comme un poids. Elle n'a jamais expliqué son geste. Pourtant, pendant sa rééducation, elle m'a demandé de les ramener. Vous avez remarqué son changement à son retour, n'est-ce pas ?
Chacun de nous hocha la tête.
- Elle a réfléchi. Enormément. Elle m'a expliqué, souffla-t-il. Tuer n'était pas si facile que ça à ses yeux. A chaque fois qu'elle ôtait une vie, elle voulait se rappeler à quel point elle était horrible. Elle voulait se souvenir à quel point elle ne méritait pas de vivre, alors elle prenait chaque plaque de ses victimes. Elle m'a raconté ses nombreux cauchemars. Ses nombreux regrets. Elle se traitait de monstre avec son sourire rempli de culpabilité.
Il secoua doucement la tête de gauche à droite, ses yeux si tristes, que j'en ai eu la gorge nouée. Pourquoi ne m'avait-elle jamais dit tout ça ? Je l'aurais aidé. J'aurais tenté de faire quelque chose !
- Elle portait ce poids d'avoir retirer toutes ces vies. Elle prenait sa responsabilité. Malgré son envie d'oublier, elle se disait qu'elle n'avait pas le droit. Qu'elle devait se rappeler de chacun d'eux. Se rappeler qu'elle les avait privés à leur famille.
Il déglutit péniblement, puis prit les plaques qui étaient recouvertes de sang, pour nous les montrer, et il regarda Nathaniel.
- Celles-là appartenaient à ta mère, Flora. Angely les a gardées sans jamais rien dire jusqu'à la dernière fois. Elle disait que c'étaient les plus lourdes, et les plus difficiles à porter. Elle disait que c'étaient celles qui allaient la suivre jusqu'à sa propre tombe. Elle s'en voulait de son impuissance. De son geste. Elle s'en voulait d'avoir écouté les requêtes de ta mère.
Je vis Nathaniel serrer les poings, puis il avança pour faire face à Dan, avant de tendre sa main, la paume ouverte. Le colonel laissa glisser le collier qui tomba dans la main du jeune homme. Il les regarda sans rien dire, de vives émotions le traversant. Puis il referma ses doigts dessus avant de relever la tête.
- Retrouvons Angely, dit-il dans un souffle.
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PDV ANGELY
On me trainait sur le sol avec un rire à faire froid dans le dos. Je ne pouvais pas parler, ni faire aucun geste et encore moins voir. Une corde était liée à mes chevilles, ainsi qu'à mes poignets.
Le sol érafflait la peau découverte de mes jambes, et j'ai grimacé sous la douleur. Peu avant, j'avais reçu un poing en pleine face, puis dans le ventre.
Je connaissais mon agresseur. Ce qui me rendait furieuse. Parce que je ne pouvais rien faire pour me défendre face à cette espèce de...
Argh !
J'ai été balancé dans une sorte de boite... et un vent glacial vint me frapper en plein corps, créant des frissons dans tout mon être. Touchant même mon âme souillée.
Pour vous dire à quel point, je suis dans un mauvais état.
- Tu seras bientôt six pieds sous terre. Personne ne regrettera ta disparition.
Sa voix s'insinua en moi et j'ai senti une boule se former dans ma gorge. Comment pouvais-je me sentir aussi minable de savoir que personne ne se préoccupait de moi ?
Parce qu'au fond, j'avais laissé mon être faire des liens avec les autres. J'avais laissé Alexy, Armin, Seth, Anthony, Dan, Rosalya, Kim, Violette, Iris, Castiel, Ambre, Nath se rapprocher de moi. J'avais apprécié ce contact humain.
Et maintenant, j'allais bientôt mourir.
C'est triste de voir à quel point ce dont je m'étais préparée à faire face, soit si difficile que ça à accepter.
Pathétique.
C'est ce que j'étais.
TCHOUK !
Qu'est-ce que c'était ?
TCHOUK !
Le même son se reproduisit plusieurs fois, et ce, pendant un certain moment. Puis, j'ai entendu des bruits de pas se rapprocher de moi, et on me traina sur le sol à nouveau. Avant de me balancer de haut dans une sorte de trou. J'ai gémi de douleur, créant un rire venant de mon agresseur.
J'étais fichue.
J'allais mourir.
J'ai reçu comme... de la terre. Oui, c'était de la terre que je recevais en pleine figure. La panique monta en moi comme une flèche, et ma respiration devint saccadée.
J'allais être enterrée vivante.
La réalité me frappa, et j'ai bougé dans tous les sens, décidée à ne pas me laisser faire, mais je ne pouvais rien faire.
La terre me recouvrait peu à peu, et le froid s'empara de moi, mes forces m'abandonnant.
Je sentais mon dernier souffle arriver.
Une douleur s'empara de ma cage thoracique dû au manque d'air.
Puis plus rien.
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Heyyyyy !!! :) J'espère que ce chapitre vous a plu autant que le précédent !
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