Mia se trouvait actuellement à table entourée de tous ses frères.
C'était Anthony et Tommy qui s'étaient chargés de préparer le déjeuner pendant que Leo et Matthew s'étaient refait une petite pause cigarette sur la terrasse.
En attendant, Mia était allée dessiner. Elle avait reproduit l'un des tableaux préférés de sa mère ; la nuit étoilée.
Et même si la petite restait une enfant et qu'elle n'était pas une artiste aguerrie, elle avait tout de même réussi à reproduire une très jolie image.
- Eat your beans sweetheart, lui ordonna soudainement Anthony.
La fillette se força à manger ce qui se trouvait dans son assiette.
Elle n'avait toujours pas retrouvé un appétit normal, mais essayait quand même de faire plaisir à ses frères.
- Alors Tommy, t'as choisi ta caisse ? lança Leo à l'adolescent.
- J'pense que je vais prendre une p'tite golf pour commencer, répondit-il entre deux bouchées de son assiette.
- Eh bah, merci papa hein... grommela Matthew. À moi, il n'a jamais voulu financer ma moto.
- Ça c'est parce que c'est un connard, enchaîna Leo.
- Leonard, le réprimanda l'aîné de la fratrie avec un ton ferme.
- Quoi ? C'est vrai, ce mec s'est barré du jour au lendemain en nous laissant nous débrouiller tout seuls... se défendit l'ancien militaire.
- Dit le mec qui est parti pendant trois ans sans donner de nouvelles, lâcha Matthew avec une pointe de sarcasme dans sa voix.
Le visage du jeune homme s'assombrit à ses paroles. Son sourire sarcastique s'effaça et les muscles de son visage se contractèrent.
- Putain non mais c'est bon là ? Vous avez fini avec vos pics ? Non parce qu'on dirait vous auriez préféré que je revienne pas en fait, s'énerva-t-il soudainement.
- C'est pas ce qu'il voulait dire mais quand même, t'aurais pu donner des nouvelles quoi... intervint Tommy.
- Excuse-moi microbe mais avant que je parte tu m'as dit que j'étais tellement violent qu'ils auraient dû me retenir en prison ! s'exclama Leo.
Étant agacé par tous ces enfantillages, Anthony tapa violemment son poing sur la table et fit sursauter la petite.
- Ça suffit !
Il eut un moment de silence.
À cet instant, Mia fondit en larmes.
Cela lui rappela tous les repas auxquels elle était accompagnée d'Eric... à chaque mauvais geste, il pouvait tomber sur elle. Et à chaque fois, c'était l'enfer.
Par conséquent, la petite descendit de sa chaise et courut se réfugier dans sa chambre.
Cette dernière se mit dans un coin de la pièce tout en se bouchant les oreilles et en fermant les yeux. Elle avait peur, tellement peur que Eric revienne et qu'il en ait après elle...
Sa respiration s'accélérait, et elle sentait que le monde commençait à tourner.
Pas encore, se disait-elle. Pas encore...
Mais alors que son corps était pris de violents tremblements, elle sentit deux mains entourer ses petits bras.
Délicatement, on lui retira les mains des oreilles pendant qu'elle continuait d'hyperventiler.
- Sweetheart, sweetheart listen to me, fit la voix d'Anthony. C'est moi, je suis là... je te ferai aucun mal, c'est promis. Calme-toi ma puce...
La petite avait du mal reprendre son souffle, tout s'était enchaîné si vite...
Son cœur battait à mille à l'heure, et elle avait des fourmis de partout dans le corps.
- Breathe, It's okay breathe... poursuivit le jeune homme tout en lui caressant le dos.
Mia fit tout comme sa maman lui avait appris. Elle prit une grand inspiration et ouvrit lentement les yeux.
Elle sentait les larmes qui coulaient le long de ses joues...
Anthony était agenouillé devant elle tant dis que le reste de ses frères se tenaient tous derrière avec un air inquiet.
- Ma puce, mon ange... c'est rien c'est pas grave, viens dans mes bras.
La petite était encore toute tremblotante et avait un air aussi apeuré qu'un animal sur le point de se faire abattre.
- You scared me ! s'écria-t-elle avec un nouveau flot de larmes qui dévalèrent ses joues.
L'air complètement démuni face à la situation, Anthony se passa une main sur le visage avant de poursuivre avec la petite presque en l'implorant :
- S'il te plaît mon cœur, je suis désolé... je suis vraiment désolé. Je t'assure que ça se reproduira plus. Et puis tu sais très bien que je ne te ferai jamais de mal... c'est promis.
Mia fixa les iris noisettes du jeune homme pendant quelques secondes avant de se jeter dans ses bras.
Suite à quoi ce dernier poussa un soupire de soulagement. Il resserra alors son étreinte sur elle avant de l'attraper complètement et de la soulever.
Ainsi, Anthony se tourna vers ses trois frères avant de leur lancer :
- Dehors, je veux plus vous voir. J'en ai assez de vos gamineries.
Tous affichaient un air rempli de culpabilité.
Alors, le plus jeune des trois essaya de protester.
- Mais-
- J'ai dit dehors, répéta le jeune homme avec un air ferme et sévère.
Les garçons savaient que lorsque leur aîné se mettait dans cet état, il ne fallait pas aller plus loin. Par conséquent, ils jetèrent un dernier regard à la petite en train de hoqueter à travers ses sanglots avant de tous quitter la pièce.
Suite à cela, Anthony s'assit sur le lit de la petite chambre face à la fenêtre. Il caressait doucement les cheveux de la petite qui avait la tête collée contre son torse.
- Je suis désolé ma puce... désolé pour ce matin et désolé pour tout à l'heure. J'aurais pas dû toucher à la photo, ni taper du poing sur la table. Mais tu sais que je ne voulais pas te blesser, ni te faire du mal... You know that, don't you ?
La fillette mit quelques instants à se calmer avant de lever la tête vers son frère.
- P-pas g-grave pour l-la photo... c-c'était ta m-maman aussi, déclara cette dernière avec un air triste sur le visage.
- Oui mon ange, c'était notre maman à tous, répondit le jeune homme avant de déposer un baiser sur le front de la petite.
Ainsi, ce dernier retourna la petite afin de la placer ses genoux face à la fenêtre tout en l'entourant de ses bras.
- Tu vois ça Mia ? C'est la paix, ça c'est la paix. La neige, le calme, le beau paysage... on est bien ici, pas vrai ?
Tout en sanglotant encore légèrement, la petite hocha de la tête.
- Regarde comme c'est beau... moi, ça me donnerait envie de rester ici pour l'éternité.
Elle l'écoutait silencieusement.
- Tu sais, je me doute bien que ça n'a pas dû être facile avant... et ça me démange de savoir ce qui s'est passé. Tu sais, on veut tous savoir, on veut tous t'aider. Mais je me doute bien que t'es pas encore prête... et que ce p... quoi que ce Eric t'ait fait, sache que c'est fini maintenant. Fini pour de bon. Je ne le laisserai plus jamais t'approcher... mais tu dois me parler Mia, tu dois nous parler pour qu'on puisse t'aider.
Après quelques instants de silence, la petite décida finalement de prendre une inspiration avant de répondre :
- M-mais maman m'a d-dit de j-jamais en p-parler...
- Ma puce, murmura le jeune homme, il y a aussi beaucoup de choses que maman ne t'as pas dit. Et à ce que j'ai compris, elle ne t'as jamais parlé de nous... sauf que nous, on est tes frères, ta famille. Tu es notre chair et notre sang, alors tu peux avoir confiance en nous, et tu peux tout nous dire.
Mia hésita pendant quelques secondes avant de finalement se retourner vers son frère et lui dire :
- Alors j-je v-vais te raconter un p-peu.