𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡�...

De iammahera

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Selem aleïkoum. Je m'appelle Leïla, 19 ans, algérienne et je viens de Marseille. C'est mon histoire. Mon pass... Mais

NDA
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Flashback
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De iammahera

•Chapitre 31•

~Leïla~


Je marchais vers le métro quand j'ai senti une main me retourner en attrapant fermement mon épaule. J'allais me débattre, mais j'ai perdu tout de suite toute trace d'énervement en levant les yeux vers l'inconnu.

Son visage était aussi dur qu'il était possible de l'être, et ses yeux semblaient vouloir me trancher la gorge et me voir six pieds sous terre.

Fares: Répète maintenant ce que tu m'as dis hier ?

J'ai tenté de reculer d'un pas, mais sa prise sur mon épaule me serrait tellement fort que j'ai pas pû bouger d'un micro centimètre.

Je vais mourir.

Fares: Répète maintenant.

- Tu...

Au pire s'il te tue, ce sera fini après.

C'est censé m'aider ?

J'ai grimaçé en sentant sa main sur mon épaule me serrer un peu plus.

Fares: Moi ? Un chien ? T'es sûre de toi ?

- Je veux des excuses.

Je suis folle. Je sais. Mais j'ai toujours aimé le risque.

Et j'attendais vraiment des excuses. C'était lui qui était en tort.

Fares: Tu me prends pour ton PD là ? Tu veux que moi je m'excuse ?

J'avais l'impression qu'il aurait pû me crever les yeux et m'arracher les ongles un à un puis me décapiter et cracher sur mon cadavre.

- T'insultes ma tante et mon cousin et tu penses que je vais laisser passer ça et te sourire gentiment ?

Je sais pas d'où je sortais ce courage puisque je flippais rien qu'en croisant son regard. J'arrivais à voir sa haine juste en y jetant un coup d'œil.

Te laisse pas faire.

Et si je meurs ?

Fares: Je vais te faire un rappel. Je suis ni ton frère ni ton pote. Tu penses être qui pour me parler comme ça ?

J'ai détourné le regard en réprimant un frisson. D'horreur.

J'avais peur. Je l'assume. Mais je refusais de le lui montrer.

"Fais semblant, tu finiras par y croire toi même."

- Lâche moi, j'ai pas envie de parler avec toi.

?: Excusez moi ?

J'ai tourné la tête vers la voiture...

La voiture que j'ai pas pû voir car le détraqué qui m'agressait deux secondes plus tôt m'a brusquement tirée derrière lui.

?: .. où ... la route ... Saint-Charles...

C'était une voix d'homme, avec un accent corse. J'ai pas pû entendre le reste de leur discution.

Le fou avait attrapé mon bras qu'il tenait fermement. Je voyais plus grand chose à part son dos, et j'étais trop concentrée sur les battements de mon cœur qui résonnaient dans ma poitrine pour me concentrer sur la situation.

Il savait me faire peur cet enfoiré.

Me regard est passé de son dos à ses yeux sans que je ne comprenne ce qui se passait. Il a prit une profonde inspiration et a fermé les yeux, avant de les rouvrir quelques secondes plus tard.

Alors, je vais mourir comment ?

Je pensais qu'il allait m'attraper par la gorge cette fois et m'étrangler. Mais au lieu de ça il s'est contenté de prendre mon poignet et de m'amener quelque part.

- Je t'ai dis "lâche moi" tout à l'heure. T'as pas compris ?

Fares: Si tu veux pas que je te brise le poignet tu ferais bien de te la fermer.

Il a refermé un peu plus sa main sur mon poignet.

Je pensais qu'il se serait un peu calmé en parlant à l'inconnu mais je crois que c'est tout le contraire. Sa voix était tranchante, tenter de le contredire n'aurait servi à rien.

Laissons le se calmer un moment.

Dire qu'à la base je devais aller chercher une robe.

...

Ça fait dix minutes qu'il bouge plus. Je crois qu'il est cassé.

Fares: T'allais où ?

Ah non apparemment.

- Tu t'intéresses à ma vie tout à coup ?

Il m'a lancé un regard indéchirable. Ça n'a duré qu'une seconde mais ça a réussi à me faire changer d'avis quand au fait de le provoquer.

J'ai croisé les bras en regardant à travers le pare-brise devant moi. Il m'avait amené de force dans sa voiture et avait verrouillé les portes.

- J'attends toujours des excuses. Même si c'est pas à moi que tu devrais les faire.

Il s'est contenté de mettre le contact.

Fares: Mets ta ceinture.

Il a démarré après s'être assuré que je l'avais bien écouté.

- Tu vas où là ?

Fares: J'attends que tu me dise où t'allais.

S'il veut jouer le taxi j'allais pas m'en plaindre.

- Dépose moi à Porte d'Aix.

Pour une fois qu'il se rendait utile.

Bref, on a roulé en silence un petit moment.

- T'as de la musique ?

Il a déverrouillé son téléphone  et a ouvert Spotify

Lui: Mets pas des sons de fragile.

- Comme ?

Lui: Évite tes Imen et compagnie.

Il avait de bons goûts. Mais il y avait un peu trop de PNL à mon goût.
Je vais sûrement me faire des ennemis mais je trouvais que PNL c'était nul. Il y avait une ou deux exceptions, mais en général c'était pourri. Voilà.
Des gens vont sûrement arrêter de lire mais au moins c'est dit.

Lui : T'attends quoi ?

J'ai arrêté de réfléchir et j'ai mis un son des meilleurs: D&D.

Lui: Ah. Je vois.

- Critique pas.

Lui: J'ai pas dit que j'aimais pas.

- Ça se voit à ta tête.

Lui: Tant mieux, j'ai pas besoin de le dire.

- Écoute et arrête de te plaindre.

J'ai continué de faire le DJ jusqu'à arriver à destination. Je lui ai rendu son téléphone et j'ai ouvert la portière en silence.

Je l'ai remercié dans ma tête. Je lui étais reconnaissante de m'avoir amenée mais je refusais de le lui dire à voix haute tant qu'il s'était pas excusé.

Tu vas devoir attendre longtemps.

Lui: Tu vas où là ?

Je comprenais pas le but de sa question. Me dites quand même pas qu'il veut continuer à faire le taxi.

- Bah je sors.

Lui: T'as crû que j'allais te laisser y aller seule ?

Il compte pas réellement m'accompagner là pas vrai ?

Tout est possible. On parle de Fares.

Il est sorti de la voiture sous mon regard interrogateur.

Lui: Je te suis.

Je me suis retournée en silence.

S'il veut me suivre comme un chien ok, mais pourquoi il s'énerve quand je le traite de chien en face ?

- Je vais prendre du temps, tu ferais mieux de partir.

Il n'a pas répondu et s'est contenté de me suivre. Il a passé l'après midi à m'attendre devant chaque magasin ce jour là.

...

Fares: Bon, t'as trouvé ?

- Non.

Il aura tenu deux heures avant de commencer à s'impatienter. Le prochain magasin où je suis entrée était un magasin de robes de mariées.

Fares: C'est pas toi qui vas te marier.

J'ai ignoré sa remarque bête et il est resté à m'attendre à l'extérieur. Il y avait une partie avec des caftans basiques dans la boutique. Et c'est à ce moment que j'ai eu le plus grand coup de foudre de ma vie.

C'était un caftan noir et légèrement doré, exposé sur un mannequin parmi tant d'autres. La plus belle robe que j'aie jamais vu. On aurait dit qu'elle m'appellait.

Le tissu, la coupe, les couleurs. Tout était beau. C'était le coup de foudre, comme dans les films quand la fille timide fait tomber ses affaires et que le grand joueur de foot populaire l'aide à les ramasser et qu'ils tombent amoureux au premier regard.

Et même quand je l'ai essayée, elle était parfaite. Elle traînait un peu par terre, mais sinon elle m'allait parfaitement.

- Elle coûte combien ?

Vendeuse: Deux cent cinquante euros.

Je suis tombée de haut. Très haut. De l'empire states building même.

Et je crois que le pire c'est quand j'ai appris que les deux cent cinquante euros c'était seulement le prix de la location.

Mon premier chagrin d'amour.

J'ai enlevé la robe à contre cœur, après avoir observé une dernière fois mon reflet dans le miroir.

"Adieu, tu es trop bien pour moi.

Caftan: Adieu, je t'oublierais jamais.

Moi non plus. Si c'est pas toi c'est personne."


Je suis sortie en soupirant. J'étais démotivée.

Fares: Attends moi.

Je l'avais presque oublié.

Fares: Il y en a encore pour longtemps ?

J'étais déjà triste, c'était pas le moment d'en rajouter.

- Si t'en a marre de rester tu peux y aller.

Fares: Qu'es ce que t'as ?

- Rien.

Fares: Mens mieux que ça si tu veux me convaincre.

- Il y a rien j'ai dit. Arrête d'insister.

Il était pas convaincu mais au moins il n'a rien dit de plus.

J'ai fini par perdre patience une demi heure plus tard. Soit les robes étaient pas à ma taille, soit dans des couleurs bizarres, soit trop chères, soit horrible. C'est pas pour critiquer mais on dirait qu'elles venaient de 2013.

- C'est bon, on rentre.

Fares: T'as rien pris.

- Je suis au courant.

Soit j'y vais en jean. Soit quelqu'un aura la gentillesse, la bonté et l'amabilité de me prêter quelque chose.

Fares: Tu veux aller où ?

- Chez moi.

Il a affiché un de ses habituels micro sourires qui n'était pas des sourires mais qui y ressemblaient.

Fares: Viens.

On est remontés dans sa voiture. J'étais déprimée et fatiguée. Je regardais devant moi sans réellement voir la route. Je me demandais ce que j'allais mettre. Il me restait deux jours pour trouver quelque chose.

Bref. J'étais tracassée par ça durant tout le trajet, et c'est seulement quand la voiture s'est arrêtée que je suis revenue à moi et que j'ai remarqué qu'on était très loin de la cité.

- On fait quoi ici ?

Il s'est contenté de sortir sans répondre.

C'est pas un vent c'est une tempête qu'il t'a mis.

Je suis sortie en silence à mon tour. Il a marché droit devant lui avant de s'arrêter et s'asseoir sur l'herbe.

Il m'avait amené sur une falaise.

Il va te pousser dans le vide pour se venger de l'insulte d'hier

Fares: T'attends une invitation ?

Il m'a fait signe de venir m'asseoir à côté de lui.

- J'aime pas le vide.

Il était assis à même pas cinquante centimètres du bord. Et encore.

Fares: Depuis quand ?

- Un moment.

Il m'a lancé un regard étrange qui m'a fait détourner les yeux. Il a soupiré et s'est levé pour se placer à côté de moi.

Fares: T'es loin du bord là.

J'étais environ à quatres mètres du vide. Mais je voulais pas aller plus loin. Je voulais pas tenter le diable non plus.

- C'est quand même trop près.

J'étais incapable de faire un mètre de plus sans vriller. Il a placé ses mains sur mes épaules.

Fares: Avance et dis toi que je suis là.

- En quoi ça va m'aider ?

Fares: Tais toi et avance.

J'ai soupiré et fait un pas en avant à contre cœur.

- Je ferais rien de plus.

Fares: J'ai même pas la place d'avancer.

- Va au bord si tu veux. Mais moi je bougerais pas.

Fares: Je suis venu ici pour toi alors ça sert à rien que j'y aille seul.

- Je t'ai jamais demandé de venir ici.

Fares: Allez avance.

J'ai tourné la tête pour lui jeter un coup d'œil. Pas longtemps bien sûr, je voulais pas risquer de faire quelque chose qui allait me faire la honte.

J'ai regardé devant moi et j'ai avancé. Un peu. J'arrivais à voir la mer au loin, c'était beau.

Fares: C'est déjà bien.

- Tu peux me lâcher ?

C'est pas que j'aimais pas son contact, mais j'étais pas à l'aise.

Mais j'ai regretté de lui avoir demandé ça au moment où il a enlevé ses mains de mes épaules. J'avais l'impression que j'aurais pû avancer et me jeter dans le vide à tout moment.

J'étais partagée entre la peur d'avancer et l'envie de me placer au bord. Voir de sauter.

Je savais pas doser. C'était tout ou rien avec moi.

J'avais l'impression d'être si loin du bord, mais aussi si près du vide. Ça me paralysait. Je savais pas s'il fallait que je recule ou que j'avance encore un peu.

Fares: Ça va ?

J'avais envie d'avancer. Je voulais vraiment avancer. Mais j'étais morte de peur.

- Est-ce qu'on est loin du vide ?

Je n'avais plus aucune idée de la distance qui me séparait du bord. Peut-être que c'était une trentaine de centimètres. Peut être une dizaine de mètres. Mon cerveau était confus.

Fares: Tu veux avancer ?

J'en mourrais d'envie, mais ça me terrifiait. Et je crois qu'il l'a compris car il a prit mon poignet et m'a fait avancer jusqu'à une distance raisonnable du bord.

Fares: Maintenant tu bouges plus.

J'ai hoché la tête en regardant la mer devant moi. On était en hauteur donc il y avait du vent, et il faisait froid. Mais c'était agréable. On était à environ un mètre du vide.

Un seul pas et...

Je me suis assise pour m'empêcher d'avancer. Je l'ai senti s'asseoir lui aussi, mais j'avais les yeux rivés sur la mer devant moi. J'entendais les vagues s'échouer en bas, c'était magnifique.

J'avais complétement oublié mes frustrations de la journée. Le caftan, la crise de nerfs du psychopathe, le hlel. Tout m'était sorti de la tête.

C'est dans les moments comme ça que je me disais que j'avais de la chance de vivre dans une ville sur la côte.

Fares: Si t'aimes pas le vide pourquoi tu allais sur le toit avant ?

J'ai froncé les sourcils en tournant la tête vers lui. Un doute a commencé à me prendre à son sujet.

- Comment tu sais ça ?

Il n'y avait qu'Ilyes qui savait ça. Personne d'autre. Est-ce qu'il lui aurait expliqué...?

Fares: Je le sais c'est tout. Réponds à ma question.

J'espère que non. Ilyes ne m'aurait pas trahie comme ça. Et si c'était le cas et que Fares savait plus qu'il ne laissait croire, je l'aurais tout de suite deviné.

J'ai croisé mes jambes devant moi en reposant les yeux sur la mer.

- C'est pas que j'aime pas.

Je sais pas doser, je vous l'ai déjà dit. Mais c'est plus compliqué que ça.

- J'aime pas être près du vide parce que c'est... tentant.

J'étais attirée par le vide, et ça me faisait peur. Je m'imaginais tomber, mais en même temps ça avait l'air si...

Je sais pas comment l'expliquer avec des mots. Je mourrais d'envie de me laisser tomber mais j'en avais pas le courage.

Fares: Tu faisais quoi quand t'étais sur le toit ?

J'ai haussé les épaules en songeant à mes nuits blanches sur le toit, il n'y a pas si longtemps.

- Je regardais le vide.

Fares: T'avais pas peur ?

- À l'époque je m'en fichais.

À l'époque j'étais insouciante, vous ne savez pas encore à quel point. Je me fichais de tout, tellement que j'aurai pu mourir et ça ne me faisait ni chaud ni froid.

J'ai commencé à tripoter mes doigts, la tête ailleurs.

J'étais pas bête vous savez. J'étais pleinement consciente de ce que je faisais. Mais l'idée de mettre ma vie en danger me passait par dessus la tête.

Aujourd'hui quand j'y repense, je suis heureuse d'être encore en vie.

Fares: Et maintenant ?

J'ai encore une fois haussé les épaules en posant mon regard sur l'herbe devant mes pieds.

- Maintenant c'est différent.

J'avais pas de limite avant, alors j'avais peur de rien. Mais j'ai eu une prise de conscience. Alors je ne sais pas jusqu'où je peux aller. Je n'arrive pas à me fixer une limite.

C'est tout ou rien.

Il n'a pas répondu, alors j'en ai profité pour lui dire merci.

Fares: Pourquoi tu me remercies ?

Parce que c'était la première fois que je parlais du toit sans angoisser. Parce que j'avais réussi à me confier sans regretter.

Je savais que j'allais le regretter bien sûr. J'allais avoir envie de me foutre en l'air en repensant ça. Mais pour le moment je me sentais comme d'habitude.

Et c'est pour ça que je le remerciais. Mais encore une fois, jamais il n'allait savoir ça.

- Accepte mon merci et tais toi.

Il a souri. Dire qu'on a commencé la journée par se disputer. Ça me semblait bien loin à cet instant.

On est restés sans parler un moment. Moi perdue dans mes pensées et lui je sais pas. Je profitais du fait que j'avais la conscience tranquille le temps d'un instant.

Fares: Désolé.

Au début j'ai pas compris pourquoi il avair dit ça soudainement. Puis je me suis rappellée qu'il me devait des excuses.

- Moi aussi je suis désolée.

J'étais allée un peu loin en l'insultant, c'est vrai. Mais au moins on était quittes.

Il n'a pas répondu, et j'ai commencé à laisser mes pensées divaguer. Je ne m'attendais pas à finir la journée comme ça. En fin de compte il avait bien fait de m'amener ici. Je me sentais bien.

Peut être à cause de l'endroit. Peut être à cause de lui. Sûrement les deux.

Sûrement grâce à lui.

Je l'avais remarqué depuis ma "fugue", quand il m'a amené à la plage. J'avais réussi à me détendre en un clin d'œil.

Et même si des fois c'était un sombre psychopathe lunatique à qui il manquait plusieurs cases, ça changeait rien au fait qu'avec lui j'étais bien.

J'étais sûrement aussi dérangée que lui pour l'aimer. Mais c'est pas comme si je l'avais choisi. C'est venu tout seul.

- Je sais pas grand chose de toi.

Je ne savais quasiment rien de lui depuis qu'il était revenu pour dire la vérité. J'étais curieuse d'en savoir plus. Après tout je m'étais bien confiée moi.

Personne t'a demandé de le faire.

Fares: Tu sais le plus important.

- Et le moins important ?

Fares: C'est pas important.

- Je veux quand même savoir.

Il a soupiré.

Fares: J'ai déménagé à treize ans, on s'est installés dans une cité du 91 près de mon oncle. J'ai vécu là-bas huit ans et on a fini par revenir ici.

- Je savais déjà ça mais merci quand même.

Fares: *rires* De rien princesse.

J'ai tourné la tête pour lui cacher le sourire stupide qui m'est venu. On dirait une gamine d'école.

- Pourquoi t'es revenu ?

Il est resté silencieux. Il faisait tellement pas de bruit que pendant un instant j'ai cru qu'il était mort, alors qu'il était simplement en train de regarder le vide, l'esprit ailleurs.

- T'es pas obligé de répondre.

J'ai fini par reposer mon attention sur la mer. C'était pas grave s'il répondait pas. J'étais là mieux placée pour savoir qu'il y avait certains sujets sensibles.

Fares: Je connaissais quelqu'un.

J'étais surprise qu'il se confie. Mais pour une fois que ça arrivait, j'allais pas m'en plaindre. Je voulais apprendre à connaître l'homme qu'il était devenu.

Fares: C'était un pilier pour moi quand je suis arrivé là bas. On était toujours ensemble. C'était mon meilleur ami, mon frère... mon sang. On a presque tout fait ensemble.

Il a fait une pause. J'ai pas osé prendre la parole au risque de le couper sans son élan. Après tout c'était son moment.

Fares: Il était pas parfait, mais c'était une des meilleures personnes que j'ai jamais connu. Il avait toujours les bons mots au bon moment. Et il pensait toujours aux autres avant lui.

Je n'ai même pas osé hocher la tête tant j'avais peur de le sortir de ses pensées. Il avait l'esprit très loin, sûrement dans son ancien quartier dans le 91.

Il n'a pas reprit la parole, alors j'ai commencé à imaginer cet ami dont il me parlait. À l'entendre il semblait être parfait. Et je ne doutais pas qu'il l'était à ses yeux.

J'ai froncé les sourcils en me rendant compte d'un détail subitement.

- Pourquoi tu parles au passé ?

Plusieurs hypothèses se sont immiscées dans la tête, toutes plus variées les unes que les autres.

Fares: Il est mort.

C'était une de mes hypothèses en effet.

Je n'avais encore jamais perdu un proche de cette façon, alors je ne savais pas ce qu'il traversait ni ce qu'il fallait que je dise. Alors je me suis contentée de dire l'essentie'.

- Allah y Rahmeh.

Je ne m'étais jusque-là jamais demandée qu'elle réaction j'aurai en apprenant la perte de quelqu'un d'aussi proche. Je n'avais aucune idée de comment réagir. Ce que je ressentirai. Ce que ça me ferait.

J'aurai voulu le consoler, ou lui dire quelque chose de plus. Mais je ne pouvais pas parler de quelque chose que je ne connaissais pas. Alors je me suis contentée d'écouter son silence qui en disait bien plus sur sa peine que tous les mots du monde.

Je ne me serai jamais doutée qu'il ait perdu quelqu'un d'aussi cher, ni que ce soit la raison de son retour. Je me suis rendue compte à quel point je ne savais rien de lui.

Fares: À ton tour.

Mon tour ? Mais je lui ai déjà parlé de ma vie moi.

Il ne sait pas pourquoi tu étais sur les toits lui.

- Tu connais déjà ma vie, qu'est ce que tu veux savoir de plus.

Fares: Je serai pas le seul à parler.

Je voyais pas ce que je pouvais dire. Ma vie était pas intéressante. À vrai dire, elle a été plutôt triste.

Il y a eu des hauts et des bas. Plus de bas d'ailleurs. Mais c'est comme ça.

- Mon père est mort.

Je suis pas pourquoi j'ai sorti ça. L'ambiance a tout de suite changé.

Fares: Je sais

- C'était dans un incendie, en Algérie. Ça remonte à quatre ans et demi.

Je sais pas ce qui m'a poussée à parler de ça alors qu'en temps normal j'aurai évité le sujet. Mais bon, c'était l'endroit. C'était le moment. C'était lui.

- J'étais dans la maison quand elle a prit feu.

A suivre

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