Arès meets Hadès

By Apophiis

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Il suffit d'une soirée pour tout faire basculer. Un message, un regard et la descente aux Enfers commence. ... More

NDA
Chapitre 1 : Jimin
Chapitre 2 : Hestia
Chapitre 3 : Métis
Chapitre 4 : Athéna
Chapitre 5 : Chronos
Chapitre 6 : Épiales
Chapitre 7 : Porus
Interlude I : Chaos
Chapitre 8 : Dolos
Chapitre 9 : Elpis
Chapitre 10 : Améchanie
Chapitre 11 : Hédoné
Chapitre 12 : Mania
Chapitre 13 : Achéron
Chapitre 14 : Coalémos
Chapitre 15 : Sotéria
Chapitre 16 : Les Algées
Chapitre 17 : Hypnos
Chapitre 18 : Ésa
Chapitre 19 : Philotès
Chapitre 20 : Limos
Chapitre 21 : Comus
Chapitre 22 : Technè
Chapitre 23 : Dionysos
Chapitre 25 : Hermès
Chapitre 26 : Léthé
Chapitre 27 : Palioxis
Interlude II : Les Pseudologues
Chapitre 28 : Aporie
Chapitre 29 : Les Phonoi
Chapitre 30 : Hadès
Chapitre 31 : Arès
Interlude III : Homados
Chapitre 32 : Moros
Chapitre 33 : Éros
Chapitre 34 : Angélie
Chapitre 35 : Nomos

Chapitre 24 : Himéros

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By Apophiis

Il faisait froid, il faisait noir.

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais enfermé dans le coffre de leur Mercedes, mais une chose était sûre, je voulais en sortir. L'air commençait à manquer, et j'avais beau ne pas être très grand, je devais quand même plier les jambes pour rentrer dans le petit espace. La position que j'avais adoptée me provoquait des fourmis dans tout le bas du corps, plus une vive douleur au niveau des côtes sur lesquelles reposait actuellement tout mon poids.

Non mais sincèrement ils branlaient quoi ?

C'était pas compliqué de foutre les gens dehors, surtout que Jin était respecté et Namjoon pouvait tuer tout le monde d'une simple baffe. Vraiment, je commençais à saturer. Puis, pourquoi Yoongi restait ? S'ils me sortaient qu'ils devaient aussi faire le ménage je leur demanderais gentiment s'ils ne me prenaient pas pour plus con que j'en avais l'air.

L'alcool quittait peu à peu mon corps, ou du moins, les effets corporels dus à la consommation s'estompaient fortement. Ma tête avait arrêté de tourner, mon estomac ne se tordait plus sur lui-même (stoppant par la même occasion mon irrépressible envie de dégueuler mes tripes sur le revêtement de la bagnole) et je retrouvais peu à peu une réflexion logique.

Logique selon Park Jimin.

Ils n'avaient plus à craindre que ma langue se délie ou que je divulgue leur plan, je pouvais retrouver ma liberté.

Sauf que bien entendu, je n'avais aucun moyen pour les contacter. Si nous étions dans un dessin animé, une petite ampoule s'éclairerait au-dessus de ma tête. Comment n'y avais-je pas pensé avant ? Sans attendre, je tâtai les poches de ma veste, puis celles de mon pantalon. Mais rien ; je n'avais pas (plus) mon téléphone.

À ce constat, je sentis une crise d'angoisse prendre racine au creux de ma gorge. S'il y avait bien une chose qu'il ne fallait pas que je perde, c'était celle-là (si on ne comptait pas l'ordinateur qui comportait un grand nombre de documents confidentiels sur Ayame et les Suraisuburēdo).

Je tentai alors de garder mon calme, me concentrant sur ma respiration en me repassant le fil de la soirée en tête. La grande salle, Namjoon, la fuite, Riyō, le bar, le champagne puis le coffre. Et à aucun moment je n'avais utilisé mon portable. Alors, soit je l'avais oublié lorsque je me bourrais la gueule, soit il était tombé de ma poche lorsque j'étais entré dans quelqu'un.

Dans les deux cas, j'allais m'en prendre une.

Je n'avais plus trop envie de sortir, finalement. Qu'ils prennent bien leur temps, qu'ils vérifient même derrière les portes des chiottes ainsi que les espaces entre les rideaux et les fenêtres. Il me fallait trouver une excuse, ou du moins, une explication valable à la perte de mon smartphone.

Mais comme d'habitude, les dieux étaient contre moi, des bruits de pas passèrent à cet instant à travers à la carrosserie pour venir tinter à mes tympans comme des cloches.

Plus poisseux que moi, ça existait ?

J'entendais leur voix se rapprocher de ma position et je tendis l'oreille pour comprendre ce qu'ils se racontaient.

— Bilan plutôt positif du coup.

— Je n'ai pas encore fait la compta de la soirée, mais je pense qu'on a fait pas mal de bénéfices.

— J'imagine bien, il ne reste quasiment plus rien.

Sans surprise, Yoongi et Seokjin discutaient. Ce qui était étrange, c'était le manque de présence de Namjoon. Lui, il fallait que je le garde à l'œil. Mais avant que je ne puisse me reconcentrer sur la discussion des deux coréens présents à l'extérieur, une porte de la voiture s'ouvrit et quelqu'un s'assit à l'intérieur tout en mettant le contact.

L'habitacle se mit à trembler légèrement alors qu'une douce musique se diffusait en son sein. Je n'entendais plus rien venant de dehors. Une porte claqua et quelques secondes plus tard, je pus sentir le froid atteindre mon corps.

Mes yeux papillonnèrent un peu, le temps que je m'habitue à la faible lumière. Namjoon se tenait droit devant moi, Jin et Yoongi étaient juste derrière.

— Sors.

Je ne me fis pas prier. Si je quittais aussi vite cette cachette, ce n'était pas du tout parce que je craignais un nouveau duel entre moi et le bras droit du chef, mais bien parce que je rêvais de prendre un grand bol d'air frais.

Tant que j'arrivais à les en convaincre, c'était le principal.

— T'as désaoulé ?

— Ouais, ça va mieux.

Leurs yeux me scrutaient. Je me sentais comme un chien en cage, pris au piège et vulnérable. Plus je passais du temps avec eux et plus je me rendais compte à quel point, seul, je ne valais rien. Je n'étais ni plus ni moins qu'un être fragile et sans défense ; du moins lorsque j'étais en infériorité numérique.

La lune nous surplombait, brillant au milieu du ciel noir telle une luciole à la cime des arbres. L'air glacial se fit sentir quand une bourrasque de vent vint mettre en pagaille mes cheveux. Ceux de Jin ne bougèrent pas d'un millimètre, comme si ceux-ci n'étaient que de vulgaires tiges de métal, résistants à tout mouvement.

— On va rentrer, vous devriez faire pareil. La nuit porte conseil comme on dit.

Sans plus attendre, Namjoon passa à côté de moi et s'enferma à la place du conducteur avant d'être rapidement rejoint par son patron. Yoongi, lui, me tourna le dos et s'en alla vers sa propre auto, sans un mot.

Loin de moi l'envie de le faire attendre, alors je me mis à trottiner dans son sillage. L'idée que mon portable n'était plus en ma possession ne me quittait pas. J'avais deux options : faire comme si je n'avais rien remarqué et laisser le temps se charger du moment où il le découvrirait, ou jouer carte sur table et prendre le risque de débuter un affront sur le parking du manoir.

— Yoongi... On a un problème.

L'intéressé continua son chemin sans se retourner.

— Quoi ?

— Je...

Au loin, je vis la berline des Kim quitter les graviers et passer le grand portail en fer forgé.

— Je n'ai plus mon téléphone.

Sa main resta en suspens à quelques centimètres de la portière. Ses yeux étaient noirs, son regard glacial.

— Tu n'as plus ton téléphone ? répéta-t-il lentement.

— Je... Oui. Je m'en suis rendu compte dans le coffre quand j'ai essayé de te joindre.

Il ne pipa mot. D'un coup sec, il ouvrit la porte et s'assit dans la voiture. Pris de panique, j'ouvris rapidement la mienne et commençai à baragouiner toutes sortes de phrases.

— Non mais il est sûrement tombé dans la salle, ou alors je l'ai laissé à côté du bar. Je suis sûr qu'il y est, il faut aller le chercher. J'te jure, j'suis sûr qu'il est-

— Le manoir est vide, me coupa-t-il en mettant le contact.

— Non mais il est peut-être-

— Jimin, le manoir est vide. On vient de passer deux heures à l'inspecter, il n'y a pas de téléphone.

Figé, mes yeux n'arrivaient pas à décrocher de son profil. Sa tête était droite, son regard scrutait la forêt face à lui. Ses lèvres étaient scellées, pincées et sa mâchoire contractée.

Il ne retournerait pas dans la bâtisse ; j'allais – tôt ou tard – payer les conséquences de cette perte. Et comme un condamné à mort, j'acceptai ma sentence et m'installai sur le siège.

On ne négociait pas avec Min Yoongi.


Tendue, froide et silencieuse. Voilà quelle était l'ambiance dans la voiture durant le retour.

J'aurais préféré qu'il me gueule dessus, qu'il évacue sa colère et m'insulte un bon coup pour que l'on rentre à l'appartement sur une note plus douce. Mais son mutisme me laissait penser que je pouvais me mettre mes espérances au cul.

Ses doigts tapotaient en rythme sur le volant alors qu'aucune musique n'était diffusée. J'avais tenté à deux reprises de mettre la radio sauf qu'il l'avait instantanément éteinte, sans faire un commentaire. De mon côté, je n'avais fait que soufflé du nez, agacé par son comportement.

Ok, j'avais merdé. Mais était-ce une raison pour m'interdire de mettre une petite ambiance dans l'auto ? Entendre les roues frôler le bitume n'était pas des plus relaxant, surtout avec les états de fatigue et d'inquiétude dans lesquels j'étais.

Je laissai tomber pour la radio et me concentrai sur l'extérieur. On avait quitté la forêt depuis un bon moment déjà et les buildings de Tokyo se hissaient droit devant nous. Bientôt, les néons et les affiches publicitaires à écran projetteraient leurs lumières colorées sur nos visages. Celui de Yoongi était toujours fermé. Il ne décrochait pas de la route, la mâchoire toujours serrée. Il allait finir par se casser une dent à tant forcer dessus.

Cette situation me faisait clairement chier. Je ne savais pas réellement pourquoi, mais j'aimais de moins en moins que l'on se prenne la tête. Peut-être parce que l'on vivait ensemble et que j'étais obligé de le supporter quoi qu'il arrive. Ouais, c'était sûrement ça.

Heureusement pour moi (ou pas), on arriva bien vite à la résidence. Mon hôte eut la gentillesse d'attendre que je descende de la voiture avant de la verrouiller. J'étais sûr qu'il serait capable de m'enfermer dedans pour la nuit, juste histoire de m'emmerder un peu plus. Ça faisait bien des semaines qu'il me retenait dans son taudis.

Quand j'entrai dans la hall, les portes de l'ascenseur se fermèrent devant moi. Énervé, je grimpai les escaliers rapidement. Il m'attendait devant l'appartement, déjà ouvert. Sans lui décrocher un regard, je pénétrai à l'intérieur; prenant quand même la peine de me déchausser. Lui, il claqua la porte.

C'était électrique entre nous, personne ne pouvait le nier. Mais il ne fallait pas trop qu'il joue au dur à cuir, j'avais aussi mon caractère de merde. Il claquait la porte ? Je pouvais exploser un vase contre cette dernière. Il frappait du poing contre la table ? Je pouvais percer le placo du mur avec un des pieds de celle-ci.

On m'énervait ; j'explosais.

Et là, Yoongi commençait sérieusement à me taper sur le système.

— Tu vas vraiment faire la gueule toute la soirée ?

Il quitta la cuisine, une bière à la main, et partit s'avachir sur son canapé. Cette nuit allait vraiment mal se finir, je le sentais.

En restant calme, je me déplaçai jusqu'à lui, m'arrêtant juste devant la télévision histoire de lui bloquer la vue.

— Jimin appelle Yoongi, tu m'entends ? sifflai-je.

Ses yeux se posèrent enfin sur moi, et avec une lassitude qui m'hérissait le poil, il déposa sa canette sur la table.

— T'as perdu un putain de téléphone avec nos lignes personnelles dans le répertoire et des messages clairs sur le fait qu'on enquête sur une de famille de Yakuza. Famille de mafieux dont l'un des fils de l'Oyabun était présent. Comment devrais-je réagir ?

S'il savait... J'en avais rien à foutre que son numéro tombe entre les mains d'un japonais. Il y en avait un qui m'était beaucoup plus cher à l'intérieur, Hobi... Il y avait le contact de Hoseok dans ce foutu portable.

— Je te rappelle que c'est toi qui n'as pas voulu le chercher.

— Il n'y avait pas de téléphone dans le manoir, cracha-t-il.

— Qu'est-ce que t'en sais ? Tu ne connais pas tous les endroits où je suis allé. Tu m'as laissé seul si jamais t'as oublié.

— Jimin, stop.

— Quoi stop ? Je stoppe rien du tout, m'emportai-je. C'est en partie de ta faute tout ça !

— D'où j'aurais une quelconque responsabilité ? T'as vingt-deux ans, merde ! Et t'es même pas capable de te gérer en soirée.

Agacé, je quittai le salon. Je n'avais plus qu'une envie : prendre une douche et me coucher. Discuter avec lui semblait impossible.

— Ce n'est pas la première fois que tu fais n'importe quoi !

Je ne répondis pas.

— T'as besoin que je te rafraichisse la mémoire, peut-être ?

Je fis comme s'il n'était pas là et me dirigeai vers la chambre, sans compter sur sa ténacité à me coller au cul.

— Puis, je commence à me dire que t'as un petit problème avec l'alcool.

— J'ai pas de problème avec ça, je gère très bien ma consommation.

Il rit dans mon dos alors que j'allais quitter la pièce pour rejoindre la salle de bain.

— À d'autres, s'il te plait. Le soir où l'on a été au bar, tu t'es torché comme aujourd'hui.

Je pensais que la discussion s'arrêtait là, sauf qu'il m'attrapa le bras et me plaqua au mur avec force. Ma tête cogna contre ce dernier, une plainte s'échappa de ma gorge.

— Tu t'en souviens ?

Son visage était à quelques centimètres du mien.

— De quoi ?

— De cette soirée.

Oui, je m'en souvenais très bien.

— Y a rien d'exceptionnel à se rappeler.

— T'es sûr ? Tu voulais ma bite quand même, c'est pas un détail, ça.

— Mais tu veux pas fermer ta gueule un peu ?!

D'un coup sec sur sa poitrine je l'envoyai valser à l'autre bout du couloir. Il déglutit tout en lissant sa chemise de sa main gauche.

— Je devrais appeler Jin, songea-t-il.

— Pourquoi tu veux l'appeler ?

Il me rit au nez.

— Crois pas que je vais te sauver. T'as perdu ton tel c'est ton problème, par contre t'es sous ma responsabilité concernant les affaires des Kim. Et je suis désolé, mais s'il est tombé entre de mauvaises mains, il est hors de question que je prenne pour ta gueule.

— Non, ne l'appelle pas ! Tant qu'on se sait pas où il est ne les préviens pas, tentai-je de le retenir.

Je me lançai à sa poursuite à travers le logement. Quand j'arrivai dans la cuisine, il avait déjà son téléphone entre ses mains. Je paniquais totalement, si je n'avais pas tant hésité à le mettre au courant, j'avais fait en sorte que ses amis, eux, n'en sachent rien.

Je savais très bien ce qui m'attendait si jamais ils venaient à le savoir. Me battre au sol ne serait pas la seule chose que me ferait vivre Namjoon.

Devant moi, il se mit à taper contre l'écran tactile. Mon rythme cardiaque s'accéléra, je ne voyais aucun moyen de l'arrêter. Quoi que je dise, il semblait déterminé à les informer de ma perte. Ce fut à cet instant, sans vraiment réfléchir et au bord du gouffre, que je réduisis la distance qui nous séparait pour l'embrasser.

Il n'y avait rien dans ce baiser ; pas de sentiments, pas d'affect. Juste nos lèvres posées les unes contre les autres, avec pour ma part l'intention de détourner son attention. Ça avait l'air de fonctionner. Quand je me reculai après y avoir mis fin, il déposa ce qu'il avait en main sur le comptoir.

— S'il te plaît, ne les appelle pas, l'implorai-je.

Il me regarda, impassible. Ce que je pouvais détester quand il agissait comme ça. Il n'y avait rien, son visage était froid, dénué de toute expression. C'en était difficile de lire en lui, d'essayer de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Moi, c'était mon plus grand défaut. Dès qu'un sentiment ou une émotion prenait de l'ampleur par rapport aux autres, mon corps me trahissait sur l'instant. J'étais trop humain pour certains, maladroit pour d'autres et incompétant pour les derniers.

Et là, je ne pouvais dire laquelle devenait maîtresse. D'un autre côté, je n'étais plus très sûr que cela soit sur moi que son regard était posé. Ses pupilles ne bougeaient pas, ses paupières ne battaient pas, comme s'il était perdu dans ses pensées. Je claquai alors mes mains entre elles pour récupérer son attention.

Il eut un sursaut, puis il m'attrapa brusquement par le poignet et me tira jusque dans la chambre. Il me plaqua de nouveau au mur, mais au lieu de m'envoyer une pique blessante à la figure, il m'embrassa à son tour, mais lui ne s'en tînt pas à juste poser ses lèvres contre les miennes. Ces dernières bougeaient avidement contre ma peau et moi je suivais le mouvement sans vraiment réfléchir.

L'atmosphère changeait peu à peu, se réchauffant à chaque nouveau contact entre nos bouches.

C'était bizarre. Je n'embrassais jamais réellement mes partenaires, du moins pas n'importe lesquels. Je n'avais jamais été en couple, ma vie n'était pas franchement compatible avec les amourettes de jeunesse et je raccrochais trop de choses à un baiser pour simplement en donner au premier venu.

En y pensant, je crois que Jungkook était le seul que j'avais réellement embrassé. Le seul pour qui j'avais eu des envies ou des sentiments. Je n'étais pas amoureux, ça j'en étais sûr, mais je ne pouvais pas nier que j'étais attaché à sa personne. Mais là, pourquoi je laissais Yoongi faire ? Ce n'était pas comme si mon coeur battait pour lui, ou qu'une quelconque passion nous reliait. Et pourtant, j'appréciais.

Je le laissais prendre possession de ma bouche, je n'arrêtais pas ses dents qui mordillaient ma lèvre inférieure, j'acceptais que sa langue caresse la mienne. Je ne savais pas ce qu'il cherchait, et de mon côté, je suivais ses gestes, ne faisant qu'y répondre sans en initier de plus profonds mais sans l'arrêter non plus.

Puis, j'en venais à penser que si l'on couchait ensemble, ça me convenait aussi. Dire que j'en avais pas envie serait un mensonge. Ça faisait des semaines que ma vie sexuelle était aussi plate que la surface d'un lac, et ce n'était pas une pauvre branlette qui allait me satisfaire.

S'il y mettait du sien, j'allais y mettre du mien.

Yoongi me plaisait physiquement, et je ne voyais pas le mal à m'abandonner à lui. On vivait ensemble, on travaillait ensemble, on dormait ensemble. On pourrait presque nous prendre pour un couple, les Bonnie and Clyde des temps modernes.

Ses mains se placèrent sur mes hanches, maintenant durement mon bassin contre le mur. S'il ne savait pas à quel point ce geste pouvait m'exciter, il n'allait pas tarder à le découvrir.

J'agrippai fermement ses cheveux tandis que sa bouche dévia dans mon cou. Il mordit un morceau de ma peau avant de passer sa langue dessus. S'en découla un suçon, puis un autre, et encore un autre. À ce rythme, j'allais ressembler à une girafe.

Alors que je tentais de défaire le premier bouton de son haut, sa dextre se posa sur mon entrejambe.

— T'es si excité que ça ?

— Écoute, soit on baise, soit tu me lâches et j'vais à la douche. J'ai pas le temps de jouer avec toi.

— Ok.

Il remonta son visage en face du mien et retira sa chemise en souriant narquoisement.

C'était possible d'avoir autant envie de coucher avec quelqu'un mais de ressentir aussi le besoin de lui envoyer son poing dans la figure ?

Je n'eus pas le temps de réfléchir plus que ça à la question car je finis la seconde suivante allongé sur le lit, la tête collée au drap. Ses mains glissèrent sous mon ventre et en un rien de temps, je me retrouvai les fesses à l'air.

— Ça fait longtemps ?

— De quoi ?

— Que t'as pas été bottom.

— Plus d'un an.

Je ne l'avais été qu'une fois pour être exact et j'allais bien me retenir de lui dire. De toute manière, je doutais que cette information puisse l'intéresser.

Il prit place derrière moi et, d'un coup sec, releva mes hanches pour les positionner comme il le souhaitait. Alors, j'allais pas critiquer la levrette, j'aimais aussi beaucoup, mais en temps normal ce n'était pas mon visage qui bouffait les oreillers. Ses mains claquèrent soudain mes fesses avant de les agripper et d'y planter leurs ongles.

— Non mais tu vas pas bien ?! criai-je en tournant la tête.

— Je teste juste la qualité.

— J'vais finir par fermer boutique si tu continues.

— Tu veux qu'on baise en Bluetooth ?

— On est en train de baiser, là ? Non. Alors dépêche-toi.

Ses mains quittèrent leurs emplacements, laissant derrière elles une sensation de vide. Mais Yoongi semblait de bonne humeur, prêt à amuser la galerie, car au lieu de simplement lubrifier un de ses doigts et de me pénétrer, il préféra passer ce dernier tel un pass d'accès dans ma fente.

— C'est une façon de faire comme si tu payais ? Tu veux pas une carte de fidélité non plus ?

— T'es une pute ?

— Pas que je sache.

— Alors c'est juste histoire de te faire chier. Mais je ne dis pas non à moins vingt pour cent sur la fellation.

J'allais réellement finir par lui en mettre une, mais plus tard, car il avait maintenant mon sexe en main et que je ne prendrai pas le risque d'être violent envers lui alors qu'une partie si sensible de mon anatomie se trouvait entre ses griffres.

Je me détendis quand il commença à me branler d'une poigne ferme. Les va-et-vient qu'il prodiguait sur ma verge accaparèrent mon esprit et je pus enfin me délecter du moment. Il était plutôt doué, j'avais déjà remarqué ça la première fois. C'était comme s'il savait de quelle manière j'aimais qu'on me touche.

C'était tellement bon que, pendant un instant, j'en oubliai même la raison pour laquelle on en était là, celle pour laquelle je me retrouvai dans cette position, et ce qui m'attendait après ça. Heureusement que mon adorable colocataire était là pour me le rappeler, grâce une phalange sournoisement introduite dans mon anus qui me décrocha un hoquet de surprise.

— Ça t'arrive de prévenir des fois ?!

— Il faut que je te fasse un décompte, aussi ?

Si mon sphincter était assez fort pour le faire, je ne me serais pas gêné pour le contracter au maximum jusqu'à ce que son doigt soit sectionné net.

Je ne donnai cependant pas suite à son cynisme et me replaçai plus confortablement alors qu'il fit couler du lubrifiant le long de ma raie jusqu'à l'intérieur. C'était gentil de sa part d'y avoir pensé. Mes muscles se relâchèrent un peu tandis qu'il commença à bouger son index en moi.

Il me laissa qu'à peine le temps de m'accommoder à la sensation avant d'ajouter son majeur et de me faire subir le même traitement. Tout se passa dans un silence des plus total. Alors que lui se concentrait à me préparer, moi je me concentrais pour ne pas produire le moindre son plaintif qui traduirait une certaine faiblesse.

Mais lorsque cet enfoiré me cala son troisième doigt sans la moindre délicatesse, je ne pus cette fois pas étouffer un grognement. Mon corps entier se crispa immédiatement. Et ce fut à partir de ce moment-là que tout changea.

C'était presque indétectable. Il était devenu étrangement très lent et doux dans ses gestes, comme s'il me laissait cette fois pleinement le temps de m'habituer à être pénétré. Je ne lui connaissais pas une telle patience, et pourtant, je me surpris à l'apprécier. Mais il me rappela bien vite qui il était. Min Yoongi était imprévisible et pouvait passer d'un extrême à l'autre en moins d'une seconde.

Sans m'avertir au préalable, il retira ses doigts et les remplaça par son pénis. Sous le choc, j'ouvris la bouche pour crier mais aucun son n'en sortit. J'avais beau sentir qu'il y allait doucement, ce n'était pas pour autant que l'action était indolore.

— Respire, ça va passer tout seul.

— Je t'en foutrais moi du ça va passer tout seul.

Il rit. Décidément, il était très bon public.

Lorsqu'il fut entièrement inséré, il stoppa tout mouvement. Je le remercierai plus tard pour sa gentillesse, mais à cet instant je me focalisais uniquement sur ma respiration que je tentais de contrôler.

Ce n'était plus réellement douloureux, c'était plus de l'inconfort.

— C'est bon ?

— Quoi ?

— Je peux bouger ?

— Ouais... Vas-y doucement si tu veux pas que je t'éclate la mâchoire avec mon coude.

Et c'est ce qu'il fit durant quelques minutes.

Je commençais à être à l'aise, à vraiment ressentir du plaisir lorsqu'il bougeait en moi. Par moment, je laissais même quelques soupirs voler dans la pièce, pour casser ce silence qui m'oppressait. Mes mains étaient posées à plat contre le matelas et étant de plus en plus décontracté, je cambrai davantage ma posture.

Je n'aurais peut-être pas dû me sentir si serein. À peine eus-je modifié ma position que Yoongi m'attrapa par les hanches pour accélérer la cadence.

Il n'y avait plus rien de doux ou de lent, son pubis claquait frénétiquement contre mes fesses. Mes doigts s'agrippèrent aux draps, que je serrai du plus fort que je pus. Ça ne changeait rien aux multiples sensations que je ressentais, je me raccrochais juste à une chose de réelle.

J'avais de plus en plus chaud, mon cœur s'emballait à chaque fois que j'entendais ses râles de plaisir. Entre ses coups de rein, je peinais parfois à trouver mon inspiration. Je tentais de garder un minimum de contrôle sur mes agissements, comme on me l'avait toujours appris. Ne pas faire confiance trop vite, ne pas baisser sa garde, ne pas se laisser maîtriser par un autre. Je ne pouvais pas tout lui laisser. Je ne devais pas lui donner l'opportunité de connaître mes points faibles.

La faiblesse menait à la manipulation et l'extorsion.

Alors retenir mes gémissements me permettait de garder une distance entre nous ainsi qu'une certaine lucidité.

— Retourne-toi.

J'obéis et me mis face à lui, jambes écartées. Il en profita pour étaler une nouvelle couche de lubrifiant sur son sexe avant de s'insérer à nouveau en moi.

Il agrippa mes cuisses par-dessous et les releva, alors que je me tenais déjà presque droit sur mes bras. Ses va-et-vient étaient toujours aussi rudes et je sentais que je n'allais pas tenir longtemps dans cette position, que mes appuis allaient me lâcher en cours de route.

Sa main droite libéra ma jambe et se faufila jusqu'à ma chemise pour en défaire un bouton.

— Enlève-la.

Je défis les attaches restantes et dès qu'elle se retrouva au sol, Yoongi me sauta dessus. Mon dos épousa la forme du matelas alors que ses lèvres rencontrèrent les miennes. Je sentis sa langue chaude passer sur ma bouche, ses dents mordre ma chair, et je perdis le contrôle. Comme ça. Aussi simplement.

Il fallait croire qu'un bête baiser suffisait à défaire mon armure.

Ses coups de reins étaient de plus en plus soutenus, de plus en plus profonds, et tout ça était proportionnel avec le timbre aigu que prenait ma voix. Je ne cherchais plus à contenir mes plaintes. Ni même les pulsions de mon corps. Mes mains s'accrochaient là où elles pouvaient. Tantôt à son dos, tantôt à ses fesses. Par moment je lui griffais les épaules, à d'autres je lui maintenais la mâchoire pour ne pas qu'il s'arrête de m'embrasser.

Il était aussi poisseux que moi et je m'étonnais de trouver l'odeur de sa sueur agréable. J'avais aussi envie d'y goûter, de savoir quel goût avait sa peau, si elle piquerait au contact de mes papilles ou pas. Obsédé par cette envie, je laissai ma langue remonter son menton jusqu'à sa lèvre.

C'était salé. Je le savais, toute sueur humaine l'était. Mais la sienne n'avait rien à voir avec celle que j'avais déjà goûtées. Sa saveur me rendit fou, limite accro. J'avais envie d'y retourner, de couvrir sa peau par ma salive sauf qu'il ouvrit les yeux.

Mon regard rencontra directement le sien. Un frisson me traversa. C'était la première fois depuis qu'il me pénétrait que nos pupilles se croisaient. Ma bouche resta ouverte, sans qu'un son n'en sorte. Même ma respiration était silencieuse. J'étais comme hypnotisé, forcé à le regarder alors qu'un sourire releva les commissures de ses lèvres.

À ce moment-là, il accéléra encore plus la vitesse de ses aller-retour sans me quitter des yeux. Moi, je le fixai, acceptant sans broncher le nouveau rythme qu'il m'imposait. Ma main se crispa sur sa nuque alors que mon bas ventre surchauffait.

Dans un coup plus franc que les précédents, il réussit à toucher ma prostate. Mon corps se cambra automatiquement en réponse à son geste alors que je poussai un long gémissement.

— Va plus vite, le suppliai-je.

Et sans attendre, je le forçai à revenir m'embrasser. Sa dextre attrapa mon pénis, effectuant autour de ce dernier des va-et-vient aussi rapides que ceux prodigués par son sexe.

J'allais jouir. Je sentais que ça montait et que je ne pourrais pas me contenir. Je perdais mes repères, mon souffle était chaotique et je ne contrôlais plus rien. J'étais à lui.

Mon besoin d'air se faisait trop fort, alors je déviai ma tête sur le côté et il en profita pour me mordre le cou. C'en fut trop pour moi. La cadence élevée de son bassin, la poigne sur ma verge, son odeur et ma peau entre ses dents eurent raison de moi.

— Putain !

Mes oreilles sifflèrent, ma vision se troubla et mon corps fut secoué de spasmes alors que je me déversais à moitié dans sa main. Durant quelques secondes, je ne sentis plus rien. Ce fut son orgasme qui me ramena à la réalité.

Il sortit de moi et s'allongea à mes côtés. On reprit notre respiration lentement, laissant à nos corps le temps de se remettre.

Dehors, la lune brillait encore au milieu des étoiles qui parsemaient le ciel. J'avais oublié à quel point les nuits d'automne pouvaient être sombres. Un bruit me fit tourner la tête à l'opposé de la fenêtre.

Yoongi venait de s'allumer une clope. Après avoir déposé les premières cendres dans un verre qui traînait sur sa table de chevet, il se leva et se rhabilla. Je ne m'attendais pas à un after câlin et douceur, alors ça ne m'étonna qu'à moitié. Mais bizarrement, au lieu de quitter la chambre comme je m'y attendais, il s'assit à nouveau sur le lit et se tourna vers moi, un sourire aux lèvres.

J'hésitai à lui en faire un aussi. En vrai, ce n'était pas la mort, puis il m'avait fait jouir. Il méritait bien un signe de complaisance de ma part, non ? Et alors que j'allais à mon tour étirer les commissures de ma bouche, il passa sa main dans mes cheveux.

— Je ne pensais pas que t'irais jusque là pour me faire oublier ton comportement de ce soir.

Mes sourcils se froncèrent instantanément.

— Je t'ai pas offert mon cul pour faire passer la soirée, j'avais juste envie de baiser.

— Si tu le dis.

Il se remit debout et attrapa sa veste. Il farfouilla dans les poches de celle-ci avant de jeter un objet dans ma direction, qui atterrit au niveau de ma cuisse. Je ne décrochai pas de son regard, sournois et fier. Machinalement, ma main partit attraper la chose en question et je compris à son contact ce qu'elle était.

— T'es sérieux ?! m'énervai-je en me relevant.

— Tu avais raison, il était derrière le bar.

C'était mon téléphone.

— Comment ? Comment tu l'as récupéré ?

— Tu étais localisé dans le manoir alors que Namjoon t'avait enfermé dans son coffre. J'ai jamais désinstallé le logiciel de traçage, Jimin. Je sais où tu es, à la seconde près.

— Mais t'es vraiment un enculé ! hurlai-je en enfilant mon boxer.

— Peut-être. Mais t'as eu de la chance que personne ne le trouve avant moi. S'il avait vraiment disparu, qui sait ce que Namjoon te ferait vivre en ce moment.

Furieux, j'attrapai un t-shirt et un jogging dans le placard et partis m'enfermer dans la salle de bain, sans oublier de claquer la porte.


Himéros : Dieu du désir sexuel.

⊱♛⊰


Il y a deux informations que je voudrais partager avant de faire mon blabla (j'anticipe sur certains commentaires qui pourraient être laissés dans le chapitre).

Premièrement, je vais revenir sur le fait que Yoongi ne porte pas de préservatif. Alors oui, la protection, c'est important et je serais la première à vous dire de toujours mettre un préservatif. Cependant, Arès meets Hadès est une fiction qui se déroule dans un monde particulier : la mafia. Autant vous dire que dans la réalité, les grands criminels ne se trimballent pas avec une boîte de capotes et que les maladies sexuellement transmissibles ainsi que les infections leur passent au-dessus de la tête. Et voulant coller au maximum à ce qu'il pourrait se passer dans un monde réel, j'ai pris la décision de ne pas en mettre à Yoongi. C'est un choix, une liberté que je prends, mais ce n'est pas ce qu'il faut faire ! (En même temps, ne faites rien de ce que pourraient faire mes personnages, hein).

Deuxième point : le consentement. Yoongi ne pose pas la fameuse question « Tu es sûr de vouloir faire ça ? » et Jimin ne répond pas « Oui, j'en ai envie » . Cependant ! Jimin dit ouvertement « Écoute, soit on baise, soit tu me lâches et j'vais à la douche. J'ai pas le temps de jouer avec toi. » ce qui à mon sens est assez explicite. Sachez que le consentement, c'est la base, mais il n'est pas forcément direct et/ou oral. Le consentement physique existe aussi et il peut très bien être indirect, plus subtil qu'un « oui je veux faire l'amour/coucher avec toi ».

Que cela soit pour ce chapitre/cette fiction ou dans un/une autre, ne lisez pas simplement ce qui est écrit. Questionnez-vous sur l'ambiance, le milieu d'évolution des personnages, leur caractère, leur manière de fonctionner. Je vois par moment des auteurs se prendre des commentaires salés, accusant un personnage de viol ou de ne pas se protéger, sans réfléchir au contexte de l'histoire.

Vous lisez des fictions, pas des retranscriptions de la vie ! Tout n'est pas vrai, tout n'est pas à reproduire.

Maintenant que ceci est dit, je remercie ma fidèle acolyte Astelya0o1 pour m'avoir aidé dans l'écriture et la correction de ce chapitre. Sans elle, il n'aurait jamais été prêt pour aujourd'hui !

J'espère qu'il vous a plu et je vous dis à très vite pour la suite.

Apophiis

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