Lorsque j'entre, Maecy se précipite sur moi, l'air très en colère.
— Adilya ! Vous êtes en retard ! Déjà que vous n'êtes pas venue ces deux derniers jours... J'attendais un peu mieux de vous !
Je vais me la faire celle-là. Elle ose m'engueuler alors que c'est elle-même qui m'a donné l'ordre de ne pas venir depuis plusieurs jours ?!
— Maecy, je suis désolée de vous décevoir, mais c'est vous-même qui m'avez dit de ne pas venir ici ces deux derniers jours.
— MADEMOISELLE ADILYA !
— Maecy, c'est bon, elle n'a rien fait de mal, et vu que c'est toi qui lui as dit de ne pas venir, ne commence pas à l'engueuler.
La femme me foudroie du regard et fait un doigt d'honneur à Niko. Ce dernier me sourit pour me rassurer et m'accompagne jusqu'à mon ordinateur. Dessus est scotché un post-it avec les instructions pour ma mission journalière.
«Pour aujourd'hui, tu dois créer virtuellement une association qui va regrouper une bonne partie des résistants, et y ajouter quelques noms de personnes importantes de l'Union, pour que l'association n'éveille pas de soupçons. Trouve un but à cette association pour que cela soit crédible.»
Je m'installe en soupirant devant mon poste, et Nikoley me souhaite bonne chance puis va voir un groupe de mecs qui sont en div six. Je le sais car j'ai fait leur insertion dans les bases de données de l'Union, ce qui signifie qu'ils sont tous des originels.
Tandis qu'une réunion se tient dans un coin de la pièce, je m'attelle à la tâche qui m'a été donnée par l'équipe qui s'occupe des missions. En tendant l'oreille j'arrive cependant à entendre ce que disent les gars qui sont à plusieurs mètres de moi.
— -Moi je pense que les infos que tu nous donnes ne sont pas très utiles.
— Mais si, elles sont d'une importance capitale !
— A quoi ça nous sert de savoir qu'un couvre-feu est instauré à partir de vingt-deux heures ? On n'a jamais respecté les règles de l'Union, on ne va pas commencer ici !
— Mais parce que si j'ai bien compris, vous connaissez bien la ville et toutes les cachettes qu'elle peut vous donner. Et avec les équipements de sécurité mis en place, si vous êtes vus après le couvre-feu, vous allez avoir une visite des dirigeantes de l'Union. Et croyez-moi, elles vont réussir à vous faire parler !
— Alors que suggères-tu ? Car il est hors de question qu'on arrête nos infiltrations dans la ville !
— Eh bien... Je ne sais pas trop si vous allez aimer l'idée...
J'entends à ce moment-là Nikoley qui l'encourage à parler, et Gayle reprend :
— Vous pourriez envoyer les résistants qui ont volontairement quitté la société. Comme ils sont déjà radiés de l'Union, un peu plus ou un peu moins de haine envers eux ne va pas changer grand-chose.
— Mais la plupart d'entre eux n'ont jamais fait de mission ! Ils pourraient tout faire capoter !
— C'est un risque à prendre si vous voulez assurer vos arrières pour l'invasion dont vous m'avez parlé. Gardez votre secret le plus longtemps possible, et n'amenez aucun truc suspect sur vous.
— Bien, dans ce cas, on va établir une liste de résistants qu'on va envoyer en mission dans la ville pour la semaine qui arrive. Lushian, Rageed, vous nous faîtes ça pour la fin de la séance ?
Je vois les deux garçons acquiescer et s'installer à leur poste. Puis je cherche Nikoley du regard. Mais je ne le vois pas. Ou est-ce qu'il a bien pu aller. J'aurais bien quelques questions à lui poser sur ce que je viens d'entendre...
Soudain, des mains se posent sur mes yeux, m'enlevant toute possibilité de voir qui se tient derrière moi. Mais je reconnais ses mains.
— Niko, je sais que c'est toi.
— Oh merde, j'aurais voulu que tu hurles de peur, moi...
Il s'assoit sur le bord de mon bureau. Je continue de peaufiner mon association fictive tandis qu'il me regarde. Néanmoins ma curiosité est plus forte que moi, et je ne peux retenir la question de m'échapper en chuchotant :
— C'est quoi cette invasion dont vous avez parlé à l'instant ?
Il fronce les sourcils en m'entendant, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai plutôt l'impression qu'il est fier et content de moi.
— Eh bien... Il est prévu dans les plans de la résistance, que prochainement, on envahisse la ville, et qu'on prenne le pouvoir. Sans mettre en place une nouvelle dictature bien sûr, mais en établissant un gouvernement plus démocratique et complètement mixte.
— Et y a une date précise ?
— Non, car on préfère tout décider au dernier moment, pour être sûrs que rien ne puisse nous empêcher de réaliser notre coup.