Dès l'apparition de la bête monstrueuse, tout s'était accéléré dans la grotte. Les membres de l'expédition s'étaient rapidement placés à leur poste et avaient commencé leurs attaques. Celles-ci paraissaient cependant inutiles et le forendyr ne leur prêtait aucune attention.
Bien qu'il ne le poursuive pas encore, il avait les yeux fixés sur Kimiri... Mais regardait-il réellement le petit démon ? Mélandrie doutait et avait l'impression que c'était elle qu'il fixait. Se trouver devant une telle bête la tétanisait. Il lui était impossible de bouger le moindre muscle.
Lentement, le forendyr ouvrit la gueule. Allait-il tenter de la happer ? Lui cracher de l'acide ? La respiration de la jeune démone était courte et rapide tandis qu'elle tentait, en vain, d'ordonner à son corps de bouger.
Soudain, quelque chose explosa au niveau de la tête du monstre. L'un des démons qui se trouvait sur le chemin qui permettait de descendre venait de lui tirer un carreau de baliste dessus et il se l'était pris de plein fouet.
La bête se cabra en poussant un cri guttural et secoua la tête, comme si elle était sonnée et tentait de se ressaisir. C'est alors que Mélandrie vit passer quelque chose devant elle et reçut à son tour un coup. Celui-ci n'était pas spécialement puissant et ne venait d'ailleurs pas du monstre.
— Ressaisie-toi ou dégage ! hurla Anidanya après l'avoir giflée.
Consciente que ce moment d'égarement et de peur incontrôlée avait failli lui coûter la vie, Mélandrie se donna elle-même une gifle sur l'autre joue et se focalisa de nouveau sur le combat. Ce choc avait permis de la débloquer de sa tétanie et elle pouvait à présent rejoindre l'affrontement.
La bête aussi s'était remise du coup qu'elle s'était pris et, comme revanche, cracha une gerbe d'acide sur la baliste qui l'avait touché. Le démon qui manipulait l'engin eut tout juste le temps de se jeter sur le côté pour éviter l'attaque et vit, impuissant, son arme fondre sous ses yeux tel de la glace dans une fournaise.
En à peine une seconde, la baliste n'était plus et le liquide corrosif s'attaquait déjà à la roche en dessous. Cette substance était à la hauteur de ce qu'avait décrit l'ancienne ange. Un mauvais pas dans une flaque et on y perdait son pied et même sa jambe avant de se rendre compte de ce qui se passait.
Le gêneur hors d'état de nuire, le forendyr abaissa son regard et le fixa sur Kimiri, provoquant par ce geste un nouveau sifflement aussi aigu que désagréable. Sa gueule s'ouvrit en grand et ses dizaines de pattes commencèrent à s'articuler pour avancer.
— Wisha avancer ! Vite vite ! Paniqua le petit démon.
Excité au plus haut point parce que son jeu préféré venait de commencer, le chien démoniaque partit comme une flèche dans la direction opposé à la bête qui se mit à le poursuivre. Le véritable combat pouvait commencer.
Mahat et Mélandrie faisaient tout leur possible pour entraver ses mouvements et détourner son attention. Chacune de leur manœuvre était risquée car ils s'approchaient des parties dangereuses de la bête alors qu'ils se trouvaient dans son champ de vision.
Si le démon arrivait plus ou moins à donner de bons coups, Mélandrie avait, elle, quelques difficultés à s'adapter au combat. La plupart de ses tentatives se soldaient par une retraite. Elle n'était pas assez rapide.
— Qu'est-ce qui t'arrive ? hurla Mahat par-dessus le tumulte du combat. Tu étais plus rapide à l'entraînement ! Si tu n'arrives pas à attaquer tout en restant devant lui, rejoins les autres !
Certes, tenir la cadence pour garder sa position face à la bête gigantesque qui avançait à vive allure était compliqué, mais ça n'était pas ça qui la dérangeait le plus.
— Ce sifflement qui me rentre dans la tête me perturbe, c'est insupportable ! Répondit-elle.
— Quel sifflement ?
Comme il l'avait dit précédemment, il n'entendait rien de tel. De là où elle se trouvait, elle pouvait aussi voir les autres combattants et eux non plus ne semblaient pas affectés par ce bruit assourdissant qui persistait dans sa tête.
Malgré ce handicap qu'ils n'avaient pas, leurs attaques ne faisaient presque rien à la bête. Les épaisses écailles du monstre étaient au mieux égratignées par les meilleurs combattants tels qu'Anidanya et Amyr, pour les autres, aucune trace n'était encore apparente sur le corps du forendyr.
— Mel, tu t'améliores tout de suite ou je te jure que les entraînements que je te fais subir paraîtront pour une promenade de santé en comparaison des prochains ! menaça Anidanya.
— Je fais ce que je peux !
— Eh bah c'est pas assez !
Cela faisait peut-être mal à entendre, mais elle avait raison. À chaque fois que Mahat attaquait, la bête ralentissait légèrement alors qu'elle continuait sa course comme si de rien était lorsque c'était à elle de lancer un assaut. Non seulement elle passait pour la personne inutile qui avait insisté pour prendre une place qui n'était pas la sienne, mais en plus elle faisait prendre des risques à Kimiri et Wisha.
Ce facteur en tête, Mélandrie tenta de faire abstraction du sifflement et chargea la bête. Elle esquiva la première patte aussi tranchante qu'une lame en passant en dessous, puis profita du passage de la seconde pour sauter dessus et atteindre plus facilement la tête du monstre.
Une partie n'était pas protégée, mais n'était pas facile à atteindre. Les yeux. Les paupières d'un forendyr étaient aussi résistantes que le reste de son corps , mais les yeux en eux-mêmes pouvaient être crevés facilement.
Grace à une magie qu'Anidanya lui avait apprise et qui augmentait ses capacités physiques, la jeune démone réussit à se hisser au niveau de la tête du monstre en un saut et à tenter de lui percer un œil. La créature n'eut pas le temps d'essayer de la happer ou de lui cracher son acide dessus, mais avait tout de même pu fermer ses paupières pour bloquer la lame.
L'attaque en elle-même avait échoué, mais le résultat était plus que satisfaisant. Le forendyr avait ralenti et perdu du terrain sur Wisha qui continuait à courir devant lui. Elle était malgré tout consciente qu'elle ne pouvait pas faire de mouvements aussi audacieux tout le temps. Si elle était trop rapide pour être réellement en danger lors de la montée, sa descente n'était finalement qu'une chute libre où elle était vulnérable.
Pendant plusieurs minutes, Mahat et elle se contentèrent d'attaques basses, moins efficaces mais plus sûres. Tous deux commençaient à bien entrer dans le combat et se synchronisaient de mieux en mieux, comme lors de leur entraînement.
Les quatre pattes avant qui ne touchaient pas le sol balayait l'air devant la bête pour tenter de les trancher en deux, mais ces attaques ne touchaient jamais la cible. Mahat et Mélandrie se couvraient l'un l'autre et étaient ainsi inatteignables.
Pendant un instant, la jeune démone repensa à ce qu'avait dit Bahia la nuit précédente. Il lui suffisait de jouer la jeune fille en danger pour se faire sauver et il tomberait dans ses bras. Comme si elle avait le temps de monter un plan pareil dans un combat comme celui-ci.
— Attention !
Revenant au combat, l'apprentie d'Anidanya sauta en arrière de toutes ses forces et esquiva de peu un crachat d'acide. Qu'est-ce qu'elle était stupide ! s'insulta-t-elle intérieurement. Ça n'était pas le moment de se perdre dans ses pensées et de se remémorer des choses aussi futiles !
— Tout va bien ? s'inquiéta Mahat.
— J'ai eu un moment d'inattention, ça n'arrivera plus, répondit-elle.
— Tien bon, il commence à ralentir.
C'est vrai. Maintenant qu'il le disait, la bête était moins vivace qu'à son arrivée. L'effort combiné de tous les guerriers ainsi que la pression mise par les balistes commençaient à porter leur fruit. Ce qui était le plus flagrant restait les représailles qu'il lançait régulièrement sur les engins de siège. Si ses crachats d'acide étaient au départ extrêmement précis, ils ne touchaient à présent qu'une fois sur deux.
Si cela était une bonne nouvelle en terme de conservation de l'arsenal, c'était aussi un gros inconvénient pour ceux qui les manipulaient. Lorsqu'ils étaient visés, ils n'avaient que peu de secondes pour bouger et sauver leur vie. Au départ, c'était assez simple. Un crachat d'acide et ils se jetaient sur le côté. À présent, vu qu'il arrivait qu'il manque sa cible, sauter ainsi pouvait signifier se placer exactement à l'endroit où la substance corrosive allait tomber. Fort heureusement, pour le moment personne n'avait eu cette malchance.
Le combat continua ainsi pendant un long moment. Certains démons avaient déjà fait plusieurs allers-retours pour changer leurs armes qui s'étaient brisées contre les écailles de la bête. Cependant, Mélandrie arrivait à voir que plusieurs endroits sur le corps du forendyr suintait d'une substance noirâtre. Ils commençaient doucement à le faire saigner.
— Pas là ! hurla soudainement Kimiri.
En se tournant pour voir ce qui se passait, la jeune démone comprit l'inquiétude de son ami. Le forendyr était bien plus intelligent qu'elle ne le croyait. À coup de crachats d'acide, il avait réussi à orienter la course de Wisha, si bien que le corps de la bête formait une spirale et que sa cible se trouvait en son centre.
Pour le bloquer, la créature se laissa tomber sur le ventre et fit de son corps un véritable barrage infranchissable. Kimiri était coincé. Acculé, il ne pouvait que se retourner, son visage déformé par une expression de terreur, pour voir la gueule béante de la bête s'approcher de lui.
— Non ! hurla Mélandrie.
Sans réfléchir ni aux conséquences, ni au danger, la jeune démone se positionna devant le forendyr pour faire barrage avec son corps. Cela n'allait pas être très utile, elle le savait. Elle n'était qu'un mulot devant un serpent gigantesque, mais protéger son ami était plus fort que sa raison.
La gueule du forendyr n'était plus qu'à quelques mètres d'elle lorsqu'elle entendit de nouveau ce son strident qui envahit sa tête. Celui-ci était si fort qu'elle en perdit presque l'équilibre et lâcha son arme pour se boucher les oreilles. Cela n'atténuait cependant aucunement le son qui continuait à la torturer.
Cette attaque était absolument redoutable et la jeune démone pensa que la bête venait, en créant ce son, de percer sa maigre défense. Malgré tout, les secondes s'écoulaient et la bête ne l'avait pas attaqué. Elle avait d'ailleurs fermé sa gueule ainsi que ses yeux et bougeait légèrement la tête de gauche à droite.
Ce moment d'inattention avait permis à Wisha et Kimiri de s'échapper du piège qui leur avait été tendu, mais Mélandrie n'avait pas bougé. Toujours devant la bête, elle le vit rouvrir les yeux tandis que le son strident s'atténuait. La jeune démone n'avait jamais vu de forendyr auparavant et pourtant, elle avait l'impression de déceler quelque chose dans ses yeux. De la peine ?
Malgré la crise passée, il n'avait pas repris sa poursuite et fixait à présent Mélandrie avec un air qu'elle devinait implorant. Était-il réellement l'instigateur de ce son horrible ? Ou bien...
— Arrêtez tout ! Hurla-t-elle.
— Quoi ? s'étonna Anidanya.
— Arrêtez tout je vous dis ! Ne le frappez plus !
— Mais tu es...
— Faites moi confiance, je vous en prie !
— Faites ce qu'elle dit ! ordonna le prince.
Étonnée qu'Amyr se range du côté de la jeune démone, Anidanya lui jeta un regard noir. Après un moment de flottement qui montrait l'hésitation du groupe, tous baissèrent leurs armes et se reculèrent, tout de même prêts à repartir au combat.
Devant elle, la bête ne semblait plus agressive et s'observait sans montrer le moindre signe précurseur d'une attaque. La jeune démone s'approcha alors lentement, une main tendue vers la tête du forendyr.
— Mais qu'est-ce que tu fais ?!
— J'essaie de comprendre, répondit-elle calmement.
Toujours immobile, la bête laissa la jeune démone s'approcher et poser sa main sur son museau. En touchant le forendyr, Mélandrie ressentit immédiatement un flot de pensées primaires, de sentiments, de sensations et d'images qui lui traversèrent l'esprit.
Ce son insupportable ne faisait pas partie de ses facultés, mais était quelque chose que lui aussi entendait. Cela lui provoquait d'atroces douleurs, si bien qu'il en venait à trouver négligeables celles provoquées par les coups des démons qui l'attaquaient depuis le début.
Le fait qu'il poursuive Kimiri était aussi dû à ça. La chair et le sang de cette espèce de démon, une fois dissouts par sa salive, produisaient une substance qui engourdissait ses sens. Kimiri était en quelque sorte un calmant pour lui. La seule chose qui pouvait apaiser un tant soit peu sa douleur.
Enfin, la jeune démone trouva dans l'esprit du forendryr l'origine de ce son. Celui-ci était produit par quelque chose qui se trouvait au fond de l'un des tunnels. Le sifflement était insupportable lorsqu'il s'en approchait et, comme celui-ci se diffusait partout pour créer une sphère dont cette grotte en était le centre, la bête ne pouvait pas en sortir.
Le forendyr ne s'était pas installé là. Il n'y avait d'ailleurs aucune chance qu'il remonte à la surface pour s'en prendre au village le plus proche. Il était prisonnier de cet endroit.
Après avoir posé sa main sur le museau de la bête, Mélandrie y appuya son front. Par elle ne savait quel moyen, elle avait créé un lien entre eux. Celui-ci permettait de voir dans l'esprit du forendyr, mais elle espérait qu'il puisse aussi faire passer les siennes pour se faire comprendre de la bête.
— Je peux t'aider, murmura-t-elle. Montre-moi.
Toujours sans aucun signe d'agressivité, la bête tourna la tête sur le côté et se pencha légèrement. Positionné ainsi, Mélandrie pouvait facilement l'escalader pour monter à l'arrière de son crâne.
— Mais qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Anidanya.
Une fois qu'elle fut montée, le forendyr se releva sur ses pattes et commença à s'avancer vers l'un des tunnels sans se presser. La jeune démone pouvait voir dans les yeux de son instructrice et du prince qu'ils étaient sincèrement inquiets, mais elle-même avait ce profond sentiment qu'elle ne craignait absolument rien.
— Je vais régler quelque chose et je reviens, ne vous en faites pas. Personne n'aura à mourir aujourd'hui.
Malgré ses paroles, Amyr et Anidanya ne semblaient pas vraiment rassurés, mais elle ne pouvait pas se permettre d'en dire plus. Chaque seconde passé en explication était du temps pendant lequel le forendyr souffrait. Elle ne savait pas non plus si le calme de la bête lui était acquis ou s'il s'agissait d'un moment de lucidité de sa part qui pouvait passer à tout moment. De ce fait, il fallait qu'elle se dépêche.
Comme s'il savait qu'elle était prête, la bête s'engouffra dans le tunnel et avança jusqu'au premier embranchement. Sans hésiter, le forendyr prit à gauche, puis à droite au suivant. Cet endroit était un véritable labyrinthe qui, une fois qu'une telle bête se trouvait à l'intérieur, semblait étroit. Ça n'était pas étonnant que la première expédition ait eu tant de mal à tuer le forendyr qui s'était retrouvé bloqué ici s'ils avaient dû le combattre dans un tel boyau.
Le trajet dura un long moment et perdit totalement la jeune démone qui ne savait plus ou se trouvait. Retourner auprès des autres n'allait pas être facile, pensa-t-elle.
Au bout d'un certain temps, le forendyr se stoppa net. Mélandrie entendait encore le sifflement et comprit qu'il ne pouvait avancer plus vu que celui-ci était encore plus insupportable.
— Reste ici, je m'occupe du reste, assura-t-elle avec une voix qui se voulait rassurante.
Tandis que la bête abaissait la tête, Mélandrie sauta pour descendre de sa tête et se mit à avancer dans le tunnel. À pieds, la jeune démone avançait bien moins vite que sur la bête. Pendant plus d'une demi-heure, elle avança dans ce boyau où il n'y avait heureusement aucune intersection.
Pendant cette avancée solitaire, les sifflements s'atténuèrent peu à peu. Vu qu'elle s'approchait de la source de ce bruit, cela voulait dire qu'elle les entendait à cause du lien qu'elle avait avec le forendyr et non parce qu'elle était affectée elle aussi par cette chose.
Une dizaine de minutes passèrent de nouveau jusqu'à ce qu'elle aperçoive une petite lumière bleue qui illuminait la paroi du tunnel. En s'approchant, Mélandrie vit qu'il s'agissait d'un cristal qui irradiait de cette couleur bleutée. Celui-ci était enchâssé à un bâton métallique, lui-même enfoncé dans la roche.
C'était ça, elle en était certaine. Mais comment un ci-petit objet pouvait causer tant de problèmes à une aussi grosse créature ? Qu'importe. Si elle le détruisait, le forendyr serait libre. Dans sa main droite, la jeune démone fit apparaître sa lame et commença à frapper dessus. Après plusieurs coups, elle dut cependant se rendre à l'évidence d'une chose. Ce cristal était très dur et elle n'arriverait à rien avec quelque chose d'aussi rudimentaire.
Pour sa seconde tentative, Mélandrie usa plutôt de sa magie. Heureusement, Anidanya lui avait aussi fait pratiquer ses dons en parallèle de ses autres entraînements. Main dirigée vers le cristal, un rayon d'une lumière blanche intense sortit de sa paume et frappa de plein fouet l'objet.
Le cristal émit d'abord une lumière plus intense et Mélandrie craignit de l'avoir réalimenté en énergie, mais lorsqu'elle l'apprêta à stopper son sort, un bruit de verre brisé retentit et plus aucune lumière n'en sortit. Normalement, le forendyr ne devait plus être torturé par ces horribles sifflements, se dit-elle.
Cette chose n'était clairement pas naturelle et avait été fabriquée. Elle décida donc de le prendre avec elle et de le ramener. Cela lui permettrait de savoir de quoi il s'agissait et d'expliquer pourquoi les forendyr se retrouvaient dans ces galeries.
Rebroussant chemin, la jeune démone croisa rapidement la route de la bête qu'elle avait combattue puis aidée. Celle-ci s'arrêta devant elle, la renifla, puis baissa la tête comme pour la remercier. Ça n'était finalement pas le monstre dont elle entendait parler depuis une semaine, sourit-elle.
— Tu es libre. Tu peux partir à présent.
Alors que la bête l'écoutait et continuait son chemin en passant au-dessus d'elle sans pour autant qu'elle ne s'inquiète d'être blessée, d'innombrables filaments dorés se mirent à sortir de son abdomen et à s'enrouler autour de la jeune démone.
Surprise, Mélandrie tenta d'abord de les chasser, mais ceux-ci n'étaient pas tangibles et finissaient toujours pas l'atteindre. Lorsque la bête l'eut totalement dépassé, ceux-ci arrêtèrent d'apparaître, mais elle en était tellement recouverte qu'elle ne voyait ni sa peau, ni ses vêtements. Elle n'était plus qu'une silhouette dorée.
— Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Se demanda-t-elle, quelque peu paniquée malgré le fait qu'elle ne ressentait aucune douleur.
Peu à peu, cette seconde peau de lumière commença à entrer en elle. Encore une fois, cela ne lui faisait pas mal, mais lui procurait une étrange sensation de chaleur. Lorsque ce phénomène eut entièrement disparu, Mélandrie se sentit étrange. Ses oreilles bourdonnaient, sa vue se troublait, tous ses muscles devenaient de plus engourdis et son sens de l'équilibre devenait de plus en plus précaire.
En quelques secondes, elle ne put plus tenir debout et tomba en avant, d'abord sur ses mains, puis totalement allongée. Sa tête tournait de plus en plus et, tout en se demandant ce qui lui arrivait, la jeune démone sombra dans l'inconscience.