Sorry | Tome 1

By -ivredamour

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❝ Une partie de moi ne vit que pour toi. ❞ La vie de Charlie vole en éclats lorsqu'elle entame un nouveau dép... More

𝐒𝐎𝐑𝐑𝐘
𝐏𝐋𝐀𝐘𝐋𝐈𝐒𝐓
𝐏𝐄𝐑𝐒𝐎𝐍𝐍𝐀𝐆𝐄𝐒
𝐈
𝐈𝐈
𝐈𝐈𝐈
𝐈𝐕
𝐕
𝐕𝐈
𝐕𝐈𝐈𝐈
𝐈𝐗
𝐗
𝐗𝐈

𝐕𝐈𝐈

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By -ivredamour

— Tu as besoin de repos, s'écria madame Clear, pas de rester enfermée !

Charlie leva à peine la tête, le nez dans son manuel de chimie.

— C'est les vacances, Cha'. Les vacances.

— Je sais, marmonna l'adolescente.

— Tu sais quoi ? Toi, ton frère et moi, on va passer les quatre jours qui restent chez mes parents. Ça va vous faire du bien, d'accord ?

— Chez papi et mamie ? demanda Leo d'une petite voix.

— Oui, chez papi et mamie. Peter nous conduira. Préparez vos affaires.

Elle sortit du salon en serrant les poings. Charlie déplia ses genoux avant de les ramener contre elle, le craquement faisant grimacer son petit frère.

— Bon, j'y vais, annonça-t-il. Tu ferais mieux de...

— Je prendrai juste des vêtements, l'interrompit la jeune fille.

Une sensation désagréable s'immisçait peu à peu en elle, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi.

Elle courut à l'étage, jeta quelques affaires dans un sac-à-dos et ferma les yeux. Une seconde de répit, seule, cela valait de l'or. Un instant pour souffler était décidément tellement précieux...

*
*    *

Le simple fait d'être au chaud, dans une voiture, cahotant sur des graviers sur le long d'un chemin de campagne, avait quelque chose de rassurant, d'apaisant.

Le front posé contre la fenêtre, Charlie observait le paysage sans un mot. Avant, elle allait souvent chez ses grands-parents, et les plaisanteries à table, les jeux dans le petit jardin ou dans la véranda... La douceur d'un temps désormais révolu sonnait à présent comme une blessure profonde ; une cicatrice invisible.

— On est arrivés, dit l'oncle Peter en coupant le moteur. Je vais vous laisser, j'ai beaucoup de choses à faire en Floride.

Il embrassa rapidement ses neveux et prit à part leur mère, mais, dans une automobile, il n'y avait pas vraiment d'intimité.

— Appelez-moi si besoin. Tout va bien se passer, Enola, je compte sur toi... Passe un bon moment.

Il laissa ensuite Charlie et Leo aider madame Clear à décharger leurs bagages. Et il s'en alla.

— Mes chéris ! hurla une voix féminine.

Une vieille dame courait vers eux, sans difficulté malgré son âge avancé, le visage ridé. Ses pattes d'oie étaient très marquées par ses sourires constants, et sa peau dorée accompagnait joliment la grande robe qu'elle portait.

— Mamie !

— Maman !

Ce fut l'heure des embrassades générales, des cris de joie et des étreintes, qui redoublèrent d'intensité lorsque le grand-père des enfants arriva à son tour.

— Allez, tous à l'intérieur, j'ai préparé de la confiture, bougonna-t-il.

Il avait l'air mécontent, car il ne souriait jamais, contrairement à sa femme. Lui aussi avait des cicatrices enfouies, sa jambe de métal en était témoin : les ravages de la guerre du Vietnam, à laquelle il avait participé, laissaient des traces indélébiles.
Mais ses yeux pétillaient, c'était signe d'un bonheur sincère de retrouver sa fille unique et ses petits-enfants.

— Ce cher... Pete, il n'est pas resté ? s'étonna la vieille femme, les poings sur les hanches.

— Non, il n'a pas eu le temps. Désolée.

— Ce n'est pas à toi de t'excuser ; il aurait au moins pu dire bonjour... Bref, venez goûter la marmelade.

*
* *

— Dis, papi, s'exclama Leo en léchant ses doigts collants, tu nous raconteras une histoire de soldat, avant qu'on aille au lit ?

— Bien sûr, comme toujours, caporal ! Et toi, commandant, je ne t'ai presque pas entendu depuis que vous êtes arrivés...

Leur grand-père appelait toujours Leo "caporal" et Charlie "commandant". Quant à eux, ils le surnommait "lieutenant". Bien que la guerre l'ai marqué au fer rouge, et qu'il en faisait encore des cauchemars, il préférait la dédramatiser avec eux.

— Ben... Je n'ai rien à raconter.

— Hmm. Je te connais par cœur, tu sais. Ça ne va pas ?

Comment ça pourrait aller ? Comment ?

— Si, si. Je suis juste fatiguée du voyage, mentit l'adolescente en fuyant les yeux perçants du quinquagénaire.

Suspicieux, celui-ci n'ajouta rien, et proposa d'aller cueillir des pommes ou de jouer aux dames.

— Aux échecs ?

— Si tu veux, caporal.

L'adolescente se sentait extrêmement coupable, même si elle ne le montrait pas. Elle avait l'impression de ne jamais montrer ses sentiments, de constamment fournir des excuses stupides... Elle se haïssait pour cela : elle se haïssait de se voiler à ce point la face, de se mentir à elle-même...

— On va dans le jardin, rejoins-nous quand tu veux, dit le petit garçon en sautillant vers la sortie.

Un peu plus tard, Charlie jeta un coup d'œil à la fenêtre et un sourire timide se dessina sur ses lèvres.

Sa grand-mère et sa mère étaient absorbées dans leur discussion, sirotant du thé, confortablement installées sur la terrasse.

Son grand-père et son frère, eux, étaient allongées sur l'herbe fraîche. Leo croquait une pomme en écoutant ce qui était probablement un récit passionnant, que le vieil homme avait le don d'en inventer en un claquement de doigt.

Comme s'il avait senti son regard, il leva la tête et lui fit un signe de la main.

Sans une once d'hésitation, l'adolescente, comme revenue en enfance, se précipita vers eux et s'allongea en fermant les yeux, humant l'air, écoutant le bruissement des feuilles. Et, pour la première fois depuis des mois, elle se sentit incroyablement bien.

Le temps passa à une allure folle, et il fut bientôt l'heure de dîner. Bien que l'on soit au début du mois de mars, une agréable chaleur leur permit de faire un pique-nique dans une clairière, non loin de la maison.

Tandis qu'elle grignotait son sandwich, Charlie se surprit à penser à Scott. Elle se demandait si Jack l'harcelait aussi pendant les vacances, ou si c'était exclusivement au lycée.

Mais la question qui la travaillait le plus, c'était pourquoi ? Pourquoi lui infligeait-il une chose aussi ignoble ? Était-ce par pur amusement, popularité, ou pour une raison beaucoup plus sombre ?

« Personne ne mérite ça, dans tous les cas. »

Elle posa les yeux sur le paysage qui l'entourait, sur le chemin, sur sa famille, sur les plantes. Et cela lui fit tellement mal qu'elle en eut le souffle coupé.

— Charlie ! cria madame Clear. Charlie, ça va ?

La jeune fille s'était effondrée sur le sol. Respirer lui était devenu brusquement impossible, elle cherchait désespérément de l'air, mais sans aucun résultat, elle suffoquait. Des centaines de minuscules points noirs lui brouillaient la vision.

— Charlie, Charlie, réponds-moi si tu m'entends ! Fais un signe, je ne sais pas, s'il te plaît !

Il lui était impossible de bouger, et entendre était de plus en plus compliqué, un bourdonnement incessant lui bloquait le tympan. Elle entendit à peine une dernière phrase, avant de s'évanouir pour de bon :

— Les pompiers arrivent.

Puis tout devint noir.

*
* *

Charlie rouvrit péniblement les yeux, et constata avec surprise qu'elle était allongée dans un lit aux draps blancs. Un masque était posé sur son nez et sa bouche pour l'aider à respirer.

Tout lui revint alors comme une onde de choc. Les vacances, le pique-nique, le malaise, l'évanouissement, les cris, la douleur. Une perception aiguë de la douleur, une des seules qui lui restaient sur le moment. Et puis... Son père. Sa seule pensée avait causé tout ça : il était mort. Mort.

— Bonjour, ma puce, dit doucement une voix féminine. Je m'appelle Eva.

L'adolescente tourna la tête, non sans difficultés, pour voir qui avait parlé.

C'était une infirmière, une cascade de cheveux blonds lui tombant sur le dos. Elle les releva en un chignon maladroit, et sourit.

— Je suis heureuse de te voir réveillée, nous étions tous très inquiet. Je vais prendre ta température avant d'appeler ta famille, ok ?

Elle s'approcha et colla un petit appareil au front écarlate de Charlie.

— Tu as de la fièvre, mais pas tant que ça, ne t'inquiète pas... Pour l'instant, seulement ta maman aimerais venir, je vais la chercher ?

— Oui...

Avant qu'elle ne franchisse le pas de la porte, la jeune fille articula en essayant d'ignorer la douleur :

— Merci... Eva.

Madame Clear entra en trombe dans la chambre. Son mascara avait coulé, signe qu'elle avait pleuré ; ce qui aggrava le sentiment de culpabilité de sa fille.

— Oh, mon Dieu... J'ai eu la peur de ma vie, mon ange...

Elle la serra contre elle, de toutes ses forces, comme si elle avait voulu lui transmettre tout son amour au cours de cette étreinte.

— Qu'est-ce qui s'est passé, quand... Quand j'ai perdu connaissance ? demanda Charlie, la voix pâteuse.

— Les secours sont arrivés très vite, et t'ont conduite aux urgences. Ensuite, tu as été prise en charge et puis... Il est seize heures, tu as faim ?

— Impossible, répondit l'adolescente, sonnée. J'ai eu mon malaise à vingt heures...

— Oui, tu étais dans un état second, et pendant beaucoup de temps. Le médecin a dit qu'il pensait que c'était une crise d'hypoglycémie, c'est vrai que tu ne manges pas beaucoup, en fait je...

— Non, l'interrompit la jeune fille. Ce n'était pas...

Elle se rendit compte de ce qu'elle allait dire, du mal que ça ferait à sa mère, et se ravisa.

— Ce n'était pas quoi ? l'incita celle-ci.

— Rien, je... Euh... Ce n'était pas... Un état second.

— Chérie, je suis désolée mais j'ai bien peur que si... Tu as besoin de repos. Je vais te laisser dormir encore, tu dois être épuisée, même si tu n'étais pas éveillée pendant plusieurs heures.

— Oui, d'accord. À tout à l'heure.

— Je t'aime. Oh, et n'oublie pas : tu mérites d'être heureuse.

•••
Hey tout le monde !
Vous allez bien ? Ça y est, c'est les vacances !

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Heureusement, il n'était pas aussi court que le précédent ! Il fait plus de 1600 mots ^^

Aimez-vous les grands-parents maternels de Charlie ?

Et ce malaise, vous avez un avis dessus ?

Avez-vous déjà eu ce genre de choses ? Que ce soit à cause d'un deuil ou d'autre chose ?

Une dernière petite chose avant de vous laisser : que pensez-vous de cette nouvelle cover ? Merci infiniment à  pour ce chef d'œuvre <3

Kiss,
Luciole

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