La nuit où les étoiles se son...

By NiNeGorman

372K 2.3K 371

« J'aimerais lui rétorquer que les étoiles s'éteignent et que quand c'est le cas, elles détruisent tout sur l... More

Introduction
- Chapitre 1 -
- Chapitre 3 -
- Chapitre 4 -
- Chapitre 5-
- Chapitre 6 -
- Chapitre 7 -
- Chapitre 8 -
- Chapitre 9 -
- Chapitre 10 -
- Chapitre 11 -
- Chapitre 12 -
- Chapitre 13 -
- Chapitre 14 -
- Chapitre 15 -
- Chapitre 16 -

- Chapitre 2 -

6K 177 24
By NiNeGorman

- 14 mois plus tôt - 



La route semble houleuse sous mes pieds.

J'essaie de garder le cap en me repérant à la lumière des lampadaires. J'ignore quelle heure il est, mais je sais que j'ai dépassé mon couvre-feu depuis longtemps. Malgré mon état, il va falloir que je grimpe au premier étage sans me faire prendre par M. Merrigold, sinon je suis dans la merde jusqu'au cou.

Le trajet me paraît interminable et, alors que je me laisse aller une seconde, je trébuche sur une pierre. Je me rattrape à une clôture, mais le mouvement vif de mon corps fait remonter l'alcool le long de ma gorge. Je dégueule entre les parterres de fleurs et j'éclabousse mes baskets.

Fait chier !

J'accélère quand j'aperçois enfin la maison. Certaines fenêtres sont éclairées, mais avec un peu de chance, je vais m'en sortir sans me faire gauler par ma famille d'accueil. Je longe le porche pour rejoindre le jardin. Mon seul espoir est d'escalader la pergola, dont le toit donne directement sur ma chambre. C'est risqué, mais je n'ai pas le choix. Un pied bien ancré dans le treillis, je me hisse à la force des bras, mais déjà une main s'abat sur moi et me saisit par le col. La lumière de la véranda s'allume et m'aveugle. Je me suis fait prendre comme un con.

M. Merrigold me toise d'un air désapprobateur tandis que sa femme reste en retrait dans l'encadrement de la porte, emmitouflée dans une robe de chambre.

– Eh merde, soufflé-je.

Je le laisse me traîner à l'intérieur et, quand je me prends les pieds dans le tapis de l'entrée, il m'aide à ne pas finir au sol en resserrant sa poigne sur mon bras. En temps normal, je l'aurais repoussé, mais ce soir, il m'empêche de tomber et c'est déjà pas mal. Il me fait asseoir sur le canapé du salon et, après un silence m'invitant à m'expliquer, il commence ses sempiternelles remontrances :

– On ne sait plus quoi faire de toi, Finn, dit-il d'un ton qu'il tente de maîtriser.

Il prend une grande inspiration, mais la frustration et la lassitude résonnent dans chacun de ses mots.

– C'est la troisième fois cette semaine que tu rentres en plein milieu de la nuit dans un état lamentable. Avec Meredith, nous en avons plus qu'assez.

Mme Merrigold s'installe près de moi et me dévisage un moment. L'inquiétude se lit dans ses yeux.

– Qui t'a fait ça ? demande-t‑elle.

Je soupire lorsqu'elle porte la main à ma joue, sans doute marquée d'ecchymoses.

– Personne, protesté-je. Je suis tombé.

– Mais bien sûr ! s'agace le mari.

– Tu ne te drogues pas, au moins ? reprend-elle sans lui prêter attention.

Ses mots semblent frapper M. Merrigold.

– Lève-toi et vide tes poches, m'ordonne-t‑il.

Comme je refuse d'obtempérer, il saisit brusquement mon poignet pour me forcer à me mettre debout. Ignorant les protestations de sa femme, il me fouille comme un maton dans une prison.

Le contact de ses doigts froids sur mon ventre m'arrache un frisson de dégoût. Il finit par trouver le pochon de weed que j'avais caché et l'agite en secouant la tête, l'air désabusé.

– Je t'avais prévenu, Finn. On veut bien se montrer compréhensifs, mais la drogue, c'est hors de question. C'était la limite à ne pas dépasser.

Je fixe le sol pour ne pas me confronter à son regard consterné et, pire, à celui, indulgent et triste, de Mme Merrigold.

– Qu'est-ce que tu veux faire de ta vie, Finn ? m'interroge-t‑il. Tu veux rejoindre ta mère en prison, c'est ça ? C'est ce qui t'attend, si tu continues.

C'est bon, il a réussi à me faire dessoûler.

La colère me brûle les doigts. Si j'ai franchi sa limite, lui a franchi la mienne : ma mère, c'est ma limite. Ils ont pitié de moi parce qu'ils pensent que j'ai eu une enfance terrible, avec une mère instable qui ne s'est jamais occupée de moi et qui mérite sa place en cellule. Mais qu'est-ce qu'ils en savent ? Rien. Rien du tout.

– Je n'ai pas fini. Reste là, Finn ! s'emporte M. Merrigold quand je le contourne sans l'écouter.

Je quitte la pièce dans un silence glacé et, une fois à l'étage, j'ouvre la porte de ma chambre à la volée. Sentant les effets de l'alcool se dissiper trop vite, je fouille le tiroir de la table de nuit en quête d'une barrette de shit laissée à l'abandon. J'enjambe le montant de la fenêtre et me glisse à l'extérieur. Je manque de me vautrer sur le toit de la pergola et, un instant, je me demande si la hauteur serait suffisante pour me tuer.

Finalement, je m'assois sur le rebord pour rouler mon joint et observer les étoiles qui se découpent dans le ciel. Lorsque je vivais dans le centre de Houston avec ma mère, on ne pouvait jamais les distinguer à cause de la pollution lumineuse de la ville. En les voyant si brillantes, ce soir, je repense aux randonnées qu'on faisait ensemble quand elle s'octroyait un week-end juste pour nous deux.

Après un moment, j'entends une autre fenêtre s'ouvrir et je sais qu'il s'agit de Lucy. Elle tente de nouer contact depuis que je suis arrivé chez ses parents. Au lycée, elle cherche sans arrêt à attirer mon attention, mais elle n'a pas compris que je n'étais pas là pour me faire des amis.

– T'as encore déconné, lance-t‑elle en s'installant à côté de moi.

– Hmm, marmonné-je sans prendre la peine de me tournervers elle.

– Je les ai entendus parler avec l'assistante sociale, aujourd'hui, m'informe-t‑elle.

– Ils vont me virer, c'est ça ?

– On ne peut pas dire que tu rendes les choses faciles... Peut-être que si tu allais t'excuser, ils reconsidéreraient leur décision. Ils ne sont pas mauvais, tu sais ?

Je tire une longue taffe.

Bien sûr, qu'ils ne sont pas mauvais. C'est moi qui n'arrête pas de faire n'importe quoi. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont ma troisième famille d'accueil en huit mois. Je ne leur en veux pas. J'aimerais juste pouvoir oublier toute cette merde ou, du moins, pouvoir la rendre un peu plus supportable. Sauf qu'ils ne me laissent pas faire.

En essayant de me protéger, ils pensent rallumer une flamme, mais ils ne font qu'éteindre les quelques braises qui restent au milieu des cendres.

Lucy me prend le joint des mains. Les Merrigold la tueraient s'ils savaient ce qu'elle s'apprête à faire, mais ce n'est pas mon problème. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de la mettre en garde :

– Tu ne devrais pas fumer ça.

– Et toi, tu ne devrais pas sortir au beau milieu de la nuit... Ni traîner là-bas.

Elle se rapproche un peu de moi, et sa jupe remonte sur ses cuisses constellées de taches de rousseur. Puis elle tend la main vers ma joue, comme sa mère. Je la repousse et m'écarte.

– Regarde ton visage, Finn. Tu vas finir par te faire tuer si tu persistes à y aller.

Plutôt que de dire quoi que ce soit, je préfère m'allonger sur le dos. Lucy m'imite et on continue à fumer ensemble. Le regard perdu dans la nuit, je me laisse happer par l'abîme. Le temps s'écoule et rien ne vient rompre la paix que j'éprouve. Dans ce silence, j'entends l'immensité de l'univers, dont j'ignore tout et qui m'ignore lui aussi. Face à l'infini, je sais que mon existence n'est qu'une poussière vite balayée.

Mes paupières sont lourdes quand je me tourne vers Lucy. Je sais qu'elle me fixe depuis tout à l'heure. Des fois, j'aimerais qu'un joli visage comme le sien me suffise, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la beauté qui me rendra ce que j'ai perdu. Au contraire, la perfection de ses traits, sa peau lisse sans la moindre cicatrice me rappellent que, moi, je suis complètement bousillé.

– Tu sais que, quand une étoile massive meurt, ça provoque une explosion ? dis-je. Ça s'appelle une supernova. D'abord, elle est extrêmement brillante, puis elle se transforme en un noyau dense qui absorbe tout. Même la lumière.

– Un trou noir ? demande-t‑elle.

– Oui. Les étoiles sont condamnées à retourner à l'obscurité, tôt ou tard.

Cette fois, lorsqu'elle me regarde, je devine de la tendresse dans ses yeux. Elle doit penser que je me confie à elle, que, par ma métaphore, je l'invite à en apprendre plus sur moi. Elle n'a rien compris. Derrière mes paroles se cache un avertissement.

Elle tente d'entrelacer ses doigts aux miens, mais je la repousse avant de me lever pour retourner dans ma chambre.

– Un conseil, Lucy : reste loin de moi. Je suis un foutu trou noir.

Continue Reading

You'll Also Like

Kehba By …❤️

Teen Fiction

19.8K 33 5
Jsuis une grosse keh
1.5K 112 3
une petite fanfiction SoKeefe, de deux chapitres seulement. ça fait un petit bout de temps que je l'ai écrite :) ⚠️ L'univers et les personnages de...
46.7K 1.8K 73
« 𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐥'𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞 𝐞𝐧 𝐡𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐜̧𝐚 𝐯𝐞𝐮𝐭 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐪𝐮'𝐢𝐥 𝐧'𝐲 𝐚 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐞𝐮 𝐝'𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐚�...
1.3K 94 12
You know you love me baby 💋