I'm a Good Boy ~ And You're T...

By naobodhi

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Jimin est un bon garçon. Un bon chrétien, dévoué à son dieu, à sa cause et à ses convictions. Il prie pour l... More

Body Shot <음주 게임 >
𝑺𝒖𝒏𝒔𝒆𝒕 𝑳𝒐𝒗𝒆 ❂ Chapitre final ~
𝐅𝐥𝐚𝐠 𝐛𝐨𝐲 🏁 - BONUS Chapter

♪ Christmas Carol ♪

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By naobodhi

Bonzour (◠‿◕)

✩Quelques petits détails✩

↬ short story (longs chapitres)

↬ LGBT 🌈

↬ Yoonmin 💛

↬ Lemon

↬ Christianisme, religion (pardonnez moi, je n'y connais rien) 

↬ Tous les images, gifs, fanarts dans cette histoire ne m'appartiennent aucunement.

Credit to owners.


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Jimin est un bon garçon.

Un bon chrétien, dévoué à son dieu, à sa cause et à ses convictions. Il prie pour les personnes qu'il aime, jamais pour lui-même, et ne manque jamais une occasion pour aider les personnes dans le besoin.

Il est la définition même de l'altruisme.

Il est également un mordu du savoir. Il adore étudier, et excelle dans le domaine. Avec des résultats brillants et un comportement exemplaire, il est la fierté de ses parents, mais également du petit quartier de Séoul dans lequel il réside.

Le petit Park Jimin, le présente-t-on aux nouveaux voisins. N'est-il pas adorable ? Un véritable petit ange. Ou encore : attendez de l'entendre chanter, il possède une voix absolument divine.

Oui, les éloges, il y est habitué, mais sa modestie l'empêche de croire aux nombreux compliments.

Il préfère vivre une petite vie tranquille, simple et sans surprise. Il se contente grandement de son train de vie modeste, sa place en tant qu'animateur de la chorale du mardi soir, et son statut d'étudiant en médecine.

Pourtant, il existe bien une personne, cette personne, qui parvient à chambouler son calme olympien.

Min Yoongi, vedette de Corée, acclamé par les plus vieux, et idolâtré par les plus jeunes. L'exemple même du succès, l'amateur de sensations fortes, et spécialiste du volant.

Jeune pilote de course, Min Yoongi enchaîne les circuits et les podiums. Cet enfant semble posséder la recette de la victoire, le secret ultime du drift qui le place chaque fois en tête de course.

Jimin et Yoongi possèdent deux quotidiens totalement opposés. L'un brille sous les feux des projecteurs et l'autre opère dans l'ombre de l'anonymat.

Pourtant, chaque mardi soir, la vie décide de les réunir dans l'un des petits quartiers de Séoul..au plus grand dam de Jimin, qui méprise tout particulièrement le jeune pilote.


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- Allez, dernière commande de la soirée, s'écrit Jimin en passant les portes de la cuisine, le ton enjoué pour motiver ses collèges fatigués.

Ha-Neul lui lance un sourire reconnaissant, qu'il retourne avec tellement de sincérité que ses yeux en disparaissent.

- C'est pas trop tôt, geint Taehyung, son ami d'enfance, occupé à laver une quantité plutôt décourageante de vaisselle.

Jimin navigue avec agilité entre les équipements professionnels, reniflant au passage l'odeur alléchante de bœuf mijotant dans l'une des casseroles.

Jin, le chef de cuisine et propriétaire du restaurant, l'arrête sur son passage pour lui tendre un sachet.

- Pour toi, il dit simplement, déjà retourné à la préparation de son plat.

Habitué à ses petites attentions, Jimin tente toutefois de refuser l'offre, malgré le contenu délicieux que doit renfermer le sachet.

- Tu dois manger, Jimin. Tu es aussi maigre que ma spatule, son patron s'esclaffe en agitant l'édite ustensile dans les airs.

Jimin sourie tendrement, ne jugeant pas nécessaire de protester. Inutile de lui avouer qu'il est responsable de ses deux, trois petits kilos en trop.

Jimin se contente de s'incliner devant son supérieur, et après un clin d'œil de ce dernier, il s'en va aider Taehyung à la plonge. Officiellement, il a dépassé ses horaires de travail d'une trentaine de minutes, mais il préfère aider son ami et faire le chemin du retour avec lui.

Tel est son quotidien. Après une journée intéressante mais éprouvante d'apprentissage, il se dirige vers l'un des seuls restaurants de son quartier, pour effectuer ses quatre heures de travail et ramener chaque mois un maigre salaire à la maison, dans l'honorable intention d'aider ses parents avec le logement et la nourriture. Et exceptionnellement, chaque mardi soir, il donne gratuitement un cours de chant aux orphelins du quartier.

Les enfants l'adorent, et il adore les enfants. Il est grandement touché par ses petits sans parents et en manque d'affection. Et même s'il finit chaque mardi soir à bout de forces, il n'abandonnerait pour rien au monde ses petits monstres aux grands cœurs.

- Prêt ? lui demande Taehyung une fois les tabliers troqués par leurs manteaux.

Jimin hoche la tête et tout deux se dirigent à pied vers leur petit voisinage.

- Il commence à faire vraiment froid, se plaint Taehyung en ramenant les pans de son manteau contre son corps.

Comme une ironie du sort, une brise glaciale s'élève et vient faire frissonner les deux amis.

- Avec un peu de chance, les routes vont se recouvrir de verglas et éloigner ses idiots de nos quartiers, crache Jimin, une amertume familière lui titillant la gorge.

Taehyung secoue la tête, un petit rire amusé lui traversant les lèvres.

- Tu les détestes toujours autant, il constate. C'est rare de ta part, Jimin-ah.

Jimin lève les yeux au ciel.

- Je ne les déteste pas, il corrige.

Taehyung lève un sourcil amusé.

- Tu sais, ils ont l'air gentils. Je veux dire, Jungkook est...

- Oui, je sais. Il est sexy, incroyable, merveilleux, absolument parfait, blablabla...

Taehyung pouffe devant l'air exaspéré de son ami.

- Effectivement, mais il est également très gentil. Il a offert de me ramener chez moi, alors qu'il ne me connaissait même pas.

- Et comme un idiot, tu as accepté, termine Jimin en lui frappant gentiment la nuque, plus pour le réprimander que pour lui faire mal. Qui sait-ce qu'il aurait pu te faire ?

- Tu l'as bien vu, s'esclaffe Taehyung. Aucune chance qu'il soit un criminel. Avec cette bouille, personne ne le prendrait au sérieux.

- Non, justement, je ne l'ai jamais vu et c'est mieux comme ça.

Le ton catégorique de Jimin aurait dû mettre fin à la conversation. Normalement.

- Je pourrais te le présenter, tu verras qu'il...

Jimin s'immobilise si subitement que Taehyung continue de marcher sur quelques mètres avant de remarquer l'absence de son ami à ses côtés. Il se retourne avec un air interrogateur.

- Me le présenter ? s'horrifie Jimin.

- Il se pourrait qu'on se soit revu, Taehyung prononce d'une petite voix, le coin de ses lèvres s'étirant en une grimace presque comique. Presque. Si Jimin n'était pas aussi remonté.

- Taehyung, j'avais dit non.

- Mais, j'ai dit oui, il geint, sa lèvre inférieure s'avançant adorablement.

- À quoi ?

- Un cinéma ?

Yup. C'était définitivement une affirmation.

- J'y crois pas, reprend Jimin, sidéré, adoptant des foulées rythmée par l'agacement. Tu es en train de te lier d'amitié avec l'ennemi, Taehyung.

- Tes ennemis, pas les miens.

- Ba quoi ? Ajoute ce dernier lorsqu'il croise le regard noir de son ami. Ils sont trop cools, comment tu peux les détester ?

Jimin soupire, essayant de repousser ses sentiments négatifs. Il déteste le conflit.

- Encore une fois, je ne les déteste pas.

Après un dernier ricanement de Taehyung, la conversation fâcheuse prend fin. Le reste du trajet se déroule en silence jusqu'à qu'ils atteignent la seule église du quartier.

Une petite bâtisse en briques blanches surplombée d'un cloché pointu et pas très haut, qui annonce la messe chaque dimanche, ce bruit si familier qui a bercé l'enfance de Jimin.

Il se rappelle encore l'excitation de pouvoir revêtir ses plus beaux habits, puis rejoindre ses devant amis l'église avant chaque début de messe. Il se rappelle encore devoir camoufler leurs rires derrières leurs petites mains lorsque le curé prononçait les paroles bénites, bien trop jeune pour s'intéresser à de tels discours, et bien trop excités pour écouter les réprimandes de leurs parents.

Des bons souvenirs, et même s'il continue d'assister aux messes du dimanches, ses moments n'ont plus la même saveur maintenant que son innocence d'enfant l'a quitté.

Après un câlin sans remords, les chemins de Taehyung et Jimin se séparent. L'un continue à pied pour atteindre sa maison, et disposer d'un repos bien mérité, alors que l'autre pousse les portes de l'église avec une dernière mission en main.  


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Ho, Jin l'a gâté ce soir.

Jimin dévore son plat dans l'arrière-salle de l'église, des petits bruits conquis échappant ses lèvres de temps à autres. Fervent croyant, il associerait cependant les plats de son Jin Hyung au paradis.

Il travaille dans le petit restaurant de son ami depuis ses 18 ans. Et presque chaque soir, et depuis maintenant deux ans, Jin lui prépare un petit plat à emporter avec lui. Jin sait que sa famille ne roule pas sur l'or, et que leur situation est tellement critique parfois qu'il doit sauter les repas de toute une journée. Et oui, les études, ça coûte cher.

Il culpabilise de mettre sa famille dans de telles difficultés financières juste pour pouvoir étudier. Il a tenté de raisonner ses parents de nombreuses fois, mais ses derniers ont toujours insisté, voulant lui offrir un avenir loin de leur pauvreté actuelle.

Ils ont toujours voulu le meilleur pour leur unique fils, alors Jimin s'efforce chaque jour d'honorer leur sacrifice en étant un bon garçon.

Mais parfois, certaines épreuves ou certaines personnes rendent cette tâche difficile, voire quasiment impossible. Parfois, Jimin veut être un mauvais garçon, même s'il déteste profondément l'idée.

- Hyojin, arrête de tirer les cheveux de ta voisine, tu vois bien que tu lui fais mal, Jimin gronde doucement.

Les enfants semblent déchaînés ce soir, totalement hors de contrôle du seul adulte présent pour treize petits démons.

- Voyons, le lait à la banane, c'est pour après, Jimin sermonne à contre-cœur un petit garçon à la coupe au bol.

Il se met à bouder, les joues gonflés d'air pour exprimer sa frustration.

- Bon, Jimin essaye de discipliner la foule en tapant dans ses mains. J'ai préparé votre programme préférée pour aujourd'hui, il continue en agitant mystérieusement les sourcils. Je vous laisse deviner, il ajoute, mais qu'est-ce qu'il n'a pas dit.

La horde d'enfants se met à hurler leurs hypothèses, criant toujours plus fort que leur voisin pour se faire entendre au-dessus du chaos que Jimin vient d'initier.

Il s'efforce de ramener le calme sur la foule déchaînée, et après plusieurs claquements de mains autoritaires, les cris s'apaisent en gloussement excité.

- Des chants de Noël, s'écrit Jimin en ouvrant grand les bras, réellement excité de leur partager la nouvelle.

Noël a toujours été sa période préférée de l'année. Il se rappelle encore, alors à la place des enfants qu'il enseigne aujourd'hui, l'excitation lorsque leur professeur de chorale leur annonçait la nouvelle.

- Maiiis, je voulais chanter la reine des neiges, geint une petite fille au premier rang.

- Eww, se plaint son voisin avec une grimace.

Et juste comme ça, le chaos reprend ses droits.

Après une bonne minute à essayer de les calmer, le silence revient et le cours commence.

Jimin s'attendrit chaque fois d'entendre ses petites voix essayer de chanter les paroles avec dévouement, apprécie un peu moins les pitres qui se croient malins à vouloir crier et chanter faux pour attirer l'attention de leurs camarades.

Mais tout le monde s'amuse, et c'est le principal.

Il existe bien un léger détail qui n'amuse pas vraiment Jimin, cependant.

Eux.

La bande de hors-la-loi qui se rejoint dans l'entrepôt abandonné à côté de l'église pour faire rugir leurs moteurs et se défoncer sur du rap totalement vulgaire.

Les basses de leurs enceintes sont tellement puissantes qu'elles semblent faire trembler les murs de la petite église. Et malgré les voix criardes des enfants, il peut les entendre festoyer comme s'ils se trouvaient dans l'église même.

Et Jimin est fatigué de cette situation. Réellement.

Cela fait maintenant deux mois que l'histoire persiste, tous les mardis soir, sans exception.

Il est hors de question qu'ils viennent gâcher son cours préféré de l'année.

Alors, à bout de nerf, il fait signe aux enfants de se taire et interpelle les sœurs jumelles, les deux ainées du groupe.

- Je peux vous confiez une mission ? Il leur demande, et les deux jumelles aux couettes identiques hochent la tête d'un mouvement tellement synchrone que Jimin en reste presque effrayé.

- Je vais demander aux voisins de baisser le son, pouvez-vous surveiller les enfants en attendant ?

La plus sage des deux fronces les sourcils et attrapes délicatement le poignet de Jimin.

- Non, n'y va pas, elle chuchote, une inquiétude sincère derrière ses mots. Ils ont l'air dangereux, elle ajoute et Jimin fronce les sourcils.

- Mais non. Qui a bien pu te mettre cette idée en tête ? Et puis, je n'ai peur de personne, moi, il ajoute en bombant le torse, apaisant quelque peu l'expression tendue de la jeune fille.

Après avoir menacé les enfants de les punir s'ils ne sont pas sages, il se dirige résolument, mais avec toutefois une légère hésitation dans ses pas, vers la source de ses ennuis.

Après tout, il ne connaît pas ces personnes. Peut-être que la jumelle à raison, peut-être qu'ils sont malveillants.

Mais l'irritation est plus forte que la raison, et encore une fois. Il compte profiter de ses chants de Noël.

Il passe l'entrée de l'entrepôt sans prendre la peine de s'annoncer. De toute façon, la musique est tellement forte que personne ne l'entendra.

La première chose qu'il constate est la pénombre presque inquiétante des lieux. Les basses assourdissantes et l'odeur de fumées illégales planant dans l'air semblent inhiber les sens. Certains pourraient trouver cette ambiance euphorisante, mais elle ne fait que renforcer le malaise du chanteur.

Il hésite, subitement. Devrait-il se diriger vers les inconnus regroupés autour des voitures garées en plein milieu de l'entrepôt ?

Devrait-il approcher ces personnes aux rires bruyants et aux bras lourdement tatoués ?

Ils lui font peur. Toute sa détermination semble lâchement l'abandonnée, parce qu'il s'imagine très peu approcher ses inconnus aux allures illégales pour leur demander de baisser la musique parce qu'il donne un cours de chorale dans l'église d'à côté.

Au moment où il juge plus sage de partir, au diable les chants de Noël, car Jimin tient à la vie, une voix râpeuse résonne et le fige sur place.

- Et, toi, l'inconnu hèle par-dessus la musique.

Jimin le regarde approcher avec horreur, paralysé par la peur.

- Ne sois pas si timide. Tu es le bienvenu si tu veux te joindre à nous.

Jimin fronce légèrement les sourcils, surpris, car aucunes mauvaises intentions ne semblent se cacher derrière les paroles de l'inconnu.

Non, au contraire, il semble même...sincère, amical.

L'homme mesure une bonne tête de plus que Jimin, ses épaules peut-être deux fois la taille des siennes. Pourtant, malgré sa carrure imposante, son visage trentenaire est souligné de traits doux et ronds.

- Voyons, tu m'as l'air vraiment timide. Tu viens de la part de qui ?

Il demande avec douceur, comme s'il s'adressait à un lapin pris dans les phares d'une voiture.

- Heu..., ce lance courageusement Jimin après quelques secondes d'hésitation. Personne, je...

Il se tait, pesant le pour et le contre.

- Je donne un cours de chant dans l'église d'à côté, à des enfants. Et votre musique agite et effraie certains de mes élèves.

Autant mentir un peu pour mettre toutes les chances de son côté.

- Pouvez-vous au moins baisser un peu...

- Elio, je te cherchais de partout. C'est quoi cette musique de merde que tu nous as mise ?

Une voix criarde mais enthousiaste interrompt l'élan de courage de Jimin. Il rentre la tête dans les épaules, avec l'espoir impossible de pouvoir se téléporter autre part. N'importe où.

- Ho, un petit nouveau, s'exclame joyeusement le nouvel arrivant, un sourire resplendissant sur son visage longiligne.

- Dégage, Hoseok. Tu vas effrayer ce pauvre gamin, rigole gentiment le trentenaire.

Jimin détaille discrètement l'inconnu, impressionné par son élégance. Contrairement aux tatouages grossiers du premier arrivant, la peau d'Hoseok est recouverte de tracés fins et élancés, reliés en un chaos organisés digne d'une œuvre d'art.

Il pose une main fine sur l'épaule de Jimin, qui sursaute au soudain contact étranger.

- Tu vois, s'impatiente le trentenaire. Tu lui fais peur, avec ton enthousiasme contagieux.

- Ha ouais, peut-être alors, Hoseok s'interroge, une ride soucieuse lui barrant le front.

- Faut pas avoir peur, petit, il continue, avec tellement de bienveillance que Jimin pourrait le croire.

Avec l'intention de répondre, Jimin ouvre la bouche, mais un mouvement sur sa gauche attire son attention, et avant même qu'il puisse comprendre, son regard croise celui d'un inconnu.

Merde. Il connaît ce regard.

Les championnats nationaux de Séoul, l'événement le plus attendu de l'année par les mordus d'automobile. Malgré l'inébranlable réticence de Jimin, son meilleur ami parvient toujours d'une manière ou d'une autre à le convaincre de regarder l'émission avec lui.

Il connaît par conséquent les grands noms de ce championnat. Il connaît également les règles et les conséquences de ce sport.

Il a appris que chaque tournant porte la promesse d'un accident, qu'un seul mauvais coup de volant peut s'avérer impardonnable. Ce sport ne connaît aucune pitié, aucune limite, et Jimin se demande sincèrement qu'elle sorte de plaisir les adeptes de ce sport prennent à se lancer à toute vitesse sur le circuit, juste pour quelques minutes de frisson.

Non, définitivement. Jimin ne comprend pas.

Il ne comprend pas Min Yoongi, pour être plus précis.

Comme chaque spectateur, le pilote avait tout particulièrement retenu son attention.

Son dur labeur et son talent naturel pour la course lui a permis de se forger une identité. Le jeune prodige, un champion parmi les grands noms de l'automobile. Depuis sa première apparition aux championnats, Yoongi ne fait que battre les records.

Ses fans acclament son nom, car ils savent que quand Min Yoongi se lance sur la piste, c'est pour en ressortir vainqueur. Taehyung se compte lui-même parmi ses fans. Il ne manque jamais une occasion de vanter les talents et le charisme du jeune homme.

Mais pour Jimin, l'histoire est différente. Ce n'est pas son aisance avec le volant qui l'avait charmé.

Il se rappelle encore son tout premier contact avec le pilote. La caméra avait voyagé d'un stand à l'autre, montrant les pilotes en pleine préparation pour la grande course à venir.

Certains s'échauffaient, d'autres débriefaient avec leurs équipes et leurs sponsors.

Et c'est là qu'il était apparu.

Jimin, profondément ennuyé, s'était immédiatement redressé de sa position avachie dans le canapé pour détailler avec intérêt le dos de l'inconnu.

Pour une raison quelconque, sa carrure fine mais indéniablement musclée sous sa combinaison de course l'avait profondément perturbé.

Puis, sans prévenir, l'inconnu s'était retourné pour plonger ses yeux dans le retour caméra.

Il se rappelle encore le frisson qui l'avait parcouru, d'être soumis à l'intensité d'un tel regard. Et même si ce n'était pas lui qu'il fixait, Jimin s'était senti personnellement détaillé, mis à nu devant ses pupilles d'une détermination sans précédent. Ses yeux criaient la victoire qu'il savait déjà sienne.

Oui, Jimin avait été brutalement perturbé par le jeune pilote.

Et rien n'aurait pu le préparer à être ainsi détaillé par ce regard.

La bouche entrouverte sur des mots retenus par le choc, il met quelques secondes avant de détourner les yeux, les joues en feu.

Jimin n'arrive pas à y croire. Min Yoongi est en train de le regarder à travers la pièce, avec tellement d'intensité qu'il peut sentir sa peau s'embraser, son cœur s'affoler, et ses gestes se faire paniquer.

Jimin tente de faire abstraction à l'immense distraction à l'autre bout de la pièce pour se concentrer à nouveau sur ses interlocuteurs.

Si Elio semble ignorant de ce qui vient de se passer, il est évident qu'Hoseok à compris. Ses yeux voyagent entre Jimin et Yoongi, l'expression amusée.

- Mh, Jimin se racle la gorge dans l'espoir de reprendre un peu de contenance. Je suis désolée de vous déranger, mais je donne un cours de chorale dans l'église d'à côté, et votre musique dérange les enfants que j'enseigne. Serait-il possible de baisser la musique ? Il demande d'une traite, apeuré d'être moqué, voire pire, insulté.

Être un bon chrétien n'est pas toujours bien vu. Jimin l'a bien compris, et loin de la manière douce.

Hoseok cligne une fois des yeux avant de lui offrir un sourire absolument lumineux. Jimin comprends alors avec soulagement qu'il ne s'était pas trompé. Hoseok semble être une bonne personne, malgré ses tatouages et son air de dure à cuire.

- Mais bien sûr, s'exclame Hoseok sans une once d'hésitation. Nous sommes désolées pour le dérangement, il continue avec sincérité.

Elio hoche vivement la tête pour donner son approbation, et Jimin se détend légèrement.

Enfin, pas vraiment, car même s'il refuse de vérifier son impression, il peut encore sentir le regard du pilote sur lui.

Avec un petit hochement de tête reconnaissant, mais tremblant de fébrilité, il s'apprête à s'échapper de cet endroit, mais Hoseok est plus rapide.

- Comment tu t'appelles ? Il demande, après avoir lancé un coup d'œil en direction de Yoongi.

Jimin refuse de regarder dans cette même direction, les jambes flageolantes et le cœur lui martelant la poitrine.

- Heu, Jimin, il se présente d'une petite voix.

Il déteste ça. Il n'est pas du genre timide, pas du tout.

Il est celui qui initie les conversations, interpelle les inconnus dans les rues dans le but de récolter des dons pour des associations. Celui qui n'hésite pas à repousser une fille ou un garçon aux intentions mal placés.

Ha, parce que, oui.

Jimin est un bon garçon, et les bons garçons restent vierges jusqu'au mariage.

Et surtout, les bons garçons n'aiment pas les hommes.

Jimin s'aime comme il est. Vraiment. Mais il déteste cette partie de lui-même, cette attraction à la gent masculine qu'il a essayé de renier toute sa vie.

Et pour être honnête, Jimin n'aurait jamais imaginé que Min Yoongi puisse être gay.

Avec ses traits tranchants, ses nombreux tatouages intimidants aux bras et aux mains, ses cheveux décolorés toujours repoussé d'un bandana avait définitivement perturbé Jimin, mais l'avais également mené vers la mauvaise conclusion.

Car il n'existe aucunes explications hétérosexuelles qui puisse justifier la façon dont Yoongi le dévore du regard.

Jimin ose un petit coup d'œil en direction du pilote, et yup. Craintes confirmées.

Il continue de détailler Jimin avec ce qui ressemble grandement à de l'intérêt.

Mais cette fois, ses yeux se sont assombris, ses paupières se sont alourdies et ses pupilles se sont détournées de son visage pour se concentrer sans gêne sur son corps. Il caresse sa lèvre inférieure de son pouce, comme perdu dans ses pensées.

Avec un léger frisson qu'il espère imperceptible, Jimin détourne les yeux d'un spectacle qu'il n'osera jamais qualifier d'excitant, même si le mot lui semble parfaitement approprié.

Après un dernier sourire tendu et un merci chuchoté, Jimin prend littéralement les jambes à son cou.

Il force sur ses petites jambes pour rejoindre le groupe de chorale, espérant sincèrement pouvoir chasser le pilote de ses pensées.

Mais malgré l'enthousiasme touchant des enfants, malgré leurs voix criardes qui font parfois grimacer Jimin, ses yeux aussi noirs que la nuit ne lui ont laissé aucun répit, planant dans ses souvenirs tel un arrière-goût acidulé, unique, inoubliable.

Il finit le cours énervé malgré son agitation. Car le bruit n'a fait qu'empirer au fils de la soirée, la musique se faisant plus forte, les voix plus nombreuses, et les enfants plus agités.

Il se rend compte que sa petite escapade à l'entrepôt a été complètement inutile. Au lieu de repartir avec une solution à son problème, il est reparti avec un gros Crush bien embêtant.


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- Je te jure que c'était lui, insiste Jimin pour la énième fois.

Taehyung secoue la tête, plus par désillusion qu'autre chose.

- Jungkook ne m'en a jamais parlé, il s'étonne et Jimin pense éventuellement l'étrangler.

- Taehyung, je te jure...

- Non, non, je te crois, Hyung, il se précipite en agitant les mains devant son visage.

- C'est juste que...il est tellement cool ! Je n'arrive pas à croire que tu l'es rencontré, et pas moi.

Sa déception semble sincère. Inutile de lui parler de la façon dont le pilote l'avait regardé. Il sait que Taehyung ne le lâcherait plus avec cette histoire, sinon.

- Je ne l'ai pas vraiment rencontré, non plus.

À ces mots, Taehyung secoue la tête.

- Et pourtant, il était juste devant toi. Franchement, tu crains.

Jimin lève les yeux au ciel, mais n'insiste pas. Il sait qu'importe ses arguments, rien ne pourra détourner Taehyung de son opinion initial.

Il se contente d'aller chercher les pop-corn dans le micro-onde, se brûlant légèrement au passage lorsqu'il les amène dans le salon de son ami et les pose sur la table basse. Taehyung se redresse immédiatement dans le canapé pour piocher dans les confiseries, mais Jimin est plus rapide. D'une tape amicale, il chasse la main gourmande de son ami.

- Attend au moins que le championnat est commencé, il le réprimande gentiment.

Taehyung obéit, sans toutefois cacher son mécontentement.

- Tu aurais au moins pu lui demander un autographe de ma part, il geint une énième fois, et Jimin pense sérieusement lui renverser le bol de pop-corn sur la tête.

- Tu arrêtes d'en parler ou je pars, Jimin menace, pourtant son ami se contente de ricaner.

- Alors je te kidnapperais, Taehyung ajoute alors que le générique du championnat défile à l'écran.

Le silence s'installe dans le petit salon, avec pour seul bruit de fond la voix enthousiaste du présentateur et les mâchouillements de Taehyung.

Comme chaque fois, la caméra fait un tour des stands, sans oublier le fameux Min Yoongi, ou comme il peut être lu à l'écran, Suga, son nom de scène.

Le pilote tourne le dos à la caméra, pourtant la vue suffit à agiter le pauvre Jimin.

Il semble en grande conversation avec un membre de son équipe, ignorant complètement la caméra qui attend sagement qu'il se retourne, en quête d'attention. Après plus d'une minute de séquence infructueuse, le pilote se retourne et lance un bref regard tellement désintéressé à la caméra que cette dernière semble se vexer, passant rapidement au stand suivant.

Jimin se désintéresse rapidement des prochaines séquences, piochant dans le pop-corn absentement, et essayant tant bien que mal de chasser un certain regard de ses pensées.

Mais comme un mauvais coup du sort, Suga réapparaît à l'écran. Il porte son expression concentrée de chaque début de course, celui qui ne manque jamais de faire trembler Jimin d'intimidation, et d'une touche d'admiration qu'il n'avouera jamais.

- Let's goooo, s'écrit son ami avec tellement de rigueur que Jimin en sursaute de peur, une main sur le cœur.

- Tu vas pas bien, s'écrit Jimin mais Taehyung est concentré sur le départ imminent.

Jimin se retourne vers l'écran avec un soupir. Il est tenté de s'échapper, mais il sait que Taehyung le ramènerait par la peau du cou.

Il se replace donc confortablement entre les coussins, observant distraitement les voitures se mettre lentement en piste, payant peu d'attentions aux cris enthousiaste de la foule regroupée dans les gradins.

Pourtant, chaque fois que Yoongi apparaît à l'écran, Jimin ne peut s'empêcher de se redresser un peu. Sa respiration se bloque inconsciemment, jusqu'à que la prochaine scène le remplace et qu'il puisse à nouveau respirer correctement.

Toutes ses sensations sont déroutantes pour le jeune chrétien. Il sait les reconnaître, mais ne sait jamais quoi en faire.

Il déteste ça...

Et il déteste détester, car Jimin n'est pas censé détester quoi que ce soit.

Mais il est plus facile de prétendre ne pas l'aimer que d'avouer son attraction pour le beau pilote.

Il regarde alors les prochaines séquences impliquant Suga les bras croisés et un air de faux dédains sur le visage.

Il l'observe se mettre en place dans la voiture cabossée et recouverte des gros sponsors qui supporte le pilote.

Après une dizaine de minutes interminables rythmée par les respirations tendu de son ami, Jimin reconnaît le bruit strident annonçant le départ. Il grimace lorsque le rugissement des moteurs lui déchire les tympans, les voitures s'élançant sans merci sur le circuit avec un seul et unique but en commun : être le premier.

Jimin regarde les voitures se dépasser, se frôler tout en évitant le choc fatal, rugir leur furie au visage du public déchaîné, et pendant un court moment, il s'autorise à lâcher prise, accepter le frisson qui lui remonte le dos, cette énergie à l'état pur qui le laisse tremblant d'adrénaline sur le canapé.

Mais bien vite, il repousse le sentiment et l'ennui reprend ses droits.

Bien sûr, jusqu'à que la petite caméra installée dans la voiture de Suga retranscrive à l'écran des images qui le laissent bouche-bée.

C'est la première fois qu'il voit le pilote ainsi, en totale immersion. La petite caméra a été installée sur le côté, donnant l'impression au spectateur d'être assis côté passager.

Et bien que cette dernière tremble avec la vitesse, il peut tout de même percevoir l'absolue concentration peinte sur le visage du pilote, dure et sans pitié alors qu'il enchaîne des coups de volant parfaitement contrôlés.

Jimin ne respire plus, seulement capable de constater cette technique et cette aisance impressionnante.

Et ses mains. Mon dieu, ses mains.

Des veines proéminentes plongent entre ses phalanges, parcourant aléatoirement la peau laiteuse et tatouée du pilote. Les images inspirent sournoisement son imagination, emplissant ses pensées d'une paire de mains immense et veineuse, lui agrippant la taille alors qu'il...

- Mais non, il ne va pas faire ça, s'écrit Taehyung en bondissant du canapé.

Jimin ne comprend pas jusqu'à qu'il comprenne.

Comme un écho au cri de son ami, Jimin lâche un petit halètement définitivement effrayé.

La courbe du prochain virage est tellement tranchante qu'elle est signalée de panneaux et de lumières au sol, installés après les nombreux accidents mortels qui ont eu lieu à cet endroit même.

Tout le monde peut voir le virage arrivé, mais c'est comme si Yoongi y était étranger, car au lieu de ralentir comme il serait prudent de le faire, le pilote accélère, s'élançant à la poursuite de la seule voiture le devançant.

Inévitablement, les deux pilotes s'élancent dans le virage en même temps et l'action est tellement audacieuse que même la production ne sait plus quoi faire, alternant les séquences à l'intérieur des voitures aux plans impressionnants des drones survolant la scène.

Et quand l'obstacle arrive, les cris frénétiques du public s'éteignent pour laisser place à un suspense absolument glaçant. Jimin et les autres retiennent leur souffle, la tension à son apogée alors que Suga s'élance à l'intérieur du virage, frôlant presque la carrosserie de son rival.

Les images des drones semblent irréelles, et pendant cette seconde de pure folie, Jimin est tenté de fermer les yeux.

Mais fidèle à lui-même, Yoongi lâche la pédale d'accélérateur au dernier moment et donne un coup de volant sur le côté. Les pneus des deux voitures crissent sur le macadam, alors qu'elles dérapent et adoptent la courbe du virage l'une à côté de l'autre.

Une fois la courbe dangereuse du virage passée, Yoongi donne un coup de volant brutal pour replacer la voiture, et juste comme ça, il contrôle à nouveau l'engin, juste à temps avant une mort assurée.

Et bientôt, l'action est finie, Yoongi en tête de course et bien en vie.

Les prochains virages sont, sans surprise, des réussites, et Jimin se demande comment le pilote arrive à rester si détaché après avoir joué si étroitement avec la mort. Le pauvre petit chrétien ne s'en est toujours pas remis lorsque Yoongi passe la ligne d'arrivée sous les cris déchaînés de ses fans et de Taehyung.

Jimin serre les cuisses, honteusement excité par cette performance époustouflante.

- C'était incroyable, s'émerveille son ami, les yeux emplis d'une admiration que Jimin tente de cacher.

Ce dernier hausse les épaules dans une indifférence feinte, et son ami lève les yeux au ciel, n'y voyant que du feu dans son pauvre jeu d'acteur.

- Tu n'es vraiment pas marrant, se plaint Taehyung en engloutissant la dernière poignée de pop-corn.

Jimin l'ignore, essayant cette fois de chasser de ses pensées une certaine paire de mains, ou plus précisément, les miracles qu'elles pourraient réaliser une fois sur son corps.

Jimin se persuade qu'il ne sait probablement pas s'en servir. Mais il doute fortement de ses prétendues suspicions. Il a été témoin de ses mains, douces mais autoritaires alors qu'elles maniaient le volant. Et si Yoongi maîtrise la chaire comme il maîtrise sa voiture, alors Jimin est définitivement foutu.


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- Jenna, concentre-toi, nous ne sommes pas à la foire.

Les enfants testent particulièrement ses limites, ce soir.

Pour être tout à fait honnête, Jimin est sur les crans. Les enceintes de ses maudits voisins hurlent un rap assourdissant dans la petite église, hérissant les poils du pauvre chrétien qui tente en vain de donner son cours.

Lorsqu'une énième chanson commence, les paroles absolument rapides et vulgaires, Jimin explose.

- ça suffit, il crie contre son gré, et les enfants se taisent immédiatement, l'observant d'un air curieux.

C'est peut-être la première fois qu'il perd son sang-froid devant les enfants, malgré les nombreuses épreuves qu'ils lui ont fait subir.

Jimin est juste extrêmement patient, mais il possède également ses limites.

Et même si son cœur bat la chamade à l'idée d'y retourner et potentiellement tombé sur le pilote, il est également déterminé à mettre fin à cette histoire une bonne fois pour toutes.

Alors, d'un geste tremblant d'adrénaline et d'anxiété, il appelle les deux jumelles et leur confie une nouvelle fois la garde des enfants.

Il frissonne, une fois dehors, seul dans le noir et dans le froid. Malgré l'amour qu'il porte à son petit quartier, il ne qualifiera jamais l'endroit d'accueillant. Les rares lampadaires déversent leur lumière blafarde sur les trottoirs défoncés, donnant une allure aux environs peu rassurante qui fait presser le pas.

Mais malgré sa détermination, le feu de camp qui brûle au loin et la quantité de personnes regroupés devant l'entrepôt lui mettent le doute.

Est-ce réellement une bonne idée ? Ne serait-il pas plus sage d'appeler la police ?

Jimin à failli le faire un nombre incalculable de fois, les doigts planant au-dessus du combiné juste avant de se raisonner. Il devait leur parler d'abord, leur donner une chance.

Il l'a fait mardi dernier, et ils ne l'ont pas saisi. Alors, qu'est-ce qui retient Jimin d'appeler la police, à présent ?

Jimin se sent juste extrêmement coupable à l'idée de le faire. Hoseok et Elio semblent être de bonnes personnes. Jimin ne voudrait pas leur créer d'ennuis.

- Jimin, s'écrit une voix qu'il reconnaît à peine, foudroyant son pauvre petit cœur d'une pulsée d'adrénaline.

Pourtant, malgré l'obscurité des environs, il reconnaît très rapidement le teint pâle et le visage longiligne qui lui sourie amicalement.

- Hoseok, souffle Jimin, trop doucement pour être entendu par-dessus la musique et les cris alcoolisés.

Avant même que Jimin ne puisse réagir, un bras lui entoure les épaules et le mène fermement jusqu'au feux de camp.

Il hésite pendant une seconde à se débattre, mais redoute d'attirer l'attention.

Alors il se tourne vers Hoseok.

- Je viens juste pour vous demander de baisser la musique, il tente d'une voix incertaine.

Hoseok chasse ses paroles d'un revers de main, l'entraînant jusqu'au groupe sans même écouter sa demande.

Il se rend compte par la forte odeur d'alcool qui se dégage d'Hoseok qu'il est probablement bourré, et qu'il est donc totalement inutile d'essayer de le raisonner.

Il repère Elio parmi la foule, et profite de la semi-conscience d'Hoseok pour s'échapper de la prise et se diriger vers le trentenaire.

- Elio, il lui tapote l'épaule, et le géant pivote sur lui-même.

- Jimin, il s'exclame en ouvrant les bras, semblant sincèrement heureux de le voir. Sa réaction soutire un sourire attendri du jeune chrétien.

- Est-ce que...

- Jungkook, viens ici, Jimin entend et il se fige.

C'est pas possible. Il doit être maudit.

Un jeune homme aux joues rondes, mais aux épaules carrées s'avance vers le duo, un sourire de lapin lui dessinant le visage.

Jimin le trouve...adorable.

- Hyung, le lapin s'exclame et Jimin se demande s'il s'adresse aussi informellement à lui, jusqu'à constater que c'est bien lui qu'il regarde.

Jimin hausse des sourcils surpris lorsque Jungkook s'arrête à sa hauteur. Il le dépasse d'une bonne tête malgré son jeune âge.

- C'est Jimin, celui que tu cherchais la dernière fois. Tu sais, celui dont tu nous as fait une scène pour ne pas te l'avoir présenté.

Jungkook se contente de lever les yeux au ciel.

- Enchanté, il tend une main timide en direction du chanteur, et Jimin l'accepte juste par peur d'être malpolie.

Il voudrait juste remonter le temps et décider une bonne fois pour toutes d'appeler la police.

- Tae m'a souvent parlé de toi, s'exclame le lapin, et Jimin plisse les yeux, suspicieux et peu friand du nom affectif.

- Mh, est la seule réponse qu'il trouve approprié, préférant garder son aversion envers leur nouvelle relation pour lui.

Le lapin ne se laisse pas décourager par la réponse vague du jeune homme, se retournant subitement pour attraper une bière sur une caisse en bois et lui tendre avec un sourire hésitant.

Jimin refuse d'un revers de main et d'une légère révérence de tête.

- Je ne bois pas.

- Ha...oui, c'est vrai, Jungkook murmure en éloignant la bière, un flash de culpabilité lui traversant les yeux. J'aurais dû deviner. Tu es chrétien, n'est-ce pas ?

Jimin hoche la tête, avant de la secouer d'agacement lorsqu'il comprend.

- Laisse-moi deviner. Taehyung m'a décrit comme un rabat-joie qui ne sait pas s'amuser, n'est-ce pas ?

Jungkook grimace, les coins de ses lèvres s'étirant pour laisser apparaître une rangés de petites dents.

Jimin lève les yeux au ciel. Son ami est beaucoup trop prévisible.

- C'est du Taehyung tout craché.

Jungkook camoufle d'une main un petit rictus amusé, et Jimin déteste l'avouer, mais le lapin est vraiment mignon.

Il semble également sobre, alors Jimin retente sa chance.

- Est-ce que je pourrais vous demandez de baisser....

Dieu n'est définitivement pas de son côté, ce soir.

Car au moment où il allait finalement formuler sa requête, le crissement de pneus dans la rue parallèle le réduit au silence.

Sous l'incompréhension du chanteur, les personnes regroupées autour du feu lèvent leurs verres et se mettent à acclamer bruyamment.

Les cris atteignent leur apogée lorsque l'ombre d'une voiture caresse la lumière blafarde d'un lampadaire, au loin. Elle arrive à toute allure, ignorant totalement les limitations de vitesse alors qu'elle dérape, effectuant un demi-cercle parfaitement contrôlé qui l'amène directement devant le feu de camp.

Jimin sent la colère montée. Pour qui se prennent-ils d'envahir ainsi son quartier, prendre les routes pour des circuits sur lesquels ils se croient tout permis ?

Pourtant, la colère se transforme rapidement en panique lorsque Suga émerge côté conducteur, un immense sourire aux lèvres alors qu'il salue ses amis.

Un homme sort côté passager, un air de pure extase sur le visage, comme encore droguée des sensations fortes que le pilote vient de lui faire subir.

- J'ai cru mourir, ce dernier s'écrit, soutirant des rires amusée et des ricanements moqueurs de la foule.

Jimin se cache dernière la carrure imposante du lapin, la tête rentrée dans les épaules pour se faire le plus petit possible.

Il n'est pas sûr de survivre une seconde fois à ce regard, pour être honnête.

Mais dans un mouvement instinctif et probablement surpris, Jungkook s'écarte pour interroger Jimin du regard.

Ce dernier l'ignore, paralysé sur place et incapable de réagir lorsque le pilote s'approche du feu de camp.

Son cerveau clignote compulsivement, lui transmettant un message d'alerte que son corps ne semble pas vouloir comprendre.

Celui de fuir, faire profil bas et retourner entre les murs sécurisés de la petite église.

- Jimin ? L'interroge Jungkook, sûrement inquiet en constatant son teint vidé de toute couleur.

Mais Jimin est incapable de répondre, car au même moment, le passager croise son regard et fronce les sourcils.

Pitié, non. Le chanteur le supplie presque du regard, mais l'inconnu semble soit pas comprendre soit s'en foutre lorsqu'il décide d'attirer l'attention sur le pauvre chrétien.

- Hey, Yoongi. C'est pas le gamin que tu voulais te faire ?

Le cœur de Jimin rate un battement, et pendant une fraction de seconde, tout devient silencieux, aussi bien dans la rue que dans sa tête.

Puis, sans prévenir, la mortification lui poignarde le ventre, le retourne et colore ses joues de pourpre.

Il garde les yeux rivés au sol, refusant de croiser les regards. Ou plutôt, ce regard qui semble lui traverser le corps tel une flèche empoisonnée.

- Allez, ferme-la, pilwon, marmonne Elio de sa voix rauque, brisant le silence pesant et allégeant la tension dans l'air.

Contre toute attente, une autre voix, grave et profonde, semblant tout droit sorti d'une puissante poitrine, prend la parole, bien trop près du jeune chrétien.

- Désolée pour ça, la voix râle, grogne presque, et Jimin se sent flancher. N'écoute pas cet idiot, elle continue et bientôt, une paire de baskets apparaît dans son champ de vision, bien trop luxueuses pour appartenir à n'importe qui.

Jimin doit alors se faire une raison. Min Yoongi se tient juste devant lui, il s'adresse à lui, et Jimin panique, ne sait pas comment réagir, pas quoi répondre, pas...

- Jimin, c'est bien ça ? Yoongi insiste, et Jimin est tellement choqué qu'il relève instinctivement la tête, croisant par mégarde le regard intense du pilote.

- Comment tu connais mon prénom ? Il murmure difficilement, à court de souffle et impressionné d'être le centre de son attention.

Toutes les fois où il s'est imaginé dans cette situation, tellement près de Yoongi qu'il pourrait le toucher d'un mouvement de bras. Et maintenant qu'il se tient devant lui, en chair et en os, Jimin pourrait en oublier son propre nom.

- Tu es l'ami de Taehyung, il constate, sûr de lui alors qu'il hausse les épaules.

- Taehyung ? Il croasse, les yeux fuyants lorsque le regard du pilote s'intensifie.

- C'est lui qui t'a invité ? S'impatiente Pilwon.

Jimin met quelques secondes avant d'enregistrer les paroles, puis finalement, paniqué, il finit par secouer compulsivement la tête.

- Non, non. Je suis seulement ici pour...

Il hésite, mortifié et quelque peu honteux d'être ainsi réduit à un chaos de bégaiement et de légers tremblements.

- Pour ? Reprend Yoongi, la voix cependant patiente et bienveillante.

Jimin est réellement surpris par cette gentillesse inattendue. Jimin avait été facile au jugement, il l'avoue, associant ses nombreux tatouages et son style de motard à une personnalité de mauvais garçon.

- Jimin ne veut pas faire la fête avec nous, geint pathétiquement Hoseok, titubant jusqu'au pilote pour passer un bras autour de ses épaules. Il s'effondre contre Yoongi mais ce dernier semble habitué, le maintenant debout sans difficulté.

- Qu'est-ce que tu viens faire ici, alors ? Pilwon reprend, d'un ton tellement agressif que Jimin en oublie sa timidité pour lui lancer un regard sombre.

Sa réaction soutire un rire moqueur de l'inconnu.

- Et moi qui te pensais inoffensif, il ricane, pour aussitôt se calmer lorsqu'il croise le regard désapprouvant du pilote.

- Tu devrais te joindre à nous, un des quatre, Pilwon reprend cette fois plus amicalement, même si Jimin doute de l'honorabilité de ses intentions. N'est-ce pas, Yoongi ? Il ricane, frappant fraternellement ce dernier à la poitrine.

Le pilote l'ignore complètement, les yeux rivés sur le jeune chrétien. Mais alors qu'il s'apprêtait à répondre, le cri paniqué d'un enfant résonne dans la rue parallèle.

- Jiminn, elle s'époumone, et le cœur du chrétien chute violemment.

Il voit avec horreur une des jumelle passer le tournant, courant aussi rapidement que ses petites jambes lui permettent.

Il s'élance à sa rencontre sans hésiter, la panique et l'instinct de protéger plus fort que tout.

Jimin se laisse tomber à genoux une fois devant la jeune fille, à sa hauteur alors qu'il inspecte des yeux et des mains chaque parcelle de son visage, à la recherche d'une quelconque blessure.

Les grands yeux bruns de l'enfant sont emplis de larmes mal contenues, menaçant d'échapper la barrière de ses cils à tout moment.

- Mon dieu. Qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ? Bégaye Jimin, posant ses mains tremblantes sur les joues rebondies de la petite fille.

- C'est pas moi, elle prononce difficilement, à court de souffle.

Jimin entend des pas accourir derrière lui, mais toute son attention est tournée sur la jeune fille en détresse.

- J'ai tenté de surveiller tout le monde, vraiment, elle commence, sa voix se brisant sur un sanglot coupable.

Jimin la rapproche de lui, l'entourant de ses bras pour lui caresser doucement le dos.

- Shiloh, il n'était plus là quand je me suis retourné. Je l'ai cherché dans toute l'église avec les autres, mais il est introuvable.

Cette fois, elle cède face au trop-plein d'émotions, explosant en sanglots devant un Jimin pétrifié.

- Je c-crois qu'il s'est échappé, elle finit et si le cœur de Jimin était toujours rattaché à sa poitrine, si fragile l'attache était, la nouvelle finit de le détacher complètement.

Shiloh n'a que cinq ans. Et il est seul, dans les rues et dans le noir.

Jimin se met à trembler violemment, lâchant la petite fille sans même s'en rendre compte. Son cœur le fait souffrir, sa respiration se fait laborieuse, mais il refuse de céder à la crise de panique.

- Depuis combien de temps a-t-il disparu ? Il demande.

- Je sais pas, elle geint, et Jimin se sent tellement coupable. Tout est de sa faute. Il n'aurait jamais dû laisser toute une bande d'enfants entre les mains de si jeunes filles.

- Essaye de réfléchir, s'il te plaît, il insiste, et elle essaye, s'essuyant le nez de sa manche.

- Je dirais une dizaine de minutes, mais je ne suis pas sûre.

Jimin ferme les yeux une demi-seconde, le temps de se calmer, aux verges de la crise de panique, avant de se relever et prendre la main de la petite fille.

- Nous allons vous aidez à le retrouver, assure Yoongi, sûrement témoin de la scène.

Son regard est dur mais rassurant. Il doit avoir senti la détresse du chrétien, et semble lui proposer une épaule contre laquelle se reposer.

Jimin hoche la tête, et aussitôt, Yoongi aboie des ordres à ses amis.

- Elio, prends Jungkook avec toi et conduis vers la partie sud du quartier, je vais prendre Jimin avec moi vers la partie Nord.

Elio et Jungkook obéissent sans discuter, se pressant vers la voiture la plus proche.

- Je veux aider, s'écrit un Hoseok tenant à peine debout. Il titube jusqu'au pilote pour poser une main sur son épaule.

Yoongi la repousse doucement, le visage ne reflétant absolument aucune irritation face au comportement puéril de son ami.

- Toi, Hoseok, tu restes ici. Tu nous préviens si tu le trouves dans le coin, d'accord ?

- Mais, Hyung....

- Non, tu nous fais perdre du temps, Yoongi reprend avec fermeté, et son autorité indéniable suffit à convaincre son ami. Ce dernier hoche la tête et retourne vers l'entrepôt.

Yoongi appelle d'autres personnes de confiance pour leur confier la jeune fille, et la garde des enfants restés à l'église.

Jimin s'émerveille devant le calme olympien du jeune pilote. Pendant que Jimin est de ceux qui perdent leurs moyens dans les périodes les plus désarmantes, Yoongi est celui qui fait preuve d'un sang-froid dure, mais d'une précieuse efficacité.

Il a probablement aguerri cette capacité sur le circuit, alors lancé à des centaines de kilomètre-heure, avec pour seul moyen de survie sa capacité à prendre rapidement la décision qui le sauverait d'une mort certaine.

Jimin confie la jeune fille avec réticence, mais pour une raison qu'il ignore, il fait confiance au pilote. À un parfait inconnu.

Il laisse ce dernier poser une main dans le bas de son dos et le mener, le supporter même, car Jimin tremble comme une feuille, jusqu'à la voiture dans laquelle il est arrivé.

L'intérieur de la voiture à une odeur si particulière que Jimin se retrouve à la renifler à plein nez, appréciant étonnamment la senteur mourante du tabac mélangé aux effluves plus prononcés du cuir et d'un parfum aux sous-tons boisés.

Mais bientôt, Yoongi prend place côté conducteur et démarre la voiture d'un coup de poignet, faisant rugir le moteur avec tellement de puissance que Jimin peut sentir les vibrations de l'engin lui traverser le corps.

La situation pourrait lui paraître irréelle, s'il n'était pas aussi submergé par l'inquiétude.

- On va le retrouver, le rassure Yoongi alors qu'il s'engage sur la route plongée dans la nuit.

Les jambes de Jimin n'arrêtent pas de tressauter, signe très évident de sa panique croissante. Il devient rapidement impossible de repousser la crise de panique, maintenant qu'il n'a plus la responsabilité de la jeune fille entre les mains.

Et avec Yoongi à ses côtés, dégageant une telle force et une telle confiance, il est plus facile de se rassurer, se dire qu'il n'a pas besoin d'être un roc, car Yoongi est là pour assurer ce rôle.

Alors, tout naturellement, à bout de forces, il cède à la panique.

Les symptômes l'assaillent conjointement, tellement puissamment qu'il se met à pleurer. Sa poitrine se resserre, son cœur le fait souffrir, son corps sue à grosses gouttes sous ses vêtements d'hiver, sa vue se brouille et sa tête lui tourne.

Il pense n'avoir jamais été aussi mal de toute sa vie, mais heureusement, une main se pose sur sa cuisse, la serre entre des doigts puissants, tel un rappel qu'il n'est pas seul.

- Respire, Jimin, Yoongi l'encourage, et sa voix est tellement calme qu'elle apaise quelque peu la panique du jeune homme.

Il sent la voiture s'engager sur le bas-côté, avant de s'immobiliser pour de bons.

Malgré les hoquets laborieux qui lui traverse les lèvres, Jimin tente de raisonner Yoongi.

- S- Shiloh, il couine, agrippant la main toujours posée sur sa cuisse.

Il peut sentir ses ongles se planter dans la peau tatouée du pilote, mais ce dernier reste impassible, n'exprimant aucune douleur ou n'essayant à aucun moment de retirer sa main de la poigne douloureuse.

Au contraire, la main se resserre, ferme mais douce alors qu'elle lui engloutie la cuisse.

- Tu dois d'abord te calmer, il conseille. Regarde-moi, et suis mes instructions.

Jimin obéit avec une seconde de retard, imitant les profondes respirations du pilote qui semble vouloir lui montrer l'exemple.

Yoongi compte avec lui, lui intimant à faire de même, et ainsi agripper à sa main et à ses yeux, Jimin retrouve petit-à-petit le contrôle sur ses propres respirations. La panique se dissipe, sans toutefois disparaître, mais suffisamment pour calmer la crise de panique et lui rendre un semblant de lucidité.

- C'est bien, l'encourage le pilote. Une dernière profonde inspiration.

Jimin obéit, ne lâchant pas une seule seconde ses yeux d'une profondeur inestimable.

- Tu as été parfait, le complimente Yoongi, lui serrant une dernière fois la cuisse avant de retirer sa main.

Jimin en regrette aussitôt leur chaleur, tellement intense qu'elle semblait traverser le tissu de son jean pour venir directement lui brûler la peau.

Jimin se contente d'hocher la tête, toujours retourné par le moment précédent.

Yoongi démarre sans attendre, s'élançant sur la route vers la partie nord du quartier.

Jimin force son cerveau hors de l'hébétement, ouvrant grands les yeux avec l'espoir d'apercevoir à tout moment une petite silhouette parcourir les rues désertes.

Mais, au même moment, un téléphone sonne et le pilote se précipite pour décrocher, continuant toutefois de conduire d'une main. Un éclair d'espoir foudroie le pauvre cœur maltraité du chrétien, ce dernier tournant de grands yeux encore mouillés vers Yoongi.

- Jungkook ? Dis-moi que...

- ...

- Comment ça, introuvable ? La voix du pilote chute d'une octave, plus sombre, plus dangereuse et Jimin tente de retenir un sanglot.

- Faite la route en sens inverse. Putain, il doit bien être quelque part, ce gamin, le pilote ajoute sombrement avant de raccrocher et de jeter presque rageusement le portable sur la console.

Jimin hoquette de peine, observant le profil dure du pilote, sa mâchoire contractée, ses yeux légèrement plissés alors qu'il scrute les environ, aussi primaires et concentrées que ceux d'un vautour.

- On va le retrouver, Jimin, Yoongi grogne sans quitter la route du regard, sûrement conscient des grands yeux qui le fixent, l'implorent. Le supplie de faire quelque-chose.

Avec un autre sanglot peu contrôlé, Jimin retourne son attention sur la route. Ils passent une bonne dizaine de minute à arpenter les rues en long et en large, silencieux et anxieux.

- Tout est de ma faute, couine Jimin au bout d'un moment, la voix entrecoupée par de nouveaux sanglots.

- Jimin...

- Je voulais vous demander de baisser la musique, et j'ai laissé les enfants aux mains des jumelles. Quel idiot, franchement, Jimin s'insulte, tellement énervé, tellement déçue de lui-même.

A quel moment a-t-il pensé que cela pourrait être une bonne idée ?

- Je ne me pardonnerais jamais si...

A ces mots, un autre sanglot, plus puissant, plus douloureux, le réduit au silence. Il laisse la phrase en suspens, incapable de la terminer.

- Jimin, je crois-

- Comment ai-je pu être aussi imbécile ? Ce dernier coupe Yoongi une nouvelle fois, déblatérant absentement, plus pour lui-même qu'autre chose, devenant progressivement inconscient de son entourage. Il sent à peine la panique reprendre ses droits, une autre crise pointer le bout de son nez, bien trop miséreux pour pouvoir en reconnaître les signes.

- Jimin.

La voix claque avec tellement d'autorité qu'elle surprend le pauvre chrétien, le faisant sursauter sur le siège.

Il tourne la tête côté conducteur, pour aussitôt suivre des yeux la direction que Yoongi lui pointe.

Ses yeux mettent quelques secondes à percer l'obscurité des environs, la vision brouillée de larmes jusqu'à qu'il puisse apercevoir une petite silhouette se détacher des ombres l'entourant.

Jimin voudrait crier, mais complètement dépassé, il ne peut que se redresser sur le siège et coller son nez à la vitre, les deux mains posées contre cette dernière.

Plus Yoongi s'approche, plus il est évident que la silhouette est celle d'un enfant.

- Mon dieu, c'est lui, s'écrit alors Jimin, le cœur sur le point d'exploser de soulagement et de bonheur.

Il n'attend pas que la voiture soit immobile pour sauter hors de cette dernière, accourant auprès de la petite forme roulée en boule sur le trottoir.

Il tombe à genoux devant le corps, ignorant la douleur lui remontant les genoux, pour relever le menton baissée du jeune enfant.

- Dieu merci, s'écrit Jimin en reconnaissant l'adorable rondeur du visage du petit Shiloh.

Les joues barbouillées de larmes, l'enfant se jette tout bonnement sur Jimin lorsqu'il reconnaît son professeur.

Jimin accueille le petit corps tremblant contre le sien, le berçant doucement entre ses bras sans cesser de lui caresser les cheveux.

- Tout va bien, tu vas bien, Jimin répète en boucle, autant pour l'enfant que pour lui-même.

Car, même avec Shiloh entre les bras, Jimin a encore du mal à se convaincre qu'il l'ai retrouvé. Il commençait à perdre espoir, aussi honteux soit-il de l'admettre.

Il serre Shiloh jusqu'à sentir une main se poser sur son épaule, chaude et calleuse. Il s'extrait à contrecœur du cou de l'enfant pour couvrir le pilote de son sourire le plus reconnaissant.

Yoongi le lui retourne, sincère et tellement attirant.

Avec un froncement de sourcil mortifié, il soulève l'enfant toujours tremblant entre ses bras et tous trois se dirigent vers la voiture, épuisée par les événements précédents.

Jimin installe l'enfant sur ses genoux, et Yoongi démarre après s'être assuré qu'ils soient bien attachés.

Jimin trouve la précaution quelque peu ironique, vue les dangers auxquels Yoongi aime s'exposer chaque fois qu'il prend le volant.

- Je vais régler cette histoire, reprend le pilote après quelques minutes de conduite en silence.

Jimin se tourne vers lui, confus.

- Cette histoire ?

- Tu sais, la musique. Tu as mentionné que la musique te dérangeait, alors je vais essayer d'y mettre un terme.

Jimin reste silencieux un moment, une nouvelle fois surpris par la gentillesse du pilote.

- Je ne vous demande pas d'arrêter vos...réunions, mais si vous pouviez au moins baisser la musique. Juste assez pour que je puisse donner mon cours sans trop de difficultés.

Yoongi se contente d'hocher la tête, refusant de quitter la route des yeux. Jimin remarque avec surprise qu'il possède une conduite très agréable, fluide et respectueuses des règles. Lorsqu'il n'est pas en mode autodestruction, du moins.

- Honnêtement, il est difficile de faire moins de bruit. C'est presque impossible de raisonner une bande d'idiots complètements défoncés. C'est pour ça que je proposais d'y mettre un terme. On peut toujours se rejoindre un autre jour.

Jimin continue de fixer le pilote, la bouche sûrement grande-entrouverte à ce point.

- Je...ça serait très gentil de votre part.

Yoongi hoche la tête, avant de lui lancer un regard en coin.

Ses yeux s'attardent sur l'enfant somnolant entres les bras du chanteur, avant de remonter vers le visage du chrétien.

Jimin détourne les yeux au moment où leurs regards s'accrochent, une sensation familière lui titillant les joues. Il est alors convaincu d'entendre un léger ricanement résonner côté conducteur, mais Jimin refuse de réfléchir à sa potentielle signification.

- Je peux savoir qui est cet enfant, pour toi ? Yoongi reprend, semblant soit ignorer, soit ignorant de la soudaine tension dans l'habitacle.

- Ho, heu. C'est un des enfants que j'enseigne.

Jimin remarque son petit mouvement de tête intrigué, comme une invitation à développer ses propos. Son intérêt soudain pour le chrétien perturbe sincèrement ce dernier, mais éveille également une petite gène dans son estomac qu'il ne qualifierait pas de désagréable.

- Je donne un cours de chorale dans l'église à côté de l'entrepôt, pour les orphelins du quartier.

Confus, il regarde les mains tatouées se resserrer subitement autour du volant.

- L'orphelinat des magnolias ? Yoongi l'interroge, la voix un peu plus rauque.

Jimin fronce les sourcils, mais hoche toutefois la tête.

- Tu connais l'orphelinat des magnolias ?

Yoongi hausse les épaules, un air de nonchalance dans le mouvement, mais Jimin n'est pas dupe. Il remarque la raideur envahir les épaules et la mâchoire tranchante du conducteur.

- J'ai été placé là-bas, dans ma jeunesse.

Sa réponse prend le chrétien de court. Il reste silencieux, les mots bloqués par la surprise. Il ne l'avait pas vu venir, celle-là.

- Hoo, il dit pathétiquement. Tu...tu as vécu dans le quartier, alors. C'est bizarre qu'on ne se soit jamais croisé.

- Je n'étais pas très sociable, répond le pilote avec un énième haussement d'épaule. Et puis, je suis arrivé aux magnolias à 15 ans.

- Comment cela se fait-il ? Jimin ne peut s'empêcher de demander, mortifié lorsqu'il se rend compte de son indiscrétion.

Yoongi doit remarquer sa gêne, car d'un coup, il le regarde à travers le rétroviseur, l'esquisse d'un sourire sur les lèvres.

- J'ai été traîné d'orphelinats en orphelinats. J'étais un enfant assez...compliqué, donc je ne peux pas vraiment leur en vouloir, j'imagine.

Jimin reste surpris par cette information. Après avoir appris à le connaître, avoir été témoin et receveur de sa gentillesse, il possède quelques difficultés à imaginer le jeune Yoongi comme étant un enfant à problèmes.

- Fin bref, je trouve ça vraiment cool, ce que tu fais pour les enfants, Yoongi ajoute, le détaillant toujours à travers ce foutu rétroviseur.

Jimin hoche timidement la tête, baissant les yeux sur mes cuisses avec un petit sourire euphorique et des joues brûlantes. Comme un pauvre lycéen devant son crush à la cantine. Pathétique, et très peu discret.

- En tant qu'orphelin, je peux te dire que j'aurais adoré le concept...surtout si mon prof était aussi mignon, ajoute Yoongi, une nuance de séduction dans la voix qui laisse Jimin tout sauf indifférent.

Il sent son corps réagir de lui-même. Ses yeux s'écarquillent, son cœur accélère, et son ventre s'agite agréablement.

- Jimin ? Une petite voix le sauve juste avant la catastrophe.

- O-oui ? Sa voix racle l'air ambiant d'une façon relativement comique.

- On arrive bientôt ? L'enfant demande après un bâillement, les yeux encore humides de larmes.

- On y est, champion, Yoongi le devance, une seule main manœuvrant le volant alors qu'il gare la voiture devant l'église.

À ses mots, l'enfant couvre le pilote d'un regard empli d'émerveillement insouciant.

Pareil, Shiloh, pareil, s'amuse silencieusement Jimin.

Jimin entraîne le garçon avec lui, attendant que Yoongi fasse le tour de la voiture pour les rejoindre.

- Je ne sais même pas comment te remercier, Jimin chuchote, tellement discrètement qu'il craint ne pas avoir été entendu.

- C'est normal, n'importe qui aurait fait la même chose, le rassure le pilote, et Jimin ventile malgré le froid ambiant.

En plus d'être talentueux, gentil, altruiste, et incroyablement attirant, Yoongi est en plus modeste face à toutes ses qualités.

- Et toi, évite de fuir comme ça, dans le futur, Yoongi s'adresse au petit Shiloh, la voix légère mais porteuse d'une autorité naturelle qui fait frissonner le pauvre chrétien.

L'enfant se cache timidement dans le cou de Jimin, et Jimin l'envie sincèrement.

Lui aussi aimerait se cacher du regard intense dont le couvre actuellement le pilote.

Mais il est l'adulte ici, alors il s'éforce à garder contenance.

- Tu veux que je te ramène ? Yoongi propose si soudainement, que Jimin bégaye quelques secondes avant de pouvoir formuler une réponse cohérente.

- Je dois attendre que les gardiens viennent chercher les enfants.

Yoongi hausse les épaules.

- Je peux attendre, il ajoute, et Jimin rougie un peu plus.

- Non, c'est bon, vraiment. J'habite à cinq minutes à pied.

Yoongi fronce les sourcils, paraissant peu satisfait, pour ne pas dire déçu de sa réponse. Mais au même moment, Shiloh tend une petite main dodue en direction du pilote, ses doigts potelés se refermant dans le vide, comme essayant d'attraper un objet invisible.

Yoongi est le premier à comprendre ses intentions, attrapant les pans de son bandana pour le retirer de ses cheveux.

Aussitôt, les mèches blanches s'agglutinent devant ses yeux noirs, lui donnant un air négligé qui lui va à merveille.

Jimin observe le pilote s'approcher très près pour nouer le bandana autour du visage potelé de l'enfant.

Shiloh parait aux anges, s'agitant entre les bras fatigués du chanteur.

- Yoongi, qu'est-ce que tu fais ? Jimin l'interroge, les yeux écarquillés.

- Ce petit champion mérite bien une récompense après avoir été aussi courageux, Yoongi sourie tendrement à l'enfant avant de reporter son attention sur le pilote, et au même moment, sa main frôle la joue du chanteur.

Le contact entre leurs peaux initie une décharge électrique qui les secoue à l'unisson.

Jimin rougie aussitôt, et Yoongi retire rapidement sa main, passant l'autre entre ses mèches blanches.

- Tu n'étais pas obligé, Jimin murmure, le regard fuyant.

- C'est rien. J'en ai plein...

- Jimin, Yoongi, s'écrit une voix que Jimin ne reconnait pas immédiatement.

Il jette un coup œil par-dessus les larges épaules du pilote. Jungkook accourt vers eux, un grand sourire aux lèvres.

- Ha, voilà le petit voyou, s'esclaffe Jungkook en s'approchant de l'enfant.

Il chatouille gentiment le ventre de Shiloh, le faisant se tortiller de rire entre les bras de Jimin.

A bout de force, Jimin repose l'enfant au sol avant de rapidement s'étirer, les bras levés au-dessus de la tête.

Il sent son pull se soulever avec le mouvement, mais n'y prête aucune attention jusqu'à qu'il remarque le regard intense du pilote, baissé, semblant rivé sur son ventre.

Il baisse rapidement les bras, les joues en feu alors qu'il lisse le vêtement.

- Uhm, je ne sais vraiment pas comment vous remerciez, Jimin reprend alors qu'Elio les rejoints.

- Tu n'as pas besoin de..., commence Yoongi, pour aussitôt se faire interrompre par Jungkook.

- Tu pourrais te joindre à nous un de ses quatre, suggère le maknae. Taehyung m'accompagne la semaine prochaine. Si jamais tu veux venir avec nous, tu es la bienvenue, Hyung.

Jimin hausse les sourcils de surprise, avant de les froncer.

- Taehyung se joint à vous ?

Jungkook hoche enthousiasment la tête.

- Je voulais le présenter à mes amis, il s'excite en pointant Yoongi et Elio du doigt.

Yoongi doit remarquer l'hésitation du jeune chrétien.

- Seulement si tu veux. Mais tu n'as rien à craindre, on ne mord pas...

La suggestion perturbe le chanteur, honteux lorsque des images de Yoongi lui mordant le corps envahissent subitement ses pensées.

Un petit sourire en coin étire lentement les lèvres du pilote, et Jimin détourne le regard, mortifié d'avoir été si évident.

- Je sais pas..., Jimin hésite, quelque peu mal-à-l'aise d'être le centre de toute cette attention.

- Pas de pression, le rassure Elio, un sourire sincère aux lèvres.

Jungkook baisse la tête, essayant sûrement de cacher sa déception.

Jimin se sent coupable, lorsqu'il salue ses sauveurs d'un signe de main et d'un énième remerciement. Il entraîne l'enfant vers l'église, l'esprit retourné par l'hésitation. Le moindre qu'il puisse faire serait d'accepter leur invitation.

Et puis...il n'aurait pas besoin d'inventer d'excuse pour revoir Yoongi, de cette manière.

Jimin referme les lourdes portes de l'église derrière eux, la décision prise et le regard pénétrant du pilote lui brûlant la nuque. 


⪻₪⪼


Heyy, 

Je voulais attendre d'écrire la fin de Pornéïa pour vous publiez cette histoire, mais je ne pouvais plus attendre de vous l'a partager. 

Cette histoire sera courte, que trois chapitres (mais, ils sont longs). 

J'espère que ce premier chapitre vous à plu, n'hésitez pas à voter si c'est le cas. 

Je vous promets des petites scènes croustillantes dans le prochain chapitre, que j'essayerai de poster Jeudi prochain (je vais à NY vendredi pour la première fois de ma vie (❤ ω ❤))

Mwuah 💛

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