𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡�...

By iammahera

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Selem aleïkoum. Je m'appelle Leïla, 19 ans, algérienne et je viens de Marseille. C'est mon histoire. Mon pass... More

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Flashback
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Récapitulatif De L'histoire :
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By iammahera

•Chapitre 48•

Chapitre spécial. Posez vous confortablement, ramenez vos meilleurs pop-corn et vos chips préférés.

Profitez de ce chapitre et dites moi ce que vous en pensez.

Bonne lecture

~Omniscient~

C'était un soir comme les autres où elle rentrait des cours. Elle avait refusé de passer chez son cousin Asmar car elle avait des cours à réviser. Elle n'était donc pas accompagnée de sa cousine, contrairement à d'habitude.

Leïla descendait de son arrêt de bus et se dirigeait chez elle comme chaque fin d'après-midi.

Fares était assis grossièrement dans le hall de son immeuble, presque allongé contre la cage d'escalier, un joint entre les lèvres.

Ça semblait être un jour banal. Il ne s'était rien passé de particulier. Mais il fêtait en ce jour son vingt deuxième anniversaire.

Il avait prit l'habitude de ne pas en faire tout un plat. Après tout c'était une journée comme les autres. Un an de plus ou de moins, ce n'était qu'un détail. C'était juste un an de moins avant sa rencontre avec l'ange de la mort.

La terre n'allait pas arrêter de tourner juste pour lui. Les gens continuaient de vivre leur vie. Certains mouraient, d'autres venaient au monde. Ce n'était qu'un jour banal parmis les 365 autres de l'année.

Mais il avait tout de même prit un moment pour faire le point avec lui même. Et quel meilleur moyen d'affronter ses tourments qu'en enchaînant son cinquième joint de la soirée dans un hall qu'il croyait être le sien ?

Il comptait museler ses regrets qui étaient trop forts pour être assassinés. Il était si profondément perdu dans ses pensées qu'il avait parfois des hallucinantions.

La première fois, il a vu Selim apparaître et lui lancer des phrases qui resteront gravées à jamais en lui. Il est resté silencieux et s'est contenté d'encaisser en songeant quel genre de vie il mènerait actuellement s'il n'avait pas fait des choix aussi mesquins dans sa vie.

La deuxième fois, c'était Marwa qui était apparue et qui lui disait à quel point c'était misérable de "fumer pour oublier" au lieu de prendre ses responsabilités comme un homme. Il lui a simplement répondu de le laisser tranquille en voulant éviter un conflit inutile.

Et il y avait Sofiane. Sofiane qui gisait, inconscient, dans ses bras. Sofiane qui perdait du sang à une vitesse fulgurante. Sofiane qui lui disait qu'il était désolé juste avant de décéder.

La plupart de ses pensées étaient tournées sur lui. Ses regrets le rongeaient de l'intérieur. Il aurait voulu changer beaucoup de choses dans sa vie, à commencer par cette soirée.

Il se souvenait de chaque secondes de chaque minutes de ce soir là. Son cerveau repassait en boucle cette scène sans lui donner une seconde de répit.

S'il avait réagi plus tôt peut-être, ou tout simplement s'il n'avait rien dit, peut-être que tout serait différent ? S'il n'était pas aussi têtu, peut être qu'il serait toujours en vie et encore tous ensemble. Les trois mousquetaires des temps modernes, séparés par la mort et réunis dans la souffrance.

Il s'était mit dans la tête l'idée que tout était de sa faute. Et dans un sens, il avait bel et bien une part de responsabilité dans ce drame, il fallait l'avouer.

Mais ne dit on pas que chaque événement de notre vie a été écrit des milliards d'années avant notre naissance ? Peut-être qu'il s'agissait simplement du destin. Et puis, les gens ont tendance à oublier que toute âme goûtera à la mort. Il faut savoir l'accepter.

Peu importe en tout cas, la seule chose qu'il retenait était qu'il avait causé sa mort. Il l'avait tué et avait brisé par la même occasion leur fraternité. Il était responsable de ses actes et il en assumait maintenant les conséquences.

Mais celui qui en souffrait le plus c'était bien son frère. Même s'il semblait indifférent, au fond il était celui qui avait été le plus brisé par sa mort. Même s'il s'appliquait à ne rien laisser paraître. Même s'il gardait une attitude indifférente aux yeux de tous. Sofiane était tout pour lui.

C'est incroyable comme une mort peut unir mais aussi éloigner deux personnes. Elle est plus dure à affronter pour ceux qui restent, et ces deux personnes en sont la preuve vivante.

Mais malgré tous les tourments que lui inspiraient ces souvenirs, il y avait aussi une partie de son esprit tourné vers une certaine personne qui remettait en question là plupart des certitudes qu'il avait dans la vie. Depuis plusieurs mois, son esprit divaguait vers elle et lui accordait un moment de répit dans ses lamentations.

Il se disait que le temps semblait avoir passé beaucoup plus rapidement à Marseille qu'à Paris. Les huit années passées à Évry lui semblaient n'avoir duré que quelques mois mais quand il la voyait, il se disait qu'il s'était écoulé une éternité depuis son départ.

Peut-être que c'était le joint qui le faisait divaguer comme ça. Parce qu'autrement, comment ce serait possible de voir à la fois tout et rien en plongeant ses yeux dans les siens ? Est ce que c'était un moyen de Dieu pour le punir de tout le mal qu'il avait fait ?

Elle lui causait des insomnies. Elle avait l'air exactement comme lui mais en même temps si différente. Il entendait des discours muets dans ses silences et il voyait des images défiler dans ses yeux. On aurait pu prendre son attitude pour de la maturité au premier abord, mais elle était tellement présente dans sa tête qu'il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il y avait autre chose derrière.

Et surtout, il se voyait en elle. Il voyait la manière dont elle écoutait les autres parler sans participer aux conversations, les regards qu'elle lançait au vide lorsqu'elle se perdait dans ses pensées, le ton de sa voix qui devenait parfois un peu plus grave quand elle parlait de sujets sérieux. Il avait compris que quelque chose lui était arrivé lorsqu'il n'était pas là.

Il aurait aimé savoir ce que c'était, mais il savait aussi que c'était sa vie et qu'il ne la forcerait pas à lui avouer quoi que ce soit contre son gré. S'il devait un jour savoir, ce serait car elle l'aurait décidé et pas autrement.

Il voulait qu'elle ne manque de rien et qu'elle puisse avoir la vie dont elle rêvait. Il prenait d'abord ça pour de l'amitié entre lui et une fille qu'il coïncidérait comme ça sœur.

Et c'était le cas, autrefois. Il l'aimait comme une sœur. Mais il était parti. Elle avait changé. Et ils se sont retrouvés.

S'il la considérait comme une sœur avant, ce n'était plus le cas. Il ne savait pas trop comment ni pourquoi. Il savait juste qu'elle occupait une place bien différente de celle de Marwa, mais tout aussi importante.

Il y avait une attraction physique entre eux. Ils l'avaient déjà ressenti plusieurs fois. Il fallait dire aussi qu'elle était loin de le laisser indifférent.

Elle était loin de toutes ces femmes qu'il avait pû fréquenter ces dernières années. Leïla avait naturellement ce truc qui la différenciait des autres. Il n'osait pas se l'avouer mais à ses yeux personne ne pourrait lui arriver à la cheville. Comme si c'était écrit qu'elle était la seule à pouvoir provoquer ces réactions chez lui.

En parlant de Leïla, elle venait à l'instant même de rentrer dans le hall de son immeuble et y découvrit un Fares en sale état. Un joint entre les lèvres et le regard perdu dans le vide, il était appuyé vulgairement contre l'ascenseur, seul.

Elle fût surprise de le voir dans un état aussi lamentable. Lui qui paraissait toujours impassible et qui prenait soin de son apparence, c'était la première fois qu'elle le voyait ainsi.

Il semblait vide. Ça n'avait duré qu'un court instant, mais elle crû se revoir des années en arrière pendant un court moment. Il avait les mêmes yeux ternes et vides qu'elle quand elle se regardait dans le miroir. Elle eu un pincement au cœur en se disant qu'elle ressemblait peut être à ça à l'époque aux yeux des autres.

Mais elle a reprit rapidement ses esprits et a chassé cette pensée de sa tête pour le moment. Elle voulait tracer sa route afin que personne ne puisse les surprendre ensemble et qu'on n'aille pas raconter des scénarios exagérés à son frère comme la dernière fois. Mais elle a vite oublié cette idée en l'observant un peu plus attentivement.

Elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser comme ça. Premièrement car elle ne pouvait pas laisser derrière elle quelqu'un qui avait besoin d'aide, deuxièmement car elle voulait savoir ce qui pouvait bien le mettre dans un état pareil. Et qu'est ce qui l'amenait dans le hall d'un bâtiment qui n'était pas le sien ?

Leïla: Qu'est ce qui t'arrive ?

Sa voix était calme, sans émotion apparente et elle se félicita de ne pas avoir montré à quel point elle était perturbée.

Elle ne distingua qu'un simple "c'est pas le moment s'te plaît" de sa part.

Il voulait chasser cette troisième personne qui venait encore une fois lui reprocher son comportement. Il voulait réfléchir clairement et la présence d'une Leïla, bien qu'imaginaire selon lui, allait l'empêcher de se concentrer.

Fares: Je rêve d'elle maintenant. Putain...

Il se releva et tenta de la contourner pour sortir, mais c'était sans compter sur le caractère têtu de Leïla qui lui bloqua le passage. Elle se sentit ridicule face à la différence de taille mais elle lui tint tout de même tête.

Il a soupiré face à son comportement, digne d'une collégienne.

Fares: Bouge.

Elle comprit la raison de son comportement en sentant une odeur de drogue émaner de lui. Pas étonnant après les nombreux joints qu'il avait fumé.

Leïla: Il t'arrive quoi ?

Fares: Arrête. Je peux pas te crier dessus.

Elle fronça les sourcils en lui lançant un regard perplexe mais elle se résigna finalement à le laisser passer. S'il ne voulait pas parler, elle n'allait pas le forcer. Après tout elle avait beaucoup de fierté et n'allait pas courir derrière lui.

Mais elle ne pût retenir un faible "imbécile va" sortir d'entre ses lèvres. Et malheureusement, il fit demi tour pour lui attraper le bras et la faire pivoter vers lui.

Fares: Moi, un imbécile ?

Il ne serrait pas, mais son regard de tueur en série lui déconseillait fortement de l'énerver. Elle sentit tout son courage s'évaporer en un instant. Un mot, un geste de travers et il risquait de déraper.


Fares: Tu sais plus parler ?

"Oui, j'ai pas envie de mourir" pensa-t-elle.

Il avait un air étrange qu'elle n'avait encore jamais vu. C'était différent de son air de psychopathe et de son air normal mystérieux. C'était plus profond que ça.

Elle voyait à sa façon de contracter sa mâchoire qu'il était énervé, mais ses yeux montraient quelque chose d'autre. Aucune trace d'énervement mais d'une âtre émotion dont elle n'arrivait pas à mettre un nom dessus.  Peut-être était-ce de la détresse qu'elle percevait dans son regard. Détresse qui faisait écho à la sienne, il y a de cela quelques années.


Leïla: Tu fais quoi ici ?

Elle se rappela alors de la particularité de cette journée. Elle savait qu'il ne fêtait plus ses anniversaires depuis longtemps. À vrai dire le dernier souvenir qu'elle avait de l'anniversaire de Fares remontait à tellement loin qu'elle ne s'en souvenait pas.

Fares: Pas tes affaires.

"Plus sec que le sud algérien en été pendant la canicule" se dit elle.

Il la lâcha sans un mot de plus et se détourna d'elle pour jeter le joint déjà entamé en l'ignorant. Il passa ses mains sur son visage pour chasser cette Leïla imaginaire de son hall et la faire disparaître. La vraie Leïla devait  avoir mieux à faire qu'à le hanter dans ses moments de faiblesse.

Leïla, elle, commençait à s'agacer à cause du comportement de l'individu face à elle. Il était toujours distant, mystérieux, silencieux. Après tout, même elle faisait des efforts pour sourire chaque jour qui passe, alors pourquoi n'en faisait-il pas autant ?

Pourquoi il était aussi vide ? Pourquoi il avait les mêmes yeux qu'elle ? Pourquoi il lui faisait tellement penser à elle ? Pourquoi elle voulait tellement en savoir plus sur lui ?

Elle se posait toutes ces questions, à la recherche de réponses qu'elle ne trouvait pas. Elle n'avait aucune idée de la profondeur des blessures qu'il cachait. Il avait perdu trois des êtres les plus chers à ses yeux. Deux personnes étaient mortes dans ses bras et la dernière voulait sa mort.

Il avait perdu l'envie de vivre. Pourquoi continuer de faire comme si tout allait bien alors que plus rien ne va ? Pourquoi aurait-il le droit de sourire alors qu'eux ne le pouvaient plus ? Si ce n'était pas pour respecter la promesse qu'il avait faite à son ancien lui, il aurait lâché l'affaire.

Leïla: T'en as pas marre de repousser les gens ?

C'était sorti tout seul. Elle détestait son côté bipolaire et insensible. Mais elle ne regrettait pas d'avoir dit ça. Elle voulait savoir ce qu'il cachait. Elle voulait le comprendre. Et s'il fallait le pousser à bout alors tant pis.

Elle avait beau avoir peur du feu, elle aimait plus que tout jouer avec. Mais Fares lui brûlera peut-être les ailes qui sait.

Fares: Repousser les gens ?

C'était difficile de discerner s'il était énervé ou juste fatigué. Mais une étrange étincelle brillait dans ses yeux à présent.

Fares: Tu crois que j'en ai envie ?

Elle ne comprenait pas ce qu'il sous-entendait. Bien sûr qu'il devait en avoir envie, personne ne lui mettait le couteau sous la gorge.

Fares: Tu veux savoir pourquoi je les repousse, "les gens" ?

Jamais elle ne l'avouera à voix haute, mais ça faisait des mois qu'elle souhaitait avoir la réponse à cette question. Mais cette réponse était beaucoup plus complexe que tout ce qu'elle pouvait imaginer.

Fares: J'ai juste pas envie de les voir partir. Tu vois pas ? Vous êtes tous en danger à cause de moi. Toi, Marwa, ma mère, Ilyes, Moha, Fatima, Sofiane, Selim. Comment tu veux que je laisse les gens m'approcher si c'est pour prendre le risque de les perdre ? C'est trop dur de savoir qu'ils ne sont plus là à cause de moi. Je peux pas me permettre de laisser quelqu'un rentrer dans ma vie, devenir important à mes yeux, et prendre ensuite le risque de le perdre. Il y a déjà trop de gens dans ma vie qui risquent la mort à cause de moi. Je ferais pas la même erreur une nouvelle fois, j'ai déjà donné. Je souffrirais pas une nouvelle fois.

C'était probablement ce qu'il avait consommé quelques instants auparavant qui le poussait à se confier autant. En temps normal il aurait essayé d'esquiver le sujet, ou il n'aurait simplement pas répondu.

Mais, pour une fois, il ressentait le besoin de parler. Mettre des mots sur ce qu'il cachait au plus profond de lui-même. Et qui de mieux pour se confier qu'à une Leïla imaginaire ?

Il avait l'impression qu'elle pouvait comprendre en un regard ce qu'il ressentait. Elle était la seule à qui il arrivait à confier ce qu'il avait dans la tête et dans l'esprit. Il prenait le risque de lui donner du pouvoir sur lui.

Fares: Tu sais pas ce que ça fait. Je sais pas quoi faire, ça me rend fou.

Ses paroles la troublèrent profondément. Elle ne comprenait pas ce qui de cachait derrière ce long discours. Après tout, pourquoi les gens partiraient ? Comment ça une nouvelle fois ? Et qui est ce Sofiane et cette Fatima ?

Fares: Et tu sais ce qui m'énerve le plus ? C'est toi.

Elle fronça les sourcils. Elle avait fait quoi encore ?

Fares: Ouai, j'parle bien de toi. Toi là et ton petit mètre 65 minuscule. J'sais pas ce que tu m'as fait mais j'arrive pas à te sortir de ma tête.

Il s'approcha et posa ses mains autour du visage de Leïla.

Fares: T'es partout. J'sais pas comment, ni pourquoi, mais t'es tout le temps là. Et j'arrive pas à te repousser. Le pire c'est que j'en ai même pas envie. J'pense tout le temps à toi. Je m'inquiète pour toi. Et ça m'énerve. Ça m'est tombé dessus comme ça et j'ai beau tout essayer tu pars pas. À chaque fois que j'essaie de m'éloigner faut que tu trouves un moyen pour revenir. Et si c'est pas toi qui reviens, c'est moi qui arrive pas à rester loin de toi.

Elle sentit les papillons se réveiller dans son ventre et son cœur accélérer.

Fares: Et j'en ai marre. Marre de toujours te voir si loin, de toujours m'inquiéter pour toi et d'avoir peur qu'il t'arrive quelque chose. Et le pire dans tout ça, c'est que j'peux même pas rester près de toi ou alors toi aussi tu vas finir par partir comme eux. Alors au lieu de te mettre en danger avec moi, j'préfère te voir loin, mais en sécurité. C'est mieux comme ça.

Elle posa ses mains sur ses poignets sans savoir si elle préférait s'enfuir ou s'accrocher à lui. Elle était incapable z dire un mot : jamais elle n'aurait pensé recevoir une déclaration comme celle ci et encore moins venant de Fares.

Fares: Le pire c'est qu'à part toi j'vois personne. Ya personne comme toi. T'es la seule à me faire cet effet. J'arrive pas à te faire partir. J'ai beau tout essayer, t'es là et t'es pas prête de t'en aller.

Il marqua une pause pour l'observer. Elle ne le quittait pas des jeux et buvait chacun de ses mots comme si elle en avait besoin pour respirer.

Fares: T'as vu dans quel état je suis ? À cause de toi. Qu'est ce que tu m'as fait ? J'arrive plus à me passer de toi.

Il termina son récit en passant délicatement son pouce sur sa joue, les yeux plantés dans les siens. Il venait d'avouer tout ce qu'il avait sur le cœur. Il s'était entièrement livré à elle et lui avait exposé ses faiblesses.

La balle était maintenant dans son camp.

Elle ne pût s'empêcher de sourire bêtement. Elle ressentait une joie si intense qu'elle senti son ventre se tordre une énième fois. Elle voulait lui répondre mais les mots s'emmêlaient dans son esprit et l'empêchaient de formuler une phrase. Et les seuls qu'elle réussi à prononcer furent:

Leïla: Ah bon ?

Vraiment bête n'es ce pas ?

Il venait de lui faire une presque déclaration d'amour, et c'est tout ce qu'elle trouvait à dire ? Elle regretta immédiatement ses paroles. Elle venait de peut-être gâcher la seule chance qu'elle avait d'être avec Fares.

Il fût déçu par sa réaction. Mais en même temps à quoi pouvait-il s'attendre ? Il n'y avait rien à répondre à ça. Il s'était juste ridiculisé. Il regretta ses paroles et fût lassé par cette discussion sans queue ni tête.

Fares: C'est tout ce que t'as à dire ? "Ah bon ?".

Il s'insulta intérieurement en pensant qu'elle pourrait dire autre chose. Qu'est ce qu'il s'attendait à ce qu'elle réponde d'ailleurs ? Il soupira et se retourna pour partir en pensant qu'il s'était assez ridiculisé comme ça.

Fares: C'est mieux si t'oublies tout ça.

Il fit quelques pas pour quitter ce hall, seul témoin de la confession qui venait d'avoir lieu.

Prise par un élan d'adrénaline, elle l'empêcha de partir et se replaça face à lui, comme ils l'étaient quelques minutes auparavant. Elle attrapa ses bras et ancra son regard au sien. Elle ne comptait pas le laisser s'échapper comme ça. C'était bien trop facile de parler puis de fuir.

Leïla: Fares je...

Elle ne trouvait cependant pas les bons mots pour lui répondre et se pétrifia devant lui. Elle perdit complètement ses moyens et imagina un million de scénarios.

Elle se demandait quoi lui dire. Devait elle lui avouer ses sentiments ? Et si c'était un prank et qu'elle se prenait un énorme vent suivit d'une honte qui ne la quitterait jamais ? Et si c'était juste un test organisé par on ne sait pas qui ?

Face à son manque de réponse il détacha ses mains posés sur ses bras et la contourna pour quitter cet endroit.

Fares: Je t'ai dis lai-

Leïla: Moi aussi.

Elle se lança malgré tout dans le vide. Elle allait probablement vouloir se jetter du haut d'un toit rapidement mais il faut parfois prendre des risques dans la vie. Et s'il avait réussi à lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur, elle devait faire la même chose.

Il se retourna soudainement et la fixa longuement. Il cru d'abord avoir halluciné et prit un instant pour intégrer l'information. À vrai dire il s'attendait à tout sauf à cette réponse.

Fares: Quoi ?

Elle était mal à l'aise. C'était la première fois qu'elle se retrouvait dans une situation pareille. Elle avait l'impression d'être mise à nu.

C'était difficile pour elle de parler de ce qu'elle ressentait. Elle préférait tout intérioriser et garder pour elle ses sentiments, par peur de se faire juger ou rejeter. Mais elle se devait se confier à lui, autant qu'il l'avait fait avec elle.

Elle inspira profondément et décida de ne pas avoir de regrets, peu importe l'issue de la discution.

Leïla: Toi aussi t'es dans ma tête Fares. Depuis longtemps. Je pensais que c'était juste de mon côté et que je devais t'oublier, mais moi aussi j'y arrive pas.

Il se rapprocha et posa délicatement ses mains autour du visage de sa petite tête. Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait bien avec elle. Elle était la seule personne avec laquelle il s'autorisait à être lui-même.

Et il l'avait réalisé pour la première fois ce soir là. En plus d'être attiré par elle, il avait aussi des sentiments pour elle. Il était piqué très profondément. Il est possible qu'il ne puisse plus réussir à se passer d'elle après ça.

Quand à elle. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire en admirant chaque trait de son visage afin de les garder en mémoire. Elle vivait un rêve éveillé. Qui aurait cru qu'un jour, elle aurai fini par entendre une déclaration pareille de sa part ?

Elle n'avait jamais imaginé que lui aussi pouvait ressentir cette tension étrange qui s'installait lorsqu'ils n'étaient que tout les deux. Qu'elle aussi hantait secrètement les pensées de Fares.


Fares: Leïla...

Elle voulu rester comme ça encore des heures et des heures. Mais malheureusement, chaque chose a une fin, et il fallait que quelqu'un stoppe ce moment de bonheur.

Et ce quelqu'un n'était autre que Fares lui-même.

Dans un élan de lucidité, il enleva une de ses mains de son visage.

Fares: Arrête.

Ce seul mot la ramena brutalement sur terre. Elle ne comprit pas tout de suite la situation. Il ne pouvait quand même pas mettre fin à... à ça.

Ça n'avait même pas commencé que c'était déjà fini.

Fares: Ya Ilyes.

À vrai dire c'était la principale raison qui les séparait. Un petit détail, mais tellement important.

Elle était la sœur de son meilleur ami. Ni l'un ni l'autre ne pouvaient se permettre de faire une crasse ainsi à Ilyes. Il l'aurait prit comme une trahison de leur part.

Elle se mit alors à haïr son frère pour le simple fait qu'il existait. Mais c'était ridicule, elle ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir un ami.

Elle ne pouvait pas lui en vouloir tout court. Lui qui avait toujours été là pour elle, elle ne pouvait pas lui faire un sale coup comme celui-là. Elle ne devait s'en prendre qu'à elle-même pour être tombée pour le meilleur ami de son frère.

Cette situation coûtait autant à Fares qu'à elle. Il n'avait jamais autant ressenti ce besoin de protéger autant quelqu'un et d'être à ses côtés. Il ressentait une énorme attirance physique pour celle qu'il appelait autrefois sa "petite sœur".

Il fallait se l'avouer, elle avait énormément changé. Elle avait prit de ce qu'on appelle la beauté naturelle. Et c'est probablement le fait qu'elle ne se rende pas compte de ses charmes qui la rendait encore plus attirante.

C'est à contre cœur qu'il détacha sa deuxième main. Elle senti son cœur se briser à cet instant précis. Elle ferma les yeux et hocha la tête. Il avait raison.

Leïla: Je sais.

Il replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et soupira.

Quelle scène digne d'un film de Hollywood. Le cliché parfait de l'amour impossible entre une fille et le meilleur ami de son frère. Jamais ils n'auraient pensé le vivre un jour et pourtant...

Il se retourna vers la porte en tentant de faire abstraction de son instinct qui lui soufflait de sauter sur elle.

Il avait aussi une autre raison de faire ça. Il voulait en quelques sortes la protéger. Il savait qu'elle serait en sécurité en l'éloignant de lui. Il était face à un dilemme ou toutes les issues les mettaient tous les deux dans une sacrée merde.

Elle essayait de son côté de cacher la peine présente sur son visage. Après tout elle avait encore de la fierté. Pourquoi être dans un état pareil pour quelqu'un avec qui elle savait parfaitement que c'était impossible ?

Elle devait retrouver son côté insensible pour ne pas pleurer. Du moins pas tout de suite.

Elle savait que dès qu'elle serait seule dans sa chambre, elle appellerait Layla pour pleurer en lui expliquant chaque seconde de ce qu'il venait de se passer.

L'espoir qu'il lui avait donné durant ces courtes minutes lui avait brisé le cœur.

Elle leva la tête une dernière fois vers lui pour le voir partir, et s'étonna de le voir immobile et dos à elle, une main posée sur la poignée de la porte.

Fares: Tu me casses la tête.

La voix de sa raison avait été dominée par celle qui lui hurlait de faire ce dont il avait envie depuis longtemps.

Il fit rapidement demi-tour et posa ses lèvres sur les siennes.

Elle resta d'abord figée, ne réalisant pas la situation. Elle décida simplement de se laisser aller et posa ses mains au dessus des siennes. On dit souvent qu'un geste vaut mieux que mille mots. Et ça ils l'avaient bien compris.

Ils savaient que peu importe l'issue, celle-ci ferait du mal à quelqu'un. C'est pourquoi c'était impossible entre eux. Et même s'il n'y avait pas Ilyes, ils restaient bien trop différents.

Elle était le jour et lui la nuit. Ils représentaient la lune et le soleil, l'ombre et la lumière. Deux extrêmes opposés. Mais contrairement à ce qu'ils pensaient ils avaient plus de points communs qu'ils le croyaient. Au fond ils étaient les mêmes.

Mais ils décidèrent d'oublier tout le reste le temps d'un instant. Ils n'étaient plus Leïla et Fares. Elle n'était plus là sœur de son meilleur ami et lui n'était plus le meilleur ami de son frère. Ils n'étaient que deux personnes attirées l'une par l'autre, que le destin voulait à tout prix séparer.

Deux personnes, dont le destin était encore indéterminé. Ils pouvaient aussi bien se détruire que guérir mutuellement leurs blessures.

Ils s'attiraient et se repoussaient comme des aimants. Ils étaient à la fois l'exact opposé mais ils se ressemblaient aussi sur énormément de points. Une chose est sûre, leurs destins sont et resteront liés peu importe l'issue de cette soirée.

Une part de Fares voulait la repousser car il savait qu'elle risquait gros avec lui. Mais une autre part de lui, bien trop importante à son goût, voulait rester auprès de celle qui hantait ses nuits depuis quelques mois. S'il le pouvait il ne la quitterait plus jamais.

Qui aurait cru qu'un jour l'insensible Fares se retrouverait perdu devant une fille ?

Il se sentait apaisé pour la première fois depuis longtemps. Comme si sa noirceur, ses crimes, ses remords et ses démons l'avaient enfin laissé tranquille le temps de profiter de la lumière que pouvait lui apporter cette fille qui faisait accélérer inconsciemment son cœur et qui pouvait déterminer son humeur de la semaine, voir même du mois. Elle arrivait à réchauffer son cœur froid depuis bien longtemps. Il avait beau essayer de la repousser sans cesse, son cœur ne pouvait s'empêcher de réclamer sa présence.

Il oublia pendant un instant Selim, Ilyes, Sofiane, ses drogues et tout le reste pour profiter de cette tête brune qui exerçait une forte emprise sur lui.

C'était une occasion unique de communiquer à cœur ouvert. Ils oublièrent leurs vies respectives et tout les problèmes allant avec pour vivre pleinement l'instant qui ne se reproduirait peut-être jamais.

Ils partageaient silencieusement la même attirance, mêlée à de la peine, du désespoir de la douleur et un peu de bonheur. Ils se trouvaient dans un moment de faiblesse dans lequel il était impossible de ne pas craquer.

Ils ne savaient pas quoi faire de cette attraction qu'il y avait entre eux. Devaient-ils l'ignorer ou l'explorer ? Sachant que la première option allait leur faire beaucoup de mal, la deuxième en ferait bien plus à Ilyes.

Alors que devaient-ils faire ?

~Leïla~

Il se détacha et colla son front au mien.

J'ai gardé les yeux fermés pour savourer encore un peu ce moment. Je savais qu'une fois que j'allais les ouvrir, ça allait être la douche froide.

Il recula d'un pas et se frotta la nuque.

Fares: Putain...

La réalité m'a rattrapé et en a profité pour me tirer une balle dans le cœur.

- Euh, je...


*sonnerie de téléphone*


Il se racla la gorge et regarda son téléphone.

Fares: J'dois y aller. On devra parler ... plus tard.

Si mon cœur était déjà fissuré, il venait de l'anéantir. J'étais sûre qu'il regrettait déjà.

- Oui...

Tu veux pas pleurer devant lui tant que t'y es ?

Il s'est contenté de sortir rapidement du bâtiment en silence pendant que je montais les escaliers jusqu'à chez moi en essayant de reprendre mes esprits.

Je sais pas si c'était la plus belle ou la pire soirée de ma vie.

A suivre

Il est 4 heures 21 mais puisque je viens de corriger pour la dernière fois ce chapitre autant le poster tout de suite.

J'en suis à moitié fière. Mais bon il sera jamais entièrement parfait alors autant me poster maintenant et dites moi ce que vous en pensez.

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