Pécheresse

By LauraScala

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Un chapitre par semaine Caractérielle patentée, Marie se retrouve aux prises avec deux problèmes : un trésor... More

Prologue
Chapitre 1 : Le Tombeau
Chapitre 2 : L'énigmatique Barnabé
Chapitre 3 : Du Surnaturel à l'Auberge
Chapitre 4 : Le Messager Divin
Chapitre 5 : Ange contre Ange
Chapitre 6 : La Pureté d'un Ange
Chapitre 8 : Le Gentil Garçon
Chapitre 9 : Un Problème de Seins
Chapitre 10 : Le Roi de la Fête
Chapitre 11 : Le Baiser de la Sorcière
Chapitre 12 : Les Toutous de Raphaël
Chapitre 13 : Atterrissage Douloureux
Chapitre 14 : Trahison Angélique
Chapitre 15 : Les Pécheresses
Chapitre 16 : Les Pouvoirs d'une Sorcière
Chapitre 17 : Le Deuil d'un Séraphin
Chapitre 18 : Le Conditionnement
Chapitre 19 : La Frustration de Marie
Chapitre 20 : Retrouvailles Indésirables
Chapitre 21 : La Colère
Épilogue
A propos

Chapitre 7 : Un Vampire Absent

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By LauraScala


-Bon. On est d'accord que c'est une ruine ? fit Barbatos, les bras croisés.

-Oui, merci, j'avais remarqué.

-Sauf qu'ici était censé être ton informateur, non ? Dis-moi, tu ne l'as pas vu depuis combien de temps, exactement ?

Ils regardèrent tous trois les amas de pierres dispersés çà et là. Des piliers étaient toujours dressés par endroits, mais la majorité du lieu se résumait en des vestiges couverts de mousse. Madeleine soupira, tandis que le déchu coulait un regard à Marie. Cette dernière, de mauvaise humeur, fronçait le nez.

-Qu'est-ce que j'en sais moi ? Ça fait quelques années, c'est tout !

-Quelques années ou quelques siècles ?

Elle le fusilla du regard, il eut un sourire en coin.

-Tu insinues que je suis vieille ?

Il éclata d'un rire sincère.

-Je suis prêt à parier que tu es une jeunette à côté de moi. Bon, ça date de quand ?

Elle marmonna, avant de finir par cracher :

-Avant la naissance du Christ ! Voilà, tu es content !?

-Mais comment pouvais-tu supposer que cette personne se trouverait là, et vivante de surcroit ? Ça fait au moins cinq siècles ! fit-il d'un air abasourdi.

-Les vampires ne sont pas réputés pour beaucoup bouger !

-Un vampire ? Ah, je comprends mieux... Comment s'appelle-t-il ?

-Marius.

-Un romain, hein ? Ça correspond à la maison.

-C'était un général... Bref ! Ce crétin doit se trouver à Rome, à l'heure qu'il est ! C'est foutu, on ne retrouvera jamais notre...

Elle s'arrêta soudain. Madeleine venait de tomber à genoux. Inquiète, elle se précipita vers elle. Une main sur son épaule, elle vit des larmes rouler le long de ses joues. Oh oh...

-Marie... hoqueta-t-elle. J'ai tellement besoin de m'envoyer en l'air...

Merde !

-Barbatos, tu es certain que tu ne veux pas coucher avec elle ? lança-t-elle par-dessus son épaule.

-Non, je te remercie. Il y a un problème ?

Posant sa joue au creux de la main de son amie, Madeleine pleurait à chaudes larmes. Prise d'une douleur interne insupportable, d'un besoin qu'elle maitrisait avec peine, elle souffrait. Bon sang, pourquoi n'avait-elle pas anticipé la chose !? Cela faisait deux jours qu'ils avaient quitté toute trace de civilisation ! Ils n'avaient pas croisé le moindre homme prêt à la satisfaire ! Or, les femmes ne possédaient pas de quoi apaiser le feu couvant en elle !

-Nous n'aurions jamais du quitter la route, remarqua Barbatos en regardant autour de lui. Mais j'imagine que tu pensais trouver une alternative pour elle ici.

-Oui, fit-elle, tout en se demandant jusqu'à quel point il comprenait la situation.

Un gémissement douloureux échappa à Madeleine. Lâchant la main de son amie, elle se plia en deux, le ventre contracté, la respiration hachée. À genoux à côté d'elle, Marie leva des yeux inquiets sur l'ange déchu, démunie.

-Tu peux t'envoler avec elle ?

-Oui. Je peux aller jusqu'à la ville la plus proche. Mais...

-Mais quoi !? Tu vois bien qu'elle est au plus mal ! Barbatos, prend la avec toi et...

-Tu m'as bien dit que ton vampire était probablement à Rome, non ?

Prise de court par le changement de sujet, la sorcière mit un instant à faire le lien.

-Oui. C'est là que se trouvent les sièges les plus puissants de l'Église, de nos jours... Mais je...

-Chut.

Pardon !? Elle était sur le point de lui dire le fond de sa pensée, lorsqu'il posa la main sur son épaule, en même temps que celle de Madeleine.

Le monde chavira autour d'elle. En un clin d'œil, l'odeur de la pierre, de la nature et de la pluie furent remplacés par celles, plus denses, de l'activité humaine. Le souffle coupé, Marie découvrit un toit. Le sommet de bâtiments autour d'elle, qu'elle reconnaitrait elle mille.

Sacrelote !

-Par les couilles de Satan ! s'exclama-t-elle, faisant grimacer Barbatos au passage. On est sur le Panthéon !?

-Oui, désolé, fit-il en la relâchant. De tous les bâtiments de Rome que je connais, je suis parti du principe que celui-ci devait toujours être debout. Excuse-moi, mais on fait quoi pour Madeleine ? On la dépose sur les quais et on la laisse se débrouiller avec les marins sur qui elle sautera ?

-Ce sera le plus efficace pour la remettre sur pieds.

-Dis-moi... Ça fait longtemps que tu n'es plus revenue à Rome ?

-Non, j'y étais il y a un an, fit-elle en regardant en bas du Panthéon.

-Les quais n'ont pas bougé depuis quelques siècles, non ?

-Non.

-Parfait.

Se saisissant de nouveau de son épaule, il transféra tout le monde dans une ruelle. Les yeux écarquillés par le soudain changement de luminosité, Marie ne fut pas pour autant surprise de se retrouver dans la pénombre. Rome était réputée pour ses venelles sombres entre les hauts bâtiments, que parfois les rayons du soleil n'atteignaient jamais.

-Madeleine, murmura-t-elle en secouant son amie. Madeleine, il va falloir que tu te comportes comme la meilleure des prostituées, d'accord ?

Aussitôt, son amie releva la tête. Ses yeux avaient un éclat étrange. Sa voix, quand elle lui répondit, était rauque :

-Prostituée ?

-Oui. Alors lève-toi, et va te trouver un homme à monter.

Ce qu'elle fit, avec une énergie renouvelée. En la regardant s'éloigner, Marie serra les dents. Oh Divin, qu'avez-vous donc fait de nous ? songea-t-elle amèrement. En être réduite à dire à son amie d'aller trouver le premier homme venu...

Elle serra les poings, silencieuse.

Depuis le temps, elle aurait dû être habituée. Pourtant, elle...

-Tu n'y es pour rien, fit Barbatos. Le Créateur n'en fait qu'à sa tête, quitte à vous laisser souffrir. Ça, je l'ai compris bien avant ma chute.

Marie leva les yeux sur l'ange. Plongé dans la pénombre, il l'observait de ses yeux bleus inhumains. Pour cause...

-Barbatos... Dis-moi la vérité, tu sais qui je suis, n'est-ce pas ?

-Ce que tu es, tu veux dire ? Oui. Je l'ai compris depuis un moment déjà. Pourquoi cette question ?

Elle fronça les sourcils.

-Comment se fait-il que tu ne me connusses pas, au moment de notre rencontre ? Tous les êtres célestes nous haïssent, alors que...

-Est-ce réellement le bon lieu pour en discuter ? fit-il en regardant autour de lui. Viens, allons trouver de quoi boire et manger.

Haussant les épaules, Marie le prit d'office par la main.

-Viens. Tu ne connais rien à la ville, si le Panthéon est le seul bâtiment dont tu te souviens.

Passant par les quais, elle en profita pour voir où en était Madeleine. Ah... Elle entrainait déjà un marin rougissant vers une venelle étroite, sous les rires gras des compagnons de sa prise. Bien. Elle n'avait plus à s'en faire pour elle. De toute façon, elle la retrouverait en temps voulu.

Se faufilant entre les dockers, les marins, prostituées, marchands et contrôleurs en tout genre, elle ne lâcha pas la main de l'ange. Docile, ce dernier avait resserré ses doigts sur les siens, s'en remettant entièrement à elle pour le guider.

Étrangement, cela la troublait.

Les hommes prêts à suivre une femme les yeux fermés étaient rares. Mais alors, lui faire confiance et la laisser se mettre en avant ? Elle le regarda par-dessus son épaule. Aussitôt, elle croisa son regard. Il lui sourit avec une sorte de tendresse qui la fit se détourner aussitôt.

Le rouge aux joues, elle se dit qu'il était impossible d'être une telle machine de combat et aussi innocent à la fois. Ça devrait être interdit ! Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas le soldat. Elle serait allégrement rentrée dedans, si Barbatos ne l'avait pas tirée par la main.

Plaquée contre son torse, elle se raidit lorsqu'il passa un bras en travers de sa poitrine pour la retenir.

-Vous devriez regarder où vous marchez, femme, grogna le soldat en la fusillant du regard.

-Je ne vous ai pas percuté, que je sache, rétorqua-t-elle, hargneuse.

Et merde.

L'homme se figea dans sa marche, pour se retourner vers elle avec une expression glaciale.

-Tu oses me parler de cette façon, femme ?

-Femme ? C'est quoi ce ton condescendant ? siffla-t-elle.

-Marie, calme-toi, souffla Barbatos à son oreille. Ce n'est pas une bonne idée pour toi de faire un esclandre à Rome...

Elle le savait pertinemment, bordel ! Mais elle ne supportait pas que l'on s'adresse à elle avec un « femme ». C'était réducteur, insultant, et...

-Toi, tiens mieux ta chienne, lança le soldat à l'ange. Sinon ce sera à moi de la dresser.

La goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Elle comprit que plus tard qu'à ces paroles, le déchu n'avait même pas cherché à la retenir. Son poing rencontra le nez du soldat qui, stupéfait, ne pensa pas à esquiver. Un craquement abominable, et il tomba à genoux avec un gémissement étouffé, au milieu des passants stupéfait.

-La chienne n'a pas besoin d'être dressée, félon de pute estrace !

Presque aussitôt, d'autres soldats fendirent la foule, pour voir de quoi il en retournait.

-C'est elle ! s'exclama une matrone.

Sacrelote ! La garce !

-Vous avez vu leur tenue !? Ce sont des barbares ! Au trou les barbares !

Merde, merde, merde... Les soldats foncèrent sur eux. Évidemment ! Elle aurait dû s'en douter ! Avec sa tunique d'homme et son pantalon à carreaux, elle ne faisait pas du tout romaine ! Or, les Barbares, ici, étaient très mal vus !

Sans parler des sorcières...

Prête à se défendre à la manière des humains, elle venait de tirer son épée lorsque, tout simplement, elle se retrouva sur les toits de Rome. Elle se trouva soudain bien ridicule à se mettre en garde face au vide.

-Désolé, c'était le plus simple, s'excusa Barbatos en posant la main sur la sienne, armée. Tu peux rengainer.

-Sacrelote ! Qui t'a demandé de me sortir de là !? explosa-t-elle en pivotant vers lui. J'étais largement capable de...

-Je sais, je sais. Mais les sorcières ne sont pas très bien vues par le clergé, donc on va partir du principe que je n'avais pas envie de te voir sur le bucher.

Outrée, elle lui donna un coup au torse.

-Parce que tu crois que je me serais laissée faire !? Je me débrouillais très bien sans toi, et je me débrouillerais très bien après !

-Mais, je...

-Dégage !

Il la regarda un instant, avant de disparaitre. Seule sur les toits, Marie regarda un instant le vide, avant de s'accroupir, la tête dans les mains, avec un gémissement. Sacrelote ! Caractère ingérable ! Elle pouvait bien parler de Madeleine, tient ! Elle aussi avait des problèmes de gestion des humeurs !

Exaspérée par son propre comportement, elle regarda autour d'elle, avant de grimacer.

Sacrelote !

Comment faire pour descendre du toit, maintenant !?

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