May
Paris - appartement de Adèle
— May on est en retard là !
Je fais comme si j'entendais rien. Je suis stressée parce qu'on est en retard et le fait qu'il me presse me stresse encore plus. Alors je prends sur moi. Mais au bout de la quatrième fois, je m'énerve.
— vas-y tu forces faut pas une heure pour s'habiller ! Souffle-t-il.
J'abandonne ma paire de talons que j'allais mettre et sors de la chambre presque en furie. J'arrive très vite en face de lui. Le mec est affalé dans le canapé et pianote sur son téléphone.
— arrête de me presser ou t'y vas tout seul !
Son regard descend de ma tête à mes pieds. Il se mord la lèvre.
— ah ouais...
Je perds très vite mon assurance et croise les bras sur ma poitrine, gênée. Ken se lève du canapé et s'approche de moi. Ma tête touche presque son torse tellement on est proches. Il baisse la tête et met sa main sur ma pommette. Il commence à la caresser délicatement.
— tu veux pas qu'on reste finalement ?
Son autre main se loge dans le bas de mon dos, dans le creux avant mes fesses. Quand il plante son regard dans le mien, mon souffle se coupe. Il frôle mes lèvres avec les siennes. J'ai l'impression de vivre au ralenti tellement son toucher est délicat et lent. Quand ses lèvres s'unissent aux miennes, je savoure pleinement comme si c'était la première fois qu'on s'embrassait.
Je passe mes mains sous la chemise qu'il porte. Mon ventre se noue quand sa bouche glisse dans mon cou. Je laisse ma tête tombée en arrière pour qu'il ait une meilleure prise. Notre bulle éclate quand son téléphone sonne.
— fais chier, souffle le grecque.
Il prend son téléphone et répond.
— on est en chemin là. [...] arrête de crier Moh. [...] Je peux pas conduire si tu me parles en même temps. Le brun rigole. C'est bon on est là dans quinze minutes même pas.
Il raccroche et passe ses mains dans ses cheveux.
— bon j'ai dis qu'on serait là-bas dans quinze minutes.
— mais Ken faut plus de vingt minutes pour arriver au resto !
— t'inquiète, il me fait un clin d'œil.
Je lève les yeux au ciel et l'abandonne. Je retourne dans la chambre et fini de mettre mes talons. Je remaquille mes lèvres à cause de Ken. Puis je le rejoins au salon. Il ferme la porte et nous partons enfin.
— t'es trop beau bébé, je lui dis quand on s'installe dans sa voiture.
— toi aussi, il sourit et me regarde intensément. T'es incroyable May. J'suis à deux doigts de simuler une maladie et rester à la maison pour continuer c'qu'on allait faire tout à l'heure.
Je rougis à ces mots. C'est trop pour mon petit cœur !
— t'inquiète ce soir, je lui chuchote à l'oreille.
— fais pas des trucs comme aç aussi, il me regarde intensément.
On arrive au resto trente minutes après l'appel de Sneaz. Tout le monde est déjà là. Certains nous regardent en soufflant et d'autres rigolent.
— quinze minutes hein ? Se moque Théo.
— y'avait des bouchons sur la route, ment Ken.
Je pouffe de rire.
— c'est ça ouais. Bon asseyez vous les loustics, dit Idriss.
Je m'assois entre Lola et Louise alors que Ken s'assoit entre Doums et Hakim, soit juste en face de moi. Il me fait un clin d'œil.
— j'aime trop comment t'es habillée, me sourit Lou.
— de ouf même moi. Tu me prêteras ce top ! Ajoute Lola.
— merci les filles ! Et oui t'inquiète Lola, je dis en rigolant.
Je porte un ensemble beige composé d'un corset aux manches tombantes et d'une jupe mi longue avec une fente très grande sur le devant. Cette couleur met ma peau métisse en valeur, j'aime trop ! Avec cette tenue, j'ai ondulé mes cheveux et les ai lâché.
— Ken ne fait que de te fixer depuis toute à l'heure, me chuchote Louise.
Quand je relève la tête, je découvre que c'est le cas. Je ne sais pas à quoi il pense mais son regard est perturbant. Surtout qu'il n'affiche aucune expression faciale. Je rougis doucement. Hakim lui parle depuis longtemps mais il n'a l'air d'écouter aucun mot de ce qu'il lui dit. Il fini par détourner le regard quand son ami lui met un coup de coude.
— vous êtes trop beaux, sourit la blonde.
La fin de repas continue dans la bonne humeur. A la fin de celui-ci, un gros gâteau arrive à table. D'un côté il y'a le nombre 27 et de l'autre, le nombre 20. C'est un peu gênant car tout le restaurant se met à nous chanter un bon anniversaire. Mais au fond c'est plutôt cool. Quand il est posé au milieu de Ken et moi, nous soufflons les bougies en même temps. Puis Adèle se met à le couper. On a chacun une part dans notre assiette.
Avant de mettre la bouchée dans notre bouche, Ken et moi nous regardons en souriant. Puis on se lance un joyeux anniversaire en même temps.
— joyeux anniversaire May !
— joyeux anniversaire Ken !
Après avoir déguster le gâteau et un peu discuté, nous partons en direction de la boîte de nuit. Le brun part directement avec l'équipe pour se changer. Il va échanger sa chemise contre un t-shirt simple. On est à peine installés au carré vip, que la foule se met à acclamer Ken enfin Nekfeu. Avec les filles, nous partons directement nous mêler au monde pour être au cœur de l'agitation. Inutile de préciser que je chante tous ses titres par cœur et à tue-tête telle la fan que je suis.
— la prochaine chanson c'est pour quelqu'un de très spéciale pour moi, il sourit à la foule. Elle est là ce soir, parmi la foule. Elle se reconnaîtra.
Quand Ken croise mon regard, il me sourit discrètement en baissant la tête. J'avoue que je me sens plus. J'ai envie de crier à tout le monde que c'est de moi dont il parle mais je me contiens. Quand il commence à rapper Galatée, il n'arrête pas de me lancer des regards.
— merci les gars, vous étiez chauds ce soir !
Il salue la foule puis il rentre en coulisses. Les filles et moi rejoignons les gars. Je me serre un verre d'alcool dilué au coca. Puis je danse avec mes proches. Ce soir, je m'amuse avec ma deuxième famille sans me soucier de ce qu'il se passera demain. Moh me fait tourner sur moi-même plusieurs fois d'affilée sans réfléchir au fait que j'ai beaucoup bu.
— arrête je vais vomir, dis je morte de rire. Oh j'ai la tête qui tourne !
Il se fou de ma gueule avec Deen. Je me rassois sur la banquette à côté d'Adele. Bizarrement ce soir, elle ne boit pas beaucoup. Pas qu'elle consomme beaucoup d'alcool d'habitude mais là c'est comme si elle n'avait bu aucun verre.
— ça va ? Lui demandai je.
— oui et toi ?
— ouais ! Je réponds trop enjouée.
— t'as bu combien de verres ? Demande-t-elle en fronçant les sourcils.
— trois pour l'instant.
— et t'es déjà bourrée ?
— je tiens pas trop la vodka, je secoue le fond de mon verre. Toi tu bois pas ?
— non, c'est moi SAM ce soir.
-/ oh. Bon courage !
Elle rigole.
Je me lève pour aller voir Deen. Il place directement son bras sur mes épaules. On danse un peu sur la musique entraînante. Puis je me rends compte que ça fait peut-être quinze minutes que Ken n'est toujours pas revenu ici. C'est un peu bizarre. Faut pas mille ans pour récupérer ses affaires et se changer !
— tu trouves pas que Ken met du temps ? Demandai je au brun.
— j'avoue, il sirote son verre.
— je vais aller voir, j'enlève le bras de Deen de mes épaules.
— je viens avec toi.
On abandonne nos amis pour descendre et voir Ken. Devant le passage menant aux coulisses, on retrouve mon copain en discussion mouvementée avec une fille que je n'ai jamais vu. Il a l'air très énervé. Je lance un regard curieux à Deen qui grimace.
— c'est son ex, me dit-il.
— la Leila ?
— ouais.
Mon sang monte rapidement à mon cerveau. Je serre mes poings et m'élance vers eux. Pourquoi est-elle en train de parler à Ken ? Soit elle n'a pas comprit ce qu'il lui a dit, soit il m'a menti. Mais je suis sûr que c'est la première option. Dans un premier temps, je me mets en retrait pour écouter ce qui se dit.
— mais arrête Ken ça va pas durer !
— que ça dure ou pas ça ne te regarde pas. Plus rien de ma vie ne te regarde depuis le jour où j'ai décidé que tu n'en ferais plus partie. Alors maintenant casse-toi et arrête de me les briser, il s'énerve.
— mais je t'aime ! Crie-t-elle désespérée.
— fallait y penser avant de me tromper.
Je reste sans voix. Il ne m'avait jamais dit pourquoi il n'était plus avec son ex. Quelle poufiasse !
— je comprends pas ce que tu lui trouves !
— t'sais quoi ? J'vais te le dire. Elle a tout ce que tu n'as pas. Elle a du respect, de l'humour et c'est la personne la plus bienveillante que je connaisse.
Elle se décompose suite aux paroles de Ken alors que moi je souris.
— donc t'es prêt à tout effacer juste parce qu'elle est arrivée avec ses beaux yeux ? Demande-t-elle avec espoir.
— je t'ai effacé avec notre histoire bien avant qu'elle arrive.
Est-ce que c'est mal que je ressente beaucoup de joie à cette phrase ? Le visage de Leila se décompose encore plus. A sa place je serai partis en courant. Pourtant, au lieu de préserver le peu de dignité qui lui reste, elle continue de forcer.
— donc tu crois que tu vas finir ta vie avec une gamine de vingt ans ?
Je souffle et lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'ils ont tous à m'attaquer sur mon âge ? Je sors de ma cachette pour répondre à cette pouffiasse.
— il a dit qu'il ne voulait plus de toi alors arrête de forcer. Trouve toi un autre mec ! M'énervais je.
Elle me toise du regard.
— à ce que je sache on n'a pas demandé ton avis alors rentre chez ta mère. Ah oui c'est vrai t'en as pas, elle rigole méchamment.
Alors ça c'était petit. En plus d'être idiote, elle est d'un ridicule ! Je roule des yeux.
— t'sais quoi je vais même pas répondre à ton pic plus que puéril. T'as pas honte de supplier un mec qui a tourner la page depuis un siècle sur votre histoire ? Je sais pas, trouve toi un taffe, achète toi une dignité !
Elle me regarde très surprise. Moi même je le suis. Je ne savais même pas que j'étais capable de lui dire tout ça sans vaciller ou perdre mon assurance. Je pense que l'alcool y joue un peu. Pensant lui avoir cloué le bec, je fais demi tour mais ses mots m'arrêtent en plein chemin.
— de toute façon t'es qu'une pute à buzz. Tu passes ta vie à te taper des rappeurs. Regarde toi. Tu penses que ta mère serait fière de toi ? Elle demande narquoisement.
Alors là. Je me retourne rapidement et m'approche d'elle sans réfléchir. Je m'apprête à lui foutre une gifle mais au dernier moment je serre le poing et le lui balance à la figure. Je sens son nez craquer sous mes phalanges. Elle vacille en arrière et tombe sur les fesses en se tenant le nez. Je la vois fondre en larmes mais j'en ai rien à faire.
— c'est la dernière fois que tu parles de ma mère t'as compris ? Je te le répéterai pas, je dis froidement.
Ken colle sa main sur mon ventre et me tire en arrière.
— hé May, ça va ? Il prend ma main dans la sienne.
Ce n'est que maintenant que je sens la douleur. J'ai l'impression de m'être brisée les phalanges. Ça fait grave mal ! Comment font les garçons pour souvent se battre ? Je grimace de douleur.
— ouais je crois.
Il relève ma tête avec ses doigts.
— je suis désolé de t'avoir impliqué dedans, dit-il tristement.
— c'est pas de ta faute si ton ex est ravagée du cerveau.
Il sourit et m'embrasse. Quand il se décolle, je vois Deen nous sourire.
— zehma t'es devenue une boxeuse ? Il rit.
— elle l'a cherché, dis je soufflant sur ma main pour apaiser la douleur.
— grave ! Je tolère pas la violence mais elle l'a mérité. Aller venez, les autres doivent se poser des questions.
On fait un détour au bar pour demander une poche de glace puis je la pose sur ma main. Ça soulage tout de suite ma douleur. Quand on revient au carré, tout le monde me regarde avec des yeux interrogateurs.
— bah il s'est passé quoi ? Demande Lola.
— j'ai un mis un coup de poing à l'ex de Ken.
— hein ? S'écrie Moh. Wesh pourquoi ?!
Je leur dis que je leur expliquerai à la maison mais ils sont tellement impatients de connaître l'histoire que l'on fini par rentrer chez Sneaz. Je m'y sens beaucoup mieux. C'était bien en boîte mais après m'être « battu », je me sentais plus trop à ma place. Alors que là nous ne sommes qu'entre nous.
Un des gars baisse la musique sur l'enceinte pour que je puisse raconter l'histoire. Ils sont tous pendus à mes lèvres, c'est drôle à voir.
— ...le coup de poing est parti tout seul je vous le jure ! C'est la première fois que je frappe quelqu'un et plus jamais je le ferai ! Ça fait trop mal !
Ils se mettent à se moquer de moi.
— d'habitude c'est le mec qui se bat pour sa meuf, rigole Théo.
— trouve ta wonder woman mec, lance Ken en souriant.
Je lève les yeux au ciel. Toujours plus lui.
— maintenant qu'on est là, on peut donner les cadeaux ? Propose Louise toute souriante.
— ouuuui ! Je cris enjouée.
Ken et moi restons assis dans le canapé alors que les autres partent chercher nos cadeaux.