Chapitre 11-2 : Entre solitude et désespoir
J'étais seule dans cette chambre toute blanche, et ça me rappelait presque les camps dans ce désert... Cette femme en blouse blanche et aux cheveux blonds...
Non, je ne devais pas y penser maintenant.
Je portais une blouse à pois, et des fils et des perfusions étaient accrochees à mon corps. Dan était parti depuis un moment, et après tous les aller retour entre les infirmières et certains internes, j'étais déjà fatiguée.
Mais mon cerveau était encore assez lucide pour penser à ce blond qui faisait battre mon coeur un peu trop vite.
En me rappellant du baiser de Nathaniel, je me suis sentie rougir toute seule. Anthony était tombé sur nous, enfin, il était venu nous chercher, et il nous avait interrompu.
Mon petit frère avait l'air... furieux envers Nathaniel, alors que celui-ci paraissait seulement mécontent. Pour ma part, j'étais soulagée. Je ressentais de plus en plus ses étranges sensations dans le bas de mon ventre... comme des nuées de papillons qui prenaient leur envol... et ça me perturbait.
Vraiment beaucoup, même.
- Mademoiselle Blacks ? fit une voix en frappant à la porte.
J'ai regardé dans la direction pour voir le chirurgien apparaître avec une infirmière.
- Bonsoir.
- Bonsoir, comment vous sentez-vous ?
- ...Fatiguée.
- Pas un peu stressée ?
- Non.
Je n'avais pas de quoi l'être. Ce n'était qu'une opération qui pouvait fonctionner comme rater. Je ne me faisais pas de faux espoir. J'avais juste peur de décevoir Nathaniel et... mon frère lorsqu'il apprendra la nouvelle.
- Nous allons vous préparer pour le bloc opératoire.
- D'accord.
- Et comme prévu, vous serez endormie complètement pendant la durée de toute l'opération.
- Oui, je sais.
- A plus tard alors.
Et il sortit de la chambre.
Y'avait un réel espoir derrière les mains de cet homme ? Réussira-t-il à soigner ma jambe endommager depuis tellement d'année ? Depuis que j'avais ça, je m'étais effacée tout espoir, pour ne pas être déçue. J'avais tout fais pour faire passer Anthony avant mes besoins. J'avais perdue un oeil, l'usage de ma jambe, et mon corps n'était qu'un tas de peau cicatrisé.
J'ai jeté un coup d'oeil par la fenêtre. La nuit était entamée, et on pouvait voir les étoiles sortirent de leur cachette. Toujours aussi fidèles, elles étaient là, et m'accompagnaient depuis que je m'étais retrouvée dans ce désert. Là où ma vie s'était terminée, là où le cauchemar a débuté.
Peut-être qu'en fin de compte, j'aurais aimé que quelqu'un soit à mes côtés... Armin, Alexy, Seth, Anthony, ou encore Nathaniel... Juste quelqu'un... qui aurait accepté de me tenir compagnie, le temps que l'on vienne me chercher pour un temps indeterminé.
Les jumeaux et Seth ont toujours été fidèle, et m'ont toujours écouté, malgré quelques différents. Si j'avais tenu le coup dans ce désert, c'était pour eux. Pour les sauver, et maintenant qu'ils étaient à l'abri, comme Anthony...
Quel était notre lien ?
Parfois cette question me revenait. Je me demandais aussi ce que je faisais encore là... Mais avec Anthony, on s'était promis de ne jamais se laisser seul. Cette promesse comptait dans le sens où on était en danger, mais on avait rejoint la ville. J'avais agravé mes blessures en cherchant de la nourriture, en sautant dans les dunes de sable, et en restant dans le froid pour protéger Anthony, mais je ne regrettais pas. Je le voyais sourire, rire, il était heureux. Il pouvait reprendre une vie normale.
Tout ce qu'il avait subi, était de ma faute. Si je ne m'étais pas faite cette réputation d'Ange de la Mort, jamais il ne se serait fait enlever. Et parfois, je me dis que j'aurais du me laisser mourir pendant qu'il en était encore temps. J'avais perdu tellement de coéquipiers avant de rencontrer Seth et les jumeaux que j'avais cessé de penser à mes soldats comme des êtres humains... Mais on se considérait tous comme des monstres.
On haissait tuer, mais c'était tuer ou être tué.
Le choix était souvent vite fait. On pensait tous survivre pour une famille, pour quelqu'un, pour quelque chose, mais une fois rentré, on se rendait vite compte à quel point nos idées étaient faux.
J'ai soupiré. Il suffisait que je me retrouve sur un lit d'hôpital pour réfléchir autant... C'est pas comme s'ils pouvaient faire quelque chose pour mon cerveau atteint.
Un monstre reste un monstre.
Et Nath savait ce que je pensais à ce sujet. Il voulait me faire changer d'avis, mais quand on a une idée qui a germé depuis un moment, il est difficile de s'en défaire.
C'est comme un mauvais souvenir. On aura beau faire le nécessaire pour tenter de l'oublier, jamais on ne pourra. Il reste ancré, comme s'il était gravé dans notre cervelle. On a beau faire preuve d'imagination et tenter par tous les moyens, ça fera toujours surface.
A l'heure qu'il est... Anthony tentait de cuisiner Dan à mon sujet. Il ne fallait pas qu'il cède et qu'il lui dise tout... Mais ce que je craignais, c'était que mon petit frère ne décide d'interroger Nathaniel. Je savais pertinemment que les deux savaient se défendre, mais je ne voulais pas qu'ils se battent à cause de ça.
C'était stupide. Mon opération était stupide, car personne ne savait si elle allait réussir.
Personne ne savait si un jour je pourrais marcher sans béquille, ou encore courir. Mais ils avaient de l'espoir. Il parait que l'espoir fait vivre, alors comment est-ce que j'ai pu survivre dans ce désert ? Je n'espérais pas un retour triomphant dans ma famille.
Je n'espérais rien.
Peut-être que j'avais combattu pour l'amour du combat... Pour donner la mort. J'étais la plus douée. J'étais retournée deux fois dans ce désert, et je savais comment faire pour survivre.
Et maintenant, j'étais avec Nath à qui je devais des explications. Mais être avec lui, où est-ce que ça allait me mener au juste ? Je pouvais vivre seule, mais chaque jour, avec tout ce temps passé avec lui, j'avais envie d'en apprendre plus, de le voir sourire autant qu'Anthony.
La porte s'ouvrit et deux femmes en blouse blanche entrèrent pour me prendre en charge. C'était comme si mon heure avait sonné.
Et que mon verdict allait bientôt tomber...
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▶ PDV ANTHONY
- Elle est où ?
Dan évita mon regard, alors que je commençais à perdre patience. Je n'aimais pas l'avoir loin de moi, et maintenant qu'elle avait disparu, je ne savais pas quoi faire.
- Elle est où, bon sang ?!
J'ai attrapé les épaules du colonel pour le secouer.
- Elle m'a demandé de ne pas te le dire.
- Pourquoi ?!
- Ecoute, tu lui fais confiance, n'est-ce pas ?
J'ai hoché la tête lentement et il passa sa main sur ma tête comme l'aurait fait un père.
- Alors ne t'inquiète pas. Elle sait ce qu'elle fait. Tu la reverras bientôt.
- Mais pourquoi elle est partie ?! Elle ne me dit jamais rien ! Et me fais toujours passer en premier ! Depuis qu'on est ici, je veux qu'elle puisse penser à elle !
J'ai jeté un coup d'oeil à mon professeur qui n'avait rien dit depuis un moment, et j'ai écarquillé des yeux.
- Tu... savais !
Il darda son regard dans le mien, sans ciller.
- Oui.
Pourquoi à lui et pas à moi ?! Pourquoi ?!
- Pourquoi tu m'as rien dit ?! Et elle est où, merde ?!
- Elle m'a demandé de ne rien te dire.
J'ai lâché le colonel, et j'ai foncé droit sur lui pour lui attraper la veste.
- Putain ! Je t'ai aidé et c'est comme ça que tu me remercies ?!
Il ne dit rien alors que je m'énervais.
- Elle représente tout pour moi ! J'ai toujours été à ses côtés depuis...
- Alors, laisse-la respirer, dit Nathaniel avec un regard froid.
- Co...
- Elle a passé toutes ces années à prendre soin de toi, au point de négliger sa propre santé. Avant de partir, elle commençait enfin à s'intégrer, à se sentir mieux dans cette ville. Et puis, tu t'es fais enlever. Elle n'a pas réfléchi une seconde, et elle est partie. Tu me l'as arraché.
J'ai senti comme du reproche dans sa voix...
- Et... Et alors ?! hurlais-je. Quand elle est revenue, mes parents l'ont éloigné de moi, parce qu'ils disaient qu'elle était dangeureuse ! J'ai jamais pu profiter de ma soeur ! Elle a été embarquée dans ce putain de programme !
- Tu as pensé une seconde à ce qu'elle pouvait penser ? Et ressentir ? Quand tu as disparu, tes parents sont venus en l'accusant d'être l'auteur de ta disparition ! Ils n'ont jamais cherché à comprendre ce qui était arrivé à leur fille. Non. Ils n'ont fait que la rabaisser en lui voulant d'avoir disparu. Tout ça à cause de toi.
J'ai voulu lui mettre une droite, mais je me suis arrêté à quelques centimètres de son visage.
- Tu n'as jamais compris Angely. J'comprends pas comment j'ai pu être aussi con pour te pousser à te rapprocher d'elle.
- On tient tous à elle à notre façon, rétorqua le blond. On connait tous une partie d'elle que personne ne connait. J'ai toujours voulu la protéger et l'aider, mais elle est butée et préfère toujours tout faire toute seule.
- Je veux... juste qu'elle... revienne...
Je me suis laissé tomber à genoux, les larmes aux yeux. Je m'étais pourtant promis de ne plus jamais pleurer. Mais sans, elle, j'étais perdu, j'étais un gosse. Un enfant, son petit frère qu'elle avait sauvé au péril de sa vie... Un idiot qui ne fait que compter sur elle, alors qu'elle a toujours été seule...
Un idiot dépendant qui vient de perdre ses repères.
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