C'est sous vos yeux, pourquoi n'observez-vous jamais ?

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Ron était usé. Fatigué. Complètement lessivé. Il s'arrêta un court instant pour changer le torchon de bras, maudit brièvement ses frères et leurs inventions délicates, puis recommença à frotter mais avec sa main gauche. Ses mouvements étaient plus maladroits, mais tout son bras droit semblait en flamme.

Il était vidé. Ses yeux papillonnaient rapidement dans une lutte entre l'envie de dormir et le besoin d'être éveillé pour finir de nettoyer cette partie du laboratoire de Fred et George. Il ne lui restait presque plus rien, et la perspective de pouvoir rentrer chez lui et ne plus faire de ménage manuelle pour les prochains mois étaient extrêmement motivante.

—Ronnie chéri ?

Ron était trop épuisé pour répondre. Il l'était même trop pour essayer de savoir à qui appartenait la voix.

—Woah mec, tu as l'air...

—...d'une énorme bouse de dragon !

Ron ignora consciencieusement ses frères et balaya du regard la dernière étagère. Cela semblait propre. Il lâcha son torchon dans l'eau brune et manqua le regard mi-inquiet mi-coupable des jumeaux.

—En tout cas, bravo !

—Notre labo brille encore encore plus que les gallions chéris des gobelins !

Ron sourit malgré lui.

—En parlant de gallions, je jure sur Merlin que si je n'ai pas une prime sur mon putain de salaire, vous nettoierez votre bordel tout seuls la prochaine fois, renchérit-il en sortant de la zone spéciale.

Il en profita pour bannir l'eau sale du seau, pouvant enfin utiliser sans risque la magie, et purifia de deux sorts tout son attirail de ménage avant de tout envoyer au placard.

Il avait juste envie de rentrer. Et dormir. Longtemps.

Cela n'avait pas échappé aux jumeaux.

—Nous allons...

—Y réfléchir car après tout

—Nous ne voudrions pas

—Subir la colère de Hermione et

—Harry ! s'écrièrent-ils en synchronisation parfaite avant de feindre un frisson de peur.

Les yeux bleus de Ron furent traversées d'un éclair de malice. Il est vrai que ses deux amants étaient absolument terrifiants quand ils se concertaient pour le protéger, ou protéger son honneur. Hermione et Harry, mâchoires serrées, n'avaient qu'à se partager un simple regard — que Ron ne parvenait jamais à déchiffrer — avant que les yeux de Hermione ne se plisse définitivement de fureur et que ses poings ne viennent sur ses hanches, signe annonciateur d'une tempête de merde sur quiconque ayant provoqué sa colère — et Ron en avait fait assez fait les frais — tandis que le visage de Harry devenait soudainement lisse, trop lisse. Sa posture devenait faussement décontracté et sa voix était beaucoup trop calme, et Ron savait que les deux personnes les plus chères de sa vie avaient décidé de jeter toute prudence au vent.

C'était toujours Harry qui commençait les disputes avec un « Pardon ? » bordé de glace. La pauvre âme qui avait alors rabaissé Ron était dans une énorme merde que le roux plaignait presque. Presque. Parce que voir les deux personnes les plus chères de sa vie s'indigner quand on lui parlait mal lui donnait toujours envie de les embrasser jusqu'à plus d'air.

—n, RON !

Ron sursauta et cligna des yeux.

—Hein ?

Fred roula des yeux.

—On parlait de tes précieux colocataires qui avaient insulté notre cliente devant tout le monde quand elle a sous-entendu que tu n'étais bon qu'à ranger des boites.

OS - Incompris  Where stories live. Discover now