NOVA
- Noba...
On m'a secouée délicatement en m'appelant plusieurs fois. Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'étais toujours collée contre Jeongin et j'ai vu Changbin.
- Je suis désolé de te réveiller aussi tôt, je voulais savoir si tu voulais bien déjeuner avec moi avant de partir, je ne pourrai pas être là tout à l'heure...
J'ai souri et hoché la tête. Je suis restée cinq minutes allongée, tentant de me réveiller, puis me suis levée délicatement avant d'aller dans la salle de bain et de me préparer. J'ai retrouvé mon ami dans le salon et nous sommes sortis.
- Je ne suis pas très bon cuisinier alors j'ai préféré t'emmener au café *rire* est-ce que ça te va ?
- Bien sûr, j'ai répondu encore dans les choux
J'ai regardé autour de nous. Il y avait peu de circulation et le jour semblait lui aussi avoir de la peine à se lever. Aussi loin que je me souvienne, c'était la première fois que je me sentais aussi paisible autrement qu'à travers un livre.
Nous sommes entrés dans un tout petit bâtiment caché par les autres et, immédiatement, une douce odeur a envahie mes narines pourtant couvertes par un masque. J'ai toisé la décoration tout en suivant Changbin jusqu'à une petite table en bois clair. Les vitres étaient couvertes de buée, une douce musique résonnait et les murs étaient tapissés de fausses plantes vertes.
Une jeune femme s'est approchée de nous et a demandé dans un anglais bancal :
- Bonjour, vous désirez quelque chose ?
J'ai été surprise par sa voix délicate et son odeur fruitée et lui ai répondu que je n'avais pas encore regardé avant de me tourner vers mon ami, visiblement troublé, étant donné son sourire timide.
Nous avons fini par commander et manger dans le calme. Tous les deux, nous parlions peu, mais j'appréciais sa présence. Si je me sentais seule, il me suffisait de penser à lui et alors, même si j'étais seule, eh bien je ne l'étais plus.
- Tu vas me manquer, Noba, il m'a dit
J'ai souri.
- Toi aussi, Changbin.
Nous sommes retournés à l'appartement où nous avons retrouvé les autres. Ils ont fait un shifumi pour savoir qui m'emmènerait et Felix a finalement réussi à négocier pour m'accompagner sans même avoir besoin de gagner.
- Et moi !? s'est exclamé Jeongin visiblement scandalisé qu'on ne fasse pas attention à lui
J'ai jeté un coup d'oeil aux autres membres et l'ai emmené dans une autre pièce.
- Yang Jeongin, j'ai commencé en feignant la colère
Il m'a regardée, confus, énervé et blessé.
- Si je suis vue avec Felix ou avec n'importe qui d'autre et qu'il y a des rumeurs, ils pourront démentir et ce sera la vérité. Si c'est toi, tu n'auras que très peu de choix. Arrêter de me parler et de me côtoyer. Dire la vérité. Mentir. Et je sais que quand on est fan, on n'aime pas quand la personne qu'on admire n'assume pas. Je me doute que quatre-vingt-dix pourcent d'entre eux seraient heureux pour toi ou n'en auraient rien à faire. Mais les dix pourcents restant ne sont pas comme ça et te pourriraient la vie. Alors tu serais contraint de mentir et tes vrais fans ne le mériteraient pas. Tu comprends ?
J'ai bien vu qu'il ne m'écoutait pas vraiment et qu'il se fichait royalement de mes paroles.
- Jeongin ! Je te parle sérieusement !
Il m'a lancé un faux sourire qui a fait ressortir ses fossettes et m'a regardé comme un enfant. J'ai soupiré et ai fini par le prendre dans mes bras. Je l'ai entendu rire contre mon cou, son nez a frôlé ma peau et il m'a embrassé la joue. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire et d'emmêler nos mains. Il s'est remis en face de moi, a pincé les lèvres et a balancé son corps.
J'ai soupiré en souriant.
- Tu m'épuises.
- Je sais. Mais c'est pour ça que tu m'aimes, non ?
J'ai levé les yeux au ciel. Quel-.
- Tu peux quand même m'embrasser ? Je veux dire, même si je t'énerve.
Il a levé les mains, feignant l'innocence.
- J'aime bien quand tu prends l'initiative, j'ai l'impression que tu m'aimes vraiment, il a dit
- Comment ça, tu as l'impression que je t'aime vraiment !?
- Bah... T'es pas très démonstrative comme fille.
- Tu te moques de moi ?
J'ai ouvert grand la bouche, choquée.
- Tu comptes me fixer encore longtemps ? Ou tu vas te décider à agir ?
J'ai croisé les bras et me suis retournée comme si j'allais partir puis j'ai senti ses bras s'enrouler autour de mon ventre.
- Tu as vraiment mauvais caractère.
Il a souri et s'est collé à moi.
- Je rigole, j'ai dit avant de me rapprocher de lui et de l'embrasser
Lorsque nous nous sommes séparés, il m'a regardé en souriant.
- Je te préviens, si j'apprends que tu souris comme ça à toutes les personnes que tu croises, je te retrouve et je te tue de mes propres mains.
- Oh, j'ai juste à faire en sorte que tu ne le saches pas alors.
J'ai ri et lui ai frappé l'épaule.
- Je rigole ! Je n'ai pas l'intention de regarder qui que ce soit d'autre ! Mais ça vaut pour toi aussi !
- Enfin ! Tu ne me fais pas confiance ?
- Et toi ?
- On sait jamais...
- Je ne suis pas comme ton père.
- Si je tombe enceinte, tu ne m'abandonneras pas ?
Il m'a regardée quelques secondes en fronçant les sourcils puis a répondu.
- Si tu tombes enceinte, ça voudra dire que ce n'est pas de moi alors il y a moyen que je ne veuille plus te parler.
- T'es con *rire* je ne disais pas ça dans ce sens là !
- Ça va, je rigole, mais je note que tu as l'intention d'aller plus loin avec moi ! il m'a dit en faisant un clin d'œil exagéré
J'ai pincé mes lèvres, me sentant rougir.
- Je- *raclement de gorge* On devrait y aller, les autres nous attendent.
Il a ri et m'a pris la main jusqu'à ce que nous arrivions à l'entrée.
- Je vais t'accompagner ! a crié Hyunjin
J'ai dit au revoir à tout le groupe, nous avons mis nos chaussures et manteaux et avons quitté l'appartement en saluant les autres.
- Laisse, je vais prendre ta valise.
- Tu es sûr ? Merci.
╰┈➤
- Écoute euh... j'ai pas eu une scolarité normale alors je ne pourrai pas t'aider et je suis assez mal placé pour te dire ça mais... S'il ne plaît, n'abandonne pas les études. Tu es intelligente et je sais que tu peux travailler et dur et faire ce que tu veux de ta vie.
J'ai souri, à deux doigts de pleurer.
- Merci. Prends soin de toi, et prends soin d'eux, hein ?
- Ne t'en fais pas. Et toi, sois prudente.
- Oui maman !
Il a ri, Hyunjin aussi et moi aussi puis j'ai du leur dire au revoir et passer les sécurités et monter dans l'avion.
Je me suis assise à ma place et alors que l'engin commençait à décoller, pour la première fois depuis longtemps, je n'ai pas pu retenir quelques larmes. Et, pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie humaine.
- Madame ? Tu vas bien ? m'a demandé une petite fille que je venais juste de remarquer
J'ai essuyé mes joues et ai hoché la tête.
- Tu sais, moi aussi je suis triste quand je quitte mon papa et mon amoureux.
Je lui ai souri.
- Tu veux mes mouchoirs ? Je vais demander à ma maman.
Elle s'est tournée vers une femme de l'autre côté du couloir.
- Maman ! La madame elle est loin de son papa et de son amoureux !
- Sois gentille avec elle ma chérie.
Elle s'est excusée pour le dérangement et m'a tendu un paquet.
- Moi je sais me moucher toute seule, tu veux que je t'apprenne, Madame ? a dit la petite
- Ahin ! Enfin !
J'ai ri.
- Ce n'est pas grave, je suis contente qu'elle soit à côté de moi.
- Je suis vraiment désolée, n'hésitez pas à me dire si elle vous embête trop !
J'ai souri en séchant mes larmes. La dénommée Ahin s'est approchée de moi, un mouchoir dans la main et l'a posé sur mon nez.
- Et là tu dois souffler, elle a déclaré
J'ai fait semblant et me suis mouchée toute seule.
- Waouw, fantastique ! Merci beaucoup, je sais faire maintenant !
- Maman ! Regarde, j'ai appris à la madame à se moucher !
La femme, visiblement très embrassée, lui a dit de ne pas crier et s'est à nouveau excusée.
Nous avons regardé un film et joué.
- Tu sais, moi j'aime pas trop aller en France parce que les gens ils comprennent pas quand je parle. Mais comme y a mon papa et mon amoureux, je suis contente. Ma maman elle dit que le plus important c'est qu'ils m'aiment et que je les aime et que les autres on s'en fout. Tu sais Madame, l'autre jour, ma maman elle a même dit « tous des cons » !
Elle m'a raconté qu'elle savait compter jusqu'à mille, que sa maîtresse la disputait quand elle parlait en anglais, que sa maman s'énervait toujours en français, qu'elle avait déchiré sa robe avec les petits papillons. Elle m'a beaucoup parlé de son amoureux et m'a demandé pourquoi j'étais triste.
- Tu sais, mon amoureux il m'aime rien que moi. Et moi j'aime rien que lui. Alors ton amoureux il t'aime rien que toi. Et s'il est pas gentil, eh ben c'est plus ton amoureux.
Je lui ai souri.
- Je peux faire la sieste avec toi ? elle m'a demandé en mettant sa couverture
- Euh, oui.
- Merci Madame.
Elle s'est couchée sur moi jusqu'à la fin du trajet.