𝐕𝐄𝐍𝐃𝐄𝐓𝐓𝐀 | 𝘱.𝘫𝘮

Por anxleti

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dans lequel Lim Soojin, une docteure ayant abouti dans un asile psychiatrique, se voit trainée dans la rancoe... Más

personnages
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Por anxleti














PARK JIMIN







— SALE GARCE! avais-je crié, alors que cette conne, cette fille insignifiante, me frappe au ventre, avec son pied.

Je recule sous l'effet de la douleur, des schémas de torture et de meurtre envahissant mon esprit alors que je me demande quel sera le meilleur moyen de faire souffrir la petite princesse qu'elle était. Au milieu de cette souffrance, je souris. Elle avait pris le risque de me frapper.
   Étonnant cette fille.

Mais pour être une pauvre petite princesse, elle l'était. Peut-être un peu perdue aussi.

Une princesse médecin, qui s'est égarée du refuge qu'était les hôpitaux pour elle, avant de se retrouver dans un asile pour détraqués et malades mentaux, d'une façon ou d'une autre.

Je titube et grince des dents, tenant mon ventre à deux mains.

Je ne savais pas qui elle était mais cette fille ne manquait pas d'audace.

Les autres membres me regardent me courber sur moi-même et je pus entendre le bruit qu'émettait trois armes à feu se chargeant, ainsi que le rire que Jin a émis, le plus discrètement possible.

Je respire, tentant de garder mon calme, me disant à maintes reprises que si je le pouvais, j'aurais déjà tiré sur elle, de multiples fois. On serait ensuite partis, quittant cet endroit à l'ambiance lugubre, laissant son cadavre se mélanger à ceux des officiers. Ces derniers n'ont même pas eu le temps de se défendre quand nous sommes arrivés, la mort les avait déjà enveloppé chaleureusement, sans leur autorisation.

Cette femme, qui a osé me frapper, était toute seule, clairement traumatisée par la présence de corps morts, dans l'incapacité de s'enfuir sans se faire trouer par trois balles, tous éjectées de trois fusils différents, tenus par trois personnes différentes.

Elle ne pouvait nous échapper et elle le savait très bien.

Je relève la tête vers elle, m'attendant à voir une fille recroquevillée sur elle-même, apeurée, l'abandon se lisant sur son visage alors que le message se transmettait d'hémisphères à hémisphères; elle ne pouvait s'enfuir de nous.

Pourtant, le spectacle que je reçus fut contraire à ce que je m'attendais.

Des yeux froids, vitreux sous la démence furieuse qui les éclairait.
   Une vraie furie enragée.
   Et traumatisée.

   Elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Elle était déroutée, épuisée par une charge mentale qu'on lui avait imposé contre son gré.

— Allez tous en enfer, sales meurtriers! s'était-elle écriée et stimulé par un tel spectacle, mon cœur se contracte et pompa le sang plus rapidement. Ma chaleur corporelle monta d'un cran alors que je remarque l'aplomb déterminé que cette fille avait.
Un instinct de battante.

   Mais pas pour la même cause que nous.

   Pas pour le meurtre. Pas pour l'argent. Pas pour le luxe. Pas pour les soirées bourgeoises ponctuées d'assassinat et de sang. Pas pour la drogue ou le plaisir de pouvoir enfoncer un couteau dans le cœur de quelqu'un.

   Non. Elle se débattait parce qu'elle était scandalisée par ce qu'on venait de faire. Elle était dégoûtée par ce sang. En aucun cas avait-elle l'intention de nous suivre ou de s'enrôler dans les aléas de ce travail.

Mais c'était elle que Yoongi avait choisi. Peut-être qu'il avait réellement perdu la tête au cours de ces derniers mois. À moins qu'il avait choisi cette frigide du crime pour ennuyer Nam?

Je me retourne vers Yoongi, lui adressant un regard inquisiteur, auquel il répond par un haussement d'épaules.

De toute façon, ce n'est pas comme si on avait le choix, ça fait maintenant plusieurs mois que le trafic était en pause et j'en avais marre d'accumuler les missions d'assassinat. Tuer les personnes à la vie malhonnête et clairement ennuyante s'est avéré être un passe-temps risqué mais ennuyant quand on s'y habituait.

M'agenouillant proche d'elle, collant l'un contre l'autre mon index et mon majeur, je pousse son menton vers le haut, de manière à ce qu'elle soit obligée à me regarder dans les yeux.

Elle rampe contre le sol et met de la distance entre nous. Elle ouvre sa bouche mais je ne lui laisse pas le temps de sortir le moindre mot.

— Non, la ferme, ne dis pas un mot!
ordonnais-je et elle s'exécute, un regard aux issues tueuses me fixant. Si y'a bien une chose que je déteste, c'est ceux qui me cassent les nerfs, donc tu la fermes! lui dis-je, rapprochant son visage du mien, perçant ses yeux de mon regard flamboyant.

Pendant un instant, lors d'un court moment qui a duré deux secondes, j'oublie mon entourage, me concentrant seulement sur les billes noires qui lui servaient de yeux. Je décèle sans mal l'appréhension qui teintait ses iris, c'était comme si elle me demandait de l'aide, comme si elle me suppliait de la faire sortir de ce cauchemar qui devenait de plus en plus réel.

Ses traits se durcissent et une forme de conviction fébrile s'empare de son visage, remplaçant l'épouvante qui déformait son visage depuis que j'avais posé un flingue sur sa poitrine. Cet élan de détermination était clairement faible et son visage gardait une forme d'innocence, même si elle essayait de faire sa forte.

Reliée involontairement à mes yeux, les siens s'épanouissant dans mes prunelles, je m'amusais à découvrir chaque parcelle de son visage si délicat.

— Au moins, elle ne pleure pas. Sinon, je l'aurais tué et je suis sûr que j'y aurais pris un certain plaisir. Une si belle créature que j'enlèverais de ce monde. Une ange dont j'aurais provoqué la descente en enfer, m'étais-je dit, un petit sourire courbant mes lèvres.


En l'espace de quelques secondes, mes yeux eurent le temps de s'établir sur les différentes parties de son visage, s'arrêtant le plus longtemps sur ses lèvres, pulpeuses, en forme de cœur. J'avais envie de la détruire. Mon sang s'électrifia dans mes veines, poursuivant son périple dans ses tuyaux étroits.
   Elle ouvre grand ses yeux.


  Taehyung prit la parole et je me retire.

— C'est plus l'heure du goûter poupée, vas falloir que tu te durcisses et vite, dit-il et elle détache ses yeux de moi, fixant d'un air éberlué Taehyung. Une fille comme toi va pas tenir deux secondes avec nous, ajoute-t-il et je pus voir l'inquiétude reprendre contrôle sur sa personne, l'agitation formant des plis sur son front.

— Mais de quoi vous parlez putain?
nous demande-t-elle et je passe ma langue sur mes lèvres à l'entente du sacre. Yoongi, c'est quoi cette merde?
sa tête pivote vers Suga, qui regarde le plafond, l'air de réfléchir.

— Je vais faire court, dit-il et je soupire, constatant qu'il n'a pas changé. Même un séjour à un asile psychiatrique, peut-importe sa longueur ou sa brièveté, n'allait pas changer sa personnalité, des plus introvertis.

   Mais qu'en était-il de sa santé et sa stabilité mentales? Avait-il perdu son sang-froid durant ses mois d'absence? Je me le demandais bien.

Tournant la tête, je croise l'œillade atrabilaire que Taehyung m'adressait.

Je souris, satisfait d'avoir arraché une réaction de ce givré.

   Taehyung n'était pas fou, il ressentait chacune des émotions qui garnissait la palette et il n'hésitait pas à les montrer ou à les cacher. Il en souffrait aussi. Un sentiment en particulier l'avait secoué et il se heurtait à ses murs douloureux. Depuis plusieurs années. Et tout cela dû par un homme nonchalant.

   Je me retourne vers princesse, profitant de son hébétement pour renouveler ma poigne sur son bras.

— On fait partie de la mafia, t'as devant toi les membres principales d'un groupe de mafieux, avec deux autres membres, qui ne sont pas là, j'examine ses yeux. Une nostalgie que je ne comprenais pas demeurait dans ses billes noires.

— On se spécialise dans les meurtres, les assauts, la drogue et surtout le trafic d'organes, dit-il, son regard s'attaquant au médecin. C'est là que tu entres en scène Soojin, notre ancien médecin s'est barré, mais t'inquiètes pas, on l'a déjà tué, précise-t-il avec ironie et je doute qu'elle ait envie de le savoir. Donc, tu es l'élu qui va nous aider dans nos tâches quotidiennes. Et si tu refuses, Jin se ferait une joie de tirer une balle dans ton cerveau. T'as des questions?demande-t-il et d'après son expression faciale, je doute qu'elle soit même dans la capacité de dire quoi que ce soit.

— Rien, dit Yoongi, haussant les sourcils. J'imagine qu'on peut partir alors, conclue-t-il, se retournant, se dirigeant vers la sortie du secteur E, son entrée étant une porte à la couleur terne et dépressive.

La médecin pose ses paumes sur le carrelage blanc, tentant en vain de se lever sur ses pieds afin de s'enfuir vers les escaliers, mais son corps était dépourvu de force. Elle se retourne vers moi et sa mâchoire se crispe. Elle n'arrivait pas à se lever. Ses jambes l'avaient abandonné. Un choc émotionnel qui s'était reparti dans tout son corps.

— Suga, fais quelque chose. La toubib peut pas se lever, marmonnais-je, agacé et cet enfoiré ne prend même pas la peine de se retourner.

— Mets-la sur ton dos, Chim, me conseille Hobi et je soupire.

— Yoongi! Cette meuf c'est ta responsabilité, pas la mienne bordel!m'exclamais-je et il m'ignore. Taehyung rit, son exclamation hystérique se manifestant en un écho dans ce couloir vide, désert et surtout, déprimant.

   — Secoue-toi, marmonnais-je à son adresse, la soulevant sous ses protestations.

Quelques secondes plus tard et sa poitrine était pressée contre mon dos, ses jambes enroulées autour de mon ventre, mes mains positionnées sur le dessous de ses cuisses.

Je me lève et rejoins les autres dans le couloir.

Lentement, je pus sentir ses bras entourer mon cou.

— Essaye de m'étrangler et je décime ta famille entière, l'avertis-je et elle soupire.

    — Pourquoi t'étrangler quand je pourrais te tuer et m'enfuir d'ici, me répondit-elle et je m'humecte les lèvres.

   — Les chances de réussite? demandais-je et elle laisse passer un petit rire éreinté de sa bouche délicate, feignant l'amusement pour ne pas que je remarque sa colère.
   Elle avait de la dignité.

— Basses, répondit-elle et je regarde les lumières de néon.

— Les chances de réussite sont toujours basses lorsqu'il s'agit de fuir. Ça te fait pas rire?

— Je vais te tuer, me menace-t-elle, la fatigue engourdissant sa voix.

— Crois-moi, rien ne me ferait plus plaisir que de découvrir ce qui se passe après notre mort, répondis-je et elle reste silencieuse, choisissant le bon choix, celui de ne pas se mêler à la psychose lunatique qu'expulsait ma bouche.

Tranquillement, quoi que sur nos gardes, nous nous dirigeons vers l'entrée des employés, que nous avons emprunté pour pénétrer en douce le bâtiment.

Le magnifique cerveau qui comblait la caboche de Namjoon nous avait créé de fausses cartes réservées au personnel, qu'on a utilisées pour pénétrer le bâtiment.

Vers notre chemin en direction du secteur E, nous sommes tombés sur plusieurs employés dans la salle de pause, tous dégustant de façon indifférente leur sandwich, tournant sans vigueur leurs têtes vers nous alors que nous pénétrons la piece.

Notre entrée fut alors suivie d'une fusillade cinglante, qui s'est terminée avec une dizaine de corps ornant le sol, tel des décorations de Noël égayant la façade froide d'une maison en hiver.

L'alarme a sonné quelques minutes plus tard, sûrement déclenchée par quelqu'un qui s'était douté que les coups de fusil qu'il avait entendu n'étaient pas ordinaires.

Nous sommes montés les escaliers en soupirant de façon nonchalante, une sonnerie agressante résonant dans nos oreilles. Les officiers qui surveillaient les nombreuses cellules n'ont pas eu le temps de sortir leurs flingues médiocres; la vie leur avait déjà été arrachée avant même qu'ils ne le réalisent.

On savait déjà dans quelle cellule Yoongi se trouvait et l'extirper hors de cette dernière s'est avérée facile, carrément trop.

Remontant la médecin sur mon dos, j'arbore une mine agacée.

C'était un peu trop facile pour me satisfaire.

Je m'attendais à des dizaines d'officiers qui seraient à nos trousses. Namjoon avait sûrement défini notre trajet entre les couloirs blancs de l'asile de sorte à ce que nous évitons les rencontres avec la sécurité.


Sachant combien Joon était précautionneux et précis dans ses calculs, ça ne m'étonnerait pas du tout.


Je tourne un regard vers celle qui demeurait dans mon dos, me demandant pourquoi était-elle si silencieuse.

Sa tête était enfoncée dans ma chemise, comme si elle tentait de garder ses yeux fermés pour éviter tout contact visuel avec les murs ternes de l'asile. Ou elle avait seulement une phobie des nombreuses insignes et avertissements qui encombraient ce couloir de façon carrément obsessionnelle.

Je soupire et lève les yeux.

Devant nous se trouvait la porte de sortie, celle utilisée par les employés en situation d'urgence, lors de la fuite d'un patient.

Pendant que le chaos régnerait dans l'asile, comblé par des officiers jouant à cache-cache avec un malade mental, ses enfoirés de psychiatres et d'infirmiers, qui ont délibérément choisi ce métier pourri à la moelle, évacueront le bâtiment par cette porte, isolée, oubliée et ignorée de tous. Personne ne se rappelait l'existence de cette sortie, à part quand leur vie était menacée.

Cette porte ne pouvait s'ouvrir que par une carte d'employé et heureusement pour nous, on en possédait quatre, une pour chacun, truquée par la main habile de Namjoon.

D'un mouvement de main, Hobi passe la carte dans la fente. La porte s'ouvre dans un déclic sonore, une lumière verte honorant son déverrouillage.

— On peut y aller, dit-il, ouvrant la porte, regardant de droite à gauche mais il savait bien qu'il n'avait rien autour, à part peut-être une forêt s'étirant sur une poignée de kilomètres.

Et il n'y avait personne au alentour.

Cette façade du bâtiment était dépourvue de tourelles sur lesquelles se tenaient habituellement des personnes qui maniaient le sniper. On les avait tué eux aussi. Tenir un sniper dans ses mains ne garantirait jamais la survie de quelqu'un. L'immortalité, elle, oui.

Nous étions à l'intersection d'un angle mort, auquel personne ne prêtait attention, passant aussi inaperçu que l'étudiant pacifique qui ne disait rien et qui demeurait dans le fond de la classe, tentant de se fondre parmi les autres étudiants pour que ces derniers oublient son existence.

Un angle mort où se trouvait justement une voiture, une Maserati, noire, à rendre jaloux le plus riche des riches. Jungkook et Namjoon devait se trouver à l'intérieur, là où on les avait laissé une dizaine de minutes plus tôt.

Nous sommes revenus maintenant.

Nous avons récupéré ce dont nous avions besoin, un allié important, un frère qui nous unissait et qui rendait notre lien de famille encore plus puissant, Yoongi.

Mais nous avons pris un détour sur notre route, nous qui étions si sûrs de notre itinéraire et nous avons pris ce détour en ayant bien en tête qu'on arriverait à destination plus rapidement.

Soupirant, je lance un regard par-dessus mon épaule à la créature qui demeurait sur mon dos.

À quoi pouvait-on s'attendre de sa part?

















•••
Les juges, les avocats, ils ont une license qui leur donnent le droit de voler. Nous n'avons pas besoin d'une telle chose.
•••







LIM SOOJIN







Je ne pris même pas la peine de lever les yeux, même quand l'air frais percuta ma peau, me donnant l'information que nous n'étions désormais plus à l'intérieur de l'asile.

J'inhale à plein nez le parfum délicat de Jimin, me trouvant ensuite misérable d'essayer de trouver réconfort dans l'odeur de quelqu'un qui, techniquement, venait de me kidnapper.

C'est ça, la mafia?

Des types canons, comme dans les films d'action clichés et cinglants, armés de fusils, les tenant en permanence dans leurs mains, n'hésitant pas à tuer quiconque avec.


Je soupire.

Je veux rentrer chez moi, oublier Yoongi et m'enfoncer dans un sommeil paradoxal. Je veux retourner au seul moment pacifiste de ma vie où mes seuls soucis étaient mon manque de sociabilité, lié à une envie constante de s'isoler des humains, ainsi que mon emploi de merde, qui m'imposait la lourde tâche d'interagir avec les autres ignorants de la race humaine.

Je savais pourtant bien que les métiers comme médecin, psychologue ou psychiatre n'étaient pas fait pour moi.

Dans ses boulots, le professionnel doit approcher un individu, soit pour comprendre ses problèmes, les réglant avec lui, servant d'un genre de support pour les personnes à l'âme brisée, ou devait accomplir la tâche douloureuse et agaçante, de mon point de vue, qu'était l'annonce de la mort d'un proche à une famille, un enfant ou au deuxième membre d'un couple.

Supporter leurs larmes, leurs sanglots, leurs airs perdus ou leurs hurlements était une tâche que je n'étais pas capable d'accomplir.

Quand on y réfléchissait, j'ai seulement penser à suivre les pas de mon salop de père que j'avais tant admiré.


J'ai été médecin, j'ai su et compris le métier, j'ai vu des personnes se faire sauver de façon miraculeuse, j'ai vu des enfants autant sourire que pleurer, j'ai vu des personnes se faire remplacer leur organe malade par un nouveau, resplendissant, venant d'un autre qui est sûrement mort.



Une question cruelle s'impose à moi, réaffirmant le fait que je n'étais qu'une égoïste qui ne pensait qu'à elle-même et son bien-être.




"est-ce qu'extraire et vendre les organes rapportait de l'argent dans la mafia, encore plus que si on le faisait légalement?" m'étais-je questionné

Je secoue ma tête contre la chemise de Jimin, oubliant son odeur exquise, alors que cette question fatidique, carrément inhumaine, perce mon esprit. Je fus agacée car peut-importe le nombre de fois que j'essaya de l'arracher de mon cerveau, elle restait là où elle était, semant encore plus de chaos dans ma tête, me donnant l'impression qu'on la perçait avec un marteau piqueur.

Pourquoi pensais-je à ça? Je n'allais quand même pas accepter de prendre les organes de quelqu'un? Et d'ailleurs, qu'est-ce qui me garantie que le rôle de médecin auprès de ses hommes allait me garantir de l'argent dans mon compte?

Je crispe mes doigts et les écorchent entre eux, une vilaine habitude qui ne m'avait jamais vraiment dérangée car elle me rappelait son existence de façon régulière. Un peu comme un membre de sa famille qui venait nous visiter une fois par année et auquel on oubliait toujours le nom, se trouvant alors dans l'obligation d'entreprendre des recherches pour se rappeler de qui il était.

Une voix angélique, détenue par une personne qui avait hérité des cordes vocales et du débit divin d'un Dieu me parla, alors que j'étais en plein moment de détresse. Cette voix donna soudainement bien âpre et désagréable.

— Princesse, je dois te déposer, on est arrivés à la voiture, me dit Jimin et j'eus l'envie soudaine de lui dire de se taire, une envie aussi spontanée que celle qui m'avait secouée lorsque je l'ai frappé au ventre.

J'étais complètement dépassée, éberluée de la situation, qui dépassait mes pires cauchemars.

Les surnoms idiots que ces garçons venaient de m'attribuer sortaient de leurs bouches de façon si normale, c'était comme si on se connaissait depuis le réveil de notre existence, ce qui n'était pas le cas.


Princesse. Poupée.


Pourquoi ce Jimin me parlait-il comme s'il me connaissait? Pourquoi communiquer avec moi comme s'il me comprenait? Pourquoi utiliser cette voix si douce, comme s'il voulait me réconforter, tandis qu'il était celui qui me rendait si débauchée? Pourquoi agir comme si je faisais partie de leur cercle vicieux?

Qu'on recommence.


Qu'on recommence la partie au complet.

Et cette fois-ci, je ferais en sorte de m'écarter du jeu, laissant place à d'autres, qui voudraient peut-être tenter leur chance.

De ma part, je voudrais changer tout, du moment où on m'a attribué Yoongi comme patient.

Non, changeons-ça au moment où j'ai accepté ce stupide travail, alors que je n'avais même pas un diplôme en psychiatrie.

Ses enfoirés du département de l'asile m'ont convaincu en me balançant de l'argent à la figure, tentant aussi la carte de la pitié, clamant haut et fort qu'ils avaient besoin de main-d'oeuvre et de toute urgence, mais pourtant, aucun d'entre eux ne m'a dit qu'ils accueillaient des soi-disant malades en besoin, qui n'étaient qu'en fait que des représentants de la mafia. Par la réaction détachée, quoi qu'irritée de Yoongi durant son séjour ici, j'en avais conclu que cet asile psychiatrique n'était qu'un hôtel pour lui. Il l'utilisait quelques jours, avant de partir pour rejoindre d'autres, se plaignant à qui voulait bien entendre que l'expérience avait été désagréable.

Je savais que Yoongi devait se sentir de cette façon vis-à-vis son passage discret et court à l'asile et c'est bien pour ça que je regrettais qu'il est eu l'occasion de s'enfuir de façon si facile.

   J'aurais préféré que lui et ses amis meurent sous les balles des officiers mais bon, je ne vais pas aller les blâmer pour leur inhabileté à manier une arme à feu car ils sont morts maintenant.

Soupirant, j'obéis à Jimin, détachant mon visage de sa chemise noire, perdant peu à peu l'arôme de son parfum.

Cet homme, que je ne connaissais même pas avait failli m'embrasser.

Je ne savais pas s'il l'aurait vraiment fait mais il s'est définitivement penché vers moi, regardant avec convoitise mes lèvres, reculant rapidement lorsque celui qu'ils nommaient V m'a parlé.

   La tension qui nous avait lié durant ce court instant s'était imprimé dans mon cerveau. J'en grelottais même.

Je pose mes pieds sur la surface du gravier, tenant à peine debout, mes jambes s'affolant sous l'effet de tremblements puissants.

Devant moi se tenait la portière d'une voiture noire, grande ouverte, laissant un espace où je pouvais voir des visages, les mêmes que ceux que j'ai rencontrés dans l'asile. Ils me dévisageaient d'un air froid, attendant que je monte à l'intérieur.

Je monte à l'intérieur, Jimin me suivant peu après.

Les sièges, au nombre de huit, étaient fait de manière à ce que chacun est quelqu'un devant lui. Les sièges n'étaient pas tous orientés vers la même direction comme dans les voitures traditionnelles.

Une rangée de siège, formée de 4 sièges, fixait l'arrière tandis que l'autre rangée de siège fixait le devant.

Jimin s'assît à côté de deux hommes que je n'avais jamais vu avant, qui, eux, me regardaient avec insistance. Je fus placée sur le côté où demeurait la fenêtre, Hobi à ma droite.

Je remarque sans intérêt qu'un des hommes, celui dont j'ignorais toujours le nom, me regardait avec froideur.

En temps normal, comme avec Yoongi, j'aurais flippé mais je ne fis rien, à peine capable de ressentir le sentiment d'appréhension, me contentant de détourner le regard vers la fenêtre.

Une vitre teintée nous séparait de l'avant de la voiture et lorsque cette dernière se mit en marche, je sus qu'un chauffeur devait se tenir à l'avant du volant, en arrière de cet écran de verre carrément noir.



— Qui est-elle? Je détache les yeux, me tournant vers la voix hésitante qui avait prononcé ses mots.

Il était mignon et avait l'air innocent, beaucoup trop innocent pour faire partie de ce groupe sanglant ou pour se trouver dans ce cadre, autour de ses personnes à l'âme noire.

— Tu vois cette fille Kookie? Cette fille, c'est notre nouvelle médecin, s'exclame V d'une voix enrouée aux intonations avides et je tourne la tête vers lui, adressant à son égard un regard noir.

Avec sarcasme et ironie, je me dis que Yoongi et son air glacial devait avoir eu une certaine influence sur moi. Me voilà parfaitement apte à manier les œillades venant tout droit des régions glaciales de la Sibérie.

— Notre nouvelle médecin selon qui? demande une autre voix, à laquelle j'étais encore ignorante.

Je tourne la tête vers la provenance de ce murmure grave.

Arborant une chemise noire sobre, quoi que raffinée, de marque connue, l'homme qui venait de s'exprimer dégageait une énergie étonnante ainsi qu'une emprise sur le groupe que je n'arrivais pas à comprendre. Il se retourne vers Yoongi.

— Ravi de te revoir, mon cher ami. Quel accueil chaleureux que tu m'offres, dit Yoongi sur un ton peu allègre et le regard de l'autre homme sur lui se fit plus pressant. C'est moi qui l'ai choisi Joon, tu sais aussi bien que moi qu'on en avait besoin, répondit Yoongi et je me demande en fronçant les sourcils si le chauffeur arrivait à entendre notre conversation.

J'ignorais volontairement ma présence dans cette voiture ainsi que le fait que rien ne m'empêchait de parler, car je n'avais pas envie que ses vitres teintées se peinturent de mon sang, surtout pas à l'aide d'un de ses flingues effrayants qu'ils avaient tous.

Je frissonne.


Ce Joon fixe tour à tour moi et Yoongi, nous regardant tout en ayant l'air d'être au milieu d'une réflexion mentale intense.

— Avec elle, le trafic pourrait recommencer et ce serait pour le mieux, dit Jin et Joon le regarde pendant un long moment, avant d'acquiescer de la tête. Jimin et Taehyung échangent un regard, leurs yeux expressives communiquant entre eux, se délivrant un message auquel je n'avais pas accès au code. Yoongi sourit superficiellement.

   Ce Joon soupire, pose sa main sur sa poche et en sort brusquement un fusil dont la trajectoire aboutit sur le front de Yoongi.

   L'effet fut immédiat et tout le monde réagit à la seconde près, comme s'il s'attendait déjà à une situation du genre. Yoongi étire sa main et s'empare du fusil de Jin, l'orientant vers Joon, prenant un malin plaisir à charger lentement l'appareil, un sourire amusé figé sur ses badigoinces. Jimin était indifférent, un sourire fidèle sur ses lippes. Il me regardait du coin de l'œil, guettant une réaction de ma part. Taehyung, assis juste à côté de Joon, pose la pointe de son flingue sur la gorge de ce dernier, la commissure de ses lèvres s'étirant en un sourire sadique, teintée d'une félicité fiévreuse. Hobi est le dernier à rentrer dans ce cercle meurtrier, pointant son arme vers Taehyung. Un rictus forcé se voyait sur son visage alors qu'il pousse un petit rire. Joon offre un petit regard à Taehyung, clairement excité à l'idée qu'un de ses propres camarades le menace de la sorte. L'autre garçon timide ferme les yeux, comme s'il aurait voulu se dégager de cette voiture. Je fis de même, couvrant mes paupières de mes mains, retenant un hurlement.

— Baisse ton putain de flingue, vocifère Jin à voix basse et je réouvre les yeux, voyant Yoongi secouer la tête de droite à gauche, l'air d'apprécier chacune des secondes qui s'écoulaient aussi lentement que des heures pour moi.

— Tu devrais l'écouter, marmonne Joon en haussant un sourcil. Tu donnes une mauvaise impression à la fille, ajoute-t-il, articulant chacune de ses syllabes, prenant le risque de me pointer de menton. Le canon de l'arme de Taehyung s'enfonce plus profondément dans son épiderme sobrement balsané.

  Riant nerveusement, Hobi prend la parole, son arme pointé sur la chevelure noire de Taehyung.

— Arrêtez-ça tous les deux. Nous ne sommes pas des bêtes et personne ne va mourir aujourd'hui, dit-il et ses mots n'ont aucune répercussion sur la rigidité de leurs bras. Les quatre tenaient toujours leurs fusils.

— Yoongi, arrête de jouer, murmure ce Kookie d'une voix faible. Il avait l'air asthénique.

— Dis-moi, Jungkook. entre moi et lui, qui est celui qui menace l'autre et qui est celui qui se fait menacé?explique Yoongi d'une voix placide, penchant sa tête vers la gauche et Jungkook soupire, se tournant vers Namjoon, fronçant légèrement des sourcils.

— Nam', baisse ton arme, grommelle Taehyung et Namjoon sourit, humectant ses lèvres alors qu'il capitule, abandonnant la provocation qu'il avait entamé, son fusil prenant refuge auprès de sa cuisse.

   Yoongi, Hobi et Taehyung font de même.

— Parlons comme des gens civilisés, dit Hobi et les autres affichent un air neutre serein.

— J'en ai rien à foutre de ce que tu penses. On a besoin de relancer le commerce. Dionysus en a déjà marre d'attendre et ça fait plus de 5 mois. Si on le perd, c'est une partie du business qui part en fumée, dit Yoongi, essayant de raisonner Namjoon et d'anéantir la haine qui consumait les yeux de son camarade. Ressentant l'agitation de tout le monde, je me crispe, essayant de me faire petite entre ces hommes instables.

— Jimin, tues-la, dit Namjoon après un silence de quelques secondes et un fusil chargé fut appuyé sur ma tempe en moins d'une seconde.

Dans les vapes, je fixe le flingue qui demeurait dans la main de Jimin, sans vraiment vouloir réaliser le guêpier dans lequel on m'avait poussé.

   Taehyung pousse un rire.

— Ses vitres sont déjà teintées, sale enfoiré! T'as envie qu'elles deviennent rouges peut-être? s'exclame-t-il et Namjoon pose son arme sur la carotide de Taehyung, adressant un sourire malicieux à Yoongi. Ce dernier rit, mais il ne trouvait pas ça drôle du tout. Les autres soupirent, tous agacés par ce chaos.

   Seul Jimin et Namjoon semblait en tirer un confort et un égaiement singuliers.

— J'en ai rien à faire des vitres. Peut-être que tu pourras utiliser ses cheveux pour essuyer son sang plus tard, V, je tremble, incapable de dire quoi que ce soit alors que ma vie tenait sur un fil faible. Taehyung grince des dents, conservant un sourire irrité alors qu'il ricane.

— Écoute, mon cartel est lié à Dio. Si on le perd, c'est la moitié de ma marchandise qui se retrouve sans acheteurs, réplique Yoongi et Jimin lui apporte un regard court, avant de rapidement se recentrer sur moi. On a besoin d'un putain de docteur et c'est pas sur le dark web qu'on va se procurer les services d'un enfoiré qui va nous trahir comme l'autre. À la mention de cette phrase, qui semblait sacrée pour une certaine raison, tout le monde eut la mâchoire crispée.

— On en trouvera d'autres. Il n'est pas le seul qui peut en acheter de ta came. Y'a sûrement une liste de personnes qui pourrait remplacer la place de Dionysus, dit Namjoon et je me demanda bien qui il pouvait bien parler.

    — Il est un ami de ta famille. Ça fait des décennies que vous travaillez avec lui, on peut pas le laisser hors de notre business, riposte Yoongi et Hobi regarde Namjoon avec intensité.

Pour ma part, je tâchais de ne pas penser à ce que tout cela pouvait bien signifier. Je gardais mes yeux axés sur les pupilles froides de Jimin, le suppliant du regard d'au moins attendre la fin de ce débat avant de brutalement peser sur la gâchette.

— Cette fille ne nous aidera en rien, crache finalement Namjoon et Yoongi se permet un rire.

— Tant qu'elle sait comment extraire des organes correctement, elle nous aidera plus que tu ne le crois, dit Yoongi et Namjoon passe sa langue sur ses gencives, le regard dur, la tête hautaine.

Jimin pose un regard sur Namjoon.

— Ordre de tuer? Joon bouge la tête de droite à gauche.

négatif.

Jimin baisse son arme et me regarde, visiblement contrarié de ne pas avoir pu commettre le meurtre qu'on venait de lui refuser pour la deuxième fois.

je déglutis.

— Taehyung, tu vas au Panorama ce soir. Tu sais quoi faire, ordonne Namjoon et un sourire carré plonge le visage de Taehyung dans une euphorie évidente. Et la prochaine fois que tu me menaces, je t'enterre vivant, ajoute-t-il et Taehyung perd de sa vivacité, ses badigoinces reprenant une courbe neutre.

— Je ne le ferais plus, Nam', il était le chef. c'était lui qui était le chef.
   ce Namjoon.

— Jimin, tu vas avec lui, ce dernier sourit de façon lunatique, heureux pour une raison quelconque. Suga, elle est ta responsabilité. Si elle meurt ou si elle s'enfuie, c'est ta tête que je vais planter sur une pic, dit Namjoon et Jimin envoie un clin d'œil narcissique à Yoongi.

— Rangez vos armes et rentrons à la Maison, on a des milliers de choses à planifier et à faire, demande Jungkook et les autres obéissent. Jin récupère son fusil de Yoongi avec une violence et une animosité qu'il ne dissimule pas. Qui est-elle? demande de nouveau Jungkook et personne ne répond. Son nom? Yoongi redresse la tête avec lenteur.

— Lim Soojin. Du moins, c'est ça qu'elle m'a dit, marmonne Yoongi en me regardant et je grince les dents, fixant la fenêtre pour oublier tous ses meurtriers demeurant dans la même voiture.

— Assure-toi qu'elle ne soit pas un danger pour nous, dit Namjoon et Yoongi hoche la tête.

   La vitre était trop opaque pour que je ne vois quoi que ce soit m'indiquant où on allait ou où nous étions.

Je m'obnubilas par mes propres
pensées, oubliant dans le processus ce que les autres disaient, y percevant une mince bribe, légère et insignifiante, qui suffit pourtant à allumer un feu dans ma tête lorsque je réalisa ce qui se passait.

"Ils allaient réellement me prendre avec eux? Ils n'allaient pas me tuer?" me demandais-je, étrangement mélangée entre mon souhait de mort récent ainsi que mon envie indéniable de survivre, de rester sur cette planète, bien que rien de positif n'allait croiser la route qu'empruntait ma vie. Cette dernière était bourrée de poussière, maltraitée et dangereusement inclinée, formant une pente qui n'annonçait rien de bon.

Je sursaute.

Quelqu'un m'a interpellé.

Tiens..?

Pourquoi ils me regardaient tous?

— Princesse! ma tête se retourne automatiquement vers Taehyung. Il adoptait de nouveau ce surnom, sans même m'avoir demandé s'il me plaisait, s'il pouvait l'utiliser ou s'il concordait à ma personnalité.

"Pourquoi il te demanderait ton opinion? Tu es insignifiante en ce moment. Surtout à leurs yeux"

Cette voix, celle qu'on avait tous, celle qui n'hésitait pas à nous rabaisser lors de nos meilleurs moments, celle qui était méchante et jalouse, celle qui restait constamment dans notre cerveau, se perchant d'un hémisphère à l'autre, piétinant sur les deux, se faisant un plaisir de m'entendre lui ordonner de la fermer. Cette voix, elle s'exprimait en moi à l'instant, au pire des moments possibles.

Je me recentre la fenêtre, incapable de percevoir le moindre paysage au travers, seulement consciente que tous les regards étaient braqués sur moi.

Mes prunelles se posent sur la poignée et c'est ensuite mes mains qui s'y accrochent, aussi fort qu'elles le pouvaient. Il fallait que je sorte d'ici.

— La porte est barrée poupée, me dit Jimin et après avoir tirée à maintes reprises sur la portière, sans qu'elle ne s'ouvre, je dus admettre qu'il avait raison.

Les yeux emplis d'une pitié que mon orgueil avait enfoui en moi, je me tourne vers Namjoon, n'arrivant pas à me décider sur si je devrais le foudroyer des yeux ou lui envoyer une demande de compassion. Il m'ignore, sortant son téléphone.

— Laissez-moi sortir de cette voiture, demandais-je et Jimin esquisse un sourire, bientôt suivi du rictus des autres, qui trouvaient la situation aussi drôle que lui.

— Sors-moi d'ici, bon sang! lui dis-je et Jimin détourne le regard, regardant à son tour la vitre. Je ne suis pas une putain de mafieuse et je ne suis pas quelqu'un de vicieux donc relâchez-moi! ajoutais-je, tentant d'être téméraire, bien qu'une partie de moi priait à un Dieu, esprit que je considérais comme surnaturel et dont j'ai toujours ignoré et mépris l'existence. Je souhaitais silencieusement qu'ils m'épargnent sans histoire. J'étais aussi naïve que la bergère qui fantasmait sur le prince et qui priait que ce bel homme puisse se mettre à genoux devant elle pour lui faire passer une magnifique bague au doigt.

La voiture entière demeure silencieuse, comme si aucun âme n'y habitait, délabrée. Les seuls bruits qu'on pouvait percevoir étaient ceux des pneus qui roulaient à pleine vitesse sur du gravier, ainsi que ceux du rapprovisionnement de balles dans le fusil de V, qui semblait croire que j'allais tenter quelque chose, ce qui n'était clairement pas mon intention.

Dans ma situation, face à eux, que pouvais-je donc faire?

Tous les yeux sont sur Namjoon, qui fixe l'écran de son téléphone, ses pupilles noires semblables à la couleur qu'empruntait l'océan la nuit.

D'un coup d'œil, je remarque que Kookie, qui semblait être le plus jeune et le plus sensible, dévisageait Namjoon encore une fois, fronçant les sourcils.

Il me regarde l'espace d'une seconde mais détourne ses yeux rapidement, remarquant que je le contemplais.
Je pus percevoir une certaine timidité cerner son visage.


Namjoon lève ses iris de son écran, mes yeux ne pouvant pas constater la haine de ses prunelles alors que les miennes étaient plantées sur la silhouette de Kookie, affichant ma surprise devant l'effarouchement de cet homme.

Je ne pus voir le signe de menton que Namjoon avait adressé à Hobi, assis à mes côtés dans la voiture.

Alors que je soupira, me dégageant de mon intérêt prématuré envers ce Kookie, je n'eus même pas le temps de distinguer la tension naissante qu'un tissu blanc s'abattait sur ma bouche, une odeur âcre envahissant mes narines, mon organisme soudainement submergé par une envie irrésistible de dormir.

  
   Je tente de me débattre mais ma force juvénile, voire enfantine, ne faisait pas le poids face à la poigne ferme de Hobi, qui plaque le tissu encore plus fort contre ma bouche, m'obligeant à inhaler l'arôme repoussante qui s'échappait du textile.

   Une fatigue soudaine, beaucoup trop soudaine pour être naturelle, m'envahît et je me dis que je pouvais maintenant me vanter d'avoir fait partie d'une scène digne d'un film d'action, où la protagoniste écervelée se faisait kidnapper par une bande de mafieux à la beauté digne de dieux grecs.

Un sourire narcissique arrive à se former sur mes lèvres et c'est une expression pacifique au visage que je commence à m'endormir, de façon aussi paisible que lorsque mon cerveau s'éteint après avoir travaillé comme un fou toute la journée, la fatigue qui l'envahissait s'envolant peu à peu alors qu'un sommeil épais s'emparait de lui.

   "Ça y est, c'est la fin pour toi" m'avait dit cette voix douloureuse et orgueilleuse au fond de mon esprit tandis que l'ivresse gagnait contre moi, m'enfouissant dans une hibernation que je ne pouvais combattre.

   Toutes les molécules de mon corps tentaient de s'accrocher désespérément, ayant reçu le message de mon cerveau, percevant l'urgence de la situation, comprenant rapidement que cette dernière n'augurait rien de bon.

Pourtant, comme je m'y attendais, et comme cette voix maléfique me l'avait dicté, je finis par réaliser que c'était la fin pour moi lorsque mes paupières s'alourdissa et que le mince filet de lumière qui percutait la rétine de mes yeux finit par disparaître.

 



    Mes yeux s'étaient fermés.

    Et la porte vers l'Enfer aussi.

    J'y étais maintenant coincée et obligée d'y survivre.

     Qui sait pendant combien de temps j'y arriverais?















•••
Parfois, je me sens comme Dieu...
Quand je commande de tuer un homme, il meurt le jour même.
•••









JEON JUNGKOOK






Une nouvelle personne rentrait dans la famille.

Un autre individu qui agrandissait notre puissance, notre territoire, notre influence.

Une autre personne qui perdait son innocence en s'alliant à nous.

Pourtant, pouvait-on dire qu'elle s'alliait vraiment à nous si cette personne ne semblait pas vouloir de nous?

Et ce sentiment de rejet et de déni semblait être réciproque pour les autres membres, qui l'appelaient princesse et poupée.

   Je soupire.

Une autre personne nous rejoignait, présentement bâillonnée sur une chaise devant moi.

   Nous étions dans un entrepôt désaffecté, un morceau de scotch était enroulé autour de sa bouche. Sa tête tombait lâchement sur sa poitrine, lui donnant l'air d'une réelle poupée. Le genre de poupée qui donnent des cauchemars d'effroi aux plus jeunes filles.

Pourtant, je me devais de l'admettre, ses cheveux de couleur obsidienne, qui tombaient sur son visage, le dissimulant complètement, étaient magnifiques. D'ailleurs, elle-même était magnifique, cette fille, Lim Soojin.

Autant qu'une princesse. Voire plus.

Sa beauté dépassait clairement la moyenne, de sorte à ce qu'elle aurait pu se fondre parfaitement parmi nous, qui semaient l'insécurité chez la personne la plus parfaite, l'amenant à se douter d'elle-même. Même celles à qui on avait répété toute leur vie qu'elles étaient les plus belles et les plus charmantes se voyaient complexés face à des gens de notre calibre.

Justement, elle aurait pu.

Elle aurait pu se fondre parmi nous si elle aurait été plus méchante, plus vicieuse et plus égoïste qu'elle ne l'est déjà.

Je ne la connaissais pas mais je me doutais bien que chaque humain, même les saints, était en fait garni d'un minimum de méchanceté et d'égoïsme.

Ça faisait seulement parmi de notre nature, celle de la race humaine, on était nés avec, on ne pouvait la nier.

Malgré tout, elle était là et étrangement, on avait besoin d'elle, mais si elle nous détestait et semblait même être dégoûtée de nous.

À moins que je me trompe?

Je porte ma main à mon menton, le pied frappant le sol à maintes reprises, formant sans que je m'en rende compte un rythme. Le froid de l'entrepôt ne pouvait me toucher ou me rappeler de son existence, c'était trop tard, j'étais déjà partie dans une réflexion loin d'être fragile.

Une autre personne gonflait notre cercle, tel un ballon de fête dédié à un gamin gâté, qui se réjouissait de finalement fêter son anniversaire en compagnie de ses parents.

Mais ce que ce gamin ne savait pas, c'était que ses parents avaient bien des douzaines d'autres choses de mieux à faire que d'assister à la stupide fête d'anniversaire de leur fils.

Ressassant ce souvenir désagréable, qui arrivait à garder sa place dans mon cerveau même après une dizaine d'années passées depuis sa survenance, je grince des dents, crispant mes poings ensemble, une sensation d'irritation s'attachant rapidement à moi, loin de vouloir disparaître.

Pourquoi étais-je ici? L'étiquette de méchant n'a jamais été faite pour moi, mes propres parents ne cessaient de s'en lamenter.

Je n'ai jamais été comme lui, ça a sûrement été le plus grand regret de mes géniteurs.

Pourquoi n'étais-je pas tout simplement mort? Pourquoi—

Un gémissement se fit entendre et mes pensées quotidiennes, tous se penchant vers la possibilité d'un suicide rapide, furent interrompues.

Princesse était sur le point de se réveiller.

Il fallait que j'obéisse aux ordres de Namjoon.

Il fallait que je la fasse parler.

Que je lui fasse recracher tout ce qu'elle sait sur elle-même.

Étrange.

Je n'ai jamais vraiment aimé parler, un peu comme Suga, mais on dirait que j'étais étrangement doué à faire parler les autres, les ignorants, ceux que je ne connaissais pas et ceux auxquels le sort ne m'importait peu.

Après tout, je m'en foutais d'eux, je ne savais pas qui ils étaient, je tentais seulement de savoir certaines informations sur eux, informations qui m'aideraient à en détruire d'autres.

Ils ne faisaient pas partie de ma famille, pourquoi devrais-je me préoccuper de ce qu'ils ressentent physiquement?

Oui, c'est ça.

C'est ça la raison pour laquelle je n'étais toujours pas mort, c'était ça la raison pour laquelle je n'étais jamais passé à l'acte, moi étant le plus faible et le plus craintif de ce groupe.

J'avais une famille.

Et pour elle, je devais me battre, elle avait besoin de moi, j'avais besoin d'elle et je resterais en vie pour elle.

J'avais dédié ma vie à cette famille.

   Un membre de cette famille se trouvait à l'extérieur, dans le parking, au volant d'une voiture. Le reste était quelque part, autour d'une table ronde, en train de discuter le sort de cette fille. Chacun d'entre eux allait sûrement donner leur opinion. Ils devaient être en train de débattre sur si oui ou non, elle aura le privilège de vivre quelques années de plus. Jimin allait être contre.

   Je l'ai vu dans son regard amusé lorsqu'il était rentré dans la voiture. Il ne faisait pas confiance à cette fille et plus que tout au monde il la voulait morte. Le pourquoi m'échappait. Le pourquoi m'échappait toujours lorsqu'il s'agissait de comprendre cet homme.

Mon genou se posant sur le sol froid de cet entrepôt délabré, je m'agenouille à côté de cette poupée de porcelaine si fragile.

J'étais dans la capacité d'apercevoir au travers de ses cheveux ses paupières papillonner pendant un long moment, avant que ses yeux ne s'ouvrent complètement.

Sa tête dodeline, avant de se lever doucement, retrouvant sa forme originelle, bien droite.


J'approche ma main de ses cheveux et repoussent ses derniers de son visage, m'appropriant la vue de son expression effrayée.

Elle avait l'air apeuré, elle l'aurait sûrement été plus si un autre membre que moi aurait été celui qui se tiendrait devant elle juste après son réveil.

Après tout, elle devait penser que j'étais le plus timide, le plus humain, le moins méchant, et elle n'avait pas tort.

Je l'étais sûrement.

Mais c'était quand même moi qui s'occupait des otages, pas les autres, et c'était moi qui devait la cuisiner, pas quelqu'un d'autre.

   Je presse mon index sur mes lèvres, lui demandant de préserver le silence qui régnait dans cet endroit macabre alors que, doucement, je retirais de sa bouche le scotch qui lui empêchait de s'exprimer.

  M'obéissant aveuglement, elle ne parle pas lorsque sa bouche en avait la possibilité.

   J'aurais pu avoir pitié pour elle.

   Elle était un potentiel nouveau membre, à la qualification importante, qui allait devoir passer par moi.

   Elle passera un mauvais moment si elle essaye de se détourner du chemin qu'on avait tracé pour elle.

   Mais elle n'avait pas l'air d'avoir l'intention de me désobéir.

— Tu vas devoir répondre à mes questions Soojin, lui dis-je et ses yeux s'écarquillent, pour une raison que je n'arrive pas à discerner. Ça va être des questions simples, sur toi. tu devrais être capable d'y répondre plutôt facilement, précisais-je, tentant de la rassurer et de calmer ses tremblements. N'essaye même pas de me mentir ou de me désobéir, ça pourrait mal terminer pour toi,
l'avertis-je et elle hoche la tête, un air éberlué au visage qui témoignait de son incohérence. Essaye de mentir et je te tuerais, ça y est. Je venais de l'affoler.

   Lentement, je passe la paume de ma main sur sa joue, ignorant le fait que ce geste lui apportait sûrement plus de frayeur que de confort.

   Sa peau était rebondie et douce.

   Elle gardait une certaine beauté et ce, même si elle était terrifiée.

   Espérons que je n'ai pas à gâcher cette beauté.

   Espérons aussi que cet entrepôt abandonné n'aie pas à se priver de son silence pour le transformer en écho de bruits et de cris.

   Des bruits et des cris qui sortiraient de sa bouche à elle, de sa bouche si délicate et pulpeuse.

   J'espère de tout cœur, elle étant un potentiel futur membre de notre famille, que son sang rouge n'aie pas à tâcher mes mains ou mon âme, déjà souillée par mes nombreux péchés.

   "Maman, Papa, vous m'avez appris une chose dont je me suis réellement souvenue. Vous m'avez dit que la famille n'avait pas besoin d'être évoquée sous forme de liens sanguins" me dis-je, caressant sa joue, écartant les larmes sur son visage. "Cette fille va sûrement faire partie de ma famille, j'espère ne pas avoir à la faire trop souffrir. Dieu, faites en sorte qu'elle soit obéissante" avais-je prié, regardant le plafond en vitre de l'entrepôt ainsi que les gouttelettes de pluie s'écraser dessus.

   Je retourne mon regard vers elle, me préparant à commencer l'interrogatoire.











•••
Mafia est un acronyme pour;
« Mort e Alla Francia Italia Anela »
Qui veut dire « L'Italie aspire à la mort de la France »
•••

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