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By Maarsat

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By Maarsat

" Katsuki Bakugo .. "

Face à la foule venue observer son prétendu bonheur, les mains moites de tous ses regrets et la gorge nouée par des années de silence pesant, Katsuki tente de respirer sans s'étouffer dans son propre souffle.
Le dos bien trop droit, le regard perdu sur un éclat de peinture claire d'un mur, ses paupières tressautent malgré lui quand la brûlure d'une larme sauvage se présente à ses cils.
Ses propres poumons ne lui obéissent plus, et ses côtes semblent se briser à chaque fois que l'air y entre, déchirant toute sa poitrine pour mieux libérer ses démons à travers son corps tout entier.

Les battements de son cœur deviennent, un peu plus à chaque instant, douloureux et bruyants, résonnant jusqu'à travers son âme.
Les deux bras le long de son corps, il ne sait même plus quoi faire de ses dix doigts, serrant et ouvrant ses poings à intervalles réguliers sans jamais trouver la meilleure posture.
Figé comme un statue de pierre, les échos, les froissements, et les mouvements de la petite populace dans la pièce ne l'atteignent qu'à peine.
Il sait qu'ils sont là, mais il ne les voit pas vraiment, il les entend sans les écouter, les perçoit sans vraiment les reconnaitre.

Sans doute que tout le monde le dévisage, fronçant les sourcils sur son étrange attitude raide et vide de toute expression, mais il ne parvient pas à faire mieux.
Il ne peut pas, il essaie pourtant, de se forcer à rester naturel, à avoir l'air heureux d'être là, mais c'est plus fort que lui.
Il a accepté sa propre présence ici aujourd'hui, c'est lui qui s'est traîné lui-même ici, mais maintenant ..
Entre la foule, le bureau, et les yeux carmins posés sur sa personne, il ne sait pas ce qu'il fout là.

" Consentez vous à prendre pour époux ... "

Sa colonne vertébrale se déverrouille légèrement, permettant à son dos de bouger un tant soit peu, détendant sa posture figée et, presque en tremblant de tous les os de son corps, il tourne son visage vers l'officier derrière le bureau.
Sans vraiment porter attention à ses traits, à sa voix, à ses mains qui tiennent des documents qu'il ne veut plus signer, il avale sa salive en grimaçant de douleur.
Sa trachée prend feu à chaque nouvelle inspiration, ses pupilles s'affolent sans s'attarder nul part.
Il ne regarde ni l'homme qui s'adresse à lui, ni les affiches au mur, ni le stylo posé tout près de lui, et qui n'attend plus qu'il vienne l'attraper pour signer avec.

Dans son costume bien trop cher pour ce qu'il est en train de faire, le tissu gène sa peau blessée de l'intérieur, le nœud de sa cravate étouffe sa gorge sèche, et la boucle de sa ceinture semble s'enfoncer dans son ventre, déchirant son abdomen pour scier ses organes.

Rien ne va dans cette salle, toutes les personnes présentes ne devraient pas l'être, à commencer par lui-même, et il se sent suffoquer.

Ses jambes veulent s'enfuir, sa bouche veut crier, ses yeux veulent pleurer.
Son estomac lui fait mal, très mal, et la nausée, insidieuse, remonte dangereusement son œsophage, rependant l'amertume sur sa langue.
Son souffle se bloque à mesure qu'il s'efforce de faire face à l'angoisse qui s'insinue dans sa gorge comme un poison avalé de son plein gré, alors que le goût acide et corrosif de ses propres erreurs ronge ses muqueuses.

" Eijiro Kirishima ici présent ... "

L'air lui parait si lourd et si épais, l'oxygène reste bloqué à ses cordes vocales, incapable d'atteindre ses bronches pour faire fonctionner son esprit correctement.
Il lui semble que le plafond s'affaisse à chaque nouvelle seconde qui lui file entre les doigts, menaçant de l'écraser bientôt sous son poids et de ratatiner ses os contre le carrelage blanc.
Dans un coin de la pièce, une horloge ricane en le dévisageant, secouant ses aiguilles pour le narguer, lui rappeler combien il a perdu son temps, toute sa vie.

Le mécanisme régulier de la trotteuse résonne amèrement à sa poitrine, semblant se moquer de lui et de son impuissance et, alors qu'il sent qu'il ne pourra bientôt plus du tout respirer, piégé dans sa propre cage de mensonges, il dévie lentement son regard vers sa gauche.
Ramenant ses yeux vers celui qu'il doit officiellement épouser dans quelques instants, il ancre très péniblement ses pupilles dans les siennes.

Dans les iris d'Eijiro, il voit danser un spectre de terreur, d'effroi, prenant conscience que la raideur de son corps trahit ses pensées et sa tourmente.
Sa poitrine se contracte si fort que ses côtes pourront bientôt se détacher de ses vertèbres et s'effriter autour de son cœur pour mieux venir s'y planter.
Une marée de regrets le fait vaciller de l'intérieur, rependant le flot putride de ses impostures dans chaque veines, le moindre petit vaisseau sous sa peau.

La bouche pâteuse et le visage très certainement marqué de honte, il retient une plainte ridicule en serrant les dents, avant de tourner à nouveau son attention sur le plateau du bureau, scrutant à travers la pellicule humide qui recouvre ses yeux la pile de documents, qu'en réalité, il n'a jamais voulu signer.
Il ne devrait pas être là aujourd'hui, il n'aurait pas dû être là ou il se trouvait ces cinq dernières années, il n'aurait pas dû dire oui à sa demande en mariage, il n'aurait pas dû faire une promesse qu'il ne pouvait pas tenir, prendre une décision qu'il ne pouvait pas supporter.

Depuis le début, il aurait pu s'éviter toute cette mascarade, s'il n'avait pas été un imbécile nourri à sa propre fierté, aveugle à ses propres vérités.
S'il ne s'était pas évertué, toutes ces années, à ignorer ses sentiments profonds, à faire taire ses émotions, à jouer un jeu stupide et contradictoire qu'il ne l'aura mené qu'à souffrir, il ne serait pas là aujourd'hui, entre un bureau, un fiancé qu'il ne veut pas épouser, et une foule qui n'attend que l'échange des alliances pour applaudir cette comédie grotesque.

" Promettez vous de lui rester fidèle ... "

Déviant lentement son attention de l'autre côté de la pièce, balayant la foule attentive des yeux, un espoir qu'il sait pourtant vain le pousse à chercher un visage parmi les invités.
Imaginant naïvement que deux iris verts pourraient apparaître subitement entre deux clignements de cils, il plisse le front pour analyser tout son environnement.
Sur le chemin de ses pupilles, ses lèvres tremblent d'angoisse quand il croise soudain le regard de sa mère aux premières loges, et qui le dévisage en fronçant les sourcils.
Sans doute perçoit-elle son malaise, et Katsuki est presque certain qu'elle sait ce qu'il se trame dans ses pensées. 
Et qu'elle lui en veut très certainement pour ça. 

Il peut concevoir son embarras, elle qui est venue assister à son union officielle après plus de cinq ans de relation stable, persuadée que cette vieille histoire ne reviendrait plus les hanter, doit se trouver sincèrement déçue face à son attitude crispée.
Mais, plutôt que de répondre à ses messages codés alors qu'elle tente de communiquer par son regard, il détourne les yeux pour se soustraire à ses responsabilités, et se concentrer vers la porte grande ouverte de la petite mairie.
De là où il est, il ne peut voir que les trois marches qui mènent à l'extérieur alors, la poitrine remplie de prières vaines, il continue de croire qu'un homme au visage décoré de tâche de rousseur pourrait entrer d'une seconde à l'autre.

C'est stupide, il n'a aucune raison de se pointer aujourd'hui, mais Katsuki s'obstine à penser que ce n'est pas complètement impossible, même après cinq ans de silence pesant.
Deku débarquait toujours de là ou on ne l'attendait pas, et rien ne l'empêche de le refaire aujourd'hui, après tout.
Alors, perdant le fil de la traditionnelle question de l'officier derrière son bureau, il ancre son regard à cette porte ouverte, ignorant les réactions perplexe de l'assistance face à son comportement inapproprié, et attend de voir arriver le visage d'Izuku Midoriya parmi la foule.

Ce visage qu'il n'a, malgré les mois et les années sans nouvelles, absolument pas oublié, il se souvient de chacun de ses traits dans les moindres détails, de l'éclat de ses iris brillants, de la répartition des tâches de rousseur sur ses joues et la naissance de ses épaules, et des mèches mal arrangées de ses cheveux indomptables sur son front.
Comment aurait-il pu les oublier, du reste, alors qu'il les a côtoyés plus de la moitié de sa vie, qu'ils ont rythmé son quotidien jour après jour pendant si longtemps.

Il se souvient même, encore, de la toute première fois qu'il a vu Deku, il s'en souvient tellement qu'il sait que c'était un mardi matin, en décembre, le douze du mois.
Il devait être sept heures quarante cinq, sur le trottoir, près de l'arrêt de bus.
Katsuki n'avait pas encore tout à fait dix ans et, comme tous les jours de la semaine, il attendait le passage du ramassage scolaire, pour se rendre à l'école.
Il faisait extraordinairement froid, même pour la saison, et il gardait la moitié de son visage enfoui dans son écharpe épaisse, les mains enfoncées dans ses poches, et les épaules contractées pour s'empêcher de grelotter.

Comme toujours, il n'attendait pas seul, mais il ne parlait à personne pour autant, légèrement en retrait pour s'épargner les conversations inintéressantes des gamins de son âge.
Le brouillard ambiant effaçait leurs expressions sous une pellicule blanchâtre et, alors que le soleil dormait encore paisiblement, la lumière jaune d'un réverbère fendait péniblement la brume.
Et puis, surgissant entre deux nuages de vapeur émis par sa propre respiration, un garçon qu'il n'avait jamais vu est passé près de lui sans s'arrêter, pour se poster deux mètres plus loin.

Dans la petite ville de son enfance, les inconnus se faisaient rare et, sans avoir à trop y réfléchir, Katsuki devinait qu'il venait sûrement d'emménager par ici.
Sans trop s'y attarder malgré tout, il a plissé les yeux sur son visage à travers le brouillard.
Même de profil, il distinguait déjà quelques unes de ses tâches de rousseurs, et sa chevelure à moitié folle qui bordait son front.

Il lui sembla, sur le moment, qu'il n'avait rien d'extraordinaire.
Il était simplement nouveau et, comme tous les nouveaux dans une ville ou une école, il avait un peu l'air d'un con.
Tout seul dans son coin, évitant les regards curieux sur sa personne, la bouche cousue et les yeux vers le sol.
Sa carrure un peu frêle lui donnait aussi des airs de pauvre gars timide et, Katsuki, du haut de son égo déjà bien élevé à l'époque, s'est dit qu'il représentait une proie facile.

C'est qu'il adorait montrer et étaler sa supériorité partout autour de lui, intimider les autres, et les humilier de toutes les manières possible pour les pousser à le craindre était un véritable jeu pour lui.
De fait, il doit le dire, il ne comptait aucun ami parmi ses quelques fréquentations, tout le monde le craignait ou le détestait.
Mais ça lui importait peu pour dire la vérité, les conversations de gamins ne l'intéressaient jamais de toute manière et il préférait encore rester seul.

Alors, pour conserver les traditions, il a jeté son dévolu sur ce nouvel arrivant, imaginant déjà une manière de lui coller la honte dès son premier jour.
Sous son écharpe, il en riait déjà.

Et quand le bus s'est arrêté près deux, ouvrant ses portes pour les laisser entrer, il a attendu que le garçon aux tâches de rousseur mette un pied sur la première marche du véhicule et, déjà fier de sa connerie, a tendu sa jambe en travers de son chemin.
En le voyant s'étaler misérablement sur le sol synthétique et tâché d'empreintes de semelles terreuses, il a éclaté d'un rire franc et moqueur, avant d'enjamber son corps qui peinait à se redresser.

C'était là sa première interaction avec Deku, alors même qu'il ne connaissait pas encore son nom.
Il n'imaginait pas, à ce moment là, qu'il venait de lancer les dés, et d'engager une partie sans fin, et sans gagnant.

S'il avait su ...

Le reste de cette journée pourtant, Izuku - dont il connaissait désormais le nom puisqu'ils se trouvaient dans la même classe - se fit discret, un peu effacé, et silencieux la plus part du temps.
Il évitait les contacts visuels, avec lui et avec tous les autres à vrai dire, et semblait vouloir se fondre dans la masse pour ne surtout pas attirer l'attention.
Et, persuadé de sa suprématie, Katsuki a bêtement cru qu'Izuku le craignait déjà.

Quelle naïveté ...

Le soir même, en descendant du bus à la fin de sa journée d'école, il se retrouva le nez contre le trottoir et les deux jambes en l'air après avoir été poussé par derrière alors qu'il descendait les trois petites marches.
La paume des mains égratignée, les genoux endoloris par sa chute, mais surtout le visage couvert de honte, il se retourna sur le dos, poussant son sac, pour voir apparaître un sourire plein d'hypocrisie.

Perché au dessus de lui, le surplombant de la hauteur du châssis du bus, Izuku jouait les innocent, retenant difficilement un rire moqueur dans sa gorge en le dévisageant.

- Katsuki-chan, tout va bien ?

Le surnom grotesque fit s'écarquiller ses yeux, ronds comme deux soucoupes, et il se redressa aussi vite qu'un diable sortant de sa boîte, bondissant sur ses pieds en ignorant la douleur qui pulsait dans ses genoux griffés.

- Répète ça pour voir !

Papillonnant des cils comme une donzelle innocente, Izuku se décida à descendre à son tour les trois petites marches, libérant le passage, pour aller se poster face à lui.
Conservant son expression penaude et faussement mignonne, il haussa les épaules en accrochant ses mains aux lanières de son cartable, sur ses épaules.

- Tout va bien ?

- Non pas ça ! Avant !

Un sourire qui se voulait angélique peignant désormais son visage, soulignant davantage ses tâches de rousseur, et Izuku s'avança d'un pas provocateur - tout du moins c'est ainsi que Katsuki l'a interprété -.

- Katsuki-chan ?

- M'appelle pas comme ça !

Remonté comme une pendule, honteux et vexé de s'être fait avoir à son propre jeu, Katsuki le fusilla du regard de toutes ses forces, s'appliquant à lancer des éclairs avec ses yeux.
D'un peu plus près, il distinguait plus clairement tous les traits de son visage, et, sur le moment, il le trouva ridicule et détestable.

C'est vrai, il a peut-être existé une ou deux minutes pendant lesquelles il a réellement et sincèrement détesté Izuku Midoriya.
A cet instant, il le haïssait.
Pour l'avoir fait tomber dans les marches du bus, pour lui tenir tête et pour avoir inventé ce surnom stupide. - Ainsi que sa contraction quelques jours plus tard, pour créer celui qui ne le lâcherai plus jamais .. Katchan-.

Ses sourires l'agaçaient, presque autant que l'éclat rieur de ses iris, et que ses tâches de rousseur sur son nez et ses joues.
Il tenait en horreur les mèches nuancées de ses cheveux mal coiffés, et les quelques boucles sauvages qui s'échouaient bêtement sur son front.
Tout chez lui possédait le pouvoir de le mettre en colère, de déclencher des crises d'urticaire.

Alors, pour ne pas perdre la face, il s'est vengé dès le lendemain.
A la première heure, avant même de monter dans le bus, alors qu'ils patientaient sur le trottoir.
Au milieu du brouillard, sous la lumière faiblarde du réverbère qui se démenait pour leur offrir un peu d'éclairage, régnait alors un froid polaire à faire grelotter un ours blanc.

Mais Katsuki, sans états d'âmes ni remords particuliers, a tenté de rétablir son honneur et son autorité en versant une bouteille de flotte sur la tête d'Izuku.
C'était puéril, mais pour sa défense, il se sentait bafoué, et c'était un gamin.
Vidant le litre et demi dans ses cheveux, voyant l'eau s'infiltrer dans le col de son manteau et atteindre son pantalon, il riait aux éclats en se croyant de nouveau maître du jeu et de la situation.

Bien sûr il n'en fut rien ...

Izuku se vengea à nouveau, le lendemain, et Katsuki continua de renchérir, le jour d'après.
Jour après jour, trouvant toujours d'autres manières de se ridiculiser mutuellement, ils redoublaient d'imagination pour s'humilier toujours plus.
C'est devenu un véritable enjeu, une question d'honneur et de fierté, il fallait se surpasser pour gagner la guerre.

D'assiettes renversées sur les genoux pendant les repas à la cantine en peinture badigeonnée dans les cheveux, ils se faisaient le cauchemar de leur instituteur, qui n'en pouvait plus de jouer les arbitres.
Punis les trois quart du temps, pour avoir découpé les vêtements de l'un ou pour avoir dessiné des obscénités sur le bureau de l'autre, ce petit jeu est rapidement devenu une obsession commune.

Deku - tel qu'il le surnommait depuis qu'il avait fallut trouver un surnom pour se venger de celui qu'il lui avait donné - continua de lui tenir tête sans arrêt, jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Il ne sait plus exactement à quel moment ils ont commencé à jouer chacun leur tour, d'attendre une action de l'autre pour relancer les dés comme un véritable jeu de plateau.
Mais c'était devenu un échange permanent et même encadré par des règles.

Interdiction d'agir lorsque c'était le tour de l'autre, de tricher en renonçant si l'un provoquait l'autre en duel, de rapporter aux adultes, et surtout, interdiction de refuser son sort en tentant de se défiler.  

Le jeu les a suivi au delà de l'école et, en arrivant au collège, alors qu'ils ne partageaient plus la même classe, il a fallut trouver d'autres moyens pour continuer la partie.
Mais ça ne les a pas freiné pour autant et, plus ils grandissaient, plus ils testaient les limites de l'acceptable.
Toujours plus vicieux, toujours plus provocateur.
Ils n'étaient pas amis, tout du moins c'est ce qu'ils clamaient haut et fort, mais sans en avoir vraiment conscience, ils se connaissaient par cœur.
Ils étaient bien obligés du reste, il faut connaître son ennemi pour savoir exactement dans quel angle attaquer.

Malgré leurs groupes de fréquentations respectifs, ils continuaient de se chercher à chaque fois qu'une occasion se présentait.
Toutes leurs années de collège furent rythmées par les crasses et les coup bas.
Un matin, Katsuki se déplacer pour voler les vêtements de Deku dans les vestiaires et l'obliger à traverser les couloirs tout juste couvert d'une serviette sur les hanches.
En réponse, Izuku envoyait des lettres d'amour, faussement signées de la main de Katsuki, à tous ses professeurs.

Ils le savaient, tout le personnel de l'établissement les avait en horreur, à force de pourrir le self et de provoquer des esclandres dans les couloirs, de faire exploser des bombes artisanales pleines de flottes, de peinture ou d'autres fluides qu'il ne valait mieux pas identifier, parfois aussi d'introduire des animaux et autres insectes dans les affaires de l'autre.
A force, ils n'écopaient même plus des heures de colles qu'ils méritaient pourtant, les surveillants et les enseignants refusant de se les coltiner plus longtemps que nécessaire à la fin de la journée. 

Chaque soir, ils ramenaient des avertissements à la pelle, des convocations dans le bureau du directeur, et leurs parents respectifs ne supportaient plus cette histoire.
Pourtant, ils avaient beau se faire engueuler trois fois par semaines, rien ne les arrêtaient pour autant.
Il fallait continuer de riposter, au risque de perdre la partie, et après des années d'acharnement, capituler ne faisait définitivement pas parti des options envisageables.

Il y avait trop à perdre, fierté et honneur en première ligne.


C'est en arrivant au lycée que tout ça à commencé à devenir trop sérieux.
Juste avant la rentrée, sa mère est venue le prendre à part, dans sa chambre.
En silence, sans faire de préambule, elle s'est installée sur sa chaise de bureau, et lui a demandé de s'asseoir face à elle, sur le lit.

- Katsuki, faut qu'on parle.

Le nez dans ses réseaux sociaux, il a levé un oeil pas du tout concerné, avant de soupirer lourdement.
Il savait déjà ce qu'elle venait lui dire, et il n'avait pas envie d'avoir encore cette conversation.
Mais, alors qu'une veine caractéristique apparût sur son front, il évita de justesse une claque sur le haut du crâne, et se redressa sur son matelas pour lui faire face de mauvaise grâce.

Très sérieusement, elle fixa ses yeux dans les siens, et croisa ses bras sous sa poitrine.
La posture des discussions qui sentent le conflit à plein nez.

- Tu entres au lycée dans quelques jours-

- J'suis au courant.

- Commence pas à me couper la parole Katsuki, joue pas avec ma patience aujourd'hui, je t'assure que tu vas le regretter.

Il ne craignait pas particulièrement sa mère, pas plus que ses colères, peu importe la raison.
Mais il conservait tout de même un instinct de survie primaire alors, bouclant sa bouche, il se contenta de claquer sa langue à son palais avant de la laisser reprendre.

- Izuku y sera aussi, et j'ai discuté avec Inko hier soir ..

Ironie du sort, à force de voir leurs fils respectifs se faire la guerre et se chercher des problèmes en permanence, les deux femmes étaient devenues amies.
Elles priaient chaque matin pour que leurs progénitures cessent de se fréquenter, mais restaient proches l'une de l'autre malgré tout.

- Et on pense toutes les deux qu'il est temps d'arrêter vos enfantillages. Vous n'êtes plus des gosses, et vous allez finir par avoir de vrais ennuis si vous continuez comme ça.

Dans ses yeux, il lut une menace qui se voulait sérieuse, c'est pas pour autant qu'il en a pris compte.
Il ne comptait pas s'arrêter pour si peu.

- Mais je me doute qu'il ne suffit pas de le dire pour vous convaincre. Alors je vais être plus claire. A la première vague que vous ferez Katsuki, je te jure que je t'envoie dans le privé.

Son avertissement lui passa complètement au dessus de la tête, il se foutait pas mal de ce genre de paroles en l'air de toute manière.
Et le jeu comptait plus que tout, il fallait continuer la partie coûte que coûte, quoi qu'il arrive.

Un mois plus tard, il intégrait un lycée privé, après avoir provoqué Deku en duel dans la salle de chimie.
Avec une éprouvette déjà sabotée naturellement, histoire d'être certain qu'elle lui sauterai à la gueule.

Et bien qu'à cela ne tienne, s'ils ne pouvaient plus se battre sur le terrain scolaire, ils iraient attaquer directement sur leurs temps libre, parfois jusque dans leurs maisons.
C'est là que c'est rapidement devenu ingérable, surtout pour leurs parents.

Il devait avoir dix-sept ans, le soir où il a invité Izuku à le rejoindre près de la gare, un peu après vingt heures.
Comme souvent le vendredi, tout particulièrement au printemps, les quais de trouvaient bondés de voyageur et d'étudiants terminant leurs semaines.
La foule agitée animait le quartier entier, et Katsuki, sur un banc miraculeusement libre, attendait l'arrivée de Deku avec beaucoup d'impatience.

Il trépignant, les coudes appuyés sur les genoux et un sourire carnassier collé au visage.
Il savait qu'il viendrait, même en sachant que quelque chose de désagréable risquait de lui tomber dessus, il ne se défilait jamais.
De toute manière, il n'en avait pas le droit, à moins de briser les règles du jeu, et ça c'était interdit. 

Alors, Katsuki ne fut pas du tout étonné de le voir se pointer pile à l'heure pour le rejoindre, s'installant à côté de lui.

Ils n'étaient plus les enfants de presque dix ans auparavant, c'est vrai, ils avaient changés depuis.
Sur tous les plans du reste, et Izuku n'avait plus rien de sa carrure frêle et de son allure de petit gars paumé.
Ses yeux gardaient toutefois leurs éclats d'émeraude, parfois secoués par des vagues d'impertinence et de mesquinerie.

Son visage aussi avait mûrit, bien que conservant ses tâches de rousseur et les mèches indomptables de ses cheveux près de son front, sa mâchoire, elle, devenait de plus en plus carré au fil des ans.
Presque adulte, sa voix plus grave qu'au matin de leur rencontre résonnait d'une certaine mélodie.
Ses épaules plus larges soutenaient ses bras musclés, et les courbes de son corps se révélaient même très attrayantes pour beaucoup.

Katsuki se l'avouera trop tard, mais il lui arrivait souvent de reluquer ses formes.
Elles étaient bien construites, proportionnées, et agréable à parcourir du regard.
A l'époque déjà, il se savait attiré davantage par les hommes que les femmes et, étrangement, Deku en fût le premier au courant.
Il s'en souvient, il lui avait fait cette confidence un après midi, juste avant de le faire chavirer dans une fontaine en plein centre ville.

Et, il fallait l'admettre, Deku avait de quoi plaire.
Mais, à ce moment, il restait encore trop aveuglé par leur petit jeu pour se rendre compte des sentiments qui s'emmêlaient en lui.
Alors ce soir là, après l'avoir regardé prendre place à ses côtés, il lui sourit avec toute l'hypocrisie qu'il pouvait réunir, avant d'affaisser son dos contre le banc.

- Comment vas-tu très cher Deku ?

Izuku arqua un sourcil plus que moqueur, avant de le dévisager de haut en bas en simulant le dédain dans son regard.
Puis, appuyant un coude sur le dossier, il leva les yeux au ciel.

- Je vais bien, mais je doute que ça t'intéresse vraiment. Qu'est ce que tu veux ?

- Tu doutes de moi ? Je suis vexé.

- Pauvre chaton.

Il n'en disait rien à cette époque, mais il avait fini par apprécier sa manière de lui tenir tête et de le remettre à sa place de temps en temps.
Il y avait une forme d'affection dans leur rivalité, qu'il ne voyait pas encore, mais qui existait déjà.

- Bref. Tu fais quoi ce soir ?

Bien sûr, Izuku sentait déjà la connerie venir et, en fronçant les sourcils, il hésita une seconde avant de répondre.

- Rien.

- Tant mieux.

- Tu comptes m'inviter à dîner aux chandelles Katchan ?

Taquin, il le regarda droit dans les yeux, plantant ses pupilles tout au fond de ses iris éclatants, avant de se mordre la lèvre inférieure comme s'il le matait allègrement.

A y réfléchir, c'est peut être ce qu'il faisait en réalité.

- Ce serait avec plaisir, mais tu as autre chose de prévu, tu verras c'est encore mieux.

Il venait de passer la nuit à monter ce coup, et il brûlait d'impatience de voir la tronche de Deku en lui avouant ce qu'il se tramait dans son dos.
Alors, sans le faire attendre plus longtemps, il posa sa main sur son épaule, refermant ses doigts autour en lui souriant de ses trente deux dents.

- D'ailleurs, j'espère que tu es prêt, tu as rendez vous avec ton âme sœur dans trois minutes.

- Mon âme sœur ? Katchan c'est quoi encore cette connerie ?

Inspirant profondément avant de soupirer en levant très haut les yeux, comme s'il se ventait d'avance de son action, il croisa ses bras sous sa poitrine en ignorant la mine alarmée de Deku à côté de lui.

- Je t'ai inscrit sur un site de rencontre, et crois moi, je t'ai déniché la perle rare. Tu me remercieras plus tard.

Il avait passé des heures à chercher le pire pervers qu'il pouvait trouver sur cette application louche.
Choisissant la photo de profil la plus laide possible, il avait fini par tomber sur un vieux libidineux, et arranger un rendez vous entre lui et Izuku.
En y repensant, c'était peut être un peu dangereux, mais il ne tenait pas compte de ce genre de chose à l'époque.

- T'as fait quoi ?!

- Regarde. Le voilà !

En se redressant, peut être un peu pour noyer le poisson, il se mit à faire de grands signes de mains pour attirer l'attention de l'homme de la photo, qui venait de faire son apparition depuis le trottoir.
Il était encore pire en vrai, le ventre plein de bière et le visage abîmé par un excès d'alcool et de clopes.
Des cheveux bien gras en guise de clou spectacle, le type s'avança jusqu'à eux, souriant des quelques dents qu'il lui restaient, et Katsuki lui pointa Izuku du doigt.

Puis, se penchant à l'oreille de Deku, il posta sa bouche tout près de sa joue.
Il pouvait sentir son odeur d'ici, et la chaleur de sa peau caressant son visage. 
S'il avait su combien tout ça lui manquerait plus tard, il en aurait profité bien davantage.

- Amusez vous bien. Tu me raconteras.

Puis, fier de sa connerie, il s'échappa en lui lançant un dernier signe de la main alors qu'Izuku s'époumonait derrière lui.

- Katchan reviens ici !

- Non.

Et il est parti, le laissant seul avec son rencard improvisé, sachant d'avance qu'il devra assumer le retour de médaille dès le lendemain.
Ça n'a pas tardé d'ailleurs.
Des six heures trente du matin pour être exact, heure à laquelle sa mère est venu le réveiller en hurlant de rage.

- Katsuki ! Je te jure que si c'est encore une de vos histoires avec Izuku, je vais te faire la peau !

Encore ensommeillé, il ouvrit difficilement une paupière en se redressant mollement dans son matelas, avant de subitement bondir sur ses deux pieds en découvrant deux policiers derrière elle, venus fouiller sa chambre pour y chercher de la drogue.

- On nous a signalé un trafic. Veilliez sortir du lit.

Il savait qu'ils n'y trouveraient rien, et que cette histoire n'irait pas plus loin.
Mais en attendant, ils ont retourné la piaule, viré le matelas du lit, désossé le bureau et déplié toutes les fringues de son placard.
Et, pendant que Mitsuki fulminait de rage, Katsuki souriait contre la paume de sa main, félicitant malgré lui le coup bas de Deku.
Cet enfoiré avait de la ressource, et c'était tout de même très drôle.

Quand ils se sont repartis, bredouilles bien entendu, sa mère lui a passé un savon pendant près d'une heure.
Elle l'a privé de sortie pendant trois mois - punition qu'il n'a bien sûr pas respectée, il lui suffisait de faire le mur dès la nuit tombée - et a prévenu Inko de ce qu'Izuku venait de faire.

- Je veux que vous arrêtiez vos conneries maintenant, ça va trop loin Katsuki. C'est n'importe quoi ! Vous n'avez plus dix ans, et vos actes irresponsables ont des conséquences !

Il s'en foutait royalement des conséquences.
Elle avait beau lui faire la morale, il était déjà en train de réfléchir à sa prochaine riposte.

Quand il y repense aujourd'hui, il se dit que, s'il pouvait revenir en arrière, il ferait exactement pareil.
A la simple différence qu'il n'ignorerait pas les sentiments qui fleurissaient au fond de son ventre.
Il continuerait de mener la guerre, mais une guerre amoureuse.
Et il le retiendrait près de lui.

Oui, il ferait ça. 

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