May
Paris - appartement de Adèle et Doums
Je sors de la chambre d'ami où j'ai dormi. J'ai la tête dans les fesses ce matin. J'ai vraiment passé une sale nuit. Mon esprit n'a fait qu'imaginer Ken s'amuser avec cette fille.
C'est dingue dès qu'il est loin de moi, ça devient tout de suite n'importe quoi dans mon esprit. Parfois j'aimerais qu'il ne soit jamais parti.
— oulah y en a une qui a passé une sale nuit, se moque Doums. On dirait que c'est toi qui est parti en soirée à la place d'Adèle.
Je prends place autour de la table à manger.
— bien dormi ? Demande Adèle
— hm ouais.
Elle me regarde soucieusement mais elle ne cherche pas plus loin.
— en tout merci de t'être occupé de notre gosse, continue Doums. Adèle m'a dit que t'as vraiment prit soin de lui.
— oh tu sais c'était un vrai plaisir de m'occuper de lui, souriais je.
Je coupe un morceau de baguette que je tartine de Nutella et je me sers un verre de lait de soja.
— je vais au studio cet après-midi, tu veux venir avec moi ? Me propose Doums.
— c'est sympa de me proposer, ça fait longtemps que je n'y suis pas allé.
— bah ouais j'sais bien, c'est pour ça que jte propose, je lâche un petit rire. Je viendrais te chercher vers quatorze heures, c'est bon ?
— oui, merci.
J'abandonne la petite famille après avoir fini de déjeuner. De retour chez moi, je pars prendre directement une douche. Je lave mes cheveux et mon corps tout en faisant mon meilleur karaoké. Sans surprise, quand je sors de la douche, je découvre que le miroir est plein de buée. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé à l'intérieur, mais je crois que j'ai un peu trop abusé de l'eau chaude...
Je me sèche les cheveux tout en faisant mon brushing. Ensuite, je me brosse les dents et enfin je m'hydrate le corps. Je m'habille d'un pantalon taille haute couleur crème et d'un crop top blanc au large décolleté. J'arrange le collier de Ken autour de mon cou et je m'asperge de parfum.
Assise en tailleur devant la télévision, je me mets à dessiner pendant une petite heure. Ensuite, je prends mon ordinateur pour chéquer mes derniers mails. Puis je commence le moodboard pour la prochaine collection. Je cherche quel type de matière et dans quel ton j'aimerais travailler sur pinterest. Je trouve pas mal de choses qui colleraient à ma prochaine collection.
Ma première collection était dans des couleurs assez basiques mais cette fois-ci j'aimerais faire quelque chose qui me sort de ma zone de confort. Je me donne comme challenge de travailler avec des couleurs et des motifs que je n'apprécie pas forcément mais avec lesquelles je pourrais créer un final joli.
Je pense au violet par exemple.
Je dessine tout ce qui me passe par la tête mais finalement cette couleur ne m'inspire pas vraiment. Je n'arrive pas à dessiner quelque chose qui me plaît. Je souffle en re déposant mon crayon dans mon carnet. Je continuerai plus tard.
Mon téléphone vibre dans mon sac. Je vois que j'ai deux messages non lus. Un de Doums, et un de Ken.
Je lis celui de Doums en premier. Il me dit qu'il est en bas de chez moi. Après lui avoir répondu que j'arrivais, je mets mes baskets et quitte mon appartement. Dans l'ascenseur, je regarde maintenant le message de Ken. Il date d'hier soir quand je dormais déjà.
De Bébé ❣️:
Vous êtes trop mignons ! Si tu savais à quel point vous me manquez 😪
J'oublie complètement ce que j'ai vu hier soir dans sa story privée et je réponds à son message en souriant niaisement.
De moi :
Toi aussi tu me manques 😔💔
Je verrouille mon téléphone quand l'ascenseur s'ouvre au rez-de-chaussée. En face de mon immeuble, je trouve directement Doums garé en double file.
— t'as mangé ? Me demande-t-il quand je m'assoie dans sa voiture.
— non pas encore.
— ok, tant mieux. On va aller acheter à graille avant de retrouver les gars au studio. T'as envie de quoi ?
— j'ai envie d'un Burger King.
C'est donc une heure plus tard que nous arrivons au studio avec la nourriture. Après que chacun ait prit son menu, je prends le mien et m'assois entre Deen et Idriss.
— tu date toi, dit ce dernier. On te vois plus trop en ce moment.
— ouais je sais, je pique une frite dans mon sachet. Mais là de toute façon j'ai fini mes examens et je ne travaille plus au Starbucks donc on se verra un peu plus.
— oh non ! Ça veut dire qu'on te retrouvera dans nos pattes ! Souffle Deen.
— t'inquiète pas que si je passe voir les gars, ça sera uniquement pour rester avec eux, répondis je en le regardant mal.
— ça y est vous commencez, rit Idriss.
Je me remets à manger mon burger.
— Cette année, on part tous ensemble en vacances ? Demandai je après m'être essuyé la bouche.
— ouais c'est prévu mais bon on verra bien avec le grecque.
— pourquoi ? Dis je perdue.
— bah tu sais.
— bah non je sais pas, je lance un regard interrogateur à Deen. Ah oui c'est vrai ! Vous faites la tournée des festivals ! Me rappelai je.
— ouais voilà, répond-il après avoir lancé un regard à Deen.
— de toute façon on verra à son retour, conclue Burbigo. May tu m'passes une frite ?
— non. Toujours tu veux voler ce que je mange.
— mais tu manges lentement aussi ! Dit-il blasé.
— et alors ? Laisse moi tranquille !
Il lève les yeux au ciel.
On continue à se chamailler comme des gosses avant que je ne cède et que je donne quelques frites à Deen. J'abandonne les gars pour jeter mes emballages vides puis je me rassois aux côtés de Mohammed.
— t'es contente que Ken rentre bientôt ?
— oui, je crois.
Il hausse un sourcil.
— t'as pas l'air sûre de toi.
— bien évidemment que je suis contente qu'il revienne mais j'appréhende un peu. La seule fois où on s'est parlé c'était pour se reprocher des choses. J'ai peur qu'il y ait quelque chose qui se soit brisé entre nous...
— comme on dit, loin des yeux, près du cœur. Je suis sûre que quand vous allez vous retrouver, vous allez limite chialer comme les fragiles que vous êtes.
— ouais bah j'espère que tu as raison, dis je en souriant.
— mais oui May, te tracasse pas, Moh passe son bras sur mes épaules et me colle à lui. Y'a pas de raison pour que ça se passe mal. Aller arrête de cogiter.
Moh m'embrasse le haut du crâne, me réconfortant. Il n'a pas l'habitude d'être hyper tactile avec moi mais étrangement aujourd'hui il l'est. Je crois qu'il ressent vraiment mon mal être.
Les garçons se remettent à travailler après avoir fini de manger. Certains partent en cabine alors que d'autres grattent le papier, comme ils aiment le dire. Quant à moi, je m'occupe en restant sur mon téléphone. Je passe facilement deux heures sur TikTok. Qu'est-ce que cette application est addictive en vrai !
— pourquoi tu rigole toute seule depuis tout à l'heure ? Me demande Hakim.
— TikTok c'est trop drôle, dis je en souriant.
— c'est l'appli des 2003 ça, se moque-t-il. C'est de ton âge.
— t'en as pas marre de me tailler par rapport à mon âge ? Je croise les bras. C'est pas parce que je suis plus jeune que je suis une gamine.
— bah si, un peu, s'incruste Doums.
— les écoute pas May, me défend Deen.
Je fronce les sourcils, depuis quand il me défend celui-là ?
— t'es pas une 2003, t'es une 2004, il continue.
Je roule des yeux alors que les autres rigolent. C'était trop beau pour être vrai. Dès qu'il a une occasion pour me tacler, Deen la saisit.
— c'est culotté venant d'un gars qu'on surnomme « papy ». Je préfère faire plus jeune que mon âge que d'avoir l'air de sortir de l'Ehpad.
— 1-1 ! La remontada pour May ! Crie Mohammed. Check ça ma reuss !
Il me tend sa main que je tape en même temps que je tire la langue à Deen. Les gars crient derrière pour amplifier le clash et Deen me lance un regard noir. Cheh.
Lorsque le calme reprend enfin, ils se remettent au travail. Mais de mon côté, je commence à m'ennuyer. En plus de ça, j'ai faim maintenant.
— t'as pas envie d'une bonne crêpe au Nutella ? Demandai je à Moh.
Il relève la tête de son téléphone.
— c'est pas plutôt toi qui en as envie ?
— ouais mais je demande au cas ou.
— maintenant que tu le demande, jveux bien en manger.
— manger quoi ? Demande Idriss.
— des crêpes, répond Moh.
Maintenant qu'il a révélé notre envie de crêpes à tous, ils réclament la même chose. Alors finalement je décide de faire une soirée crêpes chez moi.
— par contre les gars, commençai je. J'ai pas tous les ingrédients chez moi donc j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à faire les courses.
Bizarrement ils se reconcentrent tous sur leur téléphone comme si de rien n'était. À bah quand y'a besoin d'aide, y'a plus personne !
— bon bah pas de crêpes alors, concluait je.
— vasy je t'accompagne, se dévoue Mohammed.
— ah enfin une âme charitable ! Dis je en roulant des yeux.
Il prend sa sacoche et se lève du canapé. Je suis ses mouvements et le suit jusqu'à la porte.
— merci de m'accompagner Moh.
— tu me faisais de la peine, personne ne voulait t'accompagner miskina.
— non mais laisse après ils vont tous taper dans mes crêpes, c'est ça le pire !
Après que mon ami ait déverrouillé sa voiture, nous montons à l'intérieur. Nous roulons jusqu'à la prochaine supérette pas très loin. Il m'aide à porter les ingrédients jusqu'au coffre.
Ensuite, nous roulons jusqu'à chez moi. Il trouve une place pas très loin de mon appartement puis nous montons jusqu'à chez moi. Après avoir déposé nos achats dans la cuisine, je pars me changer et me laver les mains.
— tu connais la recette de tête ou j'en cherche une sur Google ?
— t'as oublié que j'étais bretonne ou quoi ? Riai je.
— ah oui c'est vrai ! Ma ptite campagnarde !
Sous mes directives, mon meilleur ami m'aide à faire la pâte à crêpes. Je ne peux m'empêcher de me moquer de sa façon de casser les œufs. Même un enfant de deux ans ferait mieux ! Il en met partout, il laisse des coquilles dans l'œuf... bref un carnage.
— arrête de te foutre de ma gueule ou je t'aide plus, dit-il.
Je plisse mes lèvres pour éviter d'éclater de rire.
Rapidement nous finissons la préparation puis je mets le bol à reposer pendant une heure, au moins le temps que les autres arrivent chez moi. En attendant, Moh et moi nous posons dans mon canapé.
— tu sais que j'ai trop envie de me faire un autre tatouage, lui avouais je.
— ah ouais ? Quoi ?
— je sais pas mais un dessin pour changer.
— en tout cas si c'est pour te tatouer sur les fesses comme la dernière fois, je t'accompagne pas.
— déjà c'était pas sur les fesses, je roule des yeux. Et en plus tu force, parce que t'as rien vu.
— encore heureux ! Tu veux que je me fasse hagar par Ken ou quoi ?
J'éclate de rire.
— je savais que t'étais une victime.
Sans prévenir, Sneaz m'attrape par la nuque et commence à me martyriser. J'essaye de me défaire de ses bras mais c'est assez compliqué. Finalement on commence à se battre.
— Vasy c'est bon lâche moi, criai je.
— seulement si tu t'excuse.
— pardon, soufflais je.
Je lui lance un regard noir quand il me lâche enfin. Il m'a fait mal cet idiot.
— dis encore que je suis une victime, j'te fais la misère.
— bla bla bla, répondis je insolemment.
Je quitte le canapé lorsque j'entends sonner à ma porte. Après avoir ouvert la porte, mes amis rentrent comme des sauvages chez moi. Je la referme derrière eux comme si de rien n'était. Mine de rien ça me fait plaisir d'avoir de l'agitation chez moi. Ça fait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien entourée.
Sans attendre une seconde, je commence à cuire les crêpes. Au fur et à mesure la pile s'agrandit. Quand j'arrive enfin à la dernière, je souffle de soulagement. Je prends l'assiette et la pose sur la table à manger.
— merci May pour les crêpes, crie Idriss la bouche pleine.
Ses amis le recopient et me remercient aussi. C'est trop mignon ! J'ai l'impression de nourrir des gosses.
N'ayant plus de place sur le canapé, je m'assois sur un pouffe. Après avoir étalé du Nutella sur ma crêpe, je la déguste. Je ne préoccupe plus des autres, trop occupée à manger. Mais quand j'entends que ça parle de moi, je relève la tête. Je constate que Deen parle de moi à mon téléphone.
— ouais jte passe ta meuf après, elle est à fond dans sa crêpe là, il rigole.
Je dépose mon assiette sur la table basse et me lève. Je me rapproche du brun mais au lieu de me rendre mon téléphone, il se met à marcher dans la pièce. Trop grand pour moi, je me mets sur la pointe des pieds pour lui arracher mon téléphone.
— donne mon téléphone Deen !
— bah attrape le !
Je souffle. Ils ont tous décidé de me faire chier aujourd'hui ou quoi ?
Comme il ne veut pas pas coopérer, j'emploie la manière forte. Je mords son bras sans aucune douceur.
— aïe mais t'es folle ou quoi ?! J'suis sûr que j'ai une trace !
J'éclate de rire avant de récupérer mon téléphone et de courir jusqu'à ma chambre. Essoufflée, je m'adosse contre la porte. Trop contente d'enfin avoir un appel de Ken, j'oublie ce qu'il vient d'arriver et je colle le téléphone à mon oreille.
— salut, commençai je en souriant.
Si vous saviez à quel point j'étais heureuse d'enfin avoir sa voix au téléphone ! J'avais envie de sauter de joie carrément. Je sentais mon cœur bondir dans ma poitrine et des papillons dans mon ventre.
Mais ma joie fut de courte durée...