Chapitre 36-2 : Parce que tout finit toujours par empirer.
PDV ANTHONY
Elle était sortie du bloc et dormait à nouveau. Mais cette fois-ci, nous étions à la caserne. On avait été interrogé sur ce qu'il s'était passé, et vu que ça concernait directement la guerre, c'étaient les instances militaires qui s'en occupaient.
Seth m'avait demandé les détails de ce qu'il s'était passé. Dan était arrivé paniqué. Les jumeaux aussi. Ce que j'avais compris dans tout ça, c'était qu'Angely avait tué Flora à sa demande... mais elle l'avait fait à contre coeur. Tout ça, à cause de Béa. Dans un sens, oui, c'était elle qui prenait la responsabilité de la mort de la mère des Conrad...
Je comprends son comportement à leur égard, maintenant...
Près d'une journée est passée quand Angely a émis une légère pression sur ma main.
- Lili ?
Nouvelle pression.
- Comment tu te sens ?
Elle passa sa main sur sa tête, avant de passer ses doigts sur le bandage.
- Pas encore, Lili. Sois patiente.
Elle ouvrit la bouche, mais rien d'autre n'en sortit. Pourtant, j'ai compris "Béa".
- Tu ne te rappelles pas ?
Elle sembla réfléchir un moment puis ses mains se sont mises à trembler.
- Tout va bien, Lili. Tu as bien fais.
Elle secoua la tête de gauche à droite, et j'ai pris ses deux mains.
- Tout le monde va bien, Lili. Grâce à toi.
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PDV ANGELY
Des gens venaient me voir, mais je ne savais pas qui était là. Comme par exemple maintenant...
Anthony ?
Non, il m'aurait fait comprendre que c'était lui.
J'avais beau ouvrir la bouche pour tenter de parler, aucun son ne voulait franchir mes lèvres pour l'instant. Et d'après ce que j'avais compris, je n'étais pas à l'hôpital, mais à la caserne en plus.
J'entendais quelqu'un faire des pas dans ma chambre, mais je ne pouvais pas deviner qui c'était, du coup, je me montrais impatiente, en tapant du doigt sur ma cuisse.
Qui est-ce que ça pouvait bien être bon sang ?!
J'ai poussé un long soupir à fendre l'âme tout en calant ma tête contre le coussin. J'ai senti quelqu'un s'asseoir près de moi, et me prendre la main pour la serrer.
Qui était-ce ?
J'ai tendu celle qui était libre devant moi et elle s'est posée sur un visage. J'ai dessiné ses contours tout doucement, en tentant d'imaginer la tête de quelqu'un et je me suis figée, en les reconnaissant, alors que mes doigts se trouvaient sur ses lèvres.
Non...
Non, pas maintenant...
- Angely...
De la douleur... oui, c'était de la douleur que je percevais dans sa voix. Je me suis renfrognée en récupérant mes mains, et j'ai remonté ma couverture, pour couvrir mon corps.
Comme si ça pouvait me protéger de ce qu'il risquait de se passer.
- Angely...
Je ne voulais pas l'entendre. Pas après tout ça. J'ai mis mes mains sur mes oreilles, en priant pour qu'Anthony arrive bientôt. Mais j'ai senti ses mains se poser sur les miennes doucement, et il les enleva sans me brusquer, alors que ma résistance baissait.
- Angely...
Bon sang ! J'en avais marre qu'il répète mon prénom ! S'il a quelque chose à dire qu'il le dise !
- Je suis désolé... Désolé de ne pas avoir été là... Désolé de ce qui est arrivé... Désolé de ce qui est arrivé ce jour là... Désolé de t'avoir traité de monstre... Désolé de ce qui est arrivé avec Melody. Mais je te jure que je n'ai rien fais ! J'avais un peu trop bu la veille, et quand je me suis réveillé, elle était là. J'ai pas...
J'ai cherché à mettre ma main sur sa bouche, pour qu'il se taise, alors que je tremblais comme une feuille. Je ne voulais pas me rappeler de Flora, et encore moins de Melody. Si je le pouvais, je m'éloignerais de lui immédiatement.
- Qu'est-ce que tu fais là ?!
Ah ! Anthony était là !
- Je suis venu la voir.
- Je t'avais pourtant clairement dit que tu n'avais pas le droit de l'approcher !!
Face au ton furieux de mon frère, j'ai sursauté.
- Dégage maintenant !
- Je voulais seulement lui parler !
- Elle n'est pas en état de te recevoir. Maintenant, va-t-en !
Des pas... encore des pas, et la porte qui se ferme.
- Tout va bien ? me demanda Anthony en prenant mes mains dans les miennes.
J'ai senti le sanglot se coincer dans ma gorge. Comment oublier son passé quand celui-ci nous rattrape ? Comment oublier un visage qui vient nous hanter ?
J'ai bougé mes mains pour m'accrocher à mon frère, alors que je sentais la douleur se propager dans ma poitrine.
J'aurais aimé prononcé ces mots "Aide-moi"... pour la première fois, j'aurais aimé qu'ils franchissent mes lèvres. Pour une fois, j'avais envie de mettre ma fierté de côté.
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PDV ANTHONY
Je ne l'avais pas quitté d'une semelle depuis que Nathaniel était venu la voir. Je sais qu'elle était mal, même si elle ne pouvait pas le montrer ouvertement.
- On va prendre l'air, lui dis-je.
Elle hocha la tête, avec un semblant de sourire, et je l'ai soulevé pour la mettre sur le fauteuil. J'ai ensuite placé la couverture sur elle, et je l'ai fais sortir de la chambre. Longeant les couloirs rapidement, je l'ai fais entrer dans l'ascenseur avant de nous diriger au rez de chaussée. A notre passage, tout le monde nous jetait des coups d'oeils. Et pour une fois, j'étais content qu'Angely ne puisse pas voir ça. Le doigt qui tapait l'accoudoir du fauteuil attira mon attention, et je me suis arrêté.
- Un problème ?
Elle ne fit rien pendant un moment, continuant de taper sur l'accoudoir et finalement, elle acquiesça. Je me suis mis à sa hauteur, inquiet.
- Tu as mal quelque part ?
Elle me fit non.
- Tu veux retourner dans ta chambre ?
Elle fit le même geste.
- Euh...
Comprenant que je ne trouvais pas, elle tendit ses mains devant elle, et elles se posèrent sur mon torse. Elle s'accrocha à moi, avant de se lever doucement.
- Ne force pas, Angely !
Elle secoua la tête de gauche à droite, avant de se tenir droite devant moi.
- Tu veux marcher par toi-même ?
"Oui" fit-elle un léger sourire sur les lèvres.
J'ai soupiré et j'ai passé mes mains autour d'elle pour la serrer contre moi.
- Je vais te diriger, d'accord ?
"Merci".
J'ai déposé un baiser sur son front et je l'ai guidé, alors qu'elle faisait quelques pas, laissant le fauteuil où il était. Je pourrais le récupérer plus tard si jamais elle était fatiguée. Mais une question me préoccupait depuis qu'on s'était fait enlever...
- Comment tu savais où se trouvait Béa ?
Elle s'est arrêtée d'un coup sec, avant de tourner la tête vers moi, puis elle haussa les épaules, et elle reprit sa marche.
C'était quoi ce haussement d'épaule ?!
- Tu la voyais ?
Elle me fit non de la tête, tout en continuant de marcher. J'ai ouvert la porte, en la tenant, et elle passa, tout en conservant sa main dans la mienne. Le vent vint ébouriffer ses cheveux, et elle inspira profondément. Je voulais l'emmener vers ce coin de soleil, mais je me suis figé lorsqu'une femme rousse apparut devant nous.
Celle de la dernière fois.
Celle qui était à la maison et dont la présence gênait Dan. Cette femme qui avait poussé Angely à partir de la maison pendant quelques jours.
- Ah ! Tiens ! Tu étais chez Dan la dernière fois ! Et toi... tu es ?
La main d'Angely s'est resserrée sur la mienne avec force.
- Une amie, répondis-je. Elle ne peut pas parler, ni voir.
- Oh ma pauvre ! Ca doit être difficile ! Courage !
HUM. Angely enfonçait ses ongles dans ma peau, signe qu'elle s'énervait.
- On ferait mieux d'y aller.
- Comment est-ce qu'elle s'appelle ?
Euuuuh...
- Lili.
- C'est un joli prénom ! Si jamais tu as besoin, je suis là. Ah je suis sotte ! Je m'appelle Christina. Christina Atmen.
Angely hocha seulement la tête, et me tira en avant pour que l'on parte.
- Désolé, on doit y aller.
J'ai fais signe à la femme, et j'ai tiré Angely vers moi, lorsqu'elle fut assez éloignée.
- Ca va ?
Elle hocha doucement la tête. J'ai soupiré, et je l'ai soulevé comme un sac à patate pour la mettre sur mon épaule. Elle ne s'est pas débattue, signe qu'elle était fatiguée, et je l'ai amené dans le coin d'herbe ensoleillé. Elle pencha la tête vers les rayons alors que je la déposais, et savoura ce moment.
Elle se racla la gorge après avoir toussé, et ouvrit la bouche pour ne rien dire. Elle soupira, ses épaules s'affaissant.
- T'en fais pas, ça va venir, grande soeur.
"Et si ça venait pas ?"
J'ai passé un bras autour d'elle pour l'attirer contre moi sans rien dire. Pourquoi est-ce qu'elle devait subir tout ça ? Pourquoi elle ?
- Elle est là ! cria une voix derrière nous.
Je me suis retourné pour voir cette chevelure et j'ai froncé les sourcils, avant de me lever, Angely semblant s'inquiéter de ce qu'il se passait.
Hum.
Elle avait raison, quelque chose allait arriver.
Mais quoi ?
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Nastasia