𝐕𝐄𝐍𝐃𝐄𝐓𝐓𝐀 | 𝘱.𝘫𝘮

Oleh anxleti

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dans lequel Lim Soojin, une docteure ayant abouti dans un asile psychiatrique, se voit trainée dans la rancoe... Lebih Banyak

personnages
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Oleh anxleti









PARK JIMIN


















   J'étais venu pour la tuer.
J'avais pénétré cette pièce stérilisée sans masque avec l'intention de plonger une balle dans son cœur. Elle était de dos, ses mains crispées sur la table, ses cheveux noirs tombant en cascade. Elle venait de terminer l'opération. À ses côtés demeurait de nombreuses boîtes rougeâtres contenant différents organes et une grande quantité de cubes de glace.

   Je pouvais ressentir son désespoir, voir combien elle avait l'air coupable et nerveuse face à ce qu'elle venait de faire. Elle avait pris la peine de recoudre chacune des incisions attribuées à ce mec et ce, même si un tel acte n'était absolument pas nécessaire. J'allais l'enterrer de toute façon. Recousu ou pas. Quelle était la différence?

   Je me rappelle avoir regardé les points de suture couvrant l'abdomen de cet homme. J'avais ensuite regardé l'arrière de sa tête et m'était demandé pourquoi elle avait fait l'effort de faire ça. Était-ce parce qu'elle voulait éviter de voir plus clairement les incisures sanglantes de ce gars? Ou est-ce qu'elle voulait lui donner une apparence digne avant qu'il ne se fasse enterré comme un animal sauvage dans la forêt?

   J'avais esquissé un sourire.

   Moi qui avait cru comprendre tout sur les réactions humaines, cette action à l'allure si simpliste me perturbait.

   Je m'étais approché après avoir médité pendant plusieurs secondes sur cette pensée inutile. Je n'avais pas vu son visage et je ne crois pas que j'en avais eu quelque chose à faire. Je savais ce qui allait se passer et ce que je devais faire.

   Tous les autres étaient partis, à part Taehyung et Jin. Ce dernier se chargeait de garder Taehyung occupé alors que je procédais au meurtre de cette fille. Je tenais le manche de mon fusil du bout des doigts, avançant d'un pas alors que j'interpelle son nom, les portes automatiques se fermant en arrière de moi.
   Je n'avais affiché aucune haine ou méchanceté lorsque je lui avais parlé.

   Peut-être que j'avais fini par un peu trop m'approcher, que j'avais envahi son espace au point où, dans ce moment d'équilibre faible, son effervescence explosa.
   Peu importe ce que j'aurais fait, je crois que je me serais quand même retrouvé dans la même situation, dans la même position, carbonisé par la même adrénaline consumante et la même déliquescence coléreuse.

   C'était agréable. Désagréable. Très agréable. Très désagréable.

Je ne savais même pas lequel.

   J'avais un scalpel près de mon visage. C'était ça, la situation que j'aimais et que j'abhorrais tant. Cette idiote avait pointé un scalpel vers moi et je ne savais pas si je trouvais ça détestable ou admirable.
   Son visage aux traits crispés me fixait avec une répulsion dépassant les normes humaines.
J'aimais ces yeux.

   Ces pupilles irascibles ne faisaient que raffermir mon identité, celle que j'avais d'une mauvaise personne auprès d'une société idéaliste et corrompue.
   Auprès de cette femme aussi.

   Son sentiment d'exécration me donnait l'impression d'être puissant sans que je n'aie à le dire ou à me convaincre que je l'étais. Et ça me plaisait de savoir que le dernier regard qu'elle allait m'offrir sera inoubliable. Empli d'une dignité rageuse et d'une rébellion remarquable envers moi. Pas un regard misérable qui essayait en vain de manifester ma compassion.

   — Dégage ta gueule de mon visage avant que j'plante ce putain de scalpel dans ta carotide, m'avait-elle dit avant de se rapprocher et de poser la lame froide sur mon artère. Autour de l'instrument, ses jointures passaient de flavescentes à lactescentes.

Je souris.
   Je pus la sentir frissonner devant l'impétuosité ludique qui embrasait mes iris. Les siens affichaient un cran et une détermination fragiles qui m'excitaient et m'énervaient en même temps.

    — T'es moins faible que t'en as l'air, lui dis-je et je vis son regard, enténébré par un profond capharnaüm. J'avais engendré cette réaction. Je le savais et elle le savait aussi. Ses pupilles se dilatent et elle déglutit.
Je m'approche d'elle. Ma main entoure la sienne. Je pus sentir le manque de vigueur et les tremblements dans sa main. Elle était faible mentalement et cela affectait son corps. Toute sa peau et ses muscles se retrouvaient sans force. Seule son visage échappait à cette règle. Elle ne put résister à ma poigne et c'est avec irritation qu'elle me laisse contrôler sa main. J'approche la lame de mon épiderme, telle était son intention après tout. Je fais exactement ce qu'elle voudrait tant avoir le courage de faire. La lame s'enfonce légèrement dans mon cou, un filet de sang s'échappant d'une mince plaie. Je grince des dents. La douleur était minime, mais présente, légèrement adoucie par la sensation de dopamine qui coulait dans mon sang et qui me montait au cerveau. Agressée par ce geste et par la vue du sang, ce liquide qu'elle avait pu admiré pendant une bonne poignée d'heures lors de l'ablation, elle recule. Je continue d'avancer, plongeant encore plus la lame dans mon cou, et elle recule encore et encore, maintenant apeurée par l'idée de déclencher ma mort.

   Je pouvais sentir cette mince lame acérée s'enfoncer dans ma peau lorsque j'avançais, tout comme je pouvais la sentir s'extirper peu à peu de mon corps tandis qu'elle reculait, la peur illuminant ses yeux.
Son dos heurte le recoin de la table d'opération, sa petite taille fixant le haut de ma physionomie. Aussi craintive qu'elle était, elle dégage rapidement le scalpel de mon cou, regardant l'incision de deux centimètres qu'elle m'avait infligé avec horreur. Quelques centimètres de plus et mes veines se seraient vidés de leur raison d'être. Quelques centimètres de plus et elle aurait planté ce putain de scalpel dans ma carotide. Gênée par notre proximité, je la vis détourner le regard alors qu'elle réalisa que sa poitrine était collée à mon torse. Je n'arrivais point à faire de même. Quitter mes yeux de sa silhouette alors qu'elle affichait une si belle expression de gêne et de peur serait un péché.
   Pourquoi n'arrivais-je pas à détourner le regard? Pourquoi souriais-je? Est-ce que penser à son meurtre me plaisait tant que ça? La voir souffrir m'était-il une joie? Je grince des dents.

   Je sentis alors ce liquide chaud couler sur moi. Je pus la voir fixer ce filet d'hémoglobine se perdre à l'intérieur des plis de ma chemise. Elle qui était si habituée à voir le sang, était-ce plus difficile de supporter sa vue quand on était la cause de cet écoulement et que le patient était conscient et non anesthésié? Sûrement.

   J'étais soudainement en colère et je le dissimulais sous une couche de moquerie sardonique. Je n'avais pas envie qu'elle voit combien elle m'agaçait, combien j'étais malheureux de ne pas avoir pu la tuer quand j'aurais dû, donc je dérobais cette envie de la massacrer. Je grince des dents de nouveau, penchant légèrement la tête pour empêcher la dystopie de ravager mon visage qui empruntait jusqu'à maintenant des traits plaisantins et méprisants.

   — Mais il faut que tu saches une chose, je me penche vers elle, ma bouche perchée à son oreille. Namjoon m'a demandé de m'occuper de ton cas, je souris à l'entente de mes propres paroles. Considère ça comme un abrègement de tes souffrances. T'as pas envie d'souffrir, non? ajoutais-je et je me tus lorsque je sentis mes cordes vocales expulser une voix qui n'était pas naturelle, qui était tamisée par une exaltation sauvage.

   Comme à l'asile de fous, je m'empare de mon fusil et le remonte lentement de sa jambe jusqu'à sa poitrine. C'était là que tout aurait dû se terminer. C'est à ce moment que j'aurais dû la tuer, avant que Yoongi n'ait l'amabilité de lui offrir deux autres jours de sursis. Tout ça pour qu'on revienne à la case numéro un. Je redresse la tête pour avoir un aperçu de son visage.
   Elle avait compris.

   Une expression de peur absolue rendait son minois chaotique lorsqu'elle réalise ce que j'allais faire.
   Un tintement métallique se fait entendre, le scalpel est tombé de ses mains. Nous le fixons tous les deux. Je lui souris alors que nos regards se croisent. Et encore une fois, ce dégoût accentué par une peur froide me fixait.

   — Je te souhaite une mort douloureuse, crache-t-elle et je soupire. C'était le dernier souffle d'un mourant. La dernière emprunte qu'il imposait à la Terre avant de quitter cette astre. Et cette femme avait décidé de faire de cette emprunte une insulte à ma personne.
   — Tu sais, t'es l'une des premières qui osent penser à ma mort. Les derniers qui m'ont menacé sont tous sous terre maintenant, lui dis-je et elle enfonce ses ongles sur la table d'opération. Je vois vraiment pas pourquoi Yoongi a fait tant d'efforts à te laisser vivre. T'es un être minable, inutile, je m'approche encore plus et sachant que nos corps ennemis étaient beaucoup trop proches l'un de l'autre, son dos quitte la table et elle recule de nouveau, une belle distance de 5 mètres nous séparant.

— Tu tues des humains, espèce de cinglé! Qu'est-ce qui est plus minable que ça? s'écrie-t-elle et j'avance d'un pas. Elle recule de nouveau, appuyant son dos au mur de carrelage bleu, coulissant le plus loin possible de moi. Elle regardait mon fusil à chaque intervalle de deux secondes, attendant sûrement le moment où j'allais peser sur la gâchette pour s'enfuir à travers la porte.
   — En effet, je tue des gens et devine quoi? J'ai fait de ce passe-temps ma profession et crois-moi, elle est très lucrative. Toi, par contre, tu t'amuses à moquer la mort en provoquant un criminel comme moi. Tu veux mourir, c'est ça? T'as des envies suicidaires peut-être? m'exclamais-je, pointant mon revolver vers elle, visant son cœur, là où une balle de plomb aurait déjà dû être déchargée depuis longtemps. J'peux régler ça en moins de deux secondes, l'assurais-je et elle déglutit. Fronçant des sourcils, incrédule, je vis un regard coupable passer sur ses iris, un regard caduc et vulnérable qui semblait me supplier de peser sur la gâchette. Une partie d'elle avait donc réellement résigné sur la vie?
C'était à mon tour de déglutir. Étrangement, voir que j'avais fracturé un esprit à la fois si faible et si combattif ne m'apporta aucun bonheur.
— T'es un malade, finit-elle par chuchoter, continuant de s'éloigner à mesure que je me rapprochais, ressentant la tension meurtrière que je faisais vibrer dans la stratosphère. L'effroi rendait son visage recru et je pouvais le voir. Je pouvais admirer la peur qu'un humain au mental faible ressentait une fois confrontée à quelqu'un de si brutal et vide d'émotions, mais encore une fois, le plaisir n'était plus vraiment présent. J'avais un goût acariâtre dans la bouche.

   Elle se heurte maladroitement aux étagères métalliques et s'y accroche. Elle lance un coup d'œil discret à la boîte de premiers soins qui s'y trouvait avant de me la lancer au visage, misant ses chances de survie sur un sprint d'avorton vers la porte.
Je me retourne après avoir ignoré le projectile avec facilité, une main raide armée visant vers elle. Je n'eus pas besoin de lui tirer dessus. Son plan de fuite tombe tout seul à l'eau. Taehyung arrive au même moment au pas de la porte et la petite physionomie de Soojin se frappe à la sienne. Elle tombe au sol, mon arme toujours braquée sur elle. Taehyung me regarda pendant longtemps, une expression figée au visage.

   — Mais tu fais quoi, bordel de merde? On a dit de pas la tuer, ducon! Ça veut aussi dire de pas pointer son putain de flingue sur elle! T'as envie que Namjoon te tue peut-être? s'exclame-t-il, exprimant son mécontentement à l'aide de gestes de main. Attends, pourquoi tu saignes? demande-t-il, regardant mon cou, Soojin, puis le scalpel ensanglanté qui avait trouvé un refuge solennel et sécuritaire sur le carrelage de cette pièce.
   Taehyung fit trois pierres un coup et il ne suffit que d'une seconde pour qu'il s'empare du col de Soojin et la plaque au mur.

   Je me frappe la tête avec ma main, maudissant le nom de Jin à voix basse. Cet idiot avait un seul travail et c'était de divertir Taehyung pour plus de 5 minutes. Une tâche à laquelle il avait lamentablement échouée. Je respire calmement, plaquant mes cheveux vers l'arrière alors que je me retourne vers Taehyung.

   Il la blâmait parce qu'il croyait qu'elle m'avait fait volontairement saignée avec ce scalpel. Il ne se doutait de rien. Il ne savait pas que j'avais l'ordre de la tuer. Je reste debout, silencieux, la contemplant se faire hurler dessus par un Taehyung enragé. La fatigue s'était accumulée en lui et c'est avec aigreur qu'il l'expulsait, sur elle.
   — Mais t'es tarée toi! T'attaques les gens au scalpel, c'est ça?! C'est pas croyable, marmonne-t-il, un petit sourire sénile se formant sur ses lèvres alors que sa voix perd lentement de son intensité. Il recule d'un pas et porte son autre main à son front. Épuisé, il en avait visiblement marre, autant qu'elle d'ailleurs.

   On pouvait voir la confusion et la peur dans ses yeux alors qu'elle se faisait fustigée violemment par Taehyung. Elle n'avait pas la référence à cette folie qu'il projetait dans l'air comme s'il était le seul sur terre. Elle ignorait pourquoi elle se faisait charrier et pourquoi ce cirque lui tombait sur la tête.
   — C'est ce cinglé qui l'a planté dans son propre cou! finit-elle par s'écrier, les larmes aux yeux, la peur secouant son corps. La poigne de Taehyung sur le col de sa tenue bleue se desserre. Il se retourne vers moi.
   — Elle m'a menacé, me contentais-je de dire et Taehyung rit, tel un sadique. D'une main, il repousse brutalement Soojin sur le sol blanc et elle tombe sur son dos, exprimant sa douleur à travers un petit geignement.
   — T'as perdu la tête? me demande-t-il et je regarde le plafond, passant ma langue sur mes gencives inférieures, irrité à l'idée d'avoir à engager cette conversation.
       — Je crois pas, non. Et toi Taehyung? Les effluves de la tristesse éternelle t'ont-ils rendu fous? me moquais-je et il rit, sa bouche s'étirant en un sourire carré que mes anciens camarades de classe avaient tant jalousé lorsqu'on était plus jeunes. Il n'aimait pas ce que je venais de dire. Ça lui rappelait des souvenirs, ceux qu'il souhaitait oublier d'ailleurs.
     — Non, je crois pas, me répondit Taehyung et je pousse un rire caverneux. Soojin s'isole au fond de la pièce, ramenant ses jambes contre sa poitrine alors qu'elle s'adosse au mur. Comparé à toi, j'suis capable de suivre des putain d'ordres et de m'empêcher de tuer la première personne qui me tombe sous le nez, ajoute-t-il et je recule sous l'effet du fou rire qui s'empare de moi. Mes poumons se soulèvent au rythme de mes inspirations saccadées, mon diaphragme s'épuisant à suivre la cadence.
      — Et dis-moi, c'est qui selon toi qui m'a demandé de la tuer? je pointe la silhouette de Soojin avec mon flingue et j'entends une petite exclamation se mélanger à l'écho de ma voix. « Je vais tous vous tuer » avait-elle marmonné, une main caressant sur son dos, heurté par sa chute. C'est ce que j'avais entendu. J'ignorais si elle l'avait réellement dit.

   Taehyung, lui, se tourne vers elle en fronçant des sourcils, ne semblant pas comprendre le sous-entendu que je projetais. Il ne comprenait toujours pas que son propre chef avait commandé la mort de cette femme. Il plisse ses lèvres, perplexe, réfléchissant à ce que je venais de dire. Je me retourne vers Soojin, adossée au mur, les yeux vitreux. Elle avait arrêté de pleurer. Elle bloquait les émotions, elle les excrétait de son corps afin d'éviter d'autres représailles de notre part. J'avais envie qu'elle disparaisse de nos vies une fois pour toutes. Cette envie était partagée. Je le voyais dans la façon dont elle me regardait. Cette haine si précieuse qu'on avait. C'était étrange combien on l'avait développée aussi rapidement l'un envers l'autre.

   — Tu peux pas la tuer, vocifère Taehyung à voix basse. Sa place est maintenant permanente parmi nous, je lève mon fusil vers elle et vise sa tête.
   — J'te jure que si tu bouges pas sale enfoiré, j'vous déglingue tous les deux, affirmais-je et Taehyung ne bouge pas. Dégage de mon putain de chemin Taehyung!
— Ton impulsivité va te coûter la vie, Jimin.
— T'as 5 secondes, l'avertis-je, un regard sombre dardant sur sa silhouette.
Je n'avais pas envie de le tuer. Aucunement. Le tuer ne m'apporterait rien de bon. Pas d'argent, ni rien. Le voir souffrir par contre, ne me faisait aucun effet. J'y étais bien nonchalant. Taehyung faisait partie de ceux qui avaient vu l'autre parcelle à l'intérieur de moi, qui avait appris à la connaître et qui croyait misérablement qu'elle existait toujours, qu'elle pourrait revenir un jour. Un beau jour béni par le soleil et la mer bleue.
Il croyait aveuglément que j'allais revenir. C'était une erreur, une grosse erreur même, car c'est bien à cause de cela qu'une détonation quasi-silencieuse s'égosilla dans la pièce et qu'il finit au sol. C'est avec sa fureur habituelle que mon cher ami pousse un juron, s'accrochant à l'aide d'une main à la table d'opération. Le corps du réceptacle, dépourvu d'organes cette fois, ne bouge pas à l'entente du tir. Il ne réagit pas plus au hurlement de Soojin et n'essaye pas de se relever alors que je passe devant V, lui assénant un coup de pied sur sa jambe, exactement là où je venais de tirer. Non, il n'a rien fait de cela, car il était mort et elle aussi allait bientôt l'être.

C'est ce que je croyais qui allait arriver. C'est ce que je voulais qu'il se passe, mais les choses se sont déroulées autrement.
   Jin a débarqué dans la pièce alors que je m'étais agenouillé face à elle, qui avait rapidement repris l'utilité de fontaine. Un flot de larmes avait repris son cours et c'est en souriant que je lui avais dit bonne nuit, encore une fois. Mon arme régnait sur son crâne, ses yeux s'étaient fermés après m'avoir jeté un dernier regard misanthrope. Elle ne faisait pas que nous détester. Elle détestait chacun et chacune qui flânait sur Terre. Ça m'avait bien pris du temps à le découvrir. Sa haine était universelle. Elle avait une allergie universelle envers tout le monde et j'étais supposée me débarrasser du spécimen étrange qu'elle était.

— Les ordres ont changé!

   Telles furent les paroles qui changèrent mon intention envers elle. Mes premières intentions avaient changé, mais mon envie de la tuer était encore présente. Ce cher Namjoon avait ainsi décidé de me priver de son meurtre encore une fois et c'était avec aigreur que j'ai vu ses paupières se rouvrir et sa surprise me frapper. Passant devant Taehyung, cloîtré au carrelage par une balle de plomb, je m'étais dirigé vers la porte d'un pas agacé.
— Tu diras à Namjoon qu'il peut aller s'faire enculer, avais-je marmonné à Jin après qu'il m'ait dit qu'un événement soudain avait fait changé l'esprit de notre leader et qu'on devait rentrer immédiatement.

   Peut-être que je n'aurais pas dû dire ça, mais je n'en avais rien à faire. Je crois bien que ce fut le jour où je rentra à la maison à 2 heures du matin, tellement intoxiqué et bourré que j'en oublie mon propre nom ou le nombre de personnes qui me cherchait, moi et ma mort. Une bonne soirée ou une mauvaise soirée que j'avais passé? Je l'ignorais.

   Ainsi avais-je décidé de dévouer mon temps à programmer son meurtre, un jour ou l'autre, elle ayant évité la mort de ma main deux fois. J'espérais la voir morte plus que tout.

Et encore une fois, c'était réciproque.

































KIM NAMJOON






   Des coups à sa porte l'obligent à lever la tête et c'est en soupirant qu'il donne la permission d'entrer à quiconque ayant l'intention de le perturber. Il était troublé, mais il aimait bien cette sensation. Elle était indispensable à son bon fonctionnement et il le savait.
Kim Namjoon était un antisocial, un titre que ses parents eux-mêmes lui avait attribué aux remous de sa jeunesse alors qu'il commençait tout juste à poursuivre sa croissance de jeune enfant. Comment pourrait-on le blâmer d'être ainsi? Il était né durant la guerre que ses propres parents avaient engendrée. Son existence avait été exhibée aux yeux de la population, puis ensuite dissimulée de toutes caméras. Alors que la vérité sur sa famille avait éclatée, alors que tout le monde avait découvert que son père et sa mère n'étaient pas de simples entrepreneurs et propriétaires d'hôtels, il avait cinq ans. Il savait mieux que tout que ses parents n'étaient point normaux et ce, il l'avait réalisé à l'âge de quatre ans.

Quelqu'un mourut. Devant ses yeux de petit enfant. S'il fut surpris ou horrifié? Pas du tout. Il semblait même que Namjoon savait que tel était son destin. Il savait qu'ainsi se déroulerait sa vie et que jamais ne serait-elle pacifique ou flegmatique. Namjoon s'en doutait et se rappelait même avoir été excité alors que cet être minable, rampant sur le sol, pria son père de l'épargner. Un rude homme que son père était. Souriant devant les autres, mais un monstre quand on le connaissait. Sa mère était d'une grâce et d'une froideur incroyables. Son âge ne se voyait pas, de la même façon que ces rides étaient inexistantes. Elle savait dans quoi elle s'était mêlée en mariant son mari et elle ne déniait pas cette nature. Une partie de son calme fut passée à son fils, l'autre partie était la colère qu'il avait héritée de son père.

Les deux se mélangeaient à son insu et formaient un homme que certains avaient décrit comme suprême. Il était ce qu'il voulait et il voulait ce que tout le monde voulait s'approprier ; le pouvoir et la puissance.
Il les désirait. Ses parents avaient passé ce désir à leur fils de façon instinctive en le faisant vivre dans un environnement chaotique, puis, meurtrier alors qu'il devint un adolescent. Devenu un homme, il créa son propre empire et recruta ceux avec qui ils voulaient s'entourer. Des spécimens tout aussi compliqués et étranges que lui.

La famille des Jeon était leur alliée. Ils l'ont toujours été et malgré la stupidité de certains d'entre eux ainsi que l'innocence de Jungkook, il n'avait pas vu d'inconvénient à l'inviter dans son cercle. Il avait retrouvé Park Jimin et Kim Taehyung à travers Dionysus, lui qui travaillait en collaboration avec ses parents et ses ancêtres depuis bien des décennies. Jung Hoseok était un psychologue qu'il avait recruté il y une dizaine d'années. Un fou. Un sociopathe ravivé par une curiosité incroyable envers les humains et leurs comportements. Ses actions inhumaines avaient attiré l'attention de Namjoon et il était heureux qu'il soit parmi eux. Kim Seokjin, lui, était plutôt banal. Mais personne ne le connaissait. Son nom ne figurait pas sur aucun document, ni registre, car sa mère avait dissimulé sa naissance, que ce soit à son mari, tuée ensuite par sa propre main, ou à la population de Chine, soumise à des règles strictes qu'elle avait habilement contournée. Ramené illégalement en Corée du Sud, Namjoon découvra rapidement que ce bel homme pouvait prendre l'apparence de quiconque et ce, en un claquement de doigts, avec un minimum d'aide de la part de Taehyung.

   Namjoon lève les yeux et vit Yoongi entrer à l'intérieur de la pièce. Ils se scrutèrent froidement le temps de quelques secondes et ce fut avec un sourire neutre qu'il invita son compagnon à s'asseoir devant lui. Ce dernier obéit.
   Il avait l'air perturbé. Yoongi n'avait jamais été quelqu'un de normal. Les deux ne se sont jamais réellement appréciés d'ailleurs. Ils se supportaient et malgré leur chimie de travail incroyable et mutuelle, leurs décisions ne concordaient jamais avec celles de l'autre. Comme celle de l'exécution de Lim Soojin. Yoongi aborda le sujet avant que Namjoon n'ait à le soulever et il en fut ravi.

   — Ravi de savoir que tu l'as pas exécutée, dit-il et examinant la fatigue qui creusait les cernes mauves de Yoongi, Namjoon lâcha son stylo, se demandant ce qui poussait Yoongi à faire tant d'efforts à garder cette femme vivante. Il évitait de se demander pourquoi lui-même avait capitulé devant l'insistance de son acolyte.
   Yoongi était intervenu la veille. Il savait que Namjoon allait la tuer. Comment? À ce sujet, Namjoon ne pouvait que spéculer sur différentes théories, toutes fausses, car il était averti de la réelle vérité, celle qu'il préférait ne pas dire à voix haute.
   Yoongi était celui qui le connaissait et qui le comprenait le mieux. Voilà ce à quoi il feignait l'ignorance.

   — Qu'a-t-elle de si spécial? demande-t-il et Yoongi ouvre les deux boutons de sa chemise, crispant sa main autour de son tissu avant de faire des mouvements horizontales dans une tentative d'aération et de refroidissement.
   — Je ne vais pas perdre mon temps à te le dire, surtout pas maintenant. C'est trop tôt, répondit-il, regardant de droite à gauche, comme si quelqu'un les espionnait et empiétait vulgairement sur l'anonymat de cette conversation. Namjoon fronce des sourcils.
   — Tu vas bien?
L'incrédulité dans les yeux de Yoongi lui fit mordre l'intérieur de ses joues. Même Yoongi n'arrivait pas à croire que le jour où ils montrèrent de l'intérêt l'un envers l'autre était arrivé.
Yoongi finit par sourire. Un sourire vaguement mal à l'aise, le même qu'il portait il y a 8 ans, celui qui ne définissait aucune personnalité et qu'il se contentait d'emprunter lorsque quelqu'un lui adressait la parole. Cet ancien sourire démontrait la peur qu'il avait eu des humains il y a longtemps. Cette allergie et cette peur qu'il avait autrefois ressenties contre la population entière.
Ce sourire et ce malaise avaient fini par s'évaporer au fil des années, remplacé par un homme froid, confiant, intelligent et malicieux. Cet homme était le Yoongi qui s'était soigné, celui qui avait rejeté toute appréhension de son organisme, laissant place à un autre être suprême que Namjoon avait appris à respecter et à même admirer.
Lâchant prise, sachant que le morceau avait déjà été craché, Namjoon se leva de son siège et le reluqua de façon austère, la mâchoire crispée.
— Cinq mois. Cinq putain de mois où tu étais captif. Personne ne savait où tu étais, avec qui ou qu'est-ce que tu pouvais bien faire pendant tout ce temps. Il s'est passé quoi putain!
Yoongi aborda un air lunatique, puis ascétique. Il croisa ses jambes, entoura son genou de ses mains entrelacées, la tête penchant vers la gauche. Condescendant de nature, il réprima un sourire moqueur, mais Namjoon capta rapidement cette petite courbe et comprit la nature de cette esquisse en quelques secondes seulement.
— Tu sais très bien avec qui j'étais, marmonne-t-il d'une voix douce et Namjoon se rassoit, carrément honteux d'avoir perdu son calme autour d'une conversation qui aurait eu lieu un jour ou l'autre. J'étais avec tes potes du gouvernement, ceux que tu manipules à l'aide de secrets d'état et imagine ce qu'on faisait? un ludisme dangereux s'afficha sur ses traits. Tes chers amis ont passé cinq mois à me torturer pendant que tu te cachais et que nos visages se faisaient publier dans les journaux.
— C'est impossible que ce soit le gouvernement, tu le sais très bien, dit Namjoon les bras posés sur la table. Il n'aurait pas pris le risque de se faire exposer pour de la torture illégale. Ils ont donné la responsabilité à quelqu'un d'autre. Des criminels qui travaillent pour eux ou même un département militaire qui s'occupe de ce genre de choses.
— C'est peut-être vrai. Je crois bien qu'ils portaient des tenues de militaires, marmonne Yoongi, un autre de ces airs perdus sur le visage. Ouvrant soudainement ses jambes, il baissa son buste et posa ses coudes sur ses cuisses, un rire sénile s'échappant de ces lèvres alors que ses doigts s'entremêlent dans sa chevelure. Ses yeux étaient fixés sur le sol.
Maintenant qu'il était sorti de l'asile, maintenant que le danger était loin de lui et qu'il était libre, la peur revenait, sa confiance s'effritait et le malaise se reformait. Il devenait fou.
— Yoongi, il faut que tu me dises exactement tout, qui était là, combien de personnes, qu'est-ce que tu as lâché sur nous et ce qu'ils t'ont fait, murmure Namjoon, n'osant point hausser le volume de sa voix.
— Cinq fois par jour. Il y avait une genre de musique qui sonnait cinq fois par jour et il faisait humide, ajoute-t-il, le regard toujours au sol.
La voix de Yoongi se faisait discrète, perturbée. Namjoon sut que sous ce regard embrumé se trouvait un traumatisme et des souvenirs qui le suivaient.
— Quoi d'autre?
— Il me faisait inhaler du gaz avec une genre de pompe et une femme me posait des questions en même temps.
— Quel était l'effet de ce gaz Yoongi?
— Il m'enlevait ma lucidité, ses yeux se perdent dans ceux de Namjoon. Il avait l'air de s'excuser, il cherchait le pardon chez un visage neutre qui ne souhaitait que des réponses de lui.
— Un gaz lacrymogène?
— Non, un autre type, un genre de gaz toxique qui allège et abrutit le cerveau. Ils en mettaient juste la bonne dose, assez pour que je reste conscient. Ils évitaient de me torturer physiquement.
— Qui est ce "ils" Yoongi! Donne des putains de détails! C'est impossible que t'aies tout oublié! la voix de Namjoon s'adoucît. Écoute, rappelle-toi. Il faut que tu te rappelles. Réfléchis. Pense. Quelqu'un peut te perturber au point où tu oublies quelque chose, mais un souvenir ne peut être effacé. Surtout pas quand l'image est de nature brutale et traumatisante. Utilise ton esprit bordel! Parle-moi de cette femme. Qui est-elle? De quoi a-t-elle l'air? N'importe quoi, mais parle!
Yoongi ouvre la bouche, la referme et finit par la rouvrir, ses traits crispés par une douleur mentale et non physique.
— Ses cheveux étaient roux. Elle avait fait une teinture au bout du troisième mois.
— Tu en es sûr?
— Je ne suis pas sénile, Namjoon. Je vais pas oublier cette salope d'ici demain.
— Comment agissait-elle? Avait-elle d'autres façons de te torturer?
— Non, elle utilisait seulement le gaz. Elle savait comment parler Nam'. Elle parlait de la même façon qu'Hoseok ou Jungkook. Cette femme connaissait la psychologie et sa torture pesait sur le mental. Elle était dangereuse et convaincante aussi. Elle aurait pu manipuler un avare à lui donner toute sa fortune.
— Une manipulatrice? Yoongi hoche la tête.
Devant de tels dires provenant de la bouche d'un des siens, Namjoon eut envie de rire.
Si une telle femme existait, ne serait-elle pas une des femmes les plus intéressantes dans ce monde? Peut-être serait-elle vicieuse ou méchante, mais la valeur du bien pesait peu face au potentiel criminel que portait une femme à l'identité légale, ayant un passeport légal et une réputation au sein du gouvernement d'un pays.
Remarquant les pensées dans lesquelles étaient plongées Namjoon, Yoongi baissa la tête de nouveau, le cerveau en miettes, n'arrivant pas à croire la vulnérabilité de son état actuel.
Il était devenu faible. Namjoon vit son regard entre ses mèches de cheveux.

— J'ai une commission pour toi, dit-il et Yoongi redresse la tête, satisfait que Namjoon le traite comme un égal au dépit de son état de traumatisé. Hoseok ira avec toi, ajoute-t-il et ses yeux perdirent de son éclat. Seul un idiot est incapable de remarquer un trouble de stress post-traumatique. T'es en état de choc Yoongi. Hoseok est le seul qui peut t'aider.
— J'ai pas besoin de vacances, crache son interlocuteur en se levant brusquement de son siège.
— Qui a dit que j'te donnais des vacances? Yoongi se rassit. Tu pars en Chine. J'ai entendu dire qu'il y avait des problèmes là-bas. Les marchandises se font volées et nous n'avons pas assez de drogues à distribuer à la totalité des dealers.

Namjoon avait créé un système ingénieux afin d'éviter de mettre la responsabilité de la vente de toutes les drogues sur un seul homme, le responsable des marchandises de stupéfiants, Yoongi. Ils engageaient des âmes dans le besoin. Des gens pauvres pour la plupart. La moitié travaillait dans des usines. Ils calculaient la quantité de gramme, divisaient en certaines portions l'effectif et les remplissaient dans des sacs. Ces sacs de drogues étaient ensuite distribués à l'autre moitié, celle qui était "privilégiée". Chacun avait sa propre image et sa propre perception de la pyramide hiérarchique. Certains disaient que faire partie de l'autre moitié apportaient la mort plus facilement, d'autres rêvaient d'en faire partie.
La deuxième moitié était les vendeurs.

   75% de leurs revenus allait à Yoongi, 25% leur revenait à eux. À la fin du mois, chacun donnait l'argent qu'ils avaient récolté. Yoongi avait eu l'habitude de surveiller de près le nombre de grammes offerts à chaque vendeur et de compter méticuleusement l'argent qu'ils redonnaient.
Si un chiffre ne concordait pas, une exécution avait lieu. Jimin s'en occupait normalement. Garder en ligne les dealers était une tâche dure. Il y avait des règles à suivre. Des règles de comportement, de conduite, des règles qu'on ne peut assimiler facilement au cerveau de délinquants. Mais la peur régnait.
Les gens parlaient. Les gens savaient. Ils aimaient exagérer, ils adoraient clamer la puissance des autres, ils aimaient voir la réaction d'appréhension chez les dealers lorsqu'ils parlaient des exécutions ayant eu lieu. La peur était la seule chose pouvant régner. Une triste réalité bien évidemment. Namjoon s'était toujours amusé à penser combien le monde serait différent si les gens étaient plus philanthropes, s'ils pensaient plus aux autres qu'à eux, s'ils naissaient en donnant plus de valeur à la loyauté qu'à l'effet que la peur avait sur eux.
Un étrange monde dans lequel il vivait.

Namjoon soupire. Il se redresse.
— Tu pars dans deux jours. Sois prêt. Et n'oublie pas de saluer Taehyung avant de partir. Il est celui qui a le plus souffert de ta disparition. Il t'aime bien tu sais? Yoongi sourit discrètement, de façon narquoise.
— Je le ferais si j'ai le temps, marmonne-t-il en guise de réponse. Namjoon acquiesce et se dirige vers la porte. Tu vas où?
— J'ai des choses à faire aujourd'hui, lui dis Namjoon, un maigre sourire aux lèvres. Quand tu reviendras, la fille sera sous ton aile. Tu la gardes en vie, tu t'occupes d'elle.
— C'est plutôt raisonnable, marmonne Yoongi, sans vigueur. Qui va s'occuper d'elle pendant mon absence?
   Une très bonne question. Qui allait donc être volontaire pour s'occuper de cette femme?
— Jimin.
Yoongi éclata de rire.
— Excellente idée leader! Excellent vraiment! Eh Nam'! Prends une photo d'sa gueule quand tu vas lui annoncer s'te plaît! Ça fera ma journée.
Namjoon ne dit rien. Il partit de son bureau en claquant la porte.

La Maison se trouvait au beau milieu d'une forêt dense, à quelques kilomètres de Séoul. Namjoon réussit à sourire sincèrement.
Il entra dans sa voiture. Soupirant, il mit le contact, tourna brusquement le volant vers la droite, conduisant à vitesse moyenne sur l'autoroute, les buildings de Séoul visibles de cette distance.

Sa destination était le cabinet d'une avocate, d'une certaine amie, si cette dernière accepterait bien ce titre banal. Étiqueter une relation était sûrement une chose étrange. On ne pouvait savoir si l'autre désirait réellement de nous considérer de la même façon qu'on les considérait. Peut-être qu'on les appréciait plus qu'eux. Peut-être qu'on ne les aimait pas, mais qu'ils nous aimaient avec ardeur. Comment confirmer le statut d'une relation? À travers une conversation peut-être? Ne serait-ce pas une situation très malheureuse et gênante?

Son nom était Mitsuki Tanaka. Sa famille venait du Japon. Il se rappelait d'elle. À quelques instants durant leur jeunesse, ils s'étaient rencontrés. Une femme intelligente, puissante, innocente au regard, mais peu tolérante. Namjoon l'appréciait. Il appréciait sa présence. Il appréciait la façon dont elle réagissait instinctivement à ses mots. Il ne l'aimait pas. Elle ne l'aimait pas non plus. Mais encore une fois, comment pouvait-il le savoir? Il ne pouvait lire son esprit. Peut-être qu'au fond d'elle, elle l'aimait plus que tout et ce, depuis qu'ils étaient jeunes. Si Namjoon prenait cette mentalité d'ignorance à un autre niveau, il pourrait se suspecter lui-même. Il pourrait clamer l'ignorance de ses sentiments à lui, pourrait affirmer qu'il n'était pas assez émotionnellement talentueux pour savoir quelle était exactement sa relation avec cette femme ; s'il l'aimait ou non.

Namjoon sourit. Il ne l'aimait pas. Son père avait toujours prévu de les marier et il ne s'est jamais défendu de le dire à voix haute. Mais les choses avaient changé et malheureusement, elles ne marchaient pas comme son père l'aurait voulu.

Son père était la raison exacte pour laquelle il s'était trimballé au bureau de Mitsuki. Namjoon évitait d'y aller ces derniers temps. Il était recherché et il ignorait de quel côté Mitsuki était. Son sens de loyauté n'avait jamais été le meilleur. Sa famille était réputée pour leurs traîtrises, leurs mensonges. Ce n'était un secret pour personne dans l'industrie. Ceux qui travaillaient avec eux se devaient de se distinguer par une soumission  qui satisferait la famille Tanaka au point où ces derniers seraient loyaux.
Namjoon ignorait comment leurs familles s'étaient alliées et franchement, il ne voulait pas le savoir. Il ne doutait aucunement de l'attirance qui les reliait, lui et Mitsuki, mais il ignorait jusqu'à combien cette être fourbe serait capable d'aller face à Namjoon.

Elle était une bonne avocate, réputée, crainte, du moins, c'est ce qu'on lui disait. Elle possédait un cabinet ayant sous son contrôle des centaines d'avocats. Les cas les plus importants revenaient à eux. Les autres se répartissaient parmi ses subalternes. Mitsuki aimait le respect, l'asservissement, elle appréciait voir lui, elle et eux à terre, devant elle. En tant que femme, plusieurs clamaient son culte à la docilité comme un fait indéniable de son bovarysme. Une femme désirait-elle la puissance après avoir vécu sous le titre d'inférieur et de faible toute son existence? En étant discriminée, jugée, insultée par les hommes? Était-ce pourquoi les comportements de bovarysme étaient perçus comme plus féminins que masculins?

Mitsuki n'était pas faible pourtant. Sa mère n'était pas faible. Sa mère avait toujours été plus puissante que son père. Une puissance qui ne paraissait pas aux yeux des autres, aux yeux des étrangers, mais Namjoon a pu témoigner de son influence torride sur son propre père, celui au tempérament court. Sa mère était une manipulatrice, une bête fauve, une créature magnifique. Elle était plus puissante que son père. Son père lui-même le savait. Il ne l'a jamais dit pourtant. Quel égo détestable que les hommes possèdent. Un orgueil stupide et fade.
Cela faisait-il de lui un féministe? Il l'ignorait. Il préférait ne pas savoir les titres que les mots lui attribueraient, parce qu'il savait que « vile » et « détestable » seraient les premiers à être écrits sur la liste.

Il s'enfonça dans le parking souterrain. Un parking désert d'ailleurs, réservé aux employés de rang supérieur, une petite dizaine seulement, dont Mitsuki. Il s'était dégoté les plans de ce parking grâce à Taehyung. Une visite à l'intérieur de sa tanière se devait.

   Namjoon sortit de sa voiture. Quelques mètres plus loin et un groupe de sécurité y était, attendant avec impatience la fin de leur journée de travail. Il s'approcha d'eux avec impertinence et nonchalance, la mallette dans ses mains donnant l'impression qu'il était un avocat lui-même.
   Il fut arrêté par un des agents, qui posa une main sur son torse, clamant à haute voix que l'entrée était réservée uniquement à certains. Namjoon sourit innocemment.
   — Pardonnez-moi, marmonne-t-il en se grattant timidement l'arrière de la tête. Il portait des lunettes et arborait un air fatigué qui se devait de l'éreintement qu'il accumulait ces derniers jours. Il avait l'air d'une proie des plus innocentes, des plus inoffensives. Il avait tout simplement l'air d'un avocat qui s'était trompé de parking.

   Lorsqu'il braqua un fusil sur ces gardes, ceux soumis à l'idée stupide qu'il s'était réellement trompé de parking souterrain, qu'il n'était seulement un avocat épuisé, ils eurent quelques secondes d'hésitation, de déni plutôt. Cela suffit à leur mort. Aucun n'eut le temps de sortir leur fusil. Ils furent morts rapidement. Plusieurs éléments auraient pu contrer cette attaque. Peut-être qu'il aurait pu s'attirer la suspicion d'un des gardes. Ce dernier aurait pu sortir son arme par précaution. Et il aurait pu tirer le temps que Namjoon en tue un ou deux. Intéressant de savoir que chaque situation contenait des risques, des petits éléments, de simples sentiments, intuitions, de simples détails qui pourraient tout détruire.

   Quelqu'un avait préservé l'existence de Namjoon aujourd'hui. Peut-être que demain sera le jour où ces petits détails s'accumuleront au point où sa capacité à tuer soit vulnérable, combattue, aliénée par la nature de l'hasard.

   Namjoon entra le bâtiment, monta dans l'ascenseur. Il pèse sur le numéro d'étage de Mitsuki, déniant l'heureux sentiment qui le traverse alors qu'il pense que seule elle touchait ce bouton en métal.

   Arrivé à l'étage, il sortit de l'ascenseur. Se postant devant le bureau de la secrétaire de Mitsuki, il pointe son fusil vers sa silhouette, directement sur sa tête. Elle se lève, prête à crier. Une certaine dévotion qu'elle avait envers sa patronne. Cette dévotion dépassait-elle la répulsion et la peur d'avoir son sang couvrant les murs? Non. Notre loyauté et soumission s'arrêtaient généralement lorsque notre mort venait à être mentionnée ou sous entendue.

   — Rassis-toi, ordonne-t-il et elle obéit, les lèvres crispées en une moue de désapprobation.

   — Monsieur Namjoon, murmure-t-elle et ce dernier sourit misérablement à la mention de son nom. C'était bien lui. J'ignorais que vous aviez un rendez-vous avec Madame Tanaka. L'ironie de cette phrase faillit le faire rire, mais il ne désirait pas rire aujourd'hui.

   — Je ne vais pas lui faire du mal. J'ai besoin d'un service, dit-il et elle ne dit rien, soupira et continua sa tâche : celle d'écrire des mots inconnus sur son clavier. Une femme étrange.

Namjoon baisse son arme, se dirige vers le bureau de Mitsuki. Il entre. Elle était bien là et visiblement, elle l'attendait. Assise en arrière de son bureau, les jambes croisées l'une sur l'autre, ses yeux étaient fixés sur la porte avant même qu'il n'entre l'ascenseur. Comment savait-elle de son arrivée ici?

— J'avais 5 gardes avant que tu débarques ici. Des gardes vivants, marmonne-t-elle, fixant son ordinateur. T'es tombé dans le panneau Namjoon. Si seulement tu m'aurais laissé faire le premier pas, dit-elle, un sourire des plus hautains pendu aux lèvres.
— Élabore. Elle le fixa, de haut en bas avant de se lever. Les moindres gestes de Namjoon avaient toujours eu l'habitude de l'irriter.
— Ces gardes étaient des cadeaux du gouvernement.
— Des cadeaux? Namjoon sourit. Il alla s'asseoir sur un siège, prit la liberté de se servir un verre d'alcool.
— Ils me soupçonnent Nam'. Ils croient que je complote avec toi. Ces gardes étaient ici en guise de menace. Et tu viens de les tuer.
— Regrettes-tu leurs morts? À ces putains de gardes? T'es pas satisfaite du spectacle que je viens de t'offrir? Mitsuki sourit froidement. Elle avait apprécié voir Namjoon les tuer. C'était quelque chose qu'elle ne pouvait nier à lui. Une sadiste ne pouvait certainement pas mentir sur les sources de ses excitations, surtout pas à un masochiste.
— Blâme ta stupidité pour ce coup-là, n'embarque pas sur ton désir de me faire plaisir. Tu viens de me mettre dans une situation délicate. Comment vais-je appeler leurs employeurs pour leur dire qu'ils sont morts? Ils vont demander des vidéos de surveillance, ils vont savoir que t'es venu ici. Je n'suis aucunement loyale envers qui que ce soit tu le sais, Nam'. N'attends pas à ce que je prenne plaisir à avoir ma crédibilité légale détruite par un idiot en ruine.
— Un idiot? En ruine? C'est ça ton opinion de moi? N'as-tu aucun respect pour moi? Pour tous les moments qu'on a passés ensemble durant notre vie Mistuki? Le sarcasme suintait dans sa voix. Une expression carrément infantile, ludique couvrait son visage. Elle le gifla. Il le méritait. Pardon, marmonne-t-il, mais Mitsuki ne l'écoutait pas. Elle caressait sa joue, à l'endroit exacte où elle l'avait frappé.
— Ça fait longtemps que je ne t'ai pas frappé Namjoon, murmure-t-elle avant de s'emparer de sa mâchoire. Elle sortit un fusil de sa poche, le pointa sur sa tempe. Namjoon fit de même, visant son ventre. Qu'est-ce que tu viens faire ici?
Il sourit.

— Baissons nos armes Mitsuki. Par respect pour notre relation, baissons ces armes de meurtres. Aucun de nous n'a l'intention de tuer l'autre, répondit-il et elle le relâche, s'assoit à ses côtés. J'ai une demande et je sais très bien que tu voudras quelque chose en retour.
— Je sais ce que tu veux, marmonne-t-elle, souriant de façon provocante, méprisante. Namjoon grince des dents, fixe le sol, la langue passant sur ses gencives. Si tu crois que quelques parties de sadisme vont conclure une entente, tu te trompes. T'es un bon jouet sexuel Nam', mais ce que tu me demandes ne serait pas avantageux pour toi. Encore moins pour moi.
— Et si je te disais que j'avais une information qui pourrait t'intéresser, clame Namjoon, une gorgée d'alcool accompagnant cette phrase.
— Rien ne pourrait m'intéresser assez pour je prenne sa défense à la cour juridique. Seul un fou le ferait. Je suis étrange, mais jamais étrange n'a été un synonyme d'égaré.
— Il est mon père Mistuki. Quel genre d'homme je serais à le laisser seul au monde, en prison en plus, proteste-t-il, voyant l'insensibilité et la nonchalance qui abritaient cette femme de toute sorte de problèmes avec les figures politiques du pays.
— Heureusement qu'il n'est pas le mien. Un tel père ayant engendré un tel fils, minaude froidement Mitsuki, caressant le cou de Namjoon. Elle s'approcha de son oreille. Peut-être que t'es adopté? chuchote-t-elle et il se leva brusquement, agité par une soudaine bouffée de chaleur. Je plaisante Nam'.

Elle ne semblait pas désolée de ses moqueries pourtant. Elle riait de lui. Namjoon se voyait dans ce jeu d'insubordination qu'ils jouaient ensemble. Un sentiment d'allégeance fondait l'image qu'il avait de Mitsuki. Il était profondément attaché à son être, une chose, une pensée qu'il cachait par pure malice.

— Je sais qui a tué tes parents, Mitsuki, finit-il par cracher. Si t'aurais pris la peine de trouver un moyen de me contacter plus rapidement, je te l'aurais dit.
Son visage se crispa. Elle était offusquée.
— Tu aurais gardé cette information pour toi. Jamais tu ne me l'aurais dit, clame-t-elle et Namjoon sourit. Elle avait bien raison. Il aurait attendu une occasion pour l'appeler et la tourmenter à coup de chantage et de propositions. Il aurait attendu le moment où il aurait eu besoin de ses services à elle.
— C'est ainsi que le monde marche. Heureusement pour toi, je nécessite de ton aide et j'ai quelque chose que tu veux.
— Ne me force pas la main! s'écrie-t-elle, brandissant son fusil sur lui. Ton papa et toi, vous n'êtes pas du tout en position de force. Et maintenant, moi aussi j'suis dans la merde à cause de toi et toi seulement Namjoon. Et au lieu de couvrir tes traces ou de faire quelque chose, tu l'ouvres et essayes de me convaincre d'aider ton misérable père?
— Et explique-moi Mitsuki? C'est bien toi l'avocate je l'admets. Explique-moi en quoi le cas de mon père est si misérable, demande Namjoon, ses mains s'étirant de chaque côté de son corps alors qu'il regarde l'âme qui avait propriété sur lui, qui avait sa marque de douleur et d'appartenance sur sa personne.
— Un labo de meth Nam'. Tu le sais autant que moi. Un laboratoire encore plus grand que ta baraque forestière. Ton imbécile de père s'est fait appréhendé alors qu'il y était, en train de cuisiner une autre de ses concoctions. Et tu me demandes pourquoi j'hésiterais à le défendre devant un juge? Alors que ses empreintes se trouvent tout autour de l'évidence? Son cas est suicidaire. Si tu crois que je vais t'aider, cela veut dire que tu as cédé à l'insalubrité.
— De quel labo de meth tu parles? demande Namjoon, la commissure de ses lèvres s'étirant en un sourire mince, rempli de sens.
— Tu sais très bien de quoi je parle! Je parle du- du... elle se tut, agrippant ses doigts à la chemise de son interlocuteur. T'as fait quoi encore?
Ce dernier souriait péniblement, peinant à garder une mine neutre et impassible.
— Je l'ai brûlé Mistu. Juste hier, dit-il, usant pour la première fois depuis des années ce surnom. Au complet, chaque mètre carré de ce putain de labo.
— Ils ne peuvent plus utiliser cette preuve contre lui, marmonne-t-elle sans vigueur et Namjoon acquiesça de la tête.
— C'était bien le but.

Mitsuki fut alors prise dans une série de pensées. Namjoon ne pouvait savoir ce qu'elle pensait, comment elle déchiffrait le message qu'il venait de lui délivrer. Les deux savaient peu comment le cerveau de l'autre fonctionnait. Ils étaient tels des étrangers. Des étrangers qui se connaissaient.

— Qui est responsable du meurtre de mes parents?
— Tu vas m'aider Mitsu?
— Qui est l'enfoiré qui a tué mes parents!
Elle cria sur lui. Elle le poussa et il retomba sur un de ses sièges. Un pied posé entre ses jambes, elle sortit un couteau de sa poche, le poussa contre sa gorge. Namjoon ne dit rien, visiblement irrité par sa position de vulnérabilité. Mitsuki passa le couteau le long de sa gorge. Une entaille s'ouvrît et du sang coula. Le sang de Namjoon. Ce dernier essaya de repousser son amante, mais elle poussait le couteau plus profondément. Une simple blessure superficielle. Namjoon gémit de douleur, mais elle perçut une certaine joie dans cette souffrance. Elle continuait de le couper de plus en plus profondément.
— Même dans cet état de douleur intense et t'arrives à trouver le plaisir. Quel étrange homme, se dit-elle, exaspérée, ayant l'air de ressentir de la compassion pour lui. Parle Namjoon. Balance un nom ou j'te coupe quelque part d'autre.

Il peinait à respirer. Une euphorie douloureuse causée par la perte de sang faisait battre son cœur de façon anormale. Il haletait.

— Mistuki, il faut que t'arrêtes l'hémorragie, marmonne-t-il, un mince sourire aux lèvres.
— Pas avant que tu parles, Nam', répondit Mitsuki, dans une transe. Elle ne pouvait remarquer sa douleur. Elle ne pouvait remarquer combien la plaie était profonde, dangereuse. Namjoon s'était laissé faire. D'une façon qu'on pourrait qualifier de pathétique, mais il lui avait forcé la main. Insouciante, insensible, ces adjectifs définissaient Mitsuki lorsqu'elle était sous pression. Il s'attendait à ce qu'elle le heurte, d'une façon ou d'une autre. Il le savait.
— Mitsuki, si t'arrêtes pas l'hémorragie dans deux minutes, je vais mourir. Une tachycardie me guette d'ailleurs, chuchote-t-il, un sourire délirant aux lèvres. Il riait. Tu vas m'laisser mourir Mitsu? On planifiait de se marier quand on était jeunes et tu vas me laisser m—
— T'es en train d'avoir une syncope Nam'. Ferme-là.

Elle vérifia le blanc de ses yeux, entendit son cœur. Il était déjà tombé en tachycardie. Mitsuki sortit des étoffes médicales et couvrit sa gorge d'une bonne quantité.
Namjoon était un masochiste. Pas le genre qui aimait subir des humiliations émotionnelles. Il n'aimait point être humilié, fragilisé ou heurté par des mots, des actions délétères et rabaissantes. Il appréciait la douleur. Les affres de la torture, du martyre. Il les humait et les appréciait contre son gré. Voir son sang couler, se faire battre, se voir faible, mais fier, il aimait ces choses malgré l'œuvre sanglante de la masculinité que son père avait tant essayé de lui transférer.
L'image sévère de la puissance d'un homme, l'image d'un homme, d'un vrai homme viril comme il disait. Namjoon possédait cette partie en lui, mais jamais n'avait-il été capable de détruire l'autre, celle qui le dominait, qui le tenaillait de l'intérieur. C'était sa nature, comment pouvait-il la dénier?

Voyant son père le couvrir d'un amour des plus étranges, Namjoon avait cru avec une cécité des plus atroces que sa figure paternelle serait ouverte à une discussion sur les sentiments qui le frappaient. Il n'y comprenait rien. Il était confus.
Devant ce qu'il avait appelé une faiblesse des plus décevantes, son père avait craint que son fils était homosexuel. Son père était bien aveugle. Ce fut à ce moment que Mitsuki fut introduite dans sa vie, non en tant qu'amie d'enfance, mais bien en tant que future femme. Son père craignait sa mort. Les policiers lui couraient après. Il s'était dit qu'avant de se faire attraper, il valait mieux aller en prison sachant que son fils ne terminerait pas sa vie en tant que déception.

Mitsuki n'aida à rien dans l'arrêt de ces sentiments et désirs sexuels subits de Namjoon. Elle semblait satisfaite, voire heureuse d'avoir Namjoon comme son intendant au marriage, et non un vieil homme d'affaires qui aurait écrasé son potentiel. Elle détecta ces envies, sourit méchamment en le forçant à se confier et les appliqua.
Mitsuki avait vu un culte à manipuler l'adolescent désarçonné qu'était Namjoon.
Son père aurait sûrement plus aimé avoir un enfant tel que Mitsuki, quelqu'un d'acerbe, quelqu'un ayant une ambition des plus indestructibles et une incapacité à rater, une personne visant la puissance, le contrôle.
Namjoon le savait. Cette pensée l'avait toujours amusé. Mitsuki avait toujours réussi à l'amuser elle aussi. À travers les coups, les mots, les couteaux aussi. Elle le satisfaisait.

— S'il te plaît, continue.
Elle se retourna. Il s'était réveillé. Les yeux tremblants, les veines rouges se condensant autour de son iris, il souriait. Il avait l'air intoxiqué.
— Continue à jouer avec ce couteau. S'il te plaît.
Mitsuki fronça des sourcils. Il avait déjà perdu assez de sang.
— Non, marmonne-t-elle et Namjoon grogna doucement, à moitié dans une transe. J'vais t'aider pour ton père, marmonne-t-elle et il sourit. Dès qu'il sort de prison, tu dois me promettre de me dire qui a tué mes parents, ajoute-t-elle et Namjoon dissimule sa légère peur.
— Est-ce que t'as envie que je tue le coupable?
— Non, je le ferais moi-même.

Cette réponse eut un effet sur Namjoon. En sortant du périmètre du bâtiment, il appela Taehyung et puis, Jimin. L'un allait effacer les vidéos des caméras de surveillance, l'autre allait récupérer les corps et les enterrer dans un lieu sûr.

— Où est-elle?
— Avec moi. Elle dort dans une chambre verrouillée. Je crois bien qu'elle va se réveiller bientôt.
Un silence accueille ses mots.
— Prends-soin d'elle et surtout, ne la tue pas s'il te plaît.
Son interlocuteur rit.
— Ne t'inquiète pas pour ça. Je me retiendrais, dit-il pour seule réponse et sa voix fit froncer les sourcils de Namjoon. Peut-être était-ce une erreur de la confier à Jimin.

Quelques kilomètres plus loin, dans un bâtiment lugubre, son empreinte illégale dissimulée sous le titre d'un simple club de boxe, Lim Soojin se réveilla.

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