Elena Moscovitch, agent de terrain, criminologue et directrice du bureau de New York attendait patiemment dans le hall de l'aéroport, un avion en provenance de St Pétersbourg était entrain d'atterrir. L'attente avait été longue, son verre vide reposant sur le bar en témoignait. Les deux agents en civil qui s'assuraient de sa sécurité était assis sur les bancs, abandonnant leur vigilance. Elena avait bien entendu insisté sur le fait qu'elle pouvait très bien se défendre seule, mais ces derniers temps avaient été quelque peu mouvementé.
Les passagers de l'avion arrivèrent par vague, elle retira ses lunettes de soleil, se levant de son siège. Les nombreux passagers étaient avant tout des hommes d'affaires bedonnant en costard, quelques voyageurs épuisés de leur séjour marchant rapidement vers la sortie en hâte de retrouver leur lit. Il n'y avait qu'une seule personne qui se détachait du lot. Dans son pantalon cargo noir typique, ses rangers, ce manteau si reconnaissable que la femme avait été heureuse d'arborer si longtemps avec ses nombreux insignes. Une grande blonde s'avançait vers elle, en compagnie d'un jeune homme brun, plus petit qu'elle d'une bonne trentaine de centimètres, le teint pâle. Si les tatouages sur ses mains et le long de sa gorge n'était pas visible, le doute aurait pu être permis, mais il n'y avait plus de question à se poser lorsqu'elle lança un sourire rayonnant tout en avançant vers l'agent à la chevelure corbeau. Moscovitch s'avança à son tour, elle ne portait pas son uniforme, simplement un tailleur noir et des talons haut, mais elle n'avait pas changé en cinq ans, ni même pris une ride. Sa main se tendit instinctivement vers la femme blonde face à elle.
-Bon retour parmi nous, agent Volkova.
Les yeux de la blonde s'embuèrent directement à la vue de la femme face à elle. Cinq ans, c'était long, surtout lorsque vous partiez pour un pays dont le seul souvenir réside dans votre enfance. Voir un visage familier, un visage qui vous avez sauvé la vie il y a cinq ans presque au prix de la sienne, ce même visage qui avait continué de veiller sur vous et de prendre de vos nouvelles durant ces cinq ans... Il n'y avait rien de plus réconfortant.
- Elena...
Instinctivement la femme face à elle lui ouvrit ses bras. Elles n'avaient jamais été proche à ce point mais l'occasion était différente, la blonde semblait bouleversée, fatiguée de ces dernières années passées à courir. Elle n'hésita pas une seconde avant de s'avancer dans les bras de sa bonne étoile.
- Ça fait du bien de te revoir, la dernière fois que je t'ai vu tu étais en chaise roulante, et là plus rien... C'est incroyable.
L'agent aux cheveux corbeaux abandonna l'étreinte pour observer la jeune femme face à elle.
- Et encore tu ne m'as pas vu éviter les balles.
Un sourire se glissa sur les lèvres de la blonde.
- Carmen doit être enchantée.
- Ne m'en parle pas, chaque intervention dangereuse à son lot de remontrances, heureusement je lui épargne certains détails.
Le regard gris sombre se tourna vers le jeune homme brun qui épiait silencieusement l'interlocutrice. Il ne semblait pas à l'aise mais pas vraiment mal à l'aise non plus, arborant un visage neutre, dépourvu de toute expression. Le garçon avait de grands yeux bleux glaçant qui rappelait ceux d'Emma beaucoup plus chaleureux, une légère cicatrice barrée sa joue, remontant jusque sa paupière inférieure.
- Elena je te présente Vassily. Vassily, je te présente Elena Moscovitch.
Le garçon fit un simple signe de tête sans sourire, l'agent se tourna directement vers la blonde.
- C'est lui ?
Un simple hochement de tête confirma l'hypothèse de celle qui l'avait aidé à le retrouver.
- Emma...
- C'est pour cette raison que je ne pouvais pas revenir avant... Je voulais l'emmener avec moi, ça a pris plus de 2 ans pour obtenir tous les accords et les papiers nécessaires, mais maintenant je suis sa responsable légale. Je ne te remercierai jamais assez Elena.
La femme face à la blonde ne pu que sourire, les larmes aux yeux, détaillant le jeune homme des yeux.
- Je suis heureuse que tu sois enfin de retour Emma, ton bureau est déjà prêt, il ne reste plus que la plaque à ton nom à faire apposer. Le FSB doit être dans une colère folle après avoir perdu les deux meilleurs agents qu'il n'ait jamais eut en 5 ans...
Tous trois se mirent en marche vers la voiture qui les attendait à l'extérieur.
- C'est totalement différent des états-unis travailler là-bas, mais je suppose que j'apprendrais sur le terrain ici comme tu as du le faire.
- Non je ne l'ai pas fait, je continue d'agir comme je l'ai appris, et c'est ce qui fait que je suis si efficace alors non Emma. Continue simplement comme tu l'as appris et comme tu le sens. J'ai besoin d'un agent comme toi, et surtout d'une criminologue qui ne suit pas les règles conventionnelles. Ne change rien à ta manière de travailler, on va passer au bureau pour signer ton contrat, Jacob t'emmènera chez-toi ensuite.
Le trajet se passait dans le calme, l'adolescent regardait par la fenêtre les buildings immense de New York, un air émerveillé sur le visage sous le regard d'Elena.
- Je suis si heureuse de revenir ici... Je suis sûre que ça plaira à Vass' aussi.
- Tu lui as trouvé un lycée je suppose ? Sinon je peux aider pour le faire entrer dans un lycée privée, j'ai quelques contacts...
La blonde lança un petit sourire en regardant son frère toujours tourné vers la vitre.
- Non je préfère qu'il soit scolarisé à domicile, j'ai déjà trouvé quelqu'un qui viendra lui donner des cours. Vassily a du mal avec le contacte humain et la communication.
- C'est tout à fait compréhensible.
Le jeune homme se tourna vers sa sœur l'interrogeant du regard.
- Il ne parle pas, mais il sait se faire comprendre avec moi, je sais que ça viendra sûrement avec le temps... Il comprend l'anglais et le russe cependant.
- C'est un garçon intelligent, le silence est une valeur sûre en russie. Il retrouvera peut-être la voix dans le bruit de New York.
La voiture se gara dans l'immense parking souterrain des bureaux, la blonde sortie de la voiture, suivi de près par l'agent en charge de son transfert. Elle fit signe à son plus jeune frère de descendre de la voiture afin de l'accompagner. Ils entrèrent dans l'ascenseur qui se mit directement en marche, le jeune homme semblait peu rassuré, s'approchant de sa sœur sans pour autant la toucher.
- Ne t'en fais pas Vass', c'est bientôt fini, c'est rapide, la sensation est désagréable mais tout va bien.
L'ascenseur se calma pour arriver à l'étage du bureau d'Elena Moscovitch, auquel cette dernière les éconduit sans mal. Les yeux de la blonde valsèrent de droite à gauche, de bureau en bureau, épiant les plaques dans une danse rapide qui fit sourire la chef.
- On a du tout refaire juste après que tu sois partie, les tires de M-16 avaient tout ravagé.
- Je suis désolée.
La femme haussa les épaules.
- Ce n'est pas de ta faute.
Cependant les yeux bleus glacial continuaient à voguer de porte en porte, dont une en particulier qui ne portait aucun nom et semblait vacant. L'autre femme gardait son sourire sans pour autant que l'autre n'ose poser la question qui la taraudait.
-Tu pourras avoir ce bureau si tu veux, il est vide.
- Peu importe.
Ils entrèrent dans son bureau, Elena signala à Vassily qu'il pouvait s'installer sur le canapé. Chose qu'il fit, s'affalant en attendant la fin de la conversation qui allait durer un petit moment tandis que sa grande sœur s'engageait pour la femme qui avait veillé sur elle.
- Alors, agent Volkova. Voici votre contrat qui est le même que celui que je vous ai envoyé par mail.
-On signe où ?
- Tu devrais le lire avant.
- Tu y a changé quelque chose ?
- Non mais il...
La blonde apposa sa signature chaque fois qu'elle le devait, feuilletant le dossier sans prendre la peine de lire.
- Bien, je suis ton agent maintenant, je veux mon badge, mon insigne, mon arme de service mais surtout mon bureau.
La chef du département se leva, un large sourire sur les lèvres.
- Allez, suis-moi, je te montre ton bureau, il te restera juste à l'aménager à ta guise, nous n'avons pas loin à aller.
Les deux femmes sortirent de la pièce, se dirigeant vers celle juste à côté.
- Juste là.
La blonde semblait un peu déstabiliser, sans pour autant le montrer. Elena savait cependant très bien ce qu'elle faisait.
- Et voilà.
La porte s'ouvrit sur un bureau que la blonde connaissait très bien, tout aussi vide qu'auparavant, sans la plaque en or qui reignait sur le bureau cependant.
- Ce bureau n'est plus occupé ?
- Non, plus depuis quelques années en tout cas. La plaque a ton nom sera posé dans la semaine, agent Volkova.
- Merci.
Les souvenirs envahirent la jeune femme, les heures passées en compagnie de son ancienne amante et professeure dans cette pièce, à tantôt se disputer, tantôt s'embrasser. La pièce était la même, elle n'avait pas changé. La seule chose qui différait était les âmes qui l'animaient en cet instant. La blonde avait vieilli, mûrit, grandit. Les événements qui l'avaient secoué en Russie ne l'avait pas laisser sans marque. Les cicatrices et les tatouages ornaient toujours son corps, mais les entraînements les plus dur l'avaient sculpté à la force de sa sueur et de son sang. Elena Moscovitch, elle, n'avait pas changé, le visage de la femme portait toujours cette beauté si typique et si froide des femmes russes. Seule quelques rides à peine visibles venaient témoigner des 5 ans qui avaient passé, mais son corps était le même, toujours sculpté par les entraînements, à la silhouette longiligne et élégante. La grande femme aux cheveux corbeaux fixa durant un long moment la plus jeune.
- Regina ne travaille plus ici ?
Un sourire éventra les lèvres de Moscovitch.
- Enfin! Après 5 ans sans le prononcé tu oses le nom que j'attendais tant ! Tu n'as plus demandé de ses nouvelles depuis 5 ans Emma... 5 ans, tu te rends compte ? Elle a faillit mourir à deux reprises aux main de la mafia russe pendant que tu faisais ta petite vie à Moscou tranquillement.
- Je ne pouvais pas l'appeler ça l'aurait mis en danger Elena et tu le sais.
- Mais tu aurais pu me demander de ses nouvelles Emma.
- C'était assez douloureux comme ça de la quitter aussi brutalement, j'essayais de ne plus penser à elle et de faire le deuil de notre relation.
- Et ça a bien fonctionné ?
- Tu sais très bien que ça ne fonctionne pas avec Regina.
- Ils l'ont poignardée à 6 reprises et laissé pour morte sur le sol de son propre appartement Emma. Si j'étais arrivé 5 minutes plus tard elle serait sûrement morte et même a ce moment là elle n'a lâché aucune information sur toi. Je l'ai trouvée à terre, baignant dans son propre sang.
La blonde baissait les yeux, prise de culpabilité, ce même sentiment qui l'avait rongé durant ces 5 ans pour avoir abandonné celle qu'elle aimait. Mais surtout celle qui l'aimait, la seule personne qui l'avait fait sentir a sa place en ces douze dernières années.
- Je suis désolée pour tout... Je te présente mes excuses...
Sa supérieure secoua la tête, rejetant ses longues boucles corbeaux en arrière.
- Je te déteste tellement pour lui avoir fait traverser tout cela. Mais ce n'est pas à moi que tu dois présenter tes excuses. Elle travaille toujours ici, mais elle ne sait pas que tu es revenue, elle va me détester de t'avoir engager.
- Alors pourquoi m'avoir engagé ?
Elle haussa les épaules.
- Je ne pouvais pas laisser passer une occasion pareille, j'avais besoin d'un agent comme toi Emma. Et puis, quoi qu'il en soit je lui ai promis de te protéger, alors te trouver un travail ici c'est un peu m'assurer de ta protection.
- Elle travaille toujours ici alors ?
- Bien évidemment.
La jeune femme n'eût pas le temps de savoir si elle était soulagée de cette réponse ou non, l'angoisse de recroiser la femme qui avait partagé une partie de sa vie il y a cinq ans s'emparait d'elle. Elle avala difficilement sa salive, laissant ses yeux courir sur les murs immaculés de son bureau.
- D'accord.
L'ancien agent russe vint froncer le nez dans une mou sarcastique.
-Cependant je déconseille une visite de courtoisie, si tu veux bien nous éviter cela à toutes les deux. Évitons nous la potence aussi longtemps que possible.
La blonde hocha la tête vivement, essuyant ses mains moites sur son pantalon.
- Merci du conseil, compte sur moi pour l'appliquer.
La suite de la visite se termina par la remise de son insigne ainsi que de ses uniformes pour les éventuels missions à venir sur le terrain. La rencontre ne s'éternisa pas, les deux Volkov étant fatiguée de leur voyage.
La jeune femme venait enfin de déposer ses bagages sur le sol de l'appartement meublé qu'elle avait loué temporairement. Le jeune homme qui la suivait portait également deux lourdes valises ainsi qu'un large sac sur le dos. Il laissa tout tomber sur le sol sans ménagement avant de s'approcher des fenêtres qui donnait sur les hauteurs de la ville. La nuit était entrain de tomber, les lumières s'allumaient progressivement à l'extérieur, il décida alors de faire le tour des deux chambre. Emma le suivit de loin, un léger sourire sur les lèvres.
- Qu'est ce que tu en penses ? Ça te plaît ?
Elle prenait soin de s'adresser au jeune homme en russe lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Le jeune brun se tourna vers la blonde un léger sourire sur les lèvres, hochant la tête.
Il se décida sur la chambre illuminée par les néons rouges du logo du bâtiment d'en face.
- Si ça te va moi ça me va, je prends l'autre chambre.
Ce choix arrangeait fortement la jeune femme qui n'aurait pas supporter d'avoir la lumière du néon l'éclairant toute la nuit. Emma entreprit de déballer la nourriture à emporter qu'il avait pris en passant avant de monter au restaurant du coin de la rue.
- Vass' tu viens manger?
L'adolescent arriva rapidement, s'installant sur la table basse. Elle s'installa face à lui.
- J'ai quelques petit truc à t'expliquer.
Son regard croisa le sien, signe qu'il était complètement attentif à ce qui lui était adressé.
- C'est temporaire ici, quelques mois maximum. Je sais qu'on a du laissé beaucoup de choses derrière nous en Russie qui te plaisaient, mais je te promets que tu auras bientôt tout cela ici aussi. Ce n'est qu'une question de temps, d'ici demain déjà tout sera installé. Il y a une librairie en bas, je suis sûre que tu y trouveras ton bonheur.
L'adolescent fixait toujours la femme s'adressant à lui sereinement, sans montrer la moindre émotion mais toujours attentif.
- J'ai un travail ici, comme en Russie tu te souviens ? Quand on m'appelle, je dois y aller, même la nuit. Tu peux toujours m'écrire un message si jamais tu as besoin, sinon je sais que tu peux te débrouiller et je serai de retour bientôt. Je laisserai toujours un mot sur la table quand je pars. La journée aussi je travaille mais ma cheffe m'a dit qu'elle me laisserai pas mal de temps libre. On aura le temps de faire un tas de truc cool ici, le week-end arrive bientôt en plus. De toute manière la semaine une dame viendra te faire cours ici, je serai là la première journée mais tout ira bien ne t'en fais pas.
Un léger sourire apparut sur les lèvres du garçon. Emma fut comblée, son frère ne souriait que très peu alors chaque émotion montré était une victoire pour elle.
- Bien. On sera à notre place ici, à New York, tu verras... J'ai passé une partie de ma vie dans cette ville, j'étais un peu plus vieille que toi. J'avais plusieurs amis, Simon, Mila, Sacha... Peut-être que tu rencontreras Sacha bientôt, elle était très en colère contre moi quand je suis partie, c'était sans doute la meilleure amie que j'ai eu jusqu'à aujourd'hui... Je sais que tu n'es pas trop porté sur la communication mais peut-être que tu pourrais essayer de te faire des amis aussi ici, la bibliothèque est à quelques rues, pas mal de gens de ton âge s'y rende souvent.
Le visage du jeune homme se ferma rapidement, plongeant ses yeux dans son assiette.
- Tu n'es pas obligée Vass', juste pense y, et puis je ne parle pas de toute suite mais pourquoi pas dans quelques mois...
Pour toute réponse elle reçu un hochement de tête avant que le brun n'attrape un livre et se plonge dans la lecture de ce dernier. Sa sœur soupira avant de se laisser vaquer à ses pensées concernant les jours à venir qui n'allaient pas être des plus reposants.
Ce fût le lendemain de son arrivée, vers 4 heure du matin qu'elle reçut son premier appel du bureau. Elena l'avait prévenu qu'elle serait sûrement appelée à travailler dans la semaine qui arrivait, chaque criminologue ayant déjà son lot de dossier à examiner. Le corps se trouvait à une vingtaine de kilomètres de là au beau milieu d'un chemin forestier, le bureau lui ayant prêté un de ces fameux SUV il serait assez simple de rejoindre la scène sans s'embourber malgré la pluie des derniers jours.
Les découvertes de corps se faisait souvent aux petites heures matinales, souvent vers 7 heure par un joggeur, rarement en pleine nuit. Qui diable se balade en plein chemin forestier à ces heures, la jeune femme n'en avait aucune idée mais tout ce qu'elle savait été qu'elle détestait cette personne, peu importe qui elle était. Elle arrivait sur le terrain, patogeant dans la boue, éclairée par les lampes mise en place par les équipes scientifique et le département criminel. Elle serra plusieurs mains, se présentant rapidement comme la criminologue de cette affaire dont elle prenait le dossier. Un jeune homme roux qui semblait n'avoir pas plus de 22 ans se présenta à elle comme son coéquipier temporaire pour cette affaire. Le teint du garçon était déjà livide, il était arrivé avant ellet, se proposant de la guider jusqu'à la victime.
Il l'amena dans le camion du légiste, lui expliquant que le corps avait du être excavé au plus vite et à mis au sec rapidement afin d'éviter la perte d'éventuels indices à cause de la pluie.
- Vous venez ? Proposa la blonde avant d'entrer dans le camion.
- Non merci, c'est mon premier jour ici...
Elle hocha la tête compréhensive, la première fois qu'elle avait vu un corps sur le terrain n'était pas sa meilleure expérience. Elle avait fini par se débarrasser du contenu de son estomac à peine quelques minutes après être arrivée.
Lorsqu'elle ouvrit la porte, une odeur de décomposition et de terre humide s'en dégageait. Elle enfila une paire de gant avant d'ouvrir le sac mortuaire, la fermeture glissa jusqu'à la taille du corps dans un premier temps. Elle repris une inspiration avant de l'ouvrir entièrement. Lorsque le sac s'ouvrit un vague de nausée vint submergée la russe, ce qu'elle avait découvert etait assez inattendu. Elle s'attendait à tomber sur un visage boursouflé en pleine décomposition, ce ne fût pas le cas, seule la chaire a vif encore fixé au crane lui fit face. Les orbites vide la dévisageait. Le visage avait été dépecé, cependant le reste du corps semblait intact, seul la gorge avait était tranchée, causant une exsanguination qui expliquait facilement la blancheur du cadavre en pleine décomposition. On pouvait malgré tout distinguer sur la peau des pointillés dessinés au marqueur noir autour de zones de chaire de la femme. Elle s'empressa de mémoriser chaque détail afin de pouvoir sortir au plus vite et d'échapper à l'odeur nauséabonde. Une fois sortie, le jeune roux vint directement la retrouver.
- Où et comment a-t-elle était retrouvée ?
- C'est un garde forestier qui habite près d'ici qui la trouvé, il a sorti son chien, ça lui arrive souvent de sortir de la nuit. Mais le chien aurait entendu un bruit et conduit jusqu'ici. C'est un chien de chasse, alors il a creusé, l'homme en voyant la terre encore meuble et la taille du trou a directement appelé la police. Des traces de pneus venaient jusque là mais les policiers ont roulé dans les traces pour venir jusqu'ici.
Les deux agents s'approchaient de la fosse qui s'enfonçait à facilement un mètre cinquante sous elle. La jeune russe sauta dans le trou, se laissant glisser à l'intérieur.
- Wow c'est du sur mesure, t'as vu les coin comme ils sont nets et précis ? C'est même symétrique. C'était forcement creusé d'avance, puis il n'aurait pas pu creuser le trou parfait comme ça sans connaître la taille de sa victime qui rentre pile poil dedans, c'est parfait. Un vrai travail d'orfèvre.
Le jeune homme semblait plutôt déboussolé et prêt à vomir face à l'odeur putride qui se dégageait encore suite aux fluides de décomposition qui s'étaient déposés au fond du trou et de la terre humide.
- Vous avez une idée de qui s'est ? Ça doit faire une semaine à peu près qu'il la gardait, et pas au frais en plus vu l'état du corps... mais elle doit être enterrée là depuis un ou deux jours pas plus. Ça va être difficile de l'identifier, son visage est complètement ravagé.
Le jeune homme s'éloigna quelques instants, sûrement pour déverser le contenu de son estomac plus loin. La blonde pesta un moment.
-Bordel qu'est ce que j'ai fait pour me retrouver avec un débutant.
- Ta future collègue est occupée ailleurs pour le moment alors fais au mieux et rappelle toi de tes débuts.
Les yeux de la jeune russe se levèrent vers le haut du trou où se tenait une des personnes de son passé, qui visiblement semblait l'avoir reconnu.
- Andréa !
Elle sorti du trou en une impulsion sur ses jambes, se hissant à la force de ses bras. Elle se retrouva face à la dame vêtu d'une combinaison blanche tandis que cette dernière essuyait la terre de ses mains sur son pantalon cargo.
- Tu es parti sans dire au revoir, Sacha était furieuse.
Emma baissait la tête, gênée de se retrouver face à la mère de son ami après autant de temps sans donner de nouvelles.
- On ne m'a pas vraiment laissé le choix.
- J'ai appris pour la fusillade dans les bureau, mais ne même pas le dire à Regina... C'était vraiment inconscient et égoïste de ta part Emma.
La blonde fût vexée par la remarque, préférant éviter de discuter plus longtemps sur le sujet.
-Peu importe nous ne sommes pas ici pour discuter de mes choix de l'époque. Vous présenterez mes excuses à Sacha.
Elle fit un signe de tête avant de continuer.
- C'est une femme, je dirais caucasienne à première vue, elle doit avoir été enterrée il y a moins de 24 heures, cependant la mort remonte à bien 5 jours facilement à première vue. Le corps a été déplacé après ça, je vais voir pour faire une reconstruction faciale de la victime.
- Bien.
La femme en combinaison partie de nouveau vers l'équipe qui s'apprêtait à emmener le corps tandis que la blonde redescendit dans le trou qui avait préalablement était inspecté par la scientifique.
- Quelqu'un à vu mon associé par hasard ?
Personne ne répondit, Volkova se mit à gratter le sol du bout de sa rangers. Le sol sous le corps avait été tassé, presque comme si quelqu'un avait passé un long moment à marcher sur le fond de cette tombe de fortune. Elle se demandait pourquoi jusqu'à ce que le bout de sa chaussure ne se heurte à quelque chose de creux.
- Il y a quelque chose en dessous!
Cette fois tous les officiers et scientifiques présents se retournèrent vers la russe qui se situait au fond du trou.
- À quoi ça ressemble ?
- Je ne sais pas, ça sonne creux, je ne peux en voir qu'une parti mais ça ressemble à une vieille valise ou une vieille mallette.
- Vous pensez qu'il faut faire venir les démineurs ?
La jeune femme se tourna vers l'homme qui s'adressait à elle, le regard consterné.
- Pourquoi enterré une bombe sous quelqu'un qui est déjà mort depuis longtemps? Donnez moi des gants et de quoi dégager ce trucs ce sera amplement suffisant.
Après une vingtaine de minutes, la valise fût dégager et sortie du trou, une odeur putride s'en dégageait. La blonde sortie de la fosse afin de pouvoir l'ouvrir à l'air libre et reculer rapidement en cas de besoin. Elle se pencha vers la valise lorsqu'une mains se déposa sur son épaule.
- Tu devrais me laisser faire...
La jeune femme se tourna vers Andrea, lui lançant un regard entendu.
- Tout va bien, je peux le faire.
Elle haussa les épaules reculant, tandis que la jeune russe remonta son t-shirt sur son nez afin de se masquer de l'odeur et d'éventuelles insectes malgré les mouches qui avait déjà envahi la mallette. Elle retira la première sangle, puis la deuxième, inspirant un grand coup.
- Je vais l'ouvrir.
L'agent derrière elle lui fit un digne de tête, le nez enfouit au creux de son coude, son associé réapparu dans son champs de vision.
- Danny, il va falloir que tu m'aides...
Le jeune homme déjà blafard vira au vert tandis que la jeune femme retint un rire.
- C'était une blague, tu peux aller près de la voiture m'attendre si jamais.
Le jeune agent recula plus loin, tandis qu'elle déposa ses deux mains gantées sur la partie haute de la valise, decomptant dans sa tête tout en prenant une ultime inspiration. Elle releva l'intérieur de la valise, les mouches s'envolèrent ainsi que quelques insectes la laissant perplexe.
- Oh non je vais pas pouvoir là...
- Qu'est ce que c'est ?
La blonde avala difficilement sa salive avant de parler.
- Une tête d'animal... et un visage... ou du moins la partie qui n'est pas sur la victime...
-Quoi ?
La russe se recula de la valise, laissant la vue dégager aux agents toujours sur les lieux qui eurent un mouvement de recule.
Malgré les nombreux insectes et les larves errants sur la peau du visage on pouvait facilement le distinguer, répondant sur la tête tranchée d'un animal auquel on avait échangé les yeux pour ceux de la victime. Un haut le cœur traversa la blonde qui s'efforça d'avaler sa salive face aux regards morbide qui la fixaient. Elle se pencha sur le côté, afin d'observer mieux l'animal, le pelage brun typique ainsi que les oreilles et le manque de cornes confirmèrent son hypothèse.
-Je crois que c'est une biche...
Volkova se redressa brusquement retirant les gants et sortant de la scène. Reprenant une longue respiration afin de garder le contenu de son estomac à l'intérieur de son corps. La médecin légiste vint la rejoindre rapidement.
- Ça va ?
- Je vais bien Andrea, merci.
Elle pris une inspiration, sortant une paquet de cigarette de sa poche, en glissant une entre ses lèvres. Elle glissa sa main sur les poches de son pantalon, puis de sa veste, avant de souffler bruyamment.
- C'est pas vrai...
Le jeune rouquin qui lui servait d'associer temporaire vint lui tendre son briquet timidement.
- Merci, tu sauves ma nuit.
Elle alluma rapidement la cigarette, tirant une bouffée à plein poumons qui la fit tousser immédiatement.
- Je savais que j'aurais pas dû arrêter...
Andrea haussa les épaules.
- Tu n'aurais plutôt pas du recommencer.
- Si nous étions autorisés à fumer à Russie j'aurais probablement développé un cancer des poumons à l'heure qu'il est.
- C'était si affreux ?
La blonde lança un regard ahuri vers la femme plus âgée.
- J'ai cru mourir chaque jours de mon entraînement, mes supérieurs ont failli me tuer largement plus de fois que n'importe qui d'autre.
Sa main vint se poser sur le bras tatoué de la jeune russe.
- Tu vas pouvoir relâcher la pression ici.
- Tu parles, c'est ma première affaire et je ne sais déjà pas par où commencer avec ce malade. Au moins avec le cadavre humain je savais face à quoi je me trouvais mais là mélanger l'humain et l'animal dans une sorte de chimère putride... Je n'ai aucune idée de comment je dois interpréter ça.
- Je pense que tu devrais appeler ta supérieur, cette affaire nécessite plus d'une personne sur le terrain. Sans vouloir offenser ton associé, je pense que ce serait beaucoup plus simple d'avoir un second agent avec de bonnes connaissances en criminologie sur le terrain. Et bien que tu aies eu la meilleure professeure possible pendant ton stage ici Emma, je ne pense pas que ce soit suffisant pour travailler sur cette affaire seule.
La blonde éteignit sa cigarette sur la semelle de sa rangers avant de hocher la tête.
-Je vais appeler Moscovitch, merci Andrea.
La cinquantenaire lui hocha la tête.
-De rien Emma, n'hésite pas à contacter Sacha, je suis persuadée qu'elle préfèrera apprendre que tu es revenue de ta part que de la mienne.
Un dernier signe de tête lui fut adresser avant que la russe n'attrape son téléphone, composant le numéro de la cheffe des bureaux. Il était 5h45, avec un peu de chance elle avait gardé le souvenir de ses entraînements en Russie et était déjà réveillée, mais Emma en doutait fortement, cependant elle décrocha le téléphone et une voix ensommeillée répondit.
- Moscovitch.
- Ici agent Volkova, désolée de vous réveiller à une heure pareille.
- Emma, tu peux me tutoyer au téléphone tu sais, personne ne va écouter cette conversation.
- Pardon, j'ai été appelé cette nuit pour la découverte d'un corps.
- Et ?
- Je vais avoir besoin d'aide, je pense pouvoir dire sans trop m'avancer que nous sommes face à un tueur en série... et c'est ma première affaire, la médecin légiste sur l'affaire m'a conseillé de demander un agent supplémentaire pour m'aider. Son mode opératoire est assez particulier.
Un léger soupir suivit d'une voix se fait entendre en fond.
- Pas de panique. Est-ce que tu veux que je t'envoie quelqu'un sur la scène de crime ?
Le sourire sur les lèvres de la femme se fait entendre à l'autre bout du fil, la blonde devina facilement la cause, sans aucun doute la femme qui venait de soupirer il y a quelques secondes.
- Et bien tout dépends ça peut attendre plus tard, il lui suffira de se rendre au centre médico-légal s'il faut consulter la... ou les victimes...
- Je pense que l'agent préférera voir la scène de crime également, je vais l'appeler, juste attends ici d'accord ?
- Pas de problème, merci Elena.
- Ne me remercie pas Emma, l'agent n'est pas encore arrivé.
L'appel coupa, laissant Emma perplexe quand au parole de la russe à l'autre bout du fil.
À une bonne soixantaine de kilomètres de là, une sonnerie de téléphone retentit dans la nuit, brisant le silence de la chambre à coucher. Après quelques secondes, une main atteignit le téléphone, décrochant à l'aveugle avant de le placer contre son oreille.
- Price.
- Regina, j'ai besoin de toi...
- J'espère que c'est important Elena parce que vraiment...
- Ça l'est, une nouvelle recrue a été appelé sur une scène de crime pour sa première affaire.
- Très bonne initiative jusque là...
- Jusqu'à ce que cette personne ne se retrouve avec un tueur en série sur les bras pour sa première affaire ici. Elle est très douée mais de ce que j'ai compris le mode opératoire est assez complexe et différent de ce que l'on voit d'habitude...
- Ça va j'ai compris, tu veux que je reprenne l'affaire ?
- Et bien non Regina, tu es la meilleure que nous avons ici mais je pense que deux criminologues sur cette affaire ne seront pas de trop. Je t'ai envoyé la localisation.
La brune jeta un coup d'oeil à l'écran de son téléphone, se redressant dans son lit.
- je serai sur la scène de crime dans trentes minutes, pas avant, elle est assez éloignée...
- Parfait, je préviens l'agent sur la scène.
La conversation pris fin, la criminologue comme à son habitude enfila les premiers vêtements qu'elle trouvait qui seraient assez pratique pour prendre la moto. Il serait bien plus facile et rapide de s'y rendre sur un deux roues qu'en berline, ce qui n'était pas du tout adapté pour les chemins en terre. Un soupir se fit entendre dans la pièce.
- Où est-ce que tu vas si vite ?
- Une nouvelle recrue ne sait pas se débrouiller avec une affaire alors Elena m'a passé un coup de fil pour que je rejoigne la scène de crime.
Un nouveau soupir résonna dans le silence.
- Sans toi le monde s'écroule. Moscovitch n'aurait pas pu choisir quelqu'un d'autre?
- Elena me fait confiance, je suis la meilleure dans mon domaine, si elle m'a appelé c'est qu'il s'agissait d'une urgence.
La lumière sur la table de chevet s'alluma, éclairant faiblement la pièce. La lumière tamisée illuminait le visage de la femme.
- Elle sait que tu es avec moi en ce moment ?
La brune soupira bruyamment roulant de yeux.
- Je n'ai pas le temps pour ça, on en parlera plus tard, ferme la porte quand tu partiras travailler s'il te plait.
La brune partie vers la salle de bain tandis que la femme blonde la dévisageait du regard.
- Tu vas encore fuire la conversation ?
La porte se reclaqua pour toute réponse. La criminologue inspira un grand coup devant le miroir avant de partir rejoindre la scène de crime. Sa journée de repos n'aurait pas pu commencer de manière plus médiocre.