Si Drago et Harry annonçaient qu'ils s'aiment... Comment réagiraient Ron et Hermione ?
L'histoire se passe après Poudlard.
(L'image de la cover ne m'appartient pas.)
- Non ! Je m'en fous, je m'en fous !
- Tu ne t'en fous pas, souffla Drago à son petit ami depuis maintenant 10 mois, Harry Potter.
- Drago !
Ils étaient dans les rues londoniennes du monde Moldu, parfaitement indétectables par la masse de personnes tout à fait ordinaire se trouvant là. Ils se battaient tous deux, mais le cœur n'y était pas : ils étaient comme fatigués, fatigués de résister.
- Harry, répondit doucement Drago.
- Drago... chuchota Harry.
Il avait l'air si triste, si dépité, si faible à ce moment là. Drago s'approcha doucement et passa ses bras autour de lui.
- Je suis désolé.
- Tu n'as pas à l'être, c'est juste que... J'en ai marre qu'ils affichent leur bonheur devant nous, alors qu'on ne peut pas ! J'en ai marre qu'ils veuillent me trouver une petite-amie ! J'en ai marre, qu'en tant que meilleurs amis, ils veuillent tout savoir de moi. J'en ai marre, finit-il en soupirant.
- Tu leur diras, on leur dira un jour, Harry, mais pas maintenant... Je ne veux pas voir ce regard de dégoût sur le visage de mon père.
Harry serra plus fort Drago contre lui, comme s'il pleurait à l'intérieur, et Drago agrippa la veste de son petit-ami en fermant les yeux très fort.
*
- Harry ?
- Oui ? cria l'interpellé depuis sa cuisine.
- Où est-ce-que je pose mon manteau ?
- N'importe où !
Drago Malfoy soupira, un sourire en coin sur son visage pâle, et posa délicatement le tissu sur une chaise qui traînait là. Le petit appartement d'Harry Potter était à l'image de son propriétaire : en bazar. De gros livres au divers marques pages trônaient sur un mobilier en bois usé, des feuilles de papier étaient coincées sous des encriers et des boîtes de biscuits, et toutes sortes d'affaires traînaient ça et là.
- Drago, tu peux mettre la table ? demanda Harry, sa voix couvrant difficilement le bruit de la hotte.
L'interpellé soupira.
- Harry, tu es un sorcier.
- Ça je sais !
- Tu peux donc utiliser la magie.
- Je le sais aussi !
- Pourquoi ne le fais-tu pas ?
- Parce qu'on est chez les Moldus ! Et parle plus fort, j'entends rien !
Sans remords aucun, Drago moulina dans les airs, prononçant un sort informulé, et dressa joliment le couvert pour deux.
- C'est fait, constata-t-il tranquillement.
- Quoi ?
- Tu m'as entendu.
- Drago !
Le concerné afficha un sourire en coin et rejoignit Harry dans la cuisine. Ce dernier était devant la cuisinière, entrain de remuer quelque chose dans une casserole. Drago passa ses bras autour de ses hanches en posant la tête sur son épaule.
- Tu me gênes, protesta Harry en se tortillant.
- Et toi tu me vexes.
- Quoi ? s'étonna Harry en arrêtant subitement de remuer.
- J'ai menti. Mais tu ne bouges plus...
- Drago ! Je vais rater la sauce juste parce que tu veux que j'arrête de gigoter !
- En effet, tu pourrais.
- Tu as faim ?
- On peut dire ça.
- D'accord, va mettre le pain sur la table s'il te-
Drago sortit sa baguette et le pain se retrouva sur la table. Harry soupira et éteignit le feu, avant d'apporter le plat et la casserole. Il allait chercher le riz quand Drago, qui pendant ce temps s'était assis, prononça un sort à voix basse.
- Pourquoi est-ce-que tu m'empêches d'utiliser mes mains ? demanda Harry en s'asseyant en face de lui.
- Cela me donne l'impression que tu renies le fait d'être un sorcier.
- Oh... D'accord. Tu voulais me dire quoi ?
- Tu peux leur dire, soupira Drago.
- Attends, quoi ?
- Tu peux leur dire. J'ai envoyé un hibou à mon père ce matin, il devrait bientôt être au courant.
- Leur dire... A Ron et Hermione ?!
- A qui tu veux.
- Drago, mais... Tu peux pas me le dire comme ça !
Drago Malfoy ricana.
- Tu voulais un certificat ? railla-t-il. Ce n'est pas une demande en mariage, Potter.
- Non, mais- 'Fin c'est génial, je suis super heureux, et- Ton père va pas être fâché ? déballa Harry d'une traite.
- Arrête de penser aux autres d'abord, répondit Drago en se relevant légèrement pour lui planter un index sur le torse. Pense à toi.
*
C'est ainsi qu'Harry se retrouvait devant la porte de la maison de Ron et Hermione, un Drago renfermé à côté de lui.
- Tu ne vas pas changer d'avis maintenant ? Sonne, avant que quelqu'un te reconnaisse. Crétin, ajouta-t-il pour la forme.
- Oui, c'est bon. T'as intérêt à pas être désagréable, ce sont mes meilleurs amis !
- Je ne te promets rien, répondit Drago en sonnant.
- Drago !
Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase effarouchée, le son d'un "oui ?" féminin approchant lentement de la porte.
- C'est qui ? demanda la voix.
- Drago, mets toi derrière moi. Je veux pas qu'elle referme la porte juste après l'avoir ouverte, chuchota Harry avant de crier : "c'est moi !"
- Je suis si moche que ça ? ronchonna Drago en se plaçant toutefois derrière Harry. De toutes façons, c'est pas en disant "c'est moi!" qu'elle va comprendre que Harry est derrière la porte.
- C'est Harry ! ajouta le concerné, se rendant bien compte que son petit ami avait raison.
- Oh, super, tu aurais dû prévenir ! répondit Hermione en ouvrant la porte. Qui est-ce ? continua-t-elle en désignant l'homme derrière son ami.
- Écoute, te fâche pas ok ?
- Non, dit sincèrement Hermione, néanmoins surprise. Pourquoi me fâcherais-je ?
- Et bien... Je- On peut entrer ? Je vais tout expliquer, d'accord ?
- Ne dis pas ça comme si c'était mal, Potter.
Hermione tressaillit. Cette voix...
- Ne m'appelle pas Potter...
- Je t'appelle Potter parce que tu te comportes comme un idiot. Elle ne va pas s'évanouir en me voyant, décida Drago en avançant.
- Malfoy ?!
- Pourquoi tu cries, chérie ? C'est qui ?
- Rien, Ron ! C'est Harry et mmh, un vieil ami.
- J'arrive !
- Prends ton temps, surtout, grimaça Hermione. Pourquoi est-ce-que tu as ramené Malfoy ?
Harry se passa la main dans les cheveux, embêté.
- Bin, c'est justement de ça que je voulais vous parler.
- Entrez, accorda Hermione en lançant un regard méfiant à Drago.
L'intérieur d'Hermione était très joli. Propre et net, il lui ressemblait, impression renforcée par les étagères disposées un peu partout qui croulaient sous les livres. On remarquait cependant la présence de Ron dans la maison : des photos de souvenirs tapissaient les murs, et le deuxième des deux bureaux boisés au fond du salon était moins ordonné que le premier... Le sol était couvert de tapis aux motifs répétitifs, comme de jolis mandalas. Au centre, une grande table rectangulaire attendait qu'on s'assoie autour d'elle.
- Je vais faire le thé, sourit Hermione. Asseyez vous.
- Elle me rappelle McGonagall des fois, frissonna Harry en s'asseyant et en posant sa veste sur sa chaise.
Drago acquiesça simplement avant de s'asseoir à son tour. Le martèlement de pieds sur les marches de l'escalier à spirale les secoua tous deux : qui était-ce, puisque Hermione était dans la cuisine ?
- Hey, Harry ! s'exclama Ron en descendant. Il frottait une serviette sur ses cheveux mouillés et n'avait qu'un pantalon kaki. C'est qui que-
Il s'arrêta net et afficha ce visage étrange qu'on adopte en présence d'ennemis.
- Qu'est-ce-que tu fais là ?
- Demande lui, répondit Drago dans un vague geste du bras vers Harry.
- Mec, qu'est-ce-qu'il fait là ?
- Je, j'attends Hermione... dit piteusement Harry en baissant les yeux.
- Arrête d'avoir honte, cracha Drago. Et admets-le. Là, j'ai l'impression que ça te fait honte.
- Non, non, je n'ai et je n'aurais jamais honte de toi, souffla Harry, oubliant presque la présence de Ron à leur côtés.
- Honte de lui ? Mais qu'est-ce-que tu racontes ?
Harry fut sauvé par Hermione qui arrivait en portant un plateau et une théière. Il était plus de 18h, mais elle avait jugé qu'un bon thé ne pouvait qu'éclaircir la situation. Elle posa son chargement sur la table, s'assit et dit à Ron d'en faire autant, ce qu'il fit sans poser de questions.
- Alors, commença-t-elle en servant la boisson. Qu'y-a-t-il de si urgent pour que ça nécessite Malfoy ?
Malfoy. Le nom sonnait comme une insulte dans la bouche de son amie.
- Appelle le Drago, s'il te plaît.
Hermione arrêta le mouvement que sa main produisait pour verser le thé.
- Pardon ?
- Bon, bon, je vous explique.
- T'as intérêt, grinça Ron.
- Je suis en couple, dit Harry.
- Génial !
- Je suis heureuse pour toi, sourit quand à elle Hermione.
- Depuis presque un an.
Ron faillit s'étrangler avec son thé.
- Pourquoi tu m'as rien dit ?!
- Et, Harry, excuse moi, mais en quoi la présence de Mal- Drago est-elle indispensable ?
- J'y viens ! Il se trouve que je suis amoureux d'un garçon.
- Que, commença Ron.
- Ne l'interromps pas, s'il te plaît Ronald !
- Je continue. Je suis... Bisexuel, et en couple avec un homme.
Personne ne pipa mot.
- Et, je...
Harry commença à trembler légèrement.
- Calme toi, lui glissa Drago en passant son bras dans son dos. Ils ne vont pas s'énerver.
- Ne touche pas Harry.
- Je le touche si j'en ai envie. Je l'ai touché à des endroits que tu n'imagines même pas, rétorqua Drago. Excuse moi Harry, continua-t-il calmement, mais ça ira plus vite si je le fais. Donc, Harry est amoureux d'un homme blond, beau et charismatique. Une idée, Granger ?
- Oui, dit Hermione d'une voix blanche. Toi, par exemple.
- Tu as fais je-sais pas quoi à mon meilleur ami, il aurait jamais été con au point de sortir avec toi ! cria Ron en tapant du poing sur la table.
Harry se recroquevilla sur lui même.
- Calme toi, Ron, tempéra Hermione.
- Que je me calme ?! Aha, c'est la meilleure. Un putain de Mangemort sort avec mon meilleur ami, et je devrais rien dire ?! La vérité, c'est que t'as essayé de te faire Harry Potter, le héros ! Tu l'a embobiné juste pour être celui qui sort avec le survivant, hein ? Avoue !
Malfoy déplaça un Harry qui tremblait sur ses genoux et lui caressa lentement les cheveux.
- Je n'ai rien fait de tout ça, déniât-il calmement.
- Sale traître. Je sais que tu l'as fait. Où une connerie du genre. Tu lui a fait du chantage ?! Malfoy, je te jure que si tu as touché à un seul de ses cheveux-
Drago se pinça l'arrête du nez en soufflant bruyamment.
- Weasley, tu n'as jamais été une lumière, mais je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Cependant, je dois admettre que tu essaies de le protéger. Tu- écoutes moi un instant, demanda-t-il en voyant Ron prêt à ajouter quelque chose. Tu t'y prends mal. Tu essaies de le protéger, mais sais-tu à quel point il était stressé de vous le dire ? Il y pensait des nuits entières. Il en rêvait même. Cauchemardait, plutôt. Mais il ne pouvait pas vous le dire, parce que... Parce qu'il n'y a pas de gays dans la famille Malfoy. Harry ne voulait pas le dire tant que moi je n'avais pas accepté de le faire. C'était de ma faute s'il était mal, alors j'ai tout dit à mon père. Je lui ai envoyé un hibou. Quand j'ai expliqué ça à Harry, il a d'abord été heureux, puis inquiet : qu'allaient penser ses meilleurs amis ? J'en avais marre de le voir se torturer lui même, alors je l'ai traîné ici. Il était extrêmement angoissé, il avait tellement peur de votre réaction. Tu essaies de le protéger, murmura Drago, mais as-tu seulement remarqué qu'il pleure dans mes bras ?
Harry avait en effet sa tête dans le cou de Drago, et ses épaules était agitées de soubresauts. Ces paroles dures prononcées par son meilleur ami l'avaient affecté d'une manière qu'il ne saurait lui même décrire. On a beau être fier de ce qu'on est, le regard des autres nous forgera toujours, il fera ce que l'on est. Le jugement fait partie de tous, est plus ou moins présent selon qui tu es, mais un être humain change et se construit en voyant comment on le juge. Un jugement peut être constructif, négatif ou positif. Dans ce cas, Harry prenait les paroles de son meilleur ami en pleine face, car ce jugement lui importait particulièrement, Ron étant l'une des personnes les plus importantes dans sa vie.
- Harry ? Tu pleures vraiment ?
- Non, non, pas du tout, chuchota Harry, sa voix étouffée par la peau pâle de Malfoy. Je ne pleure pas, je ne pleure pas.
- Arrête, ça s'entend...
- Ouais, fit Harry d'une voix cassée.
- Désolé, mec, s'excusa Ron, embêté.
- Oh, je... Si c'est vraiment ce que tu penses, ce n'est pas grave, répondit Harry dans un long frisson.
- Non, bien sûr que je le pense pas... J'étais fâché.
- Et pourquoi ? argua Hermione qui était restée muette une grande partie de la conversation.
- Comment ça ?
- Pourquoi étais-tu fâché ?
Elle parlait d'une voix neutre, sans timbre, comme si au fond la réponse ne lui importait pas vraiment. Ron réfléchit longuement ; il avait l'air de choisir ses mots. Drago lui sirotait son thé tout en caressant la joue de Harry qui s'était redressé.
- Je me souviens de Malfoy comme d'un idiot, lâcha-t-il finalement. Comme de l'idiot qui nous embêtait toujours. Comme d'un manipulateur, d'un... Partisan de Tu-Sais-Qui.
- Mmmh. Si Harry en est amoureux, je ne vois pas le problème. Je trouve ça bien, depuis le temps qu'on attend que tu dois avec quelqu'un...
Harry renifla et sourit.
- Très gracieux, railla Drago.
- Oh, Drago.
- Quoi ? C'est vrai, c'est pas très distingué. Mais je t'aime quand même.
- Moi aussi. On- on va y aller, d'accord ? Merci beaucoup 'Mione, merci Ron.
Il faisait déjà noir au dehors.
- Oui, sourit Hermione avant de se lever et de ramasser les tasses. Tu n'as pas bu ton thé, remarqua-t-elle.
- Désolé, dit Harry en repassant encore une fois la main dans ses cheveux emmêlés.
Ron les raccompagna à la porte, enfin raccompagna surtout Harry, avant de se retourner une dernière fois :
- Vraiment désolé. J'étais... Mec, la fouine !
- Sympathique, intervint Drago.
- Tais-toi, petite fouine, répondit Ron en souriant.
Harry sourit lui aussi ; Ron faisait des efforts.
- Bonne nuit, Ron.
- Bonne nuit, Harry.
Drago Malfoy s'inclina à demi, et sortit avec son amant. Ron les regarda s'éloigner à la lumière blafarde des lampadaires, et ne pu s'empêcher de s'étonner :
- La fouine, quand même...