//!!\\ ATTENTION
c'est bon, j'ai toute votre attention ?
Je fais juste cette petite NDA pour vous prévenir que
cette partie a été postée en même temps que le chapitre 53. Il faut absolument que vous ayez lu ce chapitre avant de lire cet épilogue
Et si vous avez déjà lu le chapitre 53 eh bien bonne lecture de cet ultime partie de Kilidohanas ! (aka l'épilogue 😁)
Et on se retrouve dans les remerciements 🥺
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Lidonna se réveilla en sursaut. Elle suait à grosses gouttes, le cœur battant la chamade. Elle observa le décor autour d'elle, méfiante. Elle était dans une chambre qu'elle ne connaissait pas. Les murs étaient couverts de papier peint blanc à fleurs. Son lit sentait la lessive. Tout était propre et sur pied. Où était Harrgos ? Où était Lidoïlle et ses ruines ? Où étaient ses amis ? Elle avait des flashs, des souvenirs. Elle savait ce qu'il s'était passé. Ils avaient perdu. Harrgos était devenu un dieu et il avait fait disparaître Kayolina. Alors pourquoi était-elle toujours en vie ?
Elle décida de se lever. Dans le miroir, elle put voir qu'elle n'avait plus aucune blessure. Elle avait simplement les cheveux en bataille comme après une longue nuit. Le soleil dehors était déjà haut dans le ciel et inondait la pièce de sa lumière.
La lumière... Il y en avait partout dans la pièce et pourtant il n'y avait pas un seul rayon. Elle notifia également que le poids qu'elle portait sur le cœur avait totalement disparu. Elle sentait qu'elle avait mal et que Rordian lui manquait, mais le trou béant que lui avait laissé leur lien de Protamenté n'était plus là.
Un souvenir qui n'était pas à elle s'imposa. Une explication que lui avait gracieusement fournie Harrgos. Elle comprit alors que l'homme n'avait pas eu le cœur de lui faire payer la déviance morale d'un peuple parmi lequel elle n'avait même pas vécu. Il s'était pris d'une réelle affection pour elle et avait considéré qu'elle ne méritait pas de disparaître. Mais les Kayoliens ne pouvaient subsister, alors il avait eu une idée : changer la nature de Lidonna. Il ne savait pas si cela allait fonctionner, mais puisqu'elle se retrouvait là, vivante, sans pouvoir ni plus aucun lien de Protamenté, c'est qu'il avait réussi. Lidonna était devenue une Harrguienne. La jeune femme leva les yeux au ciel face à cette évidence. L'homme, tellement imbu de lui-même, avait nommé sa nouvelle planète et ses habitants comme lui.
Elle écarquilla soudainement les yeux. Avait-il épargné d'autres gens ? Des personnes qui lui étaient chères ? Elle sortit en trombe de la maison. La bâtisse appartenait à ses... parents ? Elle avait des impressions d'une vie qu'elle n'avait pas vécu qui commençaient à remplacer ses vrais souvenirs. Elle secoua la tête. Elle ne voulait pas oublier sa vie de Kayolienne. Les gens qu'elle avait aimé, ni même ceux qu'elle avait détesté. Tout ceci formait qui elle était. Si elle ne se rappelait plus ses vraies expériences, alors qui serait-elle vraiment ?
Elle était sur le pas de la porte, dans la rue, les mains tirant ses cheveux sur son crâne. Elle ne voulait pas oublier, Harrgos n'avait pas le droit de lui retirer ça en plus de tout le reste ! Elle hurla tout en se concentrant pour garder ses souvenirs. Elle ne se rendit compte que les passants l'observaient que lorsque l'un d'entre eux s'enquit de son état.
« Oui, oui ne vous inquiétez pas, ma sœur est soumise à d'affreux maux de tête. On va rentrer pour qu'elle se repose finalement. »
La rouquine écarquilla les yeux et sauta dans les bras de Sam. Il était en vie lui aussi.
« C'est tellement étrange, souffla Sam quand ils furent rentrés dans la maison. J'ai des souvenirs qui ne m'appartiennent pas et pourtant, c'est les miens.
— Et tu commences à oublier ta vie sur Kilidohana ?
— Toi aussi ?
— Oui, c'est l'œuvre d'Harrgos ça...
— L'absence de nos pouvoirs aussi je suppose.
— Ouais, c'est ça.
— Et il y a en d'autres ? espéra Sam.
— Je sais pas... »
Elle espérait... Si elle ne savait pas ça, Lidonna semblait posséder des informations que Sam n'avait pas. Alors elle lui expliqua ce qu'elle avait compris. Mais plus elle lui expliquait et plus elle avait l'impression que sa vie lui échappait.
Elle se leva promptement. Elle refusait d'oublier. Alors elle attrapa des feuilles, un stylo et elle commença à rédiger sa vie. Sam, d'abord déstabilisé, la rejoignit pour l'imiter. Pendant plusieurs jours, ils posèrent sur papier tout ce dont ils voulaient se souvenir. Ils furent rejoints, à leur grand soulagement, par leurs cinq amis avec qui ils avaient vécu leurs dernières heures kayoliennes. Ils ne pouvaient pas se permettre de penser qu'Harrgos avait été clément, ce n'était pas le cas. Mais ils étaient tous heureux de pouvoir se retrouver, de ne pas être seuls dans cette nouvelle vie.
Firân, Rivel, Sulvan, Cyn et Loïs se joignirent à la rédaction de leurs mémoires. Mais sans qu'ils ne s'en rendent compte, une fois écrit noir sur blanc, chaque souvenir s'échappait de leur esprit. Petit à petit, la vie qu'Harrgos leur avait inventée prenait la place de celle qu'ils avaient réellement vécue. Il avait gardé les évènements principaux, en tentant de gommer les traumatismes. Ainsi, Willôde et Keitel, tout comme Rordian n'avaient pas été assassinés de sang froid, mais avaient péris dans un accident de voiture. Cyn et Sulvan s'étaient rencontrés en orphelinat avant d'être adopté par une famille où ils avaient vécu heureux. Rivel et Firân étaient tombés amoureux l'un de l'autre, mais d'une façon tout à fait normale et saine. Loïs se rendait régulièrement sur la tombe de son frère qui était décédé des suites d'une maladie. Éléno n'était plus le traître qui avait été prêt à assassiner sa propre sœur et la haine que lui vouait alors Firân s'était totalement envolée. Leurs vies harrguiennes restaient assez tourmentées, il fallait l'avouer, mais Harrgos avait voulu leur épargner les souvenirs de la guerre et du mal des Kayoliens qu'il avait cherché à éradiquer.
Alors quand Lidonna apposa le point final à son récit, elle regarda toutes ces pages – ce roman qu'elle venait de terminer – un peu dubitative. Que faisait-elle déjà ? Elle secoua la tête, un peu perdue, et referma le livre. Elle avait comme l'impression d'émerger d'un long rêve – d'un long cauchemar – qui n'avait été que chaos et désespoir. Elle laissa ce sentiment étrange de côté. Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de Rordian. Il fallait qu'elle aille acheter un bouquet de fleurs avant de se rendre sur sa tombe. Elle ne pouvait décemment pas se montrer sans un présent. Alors elle se leva pour se rendre chez son fleuriste habituel.
C'est vrai ça, qui va à un anniversaire sans cadeau ?