2. Un Agent en Tenue Collante

By LauraScala

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Dans cette mission, deux choses contraries Alix Arsor. La première ? Elle se fait enlever, ligoter, et traîne... More

Prologue
Chapitre 1 : La Mariée Virile
Chapitre 2 : Bas Blancs et Talons Aiguilles
Chapitre 3 : Le Boulet
Chapitre 4 : Vengeance à Tous les Etages
Chapitre 5 : Le Negresco
Chapitre 7 : Menaces Publiques
Chapitre 8 : Retour de Flamme
Chapitre 9 : La Trahison d'une Spirit
Chapitre 10 : Salon de Danse pour Sexagénaire
Chapitre 11 : Braquage en Jupette
Chapitre 12 : Les Mots en "A"
Chapitre 13 : Prisonniers
Chapitre 14 : Le Cri du Goret
Chapitre 15 : Au Travers des Mensonges
Chapitre 16 : Nouvelle Vérité
Chapitre 17 : Les Aveux d'un Fils
Chapitre 18 : Au Palais des Velvet
Chapitre 19 : Les Funérailles d'un Fantasque
Chapitre 20 : Ombre et Lumière
Chapitre 21 : Hallucination
Epilogue
C'est fini !

Chapitre 6 : Kidnappé par un Alien

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By LauraScala

            Il n'y avait qu'un seul sous-sol. Par contre, il couvrait toute la superficie du Negresco. Ce qui impliquait, encore une fois, de chercher une aiguille dans une botte de foin.

            Mon pistolet au poing, j'avisais les longs couloirs blancs. Ils se ressemblaient tous. Les portes métalliques donnaient sur des chambres froides, d'autres sur les caves à vins, les gardes mangers, les réserves de draps et de linges de maison. Mais surtout, au fin fond des sous-sols, une porte était surveillée par deux hommes à la mine patibulaire.

            D'un calme propre à toutes mes missions, je pris le temps de réfléchir, plaquée contre l'un des murs. Je n'avais plus droit à l'erreur. Aussi silencieuse qu'une ombre, je me glissai dans l'une des pièces, dans le couloir parallèle à celui des gardes. Des piles de draps y étaient stockées, dans une ambiance chaude et sèche. Au milieu, des robots bas de gamme, sans visage humain, repassaient le linge propre.

            Les lunettes baissées sur mes yeux, j'effleurai une zone tactile, dissimulée sur l'épaisseur du verre. Aussitôt, des lignes clignotèrent, venant se superposer sur ma vision de la pièce. Les bords des murs étaient soulignés, mais surtout, ce qui se trouvait dans le plafond, dans le sol était exposé à ma vue. Connectée directement aux fichiers du service d'intervention, j'avais ainsi accès à toutes les cartes des lieux où je me trouvais. En l’occurrence, le Negresco n'avait plus aucun secret pour moi.

            Parfait. Un conduit d’aération passait au-dessus de moi, se ramifiant certainement dans tout le sous-sol. Il devait empêcher l’humidité de s’accumuler dans les pièces.

            -Vous n'avez rien à faire ici.

            Le robot repasseur me considéra, attendant une réponse. Son visage fait des fils et de barres de métal attestaient les économies faites sur le petit personnel. Je lui fourrai mon badge sous le nez ; attendant qu'il le scanne. Vu l’âge du modèle, cela prit quelques secondes. Quand ce fut fait, il se détourna, comme si j'avais été effacé de sa mémoire.

            Je grimpai sur les étagères, au milieu de la pièce. Aucun robot ne tenta de me stopper, même lorsque je saisis la grille dans le plafond. Scellée. Le courant se répandit le long de mes doigts, faisant fondre les barreaux. Je me poussais, afin d'éviter les vilaines brûlures pouvant être causées par le métal en fusion. Ma peau était modifiée, mais pas dans son intégralité, il y avait des limites !

            Me hissant à la seule force de mes bras, je me glissais dans le conduit d'aération. Les ténèbres étaient totales, néanmoins mes lunettes me permirent de me guider. Veillant à ne faire aucun bruit, je rampais, horriblement lentement. Viktor se trouvait cinq mètres après le virage. J'avais tout juste la place pour me déplacer, aussi fus-je ravie d'avoir perdu du poids. La remarque de Darius au sujet de feu mon bonnet D me revint. A sa tête de toute à l'heure, la vue devait toujours être satisfaisante. Mais j'étais vexée. Il n'avait aucun tact, le cuistre !

            Quand, enfin, j'atteignis la grille donnant sur la pièce de Viktor, je ruminais encore ma vengeance sur Darius. Les paupières plissées, je remis mes lunettes sur mon front. Là, je voyais bien mieux ce qui se passait en dessous.

            Un garde allait et venait, visiblement inquiet. Il ne cessait de regarder un brassard à son bras, sur lequel défilaient des informations, à toute vitesse. Des informations de ses comparses, peut-être. A première vue, rien d'autre. A cause de la grille, je ne pouvais pas distinguer les angles, là où Vik se tenait certainement.

            Je réitérais la manœuvre électrique sur les barreaux, prenant garde à ne pas le faire lorsque le Spirit passait en dessous. Puis je la fis glisser dans le conduit d’aération. A l'instant où le rebelle repassait, je me laissai tomber dans la pièce. Sans lui laisser l'occasion de se tourner, je lui tranchai la gorge. Consciente de l’absence d'autres adversaires, j'accompagnai le corps dans sa chute.

            Le cœur battant, j'attendis. Mais la porte resta close. Bien.

            Viktor, les genoux ramenés devant lui, les yeux bandés, les mains attachés, m'adressa un grand sourire. Il m'avait reconnu sans me voir ?

            -Merci, Alix.

            -Oh, Vik, si tu savais comme je me suis inquiétée ! Murmurai-je en le débarrassant de ses entraves.

            Le petit garçon de six ans se jeta dans mes bras, sans peur. Je le serrais étroitement contre moi, soulagée. Il allait bien. Vivant, en bonne santé. Marqué par l’expérience ? Je ne le savais pas encore, mais au moins l’avais-je retrouvé.

            -Viens mon cœur. Nous devons sortir d'ici au plus...

            Un bruit sourd raisonna dans l'immeuble, ébranla toute la pièce. De la poussière tomba du plafond, me faisant resserrer ma prise sur Vik. Une explosion ? Qu'est-ce que...

            -Ricki ! Crièrent les deux gardes en ouvrant la porte à la volée. Nous devons...

            Mon cœur faillit jaillir de ma poitrine. Avec le petit dans les bras, je n'allais jamais pouvoir atteindre mon pistolet à temps ! Je devais... Deux coups de feu retentirent. La seconde suivante, ils s'écroulaient sur le sol, Darius m'apparaissant couvert de sang, un grand sourire aux lèvres.

            -Alors, heureuse de me voir ?

            -Tu es blessé ? Demandai-je, sourcils froncés.

            -Nan, c'est pas à moi. Viens, nous devons sortir d'ici au plus vite.

            Je lui emboîtais le pas, nullement gênée par le poids de Viktor. L’adrénaline courrait dans mes veines, me rendant capable de tout. Néanmoins, ma position d'agent gouvernemental ne pouvait laisser les choses en l'état. Je confiais le petit à Darius, tandis que j'ouvrais la voie. Cela ne lui parut pas lui faire plaisir, mais je ne lui laissai pas le choix. Ma conscience ne supportait pas de mettre un civil en première ligne.

            -L'explosion, c'était toi ? Demandai-je en courant dans les couloirs, pistolet au poing.

            -Manœuvre de diversion. Ça t'a plu ?

            -Pas particulièrement. Le Negresco va te détester.

            -Oh, ma chérie. Quand tu es plein aux as, on te pardonne à peu près tout, crois-moi.

            Ce n'était pas faux. Sans ralentir, j'ouvris la porte du sous-sol, donnant sur le rez-de-chaussée. Les centaines d'invités étaient évacués dans un grand affolement, leurs costumes laissant quelques souvenirs dans leur sillage. Mais je ne vis aucune figure Spirit.

            Sans un mot, je fis un signe de tête à Darius. Il m’emboîta le pas, affichant une mine aussi anxieuse que celle de ses convives. Ce ne fut une affaire de minutes avant de nous retrouver à l’extérieur. Sur le pont de verre reliant le Negresco à la ville volante de Nice. La plupart des personnes avaient déjà atteint l'autre côté, tandis que la police était mobilisée. Déjà, je pouvais voir les aéromotos à leur couleur se ruer vers nous, des hommes dessus. Avec eux dans notre camp, Viktor était sauf...

            Une pluie de balle ricocha sur le pont, nous coupant net des autres. Darius lâcha un juron identique au mien. Qu'est-ce que... Les aéromotos firent un arc de cercle dans les airs, pour revenir vers nous. Dans notre dos, les derniers invités retournèrent en hurlant vers le Negresco, terrorisés. 

            -Ce n'est pas une bande de casse-bonbons volants qui vont m’arrêter, grondai-je en tirant un aimant de l’intérieur de ma tenue.

            Je la chargeais en électricité, si intense que Trivari recula prudemment. Les yeux curieux de Viktor me scrutaient. Une, deux... Trois ! Au moment où ils passèrent au-dessus de nous, je lançai mon aimant chargé à bloc. Il se colla à la coque de l'un des appareils. Immédiatement, le pilote en perdit le contrôle. Ils auraient très bien pu tomber sur Terre, mais ils percutèrent la deuxième aéromoto, les faisant toutes deux s'écraser à l'autre bout du pont. Dont les plaques de verres se fissurèrent, dans un craquement de mauvais aloi.

            -Ça va céder. Darius, cours !

            Nous pivotâmes vers le Negresco, pour y trouver refuge. Car déjà, des pans entiers se détachaient pour tomber sur Terre, déstabilisant toute la structure sous nos pieds. Avec ses inverseurs de gravités, l’hôtel était notre seule chance de survie. Sauf qu'à l'autre bout, des silhouettes pointèrent des pistolets sur nous, prêtes à faire feu. Non... Non, non ! Le pont s'écroulait derrière nous, détachant la plateforme du reste de la ville. Nous ne pouvions plus faire machine arrière ! Nous étions...

            -Il va falloir me faire confiance ! Rugit Darius, à l'instant où les tirs crépitèrent dans l'air.

            Il m'attrapa par la ceinture m'attirant à lui sans ménagement. L'instant suivant, il sautait par-dessus la rambarde du pont... et nos hurlements, à Viktor et moi, raisonnèrent jusqu'en Chine ! Agrippée à Darius, je cherchais une explication logique à son comportement, car vraiment, nous allions tous mourir !

            Mais soudain, tout sembla se dématérialiser autour de moi. En moi. Trivari se décomposa en pixels sous mes yeux, s'évanouissant à l'instar de Viktor dans les airs. La seconde suivante, je disparaissais à mon tour, mon cri faisant de l'écho dans les rues de Nice...

            … Pour me fracasser le coccyx sur une plaque de métal.

*

            Darius fracassa son poing sur sa montre, en tentant de stopper les « bips » incessant qu'elle émettait. Cela, bien entendu, ne servit à rien. Maudit soit Cadwall, et son habitude de faire des choses indestructibles ! Au moins aurait-il pu... Le sifflement d'un laser que l'on chargeait lui fit arrêter ses vitupérations internes.

            Remise du choc du transfert, Viktor dans son dos, Alix le fixait d'un air belliqueux. Avec sa peau rouge et ses cheveux bruns, elle était méconnaissable. Néanmoins, elle avait perdu ses lentilles dans la bataille, dévoilant de nouveau ses beaux yeux vairons. La tache au tableau ? Le pistolet pointé sur lui.

            -Quoi ?

            -Comment as-tu mis la main sur une unité de transfert portative, Trivari ?

            -Mmh ?

            -C'est du matériel militaire, insista-t-elle. Qui es-tu ?

            Il plissa les paupières. Elle était sérieuse ? Alors qu’il venait de la sauver !?

            -C'est mon meilleur ami. Évidemment qu'il a droit à ce type de technologie.

            Cadwall ! Le ciel soit loué ! Il avait rarement été aussi heureux de le voir ! Les mains dans les poches de son costume, son génie d'ami leur adressa un petit sourire satisfait. Cette pièce aux murs insonorisés, il l'avait construite de ses mains. Partit d'un prototype volé au commissariat de Toulon-Sur-Air, il avait bonifié le modèle à des vues personnelles. Il avait gracieusement prêté un modèle à Trivari, pour cette mission quelque peu risquée.

            Alix lui adressa un regard méfiant, avant d'abaisser son pistolet. Aussitôt, elle se tourna vers le petit Viktor, qui lui fit un grand sourire en lui sautant dans les bras.

            -Alix ! S'exclama-t-il, avec un petit rire. J'étais certain que tu viendrais !

            -Oui, mon grand. Tu vas bien ?

            Darius haussa un sourcil. Il ne s'attendait pas à cela. Elle semblait très bien connaître le garçon. A sa façon de le tenir contre, de lui caresser doucement les cheveux, il était évident qu'il n'était pas simplement un otage à secourir.

            -Oui. Ils ne m'ont rien fait. Je me suis juste un peu ennuyé.

            -Si ce n'est que ça... Oh, Vik, tu tombes de sommeil.

            -Il y a une chambre pour lui, intervint-il. Venez.

            Il prit d'autorité l'enfant, dont les petits bras se serrèrent autour de son cou. Avec ses cheveux bruns et ses grands yeux, il était adorable. De plus, une intelligence certaine brillait dans son regard orangé. Tandis qu'ils quittaient la pièce de transfert, pour les appartements luxueux de Cadwall sur Toulon-Sur-Air, Viktor se pencha à son oreille, l'air conspirateur.

            -Tu es amoureux d'Alix ? Chuchota-t-il.

            Darius haussa un sourcil, avant d'éclater de rire face à son sérieux. La Spirit lui jeta un coup d’œil intrigué. Elle n'avait pas dû entendre.

            -Qu'est-ce qui te fait dire ça, mon grand ?

            -Toi.

            -Moi ?

            -Oh, un lit... Cela fait des jours que je n'en ai pas vu !

            Le garçon sauta de ses bras, pour se jeter sur le matelas. Darius l'observa, surpris. Cela faisait quoi, cinq minutes qu'ils se connaissaient ? Et il faisait déjà ce genre de remarque. Il reconnaissait bien là le fils de Velvet. Alix le serra de nouveau dans ses bras, le berça doucement, jusqu'à ce qu'il s'endorme. Il se sentit soudain de trop. C'était une scène à laquelle il n'était pas censé assister.

            -Tu saignes, lança Cadwall lorsqu’il revint dans le salon. Ta montre s'affole.

            -Mmh ? Ha, oui.

            Il attrapa l'araignée que lui lançait son ami, afin de la laisser entrer en action. Lui ne savait pas où il avait mal, mais elle trouva la zone sans problème. Il ressentit le chatouillement de ses petites pattes sur lui, sans éprouver la moindre douleur. Dire que certains considéraient cela comme un avantage...

            -Tu ferais presque peur, comme ça, rit Cadwall. Tes cornes sont une image à toutes tes ex ?

            -Mes exs ? Je n'en ai qu'une seule, rétorqua-t-il en venant s'écrouler sur le canapé à ses côtés.

            -Ha oui, c'est vrai. Tes conquêtes ne franchissent jamais le cap de la semaine. C'est Alix, ton unique ex ?

            -Oui. Et je t'assure que je ne l'ai jamais trompé. Où se trouve Flaméne ?

            -Mmh ? Au boulot. Avec les dégâts causés par ta dernière soirée dans la ville, elle a du travail. D'ailleurs...

            Il appuya sur un écran holographique. Un bulletin d'information spécial s'afficha devant eux, avec un son clair et étonnant. Celui d’une cacophonie de protestations, de cris de peurs. Évidement. Ils montraient le Negresco, partit à la dérive dans l'espace aérien de Nice, avec des invités terrorisés au premier plan.

            « -Nous ne comprenons pas encore ce qui s’est passé ici, fit la journaliste, habillée à la va vite. Mais il semblerait qu'une attaque se soit produite lors d'une fête du très célèbre Constance Trivari. Tous se demandent si cet homme, connu pour ses frasques, n'aurait pas volontairement déclenché l'explosion dans le Negresco. »      

            Cadwall lui donna un coup de coude.

            -Hé. Tu avais vraiment besoin de tout faire sauter ?

            -Je devais faire disparaître les preuves.

            -Oh ?

            Son ami se tourna vers lui, l'air soudain plus intéressé. Jusqu'à présent, il considérait les événements comme un de ses nouveaux caprices, pour nuire à son ex nouvellement ressuscitée. Mais son ton laissait entendre des choses biens plus graves.

            Darius tripota ses cornes, sourcils froncés. Alix se trouvait toujours dans la chambre, il n'avait pas à s'en faire.

            -Ces hommes sont des Spirits. Ils font partie des évadés de la prison de Corse.

            -Oh, mince, gémit Cadwall. Si Flaméne l'apprend, elle va en faire une maladie.

            Effectivement. En la sortant de ladite prison, Aaron avait réussi l'évasion la plus spectaculaire de toute l'histoire, mais aussi celle de centaines de Spirits. Instables pour la plupart.

            -Or, Alix est celle qui a envoyé la majorité d'entre eux en prison. De plus, ils se trouvaient dans l'appartement au-dessus de ma soirée « Mariée », et au Negresco. Ils disposent de moyens très importants, sans compter les méchas militaires.

            -Ça sent mauvais, résuma son ami.

            -Ça sent mauvais.

            -Qu'est-ce qui sent mauvais ?

            Ils se tournèrent vers Alix. Derrière elle, la porte était close, avec tant de discrétion qu'ils ne l'avaient pas entendu. C'était parfois une plaie, d'avoir un agent autour de soi.

            -Moi, fit Darius en sautant sur ses pieds. J'ai besoin d'une bonne douche.

            -Mmh, moi aussi, grommela-t-elle en fronçant le nez. Mais je dois d'abord contacter le père de...

            Il l'attrapa par la taille, coupant court à sa diatribe sur son devoir.

            -Tais-toi. Tu as aussi mauvaise mine que le gosse Velvet.

*

            Je fus entraînée contre mon grès dans la salle de bain, tandis que Cadwall prenait grand soin de nous ignorer. Trop fatiguée pour réellement protester, je m'affalais aussitôt sur le rebord de la baignoire.

            -Quels liens entretiens-tu avec le père Velvet ? Demanda Darius, en tripotant ses cornes.

            -Mmh ? Une connaissance de longue date. Pourquoi ?

            -Tu sembles particulièrement amie avec son fils.

            -Évidement. Je le connais depuis des années. Ce n'est pas pour rien qu'il a fait appel à moi pour retrouver Viktor.

            -Mmh...

            Il parvint à ôter l'une de ses cornes. Cela produisit un « plop » surprenant. C'était ventousé à sa tête, ou quoi ? Il répéta la chose avec l'autre, ce qui parut particulièrement le soulager.

            -Ha... Maintenant, à la douche !

            -Vas-y le premier, soupirai-je. J'irais après.

            -Oh, Alix. C'est mignon.

            -Quoi ?

            La seconde suivante, je me retrouvais sous le jet douche, entièrement habillée. Le choc thermique me fit hoqueter de surprise, jusqu'à ce que j'entende le ricanement de Darius.

            -Espèce de... Je vais mettre trois heures à enlever ma tenue, maintenant ! Déjà qu'elle est collante, ça va être un calvaire !

            -Oh... Comme c'est dommage, fit-il avec un grand sourire. Tu vas avoir besoin d'aide pour l'enlever.

            L'eau se mit à ruisseler sur lui lorsqu’il me rejoignit. Le cœur battant la chamade, je me demandais comment me sortir de ce mauvais pas, lorsqu'il m'attira à lui pour un baiser enivrant. Je fus surprise par sa douceur, mais aussi par ma réaction. Collée contre lui, je savourais son contact, l'esprit libre. Avoir retrouvé Viktor était comme une autorisation. Une autorisation à sentir la chaleur de Darius, sa force que je n'avais jamais oublié.

            Seul le besoin de reprendre notre souffle nous fit arrêter. Haletants, nous restâmes un moment l'un contre l'autre, incapables de nous séparer.

            -Tu vas de nouveau disparaître, n'est-ce pas ? Murmura-t-il.

            Mon cœur se serra. Oui, je n'avais pas le choix. Rester à ses côtés impliquait de faire de lui une cible. Or, je ne pouvais pas me le permettre. J'avais déjà failli le perdre, il y avait sept ans de cela. Rester loin de lui mais le garder vivant était ma décision.

            -C'est le mieux.

            -Bon. Dans ce cas, il me reste qu'une chose pour t'amadouer.

            -Hein ?

            Il m'attira de nouveau contre lui, avec un sourire diabolique. Avec sa peau bleu sombre, le contraste était saisissant.

            -Tu n'imagines pas tout ce que j'ai appris en sept ans, Alix.

            -Tu...

            -Chaton !

            Cadwall ouvrit d'autorité la porte de la salle de bain, nous faisant tout deux sursauter.

            -Tu as intérêt à avoir une bonne raison ! S'exclama Trivari, outré.

            -Si je te dis que tu es pris en otage par un alien en rouge, ça te va ?

            Oh oh. Enroulés dans des serviettes, nous découvrîmes les dernières nouvelles sur les écrans : j'avais kidnappé Constance Trivari et un enfant non identifié. Si nul ne me connaissait, tous furent d'accord sur un point : j'avais déclenché l'explosion, provoqué la mort de quatre policiers et la dérive du Negresco. Ma tête était mise à prix.

            -Je vais m'occuper de ça, fit Darius, bras croisés. Alix, reste ici avec Viktor. Je vous dirais quand vous pourrez sortir sans risque.

            -Non, ne t'en fais pas. Je vais faire mon rapport à mes supérieurs et...

            -Non. S'ils savent que tu t'es retrouvé à mettre en danger l'une des plus grosses fortunes de France, tu vas être dans le pétrin. Laisse-moi gérer ça.

            -Mais...

            -Je suis le roi de la communication, Alix, me coupa-t-il avec un sourire charmeur.

            Sans attendre sa réponse, il alla droit sur les unités de transfert. Au même instant, mon téléphone-oreillette sonna, me vrillant le tympan. Mince, qu'est-ce que...

            « -Alix Arsor, tu peux me dire ce que tu fiches !? » rugit mon amie dans son oreille.

            -Nerys ?

            « -Est-ce que tu as le gosse ? »

            -Oui. Oui, tout va bien.

            « -Mince. D'une façon ou d'une autre, c'était un piège, Alix ! »

            Je me figeai, les yeux rivés sur l'écran holographique. Dessus, je pouvais voir le Negresco, entourés de véhicules volant qui tentaient de le stabiliser. Nerys n'était pas du genre à s'affoler pour un oui ou pour un non. Il y avait un gros problème.

            -Comment ça ? Qu'est-ce que tu as appris ? Qui a loué cet appartement.

            « -Bon sang, Alix, tu as Diaz aux fesses ! Viktor n'était qu'un prétexte pour te mettre à découvert ! ».

            Mon sang parut se figer dans mes veines. Pourtant, mon visage se mua en un masque de froideur. Du coup de l’œil, je vis l'unité de transfert s'activer, conduisant Darius à des kilomètres d'ici. Cadwall, lui, me fixait, sourcils froncés.

            « -Alix ? Alix ! Réponds-moi, bon sang ! Tu es où ? »

            -Il ne peut pas connaître mes liens avec Ronny Velvet. Ça ne tiens pas debout.

            « -Rien n'est moins sûr, bon sang ! Tu connais Diaz ! Il fera tout pour te tuer. »

            -Je sais. Nerys...

            Je fermai les paupières, cherchant désespérément une solution. Une piste d'idée. Par chance, l'adrénaline me donnait souvent de bons indices.

            -Tu vas récupérer Viktor. Je veux que tu disparaisses avec lui, jusqu'à nouvel ordre. Si Diaz est au courant, il ne sera en sécurité nulle part.

            « -Et toi ? Je ne peux pas te laisser seule ! Tu vas avoir besoin de soutien. »

            -Je verrais avec les gars de l'unité. On a une chance de mettre Diaz hors d'état de nuire. Je veux que tu me retrouves à l'appartement d'Aaron Cadwall dans dix minutes.

            « -J'arrive tout de suite. Oh, et Ronny Velvet ? On le tient au courant ? ».

            -Dis-lui simplement que son fils est en sécurité.

            Je raccrochai, sous le regard froid de Cadwall.

            -Que se passe-t-il ?

            -Rien qui ne soit de ton ressort.

            -Tu es...

            La vitre à coté de nous vola en éclat, en même temps qu'une balle se fichait dans le mur, juste entre nous. La seconde suivante, je plaquai le génie de la Mécha Entreprise, mon cœur battant la chamade.

            Nerys avait raison. C’était un piège.

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