Chapitre 38-2 : Doutes
C'est fou, mais sa présence m'apaisait énormément, tout ça parce que j'aimais cet idiot.
Oui, j'étais tombée amoureuse de lui, et maintenant, même après qu'il ait découvert la vérité sur sa mère, j'avais toujours autant envie d'être auprès de lui. De sentir ses mains sur mon corps, ou encore d'entendre sa voix. J'aurais aimé voir s'il était en train de sourire, ou de réfléchir. J'aurais simplement aimé l'observer, mais ce n'était pas possible.
Alors qu'il me transportait au bureau de Dan, je sentais son souffle chaud, et doux me caresser la peau. J'aurais aimé l'embrasser, lui dire à quel point je l'aimais, mais non.
Non, je n'en avais pas le droit.
Et peut-être que ce n'était pas plus mal. Car je ne le méritais pas. Sa mère a été d'une telle gentilesse envers moi autrefois, et son fils était comme elle me l'avait décrit : généreux, intelligent, beau, et j'en passe.
Parce qu'une mère est toujours là pour valoriser ses enfants.
Enfin, je n'ai pas vu ça partout évidemment.
Flora était douce, gentille, attachante. Une vraie mère que tout le monde aurait aimé avoir... une mère qui a refusé que ses enfants la voient dans un piteux état. Une femme qui m'a demandé de l'achever car tout était perdu.
Je me rappelle encore de son regard qui brillait quand elle me parlait de ses enfants. De l'amour qu'elle leur portait. Mais je l'avais tué de mes propres mains. J'ai dû mettre fin à ses jours alors qu'elle me suppliait.
Une femme agonisante qui m'a demandé d'accomplir le sale boulot, même si elle savait que ça allait me marquer à jamais.
J'ai toujours regretter mon geste, je m'en suis toujours voulue, et je m'étais toujours demandée comment j'étais censée me comporter, lors du convoi pour notre retour à la ville.
Sa promesse avait tourné en boucle dans ma tête, et puis, j'ai revu mes parents. S'apercevoir à quel point je les répugnais m'avait fait hésiter concernant la promesse que j'avais faite à Flora. Retrouver ses enfants, et leur dire qu'elle était fière d'eux.
Comment les regarder en face alors que j'avais assassiné leur mère ?
Elle m'en demandait trop. Et puis, j'ai ruminé tout ça dans un coin de ma tête, lorsque j'ai rencontré Nathaniel. Sur le coup, je n'ai pas fais le rapprochement, ou plutôt, je n'ai pas voulu le faire. Je me demandais comment il s'était débrouillé durant toutes ses années, et puis j'ai croisé la fille.
Incroyable ressemblance avec sa mère, c'était sûrement pour ça que je m'en prenais souvent à elle. Parce qu'elle me rappelait beaucoup trop ce qu'il s'était passé ce jour là, ainsi que cette promesse que j'aurais aimé oublié, comme un bout de papier que j'aurais déchiré pour laisser le vent éparpiller les morceaux un peu partout.
Hein, Flora. Tu t'attendais à ce que je m'attache à ton fils à ce point ? Ou tu es en train de m'hurler dessus pour que je ne l'approche plus ?
J'ai senti ma gorge se nouer, avec une douleur dans ma poitrine. Toujours la même. Une douleur qui grandit, et me ronge toujours un peu plus. Le regret, l'amertume de n'avoir rien pu faire ce jour là. Face à mon impuissance. Mes coéquipiers qui y sont passés, et puis elle. Je me rappelle encore de notre horreur lorsque nous avons découvert les corps, de Béa qui s'est présentée devant nous souriante, et fière de ce qu'elle avait fait.
J'ai serré les poings avec une force qui m'étonna.
- Tout va bien, Angely, souffla une voix dans mon oreille.
Sa voix me fit frissonner. Il avait toujours le même effet sur moi... Mais je n'avais pas oublié non plus ce que j'avais vu ce jour là chez lui... Alors que Melody me traitait de monstre estropié. J'ai senti ma lèvre trembler, et je l'ai mordu pour me contenir. Ce n'était pas le moment de pleurer, alors que quelqu'un tentait de me tuer.
J'ai ouvert doucement mon oeil gauche pour apercevoir son visage. Ses cheveux blonds étaient dans tous les sens, et je pouvais percevoir sa fatigue. J'imagine qu'il avait réfléchi pendant un moment après ce qu'il a entendu...
Je me suis crispée lorsque son regard croisa le mien. J'ai immédiatement fermé l'oeil, alors que j'ai cru apercevoir un semblant de sourire s'afficher sur ses lèvres.
Toc ! Toc ! Toc !
La porte grinça, et Nathaniel continua de marcher, moi, dans ses bras.
- Anthony ? Nath ? Et... Angely ?! Qu'est-ce qu'il se passe ?!
Il me posa sur une chaise, en me gardant dans ses bras, calant ma tête vers son cou. Je percevais la panique dans la voix du colonel. Dire que je ne lui apportais que des ennuis...
- Elle s'est faite agresser dans sa chambre. Quelqu'un a tenté de la noyer dans la baignoire, dit durement mon frère.
- Comment ça ?! Vous avez vu...
- Non. Nath l'a découvert dans le couloir. Et elle nous l'a dit.
- Angely peut parler ?
- Toujours pas.
- Alors comment...
- Elle nous l'a écrit.
- Comment elle va ?
- Demandez lui.
- Angely ? Angely ? Tu es réveillée ? Tu vas bien ?
J'ai acquiescé lentement, alors que je sentais les mains de Nath se poser fermement autour de moi, comme s'il pouvait me protéger de cette manière, après ce que mon frère avait dit.
- Avec les incidents de ce matin déjà...
J'ai poussé un long soupir à fendre l'âme, avant de mimer un crayon et un stylo. J'ai ouvert l'oeil lentement, en gémissant lorsque mon regard croisa la lumière de l'extérieur, et j'ai tourné la tête en m'éloignant un peu de Nathaniel qui me tenait. Je vis Dan me tendre un stylo et une feuille avec un air soucieux. Je les ai pris avant de me pencher pour écrire, alors que les trois hommes regardaient par dessus mon épaule pour voir ce que j'inscrivais sur le bout de papier.
"Ils vont arriver. Continuer. Jusqu'à ma mort. Maintenant qu'ils sont au courant, ils n'arrêteront pas. Ils m'en veulent et je peux le comprendre, ce que j'ai fais par le passé est impardonnable. Le père, Melody, Ambre peut-être, Nath..."
Je l'ai senti se tendre dans mon dos, alors que j'avais étalé son prénom sur le papier. J'imagine qu'il aurait voulu me contredire, ou peut-être me confirmer ce que je pensais, mais j'ai continué à faire couler l'encre.
"Ce ne sont pas les seuls. Kentin qui était de mèche avec Béa. Et des anciens soldats qui veulent sûrement se venger. Les dénombrer serait trop long."
Ma main dérapa alors que je sentais la fatigue me reprendre, et j'ai fermé l'oeil.
- Lili ?!
J'ai dégluti péniblement, avant d'inspirer profondément, puis j'ai ouvert à nouveau mon oeil.
"C'est quelqu'un qui connait bien les lieux, donc logiquement, ça ne peut pas être la famille Conrad, à moins qu'ils me disent le contraire. La liste se réduit, mais est toujours aussi longue."
Pourtant, j'avais ma petite idée sur l'identité de la personne, mais je ne pouvais pas leur dire. Il fallait que j'en sois sûre.
Histoire qu'il ne me prenne pas pour une folle.
Je sentais que je n'allais pas tarder à plonger dans la noirceur qui me tendait les bras. J'ai gratté quelques mot sur la feuille, avant de lâcher le stylo, mon corps allant se caler contre Nathaniel.
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PDV ANTHONY
Elle lâcha prise, et s'endormit contre Nathaniel. J'ai lu les mots plusieurs fois, mais je savais que ces mots ne m'étaient pas destinés.
"Je suis désolée pour tout. Désolée d'avoir ôté la vie de Flora. Désolée
d'avoir gâché ton enfance. Désolée d'être un monstre."
Nathaniel lut plusieurs fois aussi. Dans ses yeux, j'ai aperçu de la tristesse, de la colère, mais il reprit un air impassible, avant de serrer ma soeur contre lui.
Il ne lui en voulait pas ? Si, mais il avait réfléchi pendant tout ce temps, à ce que Béa avait dit. Il avait vu comme moi ce qu'avait fait Angely.
- Qu'est-ce qu'on fait ? finis-je par dire, alors que Dan réfléchissait.
- Il faudrait l'emmener en lieu sur.
- Mais elle a besoin de soin, rétorquais-je.
- Je sais, soupira le colonel.
Lui-même était fatigué. Il avait dû gérer la colère du père de Nath, ainsi que Melody qui était allée prévenir le père de tout ce qu'il s'était passé. Je me suis tourné vers le jeune homme aux cheveux blonds.
- Qu'est-ce que tu comptes faire avec ma soeur ?
Il fronça les sourcils avant de me regarder droit dans les yeux.
- Je vais la protéger.
- Pourquoi tu ferais ça ? Tu lui en veux non ? Ta réaction la dernière fois à la maison, tu l'as traité de monstre.
Il poussa un long soupir à fendre l'âme, avant de se passer une main dans les cheveux.
- Je sais. Je me rappelle de ce que je lui ai dis. Mais depuis les révélations de la rousse, dison que j'ai des hésitations. La version de ses propos est différente de ce qu'Angely a pu dire. Ce que j'ai compris alors qu'on était attaché, c'est que Béa avait tué tous les coéquipiers d'Angely, avant de s'en prendre à ma mère. Angely aurait tenté de la sauver, mais que les blessures de ma mère était telles que ma propre génitrice a demandé à ce qu'Angely lui ôte la vie pour que notre famille ne la voit pas dans cet état...
J'ai senti la douleur dans sa voix, alors qu'une larme s'était échappée de son oeil. Il l'effaça rapidement, et jeta un coup d'oeil à ma soeur.
- Les propos de Béa correspond bien à ma mère... J'en veux à Angely d'avoir accepté la requête de ma mère... mais j'imagine que ça doit être tout aussi difficile pour elle d'avoir fais ce geste...
Il passa sa main sur la joue d'Angely, là où elle avait une cicatrice, et il mit une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
- Je vais la protéger, et attendre qu'elle retrouve sa voix pour qu'elle me raconte exactement ce qu'il s'est passé.
Son air triste se changea en détermination, ce qui me rendit perplexe.
Pouvais-je le laisser près d'elle ?
Angely avait assisté à une scène de Melody et lui, et vu qu'elle ne pouvait pas parler, comment pourrait-elle lui dire de partir si elle le voulait ?
- Ramenez-la dans sa chambre, et débrouillez vous pour que l'un de vous reste toujours auprès d'elle, le temps qu'on trouve les coupables.
Nath acquiesça, avant de la prendre dans ses bras délicatement, sans la réveiller. Il sortit et je suis resté pour regarder Dan.
- Vous avez une idée de qui a pu faire ça ?
- Non, soupira-t-il. Angely a raison. À cause de sa réputation, beaucoup de monde lui en veut. C'en est même étonnant de voir Nathaniel auprès d'elle.
- Vous pensez qu'il en aurait été capable ?
- Je ne sais pas. Au point de faire ça à Angely... Tu as bien vu son regard lorsqu'il observe ta soeur...
- C'est sûrement de la comédie !
- Tu le soupçonnes, mais tu l'as laissé partir avec elle.
Oh merde !
- Attends ! me cria le colonel. S'il y a une infime chance que ça soit lui, que comptes-tu lui faire ?
- La peau, évidemment.
Il secoua la tête de gauche à droite.
- Ce n'est pas si simple, Anthony. Si Nathaniel était celui qui en voulait tant à Angely, il n'aurait pas agi de la sorte devant nous.
- Alors quoi ? Vous êtes tombés dans son piège de comédien ?
- Angely ne semble pas avoir eu peur de lui, non plus.
- Je vous rappelle qu'elle ne peut pas parler, et ne voit rien.
- Mais elle a un instinct. Hors du commun, m'assura-t-il. Si elle avait senti le danger venir de lui, elle ne l'aurait pas laissé à ses côtés.
En me disant ça, je me suis rappelé de la manière dont ma soeur s'était
défendue face à Béa.
Un instinct hein...
C'était ça qui l'avait aidé ce jour là ?
- Ça ne me rassure pas pour autant. Il faut se méfier de tout le monde, mon colonel.
- Je sais. Tu ferais mieux de les rejoindre.
Je suis sorti rapidement de son bureau pour me rendre dans la chambre où se trouvait ma soeur. Elle était allongée sur son lit, et la couverture était remontée jusqu'à son menton. Cet idiot était assis sur la chaise en la regardait.
Et si c'était lui, hein ? Et s'il en voulait tellement à Angely au point de vouloir la noyer ?
D'ailleurs...
J'ai jeté un coup d'oeil dans la salle de bain pour voir que tout était propre. La baignoire était vide, et aucune trace de lutte...
Quelqu'un était repassé après ce qu'il s'était passé ?
Ou...
Angely avait rêvé de tout ça ?
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▶ Les doutes d'Anthony sont ils fondés ?
→ Rendez-vous au prochain chapitre ! :)
▶ La fin approche plus vite que vous ne le pensez :p
→ Merci pour votre soutien et tous vos adorables messages ! Ça me touche beaucoup ♥
xoxo
Lil'