@Preety__ 🃏
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B E T H A N Y
J'ai jeté tous les paquets de X Pression utilisés, puis j'ai rangé tous le matériel capillaire à sa place.
Avant d'attacher l'avant de mes braids à l'arrière, histoire de dégager mon visage. Seulement mon visage.
Puis je suis descendue à l'étage inférieur en attachant un pagne autour de ma poitrine,
au ralenti.
La douleur à l'entrejambe persiste depuis cette nuit, et ça... m'inquiète.
C'est pire que la sensation de la «Première fois».
À la première fois, la douleur s'en va au bout de quelques jours, 1 voire 2. Mais là... ? Ça fera bientôt 5 jours que j'ai mal à l'entrecuisses.
J'ai donc serré mes dents en marchant, toujours au ralenti, jusque la cuisine.
Papa - *rire* J'te dis qu'elles ont grossi.
Maman - Et moi je te dis que tu grandiras jamais. Bientôt 54 ans et toujours la même mentalité. Laisse mon postérieur tranquille.
Il rit puis se met derrière elle.
À cet instant j'ignorais ce que ses mains faisaient, mais elles bougeaient.
Papa - *sourire* Jamais.
— ...bonjour.
Il s'éloigne d'elle puis se tourne vers moi, avant d'élargir son sourire.
Papa - Une revenante.
Je souris faiblement puis ouvre le placard en hauteur où se trouvait le biberon de Keely.
— Mdr.
Papa - Mdr fort. Depuis que t'es là tu sors de ta chambre seulement pour nourrir les gosses.
— L'autre jour je suis sortie avec Shiloh...
Papa - Parce qu'elle t'en as forcé.
J'ouvre le biberon et il s'approche de moi.
Par réflexe, je l'ai contourné pour ensuite ouvrir le frigo et en sortir ce dont j'avais besoin.
Papa - ...oh ?
— Mh ?
Papa - Pourquoi tu m'évites comme ça ?
Maman - Laisse-la tranquille Josue.
- J'ai l'air de t'éviter... ?
Papa - Joue pas à ça avec moi Bethany. J'me suis approché et t'as fait le tour de la cuisine. À croire que tu m'fuis. J'ai fait quelque chose de mal ?
Je soupire.
— ...non. T'inquiètes pas.
Je dispose ce dont j'ai besoin sur la table puis commence donc à faire le biberon de Keely.
Papa croise ses bras sur son torse.
Papa - Tu mens.
Maman - Josue.
Il souffle longuement en décroisant ses bras de sur son torse.
Papa - J'suis ton père Esther. J'te ferai jamais de mal. S'il y'a quoique ce soit, dis-le moi. Capiche ?
- Ouais.
Papa - Capiche ou pas ?
- Capiche.
Rien que mes yeux étaient baissés.
Je n'arrive pas à le regarder dans les yeux. Si jamais j'ose... Je vais pleurer, je le sais.
Il a cet effet sur moi qui me pousse à tous lui dire. Mes doutes, mes peurs, tout. Ça a toujours été comme ça.
Alors quand je lui cache quelque chose, il suffit d'un regard pour que je me sente nue. Donc je pleure.
Shetani - T'es une boloss vie en vrai.
Muanjelu - On en parle de toi peut-être ? Le boug c'est le premier à trembler quand il entend la voix du Père mais il l'ouvre. Boloss yo moko. (Boloss toi-même)
Il sort de la cuisine après avoir embrassé la joue de maman.
Maman qui s'est tournée vers moi pendant que je secouais le biberon de Keely.
Je le secouais avec tellement agressivité, qu'elle a dû délicatement poser sa main dessus.
Maman - Monte te reposer, je m'en occupe.
— C'est ma fille, je vais le faire.
Maman - Et toi tu es ma fille, alors monte te reposer tout de suite jeune fille.
Je soupire puis la laisse saisir le biberon.
- Elle préfère quand il est chaud. Je sais pas pourquoi mais Keely ne boit pas le lait tiède. Alors chauffe à quelques degrés au-dessus de la norme s'il te plaît.
Maman - Compris chef. Allez monte.
Je me suis exécutée.
J'ai mis mon filet sur ma tête pour protéger mes mèches, puis je me suis lentement faufilée sous ma couverture,
avant de m'endormir,
malgré la difficulté.
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Vous avez déjà ressenti cette sensation ?
La sensation d'être en plein sommeil, mais en éveil en même temps.
Comme si tu rêvais mais tu es conscient que tu rêves, que tu dors.
Plus que ça, comme si tu dormais en étant réveillée.
C'est exactement ce qui m'arrive à l'instant.
Je rêvais... de cette nuit, encore.
J'étais dans un coin de la chambre et je me voyais, pleurer silencieusement sous ses coups de reins plus que violents.
...c'est un monstre.
Daniel est un vrai monstre.
Daniel - Tu l'ouvres plus là hein ?!
Bethany - ...arrête.
Un rire l'a échappé.
Il s'est redressé, a posé une main sur moi couvrant mon nez et ma bouche, avant d'appuyer dessus.
Tellement fort qu'au bout d'un moment, je manquais d'air.
Je sentais mes poumons s'écraser progressivement, avec une douleur semblable à celle du brûlure.
Progressivement, mes yeux se remplirent de larmes alors que mes mains le griffaient, pour lui faire comprendre d'arrêter.
Je me sentais lentement partir. Le rythme de mon cœur qui accélérait s'est mis à ralentir. Puis mon pouls s'est fait de plus en plus faible.
J'étais prête à partir, à rendre l'âme, à enfin me reposer, mais visiblement,
quelqu'un n'était pas du même avis que moi.
Je me suis donc réveillée en sursaut,
hurlant à plein poumon.
...était-ce réel ?
Je m'étais recroquevillée sur moi-même, genoux contre la poitrine et bras autour des genoux.
Les larmes noyaient mes joues sans que je n'ai le moindre contrôle sur elles.
Puis la porte s'est subitement ouverte, et ma mère est apparue.
Elle s'est précipitée vers moi puis s'est assise sur mon lit.
...est-ce toujours réel ?
Maman - Bethany ! Bethany calme-toi ! Eh, c'est maman !
Je n'ai pas pu m'empêcher de m'écarter quand elle a tendu sa main vers moi.
Alors son regard a changé.
Elle a incliné sa tête de côté, dans l'incompréhension.
Maman - ...tu as peur de moi... ?
Mes pleurs se sont multipliés.
Maman - Dis-moi ce qui ne va pas ma chérie, c'est maman...
— ...j'aurai jamais dû-
Maman - Jamais dû quoi ?
Je secoue négativement la tête en me mordant la lèvre, histoire de l'empêcher de trembler.
...ça ne peut pas être réel.
Maman - Raconte-moi Esther.
— ...je n'aurai jamais dû me marier à lui maman. C'est- C'est un monstre... C'est un monstre...
Maman - Qui ça ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
— ...
Maman - Esther...
— ...il m'a souillée.
Ses sourcils se froncent, d'incompréhension il me semble.
Puis quelques secondes plus tard, ses yeux s'ouvrent de surprise, et sa bouche suit.
Maman - Non...
J'ai aperçu ses yeux briller.
Elle secoue négativement sa tête.
Maman - Ne me dis pas que...
Je hoche positivement la mienne en me mordant la lèvre.
Maman - Oh mon amour...
Elle tend ses bras vers moi, et par réflexe je passe les miens autour de son cou.
Je la serrais fortement contre moi en laissant mes pleurs s'accumuler.
Elle a posé une main sur mon dos puis s'est mise à caresser ce dernier avec fermeté.
— ...je suis sale maman.
Maman - Ne dis pas ça mon cœur-
— C'est la vérité, je suis sale... Il- Il a souillé mon âme. Je me déteste... Pourquoi ?
J'ai senti ma voix se briser.
— Mh ? J'ai pas vécu assez de mauvaises choses comme ça ? Pourquoi maman ?!
Maman - Ça va aller...
— J'en peux plus. Je te jure...
Maman - Eh... Regarde-moi.
J'ai resserré mon étreinte autour de son cou,
Maman - Regarde-moi Esther.
puis me suis détachée d'elle, malgré moi.
Elle passe une mèche rebelle derrière mon épaule puis dépose ses mains sur mes joues.
Ses pouces passent sous mes yeux, puis elle sourit faiblement.
Maman - ...tu es tellement forte ma chérie...
Je fais un «Non» de la tête.
Maman - Non... ? Tu es tombée enceinte de ton ex-mari à 16 ans, tu as eu le courage de nous l'annoncer à ton père et moi, alors que beaucoup auraient fui.
— Mon ventre devenait ballonné...
Maman - Et alors ? Je n'aurai rien remarqué. Malgré les insultes, malgré qu'on te crachait sur le dos, tu as su rester forte. On t'a tourné le dos mais tu as gardé la tête haute. Puis tu t'es mariée. Ton mari t'a trompée, humiliée, manqué de respect mais tu as su tenir bon... Ce viol n'est qu'une épreuve parmi énormément d'autres.
— ...je me sens sale maman. C'est pas une épreuve... J'ai- j'ai envie de mourir. Comment tu veux que-
Maman - Tu y arriveras.
Je secoue de nouveau la tête,
négativement.
Alors elle saisit plus fermement mon visage.
Maman - Écoute-moi bien Esther, tu te relèveras. Tu entends... ? Tu te relèveras.
...j'avais tort,
c'était réel,
aussi réel que la puissance de Dieu.
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Maman m'a forcé à prendre une bonne douche, prendre soin de moi et à sortir de ma chambre.
Ça doit faire une heure que je suis avec le reste de ma famille.
Du moins, ma famille...
Ce n'est pas pareil sans Ezekiel.
Je voudrais passer le voir, pour lui dire que je suis désolée, que l'aime et que je m'excuse... Mais j'ai honte.
S'il est là-bas c'est entièrement de ma faute. Si jamais j'avais su garder la vérité pour moi...
*souffle* Si jamais... si jamais. Encore un «si».
Néhémie - Esther ?
J'ai gardé mon regard sur un point fixe du salon.
Papa - Oh ? Esther ?
Puis j'ai détourné le regard, pour les regarder, eux.
— Oui ?
Néhémie fronce les sourcils.
Néhémie - Il t'arrive quoi là ? Depuis t'à'l'heure-
— Je suis fatiguée.
Néhémie - Quoi ?
— Je suis juste fatiguée Néhémie. Rien de grave.
Néhémie - Bah dors alors, pourquoi t'es là ?
— Tu parles à qui comme ça ?
Il me lance un sale regard.
— Je préfère.
Je pose à présent mon regard sur Keenan qui dormait sur mes cuisses.
Je me suis mise à caresser sa tête en souriant légèrement.
...16 ans, ouais.
Faites le calcul : 24-7 = 17.
Une grossesse dure 9 mois. Donc je suis tombée enceinte à mes 16 ans, et j'ai accouché à mes 17 ans.
Comparé à d'autres familles africaines, la mienne est restée à mes côtés.
En particulier grâce à ma mère.
Elle partait du principe que lors de sa première grossesse, elle aurait voulu que sa mère soit à ses côtés pour l'accompagner et lui dire comment une grossesse se passe.
Alors je suis restée.
Néhémie ne me parlait plus pendant un temps. Joshua... il faisait des phases.
Il n'y a que Shiloh et maman qui sont restées.
En tant que femmes, elles trouvaient ça injuste que tout le monde soit contre moi parce que j'ai déjà couché hors-mariage, mais que si c'était un homme, personne ne disait rien.
Longue histoire... Énormément de problème ont suivi. Mais bon, je suis toujours là; aujourd'hui.
Peut-être que je le serai toujours demain, après cette... "épreuve", comme maman dit.
Je soupire d'agacement, puis fronce légèrement les sourcils après qu'on ait sonné à la porte.
Papa - Vous attendez quelqu'un ?
Joshua - Même pas wesh. Shiloh ?
Shiloh - Tu veux que j'invite qui à cette heure ? Toi aussi.
Papa émet un léger bruit de bouche.
Papa - Néhémie, va ouvrir.
Néhémie - Mais ?-
Papa - Tu contestes mes ordres, bouffon ?
Je souris faiblement.
Il aime trop faire ça avec lui. Truc de fou.
Néhémie se lève en lui jetant un sale regard, suivi d'une belle révérence.
Néhémie - Non, sir.
Papa - Non fion. Arrête ta mascarade et va ouvrir. Ton visage on dirait les fesses de ta mère.
Shiloh - *rire* Je vais lui diiire !
Papa - Ose pour voir ?
Shiloh - ...
Papa - Je préfère.
Néhémie avait déjà, entre-temps, quitté le salon pour ensuite aller à l'entrée.
Notre attention à tous avait déjà dérivé sur un autre sujet, jusqu'à ce qu'on entende la voix de Néhémie hausser.
Alors je me suis redressée, curieuse. Intriguée.
Néhémie - Bouge de là j'te dis ! Tu la verras pas !
Papa - Oh ! Il se passe quoi ici ?!
Néhémie n'a pas répondu.
Au lieu de cela, quelques secondes plus tard, c'est plutôt une silhouette qui est apparue au salon.
Une silhouette masculine.
Qui d'ailleurs, n'est en aucun cas celle de Néhémie.
Lorsque mon regard s'est posé sur cette silhouette, j'ai senti mon cœur se resserrer si subitement qu'il a failli rater un battement.
Aussitôt, je l'ai reconnu.
Comment n'aurais-je pas pu le reconnaître ?
C'était lui,
Daniel.
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Bethany K.