May
Paris - appartement de Adèle
Quelques semaines plus tard...
J'ai jamais eu des règles aussi douloureuses de ma vie !
Je n'ai pas réussi à fermer un seul œil de la nuit tellement j'avais mal ! Mes pleurs ont fini par alerter Adèle. Elle a dû attendre la première heure pour qu'une pharmacie s'ouvre et qu'elle puisse m'acheter des médicaments. En attendant, elle m'avait donné du thé à la camomille pour apaiser mes maux, ce qui avait marché moyennement. Alors que j'étais emmitouflée dans mon plaid sur le canapé, la porte sonna. Cela m'étonnais car normalement Adèle était partie avec ses clefs. Finalement, j'allais ouvrir.
— Salut May, dit le brun après m'avoir fait la bise. Je dois voir Adèle.
— Entre, dis-je en me décalant.
— Oula t'as une tête chelou !
— Merci Ken. T'as toujours les mots qu'il faut, souriais-je faussement.
— Eh mais t'es pas sensée être en cours ?
Je me réinstallais dans le canapé sans le calculer. Je n'avais aucune envie de lui parler, tout ce que je voulais c'était mon doliprane et dormir ! En plus quand j'étais dans la zone rouge, j'étais grognon.
— Eh j'te parle May !
— Je ne me sentais pas bien donc je suis restée à la maison.
— T'as quoi ?
Qu'est-ce qu'il est relou avec ses questions ! Il ne pouvait pas juste s'assoir et regarder Blair et Chuck à la télévision ? Oui j'avais mis Gossip girl sur Netflix, aka ma série préférée de tous les temps, pour détourner mon attention des douleurs.
— J'suis malade.
— Ouais mais encore ?
Pour seule réponse, je levais les yeux au ciel.
— Lève pas les yeux au ciel, dit-il soûlé.
Non mais c'est l'hôpital qui se fou de la charité ! C'est lui qui est soulé alors que c'est moi qu'il fait chier ? Il force celui-là !
— J'ai mes règles, c'est bon maintenant ? répondis-je exaspérée.
Pensant qu'il allait encore trouver quelque chose à me dire ou à me demander, ça m'étonnais qu'il se taise. Il fronçait les sourcils comme s'il essayait de trouver la réponse à un problème mathématique. Après quelques secondes de silence, il reprit la parole.
— T'as déjà essayé la serviette chaude sur le ventre ?
— Hein ?
— Ma sœur, quand elle a ses règles, elle prend une serviette imbibée d'eau chaude et la pose sur son ventre. Ça la soulage tout de suite.
— Je-
— Attends bouge pas, je vais le faire ! enchaîna-t-il sans me laisser le temps de répondre.
Je ne savais pas que Ken avait une sœur. Mais ce qui me surpris le plus, c'est qu'il avait cherché dans sa tête comment apaiser mes douleurs. En général, soit les garçons ne savaient pas comment agir dans ces moment-là, soit ils affichaient une mine dégoutée. Mais le rappeur avait fait tout l'inverse !
D'ailleurs, il revint quelques minutes plus tard avec la serviette mouillée. Il me demanda de m'allonger sur le dos et de relever mon tshirt. En posant la serviette, ses doigts froids rencontrèrent ma peau pendant une milliseconde, ce qui me provoquai la chair de poule. Ses yeux s'accrochèrent aux miens puis il se reconcentra sur ce qu'il faisait.
— Merci Ken, dis-je doucement.
— T'inquiète, répondit-il en me faisant un clin d'œil.
Il s'assit à côté de moi et posa mes petites jambes sur ses genoux. Ok double surprise. Pourquoi était-il autant attentionné avec moi ? Pas que ça me dérangeait, loin de là, mais ça me surprenais.
Etant très à l'aise dans cette position, je laissais mes jambes sur les siennes. Alors que je positionnais bien mon dos dans le canapé, il saisit mes chevilles entre ses mains. La scène qui suivit me laissai sans voix. Il avait commencé à me masser les mollets comme si de rien n'était. Je lui lançai un regard interrogateur mais le sien était focalisé sur la télévision. On aurait dit qu'il évitait mes yeux, comme s'il n'assumait pas totalement d'avoir des gestes attentionnés avec moi.
Ses doigts froids me provoquaient un bien fou. Je pourrais rester dans cette position des heures ! Entre la serviette chaude, ses papouilles et le plaid qui couvrait mes jambes, j'étais plus qu'à l'aise. A tel point que j'en oubliais presque mes douleurs menstruelles. Au fur et à mesure des caresses, mes yeux papillonnèrent et je m'endormis.
[...]
- ...Ouais on pourrait faire ça, conclua Adèle.
J'ouvris mes yeux et m'adaptais à la lumière du jour. Je me redressais puis je m'étirais tel un chat. Cette sieste m'avait fait le plus grand bien, elle a rechargé toutes mes batteries. Grâce à Ken, j'avais repris des forces. J'avais un peu rattrapé ma nuit et puis j'avais moins mal au ventre maintenant.
J'avais toujours mes jambes étendues sur celles du brun mais la serviette humide n'était plus sur mon bas ventre. Ken était actuellement en pleine discussion avec ma tante. Si j'ai bien compris, ils parlent de leur collection de vêtements qui sortira prochainement.
— Enfin t'es réveillée, s'exclama la brune. Ça va mieux ton ventre ?
— Ouais, répondis-je en frottant mes yeux. Mais maintenant j'ai faim.
— On a commandé des pizzas, ça arrive bientôt, répondit Ken.
— Cool, souriai-je.
Après avoir pris un médicament et m'être rebrossé les dents, je m'assis en tailleur près du brun. Je jetai un coup d'œil à ce qu'ils faisaient. Apparemment ils étaient en plein sur leur croquis pour leur collection de vêtements. Ken m'expliqua qu'il avait parlé de mon idée à Adèle et aux stylistes. J'étais très contente qu'il ait considéré ce que j'avais dis et que mon idée soit appliquée. J'ai hâte de voir le résultat ! De plus, il m'avait dit que leur collection sortira le 25 mai.
Notre conversation s'interrompit quand la porte sonna. Ça devait être le livreur de pizzas. Adèle alla ouvrir alors que Ken et moi étions restés dans le canapé. En même temps y' a pas besoin d'être à trois pour récupérer deux pizzas !
— Au fait Ken, commençai-je, merci pour ce matin.
— Oh y a pas de quoi. J'espère que tes règles sont moins douloureuses, fin je veux dire tes douleurs, fin que t'as moins mal au ventre, bref t'as capté, dit-il mal à l'aise en remettant sa casquette.
C'était la première fois que je le voyais rougir et gêné. Il est trop mignon ! Je ne pus m'empêcher de me moquer de lui. Pour une fois que ce n'était pas moi qui rougissait à cause de lui !
— T'inquiète j'avais compris, répondis-je en rigolant.
— Eh te moque pas ! C'est gênant de parler de ça !
— Bah non c'est pas gênant. Ca fait partie de la vie d'une femme ! Tu feras comment avec ta femme ou ta fille plus tard ?
— Je vais pas en parler avec ma fille wesh ! Elle en parlera à sa reum. T'es ouf ! C'est comme si elle me demandait comment on fait les bébés !
J'explosai de rire après avoir roulé des yeux. Qu'est-ce qu'il abusait ! Pourtant ya quelques heures il ne s'était pas empêché de prendre soin de moi. Mais je me gardais de lui dire.
— Les pizzas sont làaaaaa ! Une pizza pepperoni pour Nekfeu et une margarita pour May !
Adèle n'avait pas commandé de pizza pour elle car elle devait perdre 3 kilos. Bien sûr, elle allait piocher une ou deux parts dans la mienne pour les manger avec sa salade césar. Vive la vie de mannequin !
— Margarita sérieusement ? Demanda Ken avec un sourire moqueur.
— Bah quoi ?
— T'es vraiment un gosse.
— Bah y a aucune pizza que j'aime sauf la margarita.
— Sérieusement ?! Goute, il arracha une des parts de sa pizza pepperoni et me la tendit. Tu vas kiffer !
J'approchai ma bouche en même temps que lui approchait sa main. Je pris une bouchée. Il me fixa attendant une réaction de ma part. C'est vrai que c'était pas mauvais, c'était même grave bon ! Pourquoi toute ma vie je me suis focalisée sur la margarita ?!
— Alors ? demanda ma tante.
— C'est grave bon ! m'exclamai-je.
— Tu vois j'te l'avais dis ! Par contre t'as de la sauce partout, tu sais pas manger !
Il prit une serviette en papier et essuya le coin de ma bouche. J'étais toute rouge. Il était un petit peu trop tactile le garçon aujourd'hui ! S'il continuait j'allais me transformer en tomate ! Fallait que j'arrête de laisser mon cœur s'emballer quand il me touchait ou qu'il me regardait !
Adèle qui avait suivi l'échange, souria derrière sa fourchette. Je suis sûre qu'à la minute où il va partir elle va m'assaillir de questions ! Quant à moi, je fis comme si de rien n'était et me concentrais sur la fin de ma pizza.
— merci, répondis je au brun.
— j'suis sacrément aux petits soins pour toi aujourd'hui. Tout le monde devrait avoir un Ken dans sa vie.
— doucement aussi, dit Adèle en levant les yeux au ciel.
— bah c'est vrai ou pas May ? Demande-t-il en se tournant vers moi. Dis lui que grâce à moi, t'as pas crevé.
— bon j'irai pas jusqu'à là mais oui c'est grâce toi si j'ai beaucoup moins mal que ce matin.
— ah tu vois Adèle ! S'exclame-t-il tout content.
Elle roule des yeux.
Après avoir mangé, chacun de nous débarrassa la table. Je déposais les assiettes dans le lavabo pendant que Ken déposait les cartons de pizzas près de la poubelle et qu'Adele passait un coup d'éponge sur la table.
J'en profitais pour laver mes mains. J'ouvris le robinet mais quelqu'un me barra l'accès à l'eau. Je reconnaissais son parfum. A ma gauche se tenait Ken qui passait ses mains sous l'eau.
— mais j'étais là en première, grognais je.
— ok je te laisse la place.
Il enleva ses mains mais au lieu de les essuyer dans une serviette, il m'éclaboussa. Je cessai tout mouvement et le regardais estomaqué.
— Ken ! T'es chiant !
Il éclata de rire. Mais il s'arrêta bien vite quand je lui collais ma main pleine d'eau au visage. Il me lança un regard noir. Non mais alors là le culot ! C'est lui qui a commencé !
— oh May t'es morte !
— mais c'est toi qui a commencé ! Criai je quand il s'avança dangereusement de moi.
Je me mis à reculer jusqu'à me retrouver collée contre le plan de travail. Il m'encercla de ses bras avant de plaquer ses mains sur mon visage. Je criai en essayant d'enlever ses mains mais ça le faisait plus rire qu'autre chose.
— mais vous foutez quoi tous les deux ?
On arrêta bien vite nos chamailleries lorsqu'on entendit Adèle. Je voyais Ken plisser des lèvres pour ne pas rigoler. Je recopiais son geste.
— je vous laisse trente secondes et vous mettez de l'eau partout. Bon dégagez !
Quand on quitte la cuisine, Ken et moi nous jetons un regard avant d'éclater de rire.
— t'es chiant, je suis toute trempée maintenant !
Il me regarda bizarrement.
— qu'est-ce qu'il y'a ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— non mais y'a r.
Je ne m'attardais pas sur son cas et allais m'essuyer le visage. En même temps, je changeais de tenue. Il avait aussi mouillé mon top.
— je vais y aller les meufs, dit le brun après que je sois revenue dans le salon. Faut que je passe au stud'.
Il tchequa Adèle avant de me tendre son poing aussi. J'étais un peu déçue. J'espérais secrètement qu'il m'embrasse la joue comme la dernière fois.
Je tapais dans son poing et il nous quitta.
A peine la porte s'était fermée derrière lui que ma tante me regarda en souriant. Je savais déjà à quoi elle pensait. Je sentais que j'allais passer un interrogateur.
— j'imaginais Moh et toi mais enfaite c'est plutôt Ken et toi ! J'ai raté un épisode ou ?
— non. On est juste amis.
— ouais mais la façon dont il a prit soin de toi, c'est trop mims. Et puis la scène dans la cuisine...
Elle joua avec ses sourcils. Plus elle parlait et plus j'étais gênée et plus mes joues rougissaient.
— il te plaît ?
— orh tu commences ! J'y répondrais pas.
Je quittais le salon mais ce qu'elle me cria me fit rire.
— ça, ça veut dire que oui May !