LÉNAÏC
15 juillet 2025.
Encore une fois, le concert avait été démentiel.
Je n'en revenais pas de la chance qu'on avait d'avoir un public aussi fidèle depuis toutes ces années.
Chaque été, on reprenait la route des festivals, mais ça n'était jamais lassant, pour notre plus grand bonheur à tous même si le groupe n'était pas au complet cette année.
Raphaël était toujours à New York avec Guillaume et Richard qui avaient prit leur tour de baby-sitting pour éviter une nouvelle rechute.
On s'était tous retrouvés à NY pour son anniversaire pour lui faire une surprise et même si je n'avais pas pu passer autant de temps que je l'aurais voulu avec Juliette, ça m'avait fait du bien de retrouver toute ma bande au complet après plusieurs mois.
Boostés d'adrénaline, on prit à peine le temps de se doucher et de se changer avant de se mettre en route pour la boîte où Enzo avait un showcase.
-Len ?
-Ouais ?
-Promis c'est la dernière fois que je te casse les couilles avec ça mais si je ne le fais pas Maria va encore me gaver. Juliette t'as répondu ?
-Oui putain je t'ai pas dis. Elle a dix jours en août entre un shooting pour une couv et je sais plus quoi. Elle est censée lui avoir directement répondu sur insta aussi.
-Je crois que je suis plus si chaud que ça pour des vacances finalement.
Nos anniversaires avec Julien tombant tous les deux en août, Maria s'était mise en tête qu'on parte tous les quatre en vacances pour fêter ça.
Sauf que ses tendances control freak étaient à l'opposé du jemenfoutisme de Julien.
-Je vais finir sur une île déserte tout seul pour qu'elle me foute la paix.
-Elle te géolocaliserait et te retrouverait en moins de deux.
-Non mais sur le nombre de nanas qui font du contenu sur youtube, il a fallu que je tombe amoureux de la plus chiante.
-Fais genre t'es pas un canard.
-Bien sûr que je suis un canard, elle sait toujours comment m'avoir.
Au moins il en avait conscience.
-Et Juliette sait toujours comment t'avoir aussi. Tu veux boire quoi toi ?
-Une bière.
Le carré était bondé et un groupe de filles hurlait dans tous les sens en nous jetant des œillades très peu discrètes qui m'agacèrent tout de suite.
Elles devinrent carrément incontrôlables quand Enzo monta sur scène, la première pensée me passant fut "heureusement que Raph n'est pas là", avant de venir nous coller avec Julien et Baptiste.
La petite blonde semblait très, très, très intéressée par les trois mots que je lui avais accordé et semblait prête à me suivre dans toute la boîte pour entamer une conversation. Renonçant à fuir, je fis mine de m'intéresser à ce qu'elle me racontait en la détaillant distraitement : très jolie mais trop barbante. Ses cheveux n'étaient pas du même blond que Juliette, ils n'étaient pas aussi longs que ceux de Juliette, bref, je divaguais dans ma comparaison sans l'écouter ce qu'elle ne tarda pas à capter.
Elle rejoignit ses copines alors que je fis signe à Julien que j'allais fumer une clope.
Le showcase battant son plein, le fumoir était quasiment désert.
Je coinçais une clope entre mes lèvres avant de chercher mon briquet dans ma poche : merde, je l'avais filé à Medhi tout à l'heure.
-Fais chier. Pestais-je. Excuse-moi ? T'aurais du feu ?
J'avais demandé à la personne la plus proche de moi : une grande brune absorbée par son portable.
Elle releva vivement la tête.
-Ouais bien sûr.
Elle coinça sa clope entre ses lèvres pour chercher dans la poche arrière de son jean.
-Tiens.
-Merci.
Sa tête me disait vaguement quelque chose.
-On se serait pas déjà croisés ? Hasardais-je.
Elle sourit en expulsant sa latte.
-Je m'occupais de l'orga du festival.
-C'est bon, je te re situe. T'as pas eu assez de musique pour la journée ?
-Enzo m'a invité pour le showcase.
-Que t'es accessoirement en train de rater.
-J'avais un coup de fil à passer.
Je lui rendis son briquet après avoir allumé ma clope.
-C'est vrai que personne ne résiste à Enzo.
-J'ai toujours préféré les blonds. Rétorqua t-elle en haussant un sourcil.
Enzo était brun.
-Moi, j'ai toujours eu un faible pour les brunes.
Je lui rendis son sourire narquois entre deux taffes.
-Ta copine n'est pas blonde ?
-Si.
On passa un petit moment en silence, elle replongée sur son téléphone et moi la détaillant en profitant de ma clope.
Je l'avais croisé au cours de la journée mais je n'avais pas eu ni le temps, ni la tête à vraiment la regarder.
Elle était très jolie.
Brune.
Un peu plus petite que moi.
De grands yeux verts.
Elle releva la tête et nos regards s'accrochèrent un instant ce qui ne fit que me confirmer qu'elle me plaisait beaucoup.
-Je sais pas si je me fais des films ou si je suis complètement à l'ouest après la journée de dingue que j'ai passé donc je vais te poser la question. Est-ce que t'essayes de me serrer ?
J'éclatais de rire en écrasant mon mégot.
-C'est possible ouais. Pourquoi ? J'aurais une chance ?
-Je t'ai déjà dis que je préférais les blonds.
-Je suis pas le seul de la boîte.
-Mais t'es le seul devant moi.
-Quel heureux hasard alors. Je connais même pas ton prénom.
-Alice.
-Lénaïc.
-Je trouve que BN te va mieux.
-Appelles moi comme tu veux.
Elle leva les yeux au ciel.
-Ça marche à tous les coups ?
-De ?
-Le coup du briquet dans le fumoir ?
-Si je te disais que c'est la première fois tu me croirais ?
-Sûrement pas.
-Je fuyais un groupe un peu trop collant dans le coin VIP.
-Des filles ?
-Ouais.
-Ça ne m'étonne pas du tout. Il n'y en avait aucune qui te plaisait ?
-Aucune autant que toi.
Elle leva les yeux au ciel.
-Et j'ai vraiment pas de briquet, Medhi m'a prit le mien.
-Toute notre soirée repose donc sur le pouvoir d'un seul briquet.
-C'est dingue la vie.
Elle rit alors que je m'adossais contre le mur.
-On est bien d'accords toi et moi sur le fait que tu as une copine.
-Oui. Pourquoi, ça te dérange ?
-C'est pas moi que ça devrait déranger.
-S'il se passe quelque chose, ce sera cette nuit puis plus jamais. Je veux pas ton numéro, pas tes réseaux ou ton mail. On profite et après on s'oublie.
-Tu penses pouvoir m'oublier ? Demanda t-elle, l'air taquin.
-Ça je ne peux pas te répondre tout de suite. Fais gaffe, je vais penser que t'es une vantarde.
-Je peux juste te dire que personne n'a jamais eu à se plaindre.
-Tu vas sortir le recensement de tes plans culs ?
-Merde, je l'ai oublié dans ma voiture, je l'ai pas sur moi.
-Je vais devoir me contenter de la démo.
-C'est con.
Ça me paraissait si bizarre de flirter ouvertement.
Je n'avais pas fais ça avec une inconnue depuis le jour où j'avais rencontré Juliette sur le tournage de mon clip.
-Tu sais que t'es un très beau parleur.
-Non je savais pas.
-Arrête, tu dois en baratiner à la pelle.
-Pas du tout.
Je me sortis une seconde clope et elle l'alluma avec son briquet.
-Je suis avec quelqu'un que j'aime et qui me rend très heureux. J'ai pas besoin d'en baratiner à la pelle comme tu dis.
-Et moi alors ?
-Toi tu me plaît, t'es là et je t'ai déjà dis que demain on reprendrait chacun notre vie.
Mon portable sonna : Guillaume.
-Faut que je décroche.
-Je t'en prie.
-Ouais Guim ? Tout va bien ?
-Salut ma poule. Oui tout roule. C'est juste qu'on pense avoir effacé tes prises sur Icare.
-Pardon ?
-Raph a cliqué n'importe où et on les retrouve plus. Tu peux demander à Medhi de répondre parce qu'on galère là.
-Ça vous arrive de faire des calculs horaires ? Medhi est sur scène avec Enzo là.
-Oh putain de merde. C'est bientôt fini ?
-Je pense.
-Tu peux lui dire d'appeler dès qu'il a fini ?
Richard était mort de rire derrière.
-Dis bien à Raph qu'il casse les couilles, il me l'a déjà fait refaire quinze fois sa chanson de merde.
-Le message sera bien transmis. Désolé de t'avoir dérangé ma poule. Bisous.
-Ouais c'est ça.
Je raccrochais en soupirant.
Je me voyais déjà refaire quinze nouvelles prises depuis Paris puis de devoir attendre les retours de Raph, depuis New York : la galère.
-Tu sais, j'en ai rencontré des salauds dans ton genre mais au moins t'as le mérite d'être honnête.
Je me retournais vers Alice en fronçant les sourcils.
-Qu'est-ce que je suis censé répondre à ça ?
-Certainement rien.
Elle était vraiment très jolie.
-Ou alors que tu peux commander un uber tout de suite si tes copains n'ont plus besoin de toi.
Elle se rapprocha pour se planter face à moi avant de recaler une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
Mon cœur s'emballa à l'idée qu'elle allait certainement m'embrasser.
Qu'on allait s'embrasser.
Moi et Alice que je ne connaissais pas depuis plus d'une heure.
Moi et Alice et non pas moi et Juliette, comme ça l'était depuis toutes ces années.
Je n'eue pas plus de temps pour réfléchir car ses lèvres se posèrent sur les miennes.
Bizarrement, le surchauffage de mon cerveau se mit en pause, me permettant de répondre pleinement à son baiser. Mon bras droit passa autour de sa taille pour l'attirer contre moi alors que sa main trouva ma joue. En plus d'être très jolie, elle embrassait très bien.
Elle recula son visage pour reprendre son souffle un instant.
-Alors, toujours persuadé de garder aucun souvenir ?
-Je crois qu'il est vraiment temps de passer à la démonstration.
Ma bouche retrouva la sienne quelques instants avant que je ne la relâche.
-L'hôtel est pas loin du tout, on peut y aller à pieds. Tu viens ?
On rentra ensemble dans la boîte, le showcase venait juste de se terminer.
Je trouvais Julien dans un coin.
-Je m'en vais.
-Ah bon ? Déjà ? Mais...
Il aperçu Alice derrière moi.
-Donc tu penses plus que c'est une mauvaise idée ?
J'haussais les épaules.
-T'es sûr qu'elle est fiable ? Et si elle balançait tout à ses copines ou sur ses réseaux ?
-Elle a pas l'air d'être le genre.
-Il y a une différence entre l'air et l'être.
Voilà qu'il partait en dissert de philo.
-Je fais gaffe t'inquiète.
-Demain je veux être le premier au courant.
Je levais les yeux au ciel.
-Je suis très sérieux Len.
-Je n'en doute pas.
-Ah la la mon copain il va ken ce soir ! Bon vas-y !
-Tu dirais à Medhi d'appeler Guim, ils ont encore fait des conneries.
-Comptes sur moi. A demain.
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Si vous trouvez que Len est complètement largué et qu'il fait n'importe quoi c'est parce qu'il complètement largué et qu'il fait n'importe quoi 😅😅