Musique : The Richardson House par Mark Isham
Il me faut quelques secondes pour réaliser ce que Kale vient de dire. Je savais que revenir à ses côtés ne serait pas chose facile mais rien n'aurait pu me préparer à la haine qu'il déclenche en moi. Mon estomac se tord rien qu'en repensant à la manière dont il m'a touché tout à l'heure...
- Comme je l'ai dit tout à l'heure, il s'agit plutôt d'une garantie, poursuit-il avec nonchalance. Un moyen de m'assurer que l'agence respectera sa part du marché.
- Tu es ignoble...
Les mots m'échappent avant que je n'ai pu reprendre contenance. Ils m'éloignent du script mais c'est plus fort que moi. Je m'étonne encore de la froideur avec laquelle il parle de mêler des vies innocentes à ses plans sordides.
Kale lève les yeux au ciel, l'air mécontent.
- Cesse donc de te comporter comme si le sort de ces gens t'importait, rétorque-t-il. Ce qui compte vraiment, c'est que toi et moi nous en sortions.
Après l'accident que j'ai provoqué, une part de moi s'attendait à ce qu'il m'en veuille d'avoir mis sa vie en danger. Or mis à part le coup d'éclat durant lequel il a envoyé valser les plats, il me semble plutôt maître de lui. Kale n'est pas du genre à laisser le hasard décider de son existence. Sa confiance en lui-même n'est pas uniquement basée sur l'arrogance et c'est ce qui le rend aussi dangereux...
- Tu m'écoutes ? lance-t-il.
Je lève les yeux vers lui tout en essayant de cacher l'horreur qu'il m'inspire.
Je dois me montrer à la hauteur !
Ethan Miller a réussi à me convaincre de faire profil bas afin que l'agence ait une chance de neutraliser Kale pour de bon. Je lui ai promis d'essayer...
Je n'ai pas le choix : si je veux avoir une chance de deviner les intentions de ce monstre, je vais devoir réfléchir un peu plus comme lui.
- Oui, je réponds.
- Où étais-tu retenue ?
Pourquoi me pose-t-il soudainement cette question ? Compte-t-il y envoyer sur place ses hommes de mains pour corroborer mes propos ?
- Je n'en ai pas la moindre idée, je réponds. Après que j'ai accepté leur marché, il m'ont administré un sédatif. Et lorsque je me suis réveillée, je me trouvais dans une planque perdue au milieu de nulle part. J'y étais surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
- Je vois...
J'ai dû apprendre par cœur cette réponse. Le directeur-adjoint de la CIA a insisté pour me faire répéter toutes sortes de scénarios... Bien qu'au début j'ai eu l'impression qu'il sous-estimait ma capacité à tromper la vigilance de Kale, cela me rassure à présent. Pour quelqu'un qui ne connait pas Kale comme moi je le connais, Ethan Miller a également à cœur d'en finir avec ce taré.
Kale n'accorde pas sa confiance à n'importe qui. Il m'arrive même de me demander s'il est capable de se fier à une autre personne que lui-même. Pour lui, tous ceux qui l'entourent son des pions potentiels.
Voilà pourquoi je lui renvoie son regard jusqu'à ce qu'il hoche la tête.
- Il y a encore quelque chose qui me chiffonne, dit-il après un bref silence.
Mon cœur s'accélère à nouveau.
Du calme... il ne peut pas lire tes pensées.
- Tu as passé un marché avec la CIA et pourtant ton corps porte des traces de lutte. Pendant que tu étais sous l'effet du sédatif qu'ils t'ont administré, mon médecin et moi-même t'avons examiné... Tu m'as dit être tombée mais comment expliques-tu les hématomes vraisemblablement laissés par une main sur ta nuque ? Tu avais également du sang et de la boue sous les ongles, sans parler de tes côtes. Alors je te le demande pour la dernière fois : qui t'a fait ça ?
Le souffle court, je reste immobile sous son regard scrutateur. Son humeur a changé du tout au tout... L'insouciance d'il y a quelques minutes a complètement disparue. Sous ce semblant de calme, Kale boue. Ses yeux gris semblent vouloir percer mon crâne.
Pourquoi fait-il une telle fixette sur mes blessures ?
Puis soudain me revient la manière dont il a puni David à Chicago pour m'avoir égratigner lorsqu'il m'a attrapé à l'arrière du bar dans lequel je travaillais comme serveuse. Quand il perd le contrôle, Kale est capable envers moi d'une violence effroyable. Chaque coup donné avait pour but de me rappeler ma place et paradoxalement, il devient fou lorsque quelqu'un d'autre me fait du mal. Il vit dans un tel dénie que pour lui, cette réaction prouve son « amour » pour moi...
- Araceli ? m'appelle-t-il d'un ton dont la froideur fait dresser les cheveux de ma nuque. Vas-tu enfin me dire ce qu'il s'est passé ou préfères-tu mentir à nouveau ?
- Je...
C'est le moment de lui sortir mon plus grand jeu d'actrice.
Courage !
- Je me pensais en paix avec l'idée d'être utilisée comme monnaie d'échange, du moment que la CIA assurait la sécurité de ma famille. Ils m'ont promis que plus jamais tu ne leur ferais du mal et je les ai cru. Mais le jour-où le directeur-adjoint est venu m'annoncer en personne qu'il était temps de remplir ma part du marché, je me suis dégonflée.
Kale penche la tête sur le côté, la mine grave.
- Tu as tenté de fuir, devine-t-il.
- Oui... Je me suis débattue de toutes mes forces mais ça n'a servi à rien.
Ethan Miller n'a pas su me dire si Alec s'en est sorti ou encore que Bliss était en sécurité... J'ai dû le croire sur parole quand il m'a assuré qu'il ferait son possible pour s'assurer qu'ils le soient.
- Tu connais la vérité à présent, je conclus.
Durant le peu de temps passé avec son équipe et lui, Miller m'a appris beaucoup de choses. Notamment que la raison pour laquelle il a eu recourt à la force pour me récupérer. J'ai été déçue d'apprendre que Victor a refusé de me transférer comme cela lui avait été demandé car s'il avait coopéré, nous aurions pu éviter toute cette violence.
- Ce n'est pas vrai.
- En es-tu sûre ? Laisse-moi te le dire une bonne fois pour toute : ces sacrifices ne servent à rien. Si aujourd'hui tu venais à mourir pour elles, certes ces personnes te pleureront un temps mais finiront par passer à autre chose.
- C'était la seule solution pour les garder hors de ta portée, je m'obstine.
- Ah, si seulement tu pouvais faire preuve d'une telle loyauté à mon égard !
Sans attendre de réponse, Kale quitte sa chaise et vient se tenir devant moi.
- Nous aurons d'autres occasions d'en reparler, une longue journée nous attend, dit-il avant de me soulever dans ses bras.
Prise au dépourvu, je n'ai d'autres choix que de m'accrocher à ses épaules pour ne pas tomber. Kale entre ensuite dans la salle de bain où il me pose devant la cabine de douche.
- Je vais te débarrasser de ça, dit-il en indiquant la nuisette que je porte.
D'abord réticente, son froncement de sourcils finit par me faire capituler : il n'est pas nécessaire que je le provoque à nouveau. Car plus je vais me débattre, plus Kale mettra de force à m'écraser. Je dois d'économiser mes forces pour la suite.
- D'accord, je dis.
Kale s'approche puis glisse les bretelles de la nuisette le long de mes bras. Le vêtement reste suspendu une fraction de seconde au-dessus de mes seins avant de glisser à mes pieds. Son regard parcourt lentement sur mon corp tandis qu'il s'humecte les lèvres du bout de la langue. Son geste me dégoute tellement que je détourne les yeux. Les poings serrés, je retiens mon souffle lorsque de mon regard périphérique, je le vois tendre la main. Ses doigts caressent lentement ma clavicule droite avant de descendre sur ma poitrine.
Bon sang !
Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour me trouver ailleurs ! Kale malaxe mon sein avec la témérité d'un propriétaire. Ses gestes sont mesurés et lents, comme pour faire durer le plaisir. De tous les amants que j'ai eu, Kale est celui qui connaît le mieux mon corps. Il sait comment le toucher pour que ce dernier réagisse exactement comme il le souhaite. C'est comme ça que il réussissait à me faire jouir alors même que nos rapports n'avaient plus rien de consentants... A ma grande honte, mon téton s'érige sous sa caresse. Mes ongles s'enfoncent douloureusement dans mes paumes tandis que j'essaie de refreiner un haut-le-cœur. Comme s'il se décidait enfin à prendre mon malaise en considération, Kale met fin à mon supplice et éloigne sa main de ma poitrine.
- Ne t'inquiète pas, mon amour. Je n'ai pas l'intention de te prendre par la force, dit-il en se penchant vers moi de façon à ce que nos regards soient à la même hauteur.
Puis il sourit.
- Je préférerais que nos enfants soient conçus différemment.
Quoi ?
Je recule d'un pas. Kale se redresse, visiblement fier de son effet.
- Pris dans la tourbillon de notre échange, j'ai complètement oublié de t'en parler tout à l'heure : j'ai profité que tu sois encore sédatée pour te faire retirer ton implant contraceptif. D'après le médecin il faudrait à attendre au moins six mois que tu retrouves un cycle normale mais nous pouvons commencer à essayer dès que possible. Qui sait ? Nous pourrions être agréablement surpris...
La salle de bain se met à tourner autour de moi. Kale me rattrape avant que je ne heurte le sol. Je m'agrippe à ses bras pour retrouver l'équilibre.
Il a oublié de dire qu'il a fait retirer mon implant ? Non... En croisant son regard, je me rends compte que Kale délecte littéralement de ma surprise.
Il l'a fait exprès !
Non... Je ne peux pas le laisser me mettre enceinte !
Prise de panique, je finis par le lâcher et recule de quelques pas.
Il ment... Il dit ça uniquement pour me faire peur !
Sans le quitter des yeux, je palpe la face interne de mon bras gauche, à la recherche du petit tube que j'avais l'habitude de sentir à cet endroit... Rien. A la place, mes doigts tremblants rencontrent un espèce de film qui protège une entaille verticale.
- C'est de la colle biologique, m'informe Kale en suivant mon regard.
Impossible !
Comment ne l'ai-je pas remarqué plus tôt ?
- Je ne peux pas... Tu n'as jamais voulu d'enfant !
C'est tout ce que mon cerveau en ébullition trouve à dire.
Ressaisis-toi !
- J'ai changé d'avis, répond Kale avec indulgence comme s'il s'adressait à une attardée.
Il fait un pas vers moi, ce qui me fait aussitôt reculer. Kale continue jusqu'à ce que je me retrouve acculée contre la cabine de douche. Là, il pose ses mains sur mes épaules. Je le repousse d'une secousse.
- Nous allons fonder une famille.
- Je ne peux pas tomber enceinte ! je m'écrie.
Le peu de calme qu'il me restait fond comme neige au soleil tandis que Kale semble toujours maître de lui. Il a réussi à complètement retourner la situation à son avantage !
Le salaud !
- Tu es en parfaite santé, ma chérie. Je pense qu'il s'agit plutôt d'une question d'envie que de pouvoir...
- Tu as raison : je ne veux pas d'enfants de toi ! je crache.
Nullement impressionné, Kale éloigne quelques mèches de cheveux de mon visage.
- Ma pauvre chérie...
Pourquoi fait-il ça maintenant ? Est-ce pour se venger de la manière dont j'ai réagi la première fois qu'il m'a parlé de son désir d'enfants ? Je ne peux pas laisser une telle chose se produire !
- Si tu me violes et me mets enceinte, je ferai en sorte d'avorter...
- Quoi ? coupe-t-il en m'attrapant brusquement par le bras. Tu tuerais notre enfant ?
Kale sert désormais mon bras à me faire mal.
- Tu n'as jamais raté une occasion de me traiter de monstre mais pourtant tu parles de tuer un être innocent juste parce que j'en serai le père ? Me détestes-tu donc à ce point ?
- Je...
Malgré son ton dur, la main libre de Kale descend jusqu'à mon ventre qu'il caresse presque avec tendresse avant de prendre mon sexe en coupe. Mes mains s'agrippent à son avant-bras pour l'empêcher d'aller plus loin.
- Dis-moi, ma chérie... Qui est donc le plus monstrueux de nous deux ?
- Kale...
- QUI ?!
Son cri me fait sursauter.
Kale pose son front contre le mien et soupire lourdement.
- Tu auras beau lutter, j'aimais tu n'auras le dernier mot à ce le sujet. Non seulement je te mettrai enceinte mais je m'assurerai également que cette grossesse arrive à terme ! Aujourd'hui tu me détestes mais je peux t'assurer que tu finiras pas te faire une raison, dit-il avant de me lâcher. Toi et moi sommes destinés à être ensemble. Il ne te reste que deux choix possibles.
Je lève le regard vers lui tandis que mes yeux se remplissent de larmes.
- Soit tu acceptes que jamais je ne te laisserai me quitter, soit le reste de ta vie à mes côtés ne sera plus qu'une lente descente aux enfers, ajoute-t-il. Je ne demande qu'à te combler, Araceli. A toi de choisir.
Kale se dirige ensuite vers la sortie où il marque un arrêt avant de me lancer un regard par-dessus son épaule. Ses yeux ont désormais la couleur d'un ciel de tempête.
- Douche-toi, ordonne-t-il avant de sortir.
Mon Dieu... Ce n'est pas comme ça que les choses étaient censées se passer !
Tu en es sûre ?
Les jambes en coton, je me laisse glisser par terre et ramène les jambes contre ma poitrine puis pose mon front sur mes genoux.
Le raclement du bois contre le carrelage me fait lever la tête. Kale est revenu avec une chaise qu'il place pile devant la porte avant d'y prendre place.
- Au cas-où il te prendrait l'envie de commettre une bêtise, justifie-t-il en croisant les jambes comme si de rien était. Fais comme si je n'étais pas là.
Je suis partagée entre l'envie de l'insulter et celui de me rouler en boule. Comment espère-t-il que j'ignore sa présence ? Le simple fait de sentir son regard suffit à me donner la nausée ! Je repose ma tête sur mes genoux tout en maudissant Ethan Miller. Pourquoi ai-je laissé cet homme me convaincre de jouer à son jeu ?
- Je peux savoir ce que tu fais ? lance Kale.
Je décide de l'ignorer malgré tout.
Si je m'en étais tenu à mon plan, je ne serais pas dans cette situation ! Il y avait plusieurs couteaux sur la table tout l'heure. Tout ce qu'il aurait fallu, c'est d'en attraper un et... Non mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Même si j'avais réussi à blesser Kale, comment aurais-je pu quitter cet endroit ? Je n'ai aucune idée de comment sortir d'ici !
« Détrompez-vous, mademoiselle Grant... Vous êtes loin d'être insignifiante. Et tout me porte à croire que ce plan a de meilleure chance de réussir si vous avez une idée de ce qui est réellement en jeu. »
Oui et je suis terrifiée à l'idée de ne pas y arriver ! A cet instant, j'ai l'impression d'avoir surestimé mes forces au point de croire que je pourrais tenir tête à Kale. Et de là le tuer ? Il lui a suffi de quelques mots pour m'ébranler !
Il veut des enfants...
A cette pensée, je secoue vivement la tête. Il n'est pas question que cela se produise. Mais comment l'empêcher d'atteindre son but ? Physiquement, je pourrais rien faire s'il décidait de me prendre. Et si comme il l'a dit tout l'heure, je tombais enceinte plus tôt que prévu ? Comment m'y prendrais-je pour me débarrasser du...
« Tu tuerais notre enfant ? »
Malgré le désarroi que provoque cette idée, je m'efforce de réfléchir objectivement... Durant notre échange, Ethan Miller a fini par deviner que si je consentais à revenir auprès de Kale, c'était dans le but de le tuer. Voilà pourquoi il a autant insisté pour que je n'en fasse rien. Il m'a promis que Kale paiera pour tous les crimes qu'il a commis « en temps voulu ». Le plus important étant de neutraliser l'Ordre. Il y a quelques années, je me voyais en défenseuse de la Justice. Je voulais devenir une journaliste non seulement pour le prestige mais surtout pour faire éclater la vérité. J'avais un goût certains pour les mystères et l'enquête... Si à l'époque on m'avait parlé d'une organisation mondiale capable de renverser des pays entiers dans le simple but de faire du profit, j'aurais ri tant ce scénario ressemble à ces théories du complots dont regorge le net. Mais après tout ce que j'ai vu, je ne vois plus le monde de la même façon. Je ne souhaite à personne de tomber sur un homme comme Kale... Et savoir qu'il en existe des centaines voire des milliers comme lui me remplit de terreur.
Un enfant qui grandira avec un père comme Kale finira forcément comme lui . Il n'y a qu'à voir ce qu'il est devenu grâce à sa mère...
Il sera aussi une part de toi !
Mais est-ce que cela suffira à le protéger de la folie qui coule dans les veines des Richardson ? Je ne suis moi-même pas un exemple de stabilité, comment m'y prendrais-je pour le protéger de Kale ?
« Tu n'as jamais raté une occasion de me traiter de monstre mais pourtant tu parles de tuer un être innocent juste parce que j'en serai le père ? »
Je ne suis pas un monstre...
« N'en as-tu pas marre de constamment devoir te sacrifier pour protéger des personnes qui au fond, n'en ont rien à foutre de toi ? »
Je suis prête à tout pour protéger ceux que j'aime mais quand est-il des autres ? Ces milliers de visages inconnus ? Kale a parlé tout à l'heure des personnes que ses semblables et lui manipulent... Par expérience, je sais que certaines circonstances peuvent conditionner les êtres humains au point de les rendre capables d'actes horribles mais est-ce pour autant entièrement la faute de leur environnement ou est-ce plutôt une conséquence directe de leur propre choix ? Certaines personnes choisissent sciemment la voie de la haine. Tenter de préserver ces inconnus vaut-il vraiment la peine que je risque d'être enfermée ici pendant que Kale me violera coup sur coup jusqu'à me mettre enceinte ?
Ai-je vraiment la force de ternir jusqu'à ce que la CIA en ait fini avec lui ? Et si ça prenait des mois... Des années ? Ethan Miller m'a donné sa parole qu'il m'aiderait à quitter cet endroit mais que restera-t-il à sauver ? Admettons que nous l'emportions contre ces criminels, est-ce que cela suffira à empêcher les gens de se diviser ? Le monde tel que nous le connaissons est loin d'être parfait. En quoi mon sacrifice y changera quelque chose ? Combien ont essayé avant moi ?
Tu n'es pas un monstre ! Souviens-toi de qui tu es !
Qui suis-je donc ?
Tu es plus forte que tu ne le penses !
Il y a encore de l'espoir...
Et tu n'es pas seule ! Souviens-toi de tous ceux qui se battent à tes côtés !
Ce n'est pas la première fois que je me retrouve aussi désemparée. Même au fond du trou, les braises de l'espoir ne se sont jamais vraiment éteintes. C'est cette force qui m'a poussé à toujours me relever après chaque chute. Je me dois de donner un sens à tous ces sacrifices. Autrement toute la sueur, les larmes et le sang versés n'auraient servi à rien. Si j'abandonne maintenant, la rage qui brûle en moi aurait tout aussi bien fait de me consumer.
Ignorant la douleur qui pulse de mes côtes, je me redresse. Au cause de l'effort fourni, même respirer devient douloureux.
Une fois débout, je pousse la porte vitrée de la douche puis entre à l'intérieur sans accorder le moindre regard à Kale. Après plusieurs tentatives, je réussis à régler la douche grâce au panneau tactile devant lequel sont alignés plusieurs savons de grandes marques. J'en choisis un au hasard et commence à me frictionner avec autant d'efficacité que me le permettent mes côtes fêlées. Le pommeau de la douche étant fixé au plafond, mes cheveux retrouvent complètement mouillées. Malheureusement je n'aurais pas la force de les laver...
Malgré le martèlement des jets contre le carrelage, j'entends distinctement les coups frappés contre la vitre. Kale me fixe depuis l'extérieur, un sourire énigmatique sur les lèvres. Je lutte de toutes mes forces contre l'envie de couvrir ma poitrine et mon sexe.
Il me fait alors signe d'arrêter l'arrivée d'eau tandis qu'il retrousse les manches de sa chemise.
Qu'a-t-il encore en tête ?
Il attrape une serviette sur la pile soigneusement disposée sur un petit meuble.
- Sors, je vais t'aider à laver tes cheveux, dit-il.
J'hésite une fraction de seconde avant de faire ce qu'il me demande. Kale m'enveloppe dans la serviette dès que je sors de la douche puis me demande d'attendre pendant qu'il récupère derrière le miroir accroché au-dessus de lavabo de quoi laver mes cheveux. Je profite qu'il ait le dos tourné pour observer la pièce. Cette salle de bain est si grande que l'on pourrait facilement y caser l'appartement que Bliss et moi partagions à la fac. Elle dispose d'un toit vitré qui l'inonde de lumière naturelle. Le blanc et le chrome domine dans la pièce, plusieurs lierres sont suspendus au plafond. Mes pieds s'enfoncent dans le tapis moelleux disposé devant la douche tandis que mon regard est attiré par la porte entrouverte qui donne sur le dressing.
- Approche, dit-il Kale en me tendant la main.
Il me reprend ensuite la serviette avant de m'aider à entrer dans la baignoire qui occupe une bonne partie du mur du fond. Elle est tellement grande que six personnes pourraient y prendre place sans se gêner les uns des autres.
- Pourquoi fais-tu ça ? je demande au moment-où Kale ouvre le robinet après s'être assis sur le rebord de la baignoire.
- Parce que je veux prendre soin de toi, répond-t-il d'un ton surpris.
N'ayant rien d'autre à dire, je me détourne de lui et le laisse mouiller mes cheveux.
Lorsque j'étais à Napa puis dans la réserve entourée de personnes qui ne voulaient que mon bien, il m'était beaucoup plus facile de me croire capable d'affronter cet homme. Séparée d'eux, je vais devoir trouver la force de tenir. Je me suis laissée surprendre par le poids de mes émotions tout à l'heure... A l'avenir je ferai attention à la manière dont je réagis face à lui.
Kale masse mon cuir chevelu avec douceur avant de rincer le shampoing dont l'odeur de fruité embaume l'air. Il démêle ensuite mes cheveux avec une patience qui me surprend. Qui aurait cru qu'un dangereux psychopathe comme lui mettrait autant de soin à s'occuper des cheveux de sa prisonnière ? La situation me ferait presque rire...
- Détends-toi, dit-il en rinçant à nouveau mes cheveux. Je ne te veux aucun mal.
La proximité de Kale est comme un poison qui érode le mur de ma volonté mais il n'est pas question qu'il me brise à nouveau.
°°°
Bonsoir tout le monde ! J'espère que les deux nouveaux chapitres vous ont plu, je compte publier la suite avant la fin du mois. Plein de bisous,
S.