LÉNAÏC
J'étais complètement hagard en sortant de l'immeuble.
Mon cerveau était passé en mode pilote automatique pour éviter de ressasser la conversation qu'on venait d'avoir.
-Eh mais c'est BN !
Je me tournais vers la terrasse où se serraient quatre mecs autour d'une petite table sous une lampe chauffante.
-Salut les gars.
-Tu fais quoi ? T'es tout seul ? Vas-y viens boire un coup avec nous !
-Vous êtes déjà assez serrés comme ça mais c'est gentil.
-On va se tenir chaud !
Pourquoi pas après tout ?
C'était mieux que de rentrer me bourrer la gueule tout seul.
-Je me mets où alors ?
-Ah ! J'étais sûr que t'allais craquer.
-Commande moi une pinte toi au lieu de jacasser.
-Comment ça se fait que tu sois tout seul ?
-On ne se trimballe pas toujours en bande, désolé de vous décevoir.
-Tu ne nous déçois pas, je t'avoue que t'es mon préféré.
-Excuse moi de penser que tu me sors ça juste pour que je paye ma tournée.
Je passais une bonne heure et enfilais trois pintes pour être certain d'engourdir mes pensées qui tournaient en rond avant de reprendre le chemin de mon appartement.
Du bruit venant du bout du couloir m'indiqua que le studio était squatté ce qui m'arracha un grognement. Je voulais juste m'échouer dans un coin pour me morfondre.
Personne n'avait remarqué que la porte s'était ouverte et fermée donc j'en profitais pour me glisser dans la cuisine pour sortir la bouteille de vodka russe que je gardais au congélateur. C'était un cadeau de Juliette après son dernier voyage là-bas.
Pour tout de même ne pas passer pour un soûlard, j'eu la décence de prendre un verre avant de me servir une grande rasade que j'avalais cul sec.
Après avoir répété trois fois l'opération, j'étais sur le point de m'allumer une clope quand j'entendis du bruit dans le couloir.
-Je me disais bien que j'avais entendu du bruit, tu m'as filé la peur de....
Guillaume ne termina pas sa phrase puisqu'il se retrouva plaquer contre le frigo.
-Qu'est-ce qu'il te prend ?
-Tu lui as dis quoi ?
-Hein ?
-Qu'est-ce que tu lui as dis !!
-Len...
Je reculais d'un pas pour avoir l'espace nécessaire pour le secouer.
-Elle veut me quitter à cause de toi ! Qu'est-ce que tu lui as dis putain !
-Tu...
-Je vais te péter la gueule Guim !
-Calme toi Len je comprends rien.
Ma main qui ne le maintenait pas contre le frigo s'enroula autour de sa gorge et je sentis sa pomme d'Adam monter et descendre sous mes doigts.
-Ne me dis pas de me calmer !
-Hop hop hop ! Il se passe quoi ici ?
-Len ça va pas ou quoi ?
-Lâches le.
Julien, Enzo et Raphaël déboulèrent et il en fallu deux pour réussir à me détacher de Guillaume qui se réfugia à l'autre bout de la cuisine avec Enzo en se tenant la gorge.
-C'était quoi ça ? Demanda Julien.
Mes yeux se voilèrent de larmes.
-Juliette veut me quitter à cause de lui.
Raphaël relâcha sa prise sur mon bras une demi seconde qui me suffirent pour traverser une nouvelle fois la cuisine.
-Guim t'as pas fais ça. Commença Julien.
-J'ai pas couché avec elle vous êtes malades !
-Alors quoi ?
-Je sais pas Len. Je sais pas ce qu'elle t'a raconté moi.
-Ne commence pas à mal parler d'elle.
-Je comprends rien. Soupira Enzo.
Lui qui détestait les mélodrames devait bien regretter d'avoir voulu bosser ce soir.
-Qu'est-ce que tu lui as dis ?
-Rien du tout !
-Guim...
-Ne t'y mets pas aussi Raph.
-C'est vrai que tu peux être un peu relou parfois. Ajouta Julien.
-J'ai rien dis !
-A part ?
-J'étais juste surpris qu'elle prenne si bien de ne plus être la seule. Ça allait jusqu'à ce que Richard parle des deux nanas de la boîte.
Les deux nanas ?
-Elle s'est mise en colère et m'a demandé si tu avais couché avec au moins l'une des deux.
Ils grimacèrent tous.
-Et tu lui as dis que oui ?
-Tu as couché avec l'un de ces filles Len ! On ne s'entend pas elle et moi mais je ne lui mentirais pas non plus. Et je n'avais pas de raison de le faire puisque c'était consenti entre vous. Si c'était un sujet tabou tu aurais dû nous le dire.
-Ça va être de ma faute ?
-Ce n'est pas moi qui couche avec d'autres que ma copine.
-Guim c'est pas le moment.
Il allait encore protester mais Raphaël et Julien réussirent à l'entrainer dans le studio.
Sentant le malaise d'Enzo, je lui servis un verre en même temps que je me resservais avant de sortir sur le balcon où il me suivit.
-Te mettre une caisse n'aidera pas.
-T'es sûr ? Demandais-je en vidant mon verre cul sec.
-Tu vas juste avoir mal au crâne.
-Si la migraine occupe la place de mon cerveau où se trouve Juliette je demande que ça.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Raphaël apparu en grand sauveur et Enzo s'empressa de rentrer.
-T'aurais pu amener la bouteille.
-J'avais pas soif.
-Moi si.
-Je sais d'expérience que ça aide en rien.
-Ça atténue.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-Elle a eu peur de moi.
Je m'allumais une clope.
-Elle m'a dit qu'elle n'attendrait pas qu'il soit trop tard pour me quitter parce qu'elle l'avait fais une fois. Sous entendu avec Alexander.
-Aïe.
-"Il n'y a pas que les coups qui blessent"
-Elle a été dur.
-Je l'ai aussi été apparemment mais je ne comprends pas en quoi.
-C'est vraiment fini ?
-Elle veut faire une pause mais ce n'est pas comme les autres fois. C'est pas un break d'ados, je lui ai demandé si elle allait revenir et elle ne sait pas.
-C'est pas votre première crise.
-Il n'y en a jamais eu de si grosse. Pour elle, l'élément déclencheur à été sa conversation avec Guillaume. Je veux pas te faire chier avec ça Raph.
-Pourquoi ? Parce que je suis pas remis de ma rupture ? On pourrait fonder un club, les célibataires anonymes.
-Sauf qu'on est tous sauf anonymes.
-Et que t'es pas célibataire.
-Pour le moment.
J'allumais une autre clope avec le mégot de celle que je venais de terminer.
-Elle me manque déjà.
-Tu dois la laisser respirer.
Julien fit son apparition et eut le droit à son topo, partie Alexander mise à part.
-C'est peut être bien. Commença t-il. Ça fera bientôt neuf ans, c'est le moment que vous preniez tous les deux un moment de recul pour faire le point sur ce que vous avez été, ce que vous êtes et ce vous voulez être dans l'avenir. Ensemble ou pas.
-Ou pas. Et si ce n'était que mon amour de jeunesse ? Mon premier amour ?
-Tu t'en remettrais.
-J'ai pas l'impression.
Raph s'alluma une clope avec un sourire en coin.
-T'avais peur qu'elle soit trop accrochée à moi Raph mais c'est mon monde qui s'effondre sans elle. Et si ce n'était plus de l'amour mais de l'habitude ? Si je ne savais plus aimer ?
-C'est pour ça que vous devez vous poser et prendre du temps.
-C'est bien de calmer les choses avant d'éclater.
-Si on doit se séparer vous savez très bien que ce ne sera pas sans explosion.
-Ça ne sert à rien d'imaginer le pire alors qu'il n'est pas encore là.
-Je dois attendre combien de temps avant de lui envoyer un message ?
-Là je suis mitigé. Réfléchit Julien. Si tu le fais tout de suite elle va se dire que tu la harcèles et que tu ne respectes pas sa décision et si tu attends genre trois jours elle va se dire qu'en fait elle va en avoir rien à foutre.
-C'est clair. Approuva Raph. Surtout pas de pression sentimentale.
-Ouais. Genre un petit truc genre bonne nuit pour lui montrer que tu penses à elle.
-Putain c'est compliqué.
-Si tu baisses les bras maintenant tu mériteras qu'elle te quitte.
-Merci Julien.
-T'as voulu tout avoir mais maintenant c'est l'heure de la remise en question. Tu l'as prise pour acquis.
C'était Raphaël la voix de la conscience habituellement, mais Julien semblait tenir ce rôle très à cœur.
-Je ne l'ai pas prise pour acquis !
-On ne couche pas avec d'autres femmes quand on sort avec une des plus grande mannequin de la planète ! S'offusqua t-il.
-Je m'en fou qu'elle soit mannequin.
-Outre son physique c'est une fille super intérieurement. Ajouta Raph.
-Je sais.
-Je me les gèle moi. Tu peux rentrer sans te jeter sur Guim ?
Je lui montrais mon majeur avant de rentrer.
Enzo et Guillaume écoutaient les pistes qu'ils venaient d'enregistrer et ce dernier se leva quand on entra.
-Tu devrais apprendre à fermer ta gueule.
-A 30 piges il serait temps que tu arrête d'être colérique.
Je le pris dans mes bras et il me tapota le dos.
-Pardon de m'être interposé dans ton couple. Me souffla t-il pour que les autres n'entendent pas.
-Pardon d'avoir voulu te frapper.
-On va devoir boire un verre de vodka à l'amitié.
On termina la bouteille tous les cinq en écoutant les pistes qu'ils avaient enregistré.
J'étais complètement mort et je me sentis soulevé.
-Tu dois m'aider là Len.
-Pourquoi ?
-Tu pèses une tonne et je regrette d'avoir eu des scrupules à te laisser dormir là.
-J'aime quand tu me parles comme ça Raph.
-Si t'as la force de faire des blagues, t'as la force d'aller te coucher.
-Je dois faire pipi.
Je parvins à me redresser pour aller pisser.
-Les autres sont où ?
-Partis ?
-Pourquoi t'es encore là ?
-J'avais deux-trois trucs à terminer et j'allais pas te laisser comme ça.
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Raph cet amour ❤️