Mélandrie Tome 2 : Le plan dé...

By sirfalas

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/!\ Attention, ceci est le tome 2 de l'histoire de Mélandrie. Il est fortement conseillé d'avoir lu le tome 1... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25

Chapitre 22

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By sirfalas

 Horrible ! Une véritable séance de torture ! Du sadisme à son état le plus pur ! Voilà ce qu'était cette soit disant séance d'entraînement d'Anidanya. Dès son arrivée sur le terrain, alors que le jour venait à peine de se lever, un puissant sort sorti de nul part avait bien failli lui arracher le bras.

L'ancienne ange était alors apparue, arme en mains au milieu de la cour et avait commencé à la charger. Mélandrie n'avait même pas eu le temps d'aller chercher son arme sur le râtelier qu'elle était déjà sur elle. La jeune démone n'avait eut d'autre choix que d'user de sa magie pour faire apparaître une lame dans ses mains et parer les attaques.

Ça n'était malgré tout pas suffisant. Jamais la femme d'Amyr n'avait usé d'une telle rapidité contre elle, si bien qu'à froid, sans avoir eu le temps de s'adapter à ce rythme plus que soutenu, l'invitée du palais s'était retrouvée avec une coupure au niveau de la cuisse, une autre sur le bras opposé et une légère entaille sur la joue.

Dans un premier temps, Mélandrie tenta de parlementer, de lui demander d'y aller un peu moins fort au début, mais elle se rendit rapidement à l'évidence qu'il ne s'agissait pas d'un entraînement comme les autres. Il ne s'agissait d'ailleurs pas d'un entraînement tout court !

Anidanya ne lui donnait aucun conseil, ne la corrigeait pas, elle ne parlait même pas. L'expression sur son visage était elle aussi insondable, parfaitement neutre comme si elle n'était même pas réellement présente et qu'elle effectuait tous ces gestes machinalement.

Elle ne se retenait pas non plus du côté de la magie. Mélandrie se faisait systématiquement bombarder de sorts en tout genre entre deux assauts lorsque ça n'était pas pendant l'assaut même, entre deux coups d'épée.

En à peine une dizaine de minutes, le corps de la jeune démone était recouvert de légères entailles. Pendant ce laps de temps, elle avait aussi été brûlée, frigorifiée, électrisée, heurtée par des pierres et subie des sortilèges dont elle n'arrivait même pas à deviner la nature. Cela n'importait que peu. Tout ce dont elle avait besoin de savoir était que ces sorts faisaient mal et qu'elle devait à tout prix les éviter.

— Je n'en peux plus ! se plaignit-elle tandis que ses bras tremblaient sous le choc d'un nouvel assaut.

— Je m'en fiche. Tu ne partiras pas d'ici avant que je l'aie décidé. Si tu t'avises de t'évanouir, j'attendrai patiemment que tu te réveilles pour continuer cet entraînement.

— Mais ça n'est pas un entraînement ça !

Cette fois-ci, la jeune démone n'eut aucune réponse. Elle était d'ailleurs persuadée qu'il s'agissait de la dernière fois qu'elle lui répondrait pendant cette séance de torture. Tenir à tout prix et ne pas s'évanouir sous peine que ce calvaire dure plus longtemps... Facile à dire, mais beaucoup plus compliqué à réaliser lorsqu'on perdait son sang de partout ! Pourquoi avait-il fallu que la magie blanche lui soit inaccessible ?

En y repensant, Mélandrie se dit que c'était un mal pour un bien. Être affectée de la mauvaise manière par ce genre de magie lui avait permis de prouver sa non-appartenance aux dieux au début de son séjour. Si la magie blanche l'avait soignée, elle ne serait même plus présente sur ce plan en ce jour.

Fort heureusement, elle n'avait pas à endurer cette épreuve seule. Quelques minutes après avoir protesté, Mahat s'était présenté au terrain d'entraînement et avait tout de suite compris qu'il n'y aurait pas d'échauffement et qu'il devait venir l'aider.

Bien qu'elle restait la cible principale d'Anidanya, les interventions du démon lui permettaient de souffler au moins un peu avant d'être de nouveau attaquée. Vu que les coups portés contre lui ne semblaient pas être de la même ampleur, tous deux en étaient venu à une stratégie où il tentait par tous les moyens de se confronter à l'ancienne ange. Cet entraînement s'était transformé en mission de protection.

Affronter Anidanya n'en devenait pas facile pour autant. Elle était d'un tout autre niveau comparé à eux, si bien qu'il leur était presque impossible d'attaquer. Ils devaient rester constamment sur la défensive pour ne pas être blessés.

Au bout de deux longues heures à tenter de survivre, car il s'agissait bel et bien de survie à ce niveau là, Anidanya finit par s'écarter et baisser son arme. Mélandrie était soulagée, mais elle se méfiait. Il n'était pas à exclure qu'il s'agisse d'une feinte pour mieux les surprendre.

— Vous avez bien tenu jusque là. Cet entraînement est sur le point de s'achever. En grand final, augmentons un peu la cadence.

— Quoi ? Mais ça fait une heure que je suis au maximum !

Une nouvelle fois, l'ancienne ange n'écouta pas sa plainte et se mit en garde. Ne voulant pas se laisser faire, surtout aussi près du but, la jeune démone leva son épée devant elle, prête à parer le moindre assaut.

Elle était concentrée et rien ne pouvait la distraire. Il n'était pas question qu'elle perde une seule goutte de sang de plus !

Soudain, Anidanya disparut de son champ de vision. Il avait suffi à la jeune démone d'un simple clignement des yeux pour que son adversaire disparaisse. Elle n'eut d'ailleurs pas le temps de voir où elle se trouvait réellement qu'une intense douleur au niveau de la nuque la paralysa. Un voile noir tomba devant ses yeux en même temps qu'elle-même tombait au sol, inconsciente.

Lorsqu'elle se réveilla finalement, non sans mal, Mélandrie reconnut de suite sa chambre. Elle était allongée sur son lit et, au vu du peu de lumière, devait y avoir passé un bout de temps. En baissant les yeux pour examiner son état, la jeune démone vit ses bras entièrement bandés et sentait aussi que des compresses avaient été collés sur son visage.

— Mel ?

Tournant son regard en direction de cette voix qui trahissait une certaine inquiétude, Mélandrie vit que Mahat était assis à son chevet. Le démon, en voyant qu'elle tentait de se relever, l'incita de suite à garder sa position allongée.

— Je suis restée inconsciente combien de temps ?

— Toute la journée, répondit-il. Après t'avoir assommée, Anidanya a tout de suite compris qu'elle y était allée trop fort. Heureusement que les alchimistes n'étaient pas loin avec toute sorte de remèdes. Amyr leur avait dit de se tenir prêts.

— Elle ne m'a pas ratée, même si j'ai étrangement connu pire, rit-elle doucement.

— Je suis soulagé que tu aies repris conscience, mais tu as encore besoin de repos. Je vais te laisser te reposer et prévenir Amyr.

Tandis que le démon se levait de sa chaise, Mélandrie remarqua quelque chose d'étrange. Sa main droite était étonnamment chaude par rapport à la gauche. Mahat lui avait-il tenu pendant toute cette journée ?

— Attends ! s'exclama-t-elle faiblement alors que son ami s'apprêtait à sortir de la chambre.

Avec un air interrogateur, le démon fit demi-tour et se rendit de nouveau à son chevet. De son côté, Mélandrie avait un regard quelque peu fuyant. Elle l'avait retenu sans vraiment réfléchir à ce qu'elle voulait lui dire, même si son idée était bien claire dans son esprit.

— Est-ce que... est-ce que ça te dérange de rester encore un peu ?

— Ça ne me dérange pas du tout, répondit-il.

Heureuse qu'il n'ait pas hésité une seule seconde avant de répondre, Mélandrie alla chercher la main du démon avec la sienne, puis ferma les yeux. Quelques instants plus tard, la jeune démone se sentit être embrassée sur le front et ne put s'empêcher de sourire. Elle qui pensait duper Amyr était finalement tombée dans son propre piège.

Alors qu'elle se l'était interdit à cause des complications que cela pouvait entraîner, à présent, elle n'en avait plus grand-chose à faire et se disait qu'elle trouverait bien une solution le moment venu.

Quoi qu'il en soit, Mélandrie se rendormit rapidement dans cette position avec une impatience non négligeable de retrouver rapidement la forme. Ce souhait ne fut cependant pas exaucé. Au beau milieu de la nuit, la jeune démone fut réveillée par une atroce douleur qui lui parcourait tout le dos.

Hurlant à pleins poumons, elle avait l'impression de se prendre des dizaines de coups de fouet à chaque instant. Cela ne manqua pas de réveiller Mahat, endormi juste à côté, qui s'empressa d'aller voir ce qu'elle avait.

— Je... je vais chercher de l'aide, tiens bon ! s'exclama-t-il sans même avoir à lui demander où elle avait mal.

Pendant plus de dix minutes, temps qui sembla interminable pour la jeune démone, Mélandrie tenta de contenir cette douleur en serrant les dents, mais il arrivait fréquemment que des pics bien plus importants surviennent et la fasse hurler de nouveau.

Juste après le retour du démon, elle se retrouva entourée de tous les alchimistes du palais qui, avec les maigres indications qu'elle pouvait donner, tentèrent de lui venir en aide. Ils essayèrent d'appliquer un baume apaisant sur son dos, de lui faire boire des potions censées atténuer la douleur, certains tentèrent même la magie dans le but de la plonger dans un sommeil profond pour qu'elle échappe à cette torture.

Il n'y avait cependant rien à faire. La douleur était toujours aussi aiguë. Pire ! Elle s'accentuait au fil des nombreuses tentatives infructueuses des alchimistes dépassés. Mais qu'est-ce qui lui arrivait ? Elle se sentait pourtant bien à son premier réveil ! Était-ce l'entraînement d'Anidanya qui avait fragilisé l'un de ses organes qui, au milieu de la nuit, avait fini par lâcher ?

Même le coup de lance qui lui avait transpercé le cœur et valu son retour sur le plan démoniaque ne lui avait pas semblé aussi difficile à endurer. Si cela continuait ainsi, elle était certaine qu'elle allait rejoindre sa mère dans peu de temps.

— Qu'est-ce qui se passe ici ?! s'exclama Anidanya en entrant dans la chambre. On entend des cris depuis l'autre bout du palais !

— Mel s'est réveillée d'un coup en hurlant de douleur, expliqua Mahat. Je suis allé chercher les alchimistes, mais rien ne semble marcher.

Intriguée par ce qu'il venait de dire, l'ancienne ange s'approcha de son apprentie et l'observa un instant. Elle se dirigea ensuite vers la porte, l'ouvrit en grand et pointa l'extérieur du doigt avec un regard dur.

— Dehors, tout le monde !

— Mais... protesta un alchimiste.

— Dehors je vous dis ! Je m'occupe de ça.

Malgré les quelques protestations verbales, tout le monde lui obéit et sortit de la chambre. Même Mahat qui pensait au départ ne pas être concerné dût quitter les lieux. Une fois tous partis, Anidanya ferma la porte à clé et se rendit au chevet de son apprentie.

— J'avais des doutes avant, mais à présent, je sais ce que tu es.

Si ce qu'elle venait de dire n'avait rien de rassurant, la voir invoquer une lame dans sa main l'était encore moins. Était-ce ainsi qu'elle allait finir ? Poignardée alors qu'elle agonisait déjà d'une douleur dont elle ne connaissait pas l'origine ?

— Ne me regarde pas comme ça, je ne vais pas te tuer, souffla l'ancienne ange. Je sais très bien que tu n'es pas une ennemie. Tu es une hybride. À moitié ange, à moitié démon, je me trompe ?

Devait-elle répondre ? Connaissait-elle au moins la réponse ? Elle s'était déjà posé cette question vu que sa mère était une ange réincarnée en démon et que son père était un ange qui, au moment de sa naissance, se prenait pour un démon. Même pour elle cette question n'était pas simple et elle n'était pas certaine d'avoir la bonne réponse.

— Oui ou non ? Selon la réponse, je pourrais te venir en aide.

— Je pense que oui, avoua-t-elle après un pic de douleur.

— Ce qui te cause tant de mal sont tes ailes. Pour les anges, leur apparition est naturelle, cause une légère douleur, mais rien de plus. Pour les hybrides, c'est une autre histoire. Les ailes ne sont pas des membres faits directement d'os et de plumes, mais de l'énergie qui se cristallise pour former ces membres. Cela leur permet de les faire apparaître et disparaître à volonté, mais comme le corps n'est pas fait de base pour avoir de tels membres, cette énergie s'accumule là où elle devrait sortir normalement et cause les douleurs que tu as. Je vais devoir t'entailler le dos pour libérer cette énergie, mais je ne vais pas te mentir, ça va être très douloureux.

— Tant que ça s'arrête, je m'en fiche, grinça-t-elle entre ses dents.

Quittant un instant son chevet, Anidanya se rendit jusqu'à l'armoire. Elle fouilla à l'intérieur pendant un petit instant, puis en ressortit une ceinture avant de revenir vers son apprentie.

— Mords là-dedans.

Prenant la ceinture entre ses dents, Mélandrie s'allongea sur le ventre et laissa Anidanya l'examiner. La jeune démone sentit alors les mains de l'ancienne ange se balader sur son dos pendant plusieurs minutes alors qu'elle même ne voulait qu'une chose. Que tout ceci se finisse.

— Je sais que c'est long, mais je dois trouver le bon endroit pour libérer tes ailes. J'ai trouvé celle de droite, mais pas encore celle de gauche. Les deux entailles doivent êtres faites en même temps, sinon tu en mourras.

Avec ces explications qui la rassuraient encore moins, Mélandrie prit son mal en patience et laissa Anidanya se concentrer pour trouver le bon endroit à entailler. Les pics de douleur se multipliaient, mais ses cris se muaient en râles tandis qu'elle mordait dans la ceinture.

Soudain, deux chocs la surprirent et la firent de nouveau hurler malgré le bout de cuir qu'elle tenait entre les dents. La douleur était encore pire que les précédentes et était due du fait qu'Anidanya venait de lui entailler le dos avant de se reculer.

La jeune démone sentit alors que la douleur ressentie jusque là s'atténuait et avait l'impression que de nouveaux membres se formaient. Au dessus d'elle, elle pouvait voir une intense lumière. Ce devait être son énergie qui sortait des deux coupures pour créer ses ailes.

Un instant plus tard, la demi-ange fut totalement libérée de cette torture. Elle n'avait plus mal nulle part et s'étonnait de sentir quelque chose bouger au niveau de ses omoplates. La sensation d'avoir de nouveaux membres était des plus étranges. Elle était certaine que, tout comme les nouveaux nés devaient apprendre à bouger leur corps, elle devrait en faire de même avec ses ailes dans un long apprentissage.

— Mais qu'est-ce que tu es ? questionna Anidanya, stupéfaite.

Encore haletante, Mélandrie tenta de s'asseoir sur le lit, mais ses ailes semblaient ne pas lui permettre d'adopter une telle position. Elle posa donc les pieds par terre et, les jambes tremblantes, se mit debout.

À cet instant et à cet instant seulement, poussée par l'étonnement de son instructrice, Mélandrie tourna la tête pour regarder par dessus son épaule et voir la cause de tout ce mal qu'elle avait enduré.

Comme elle s'y attendait, elle était à présent pourvue de deux grandes ailes qui, repliées ainsi, descendaient jusqu'à ses genoux, mais ce qui avait provoqué la stupéfaction d'Anidanya et qui l'étonnait tout autant était la couleur de celles-ci. Vu les origines de ses parents, elle pensait que les siennes seraient rouges comme celles des premiers anges ou bien grises vu qu'elle avait du sang de démon.

Non, les siennes étaient d'un doré étincelant. Elles réfléchissaient le peu de lumière qu'il y avait en dizaines de milliers de scintillements et produisaient elles-mêmes leur propre lumière. Tout ceci était à la fois magnifique, terrifiant et source de centaines de nouvelles questions.

— Attends... ne me dis pas que...

Passant derrière elle, Anidanya observa un instant son dos, puis repassa devant en fronçant les sourcils. Tout ceci ne disait rien qui vaille à Mélandrie qui arbora une mine inquiète en la voyant ainsi.

— J'ai fait des entailles d'une vingtaine de centimètres au niveau de tes omoplates, mais la cicatrice s'est agrandie jusqu'au niveau de ton bassin.

— Et c'est préoccupant ?

— Déploie tes ailes, je voudrais m'assurer de quelque chose.

— Je... Je ne pense pas pouvoir le faire. C'est un peu trop nouveau pour moi.

— D'accord, alors ne bouge pas.

S'approchant d'elle, l'ancienne ange saisit délicatement l'une des ailes. Ce simple geste fit sursauter Mélandrie qui pensait ne rien sentir, mais qui apprit que ses nouveaux membres étaient en réalité très sensibles.

Doucement pour ne pas lui faire mal et lui faire découvrir une première fois le fonctionnement de ces membres, Anidanya déplia l'aile qu'elle tenait et s'arrêta net, les yeux exorbités fixés à mi-hauteur.

Suivant son regard, Mélandrie baissa les yeux au niveau de son bassin et trouva, en plus de l'aile principale, une seconde, plus petite, qui partait vers le bas et suivait les mouvements de la grande.

— Il va falloir que tu m'expliques ça.

— De quoi ?

— Comment un hybride se retrouve avec des ailes que je n'ai jamais vues et, qui plus est, sont celles non pas d'un ange, mais d'un archange. Qui es-tu ?

— C'est une question que je me pose depuis que je connais mes origines, souffla-t-elle. J'ai appris chez les humains que mon âme avait la couleur de celle des archanges, mais il n'y a même pas un an, je pensais encore être une succube dont les caractéristiques physiques sont proches de celles des humains, rien de plus. Tout ça me dépasse largement, me fait poser des tas de questions et me terrifie.

— Et tes origines démoniaques ne font aucun doute vu que la magie blanche n'a aucun effet sur toi. D'ailleurs, puis-je faire un essai pour vérifier quelque chose ?

— Ça dépend, répondit-elle, peu rassurée.

— Par rapport à ce que tu viens de subir, ça ne te fera rien.

Acquiescant finalement pour donner son consentement et aussi prouver sa bonne foi à Anidanya qui avait à présent mille raisons de douter d'elle, Mélandrie vit son instructrice prendre sa main, l'une de ses lames et lui entailler légèrement la paume. Sans doute voulait-elle tester de nouveau la magie blanche sur elle et voir si l'effet était différent cette fois-ci.

Cependant, elle n'eut même pas le temps de tenter quoi que ce soit que la plaie se mit à briller du même éclat que ses ailes et, un instant plus tard, à se refermer. Elle n'avait plus aucune trace de coupure. D'ailleurs, elle n'avait plus mal nulle part malgré l'entraînement qui avait mis son corps à rude épreuve.

— Qu'est-ce qui va m'arriver maintenant ?

— Il est clair que tu n'as pas été envoyée par les dieux. Ils n'auraient jamais confié une mission d'espionnage à un serviteur avec de telles facultés. Je te crois lorsque tu dis que tu ne sais rien de tout ceci et je vais garder ton secret. Cependant, je veux que tu me promettes que, tant que tu seras ici avec nous, tu ne sortiras pas tes ailes sans que je ne t'en ai donné l'autorisation. Je pourrais t'aider à découvrir tes nouveaux pouvoirs et t'apprendre à voler, mais nous devrons nous éloigner du palais pour ça.

— D'accord, mais... Comment je fais pour les faire disparaître ?

— De ce que je sais, il faut que tu imagines qu'elles sont une gène pour toi et non une aide. Par exemple, imagine-toi sous l'eau à essayer de remonter à la surface alors que tes ailes sont trop lourdes et t'entraînent vers le fond.

Suivant ses conseils, Mélandrie ferma les yeux et visualisa la scène qu'Anidanya venait de décrire. La demie-ange sentit alors ses nouveaux membres s'engourdir et, lorsqu'elle eut l'impression qu'ils n'étaient plus là, rouvrit les yeux pour découvrir qu'elle était redevenue comme avant.

Elle avait aussi l'impression que ses ailes avaient emporté avec elles toute son énergie. Ne pouvant plus tenir debout, Mélandrie tomba en avant et fut immédiatement rattrapée par son instructrice.

— Ça, c'est un contre-coup que je ne connaissais pas et qui doit t'être spécifique, commenta-t-elle en l'aidant à regagner son lit.

De nouveau allongée, la jeune démone avait l'impression d'avoir retrouvé l'état dans lequel elle s'était réveillée plus tôt dans la soirée. Elle n'avait pas vraiment mal, mais se sentait extrêmement fatiguée.

— Dites, pendant que nous sommes seules, est-ce que vous pouvez me le dire maintenant ?

— Te dire quoi ?

— Pourquoi je suis ici ? Pourquoi tous ces traitements de faveur ?

— Si tu veux, dit-elle avec un sourire bienveillant, chose assez rare pour que Mélandrie le remarque. Vois-tu, le rêve d'Amyr a toujours été d'avoir un enfant. Il n'a jamais compris les mœurs des démons qui abandonnaient pour la plupart leurs progénitures. Malheureusement, toutes ses tentatives d'en avoir se sont révélées infructueuses.

— Je suis pourtant la preuve qu'il est possible d'avoir un enfant entre un ange et un démon.

À moins que le sexe de l'un et de l'autre ait son importance et que, dans la configuration inversée à celle de ses parents, cela ne marche pas, se dit-elle immédiatement.

— Le problème ne vient pas de là. Même avec ses concubines, Amyr n'a jamais réussi à en avoir. Il est stérile. En apprenant cela, il s'est mis en tête de trouver un enfant qu'il pourrait adopter. Vu son amour pour les humains, cela pesait beaucoup dans son choix, mais un enfant damné, ça n'existe pas. Lorsqu'il t'a vu pour la première fois, il a tout de suite compris que tu étais celle qu'il cherchait. Une jeune démone à l'apparence humaine. Dès que tu t'es réveillée et que tu as échangé avec lui, il en a été certain. Ta façon de penser et ton caractère à la fois doux, soucieux des autres mais qui ne se laisse pas faire pour autant était ce qu'il recherchait. Pour lui, il ne pouvait pas mieux tomber. Pour moi, bien que réticente au départ, j'ai fini par me dire la même chose. Si nous avions pu avoir un enfant, j'aurais aimé qu'il soit comme toi.

C'était donc ça. D'un côté, Mélandrie ne pouvait que donner raison à Bahia qui lui avait affirmé qu'elle trouverait stupide le fait de lui avoir caché la raison pendant aussi longtemps, mais d'un autre, elle le comprenait. Si elle avait appris trop tôt les intentions du prince, elle se serait sans doute enfuie.

Tout ceci complexifiait ses plans de retour dans le monde des mortels, mais pour le moment, elle ne voulait pas réfléchir à ça. Elle était même heureuse d'apprendre que tout ceci était parce qu'ils la considéraient comme leur fille.

— Vous faites de très bons parents, sourit-elle. Bien que les punitions soient un peu extrêmes.

— Elle était à la hauteur de l'inquiétude que tu nous as causé à chevaucher un forendyr. Quoi qu'il en soit, je te laisse te reposer. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.

À ces mots, et après un dernier sourire, Anidanya se leva, rouvrit la chambre et s'en alla. Mélandrie attendit quelques temps dans l'espoir de voir Mahat revenir, mais la jeune démone finit par se résigner en se disant que l'ancienne ange avait dû donner comme consigne de la laisser se reposer et de ne pas la déranger.

Finalement, Mélandrie finit par s'endormir et rêva de pouvoir caresser les nuages sous un ciel bleu, portée par deux magnifiques ailes dorées.

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