Underground

By LaurenceCo

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Jennifer Akson, une adolescente maladroite à l'imagination débordante, était une de ces filles distraites et... More

Chapitre 1: Le gars du bus
Chapitre 2: Événement surnaturel
Chapitre 3: Souvenirs
Chapitre 4: Légère confusion
Chapitre 5: Insomnie et accident de voiture
Chapitre 6: Des questions peu de réponses
Chapitre 7: Le grand départ
Chapitre 8: Bienvenue à Alteran
Chapitre 9: Deux moutons
Chapitre 10: Déchirée
Chapitre 11: Le début des ennuis
Chapitre 12: L'Aube
Chapitre 13: Importantes découvertes
Chapitre 14: Mission de sauvetage improvisée
Chapitre 15: Dispute
NDA - Un gros merci!
Chapitre 16: Combats
Chapitre 17: Une bande d'oiseaux apprivoisés
Chapitre 18: Une lame à double tranchant
NDA - QUOI!!???
Chapitre 19: Une victoire ou une défaite?
Chapitre 20: Interrogations
Chapitre 21: Logique illogique
Chapitre 22: Coup bas
Chapitre 23: Un meurtre discret
Chapitre 24: Lourdes révélations
Chapitre 25: Mensonges
NDA - Bravo à vous!!! :D
Chapitre 26: La Lune reflète les rayons du soleil
Chapitre 27: Émeute
Chapitre 28: Une sérieuse discussion
NDA - Dites-moi que c'est un bug?!
Chapitre 29: Un plan fatal
Chapitre 30: Mettre de l'huile sur le feu
Chapitre 31: Pétrin
Chapitre 32: Lorsque tout va de pire en pire
Chapitre 33: Préparation
Chapitre 34: Le calme avant la tempête
Chapitre 35: Chaos
Chapitre 37: Réconciliations
Chapitre 38: Un abri temporaire
Chapitre 39: Le début de la fin
Chapitre 40: Une question de vie ou de mort
Chapitre 41: Nouvelles cicatrices
Chapitre 42: Souffrances et silence
Lettre à Jennifer
Chapitre 43: Un soupir au milieu des pleurs
Chapitre 44: Chasse-poursuite dans la pénombre
Chapitre 45: Un dernier au revoir
Remerciements et sondage

Chapitre 36: Fugitifs

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By LaurenceCo

- Sortir? couine Tess en se plaquant les mains sur les joues. Tu veux dire, aller à la surface?

Alex hoche la tête et déclare:

- Exactement. Après tout ce que vous avez fait, demeurer dans la cité serait un acte de suicide. Un peu plus de la moitié des habitants de cette ville veulent présentement la mort de Jenn: ils ne comprennent pas réellement la prophétie, et...

- Là n'est pas le problème, persifle Fabien en le coupant dans ses explications. Ça fait sept mois que je suis ici, dans le noir, coupé du monde extérieur, alors tu crois quand ça m'enchante que tu nous ordonnes de sortir?

- Il fait nuit, réplique Alex. Il fait cinq degré Celsuis dehors et il n'y a qu'une faible accumulation de neige; les Alterans sont très résistants au froid, donc vous serez parfaitement à l'aise.

- Et au lever du jour? lance Amé avec impatience. Qu'est-ce que nous allons faire?

- Il va falloir vous adapter.

Fabien s'approche lentement d'Alex, l'air menaçant.

- "Nous adapter"? grogne-t-il en le fusillant du regard. Es-tu vraiment en train de te permettre de me donner des ordres, l'Étamien?

- Je ne fais qu'assurer votre survie, se défend Alex en ne bronchant pas devant les tentatives de Fabien pour l'intimider.

- On n'a pas besoin d'un crétin comme toi pour "assurer notre survie".

Je lève les yeux au ciel, dépassée par leur attitude enfantine. Amé et moi avons un contacte visuel: elle est aussi excédée que moi. Faute de patience, elle lance aux deux garçons:

- Les mecs, si nous voulons nous tirer vivant de toute cette histoire, il faudrait se bouger.

- Si vous n'arrêtez pas de vous disputer, ça ne mènera à rien, gémit Tess.

Les deux garçons se toisent du regard quelques instants avant de se séparer. Amé soupire longuement, visiblement satisfaite que sa remarque ait fait effet.

- Maintenant, je dis qu'on se tire d'ici avant que des policiers cinglés ne nous sautent dessus, propose-t-elle en faisant craquer ses jointures.

- ... ce qui implique que nous devons absolument sortir, renchéris-je en jetant un regard noir à Fabien. (Je me retourne vers les quatre autres.) Les grilles ne l'arche ne sont pas encore closes, à cette heure: nous devrions pouvoir sortir facilement d'ici. Dépêchons-nous avant qu'il ne soit trop tard!

Personne ne réplique, et nous nous mettons tous en route. Je prends une grande inspiration et réajuste mon sac à dos sur mes épaules. On dirait bien que ce sera moi, la leader, dans ce groupe. Lorsque je propose quelque chose, les autres l'acceptent et me suivent. Le problème, c'est que je n'ai pas la tête d'un chef. Je dois un peu me botter le derrière pour me décider à me prononcer ou à élever la voix. Je vais devoir m'y faire. C'est ça, mon rôle, à présent.

Nous déboulons rapidement les escaliers et les passerelles, bousculant des gens au passage. J'espère que personne ne me reconnaîtra ou se lancera à notre poursuite. Avec un peu de chance, nous passerons l'arche et sortirons d'ici sans le moindre problème.

Alex, qui court en arrière de moi, me lance:

- Jenn, quelle heure est-il?

Je soulève la manche de mon manteau noir, question de pouvoir consulter ma montre. Je sens le rythme de mes battements cardiaques accélérer: il est dix-neuf heures quarante-cinq! Plus que quinze minutes avant la fermeture de la grille! S'il n'en était qu'à moi, je piquerais un sprint jusqu'à l'arche et y arriverait en moins de deux minutes; seulement, je ne peux pas me permettre d'abandonner mes amis, ou d'aller les attendre là-bas. S'ils se faisaient attaquer? S'ils se faisaient prendre par les autorités? Je dois être là pour les défendre. Je me sens comme s'ils étaient sous ma responsabilité.

- Il faut se grouiller, hurlé-je aux autres. Il ne nous reste que quinze minutes.

Nous accélérons le pas. Il me brûle de prendre tout le monde avec moi et de m'élancer à toute vitesse vers l'arche, mais soyons logiques: je ne peux tout simplement pas transporter cinq personnes avec moi sans les blesser. Ce serait trop risqué d'essayer.

Après plusieurs minutes, nous arrivons au sol et courrons dans les sentiers de quartz qui mènent à l'arche. Une longue pente montante se dresse avant nous. Mon coeur se déchaîne dans ma poitrine: après l'avoir gravie, nous tomberons nez-à-nez avec l'arche. Il ne manquera plus qu'à traverser ses grilles et de parcourir le long couloir qui mène jusqu'à la partie non-fréquentée du métro. Nous aurons réussit. Nous serons libres.

- Nous y sommes presque! crié-je aux autres en gravissant la montée.

J'entends les autres derrière moi haleter: je vais peut être à un rythme légèrement trop rapide pour eux. Je m'arrête quelques instants pour leur laisser l'occasion de me rejoindre.

- Tu... tu vas un peu vite, Jenn, souffle la pauvre Tess, qui se trouve beaucoup plus en-arrière que tous les autres.

Je me sens vraiment coupable que Tess nous accompagne: elle est innocente, naïve, amusante. Elle n'a rien à voir avec tout ça. C'est alors qu'elle arrête brusquement d'avancer. Ses yeux s'agrandissent de panique et elle hurle:

- On a oublié Jess!

Alex, Jacob, Fabien, Amé et moi échangeons un regard, un peu mal à l'aise. Nous n'avons pas le temps de faire demi-tour et de traverser toute la ville jusqu'à la place centrale! M'arrachant les mots de la bouche, Alex s'approche doucement de Tess et lui dit:

- Je suis désolé, mais ce serait tout simplement irréfléchi de tout mettre à l'eau seulement pour aller chercher ta copine. Pour l'instant, l'important est de se tirer vivants d'ici.

- Jessica est plus que ma simple copine: elle est comme ma soeur!

Tess éclate en sanglot. Je comprends sa panique et son désarroi: moi aussi, si je savais que Kat était laissée à elle-même au beau milieu d'une ville en pleine crise avec des policiers qui tirent dans la foule et des dirigeants sans coeur pour la gouverner, j'aurais paniquée et aurais exigé qu'on aille la chercher. Mais en même temps, comme dit Alex: ce serait bête de refaire tout le chemin inverse pour finalement se faire fermer les portes de la grille sous le nez. On serait dans de beaux draps!

- Je comprends qu'elle soit triste et tout le reste, mais il faut vraiment qu'on y aille, insiste Fabien avec une touche d'agacement dans la voix.

Tess renifle et redresse la tête, les yeux pleins d'eau.

- Je suis désolée de te dire ça, ma fille, mais on est en guerre à partir de maintenant, déclare Amé en posant ses poings sur ses hanches. Faudra que tu arrêtes de pleurnicher à toutes les choses désagréables qu'on va vivre. Tu n'es plus dans ton petit appartement à New York, mais impliquée dans une révolution qui a pour but d'empêcher la race alteranne, ta propre race, de se détruire elle-même en anéantissant celle des Étamiens. La vie n'est pas un monde peuplé de licornes et d'arc-en-ciels magiques, réveille-toi! Si tu n'es pas capable de l'admettre, eh bien vas-y, va rejoindre ta copine et allez vous tapir ensemble dans une petite maison alteranne en agissant comme de bonnes citoyennes. Mais je te préviens: la vie ne sera pas nécessairement plus facile ici que si tu pars avec nous. Alteran n'est plus en paix, et ce n'est pas en cessant d'agir et en se sauvant de la réalité que tout s'arrangera. Que tu le veuilles ou non, la vérité finira par te rattraper. Alors fais un choix, maintenant: tu pars ou tu restes. Mais dis-toi une chose: dans les deux cas, les prochains mois seront pénibles. Je veux dire, très pénibles.

Tess esquisse d'un mouvement à peine perceptible de la tête.

- Bon, alors maintenant, finissons de gravir cette pente, ordonne Fabien en frappant dans ses mains. Il ne doit plus rester beaucoup de temps.

Et tout le monde se remet en marche, alors que j'attends toujours au sommet de la montée. Je regarde par-dessus mon épaule. L'arche est là, à quelques mètres... Un peu anxieuse, je retourne la tête vers mes cinq amis. Ils devraient se dépêcher un peu!

Je remarque que Tess est toujours bouleversée, et ses larmes n'ont pas encore complètement séché. Je souris tristement. Amé est très radicale et rude dans ses propos, mais je dois admettre qu'elle avait raison de lui lancer la vérité dans la figure. Tess doit se raffermir un peu et cesser de vivre dans son petit monde parfait. C'est triste à dire, mais c'est vrai. Il fallait l'avertir de tout ce qui se passe en ce moment avant qu'elle ne se décide à nous suivre dans notre périple. Périple qui, pour être franche, n'est pas du tout planifié. J'ignore ce qu'on fera, une fois sortis d'ici. Nous verrons le moment venu.

- Jenn, attention! me hurle Jacob.

Un coup de feu retentit. Je sens une douleur vive me saisir le derrière de la jambe. Ça faisait longtemps que j'en avais ressenti: de la douleur... Apparemment, je n'en suis pas complètement immunisée.

J'étouffe un hurlement de souffrance et me penche par en-avant pour saisir mon mollet droit. Je me mets à le presser très fort, l'élancement devenant de plus en plus intense. Je me mors la langue pour m'empêcher de crier ou sangloter.

- Au nom du Conseil, nous vous arrêtons! tonne un homme derrière moi.

Je m'écroule sur le sol. Un filet de sang s'écoule de la plaie que la balle a créé dans mon mollet. Ma jambe droite n'est plus capable de me soutenir. Quelques larmes me roulent sur les joues. Je retourne faiblement la tête vers l'homme qui m'a atteint: un policier. Il est accompagné d'une dizaine d'hommes qui braquent tous leurs armes sur moi ou mes compagnons. Je suis trop faible pour me redresser et encore plus pour me battre.

- Nous vous conduisons au Palais de la Sécurité, aboie un autre homme. Ne vous débattez pas et nous ne vous ferons pas de mal.

Je me sens sombrer dans le désespoir. Je ne peux donc rien faire...?

Puis, une idée s'interpose dans mon esprit.

Je sais parfaitement quoi faire.

Je frotte mes mains contre mes joues légèrement mouillées de larmes. Mes mains sont à présent humides. Je les plaque sur ma plaie. Je lâche un grognement de douleur lorsque la balle se déloge de ma chair. Je sens ma plaie se refermer lentement alors qu'une chaleureuse lueur violette s'en échappe. Je souris de satisfaction alors que je constate que je suis entièrement soignée.

Seuls mes compagnons ont pu apercevoir la scène. Deux gendarmes viennent me chercher et m'empoignent les bras pour que je me relève, n'ayant pas remarqué que je m'étais auto-guérie. La douleur s'est presque entièrement estompée dans ma plaie fraîchement guérie et je me sens d'attaque. Néanmoins, je feins l'impuissance et laisse les policiers me relever. Je fais semblant de boiter alors qu'ils me conduisent un peu plus loin. Ils s'immobilisent momentanément pour attendre leurs collègues qui sont en train d'arrêter mes amis, et je sais que c'est maintenant ou jamais. Je me défais brusquement de la poigne de mes ennemis et envoie mon pied dans la figure de celui à ma gauche. Je sens son nez craquer son le choc, et je l'achève en frappant dans son ventre. Je pivote rapidement et, sans laisser le temps à son compagnon de réagir, je lui décroche un solide uppercut. Sonné, le policier s'effondre sur le sol à son tour.

Je les dépouille de leurs armes. Je prends possession d'un fusil et, voyant les autres policiers et mes amis approcher, en lance un autre en direction de Fabien. À peine l'a-t-il attrapé qu'il commence à s'en servir: il décoche une balle vers le pied d'un de nos opposants, mais tire de travers et manque la cible. Embarrassé, il en envoie trois autres dans la même direction avant qu'une n'atteigne son objectif.

Alertés par les coups de feux, les autres gendarmes réagissent: ils se précipitent sur Fabien en essayant de l'atteindre avec leurs balles. Un peu paniquée, je lance un fusil à Alex et le dernier, à Amé. Je n'en ai pas d'autres pour Jacob et Tess.

Amé se met à décocher des tires dans toutes les directions sans la moindre concordance: à peine la moitié de ses tires atteignent leur cible. Fabien se contente d'esquiver maladroitement les balles des policiers et de tirer au hasard de temps à autre. Seul Alex semble savoir se servir d'une arme à feu. Je soupire. Ouais. Décidément, nous avons tous besoin d'un peu de pratique au combat.

Je m'élance vers les quelques policiers restant pour aider mes compagnons en difficulté. Pour moi, me servir d'une arme me semble très naturel depuis ma transformation, donc je ne me débrouille pas mal - pour une personne qui ne s'est jamais pratiquée, bien sûr, car je suis persuadée qu'avec un peu d'entraînement, je serais bien meilleure.

Les fusils alterans sont très légers et facilement maniables. Je n'ai jamais tiré avec une arme humaine, mais d'après ce que j'ai vu dans les films, elles sont bien plus lourdes.

Je décoche une balle dans la cuisse d'un gendarme qui tirait sur Fabien, puis en envoie une autre dans le dos d'une personne qui s'acharnait sans raison à Tess. Je dois ensuite m'attaquer à un policier avec qui Amé se bat maladroitement: j'utilise mon arme pour le cogner à la tête. Il s'écroule sur le sol, inconscient. Je lâche un long soupir d'exaspération: à part Alex, personne n'est en capacité de se défendre tout seul! Littéralement! J'en ai beaucoup plus sur les bras que ce que je m'étais d'abord imaginée.

Pendant ce temps, Alex a eu le temps de maîtriser tous les autres gendarmes avec beaucoup de facilité, comme s'il se servait des armes à feu depuis toujours. Sur le sol gît à présent une dizaine de policiers blessés. Nous n'en avons tué aucun: je suppose qu'aucun de nous n'avaient envie de mettre fin à la vie de quelqu'un.

- Partons maintenant, ordonne Alex en pointant l'arche du doigt.

Nous avions presque oublié! Sans plus attendre, nous nous élançons tous dans le sentier blanc pour atteindre la sortie, mais...

- Merde! s'écrit rageusement Amé. C'est une blague? Dites-moi que c'est une blague?

... les grilles se sont entre-temps refermées. Je consulte ma montre: il est vingt heures et dix minutes. Il est largement vingt heures passées. Je sens mes épaules s'affaisser. Nous étions si près du but...! Mais il a fallu que nous perdions notre temps et montant la pente et qu'on ne se dépêche pas avec les policiers. Je suis furieuse.

- Que fait-on, maintenant? demande Tess avec inquiétude.

- Bonne question! lancé-je, en colère après moi-même.

Alex lève les yeux au ciel. Irritée, je siffle:

- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a?

- T'es pas sérieuse? rigole-t-il doucement.

Je fronce les sourcils et penche légèrement la tête sur le côté.

- Que veux-tu dire? lâché-je. Bien sûr que je suis...

- Tu es capable de tenir tête à tes dirigeants, de te soigner toi-même, de soulever une ville entière et l'inciter au combat, mais par contre, une grille t'effraie?

Je souris timidement, le remerciant du regard pour ses encouragements. Je rapporte mon attention à la grille. Elle est faite de métal noir et est magnifiquement détaillée. Elle semble être scellée par un quelconque sortilège, car aucune serrure ou corde n'est visible pour la maintenir close. Je me recule et hausse les épaules.

- Je peux toujours essayer de les défoncer, ou je-ne-sais-quoi, dis-je sans trop de conviction. Mais je ne peux rien promettre...

- Dépêche-toi! me presse Fabien.

Je comprends rapidement de quoi il veut parler: des renforts policiers sont en train de gravir la pente. J'entends mon coeur battre à tout rompre, et l'adrénaline prend le dessus sur mes pensées. Sans réfléchir, je fonce dans l'arche et percute mon épaule sur les grilles closes. Rien ne se produit, alors je recommence. Encore rien.

- Continue, Jenn! m'incite Fabien.

- Ils se rapprochent...! panique Tess.

- La ferme, Tess, maugrée Amé en roulant les yeux vers le ciel.

Je prends une grande inspiration et visualise qu'une énergie parcours mon être. Un fourmillement familier agite mes mains. Je souris légèrement. Mes paumes se sont allumées, mais volontairement cette fois-ci. Je fonce l'épaule la première dans la grille de l'arche et, contrairement à mes tentatives précédantes, elle cède en un grincement sourd. Cela m'a demandé beaucoup d'énergie et je suis momentanément très étourdie. Je finis par me redresser tout de même.

- Vite, entrez! crié-je alors en pointant la sortie.

Tout le monde se précipite dans le couloir de pierre dont la grille nous interdisait l'accès. Lorsque je suis sûre que tout le monde est passé, je m'élance à la suite de mes compagnons.

Nous traversons le long couloir gris qui relit le métro et l'arche. Puis, Amé plaque sa stillad contre le mur de pierre qui se dresse devant nous. Il vire lentement au violet et nous cède le passage. Nous nous engouffrons dans l'ouverture et courrons dans cette partie abandonnée du métro. J'entends des bruits de pas se rapprocher derrière nous. Je risque un coup d'oeil par-dessus mon épaule. Un groupe de gendarmes alterans.

- On est suivis! lancé-je aux autres.

- Encore? s'étonne Jacob sans cesser de courir.

Des coups de feux résonnent dans l'immense aile de métro abandonnée. Il fait drôlement noir: je suis heureuse de pouvoir tout de même y voir quelque chose. Le sol en béton parsemé de flaques d'eau fait claquer nos baskets à chacun de nos pas. L'atmosphère est humide, et des nuages de vapeurs s'échappent de nos bouches à chaque expiration. Pourtant, Alex disait bien vrai: je ne sens pas trop le froid.

Les policiers nous crient dessus et décochent des coups de feux à l'aveuglette: nous sommes trop loin devant eux pour qu'ils puissent correctement nous atteindre.

- Atteignons la partie utilisée du métro: ils n'iront jamais s'y aventurer! crie Amé en sprintant à en perdre haleine.

Vrai. J'incite les autres à me suivre vers le tournant à gauche: par-là, nous rejoindrons rapidement l'entrée et les escaliers. À cette heure-ci, le métro doit être particulièrement achalandé. Jamais les autorités n'oseront nous suivre.

Nous nous engageons dans le corridor qui nous conduira rapidement vers les escaliers. Les coups de feux des policiers ainsi que ceux d'Alex qui réplique forment une terrible cacophonie. Le seul autre son qui parvient à moi est celui des battements frénétiques de mon coeur.

L'odeur de renfermée qui régnait jusque là dans le métro laisse progressivement place à une fraîche odeur d'humidité et d'herbe.

- Nous approchons, murmuré-je plus pour moi-même.

Un mélange de bonheur et d'angoisse s'empare de moi alors que je les vois apparaître: les escaliers. Il fait nuit dehors, et d'énorme flocons de neiges mouillés tombent du ciel.

Nous y sommes.

Devant la liberté. Lorsqu'on ne fait qu'y penser, elle est belle et fantastique, mais lorsqu'on se trouve nez-à-nez avec elle... C'est plutôt intimidant. Je prends néanmoins mon courage à deux mains et m'élance vers les escaliers. Comme prévu, les policiers freinent brusquement à la sortie du corridor, de peur de se faire surprendre par les nombreux humains dans la place.

Je monte fébrilement les escaliers. L'air frais de novembre me souffle dans le visage, les flocons de neige viennent s'agripper après mes cheveux bruns chocolats. Le doux soupire du vent vient me murmurer dans les oreilles. Je suis à présent complètement émergée du monde souterrain, au beau milieu de la ville. Je suis incapable de décrire l'étrange sentiment qui m'anime.

- Ça y est, soupire Jacob en respirant un bon coup.

Ça y est, en effet. Nous y avons échappé belle!

- Ne crions pas victoire trop vite, dit sombrement Alex. Je sens que le Conseil trouvera une façon de répliquer bien rapidement. Présentement, il faudrait se trouver un toit où dormir.

Je m'interpose:

- Avant d'aller dormir où que ce soit, nous devons nous rendre chez Daniel. Enfin, je dois m'y rendre, du moins.

- Daniel? dit sceptiquement Tess. Tu veux dire, celui dont Fabien disait qu'Atenas parlait, une fois...?

- Exactement, opiné-je. Il me doit quelques explications.

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