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Bjorn
Il y a des soirs ou le Club ne ressemble plus au club mais à une boîte de nuit et nous étions l'un de ces soirs.
J'invite tout le côté de la ville que j'occupe, le côté Sud de Détroit.
C'est pendant ces soirs-là, que Roald et moi-même recrutons de nouvelles filles, de nouvelles danseuses et de nouveaux passeurs pour nos petites affaires.
Roald a un œil plus... aguerri, en matière de nana. La seule que j'ai embauchée, c'est Zuria. Elle a su se vendre mais je ne sais pour quelle raison, Roald n'en voulait pas.
Je ne m'intéresse pas aux femmes.
Ici, chez les bikers, c'est soit l'amour, soit la vie. Inutile de préciser que je préfère respirer encore un peu.
La soirée bat son plein. Je surplombe la scène et les banquettes depuis l'étage « royale », avec plusieurs de mes hommes.
J'aime avoir une vue d'ensemble.
Roald à mes côtés, ne tient pas en place et trépigne.
- Roald ? Je marmonne par-dessus le goulot de ma bouteille de bière.
- Ouais ?
- Si tu ne t'arrête pas de bouger comme une gonzesse qui a envie de pisser, je te coupe les jambes et je les donne à bouffer aux clebs pendant que tu regardes, compris ? Je lance un regard menaçant.
Il stoppe ses martèlements. Encore un peu et il me faisait un trou dans le plancher ce crétin.
- Il t'arrive quoi ? Tu m'expliques ou je dois devenir médium ? Je le fixe, toujours avec le même regard noir.
Il est tendu et lorsqu'il est comme ça, ce n'est jamais bon signe.
- C'est Zuria, elle a plusieurs retards et tu sais ce qui arrive...
Je le coupe dans son élan.
- Bien sur, certains clients se barrent aussitôt quand il ne la voit pas sur cette piste à la con... et donc pas d'entrée d'argent pour les bikers.
Je remarque que Finn nous écoutent. Il hausse les épaules.
Il n'aime pas les filles du club. Enfin si, une. La petite Liv mais Finn n'est pas du genre grand bavard depuis son séjour à l'hôpital. Il se contente de la regarder depuis son entrée au club. Il pense que parce qu'il ne parle pas, il est discret. S'il savait, il se fourre le doigt là où je pense. La petite rousse ne fait que d'en rajouter quand elle sent son regard posé sur elle.
Je pivote sur la scène en y voyant Zuria qui débarque avec dix minutes de retard depuis mon coup de fil. Cette petite conne danse comme si la scène lui appartenait.
Les hommes la sifflent, d'autres applaudissent, même des chiens en rut n'auraient pas autant d'énergie.
C'est étrange. On ne s'est pratiquement jamais parlé mais je suis partagé entre plusieurs sentiments.
La possessivité et l'envie de la protéger des hommes d'ici.
La fierté également. Traitez-moi de connard si vous voulez, mais Zuria, c'est un peu comme un trophée que tous les mecs de cette ville s'arrachent.
Un dernier sentiment me permets de douter de mon sang-froid quand je l'aperçois, c'est l'envie de la tuer. Des fois je ne supporte même pas sa présence. Quelque chose me dérange et ce mystère qui stagne sans cesse autour d'elle me mets les nerfs à vif.
Je fais signe à Finn de s'approcher. J'hurle pour me faire entendre au-dessus de la musique du club.
- Finn ! Une fois que le show est terminé, ramène celle-ci dans mon bureau. Je pointe Zuria du bout de ma bouteille vide et je la refile à Roald. Toi, viens avec moi mais avant va m'en chercher une autre.
Finn et Roald obtempèrent. Avec mes hommes, tout a toujours été facile. Je suis le fils d'un biker. Eux aussi. C'est mon père qui a créé ce club, il m'a tout appris et il a été évident qu'a sa mort, j'hérite du gros paquet.
Tout est à moi. Le club des biker, le club de strip, les motos, les nanas et même un morceau de cette maudite ville.
UN MOMENT PLUS TARD
On frappe à la porte de mon bureau. « Bureau » est un grand mot. Une vieille table, arborant tous les noms des membres du club sur plusieurs années. Deux chaises, histoire de rester conviviale même dans les pires moments de négociation. Un mur jonché de cadres photo du club de l'enfer et pour finir, un bar, évidemment.
- C'est nous Bjorn, avec la fille. Lance Roald.
- Entrez ! Je crie presque, affalé au fond de ma chaise, mes jambes posées sur l'angle du bureau.
Finn passe la porte, suivi de Zuria et Roald.
Elle est en petite tenue de scène et me regarde comme un lapin pris entre deux phares. Elle est mal à l'aise, j'hallucine. Mes deux hommes s'adossent à la porte d'entrée.
Je lance un coup de tête à Roald puis sur Zuria.
- Donne-lui ta veste. J'ordonne.
- Quoi ?! Il me fixe interloqué
- Ferme la Roald, tu m'as bien entendu.
Roald fulmine, je m'occuperai de son cas plus tard. Il tend sa veste à Zuria.
Mon regard se porte sur elle. Même son nom de scène vous emmène dans un autre monde à lui tout seul.
Sa chevelure brune et épaisse ondule sur le côté de son épaule et ses yeux noirs ne laissent rien paraître. Ses sous-vêtements noirs en dentelle laissent entrevoir sa poitrine, généreuse mais pas trop.
Elle croise ses bras contre celle-ci. Mes yeux peuvent être baladeurs quand il s'agit de son petit être fragile.
- Je ne veux pas de sa veste, ça ira. Lance-t-elle avec dédain.
Je me lève et je prends le blouson en cuir des mains de Roald. Il recule auprès de Finn qui est resté contre le cadrant de la porte et je recouvre les épaules de Zuria.
Elle n'a pas bougé. Elle n'a pas parlé, pas même une marque de politesse.
- En plus d'être têtue, tu es mal polie ma jolie.
Elle sourit en coin pendant que Finn quitte la pièce. Comme je l'ai précisé, il n'aime pas les filles du club.
- Je suis là pour mon retard, non ? Questionne-t-elle.
- Bravo Sherlock ! Ce n'est pas un retard mais plusieurs et... ça commence à faire beaucoup pour mes affaires.
Ses sourcils se froncent, j'ai touché un point sensible on dirait.
- Je suis une de tes affaires ? Tu penses que tu m'offres quelque chose de sain ici ? C'est une cage dorée, Bjorn !
Oh, si tu savais... Tu es bien plus qu'une affaire pour moi.
- Eh oui, mon petit oiseau. C'est moi qui suis venu te chercher ? Je te rappelle que tu es venue à moi.
Elle marmonne quelque chose d'inaudible. Je poursuis.
- Tes retards et ton nez qui fouine partout me dérangent.
Finn revient. Il nous interrompt en me tendant un papier. C'est son seul moyen de communication en cas d'urgence.
Je déplie le carré blanc : « Thomas Arman a été tué »
- Putain ! Je serre le poing et celui-ci vient s'effondrer par colère contre la table.
Zuria sursaute. Je déchire le papier, je pointe du doigt mes deux hommes en hurlant.
- Comment ?!
Roald prend la parole.
- Il à été retrouvé prêt d'un entrepôt, du coté des Braxdown. On en sait pas plus, étant donné qu'il n'est pas sur notre territoire.
Je réfléchis, je cogite, je cherche qui peut bien s'amuser à tuer mes clients les plus blindés, merde.
L'argent rentre difficilement dans nos caisses et déjà une dizaine de mes clients y sont passés. A ce train la on ferme bientôt ce putain de club.
- Roald, va voir si tout se passe bien en haut.
- Mais je... Il hésite.
- Arrête de négocier, casses toi !
Une fois Roald parti, je sens Zuria stressée. Je suppose que son genou bouge à un rythme effréné sous le bureau, car le sol tremblotte légèrement sous les secousses répétitives.
Une idée me traverse l'esprit en la regardant.
En jetant un coup d'œil à Finn, je sais qu'il pense la même chose et vient se ranger à mes côtés, me signifiant qu'il me suivra dans mon plan.
- Zuria ?
- Oui ? Me répond-elle fébrilement.
- L'autre fois, tu as vu ce qui s'est passé pour l'homme... dans la rue.
- Oui... Elle baisse les yeux, hésitante.
- Tes retards, puis ça... tu vas devoir te faire pardonner, si tu veux rester ici.
Elle sait qu'elle est sur un siège éjectable, je le vois maintenant dans son regard qu'elle pensait dissimuler jusqu'ici. Si elle ne nous suit pas, alors, j'appuierai sur le bouton et POUF, plus rien.
- Et qu'est-ce que je dois faire ? Lance t-elle.
Bizarrement, cette phrase sonne comme si elle l'avait déjà utilisée un milliard de fois et sans hésitation.
- Tu vas travailler pour moi. Son visage se décompose. Pas seulement en tant que danseuse, Zuria, mais également en tant qu'enquêtrice.
Je tourne ma tête en direction de Finn qui sourit jusqu'aux oreilles, il adore ce genre de mission.
Je continue sur ma lancée.
- Une fille comme toi passera inaperçue, que ce soit ici ou chez les Braxdown. Finn sera ton homme pour ta mission. Tu verras, il est doux et silencieux comme un agneau.
- Euh... Elle déglutit.
Je ne la laisse pas finir.
- Tu auras tout ce dont tu as besoin. Voiture, moto, casque, arme et j'en passe.
Je me dirige vers la porte pour sortir en laissant Finn à ses côtés puis me tourne brusquement.
- Et au faite... ta mission consiste à trouver le fils de pute qui tente de baiser mon club en tuant tous ces gros chiens.