Hope_less

By Maltei

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Le [dés]espoir de Rebecca ne fait que donner de l'énergie à la machinerie complexe de son esprit. Partie 1 More

Partie 1

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By Maltei

Jour 1?

Bonjour, Rebecca. Sais-tu qui je suis ? Est-ce que tu me reconnais ? Est-ce que tu sais où tu es ? Je me doute que cette situation doit te paraître des plus déroutantes... Est-ce que tu veux bien me regarder ?

Ne pleure pas. Ne crie pas. Ne te plains pas. Reste debout. Cache ta peine. Enfouis-la au plus profond de toi et recouvre-la. Elle sert de moteur, ne la rend pas inutile Rebecca. La colère ne fait que guider ta vie, pourquoi tu ne m'aimes pas ? Que me reproches tu ? Je ne sais pas qui tu es, je ne sais pas ce que tu veux, je ne te connais que peu. La perfection n'existe pas pourtant tu la pourchasses sans relâche. Tu ne comprends rien ; tu ne m'aimes pas. Je ne suis pas ton ennemie, pourquoi tu me traites ainsi ? Ne pleure pas. C'est interdit ? Ne montrent pas tes faiblesses. Tu n'as pas le droit d'être fragile. Je ne t'aime pas, je n'aime pas qui tu es, ce que tu es. Alors changes le ! Comment ? Fais plus d'efforts. Tu ne vas pas bien... Je ne vais pas bien. J'ai mal. Ce n'est pas physique. Je peux encaisser. Tu n'es pas indestructible. Je n'arrive pas à l'accepter. Pourquoi moi ? Pourquoi j'ai mal ? Le silence est mon tombeau et mon berceau. Je ne sais pas à qui me fier. Pas à moi... Je souffre. Il va bien falloir. Toi et moi c'est jusqu'à la mort. Tu t'épuises. Je m'épuise... Je me construis autant que je me détruis. Comment être sûr que j'avance ? Que je ne fais pas du sur place ? Remplie ta vie. Mais de quoi ? Rien ne peut remplir ce trou béant que j'ai à l'intérieur de moi. Je suis vide. Il vaudrait peut-être mieux parfois. Non, c'est pire que ça, tu es pleine d'amertume. Je suis pleine de colère, de tristesse, de rancœur, de vengeance et d'envies envers tout ce que j'ai eu et tout ce qui m'a manqué. Pourquoi je suis pleine d'idées noires, de théories toujours plus négatives ? Je ne sais pas, mais je suis fatiguée... Continue de sourire, de faire semblant. Pourquoi ? Parce que tu vas bien. NON C'EST FAUX ! À force de te le marteler, ça finira bien par rentrer ? Tu finiras par y croire ? Ça ne suffit plus... Je ne veux pas être un boulet... Celui que tu traines va te noyer ! Je sais nager ! Je peux encore respirer. Tu es déjà sous l'eau... J'ai mal... Je ne peux pas t'aider. Je ne peux plus t'aider... Je suis fatiguée. S'il te plaît, ne me lâche pas. Tu sais que non... Pas aujourd'hui. Ta façade est si épaisse que tu finiras par croire à tes propres mensonges. Je ne suis plus une petite fille... Tu ne l'as jamais vraiment été, c'est ce qui t'a le plus brisé. Je n'aime pas les gens. Menteuse ! J'en ai peur. C'est normal, ils t'ont fait souffrir, mais ce n'est plus le cas, plus autant. Tu as grandi en érigeant des barrières si hautes pour te protéger que tu t'es emprisonné derrière. Je ne suis pas folle. Tu as mal. Je sais... Je veux t'aimer mais tu ne me laisses pas faire. Pourquoi je le mériterais ?! L'amour n'est pas une question de mérite Rebecca. Pourquoi j'ai tant de mal à l'accepter ? Parce que tu es terrifiée et cette peur te consumes et consume les autres aussi. J'ai mal... Tu fais croire que tu es dure comme la pierre pour qu'on ne t'approche pas, que tu es froide et méchante ; tant de « protection » qui te mettent à l'écart, tu reproduis avec toi-même ce que les autres te faisaient subir. Oui, mais cette fois c'est moi qui choisis, c'est moi qui contrôle ! C'est faux, ça t'échappe. Tu souffres tout autant, mais tu es la seule responsable. Tu crains tellement qu'on te fasse du mal que tu le fais toi-même, tu es ton propre bourreau, tu es ta propre victime. J'ai mal. Je t'aime. Ta méthode n'est pas viable, elle ne l'est plus... Défais-toi de cette colère, elle te détruit. Mais il y en a tellement... Canalise-la, mais pas sur une personne que tu détruiras. Mets ta rage à profit, défend toi et arrêtes de subir ! Je me bats ! Non, tu te caches. Je te connais. Je t'aime et je veux que tu sois heureuse, mais je t'en supplie arrête de t'autodétruire. J'ai peur... C'est trop pour moi, pour nous. Je t'aime et je veux que tu t'en sortes. Tu n'as que dix-sept ans et tu es pleine de regrets... Je ne peux pas tout faire seule. Mais comment faire confiance ? Ai foi ! En quoi ? En toi ! Je t'aime et je veux que toi aussi.

Jour 8

Bonjour, Rebecca. Comment vas-tu aujourd'hui ? Est-ce que tu sais où tu te trouves ? Je sais que tout ceci te déconcerte... Est-ce que tu veux bien me regarder ?

Je suis seule ce soir. Aujourd'hui j'ai du mal à le supporter, du mal à refaire surface, du mal à émerger de ma tristesse. Je sais qu'il me suffirait d'appeler pour que Rénata laisse tomber sa soirée et vienne me voir... Mais je ne le ferai jamais. Je n'arrache pas les gens à leur vie pour m'aider à combattre la mienne, je ne m'en sens pas le droit. C'est une mauvaise soirée, une soirée difficile où mes pensées négatives gagnent en intensité, m'enfonçant dans les tréfonds de ma tristesse, de ma peine. Ça ira mieux demain... J'envie parfois ce manque de solitude. Ne crie pas. Ne pleure pas. Ne te plains pas. Continue de sourire. J'aimerais pouvoir pleurer, j'aimerais pouvoir arrêter de sourire et montrer mes larmes, j'aimerais pouvoir me plaindre, m'en sentir légitime. Je suis fatiguée. Je suis éreintée par tant d'années à faire semblant, tant d'années à masquer cela derrière la colère. J'ai mal. La colère me tenait debout mais elle m'a usée. Mon barrage est tombé et je me noie. Je ne sais pas si j'ai la force de nager. Pas besoin d'atteindre le rivage, je sais qu'une barque m'attend mais je suis tellement épuisée... Je n'ai même plus la force d'être en colère, plus maintenant. Ma peine est comme une main attrapant ma cheville, m'entrainant au fond des flots. Vais-je lutter ? Et si je me noie ? On n'arrête pas de me dire, de croire que je suis plus forte, un rock, froide, dure, que je ne peux pas être fissurée. La vérité c'est que je suis en miettes et que maintenir la façade derrière laquelle je me cache me prend énormément d'énergie. J'utilise parfois une énergie que je n'ai pas, que je n'ai plus. J'ai peur d'être seule avec moi-même ; je ne suis pas en paix. Je crois que garder tout ça à l'intérieur me rend de plus en plus friable. Mais j'angoisse de l'extérioriser. Si c'était ça qui maintenait le peu de volonté qu'il me reste ? Si c'était ça qui me maintenait encore debout alors que je ne marche plus ? Que me reste-t-il si j'extériorise ? J'ai toujours eu ça en moi, je suis qui sans ça ? Je sais que larguer ma colère m'a soulagé... Ce poids m'alourdissait tellement que je croyais voir la surface de l'eau alors que c'était un simple reflet. Il y a réellement des gens qui vivent sans colère ? Mais comment ? De quoi sont-ils emplis ? Mon masque m'épuise, il se fissure. Ma partie émergée est de plus en plus petite. On me dit que je fais des efforts... Pourquoi je ne vais pas mieux ? Mes forces me quittent, ma volonté s'amenuise. J'ai tant de barrières, je n'en peux plus de toutes les maintenir en place. Je vis dans une anxiété constante de les voir s'effondrer. Ouroboros. Ce qui me maintient est ce qui me détruit. Je suis la seule responsable de ma faillite. Je suis donc la seule à pouvoir reconstruire. Je suis fatiguée.

Jour 16

Bonjour Rebecca. Comment te sens tu ? Sais-tu où tu es ? Est-ce que tu veux bien me regarder ?

Je suis fatiguée... Jamais de ma vie je n'aurais imaginé me raser les cheveux, pourtant je viens de le faire. Un cri du cœur, un cri du corps et de l'esprit. Mon mutisme veut s'exprimer, ne plus être tenu au silence, ne plus enchainer ma douleur, ma peine. Je suis fatiguée. Jamais de ma vie je n'aurais imaginé faire une crise d'angoisse au lycée _surtout en plein jour_ pourtant, c'est arrivé. J'ai tenté de la maîtriser, de la minimiser pour ne pas succomber, tenter de la contrôler comme j'essaie toujours de le faire avec ma peine, ma tristesse, mon mal-être. Cela n'a fait que l'empirer, l'amplifier. Incapable de me calmer seule. L'Améthyste a brillé pour moi. Sans son aide, je ne sais pas si j'aurai réussi à me canaliser. Grâce à elle j'ai pu respirer de nouveau. Cette pierre m'est d'un grand secours, surtout en ce moment. Je crois que je n'ai plus la force de mentir, c'est trop fatigant. Je suis épuisée. Je voudrais pouvoir me reposer, complètement, totalement, peut-être sur quelqu'un... Mais qui ? Je ne veux accabler personne de tous mes maux. Et si j'inventais ? Et si ma souffrance n'était pas réelle ? Ou exagéré ? Et si on me jugeait comme une menteuse ou une simulatrice ? Je ne dis rien parce que je sais qu'on le pensera... Je refuse de donner cette image. Mais je suis fatiguée... Fatiguée de tout porter, fatiguée de ne rien dire, fatiguée de faire semblant que je vais bien, fatiguée d'être assurément fiable et prête à dire oui. Je n'en peux plus de cette image que je m'efforce de renvoyer. Elle m'épuise. Je peux avoir une mauvaise note ? Je peux être fatiguée ? Je peux être absente ? Je peux me détourner de ce chemin parfait ? Pas encore. Je vais bientôt me reposer. Plus personne ne comptera sur moi, plus de demande, plus de promesses, plus de volonté de faire plaisir, de tenir. Je serai libre de tout engagement durant mes vacances. J'en rêve presque. Je suis fatiguée et je pleure. L'Améthyste me fait du bien et m'aide à tenir ! Ce n'est pas mon corps qui est fatigué. Je peux tenir ! Plus que deux semaines et je pourrais me reposer ! Quelle force, quel courage ? Il faut bien l'admettre Rebecca, lorsque tu veux tenir pour quelqu'un que tu aimes, tu puises dans des ressources immenses... à tes dépens. Je sais que c'est dans ta nature de mère protectrice, de personnes aimantes depuis que tu t'es oublié dans ton enfance pour devenir adulte. Mais aujourd'hui il faut changer ce mode de fonctionnement, te retrouver et te soigner en pensant aussi à ton bien-être. Tu n'es pas moins importante que ceux que tu aimes. Tu dois en prendre réellement conscience. Bien-être et tolérance. BIEN-ÊTRE et TOLERANCE sont des mantras qui doivent s'appliquer à toi aussi. Si tu te fatigues pour aider, protéger, aimer les autres, tu n'auras jamais la force de remonter à la surface, de ne pas te noyer. Tu es tellement fatiguée que cela a outrepassé ta tristesse ! Tu n'es pas moins triste, moins en souffrance, tu es trop fatiguée pour t'attarder dessus et les laisser t'envahir pleinement pour en prendre possession. Je t'aime, mais je ne peux pas nous remonter si tu m'attires vers le fond.

Je t'aime et je veux que tu ailles mieux ! Pense à toi, reposes toi, avoue ta fatigue et prends soin de toi. Je t'aime. Laisse-moi t'aimer.

Jour 20

Bonjour Rebecca. Comment vas-tu aujourd'hui ? Est-ce que tu me reconnais ? Ce n'est pas parce que tu refuses de me regarder que je ne suis pas là.

Je pensais que j'allais tenir... Mais j'ai fait une nouvelle crise d'angoisse. Peut-être que me retrouver dans la même classe, avec les mêmes personnes, n'a fait qu'accentuer ma descente. Heureusement que j'avais l'Améthyste pour m'aider à reprendre le contrôle. Comment aurais-je fait sans elle ? Sa proximité me rassure, l'énergie sur laquelle elle vibre me rassure, sa couleur m'apaise tellement, surtout lors de ma dernière crise. Sa fréquence était si posée, si déstressante, si agréable. L'état dans lequel j'étais a peut-être accentué cette satisfaction, cet état de bien-être que j'ai pu toucher du doigt. Comme si cela entré en parfaite harmonie, au diapason de mes besoins du moment. Malgré cette extraordinaire sensation que j'aimerais revivre, la crise d'angoisse qui a amené à cet instant me fait peur. Peur de la revivre, encore, la semaine prochaine.

Aujourd'hui j'ai eu l'impression de me sentir mieux, à plusieurs moments, pourtant lorsque je me suis retrouvée seule... En fait c'est ça... Lorsque je suis seule, le masque se fissure à une vitesse impressionnante. Je crois en vérité qu'il n'existe plus réellement... Mais il y a des jours où la séparation entre les deux est plus palpable. Puis d'autres, où je craque... Je travaille à mon bien-être et à ma tolérance, ce soir je vais assister à mon premier cours de boxe. Je fonde beaucoup d'espoirs sur ces changements qui viennent soutenir mon crâne nu, mon hurlement silencieux. Le lien que j'ai avec l'Améthyste ne suffit pas ?

Jour 30

Bonjour Rebecca. Tu es libre de te retourner vers moi quand tu le souhaite. Je ne suis pas pressé, prends le temps qu'il te faut.

Encore une crise d'angoisse... Je pensais que j'allais mieux. Il y a eu du mieux dans les derniers jours, en partie grâce à la boxe qui me permet de souffrir en toute liberté grâce aux coups que je reçois. Je pensais que cela suffirait à m'apaiser, mais cela n'a duré que quelques jours... Je me suis réellement senti mieux durant ce laps de temps. Mais tout est de nouveau revenue, emporté par mon angoisse des vacances, de me retrouver seule. Je ne supporterais plus la solitude... Quelle tristesse... Alors que je m'y complaisais. Elle m'allait si bien, j'avais appris à la dompter, à m'en envelopper et maintenant je la redoute. J'ai peur de me retrouver seule avec moi-même. Quelle tristesse... Je n'ai plus la force de maintenir quoi que ce soit ; tout s'effondre. Je m'effondre. Quelle tristesse. Je n'ai plus l'énergie de me mettre en colère, je n'ai plus l'énergie de garder la maîtrise de moi, je n'ai plus l'énergie de me maintenir à flot, je sombre... Même être fatiguée me demande de l'énergie... La seule chose que je sais vouloir, que je veux maintenir, dans laquelle je veux mettre de l'énergie, le peu qu'il me reste, c'est dans ma souffrance. Avoir mal est la seule chose vers laquelle je vais, qui me soulage. C'est pour ça que je prends autant de plaisir à me faire malmener à la boxe. Mes hématomes, mes douleurs physiques, sont les seules choses qui me maintiennent encore.

Ma peur du rejet me pousse à être stupide, à espérer, à me torturer encore plus. Je suis terrifiée à l'idée que le serpent monte sur moi, qu'il s'enroule de nouveau autour de mon corps... Ces derniers temps j'ai l'impression qu'il sinue autour de moi, me surveillant tout en se rapprochant irrémédiablement. Quelle tristesse terrifiante. Je serais incapable de revivre ça. Je n'en ai pas la force, plus maintenant. Mon lien avec l'Améthyste n'est qu'illusoire, il faut que j'y mette un terme. L'espoir fait mal. Je n'ai plus la force de souffrir mentalement. La douleur physique me soulage. Je suis fatiguée. Non, c'est trop d'énergie. Je suis... dans le désespoir. La pierre m'aide à respirer au fond de l'eau, mais elle ne peut pas tout supporter. Chaque cristal possède ses propres fissures. Il y a tant de maux en moi. J'ai peur de noyer Rénata en l'emportant dans mes abysses. Je l'aime. Elle est si importante. Je ne veux pas lui faire de mal. Elle voit à travers moi comme si elle me connaissait depuis des années.

Pleure, cri, plains-toi. Le silence dans lequel tu t'es cloisonnée te fait suffoquer Rebecca. Pleure, cri, plains-toi. Accueille ta souffrance, embrasses tes faiblesses, tes failles. Si tu finis par les surmonter, elles te rendront plus fortes. Je n'en vois pas le bout. Je sais ; pleure, cri, plains-toi, accueille ta souffrance, embrasse tes faiblesses. Je veux avoir mal, je suis désolée. C'est la seule chose qui me maintienne.

J'ai déjà éraflé ma peau auparavant, j'ai presque envie de le refaire. J'ai failli. J'y ai pensé. J'ai mal et pourtant j'aime mes blessures physiques. Voir ces hématomes sur mon corps, voir cette coupure sur mon doigt. Tu es plus forte que ça. Vraiment ? Pleure, cri, plains-toi, accueille ta souffrance, embrasse tes faiblesses. Ne te fait pas de mal Rebecca. Et si ça me soulage ? Alors frappe dans un mur, mais pas ton corps. L'attrait de mon sang m'attire. J'aime sa couleur, sa fluidité. J'ai envie de le voir... Pleure, cri, plains-toi, pitié ne te fait pas de mal Rebecca.

Ok, je tiendrai... Tant que je reçois d'autres coups.

Jour 31

Bonjour Rebecca. Je t'ai vu m'observer fugacement. Ne serait-ce que du coin de l'œil, mais à présent je sais que tu me regardes. Merci de considérer ma présence, Rebecca. Comment vas-tu aujourd'hui ?

J'ai peur de la solitude, de ne pas être entourée. Les vacances m'angoisses. Je ne verrai plus les gens à mon lycée, tous les jours. La solitude, mes vacances, tout ça m'effraie parce que j'ai peur de me faire du mal. Je me retiens parce que je vois mes camarades, mes professeurs, autant de personnes qui pourraient redonner vie au serpent de mon enfance. Mais si ce n'est plus le cas ? ... Quelle tristesse.

Jour 32

Bonjour Rebecca.

ELLE SAIT...

Une nouvelle fois je n'ai pas su, pas pu gérer, j'ai fait une autre crise. Elle n'est pas la seule à savoir, c'est je penses ce qui m'angoisse le plus. Je suis incapable de supporter une nouvelle fois les attaques du serpent. S'il monte de nouveau sur moi et s'enroule, alors je n'aurai pas la force de résister ? Tout est partie en vrille dans ma tête lorsque Leira me l'a dit. Toutes mes craintes, toutes mes peurs, tous mes doutes ont soudain pris du corps et m'ont écrasé de tout leur poids, si fort que le sol m'appelait à lui, je ne pouvais m'en détacher. J'ai des sentiments pour l'Améthyste, j'aime Violette. Mais je ne supporterai jamais de la perdre, qu'elle disparaisse de ma vie, encore moins à cause de ce que je ressens pour elle.

Son amitié, son soutien, son calme, son influence sur moi, sa gentillesse, sa bienveillance, sa confiance, sont des choses dont je ne pourrai me passer, je suis terrifiée à l'idée de la perdre, qu'elle disparaisse de ma vie. La boule que j'ai dans le ventre depuis plusieurs jours et qui m'empêche de manger, de dormir, de penser à autre chose, m'a littéralement étouffée de l'intérieur. J'étais terrorisée à l'idée de devoir lui en parler. ELLE SAIT. Et je ne sais pas quand je vais la revoir, quand je pourrais en parler avec elle.

J'ai tout livré à Leira. Elle sait ce que j'ai au fond de moi, ce que je renferme. J'ai dit tant de choses que je ne pouvais presque plus m'arrêter.

J'ai promis à Leira de ne pas me faire de mal, pourtant j'en meurs d'envie. Mes amis affirment que le serpent ne s'approchera pas de moi. Mais les gens parlent. Je le sens me regarder, attendant la moindre occasion pour me sauter dessus et m'étouffer sans que personne ne puisse faire le moindre mouvement. Je les aime pour leurs bienveillances... Mais j'ai peur.

Jour 33

Bonjour Rebecca. J'ai l'espoir, un jour, d'obtenir plus qu'un regard en coin de ta part. Mais ne t'en fais, je vais patienter. J'ai le temps.

Comment dormir en ignorant l'impact que cela aura ? J'espérais que la boxe de ce matin m'aiderait, qu'elle me déchargerait en partie ; je voulais avoir mal, je le veux toujours. Pas assez de coups, trop de retenue, malgré la douleur à mon genou. J'ai fait une promesse à Leira, pourtant je ne pense qu'à la rompre. Je tente de m'occuper, mais j'ai l'impression de repousser l'inévitable...

Jour 33... encore

Re-bonjour Rebecca. Je n'abandonnerai pas aisément. Peut-importe le temps que cela prendra pour que tu me regardes. Je reste avec toi.

J'ignore complètement ce que Leira a dit à Violette pour qu'elle lui réponde ça par message, mais j'avoue que cela m'a redonné un semblant d'espoir qu'elle affirme avec tant de ferveur que je ne la perdrai pas. C'est comme si d'un coup le raz-de-marée avait laissé apparaître des ruines solides qu'il ne restait qu'à reconstruire. Il faut que je parle avec elle, mais même à distance, par personne interposée, elle parvient à m'apaiser. Merci à elle, merci à eux de m'épauler, de m'aider, de prendre soin de moi et de me supporter. Pleure, cri, plains-toi Rebecca, n'ai pas honte de tes faiblesses, de tes fissures.

Je suis toujours apeuré à l'idée de parler avec Violette, mais j'ai cette petite étincelle qui me murmure que je peux vaincre ce putain de serpent. Je crois que je commence à entrevoir les vertus, si longtemps dénigrés, du fait de se confier. Merci à elle, merci à eux. Pour la première fois depuis des mois, j'ai une once d'espoir. Je dois parvenir à changer cette étincelle en brasier, sans JAMAIS reprendre ce système autodestructeur que j'avais inséré. Ouroboros.

Je vois le champ de ruines dans lequel tu avances. Continue de laisser l'eau se retirer, continue de marcher en contemplant ce que tu viens de perdre, laisse l'eau emporter les débris de tes barrières et avance vers cette belle maison toujours debout malgré la tempête. Je te suis. L'inondation a fait des dégâts, mais la structure est toujours intacte. Sers tes amis dans tes bras et au travail !

Jour 34

Bonjour Rebecca. Je suis toujours là. Tu vois par la fenêtre mais tu est toujours ici. Sais-tu ou tu es ?

Quelle magnifique image/scène que celle qui m'a envahi lorsque j'ai lu le screen du message que Violette a envoyé à Leira. Elle se renforce de jour en jour et me donne de plus en plus de force à chaque fois que je m'y replonge.

[Une gigantesque pelouse avec des ruines de colonnes, de pierres, jonchant le sol. L'eau vient de se retirer en laissant tout cela apparaître. L'herbe est encore mouillée. J'avance doucement en contemplant tout cela. Je traverse la pelouse humide en dépassant la sombre forêt obscurcissant l'arrière-plan. J'approche d'une barrière blanche en bois, en très mauvais état, tenant à peine. Je la décale pour entrer dans la cour d'une immense maison formant un L, en partant de ma gauche, dominant ma vision de ses plusieurs étages. Le ciel est bleu et lumineux, c'est une belle journée. Leira, Rénata et Violette sont là. Je les enlace une à une. Je suis heureuse de les revoir. Je sais qu'elles vont m'aider à retaper le domaine. Je souris.]

Voilà, j'ai trouvé ma vision apaisante, c'est ici que je devrais me réfugier quand j'en aurai de nouveau besoin. L'eau s'est retirée, pourtant j'ai l'impression que la mer est dans mon dos lorsque j'avance, elle est calme et a retrouvé sa sérénité. Non, en fait je la trouve réellement pour la première fois de ma vie. Merci à elles. Je les aimes. Je ne sais pas si elles s'en rendent compte mais elles viennent de me sauver de la noyade qui m'engloutissait depuis des semaines, des mois, des années. Merci à elles. Je les aime. Je respire enfin. Je suis soulagée. En dépit de cette discussion que je dois avoir avec Violette, je me sens plus légère. Merci à elles. 

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