Anthony se trouvait dans le couloir d'un immeuble très bien entretenu, suivant pas à pas le chemin qui menait à la porte numéro cent deux.
Plus il s'en rapprochait, plus l'odeur du parfum fleuri qui émanait de l'appartement était forte.
Les mains derrière le dos, le jeune homme s'immobilisa devant l'appartement, puis regarda longuement l'œillet de la porte avant de finir par toquer.
Tout en finissant de s'habiller, une jeune femme ouvrit brusquement la porte.
- Hell-
Le visage de cette dernière se décomposa lorsqu'elle le vit se tenir debout en face d'elle.
- Bonjour, Laurette.
Elle avait de longs cheveux châtains, tellement raides et lisses qu'ils étaient semblables à ceux d'une poupée. Elle avait également d'adorables petits yeux noisettes, et des traits de visage tout fins.
La jeune femme avait également un léger maquillage rosé sur elle et était habillée d'une jolie petite robe rouge.
Le cœur de Anthony s'emballa lorsqu'il parcouru des yeux le corps de la belle créature qui se trouvait face à lui.
- Qu'est-ce que tu veux ? dit-elle alors avec un léger accent des pays bas tout en refermant légèrement la porte derrière elle.
- J'aimerais seulement te parler, répondit le jeune homme toujours avec son air martial habituel.
- Je suis avec quelqu'un là, je peux pas trop. Et puis je vais bientôt partir, déclara sèchement la jeune femme.
La dénommée Laurette s'apprêtait à refermer la porte lorsque Anthony posa son poing sur celle-ci pour la bloquer.
- Il faut vraiment qu'on parle, lâcha Anthony plus fermement.
La jeune femme soupira avant de se décider à sortir de l'appartement pour faire face à son interlocuteur.
- Laurette, mon père est revenu.
L'expression dans ses yeux changea, une lueur de peur les traversa avant qu'elle ne prenne un air résigné.
- Fine, I lied. There's nobody in my apartment.
Sur ce, la belle demoiselle laissa le jeune homme entrer et lui servit un fond de whisky, irlandais bien sûr.
Lorsque se prit à la toucher du regard. Il observa d'abord ses gracieux petits doigts et remonta petit à petit jusqu'à sa nuque. Elle se trouvait noyée dans les rayons du soleil qui traversaient la vitre derrière elle.
Lorsque la jeune femme lui tendit son verre, Anthony regarda dans sa pupille comme pour transpercer son âme. Puis, avec un air indescriptible, il attrapa le verre et le but d'une traite.
- So, pourquoi est-ce que tu es venu me voir ? lui demanda-t-elle avec son petit accent, se tournant de face à la fenêtre.
- J'avais besoin de te parler, je pense qu'on a des choses à régler, répondit le jeune homme avec une voix sèche.
Après un long instant de silence pendant lequel Laurette ne broncha pas, elle ignora la phrase précédente et finit par dire quelque chose de complètement différent :
- Je m'en vais après-demain, je repars définitivement à Amsterdam. Mon patron m'a rappelé là-bas.
Anthony sentit comme un sentiment de tristesse dans sa poitrine, mais ne réagit pas à l'annonce de la jeune femme.
- Donc, reprit-il comme si de rien n'était, par où commencer ?
- Peut-être par le jour où tu as disparu, répliqua-t-elle toujours le regard rivé sur la ville qui se trouvait de l'autre côté de la fenêtre.
- Je suis désolé, Laurette.
D'habitude, Anthony ne s'excusait que très rarement. Les seules personnes à avoir eu droit à de tels mots venant de sa part n'étaient que sa sœur, et elle.
A nouveau, un silence envahit la pièce. Mais il ne fut que de très courte durée avant que la jeune femme ne se décide à poursuivre la conversation en se tournant vers lui les bras croisés :
- Then, what ? Qu'est-ce que tu voulais ?
- Je suis venu te voir parce que j'ai reçu des instructions de la part de mon père, et il m'a demandé de te faire signer un contrat dans lequel tu accepte de nous revendre les parts de ta mère. Encore toutes mes condoléances.
Laurette pouffa avant de lâcher :
- Tu me dis ça après cinq ans.
Suite à cela, elle s'avança vers le jeune homme avec un air déterminé.
- Donne-moi tes papiers qu'on en finisse.
Anthony quelques papiers et un stylo de sa belle besace en cuir avant que tous les deux ne viennent s'assoir dans le petit espace moderne qui faisait office de salon.
Les feuilles étalées sur la table basse et le stylo posé à côté, Laurette était maintenant en train de toutes les analyser une par une pendant que le jeune homme attendait patiemment les mains jointes et les deux coudes sur ses genoux.
Il observait la femme avec une telle fascination. Voilà qu'en quelques années, ses habitudes n'avaient pas changé. Elle était toujours aussi attentive à ce dans quoi elle s'engageait, et ne manquait pas un seul détail qui pouvait la compromettre.
Ainsi, elle attrapa inconsciemment le stylo qui était posé sur la table et en porta le bout à sa bouche tout en lisant l'un des papiers les plus importants.
Ses lèvres, ses belles lèvres toutes rosées avaient l'air si sucrées.
C'est là que Laurette remarqua ce qu'elle était en train de faire.
- Excuse moi, j'avais oublié que c'était ton stylo.
Anthony ne répondit rien, il se contenta de faire un léger rictus formel qui retomba aussitôt.
- Bon, c'est bon. Je vais tout signer.
Le jeune homme hocha de la tête avant de regarder son ancienne partenaire signer le tas de feuilles et lui tendre à la fin.
- Here, lâcha-t-elle tout simplement.
- Still don't want to discuss about us ?
C'était la première phrase qu'il lui disait en anglais.
- No. Do you want to ?
- No.
- Tony, why do you-
A cet instant, Anthony se leva pour s'avancer vers la jeune femme avec un air ferme. Cette dernière fit de même en le voyant s'approcher d'elle.
- Après ça, je te promets que je te laisserai tranquille. Mais d'abord, laisse moi faire une dernière chose avant de t'oublier, déclara-t-il avant de s'approcher d'elle.
Laurette ne put stopper le désir qui montait en elle. Après des années de séparation et d'incompréhension, elle allait enfin lui dire au revoir.
Et lui ne lui avait jamais parlé aussi sincèrement que maintenant. Il avait toujours eu cet air stricte et martial... jusqu'à aujourd'hui, leur dernière fois ensemble.
Ainsi, les deux jeunes adultes échangèrent un long baiser avant de se littéralement se jeter l'un sur l'autre, faisant au passage voler tous les papiers qui étaient sur la petite table.
Et tous les deux passèrent un long moment intense où toutes leurs craintes et frustrations s'en allèrent.
***
Tout en reboutonnant sa chemise, Anthony ralluma son téléphone qu'il avait éteint juste avant de venir pour éviter d'être dérangé pendant son importante entrevue.
C'est là qu'il vit plusieurs messages et appels manqués de ses frères. Lorsqu'il vit le nom de sa sœur apparaître dans ses messages, il accéléra le rythme pour se rhabiller et ranger ses affaires.
Voyant toutes ces notifications, Laurette s'approcha de lui avant de lui de lui demander :
- C'est ta nouvelle chérie, cette Mia ?
Son accent lui donnait un charme.
- Non, c'est ma sœur, répondit-il avec son air martial habituel.
La jeune femme fut interpellée.
- Je savais pas que tu avais une sœur.
- Je savais pas non plus.
Laurette pouffa avant de sortir son paquet de cigarette et de se diriger vers la fenêtre qui s'ouvrait à moitié dénudée.
- Encore une histoire compliquée chez les Brown...
Anthony s'approcha de cette dernière avant de lui ôter la clope du bec avant même qu'elle n'ait pu l'allumer.
- Je te l'ai déjà dit, c'est mauvais pour ta santé.
Sur ce, le jeune homme jeta tout simplement la cigarette par la fenêtre avant de se diriger vers la porte.
- Alors c'est comme ça que ça se finit ? lança Laurette en se tournant vers lui et en croisant les bras sur sa poitrine.
Anthony pivota sur lui même avant de regarder fixement la femme, avec le même air impénétrable qu'il a toujours eu depuis son plus jeune âge.
- Au revoir, Laurette.
Mais avant qu'il ne s'en aille, elle lui posa une dernière question :
- Pourquoi es-tu parti il y a cinq ans ?
Anthony évita la question et répondit autrement.
- C'est mieux que les choses soient comme ça. Personne ne doit entrer dans la vie de ma famille, ni dans la mienne.
Sur ce, Anthony laissa la jeune femme sans un mot de plus.
Oui, maintenant il ne pouvait laisser plus personne entrer.
Car désormais, il était le responsable de la petite Mia.
Et aujourd'hui, il avait fui sa responsabilité.