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By Maarsat

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Il n'imaginait pas, à ce moment là, qu'il venait de lancer les dés, et d'engager une partie sans fin, et sans... More

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By Maarsat

Après le lycée, bien qu'ils continuaient leurs études chacun de leur côtés et qu'ils se retrouvaient souvent séparés, il leur restait les week-end pour continuer de se créer des ennuis, alors qu'ils regagnaient le domicile familial expressément pour se croiser.

Les samedis, Katsuki travaillait dans une épicerie d'une ville voisine, histoire de gagner un peu d'argent.
Ses parents payaient ses études, mais il appréciait de pouvoir s'offrir des cadeaux à lui même avec ses propres ressources.
Ça lui donnait une impression de liberté et, même s'il n'aimait pas particulièrement devoir se lever aux aurores pendant ses jours de libres, il tenait bon depuis plusieurs semaines.
Parfois il tenait la caisse, d'autre fois il se coltinait la mise en rayon.
Dans tous les cas, il s'ennuyait souvent malgré sa détermination.

Tout du moins jusqu'à ce que Deku débarque, un samedi comme un autre un peu après quatorze heure.
C'était à son tour de jouer et, en le voyant arriver du coin de l'oeil, Katsuki sut tout de suite qu'il serait très certainement viré de son poste avant la fin de la journée.

Silencieux, sans même le regarder, Izuku s'avança dans un rayon quelconque, semblant s'intéresser aux prix sur les articles pendant près de deux minutes.
De loin, près de l'étalage à légumes, Katsuki surveillait ses actions, à l'affût du moindre geste pouvant trahir ses plans.
Oubliant de garder un oeil sur le reste du magasin, il scrutait la courbe de son dos à travers son pull fin, les lignes de ses épaules qu'il devinait sous le tissu, et les mèches furieuses de ses cheveux mal arrangés.

Il le faisait taire, mais un grondement étouffé tentait de faire vibrer sa poitrine quand ses yeux parcourait ses jambes, remontant progressivement vers ses hanches, puis la cambrure légère au dessus de son coccyx.
C'est vrai, Deku possédait, quoi qu'en dise Katsuki pour se voiler la face, un beau corps.
Et, quand ce dernier se retourna, abandonnant les étiquettes pour le regarder en souriant, il devait avouer que son visage aussi s'avérait magnifique.
Ses yeux transpiraient une joie de vivre sincère, et ses tâches de rousseur détenaient le pouvoir d'ensorceler Katsuki, surtout quand elles brillaient aux reflets de la lumière de l'après midi.

- Katchan, tu peux venir voir s'il te plaît ?

Sa voix, bien trop innocente pour être honnête, faisait malgré tout trembler ses tympans, même s'il s'efforçait de ne pas s'en rendre compte.
Izuku l'attirait déjà, et il a pris conscience bien trop tard de tout ce qu'il mettait en œuvre pour l'ignorer.

S'approchant de lui, comme il venait de lui demander, il se posta à sa droite, échangeant un regard inconsciemment complice avec lui.
Et puis, le plus naturellement du monde, presque comme s'il n'avait pas une idée derrière la tête, Izuku l'interrogea "innocemment" en pointant du doigt deux paquets de gâteaux quelconques.

- Pourquoi celui ci est plus cher alors que c'est les mêmes ?

Arquant un sourcil, Katsuki examina les deux emballages, qui n'étaient soit dit en passant pas du tout les mêmes, avant de plisser le front, quelque peu incrédule.

- T'es con ou tu le fais exprès ? C'est pas la même marque Deku.

- Ah ?

Ça sentait pas bon cette histoire mais, bon joueur malgré lui, Katsuki le laissa avancer dans son délire, de toute façon, il n'avait pas le droit de se défiler.
Et, en pivotant légèrement pour lui faire face, Izuku posa sa main sur son bras.
Sans presser ses doigts, juste en l'effleurant sous sa paume, il papillonna des cils comme une demoiselle.

- J'ai cru, désolé Katchan. J'espère que je ne t'ai pas trop embêté pendant ton travail ...

Puis, faisant glisser sa main le long de son épaule, chavirant subitement sur son torse, il balada ses doigts sur les motifs cousus de son polo de travail.
Dévalant la courbe de son abdomen, déclenchant des sensations à la fois gênantes et grisantes sous son estomac, Izuku gardait ses yeux plantés dans les siens.

- À quoi tu joues Deku ?

- À rien pourquoi ?

Sa petite provocation le rendait quelque peu nerveux, conscient que ça ne pouvait être qu'un jeu, et finalement peut être un peu déçu de cet état de fait.
Ceci dit, il s'agissait de la première fois que des provocations prenaient une telle ampleur, et Katsuki eût l'impression qu'il ne jouait qu'à moitié. 

- Pourquoi tu me touches comme ça ? C'est bizarre.

- On se connait depuis longtemps Katchan, et on a rien à se cacher toi et moi ...

Le ton de sa voix devenait carrément suave, comme de véritables avances à peine dissimulées et, contre son gré, la peau de Katsuki frissonna.
Le long de son dos, un frémissement parcourut sa colonne vertébrale en même temps que la main d'Izuku voguait dangereusement aux abords de la boucle de sa ceinture, toujours sans cesser de le regarder dans les yeux.

- De quoi tu parles ?

- Je sais pas ... Peut être qu'on pourrait se dire la vérité maintenant ...

Aujourd'hui, avec des années de retard, il se dit que ses sentiments étaient peut-être déjà réciproques et que, sous couvert d'une nouvelle attaque, Deku a tenté de lever le voile sur ce qu'ils partageaient réellement.

- De quelle vérité tu parles ?

- Bah .. tu sais .. on passe beaucoup de temps ensemble, je te connais par cœur, tu me connais par cœur. Regarde, je te met même la main au froc et toi tu dis rien ...

Passablement tendu, sentant ses doigts qui venaient de défaire la boucle métallique, puis venant s'attaquer au bouton en cuivre de son jean, il serrait les dents alors que son rythme cardiaque s'affolait contre son gré.
Honnêtement, il se demande encore parfois comment il pouvait se voiler à ce point la face, alors que son corps tout entier lui envoyait des signaux indéniables. 

- Je comprends rien à ce que tu racontes Deku.

Puis, en se mordant la lèvre inférieure, Izuku tira lentement sur le curseur de sa braguette, ouvrant grand son jean pour révéler un morceau de son boxer.
Progressivement, un sourire sadique se dessina sur son visage et, alors que Katsuki attrapa son bras pour l'empêcher d'aller plus loin dans son exploration, un éclat vicieux illumina son regard.
Tout à coup, surprenant Katsuki qui sursauta subitement, Deku se mit à hurler de toutes ses forces dans le rayon.

- Mais lâchez moi ! Vous êtes complètement taré, espèce de malade !!

Faisant mine de se débattre, simulant la colère et une fausse panique, il s'agita quelques secondes, jusqu'à ce que le responsable de l'épicerie se pointe au pas de course.
Et là, le jean grand ouvert et la main agrippée au bras d'Izuku, Katsuki se retrouva comme un con devant son patron complètement effaré.

- Non de Dieu mais qu'est ce qu'il se passe ?!

Il se souvient que, pour la première fois, ses oreilles bourdonnaient, et sa respiration, dont il avait perdu le contrôle, lui brûlait la gorge.
Le décor devenait flou autour de lui, et Izuku, s'éloignant d'un pas faussement apeuré, l'accusa d'avoir voulu l'agresser.

La minute suivante, il se faisait virer sur le champs. 

Mais surtout, il venait de perdre une occasion de s'avouer ses propres sentiments.
Et, il ne le savait pas encore, mais il en ratera encore bien d'autres par la suite.

Après cet incident, sa mère a dû intervenir auprès du patron de l'épicerie, qui menaçait de déposer une plainte contre lui.
Couverte de honte, elle lui a raconté le petit jeu débile qu'il menait avec Izuku, c'est pas pour autant qu'il l'a réengagé, mais au moins il ne l'a pas dénoncé à la gendarmerie, pour un fait qu'il n'avait pas commis qui plus est.

Mitsuki, complètement à bout de nerfs après des années à supporter leurs conneries en tous genres, ne savait même plus comment s'y prendre pour tenter d'y mettre un terme.
Mais à vrai dire, il n'existait sûrement aucun moyen de les arrêter.
Et, bien que cette fois là l'avait sincèrement perturbé, à cause des caresses qu'il pensait malhonnêtes, et de la main de Deku sous son nombril, il a quand même riposté le week end suivant.

Une semaine jour pour jour après la fausse agression de l'épicerie, il apprit par le biais d'un voisin, qui ne pensait pas faire mal en lui disant, que Deku avait rendez vous dans un café d'une ville voisine, avec ce qui semblait être une conquête.

Sans se le justifier, une vibration sourde lui agita la poitrine, mais il enferma ce sentiment tout au fond de son inconscient, comme toujours.
Aujourd'hui, il est capable d'avouer qu'il s'agissait de jalousie, mais à l'époque, il s'est contenté d'ignorer l'énième avertissement de son cœur, préférant profiter de cette occasion pour prendre une nouvelle revanche.

Grâce aux indications du voisin, complice malgré lui, il se rendit dans le café en question et, en trouvant Deku seul à une table dans la salle, il s'installa face à lui, posant ses coudes sur le plateau, un sourire conquérant au visage.

- Deku.

Une lueur de surprise traversa ses iris verts mais, sans s'affoler pour autant, Izuku plissa le front en appuyant son menton dans la paume d'une de ses mains.

- Katchan.

Aujourd'hui, il repense souvent à cet instant précis, à cause de la posture de Deku. 
Sa main qui écrasait légèrement sa joue, accentuant la courbe de sa pommette et les reflets de la lumière sur ses tâches de rousseur, rendait son visage encore plus attirant. 
Ce jour là, mais comme tous les autres, Izuku était beau. 

- Paraît que t'attends quelqu'un. On peut peut-être l'attendre ensemble.

Étrangement, Izuku a sourit mais son visage trahissait une autre émotion que Katsuki n'a pas su interpréter, ni ce jour là, ni plus tard.

- S'il te plaît Katchan, pas aujourd'hui.

Feintant l'innocence, Katsuki secoua la tête de droite à gauche en haussant une épaule.

- De quoi pas aujourd'hui ?

- Gâche pas tout, j'ai rencontré quelqu'un, il est cool et ..

Il ne l'a pas dit, mais il l'a un peu mal pris de l'entendre dire ça.
C'était la première fois que Deku semblait vouloir faire passer quelque chose d'autre avant leur jeu, aussi stupide soit-il, et il avait le culot de lui demander de ne pas tout gâcher alors qu'il venait de lui faire perdre son boulot une semaine plus tôt.

- Moi tout gâcher ? Pour qui tu me prends Deku ?

- Alors pourquoi t'es venu ici si c'est pas pour faire une connerie ?

- J'ai pas le droit d'avoir envie de te voir ?

Sous l'ironie, se cachait une très grosse part de vérité.
Au fond, il avait surtout envie de le voir.

- Dis pas d'absurdités.

- Des absurdités ? Tu doutes encore de moi ?

Un rire timide traversa la bouche fermée d'Izuku, qui redressa finalement son dos, ramenant ses deux bras sous la table, avant de dévier son regard vers le fond de la salle.
Suivant des yeux les déplacements d'un inconnu, il soupira en pinçant ses lèvres.

- Il est là. Est ce que tu veux bien nous laisser ?

Près d'eux, un homme qu'il n'avait jamais vu s'avança, se postant près de leur table, et Katsuki prit le temps de le détailler.
Avec une pointe d'amertume, qu'il ne voulait pas s'expliquer, il posa un regard dédaigneux sur ses cheveux teints de violet, et sa coupe à faire jalouser un épouvantail.
De vilaines cernes bordaient ses yeux, et Katsuki se demanda si le gars n'était pas un peu toxico.

Bizarrement, il ne se sentit pas rassuré de laisser Izuku le fréquenter.
Mais, avant qu'il n'ait eu le temps de penser quoi que ce soit de plus, Deku se redressa sur ses jambes, s'approchant de son "rencard".

- Salut Hitoshi.

Le susnommé posa un regard curieux sur Katsuki et, avant qu'il ne prenne la parole, Deku s'empressa de le rassurer.

- C'est .. un voisin, on s'est juste croisé par hasard. Mais il allait partir de toute manière.

Alors, carrément vexé même s'il n'en montrait rien, Katsuki se leva à son tour, offrant aux deux autres un large sourire qui se voulait convaincant.
Puis, s'approchant au plus près d'Izuku, collant presque son torse au sien, il posa sa main sur sa hanche.
Sous ses doigts, il sentait quelques muscles contractés et, en inspirant son odeur, il glissa son visage dans le creux de son cou.

- Oui, je partais.

Et, déposant un baiser sur sa gorge, sentant la chaleur de sa peau frissonnante sur ses lèvres, il a sourit victorieusement.

- À ce soir, comme d'habitude.

Sans s'en rendre compte, son propre rythme cardiaque s'accéléra et, en s'éloignant d'un pas, retirant sa main de sa hanche, il croisa son regard une dernière fois, y lisant autant de honte que la promesse de se venger très prochainement.
Puis il est parti sans rien ajouter de plus, à la fois perturbé par le baiser qu'il venait de poser sur sa peau - le premier de sa vie avec Deku - que fier d'avoir réussi un nouveau coup.

Sans se retourner, il quitta le petit établissement pour marcher jusqu'à un arrêt de bus, s'asseyant sur un banc inoccupé, et fixa son attention sur la ligne de l'horizon derrière les constructions urbaines.
Imaginant ce que Deku ferait la prochaine fois, commençant à préparer la future riposte, mais surtout, repensant involontairement à la chaleur de la peau d'Izuku contre sa bouche.
Son cœur battait encore de manière chaotique, même s'il refusait de s'en apercevoir et, par automatisme, il passa sa langue sur ses lèvres en espérant y retrouver un gout particulier. 

- Katchan !

Coupé dans sa contemplation - et dans ses réflexions inavouées - il se retourna en entendant son surnom, fronçant alors les sourcils sur Deku, posté près de l'arrêt de bus.

- Ton rendez vous est déjà terminé ? Ça fait même pas cinq minutes.

- Tu te fous de moi ?! Après ce que t'as fait, c'était évident qu'il allait se barrer.

Étrangement, Izuku n'avait pas vraiment l'air en colère, tout au plus désabusé, mais pas en colère et, secouant la tête de dépit, il vint s'assoir à côté de lui sur le petit banc presque vide.

- T'abuses quand même.

- J'abuse ? T'es gonflé, j'ai perdu mon boulot à cause de toi la semaine dernière. Et puis c'était juste un mec. En plus j'suis sûr qu'il embrasse mal vu sa gueule.

- Ben j'en sais rien, j'ai même pas eu le temps de tester pour te dire figure toi. Et puis ton boulot .. toute façon tu te faisais chier là bas.

Katsuki croisa ses bras sous sa poitrine, s'affaissa contre le dossier, et sourit dans le vide, réalisant malgré lui combien les frontières de leur relation demeuraient flous, même pour eux.
Surtout pour eux, en fait ...

- Qu'est ce qui te dis que je me faisais chier ? Ça se trouve je m'éclatais.

- En rangeant des boîtes de conserves ?

- Bah ouais.

Puis, alors que le bus pointa le bout de son pare brise, Izuku se redressa sur ses jambes pour monter à l'intérieur, et Katsuki lui emboita le pas, en pensant que c'est dans un véhicule comme celui ci que tout a commencé, alors dix ans plus tôt à l'époque.
A ce moment là, il ne se doutait pas que tout volerait bientôt en éclats.

Dans un jeu à deux, faire entrer un troisième joueur en cours de partie n'amène jamais que des troubles, et Katsuki aurait pu s'en douter, s'il ne s'évertuait pas à ignorer l'importance d'Izuku dans sa vie.

Pourtant, un soir après sa journée à l'université, profitant d'un peu de temps libre pour aller prendre l'air malgré les températures fraiches du mois de novembre, il accepta la proposition de sortie de Mina, une camarade qu'il croisait souvent et qu'il l'embarquait parfois dans des fêtes plus ou moins foireuses. 

Pour une fois, elle ne l'emmenait pas dans un événement bien trop agité pour lui, l'invitant dans un simple bar pour lui présenter deux ou trois de ses amis. 
C'est là bas qu'il y a rencontré Eijiro pour la première fois et, au tout début, il l'a à peine calculé pour dire la vérité. 
Katsuki se sentait rarement à l'aise dans les conversations, même lorsqu'il acceptait les invitations de son plein gré, il se retrouvait souvent à fuir les discussions malgré lui. 

Mais, et il le découvrait plus ou moins à ses dépends, Eijiro faisait partie de ces gens qui aiment chercher le contact partout, provoquer les rencontres et faire connaissance avec tout le monde. 
Ce premier soir, il lui a tenu la jambe pendant plus d'une heure et, si Katsuki l'a d'abord trouvé carrément lourd, il s'est finalement laissé prendre par sa bonne humeur contagieuse. 

Et puis, à y regarder de plus près, il était plutôt bien foutu. 
Sa carrure laissait entendre de longues heures de musculation, et ses bras semblaient capable de porter de lourdes charges. 
Son sourire, bien que moins étincelant que celui d'Izuku, transmettait sa joie communicative autour de lui, presque autant que son regard pétillant, encadré par quelques mèches teintes de rouge et couvertes de gel. 

Katsuki le trouva plutôt attirant, pas extraordinaire non plus, mais attirant quand même. 
Et puis, il fallait l'avouer, il avait l'air de quelqu'un de bien, à qui on peut donner sa confiance et de son temps sans craintes. 
Etrangement, au cours de la longue conversation qu'ils ont partagée, il s'est retenu de lui parler d'Izuku. 
Peut-être se rendait-il compte, même inconsciemment, que leur relation bien trop floue risquait de semer le trouble dans ce début d'affinité avec Eijiro. 

Un rapprochement somme toute banal se créa entre eux, quand ils échangèrent leurs numéros de téléphone à la fin de la soirée. 
Rien de transcendant en soit, une relation comme il en existe des milliers d'autres, un ou deux rendez vous le jeudi soir, deux trois conversations téléphoniques à l'occasion pendant quatre ou cinq semaines. 
A mille lieux de ce qui le liait à Deku, sans défi ni enjeux, mais ça ne l'empêchait pas d'apprécier sa présence. 
Parfois même, il se surprenait à aimer l'éclat de son rire. 

Eijiro ne possédait rien de comparable à Izuku, vraiment rien, mais Katsuki crut véritablement, un moment, que des sentiments à son égard naissaient en lui. 
Instinctivement, pendant longtemps, il ne parla pas d'Eijiro à Deku, comme s'il savait qu'il risquait quelque chose à le faire. 
C'était la première fois qu'il lui cachait véritablement quelque chose, peut-être pour éviter d'impliquer sa relation avec Eijiro dans leur jeu. 

Quand il y réfléchit, c'est à ce moment là qu'il a commencé à briser les règles, en se défilant. 

Et puis, un jeudi soir, un peu après son vingtième anniversaire, il y a alors un tout petit peu plus de cinq ans, il a embrassé Eijiro en sortant du café, entre un lampadaire éteint et une bouche à incendie. 
Un baiser pas franchement romantique donc, mais qui lui a quand même plu, un peu.
Il n'a pas frissonné comme le jour où il a mis ses lèvres contre la gorge de Deku, mais il a apprécié malgré tout.

Il ne le savait pas encore, mais il venait officiellement de perdre le contrôle de la situation. 

Puisqu'ils se fréquentaient depuis un moment, sa mère a émit le souhait de rencontrer Eijiro assez rapidement et, en y repensant, il comprend qu'elle voyait sûrement en ce garçon la possibilité d'éloigner son fils d'Izuku une bonne fois pour toutes. 
Alors, un samedi soir, alors qu'ils sortaient ensemble depuis moins d'un mois, il a invité son petit ami à rencontrer ses parents chez eux, sans jamais lui avoir parlé de Deku. 

Un peu avant le début du repas, et pour s'éloigner des oreilles parentales indiscrètes, il invita naïvement Eijiro à marcher dans le quartier. 
C'était stupide de sa part, de penser qu'il ne croiserait pas Izuku en chemin mais, la main d'Eijiro dans la sienne, il lui fit vaguement visiter sa ville d'enfance. 
Entre deux conversations plus ou moins futiles, tournant au hasard à plusieurs intersections sans jamais se perdre, ils ne s'interrompirent que lorsqu'une voix bien trop familière résonna derrière eux. 

- Tiens, salut Katchan. 

Katsuki voulut ne pas se retourner, se défiler et briser les règles une seconde fois mais, par automatisme, c'est Eijiro qui engagea le mouvement pour faire face à Izuku, dont le regard se porta immédiatement vers leurs mains liées. 

Soudain, Katsuki sentit son cœur rater plusieurs impulsions, déclenchant une douleur sourde au fond de sa poitrine au moment de croiser les iris curieuses de Deku. 
Déjà humilié avant même qu'Izuku ne fasse ou dise quelque chose, il ne savait plus où se mettre. 
Conscient que cette rencontre ne pouvait en aucun cas bien se terminer, il tenta de l'esquiver, faisant mine de ne pas connaitre Izuku pour reprendre son chemin sans lui répondre. 

Et puis, alors qu'il priait pour que Deku n'insiste pas, il s'est figé comme une statue en l'entendant hausser le ton derrière lui.

- Tu sais que ton copain te cherche partout ? Il m'a appelé ce matin, il dit qu'il arrive pas à te joindre depuis hier.

Son dos s'est raidit en même temps qu'Eijiro lâcha subitement sa main et, le souffle coupé de stupéfaction, il a eu beaucoup de mal à avaler sa salive pour dégager ses cordes vocales et s'adresser à son petit ami. 

- L'écoute pas. Je t'expliquerai plus tard, mais ne crois pas ce qu'il dit.

Aujourd'hui, quand il repense à ce moment, il se sent astronomiquement con, lui qui avait fait foirer le début de relation entre Izuku et Hitoshi, refusait désormais qu'il lui fasse à peu près le même coup.
A la place de Deku, il l'aurait terriblement mal pris, il aurait peut-être même crié à la triche, il n'avait techniquement pas le droit de se défiler, les règles du jeu ne le permettaient pas.

Pourtant il l'a fait et, plantant Deku au milieu de la petite rue, il a saisit la première ouverture pour se tirer de là, Eijiro sur les talons.
Se réfugiant jusque chez lui pour s'enfermer dans sa chambre, il s'est alors trouvé face à ses responsabilités quand son petit ami lui a demandé des explications.

Et, comme il fallait s'en douter, la pilule ne passait absolument pas, quand il lui a tout raconté depuis le début. 
Omettant volontairement les détails des fois où il a effleuré la peau d'Izuku, il a néanmoins déballé tout le reste. 
Les défis stupides, les crasses sans nom et les problèmes qu'ils ont faillit avoir à plusieurs reprises à cause de leur petit jeu. 
Au fil de ses révélations, il voyait les yeux d'Eijiro s'agrandir et sa bouche s'ouvrir, jusqu'à ce qu'il l'interrompe avant la fin de son récit. 

- Je comprends pas bien la relation que vous avez Katsuki. 

Lui non plus, à vrai dire, ne la comprenait pas. 
Mais, pour ne pas perdre la face, il se la voila une fois de plus. 

- On est même pas amis Deku et moi- 

- Pas amis ? Excuse moi mais si je me fie à ce que tu dis, vous avez l'air de dépenser beaucoup d'énergie l'un pour l'autre. Tu m'as jamais parlé de lui avant d'ailleurs, est-ce que je dois aussi m'en inquiéter ? 

Se sentant étrangement prit au piège, mit face à des évidences qu'il ne voulait pas voir, il s'enfonça dans le mensonge qu'il se faisait à lui même depuis des années. 

- Non, pas du tout. Deku c'est .. C'est juste Deku, y'a rien de particulier à dire. 

- Oui rien de particulier, en dehors du fait que vous passez la moitié de votre vie ensemble depuis plus de dix ans, pour une prétendue guerre qui consiste vraisemblablement à détruire vos autres relations. 

Katsuki refusa de l'admettre, convaincu qu'il n'avait pas éloigné Hitoshi d'Izuku par intérêt, mais uniquement pour le jeu. 
Ca n'avait rien de personnel, il fallait gagner c'est tout, et tous les coups étaient permis, pourquoi s'en priver ? 

- N'importe quoi, c'est pas ça du tout. 

- Tu l'aimes ? 

A travers les yeux d'Eijiro, il lisait le sérieux de sa question, et il se sentit percuté de l'intérieur. 
Un peu comme une gifle qu'on voit pas venir, qui surprend plus qu'elle ne fait mal, mais qui secoue l'égo jusqu'à l'humiliation. 
Aimer Deku ? 

- Mais pas du tout ! 

- D'accord. Donc, si je te demande de choisir entre lui et moi, tu vas pas hésiter je présume ? 

Ses derniers mots ont résonnés en lui comme une agression, verbale et physique.
C'était bien la première fois qu'on le mettait devant un ultimatum pareil, et il ne savait pas quoi dire.
Parce qu'il se sentait proche d'Eijiro, attaché à lui et la relation qu'ils entretenaient, il ne voulait pas la gâcher, il lui semblait qu'elle avait de la valeur. 

Mais Deku ..
Il ne pouvait pas juste tout arrêter comme ça, laisser tomber, déclarer forfait et couper les ponts, c'était ...

- Katsuki je suis sérieux. Tu peux continuer à jouer comme un gamin de dix ans à un jeu qu'aura jamais de fin, et foutre ta vie en l'air avec des conneries si ça te chante, mais si tu le choisis lui, ce sera sans moi.

La pression sur ses épaules lui brisa les omoplates, coupant sa respiration et faisant tanguer le sol sous ses pieds.
Soudain, il avait chaud et froid en même temps, son rythme cardiaque s'envola complètement, faisant bourdonner ses oreilles.

Désorienté et les mains moites, prit de cours, paumé dans sa propre tête et face au regard appuyé d'Eijiro qui attendait une réponse, il se souvient avoir bégayé. 

- J'ai .. pas envie de te quitter. 

- Alors tu peux arrêter de le voir ? Ca devrait pas poser de problèmes puisque c'est pas ton ami, n'est-ce pas ? 

Alors, pour se prouver qu'il n'avait pas besoin de Deku, et qu'après tout, leurs enfantillages ne lui étaient pas franchement nécessaire, il s'est laissé guider par sa fierté.  

- Oui, je peux. 

Dès lors, obéissant à son petit ami, et avec le soutien étrangement bienveillant de sa mère, il a coupé les ponts avec Izuku, changé de numéro comme Mitsuki le lui a demandé, cessé de venir chez ses parents le week-end, supprimer ses comptes sur tous ses réseaux sociaux pour s'en créer des nouveaux, et disparu de la vie de Deku sans le prévenir.

C'était il y a cinq ans.

Il ne lui a pas fallut trois mois pour en souffrir.

Pourtant, il a tenu bon jusque là, tentant de se convaincre que sa décision demeurait la bonne, qu'il fallait grandir, se poser, se contenter des émotions que pouvait lui donner Eijiro.
Se construire une vie, une vraie, de celle qui rend des parents fiers, et se bâtir un avenir qui avait du sens.

Longtemps, il s'est efforcé d'ignorer, encore et toujours, le vide qui grandissait en lui, jour après jour, mois après mois, années après années.
Comme un creux au fond du ventre, la sensation qu'il manquait un morceau à son propre corps, un fragment d'âme perdu.
Ca aura pris bien trop de temps, mais il s'est rendu compte que les sentiments d'Eijiro à son égard n'étaient pas vraiment réciproques, tout du moins pas avec autant de force.
Il appréciait sa présence, et le goût de sa peau lui plaisait souvent, mais il ne l'aimait pas comme il le devait.

Eijiro ne déclenchait pas en lui les frissons que la simple voix de Deku pouvait éveiller à travers son dos, et il s'ennuyait souvent à vrai dire.
La vie n'avait plus grand chose de drôle, sans défi à relever.
Parfois, il lui arrivait d'espérer qu'Izuku le retrouve malgré sa fuite, qu'il vienne lui gâcher sa routine, faire céder son couple, et l'embarquer avec lui pour reprendre la partie là où il l'a laissé.

Il ne l'a jamais fait.

Alors, quand Eijiro lui a demandé de l'épouser, il y a quelques mois de ça, il s'est dit qu'il n'avait plus grand chose à perdre, et qu'il pouvait accepter, après tout.
Après cinq ans sans rien, espérait une apparition quelconque d'Izuku n'avait pas de sens.  
Et il se retrouve là aujourd'hui, entre un bureau et une dizaine d'invités prêts à applaudir leur union.
Seulement, c'est maintenant qu'il se rend compte qu'il ne veut plus de cette vie sans profondeur.

Que Deku lui manque, qu'il n'a pas envie de se marier.

L'angoisse qui saisit sa gorge et bloque sa respiration l'empêche de bouger, fixant sans relâche cette porte ouverte, comme si Deku pouvait en surgir d'une seconde à l'autre. 
La foule lui parait loin, très loin de lui et, sans la sentir couler, la larme sauvage piégée dans ses cils vient s'abattre sur sa joue. 
Ses paupières tressautent, brûlées par le sel qui les agresse, et son ventre se tord de l'intérieur, formant un nœud douloureux entre son estomac et son diaphragme. 

- Katsuki, mais qu'est-ce qui te prend ?!

Sursautant sur lui-même, ramenant son regard vers sa mère visiblement en colère, il cligne plusieurs fois des cils, se reconnectant tout à coup à la réalité alors qu'il ne s'était pas rendu compte d'être en train de divaguer.
En ouvrant la bouche d'étonnement, constatant que tout le monde le dévisage, il se tourne légèrement vers sa droite, abandonnant la porte pour faire face aux yeux paniqués d'Eijiro.

Puis, alors qu'il ne comprend plus rien à ce qu'il se passe autour de lui, l'officier se racle bruyamment la gorge.

- Monsieur Bakugo, j'attends votre consentement depuis plus d'une minute. Vous devez répondre à la question, acceptez vous d'épouser Eijiro Kirishima ?

Autour de lui, la pièce semble se mettre à tourner violemment, sa bouche s'assèche brutalement alors que les souvenirs accumulés de Deku remplissent sa poitrine.
Faisant le point sur tout le temps déjà perdu, ses pupilles naviguent un moment dans toutes les directions sans jamais s'arrêter nul part.
Il ne sait définitivement pas ce qu'il fout ici, ni comment il a pu mettre cinq ans à s'en rendre complètement compte. 

Dans les paumes de ses mains moites s'imprègne le souvenir de la hanche d'Izuku et, sur ses lèvres, se repend le gout imaginaire du creux de son cou. 
Un frisson remonte son dos quand il se revoit dans ce magasin, le jean ouvert et le regard impertinent de Deku qui s'apprêtait à lui faire perdre son boulot en promenant ses doigts sur son torse. 

C'était immature, stupide et presque dangereux, de jouer ainsi avec leurs vies sans penser aux conséquences qui pouvaient suivre. 
Mais ces instants restent les seuls moments qu'il garde réellement en mémoire, puissants et chargés d'émotions insolubles. 
Katsuki ne vivra plus une seconde de plus sans tenter de les retrouver, ces instants. 
Quitte à tout balayer d'un revers de main, quitte à détruire tout ce qu'il s'est évertué à construire jusqu'ici. 

Alors, la voix engourdie d'être resté muet trop longtemps, il inspire lentement et profondément, avant de planter ses yeux dans le regard perplexe de l'officier de mairie.

- Non. 

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