𝐕𝐄𝐍𝐃𝐄𝐓𝐓𝐀 | 𝘱.𝘫𝘮

By anxleti

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dans lequel Lim Soojin, une docteure ayant abouti dans un asile psychiatrique, se voit trainée dans la rancoe... More

personnages
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Le noir n'était pas une couleur que je détestais, bien au contraire.

Le noir était le contraire de la lumière, le contraire du bien, elle annonçait le déchaînement de démons malfaisants aussi bien qu'elle accordait à mon esprit un état de calme complet à chaque fois que j'avais la chance de la voir.

C'est sûrement pour ça que jamais je n'aurais pensé que j'en arriverais un jour à détester cette couleur que je vénérais depuis si longtemps.

C'est pourtant bien logique et assez évident, aussi évident que la couleur bleue de l'océan en journée. Sa teinte si spéciale s'épanouissait sous l'influence des rayons chaleureux du Soleil.

J'utilisais souvent cette couleur si unique et obscure, particulièrement dans mes vêtements, de façon à ce que tout le monde croie en permanence que j'assistais à des funérailles. La raison pour laquelle j'avais commencé à la détester, arrivant à peine à la supporter, c'était bien parce qu'elle était partout.

De façon suffocante, telle des ombres invoquées sous l'apparence de mains malicieuses qui s'étaient sournoisement appropriées le pouvoir de visiter chaque parcelle de mon corps sans mon autorisation, en profitant pour étrangler de temps en temps mon cou, me coupant d'oxygène. Cette couleur m'infestait le cerveau, y semant une psychose qui me semblait éternelle.

Ses bêtes.

Ses animaux.

   Ses sauvages.

Ils m'avaient emprisonné, m'avaient kidnappé, m'avaient fait réalisé la vie dans laquelle j'allais m'engager avant de m'obliger à me confronter au noir complet.

Je les détestais, je les haïssais, l'envie de tous les tuer me démangeait tant. Jusqu'au point où j'eus espéré avoir des pouvoirs surnaturels, comme ceux qu'on voyait dans les films de super-héros, où le protagoniste à la personnalité si gentille et timide écrasait son ennemi avec facilité, sauvant l'humanité entière dans le processus.

Si j'aurais eu ça, j'aurais pu tous les tuer et ensuite, j'aurais repris le cours de mon ancienne vie. Rien que les écraser aurait été suffisant pour mon esprit détraqué.

"Tu commences à devenir folle, Soojin" m'étais-je dit à maintes reprises. "Tu commences à devenir comme eux"

Mes cellules sensorielles, mes stimulis, les frissons qui secouaient mon corps, chacun d'entre eux me hurlaient des mots, chacun essayant de me donner plus d'information sur où je pouvais bien me trouver et sur quelle surface je pouvais bien être.

D'après les grincements répétitifs que j'entendais à chaque petit mouvement de ma part, j'ai rapidement deviné que je me trouvais sur une chaise peu appréciable, faite en bois.

Les frissons glacials et les tressaillements qui secouaient mon corps m'ont murmuré à l'oreille que mon être complet, de la tête aux pieds, était couvert d'une série infinie de chaînes en métal, qui n'hésitaient pas à me rappeler de leur existence à chaque fois que je bougeais d'un centimètre.

J'étais demeurée dans mon uniforme de psychiatre, qui avait gardé son odeur habituelle de stérilisé et d'hermétique. C'était d'ailleurs la seule chose qui avait pu me donner ne serait-ce qu'un petit peu confort avant que je ne me rappelle que je n'étais plus à l'asile et que nombreuses étaient les fois où un patient avait recraché leurs médicaments sur cet uniforme bleu, m'obligeant à aller le nettoyer en douce aux toilettes, amassant ainsi des regards perplexes des rares visiteuses des chiottes.

Le pire dans ma situation était sûrement l'excessif de noir qui bloquait ma vue. La seule chose que je pouvais voir et que je voyais était la couleur noire.

C'était comme un avant-goût du vide et peut-être même de la mort. Il n'y avait aucun bruit qui brisait ce silence douloureux. Personne n'était là. Je pouvais entendre mon propre cœur battre dans ma cage thoracique. Je pouvais m'entendre respirer. Je pouvais aussi entendre la chaise grincer à chaque seconde et tout ça avait le don de me rendre complètement cinglée.

C'était comme si c'était moi la patiente dans un asile, enchaînée, seule. Mais les patients de l'asile n'avaient pas à passer leur temps à regarder le noir.

Ça ne m'a pas pris longtemps pour réaliser ça aussi, c'était parce que comparé à moi, les patients de l'asile n'avaient pas un bandeau entouré autour de leurs yeux. Ils étaient capables de capter d'autre chose que de différentes teintes de la couleur noire. Ils voyaient le jaune, le bleu, le rouge ainsi que le reste d'une panoplie de couleurs éclatantes et sombres. Moi, je ne voyais que le noir à cause de ce bandeau. Son tissu était serré sur mes paupières et les caressaient agressivement.

Ce bandeau me donnait l'impression d'être emprisonné par cette couleur. À chaque fois que j'ouvrais les yeux, je voyais cette couleur. Si je les fermais, la même couleur envahissait l'intérieur de mes paupières. J'étais comme maudite et cette sensation me donnait l'impression d'être soumise.

Envers qui étais-je donc soumise? Je ne savais pas, ou plutôt je ne voulais pas admettre la réponse, donc je canalisais principalement mes efforts sur la conservation de mes neurones restantes.

    Avant d'avoir abouti ici, non que je me souvienne du comment, j'ai subi un interrogatoire complet de la part de ce Jungkook, qui a lui-même, dans un élan de gentillesse ou de politesse, admis son nom complet à mon adresse.

Il m'a averti de ne pas lui mentir.

Je n'ai pas respecté cette condition. J'ai suivi ce que ma mère m'avait toujours intimé de dire lorsqu'on me posait les mauvaises questions. Une vérité à laquelle on m'avait initié depuis les remous du début de mon adolescence. Une histoire fausse, mais qui avait sonnée tant réelle de la bouche d'une personne au regard pur et angélique. Une histoire que j'avais répété tant de fois devant le miroir, ma mère se tenant dans le coin de la pièce, l'œil sombre alors qu'elle m'entendait réciter les mêmes phrases, encore et encore.
Une fausse vérité que mon cerveau avait adopté comme sienne.

J'avais répondu à chacune de ses questions, peu importe combien personnelles elles étaient et le tout, avec une docilité que je n'aurais jamais cru pouvoir utiliser de toute ma vie. Peu de ses questions ont nécessité le péché du mensonge et j'en étais heureuse. J'aurais craqué s'il se serait attardé plus de 5 minutes sur le sujet de mon enfance. Je le voyais scanner mes iris avec ses yeux, passant la langue sur ses lèvres à intervalle régulier. Il était songeur et il utilisait son cerveau.
   Ces hommes n'étaient pas des idiots.

Et moi non plus, donc je n'ai pas essayé de m'enfuir. J'étais placardée à cette chaise et les yeux de ce jeune homme m'intimait à rester calme. Une obéissance envers l'autrui qu'il m'imposait et que je cachais sous une couche de méchanceté et de sarcasme.

Après un certain moment à répondre à ses questions, j'ai réalisé que je ne ressentais aucune peur envers cet homme. Je ne serais pas allée jusqu'à dire qu'il me laissait complètement indifférente. Que je me sentais en sécurité à ses côtés. Pourtant, comparé aux autres, il ne dégageait pas une aura si criminelle que ça.

   Je savais bien qu'il devait avoir fait le mal dans son passé, avant notre rencontre. Il devait même connaître le mal jusqu'au bout de ses doigts.

   Pourtant, il semblait digérer cette condition et sa présence dans les ténèbres moins que ses amis les mafieux. Les autres semblaient avoir volontairement décidé de s'engager sur cette voie.

   C'est sûrement pour ça que je lui ai tout dévoilé sur moi.

    Bon, les instruments de torture sur la table ainsi que ses promesses de me tuer ont encouragé une partie de ma résignation mais tout de même.

   Je n'allais pas abandonner ma vie si facilement et d'ailleurs, c'était plutôt aisé de répondre à des questions du genre « À quel université es-tu allée? » ou bien « As-tu déjà fait une extraction d'organes? ».

   Chacune de ses questions avaient un contraste et un sous-entendu qui étaient soit reliées à moi, à mon ancienne profession de docteure ou qui avait un lien quelconque avec l'arrachement d'organes humains.

    J'y ai répondu honnêtement, paniquant à chaque fois que les yeux de Jungkook sondaient les miens, y cherchant le mensonge et l'impureté. Ce regard froid allait jusqu'à me faire interroger sur mes réponses et leur réalité, même quand j'étais sûre à 100% d'avoir dit la bonne chose.

   Après l'interrogatoire, un petit sourire s'était installé sur le visage de cet homme, comme s'il considérait mes réponses à peu près honnêtes comme un signe de paix, un genre de traité entre moi et eux.
   J'avais soupiré. Il ne savait pas que j'avais menti, sinon il m'aurait tué sur le coup.

    De sa voix douce, — j'ignorais toujours pourquoi il l'utilisait — il m'avait averti qu'il allait m'endormir de nouveau. Je me rappelle avoir secoué la tête. Des larmes s'étaient libérées de mes yeux, comme si elles avaient attendu le temps de l'inquisitoire pour exhiber leur existence. Un « shh » apaisant était sorti de sa bouche et ses doigts ont fini leur course sur ma joue, la caressant avec douceur.

   Puis rien.

   Le vide complet.

    Et je me suis retrouvée ici, comme ça, dans le noir complet.

    J'ai appelé, ou plutôt hurlé, pendant une bonne heure avant de me dire que le bon dieu n'existait pas ou n'était pas assez miséricordieux pour envoyer un charmant jeune homme à ma rescousse pour qu'il m'emporte hors de ce cauchemar aux proportions anormales.

Je me demandais s'ils allaient me tuer ou s'ils allaient me préserver à leurs côtés. Je me demandais si ma vie leur importait.

   Je secoue ma tête, me disant avec amertume que peut importe la décision que ce Joon allait choisir, elle n'allait pas me plaire.

    Faire partie de leur groupe ne me plairait point.

   Mais c'est soit ça ou la mort.

   Aucun autre choix n'était disponible et je le savais bien.

    Ils devaient le savoir eux aussi.


























•••
Tous les empires sont créés de feu et de sang
•••














PARK JIMIN







Un sourire incompréhensible aux lèvres, une petite pile de vêtements à la main, l'autre se balançant d'avant vers l'arrière, aux mêmes rythmes de mes pas, je m'enfonce dans l'obscurité du couloir, fixant d'un regard vitreux le sol.
   Je n'aimais pas nécessairement cet endroit, il était sombre, vide, dépourvu de quelconque bruit qui pourrait confirmer ou prouver la présence d'humain dans ce tas délabré. J'essayais toujours d'y limiter mes visites, qui s'étaient réduites au nombre de zéro depuis que le trafic avait prit fin, à la mort de notre ancien médecin.

Mais voilà que j'y étais de nouveau.
   Maintenant que le trafic allait recommencer pour un court moment, le temps d'une seule livraison. Mais cette fille allait mourir et j'étais ravi de voir de savoir que la responsabilité du meurtre de cette femme ignorante soit tombée sur mon dos.

   Posant mon coude contre le rebord de la vitre, je regarde notre otage en soupirant, tentant de visualiser ses yeux effrayés. Le bandeau noir qui couvrait ses paupières m'empêchait de voir la peur dans ses prunelles noires.
    Elle devait nous détester.
    Chacun d'entre nous.
    Je ne pouvais la blâmer, j'aurais probablement arraché les organes à celui qui aurait osé me kidnapper, s'il en aurait été capable bien sûr.

   Kookie s'est chargé de récolter les informations nécessaires.

   Il avait dit à RM que la fille a été extrêmement coopérative, mais qu'il doutait de l'authenticité de certaines de ses réponses. Il n'avait pas su comment élaborer ses pensées et avait fini par se taire, fixant le sol d'un air saugrenu.

   Notre Kookie pouvait s'avérer être un des membres qui faisaient le plus peur des fois, le tout en balançant les phrases les plus banales. Son aura austère était une des raisons pour lesquelles j'aimais bien le voir en interaction avec un otage. Ce spectacle, à la fois impressionnant et rare, pouvait s'avérer très intéressant.
   Je souris, voyant la tête de princesse dodeliner, comme une réelle poupée de chiffon. Je pose ma main sur la poignée et c'est avec douceur que je la tourne, appréciant le supplice que m'apportait la lenteur de ce geste.

Je garde les yeux rivés sur elle, sur son corps fébrile tremblant, passant la langue sur ma lèvre alors que je demandais à mon esprit tordu jusqu'à quel point elle me détestait en ce moment. La porte s'ouvre au complet et frappe le mur blanc de la pièce stérilisé dans un bruit sonore. Rebondissant contre le mur, la poignée de la porte retourne dans ma main et c'est avec un plaisir insatiable et non dissimulé que je claque la porte en arrière de moi, dans un écho qui se répercute dans toute la pièce.

Je garde mes yeux fixés sur elle, fronçant des sourcils alors qu'elle lève la tête à l'entente de bruits soudains, bougeant son crâne frénétiquement avant de le laisser tomber mollement, reprenant sa position d'origine.

     — Ça fait longtemps qu'on s'est pas vus princesse, lui dis-je et je ne reçois aucune réaction.

Elle m'ignorait.

— Ça fait un peu plus de deux jours que t'es là. Excuse le froid, on a coupé le chauffage il y a des mois, ajoutais-je, souriant alors que je la vois grelotter et son silence se préserve encore.

   La sensation de chaleur que m'apportait cette image s'éparpillait en moi. Elle n'allait pas parler de sitôt. Peut-être que si elle le ferait, la seule chose qui m'inonderait serait des insultes. Normalement, voir quelqu'un ne pas me répondre devrait m'amuser. Si ça aurait été quelqu'un d'autre, je l'aurais frappé à coup sûr. J'aurais ensuite pris mon temps à lui faire goûter un arc-en-ciel de douleurs jusqu'à arracher une supplication de sa part. Pourtant, quelque chose chez elle m'obligeait à restreindre mon sadisme déclinant, qui aurait dû canaliser dans toutes mes veines et électriser chacune de mes molécules.

   Et ce quelque chose était Namjoon.

Il m'avait demandé qu'on ne la heurte pas, à part si c'était réellement nécessaire. Il voulait sûrement établir une relation saine et amicale avec cette fille avant que la mort ne s'abat sur elle. Il était loin d'être autant instables que moi, Hoseok ou bien Jungkook. Namjoon utilisait sa logique, ses pensées étaient organisées et recalculées des milliers de fois avant qu'il ne pose une décision. Il était le moins impulsif, mais le plus intelligent et il savait prendre des décisions radicales. Il savait bombarder un bal de bourgeois entier. Il affichait un dédain particulier envers le meurtre de dizaines de politiciens qui baignaient dans l'illégal autant que nous.
   C'était donc à l'unanimité qu'il avait été nommé chef. Personne ne s'y était opposée.

  Et moi, je ne pouvais la frapper, je ne pouvais la faire souffrir, je ne pouvais la martyriser. Je pouvais seulement utiliser les mots pour communiquer avec elle et face à cette restriction, le seul sentiment que j'arrivais à ressentir au moment même était de l'excitation.

une putain d'excitation.

La même qui avait traversée mon corps alors que j'avais aperçu de plus proche ses lèvres pour la première fois.
La même qui m'avait transpercé alors qu'elle s'évanouissait devant mes yeux, sa tête basculant avant de tomber vers l'avant sur ma cuisse, ses cheveux noirs s'éparpillant sur moi, une expression paisible sur le visage. Si c'était la façon dont elle était enchaînée ou si c'était le fait que ses lèvres s'étaient retroussées en une moue colérique qui me divertissait tant, je ne savais pas.

Mais la seule chose que je désirais en ce moment était la voir souffrir pour avoir réussi à éviter la mort et une balle dans le cœur à deux reprises. Les cieux l'avaient étrangement épargné. Elle était chanceuse. J'ignorais comment Yoongi avait réussi à convaincre Nam' si facilement de la laisser vivre quelques jours de plus. Certes, son cartel de drogue nous était utile, l'argent y coulait à flot, mais pourquoi prendre le risque de s'attarder sur cette fille encore plus?
On avait perdu du pouvoir. Et Namjoon le savait bien. On devait reprendre le territoire du globe qu'on avait perdu. On était moins puissant qu'avant.

Après s'être fait kidnappé pendant plus de 5 mois, Yoongi était revenu.
Ses marchandises de came étaient moins nombreuses et l'arrêt du trafic d'organes avait soulevé une partie de nos clients contre nous. On avait perdu de notre puissance en ces 5 mois et le même sort s'adonnait à nos partisans et à nos clients, qui bénéficiait de nos services.

   Tout ça à cause d'un malheureux accident qui aurait pu être évité.

Mes sourcils se froncent, je remarque la moiteur ainsi que la manière dont mes mains tremblaient et je détourne mon regard de sa silhouette, tentant d'empêcher un autre élan de frénésie euphorique de m'assaillir.

Je me rappelle comment Jungkook avait perdu son esprit alors qu'il torturait deux quadragénaires. J'avais vu ses yeux tourner au rouge sans même qu'il soit sous l'influence d'une drogue quelconque. Je me rappelle comment Namjoon était fumant, silencieux, comment Taehyung était apathique, l'air de rechercher dans sa tête le moment où tout s'était mal terminé. Je me rappelle l'envie que j'avais eu de frapper ces enfoirés des milliers et et des milliers de fois. J'avais eu envie qu'il voit ses propres intestins tomber sur le sol avant que l'agonie ne le consume de façon si lente et douloureuse.

   Dans le silence qui avait baigné l'entrepôt dans un pénombre effrayant, l'éclat du rire de Jungkook s'était exclamé alors qu'il dessinait sur la peau de ses gens, écrivant des mots sur leur épiderme, leurs bras crucifiés de chaque côté. J'avais aussi ri en voyant ce spectacle. J'avais ressenti une excitation malsaine, un plaisir inouï à participer à ce châtiment pire que celui des Dieux de l'Au-Delà.

Je passe nerveusement ma main dans mes cheveux, un sourire amer planté sur mes lèvres.
j'avais perdu la tête et ce, depuis bien longtemps.

     — Princesse, murmurais-je entre mes dents et elle perçoit ma voix, rognant ses lèvres, au point où je pus apercevoir ses canines.
Son ouïe était devenu plus sensible. Pas étonnant après être restée ici pendant plus d'une journée.

Je m'approche d'elle et son dégoût était percevable à des kilomètres lorsque je m'agenouille à côté d'elle, posant la pile de vêtements proche de la chaise. Elle tente de reculer au maximum, poussant son dos vers le dossier de la chaise. Elle frémit d'horreur alors que les pulpes de mes doigts font contact avec sa peau, dans le but de la débarrasser de toutes ses chaînes en métal qu'on lui a affublé.
Elle grogne, laissant échapper un bruit sourd de ses lèvres.

     — Visiblement, tu me détestes mais sois sûre de ça poupée, tu me détesteras encore plus quand tu vas découvrir quel genre de surprise on te réserve dehors, lui dis-je d'une voix faible, parlant comme si j'engageais une conversation avec elle, bien que je savais pertinemment qu'elle n'allait pas me répondre.
Mais je n'avais pas tort. Elle n'allait réellement pas aimer ce qu'on allait lui demander de faire.

Les frissons qui la secouaient me prouvaient qu'elle sentait bel et bien ma peau contre la sienne et ce sentiment me déplut.

je la dégoûtais.
j'aimais attribuer le choc aux gens. j'aimais les étonner.
je n'aimais pas les dégoûter par contre.

Les bruits que les chaînes de métal émettaient en se frottant l'une contre l'autre ne faisait que renforcer ce sentiment désagréable, pour une raison qui m'échappait.

Je détache une chaîne et puis sa voisine et ainsi de suite.
  Une chaîne après l'autre, toutes tombant au sol dans un bruit métallique qui faisait sursauter princesse, cette dernière finit par être libérée de ses fers.

   J'approche mes mains de son visage et elle frémit lorsque ma peau refait contact avec ses joues. Elle n'aimait sûrement pas savoir qu'un humain à l'esprit meurtri par la folie avait ses mains sur son visage, alors qu'elle demeurait dans l'obscurité et dans le noir complet, à cause du bandeau. Je passe mes doigts dans ses cheveux, les soulevant doucement pour détacher le noeud double du bandeau noir. Ses cheveux avaient gardé leur douceur, même si ça faisait un certain temps qu'elle ne les avait pas lavés.
   Lorsque le bandeau se retrouve sur le sol, aux côtés des chaînes à l'éclat argenté, elle tourne la tête sur le côté, refusant d'ouvrir les yeux, tout comme elle refusait de me regarder.

Un sourire s'attarde sur mes lèvres.

   — Tu nous détestes autant?demandais-je, effleurant sa joue du bout de l'index, remarquant combien dégoûtée elle était. Je vais t'avertir, bien que tu nous hais, dis-toi que toi et moi ainsi que les autres, on va devoir coopérer ensemble. C'est le minimum que tu peux faire si tu veux rendre ton court séjour chez nous agréable, l'avertis-je, malheureux qu'elle ne puisse remarquer le sourire barbare qui encadrait mon visage. Elle sourcille à l'entente du mot "court". J'ignorais si elle avait réellement compris la signification de ce que je venais de dire, mais je fus heureux d'avoir migré la confusion dans son esprit.

C'est pourtant la dernière chose dont elle s'occupe. Son instinct de survie et de battante avait pris le dessus et c'est donc sans surprise qu'elle me pousse. Elle aurait pu utiliser ses mains mais pourquoi utiliser ses paumes quand on a des pieds? Je bascule sur mon dos et heurte la surface dur du sol. Je ne prends même pas la peine de me relever. Contempler ma vie et faire un retour sur mes raisons de vivre en regardant le plafond n'était pas meilleur non plus, juste plus déprimant.

   Souplement, je me relève. Mon ventre avait été de nouveau assailli par cette fille. Elle était définitivement du genre qui n'apprenait pas la première fois. Il lui fallait une millième fois pour qu'elle comprenne. Soupirant, je la regarde frapper la porte, comme si elle s'attendait à ce que quelqu'un ne l'ouvre et l'accompagne gentiment hors du bâtiment. Ses coups de poing se répercutaient entre ses murs sensibles, qui, tremblant de peur face à la colère de cette femme, dupliquèrent sa rage en bruits et sons diverses.

   — Tu vas finir par te faire mal,
l'informais-je d'une voix traînante et elle arrête de frapper la porte. Cette porte est faite en métal, très lourde et elle se verrouille de l'intérieur à chaque fois qu'on la ferme, ajoutais-je et elle me regarde. Elle n'était pas de bonne humeur et ma diatribe ne lui plaisait absolument pas.

     — Tu vois, la première chose qu'il faut faire quand notre kidnappeur enlève le bandeau, c'est regarder autour de nous. Il faut regarder où pourrait-il avoir une faille, comment on pourrait s'échapper. Même si t'as pas envie d'avoir un contact visuel avec l'agresseur, il faut ouvrir les yeux. Si tu l'aurais fait, peut-être que tu aurais remarqué que j'avais une clé accrochée à ma ceinture. T'aurais alors su que la porte s'ouvre avec une clé. Ensuite, tu me l'aurais volé et tes chances de t'échapper auraient été plus grandes, quoi que, bien entendu, atrocement proches de zéro.
Je pointe la clé sur ma ceinture. Elle la regarde avec des yeux fulminants, puis elle se retourne vers moi et regarde les vêtements posés à côté de la chaise.

     — Ce sont tes vêtements d'aujourd'hui. Mets-les. Il n'y aucune caméra ici, personne ne te filme ou te voit. Je vais fermer les rideaux si ça te gêne. Hobi viendra te chercher d'ici quelques minutes. fais vite, ordonnais-je en la pointant du doigt, le regard menaçant.
     — Où je vais? Vous allez faire quoi de moi putain? demande-t-elle, sa voix tremblotant sous des spasmes aigus.

   Elle pousse un gémissement alors que je m'empare de ses pommettes, les compressant à l'aide de l'étau de mes doigts. Ses joues étaient comprimées et elles ressortaient, tout comme la peur et la frayeur sur son visage.

      — Tu poses pas les questions, marmonnais-je, ça, c'est moi qui fais ça. Et la prochaine fois que t'essayes de t'enfuir, j'te tue avant que t'aies le temps de faire quoi q'ce soit.

    Je soupire. Elle avait l'air d'avoir plus peur que jamais. Comment lui expliquer ce qu'on allait lui demander de faire? Je ne savais pas comment. Du moins, pas sans déclencher un lot de larmes inutiles et une animosité encore plus grande à mon égard. Je n'en avais pas besoin, ni d'un ni de l'autre. Je la relâche, passe devant elle, priant pour qu'elle ne commence pas à taper du pied sur le sol comme une gamine ou qu'elle ne m'agresse une troisième fois. J'ouvre grand la porte avec l'aide de la clé.

     — Au fait, la prochaine fois, essaye plutôt de frapper les genoux, le plus fort que tu peux, la conseillais-je et elle me fixe d'un air mauvais. Si seulement elle savait. Si seulement elle savait qu'il n'y aura pas de prochaine fois.

   Je lui souris, amusée par l'agressivité dans son regard. Je sors de la pièce en ignorant son regard perdu et suppliant. Aujourd'hui n'était certainement pas le jour où j'allais laisser la compassion, ce sentiment inutile dédié aux faibles et aux cœurs altruistes, m'envahir moi.
   Je ferme la porte. Le bruit du verrou m'indique que la porte s'est verrouillée. Je couvre la vitrine des rideaux et le peu de lumière qui éclairait mon alentour s'évanouit. Le noir m'englobait. Je ne sus si ce que je ressentais face à cette obscurité était un sentiment de sécurité ou un sentiment d'exclusion, voire même de peur.
   Me fixant sur l'idée que c'était un mélange des deux, je tourne les talons et m'enfonce dans l'opacité du couloir, les mains dans les poches.

Faudrait peut-être que je m'allume une cigarette.













•••
Quand tu tues quelqu'un, tu perds ton avantage au moment où ils meurent. Maintenant, si tu prends l'enfant de quelqu'un hors de leur portée, tu seras surpris par ce qu'ils feraient pour récupérer leur enfant
•••

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