JULIETTE
Il venait de me quitter.
-Oh oh Juliette, ici la terre.
Je clignais des yeux en me reconcentrant sur mon agent qui semblait me parler mais que je n'entendais pas.
-Jérôme t'attend pour te parler de la cover du mois prochain.
-Ah euh ok.
-Ça va ?
-Oui.
Non.
Il venait de me quitter.
Cette phrase tourna en boucle dans ma tête alors que je suivais Claire à travers la foule.
Bêtement, je le cherchais, espérant qu'il m'ait fait une blague et qu'il était encore là.
Mais non, il venait de me quitter.
Respire.
Ne pleures pas.
Respire.
Ne pleures pas.
-Voilà la star !
Respire.
Ne pleures pas.
Souris.
Mes lèvres s'étirèrent mécaniquement en un sourire éclatant.
-Salut Jérôme.
-Depuis le temps que je te disais que tu avais besoin d'un coup de peps ! Les grandes blondes, c'est fini depuis des années ! Et entre nous ça emmerde tout le monde. Là tu vas pouvoir t'affirmer.
Mon cœur était déjà mal en point, il ne manquait plus qu'on attaque mon ego.
-Et dire que c'est moi qui vais faire ta première couv ! On va devoir tout cadrer sur ton visage et tes yeux, on ne voit qu'eux. D'ailleurs dis-moi, tu nous cacherais pas quelque chose ?
Mes sourcils se froncèrent.
-J'ai aperçu ton copain mais je ne le vois plus.
-Il vient de partir. Balbutiais-je.
Il venait de me quitter aussi accessoirement.
-Il ne reste pas pour ta grande annonce alors ?
-Quelle grande annonce ?
Une serveuse passa et j'attrapais une coupe de champagne au passage. Je ne finirais pas cette soirée sans un coup de pouce.
-Bah ta grossesse voyons. On ne voit que ça !
Ma bouche s'ouvrit sur le coup de la surprise.
-D'ailleurs si j'étais toi j'éviterais ça. Si quelqu'un te voit picoler ça va jazzer.
-Je ne...
-Oh mais je pense ! Si tu veux faire un shooting de grossesse je suis ton homme !
-Juliette.
Hallelujah Claire me sauvait.
-Je dois y aller ça a été un plaisir Jérôme on se voit la semaine prochaine.
-Tu réfléchiras à ma proposition.
-Oui.
-Quelle proposition ? Me demanda Claire en s'éloignant.
-Mon shooting de grossesse.
-Je croyais que tu voulais pas d'enfants.
-Je n'en veux pas. Mais il pense que je suis enceinte.
Elle écarquilla les yeux.
-Il m'a dit qu'on ne voyait que ça. Tu trouves que j'ai grossi ?
-Non. Ta robe est aux mêmes mesures que d'habitude. C'est peut être la matière. Ou alors t'as tes règles ?
-Non.
Je soupirais un grand coup.
-Claire ?
-Oui ?
-J'aimerais rentrer.
-Ne prends pas la mouche pour Jérôme tu sais qu'il se fait toujours des films.
-Il n'y a pas que ça.
Elle se détacha de son portable pour me regarder. Ça lui arrivait parfois, de vraiment décrocher pour me jauger. Son visage s'affaissa quelque peu, je devais vraiment tirer une tronche bizarre pour qu'elle le remarque.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Quand tu es arrivée tout à l'heure dans les toilettes...
-Quand je t'ai trouvé avec Lénaïc ?
J'hochais la tête.
-Je vous ai dérangé ?
-On s'est séparé.
-Tu aurais dû me le dire tout de suite.
-Je pensais pouvoir mettre ça de côté quelques heures.
-Ça va ?
-Non.
-Vas m'attendre devant je vais t'excuser auprès des DA et organiser ta sortie.
-Merci.
Moins de vingt minutes plus tard, j'étais dans une voiture après avoir traversé une foule de paparazzis.
-Ton nouveau look fait fureur.
-Ah.
Je n'avais rien d'autre à ajouter, trop occupé à vérifier chacun de mes comptes sur les réseaux sociaux pour voir si il ne m'avait pas laissé de message.
Mais non.
-Juliette ?
-Oui ?
-Je t'ai demandé si tu voulais rentrer chez toi.
-Où tu veux que j'aille ?
-Tu peux venir à la maison si tu veux.
-Sans que t'ais prévenu ta femme ? Merci mais on va avoir assez d'une crise conjugale à nous deux.
Elle rit.
-Alors je reste avec toi.
J'allais protester mais elle était déjà en train d'envoyer un audio.
-La soirée désemplit pas c'est de la folie ne m'attends pas pour dormir je vais rentrer tard. Bisous chérie.
-T'es pas obligée Claire.
-Je ne vais pas rater une occasion de te faire mon cocktail de crise.
-Merci.
-Tu me remercies de vouloir te cuiter ?
-Non, d'être là. D'être toujours là.
-C'est normal poulette.
On se traîna jusqu'à mon appartement.
-Je vais me changer fais comme chez toi.
Je troquais ma robe et mes talons pour un ensemble de survet et des chaussons moumoute avant de m'attacher les cheveux pour m'appliquer une énorme dose de beurre démaquillant.
C'était bien joli la frange mais je passais ma vie avec un bandeau pour ne pas l'avoir dans les yeux pendant qu'on me maquillait et quand je devais me démaquiller.
Claire devait déménager dans mon appart vu le boucan qu'elle faisait et je regardais une dernière fois mon portable avant de la rejoindre.
Toujours rien.
-T'en fais un bordel les voisins vont encore se plaindre.
-Si t'avais pas que des bouteilles vides dans ton bar j'aurais pas à le vider.
-Ça fait tellement longtemps que j'ai rien fais ici en même temps.
-Il y a un fond de tequila et un fond de gin.
Je grimaçais.
-J'ai pas envie de boire. Le champagne m'a un peu barbouillé.
Elle ne se gêna pas pour finir la tequila alors que j'optais pour une infusion de camomille.
-Je me doutais que ça n'allait pas top top mais de là à ce que vous vous sépareriez.
-Il en a eu sa claque de moi. Répondis-je en haussant les sourcils.
-Comme ça ? D'un coup ?
-Après le shooting joaillerie je lui ai dis que je voulais qu'on prenne un peu de temps. Ce soir il m'a demandé où j'en étais de mes réflexions sur notre couple mais comme j'en savais trop rien il a décidé que c'était la chose à faire. Il m'a quitté en me disant qu'il allait jouer le rôle du méchant parce que je voulais vraisemblablement pas le tenir.
-Mais ?
-J'ai pensé à une rupture. Je me suis même dis à un moment que c'était la seule issue pour qu'on avance. Mais quand je l'ai entendu dire la même chose ça m'a quand même fais mal.
-C'est la rupture qui fait mal ou la façon dont il l'a fait ?
-Je ne sais pas. Est-ce qu'on s'aime réellement encore déjà ? Si ça se trouve c'est le coup qui est dur à encaisser mais une fois que ça le sera je trouverais que c'était la meilleure chose à faire.
-Certainement.
-On a grandi ensemble. On a traversé le succès, les scandales, les rumeurs, tout. Alors j'ai du mal à me dire qu'on n'était pas faits pour traverser la vie ensemble.
Si Claire était douée pour quelque chose, c'était bien les changements de sujet. Elle parti donc à me raconter tout un tas de conneries avant enfin rentrer chez elle après que je lui ai assuré que je survivrai sans elle jusqu'à demain matin.
J'étais très loin d'être fatiguée et me retrouvai donc à errer dans mon appartement.
Peut être que j'avais encore soif ?
En voulant prendre la bouteille d'eau dans le frigo, je me retrouvais face à la porte de ce dernier et surtout aux photos que j'y avais affiché.
Neuf ans de ma vie, de notre vie, apparaissaient sous mes yeux.
Je me détournais rapidement avant de me rendre compte qu'il était partout.
Il m'avait offert le grand miroir dans le salon, on avait galéré tous les deux à installer le porte manteau dans l'entrée, d'ailleurs une de ses veste de costume y était pendue depuis presque deux ans maintenant. La salle de bain était remplie de ses produits éparpillés du rebord du lavabo jusqu'au sol de la douche.
Pensant trouver refuge dans ma chambre, je me heurtais une nouvelle fois à lui en tombant sur un sweat à son effigie qui dépassait de ma valise.
Une fois bien enfouie sous ma couette, je ne pu m'empêcher d'ouvrir ma galerie de photos et de faire glisser mon doigt pour remonter le plus possible.
Notre première photo ensemble avait été prise quand il m'avait emmené en week-end dans la maison de ses parents en Bretagne. On était au bord de la mer, mes cheveux fouettant et cachant son visage à cause du vent. On ne voyait que son grand sourire ce qui contracta une partie de mon cœur se souvenant d'à quel point ce sourire avait contribué à me faire fondre.
Sauf que je n'arrivais plus à me souvenir la dernière fois qu'un de ses sourires m'avait été destiné.
En glissant mon doigt pour ne plus avoir à regarder la photo, je tombais sur une vidéo.
"-Tu filmes la ?
-Oui.
-OK, j'espère que t'es prête alors parce que ça va être impressionnant"
J'avais complètement oublié ses tentatives pour percer en tant que cascadeur. Dès qu'il y avait un lit ou un canapé dans la même pièce que lui, il se sentait obligé de faire des roulades et toute sorte d'autres figures seulement connues par lui.
Je ne me souvenais plus de pourquoi il avait commencé à le faire, mais ça me faisait tellement rire qu'il avait continué pendant un long moment. Il adorait surtout venir réclamer le baiser du champion à la fin de sa démonstration.
J'avais encore tout un tas de vidéos de lui sur la plage faisant des acrobaties.
"-J'ai besoin que tu m'aides viens.
-Hors de question Len.
-Mais si viens.
-Ça sent le plan foireux d'ici ton truc.
-Mais non. Tu me fais confiance ?"
Un petit pincement dans ma poitrine se fit sentir.
C'était la période où je n'avais plus confiance en aucun homme et pourtant dès les premiers instants je l'aurais suivi au bout du monde s'il me l'avait demandé.
"-OK mais si tu te fais mal je t'emmène pas à l'hôpital.
-Je ne vais pas me faire mal."
Il voulait faire une sorte de poirier et que je lui attrape les chevilles mais malgré son corps d'adolescent rachitique de l'époque, il était beaucoup plus lourd que moi et nous fit tomber tous les deux sur le sable.
J'avais éclaté de rire, tenant toujours fermement mon téléphone et alors que j'étais toujours étendue sur le sable, son visage était apparu au dessus du mien.
"-Ça va?
-Oui.
-Je t'ai pas assommé ?
-Il en faut plus pour m'assommer tu sais.
-Tu veux pas un bisou magique juste au cas où ?"
Mon cœur se mit à battre la chamade devant la tendresse de son baiser.
Je verrouillais l'écran de mon portable avant de le poser sur la table de nuit comme si ça allait me faire oublier tous ces souvenirs.
Me roulant un peu plus en boule, je laissais couler mes larmes jusqu'à m'endormir d'épuisement.
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Qu'est ce qui est pire ? Te faire quitter au milieu d'une soirée ou qu'on pense que t'es enceinte alors que pas du tout ? Ou qu'on pense que t'es enceinte après t'être fais quitter ? 🤔🤔🤔
Je vous laisse méditer 😂😂