1-Le Bouclier de Gentem

By LauraScala

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Voilà six fois que le père de Lev tente de le coincer dans un mariage. Cinq fois qu'il refuse les fiancées, c... More

Prologue
Chapitre 1 : Vive les Mariés
Chapitre 2 : La Nouvelle Duchesse
Chapitre 3 : Le Bouclier
Chapitre 4 : Sous la Chemise
Chapitre 5 : La Langue de Vipère
Chapitre 6 : Retour au Bercail
Chapitre 7 : La Sincérité de la Duchesse
Chapitre 8 : Les Enfants des Protecteurs
Chapitre 9 : Collision avec Véra
Chapitre 10 : La Fonction du Duc
Chapitre 11 : Conflit Familial
Chapitre 12 : La Commère de Modiste
Chapitre 13 : Rencontre avec un Dragon
Chapitre 15 : Les Maisons de Protecteurs
Chapitre 16 : La Lettre de Clypeus
Chapitre 17 : Le Bal des Deux Semaines
Chapitre 18 : Les Troubles à Venir
Chapitre 19 : Tamir de Malleus
Chapitre 20 : Soumise à la Question
Chapitre 21 : La Fureur du Bouclier
Épilogue
À propos

Chapitre 14 : Cachotteries Aggravées

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By LauraScala


-Donc, si je résume bien, El, tu es au courant depuis des années que Flavia est dotée de pouvoirs similaires à ceux des quatre Ducs ?

Seule la tête du Bouclier de Gentem dépassait de l'eau.

En tant de crises, le plus simple était souvent de se réunir dans les sources chaudes, afin de discuter à tête reposée. C'était ainsi que Flavia s'était retrouvée face aux cinq Protecteurs de Gentem, tous nus à l'exception d'une serviette à la taille. Cara et Véra semblaient habituées, se moquant bien de dévoiler leur anatomie. Il fallait dire qu'avec les batailles, leurs armures avaient été parfois tellement déchiquetées qu'elles s'étaient retrouvées à poil parmi les démons. Idem pour Rainier et Lev. Alors, pas besoin de faire de chichi entre eux.

Flavia préféra tout de même garder sa serviette de sa poitrine à ses fesses. Elle ne le savait pas, mais Lev lui en savait gré. Il n'avait aucune envie que ses compagnons d'armes la voient complètement nue. Ce sentiment de possessivité le déconcertait un brin, mais il ne se posait pas plus de questions.

-Effectivement, répondit le Mage en agitant ses orteils à la surface de l'eau.

-Je suis intrigué, déclara Rainier en regardant le plafond. Je sais que nous avions d'autres Protecteurs, en des temps reculés. Mais nous avons perdu plusieurs Maisons avec le temps, car leurs pouvoirs ne se sont plus manifestés. Cela fait si longtemps que leur existence a tourné au mythe.

La Lance avait mal de partout. Atterrir au sol debout sur un dragon, ça avait tendance à abimer chevilles, genoux et hanches. Les sources chaudes, en cet instant, c'était du pain béni pour le Duc de Hastam.

-Toujours aussi bien informé, mon petit Rainier, le taquina Éléazar.

-Mais il a raison, fit Cara. Jadis, on parlait du duché de l'Arc, qui se trouvait à l'ouest de mes terres. Preuve est que ce n'est pas un mythe, puisque Flavia se trouve parmi nous.

Tous les regards se tournèrent vers la nouvelle Duchesse de Clypeus. Presque aussitôt, Lev passa un bras protecteur autour de sa taille, tout en lui embrassant la tempe.

-Personnellement, j'en suis ravi. Car sans ça, qui sait ce qui se serait passé sur-le-champ de bataille, aujourd'hui ?

-Je n'agressais pas ta femme, Lev, rit Cara. Je dis juste que nous avons la preuve en sa personne que ces maisons ont bel et bien existé. Mais, Flavia... j'imagine que ta sœur était au courant elle aussi.

Cette fois-ci, tous les regards convergèrent vers Véra. Cette dernière, les coudes posés sur le rebord du bassin, haussa un sourcil. Ses longs cheveux noirs humides collaient à sa peau, et si Flavia n'avait pas été préoccupée par la situation, elle aurait remarqué le regard d'El sur la poitrine ferme de l'ainée des Gladia. Néanmoins, cela ne dura qu'un bref instant, comme si rien ne s'était passé.

-À votre avis ? grinça Véra. Évidemment que je suis au courant pour Flavia. C'est moi qui lui ai ordonné de se taire.

-Idem pour moi et le Roi Oktar, soupira Éléazar d'un air dramatique. Si jeune, et si caractérielle, déjà à l'époque...

-Le côté caractériel n'a pas changé, ricana Lev. Quant à la jeunesse... Fais voir tes rides, Véra ?

Il se prit le savon en pleine tête, ce qui fit bien rire les Protecteurs. Rainier fut le premier à se calmer.

-Bon, je connais votre père, à toutes les deux. Lev serait d'accord avec moi pour dire que c'est un sombre connard. Mais s'il avait eu connaissance qu'une deuxième de ses filles était une Protectrice, tout le royaume l'aurait su. Je ne peux qu'imaginer que tu as pris cette décision pour protéger ta sœur, en lui épargnant les champs de bataille, les magouilles politiques et manipulations en tout genre. Mais... Pourquoi ne pas nous l'avoir dit, à nous ?

Les deux sœurs se regardèrent. Finalement, Flavia hocha la tête, avant de regarder Lev. Ce n'était pas à Rainier qu'elle devait s'adresser en priorité. S'il y en avait bien un qui devait savoir, c'était lui. Mais en croisant son regard violet, elle sentit son courage s'envoler.

-Flavia... murmura-t-il en posant une main sur sa joue. C'est si dur que cela ?

Elle se mordit la lèvre.

-Vous connaissez tous l'histoire de la mort de notre mère, n'est-ce pas ? lança Véra, de l'autre côté du bassin.

Flavia baissa le nez.

Il allait savoir qu'elle lui avait menti. Omettre de dire que l'on était une Protectrice disparue, c'était une chose. Mais lui mentir ? Au Duc de Clypeus ? Elle lui avait dit que ses cicatrices venaient de là. Qu'un démon ailé les avait attaqués, sa mère et elle, quand elle était enfant. Que sans Véra, elle serait déjà morte. Mais...

-Oui. Avec le démon que tu as lardé de coups d'épée, réfléchit Cara. Il parait que tu l'avais quasiment réduit en bouillie, à l'époque.

En écoutant, Lev ne quittait pas du regard sa femme. Elle semblait angoissée.

-Ouais. En fait, il était déjà mort que je l'ai tailladé. C'est Flavia qui l'a tué.

La jeune femme pouvait sentir l'attention tournée vers elle. Elle avait envie de disparaitre sous l'eau. Mais pour autant, elle ne pouvait empêcher sa sœur de parler. Après tout, ils avaient le droit de savoir, non ? À quel point elle avait été incompétente...

-Mais je n'ai pas été capable de sauver notre mère, souffla-t-elle. Le démon m'a grièvement blessée, mais ce n'est que lorsque maman a pris le coup fatal que mon pouvoir s'est réveillé.

Elle revoyait cette belle journée de printemps. Le piquenique avec sa mère, cette belle femme toujours souriante. L'attente de Véra, qui devait les rejoindre après avoir fini son entrainement. L'ombre noire sur leur nappe. Puis la douleur. Le sang. Et une rage qui avait déferlé en elle, déclenchant un pouvoir qu'elle n'était pas censée avoir.

C'était sa flèche qui avait explosé la tête du démon, expliqua-t-elle. Véra, qui avait vu l'attaque alors qu'elle les rejoignait pour le piquenique, était arrivée à l'instant où la créature tombait au sol. Elle avait constaté la mort de leur mère. Et pourtant, elle avait gardé son sang-froid. Elle avait soigné Flavia du mieux qu'elle le pouvait, tout en appelant Éléazar. Tous deux jeunes adolescents, le Mage et l'Épée avaient fait au mieux. Il avait soigné Flavia de blessures mortelles, tandis que Véra s'en allait couvrir les preuves. Elle avait tailladé le démon ailé, tant et si bien que plus personne n'aurait pu dire qu'il était mort d'un tir de flèche de Protecteur.

Couverte de sang, elle était retournée vers sa petite sœur, défigurée à vie. Vers le corps de leur mère, qui s'était sacrifiée pour la sauver. Elle lui avait alors ordonné de se taire. De ne jamais rien dire sur sa capacité.

Jamais, au grand jamais, Véra ne voulait voir sa petite soeur sur le champ de bataille. Jamais... Jamais elle ne voulait la revoir ainsi. En sang. En larmes. Endeuillée.

Alors, elle décida de porter seule la responsabilité des évènements. Car après tout, c'était son absence de vigilance qui avait permis, à l'époque, au démon de passer.

Un long silence suivit la déclaration des deux sœurs. Flavia se trouvait dans les bras de Lev, qui l'avait attiré à lui sans réfléchir. Finalement, ce fut lui qui brisa le silence.

-Personnellement... Mes pouvoirs se sont déclarés lors d'une tentative d'assassinat. Un homme m'a décoché une flèche en plein visage. Mon Bouclier est apparu et a dévié le tir, qui a fini dans le crâne d'une servante.

Sa femme releva la tête, incrédule.

-Pour moi, c'était pendant une partie de chasse, fit le Duc de Hastam. J'avais échappé à la surveillance de mon père, et je m'étais retrouvé acculé par un ours. La panique et la peur on fait apparaitre ma Lance pour la première fois. Mais le coup est parti si fort que j'ai tué l'ours, le cheval de mon père et emporté sa jambe au passage.

-Ah ah, j'avais oublié que ton père avait fini unijambiste par ta faute, Rainier ! Pour ma part, c'est un peu comme Lev, grimaça Cara. On a tenté de me tuer, moi et toute ma famille, quand j'étais petite. Mon Marteau est apparu et j'ai démoli toute une aile du manoir en massacrant mes ennemis.

-Pour moi, tu connais l'histoire, Flavia, soupira Véra. C'est quand père m'a abandonné dans la forêt, parce que je lui avais encore désobéis. Éléazar, lui, n'a aucune histoire.

-Parce que vous avez tous eu besoin d'évènements traumatiques pour déclencher vos pouvoirs, ricana le Mage. Moi, je suis né parfait.

Cela déclencha l'hilarité des Protecteurs. Pantoise, Flavia les considéra. Une histoire tragique se cachait derrière chaque Duc, chaque Duchesse. L'apparition de leur arme ne s'était pas faite sans conséquence.

Tout comme pour elle.

Pourtant, elle restait inquiète. Comment serait Lev, une fois qu'ils seraient seuls ?

La réponse lui vint une heure plus tard, lorsque chacun eu rejoint son domicile. Dans la salle des portails avec son époux, Flavia pouvait sentir la soudaine tension qui irradiait d'elle. Les bras croisés, le Duc de Clypeus semblait en pleine réflexion.

-Mmh... Flavia...

-Oui ?

-Je pense que tu mérites une punition.

Incrédule, elle leva la tête vers lui. Pour croiser des yeux violets mutins, ainsi qu'un sourire qu'elle commençait à bien connaitre. Son humeur changea du tout au tout. Son cœur battit un peu plus vite, tandis que des papillons voletaient dans son ventre.

-Vraiment ? Et en quel honneur ?

-Cachotterie aggravée, déclara-t-il avec le plus grand sérieux.

C'était un très faible mot pour tout ce qu'elle n'avait pas dit. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de glousser lorsqu'il passa un bras autour de sa taille, pour l'attirer à la lui.

-Dans ce cas, quelle est la punition, monsieur le Duc ?

-Te retenir aux limites de la jouissance si longtemps que tu m'imploreras d'assouvir tes désirs les plus fous.

*

Debout dans la neige, Lev pouvait voir derrière ses hommes la forteresse des Clypeus. Le sol autour du bâtiment était à nu, couvert d'herbes grasses en raison de la chaleur dégagée par les sources chaudes en dessous. Mais à une telle distance de l'habitation, les rudes conditions du Nord se manifestaient de nouveau. Le printemps n'était toujours pas arrivé, ici.

Vêtu de blanc rehaussé d'argent, le Duc se tenait face à ses soldats d'élite, qui semblaient incertains. Ils ne se trouvaient ni sur le terrain d'entrainement, ni sur la zone de départ du portail. Les toisant d'un regard dur, le duc décida qu'il les avait assez mis mal à l'aise comme ça. Après tout, ils formaient le Bataillon du Nord, les seuls en qui il avait réellement confiance après Flavia et les Protecteurs.

-Messieurs, vous étiez tous avec moi hier dans les terres désolées, déclara-t-il. Vous avez tous vu, comme moi, ma femme faire preuve d'aptitudes inattendues.

Ils hochèrent tous la tête. Lev les scruta, attentif.

-Le Roi est déjà au courant de la situation. Néanmoins, je vous demanderai de garder le silence pour le moment. Pour la bonne et simple raison que personne ne doit savoir que Flavia a atterri sur le champ de bataille. C'est clair ?

-Mais... Elle a aidé à abattre un dragon... Elle mérite des honneurs, pour ça.

Le Duc fit un sourire un brin complaisant au soldat qui venait de parler.

-Ce n'était pas son premier dragon, Frank. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine : quelqu'un a poussé ma femme au travers du portail, dans l'espoir qu'elle se fasse tuer durant les combats.

Un murmure parcourut ses hommes, incrédules.

-J'ai toute confiance en vous, ajouta Lev, sans le moindre sourire. Néanmoins, à ce jour, nul n'est capable de dire qui a poussé votre Duchesse.

Son regard glacial balaya le bataillon, qui se tut.

-Vous avez trois heures pour trouver qui est le traitre. Mais gardez-le en vie.

Lev posa les yeux sur la forteresse, les mâchoires serrées.

-Je veux savoir qui a osé commanditer le meurtre de ma femme.

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