LENAÏC
Mars 2017.
-Relax Len on dirait que tu vas faire une rupture d'anévrisme.
-Me fais pas chier.
-Clope ?
J'hochais la tête en suivant Enzo hors de notre loge de fortune avant de m'allumer une clope en soupirant.
-Relax.
-Facile à dire.
-C'est qu'un clip gros.
-On n'a jamais eu d'aussi grosse prod.
-Profites-en on ne sait pas si ça va durer.
-Ah vous êtes là.
Raph avait bien évidemment son appareil à la main.
-Tu veux une clope ? Demanda Enzo.
-Non. Il y a un super terrain derrière si tu veux faire un shoot après Len.
-Pas maintenant il est mort de trouille.
-Je suis pas mort de trouille.
-En même temps j'ai jamais vu un tel set.
Raph avait cette capacité à être émerveillé de tout, c'était fascinant.
En même temps c'était le petit nouveau de la bande.
-Tout à l'heure peut être.
-Lénaïc ?
Je me tournais vers le réalisateur.
-T'es prêt ?
-Ouais. On commence par quoi ?
-Les filles sont prêtes donc on va d'abord faire les prises avec elle. Tu veux les voir avant ?
-Non c'est bon, on peut y aller direct.
-Je vais chercher les gars. Annonça Raphaël alors que je suivais le réalisateur vers le set.
Ils nous rattrapèrent bien vite.
J'arrivais donc sur le set avec quatre garçons de chaque côté, comme un gang de bad boys prêt à tout casser.
Et, comme dans un film, un groupe de filles s'avança face à nous, et elle, elle était au milieu, pile devant moi.
-C'est qui ? Demandais-je une demi seconde après avoir posé les yeux sur elle.
-Hein ?
-Celle au milieu.
-Les beaux yeux de Juliette Blanchard te...
Juliette Blanchard ?
Son nom me disait quelque chose.
Je pensais que le choc était passé mais il fut bien plus terrible quand elle leva la tête et que nos regards se croisèrent.
Je venais d'être foudroyé sur place.
Ou plutôt mon cœur.
Il s'était emballé pour battre à une vitesse folle, résonnant dans mes tympans, couvrant donc la voix de Guillaume qui parlait à côté de moi.
Un coup de coude dans les côtes me fit revenir à moi.
-Ferme la bouche, tu baves. Me conseilla Richard.
Je suivis le réalisateur qui m'amena devant celle que je ne connaissais pas mais à qui mon cœur semblait déjà appartenir.
-Lénaïc, je te présente Juliette. Juliette, Lénaïc.
-Enchanté.
Je m'avançais pour lui faire la bise.
Pas une très bonne idée songeais-je quand ma joue entra en contact avec la sienne.
On eu le même mouvement de recul au même moment : elle aussi avait été brûlée par ce contact ?
-On pensait à Juliette pour être avec toi dans la voiture mais si....
-Parfait.
-Je vous laisse vous installer, je vais tchecker un truc au son.
Je devais passer pour un con à la dévisager comme ça mais elle était tout simplement magnifique.
-On y va ?
Et sa voix était d'une douceur infinie.
Qu'est-ce que ça donnerait dans le feu de l'action ?
Je levais intérieurement les yeux au ciel. C'était toujours plus fort que moi, deux semaines sans baiser et je me transformais en obsédé.
-T'es mannequin ? Me décidais-je enfin à lui demander.
On venait de s'installer dans la voiture mais le tournage ne semblait pas être prêt à commencer de suite.
-Oui.
-J'avoue que ton nom me dis quelque chose mais je n'arrive pas à le remettre.
Ses joues s'empourprèrent légèrement, elle avait l'air d'un petit oisillon fragile.
-Je travaille avec Dior.
-Ah ça doit être ça alors.
-Je t'avoue que je ne te connais pas trop.
-Il n'y a rien de bien intéressant à savoir sur moi.
-Tu prépares ton premier album ?
-Oui. J'ai déjà sorti deux EP qui ont moyennement marché mais là je sens qu'avec l'album ça va décoller.
-Je te le souhaites.
On continua à discuter un peu de musique avant que le tournage ne commence.
Je trouvais soudainement mon idée d'avoir une belle nana à côté de moi un peu conne et misogyne. Mais quelle fille j'avais !
Je ne pouvais m'empêcher de tourner la tête vers elle, me faisant même réprimander pour ne pas être assez concentré.
-Vous pouvez être un peu plus proche ? Lénaïc si tu mettais ta main sur sa cuisse ?
Je suivis son conseil mais outre les picotements dans ma main, je sentis aussi la cuisse se crisper sous moi.
Je la retirais immédiatement pour me tourner vers Juliette qui arborait un sourire pincé.
-Coupez. On a un petit soucis technique.
Toute l'équipe se désintéressa de nous.
-Ça va ? Demandais-je tout bas.
-Oui oui...je...c'est....
-Je suis désolé.
-C'est rien.
-J'aurais dû te demander.
-Non je...
-Si tu ne veux pas que je te touche, je ne te toucherais pas.
-La cuisse ça va.
Sa voix était presque un murmure.
-Si tu...
-Pas les bras. Enchaîna t-elle. Ni les cheveux, le visage en fait.
Elle continua la liste. Je compris que c'était l'intégralité du corps et qu'elle avait laissé la cuisse juste pour satisfaire le réalisateur.
-Si je passe mon bras derrière ton appuie tête ?
-Et tu conduis comment ?
-T'inquiète. Lui répondis-je avec un clin d'œil.
-On va reprendre. Lénaïc tu peux te remettre comme tout à l'heure ?
La main sur sa cuisse.
-Vous avez pas un plaid ou un truc du genre ?
-Pourquoi ?
-Mettre sur mes jambes, j'ai froid.
Tous les garçons haussèrent un sourcil avant que Baptiste ne retire son sweat.
-Tiens mon doudou je voudrais pas que tu t'enrhumes.
Je me retins de lui montrer mon majeur avant de faire glisser discrètement le sweat sur les genoux de ma voisine.
-C'est bon ? Demanda le réal.
-Oui.
Le tournage reprit et au moment où l'on me demanda de poser ma main sur sa cuisse, je la posais sur le sweat.
Son regard croisa le mien et si je n'étais pas tombé amoureux d'elle au premier regard, c'est certainement là que ce serait arrivé.
On fit encore quelques prises dans la voiture avant de passer à d'autres plans, m'obligeant à m'éloigner d'elle.
-Frère, regarde ailleurs t'es cramé.
Comment regarder ailleurs ?
Elle aspirait mon âme.
-Je suis amoureux je crois.
Medhi et Raphaël qui étaient avec moi éclatèrent de rire.
-Tu nous la fais tous les trois jours celle là. Railla Raph.
-Ouais mais là c'est pour de vrai.
On venait d'annoncer que la journée était terminée.
-On va se cuiter ? Proposa Richard en débarquant.
Mon esprit divagua encore une fois en la regardant s'éloigner vers sa loge.
-Len ?
Enzo me ramena à la réalité avec une tape dans l'épaule.
-Hein ?
-On se demandait si on allait au bar en bas de chez toi.
-Deux secondes, je reviens.
Elle venait de sortir et je m'élançais vers elle sans attendre de réponse des garçons.
-Juliette !
Elle se retourna, son portable suspendu en plein vol avant d'avoir atteint son oreille.
Merde elle passait un coup de fil.
Je m'attendais à ce qu'elle me rembarre mais elle rangea son téléphone alors que j'arrivais devant elle avec mon grand sourire.
-T'as fini ?
Quelle question conne Len putain.
C'est pas comme si t'avais jamais dragué.
-Oui et toi aussi apparemment.
-Je voulais pas te déranger, si tu voulais passer un coup de fil.
-Tu déranges pas, c'est juste que ma mère préfère savoir ce que je fais depuis... C'est une mère poule et je suis son seul bébé à couver.
On s'était naturellement dirigés vers la sortie du set.
Le tournage était à la campagne et on se retrouva dans une sorte de sous bois qu'il fallait traverser avant de rejoindre le parking où attendaient des taxis.
-Merci.
Je fronçais les sourcils.
-Pour tout à l'heure. Le sweat.
-C'est normal.
-Ça ne l'aurait pas été pour tout le monde.
Elle me fit un petit sourire timide qui me réchauffa de l'intérieur.
Qu'est-ce qu'il m'arrivait ?
-T'as quel âge ? Demanda t-elle subitement.
-24 et toi ?
-22. Je peux être honnête avec toi Lénaïc ?
Elle aussi était amoureuse.
-Bien sûr.
-Tu le fais à toutes les filles avec qui tu bosses ?
-De ?
-Le plan drague ?
J'éclatais de rire sous le coup de la surprise.
-Je te préviens, je ne suis pas une fille facile.
-Loin de moi l'idée de l'insinuer. C'est juste que j'ai l'impression que dès que je t'ai vu, mon cœur s'est déposé à tes pieds.
-Ton cœur ? Carrément ?
-J'ai hésité à dire mon âme mais ça aurait été un peu trop non ?
-Juste un peu ?
-Désolé, je veux vraiment pas faire le gros lourdaud même si c'est absolument ce que je fais là. Mais c'est plus fort que moi, je pourrais avoir ton numéro ?
-On peut commencer avec insta non ?
Je sortis mon portable pour ouvrir l'application.
-Je vais vraiment avoir un followback d'une égérie ?
Elle leva les yeux au ciel en sortant à son tour son téléphone.
-Le tournage t'a plu ?
Il fallait que je change de sujet si je ne voulais pas me mettre à lui chanter des sérénades pour garder ses beaux yeux rivés sur moi.
-Beaucoup. C'était mon clip sur une prod comme ça, c'est impressionnant.
-Moi aussi, j'étais mort de trouille.
-Le grand mister BN mort de trouille ?
-Ça arrive même aux meilleurs.
Elle rit.
-J'ai hâte de voir le résultat.
-Moi aussi. Je serais deg si c'était à chier.
-Comment ça peut être nul alors que tu m'as moi dedans ?
-Ah ! Ça y est, tu fais des blagues ! Mais je suis bien d'accord.
-Tu me devras ta célébrité si le clip marche.
-J'en ai bien conscience.
On continua à raconter des conneries un petit moment en riant comme deux ados maladroits qui tentaient de flirter.
Une petite tension grandissait mais pour la première fois en 24 ans d'existence, j'étais trop intimidé pour tenter une approche.
-Je ne suis pas une fille facile. Reprit-elle après un petit silence.
-Je le sais. Lui assurais-je.
-Mais j'aimerais bien que tu m'embrasses.
Je pinçais mes lèvres pour contenir le sourire qui me venait avant de lui tendre mes deux mains, ne sachant pas trop quoi faire d'autre pour éviter de la brusquer en la touchant de manière inappropriée.
Je ne voulais surtout pas la faire fuir maintenant, alors que j'étais si proche de découvrir le goût de ses lèvres.
Elle posa ses mains dans les miennes pour les serrer très fort.
Je ne sais pas ce qu'elle avait vécu, mais même si elle semblait avoir très envie que l'on s'embrasse, elle ressemblait à une petite biche prise dans les fards d'une voiture.
-T'es sûre ?
Elle fit un pas avant d'incliner sa tête pour poser ses lèvres sur les miennes.
Ses mains toujours agrippées aux miennes, elle noua ses bras autour de ma taille alors que ma bouche cherchait doucement la sienne.
Ce baiser entrait certainement dans le top 5 des pires baisers de l'histoire de l'humanité tellement on était tous les deux crispés mais ça ne m'empêcha pas d'arborer un grand sourire niais quand elle se recula.
-Je dois vraiment y aller parce que le taxi ne va pas m'attendre indéfiniment.
-Rentre bien alors. Répondis-je en faisant un pas en arrière pour résister à la tentation de l'embrasser encore.
-Toi aussi.
-Tu m'envoies un message pour me dire que t'es bien arrivée ?
-Si j'y pense.
Je restais planté comme un con alors qu'elle s'éloignait.
-Eh Juliette ? L'appelais-je quand elle avait presque disparu au bout du chemin.
-Oui ?
-Tu me manques déjà !
Elle leva les yeux au ciel avant de se retourner pour reprendre son chemin sans répondre.
Les garçons m'attendaient tous de pied ferme quand je ressortis du sous bois.
-Putain j'espère que t'as conclu vu le temps que t'y as passé !
-Ferme ta gueule.
Malgré la fermeté de ma réponse, j'arborais toujours mon grand sourire de con.
-Bon on y va ou vous couchez ici ?
-Attends tu vas vraiment rien nous raconter ? S'offusqua Enzo.
-Il n'y a rien à raconter.
-Genre ! Oh aller Len ! Me pressa Julien.
-Je n'ai qu'une chose à dire : cette histoire rentrera dans la légende. Bon ? On va se cuiter ?
_________
Après avoir tant parlé de la légende du coup de foudre de Lénaïc et Juliette, le voici !
Alors je ne sais pas si la vraie histoire est à la hauteur de la réputation qui lui est faite dans Comète mais il me fallait bien un point de départ pour parler du mythique couple Jénaïc.
Dans Comète, il y avait une photo illustrative par chapitre, dans Coup de Foudre, je vais tenter (si l'inspiration me le permet) d'associer une chanson à chaque chapitre.
Pour bien commencer, aucune chanson sur le coup de foudre ne m'est venu alors j'ai simplement tapé "coup de foudre chanson" et "love at first sight song" sur Youtube qui m'a sorti ce tube de Kylie Minogue. Elle parle de coup de foudre, ils ont un coup de foudre, j'ai pas cherché plus loin que ça mais la musique me faisait aussi penser aux chansons de début de comédie romantique qui passent à la radio pendant que l'héroïne ou le héros se douche ou une autre connerie du genre.
J'espère que vous n'êtes, et que vous ne serez pas déçus, et que l'idée de faire un petit tour dans les affaires de Mister BN n'est pas pour vous déplaire.
Je vous embrasse.
A plus dans le bus.
Emma.