Le réveil fut difficile ce matin là. Les souvenirs de la veille me tourmentaient encore et le vin m'était très vite monté à la tête. Finalement nous avions dormis chez prozio (oncle) Lino, nonno étant complètement saoul et nonna trop fatiguée pour prendre le volant. Lino avait insisté pour que nous prenions le petit déjeuner avec eux et nonno avala le sien à la vitesse de la lumière, ne souhaitant pas s'éterniser davantage chez son frère. Manifestement, les relations entre ces deux là ne s'arrangeront pas de sitôt. Je pense que mon grand père soupçonne secrètement d'avoir des vues sur ma grand mère. Je trouvais ça mignon et surtout drôle. Toutefois, il me tardait de retourner à Vérone.
« Ô belle Juliette,
Je vous attendrai ce soir sous votre balcon.
Roméo »
Un large sourire béa creusa mes joues et je sentis mon cœur tambouriner dans dans ma poitrine en plus d'une nuée de papillons dans le ventre. Tandis que mes joues s'empourpraient, mon grand père me dévisagea du coin de l'œil dans le rétroviseur.
-Pourquoi tu rougies, Bella ?
-Pour rien, Nonno.
-Aaah... soupira ma grand mère, Amore !
-Amore ???? Renchérit mon grand père. Bella, tu as un ragazzo (petit-copain)??
-Quoi ? Mais... pfff... hein ? De quoi tu... vraiment ! Balbutiais-je.
-Mattia, tu l'as met mal à l'aise !
Nonna lui frappa gentiment l'épaule, son rire fendant l'air.
Le soir en arrivant, je me précipitai sous la douche pour me rafraîchir tant la chaleur était étouffante, enfilai ma robe et mon gilet blanc et soufflai un grand coup un large sourit aux lèvres en enfilant mes spartiates. Nonna m'embrassa les joues avec ferveur tandis que mon grand père restait derrière, les bras croisés à m'inspecter de haut en bas. Je lui accordai un petit bisou sur la joue, leur souhaitai une bonne soirée et me dépêchai de rejoindre le point de rendez-vous. Mon cœur battait à tout rompre, j'avais les mains moites mais j'étais extatique malgré tout. Sur place, il y avait quelques femmes qui écrivaient des lettres qu'elles laissaient dans les murs, certaines riaient sous le balcon, mais je n'avais aucun signe de Tom. Je m'étais alors assise sur un des bancs, plutôt à l'écart des autres puis regardaient les gens défiler, arriver et partir, le soleil se coucher petit à petit et l'air devenir un peu plus frais. Au fur et à mesure, la place se vida, le ciel devint noir et je me retrouvai seule, comme une idiote, les mains gelées et complètement désabusée. Je pinçais les lèvres de mécontentement, je n'étais pas en colère, j'étais déçue, très déçue.
-Ma douce Juliette, n'étais-tu pas censée m'attendre sur ton balcon ? Comment puis-je décemment de te courtiser d'ici !?
Cette voix résonna au-dessus de ma tête et je vis Tom, tout sourire, perché sur le balcon, vêtu d'un élégant costume. Mais à mon air décrépit, le sien changea rapidement.
-Tout va bien ?
-Ca fait des heures que je t'attends tu sais.
-Je suis sincèrement désolé je... attends j'arrive.
Je l'entendis descendre en courant les marches de la maison et arriver d'un pas vif à ma hauteur. Il prit mes mains dans les siennes et planta son regard dans le mien, un air véritablement désolé.
-Je ne voulais pas te faire attendre, mais il y avait un peu trop de monde et je voulais vraiment faire les choses bien.
-Bien ? C'est-à-dire?
-Eh bien... étant donné que tu n'es pas sur le balcon... peut-être commencer par ça..
Ses mains glissèrent doucement dans le creux de mon dos, me rapprochant de le lui et il posa tendrement ses lèvres sur les miennes. Je sentis comme une vague d'émotions m'envahir ou plutôt me submerger. J'avais de l'électricité dans les doigts et ce besoin irrépressible de me fondre en lui. Ses lèvres se posèrent une dernière fois à la commissure des miennes puis il m'accorda un sourire timide.
-Okay euh... y avait aussi ça... dit-il en sortant une boîte de sa poche.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Ouvre là.
-un bracelet ? En quel honneur ? Souris-je.
-Eh bien... dit-il en me l'attachant, comme on est officiellement tous les deux...
-Ah oui c'est officiel ? Le taquinais-je.
Tom me lança un regard en coin qui malgré tout trahissait une envie de rire.
-Ne me coupe pas sinon je vais jamais y arriver...
-Pardon. Je t'écoute.
-Je disais qu'étant donné qu'on est officiellement ensemble, qu'on pourrait... bah tu sais faire ce que font les couples et... bah je me suis dit que ça serait cool d'avoir genre un bracelet de couple, admit-Il en remontant sa manche pour me montrer le sien.
-Oh... c'est adorable, j'aime beaucoup cette idée !
-Vraiment ? Je suis soulagé j'ai eu peur que tu trouves ça nul.
-Non c'est super, j'adore !
-Cool...
Un frisson me parcourut l'échine, l'air se rafraîchissait à la vitesse de l'éclair. Tom retira sa veste et la déposa tendrement sur mes épaules et saisit ma main dans la sienne, un large sourire aux lèvres. Je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour et rougir par la même occasion. Tom engagea alors le pas, me conduisant je ne sais où. Les rues étaient fraîches et calmes, très peu éclairées. Les gens se tenaient par la main et parlaient à demi mot, les personnes assises en terrasse sirotaient tranquillement leur boisson et le chant des cigales meublait quelque peu le silence qui s'était installé. Tom me fit entrer dans un restaurant guindé et pourtant très peu fréquenté.
Un serveur au visage angélique nous présenta notre table et nous tendis les menus avant de partir pour nous laisser le temps de faire notre choix. J'avoue ne pas être totalement à l'aise dans ce genre d'endroit, tout du moins, je n'ai pas l'impression d'être à ma place. En tout cas, Tom semblait être comme un poisson dans l'eau.
-Dit... tu peux m'aider avec la carte, je comprends rien...
Je ne pus m'empêcher d'émettre un rire à sa tête d'enfant perdu. Plus je le regardais et plus il me plaisais et forcément, plus j'en tombais amoureuse. Je pense finalement que nos multiples rencontres sont vraiment un coup du destin. J'aimais passer du temps avec lui. Il est drôle, gentil, a l'écoute et toujours souriant. C'est une boule d'énergie à lui tout seul et ça me plaisait.
-Qu'est-ce qu'on fait après le restau ?
-Tu as une heure pour rentrer ? demanda-t-il.
-Non.
-Parfais, alors tu verras, sourit-il.
Je pinçais les lèvres de frustration. Je n'aimais pas vraiment les surprises, ne pas savoir la suite des évènements avait tendance à m'angoisser mais pour ce soir, je décidai de me laisser porter et donner l'occasion à Tom de gérer. Le serveur revint vers nous pour prendre nos commandes, nous servit du vin et disparut un fois encore.
-Qu'est-ce que tu comptes faire après ton année ici ?
-J'en sais trop rien, peut-être reprendre les études.
-Dans quoi ?
-L'histoire ou l'archéologie pourquoi pas.
-Tu vas rester chez ton père ?
-J'aimerais bien avoir mon appartement.
-Tu sais, je me disais...
Je le vis se racler la gorge et frotter nerveusement sa nuque avant de se redresser sur sa chaise.
-Que, peut-être... on pourrait se prendre un truc... tous les deux...
-Euh...
Un léger rire gêné franchit mes lèvres.
-C'est pas un peu précipité ? Ça fait quoi ? Quelques mois qu'on est ensemble ?
-3 mois, précisa-t-il, mais je dis pas qu'on le prenne tout de suite. Mais au bout d'un an, ça pourrait être cool... tu... nous... on serait ensemble souvent, et...
-Je vais y réfléchir, on a encore tout le temps devenant nous, souris-je.
-Je sais mais... J'ai vraiment envie d'être près de toi.
Je me mordais les joues férocement pour ne pas sourire comme une idiote mais j'avais envie de hurler de joie.
-Je suis amoureux de toi Sybille, vraiment.
Ses doigts attrapèrent les miens et je sentis une vague de chaleur monter jusqu'à mes joues et mon cœur tambouriner dans ma poitrine.
A la fin du repas, Tom et moi marchâmes quelques minutes dans les rues, pour prendre le temps de digérer mais surtout pour respirer. Nous avions ris pendant tout le repas, Tom me racontant des âneries tout le long du dîner et étant bon public, je n'ai pu réprimer un seul rire.
Garée à l'abris au fin fond d'une rue, je reconnus sa fameuse Audi qui faisait tant rêver David. Tom m'ouvrit la portière côté passager avant de rejoindre son siège en petite foulée. Il gardait un air sérieux bien que l'excitation se lisait clairement sur son visage attisant davantage ma curiosité. Il était bientôt minuit et je n'avais aucune idée d'où il voulait m'emmener. Le voyage durant peut-être trente bonne minutes. A vrai dire j'étais incapable de savoir, mon téléphone n'avait plus de batterie et je n'avais pas fait attention à l'heure à laquelle nous étions partis. Il n'avait emprunté qu'une multitudes de chemins de terre et de petites routes isolées.
-Tu ne comptes pas m'assassiner au moins ?
-Je suis démasqué ! rit-il avant de poser sa main sur ma cuisse, prenant le soin de remonter délicatement ma robe.
Je sentis comme de l'électricité dans le bas de mon ventre et une étrange chaleur que je n'avais jamais ressentie avant. Je me mordis la lèvre inférieure pour garder un temps soit peu de contenance et ne rien laisser paraître mais son geste ne me laissait pas à indifférente et je devinai qu'il était méticuleusement calculé.
Tom finit par garer la voiture dans un endroit complément désert une plaine s'étendait à perte vue, jalonnant les collines à l'horizon. Il faisait nuit noir bien que la lune nous éclairait quelque peu. Tom ouvrit le coffre pour en sortir une couverture qu'il entendit soigneusement par terre avec plein de petits oreillers et des plaids, disposa quelques leds par-ci par-là pour nous offrir un peu de lumière et posa fièrement ses mains sur ses hanches.
-Tada !!
-Tada ? souris-je.
-Je t'offre les étoiles !
-Comment tu connais cet endroit ?
-C'est un secret.
-On ne risque rien ?
-Absolument rien ! Peu de gens connaissent cet endroit, on ne court aucun risque. C'est juste toi, moi et les étoiles.
-C'est super j'adore !! m'excitais-je.
Je retirai mes sandales pour m'installer sur les couvertures suivie de près par Tom. Allongés l'un contre l'autre, nous observions le ciel dans un silence quasi absolu, bercé par le chant des cigales et la brise légère de vent. Cette soirée était parfaite. Tout était si naturel, si facile avec Tom.
Ma tête posée sur son torse, j'écoutais sagement les battements réguliers de son cœur. Sa respiration me détendait... elle m'apaisait, la chaleur de ses bras me réconfortaient et me faisait me sentir en sécurité. C'est la première fois que je me sentais aussi bien.
-Je t'aime aussi. avouai-je subitement.
Tom de tourna doucement vers moi, posa délicatement sa main sur ma joue et colla ses lèvres contre les miennes. Je sentis son cœur battre plus fort, sa respiration s'accélérer aussi et son corps devenir plus chaud à mesure que l'on s'embrassait. Il glissa doucement sa main le long de mes hanches et attrapa ma jambe pour la remonter le long des siennes. Sa jambe se cala entre mes cuisses et son bassin se rapprocha du mien. Notre baiser s'intensifia, il devient plus ardent, plus passionné, jusqu'à ce que Tom s'installe au-dessus de moi. Il me regarda intensément dans les yeux, faisant remonter tout doucement son genou le long de ma cuisse. Il attrapa une fois encore ma jambe gauche, ne me lâchant pas une seule fois du regard et fit remonter sa main jusque sous ma robe. Mon cœur s'accéléra davantage et mon souffle était court. Je sentis ses doigts me frôler tandis qu'il débouclait sa ceinture de l'autre. Il s'allongea alors sur moi, prenant mes lèvres en otage et parsema ma peau de langoureux baisers. Nous n'avions finalement vu aucune étoiles ce soir là.