Le Peintre de Sang

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⚠️ Hémophobes, passez votre chemin.
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En artiste accompli qu'il était, chaque pigment sanguinolent dépeint par son esprit complexe s'ancrait à merveille sur la toile médiatique, sa célébrité s'accroissait si bien jour après jour que son unique appellation suffisait à nourrir la frénésie et l'anxiété collective occasionnée par les médias.

Télévision, radio, presse.

Son nom était sur toutes les lèvres, relayé par effet de bouche à oreille sur les réseaux informatiques, il s'insinuait dans chaque cellule du média comme un poison lent mais progressant avec assurance.

Le peintre de sang, ainsi surnommé par Scotland Yard* avait su se faire connaître en convoyant l'horreur de ses crimes aux yeux du tout récent Internet, à la bonne vieille télévision tombant dans l'oreille de la radio grésillante et des journaux décre
épis.

Jadis, relevant de la rumeur fantasque, il incarnait désormais et pour de belles années encore, le rôle de fait avéré.

Il avait étendu la connaissance de ses agissements macabres semblablement à la manière dont la trajectoire des rigoles sanglantes visait avec certitude les bondes grillagées de la pièce où il se trouvait.

S'extirpant tout d'abord d'une plaie béante, le sang dévoila ses plus vives nuances puis quitta inexorablement son hôte inerte, sa conscience se dérobant dans un sommeil éternel.

Le sillon incarnat quant à lui se divisea en chemins sinueux, faisant naître des arabesques maladroites sur le sol charbonneux qui s'écoulèrent dans les tréfonds des égouts, offrant une nouvelle couleur à l'eau crasseuse.

Le peintre se pâmait de fascination, gardant un œil brillant sur la scène qui se déroulait, il lorgnait les prunelles dilatées du moribond, observant cette vie qu'il avait dépouillée de ses propres mains s'éteindre pour de bon.

Le dernier soupir fut finalement relâché, se mélangeant et s'évaporant dans l'air incolore.

Le peintre de sang avait achevé son œuvre, il avait rendu apparente la beauté de cet homme qu'il avait aimé, il avait libéré sa couleur, son ardeur, son sang.

Tout ceci dans l'unique dessein de créer une toile, un tableau qui le représentait au mieux, qui dépassait son apparence physique, son enveloppe charnelle conservant sa grandeur à jamais par le biais d'un art noir et immoral.

Il se complaisait à admirer le contraste distinct entre le corps pâle devenu fade de par l'éclusion de sa couleur et son œuvre garnie de teintes chatoyantes.

Oui, il l'avait tué, il l'avait aimé, il s'était tenu à ses côtés et ce, comme tous les hommes le précédant et tous ceux qui suivraient car il aimait le rouge par dessus tout.

Car le rouge symbolisait colère, rage et haine tout autant qu'amour et passion.

Ce qui était effrayant chez le peintre juvénile, n'était pas ce trait si commun à de nombreux tueurs connus, lui agissait toujours avec candeur, comme un enfant animé avec une curiosité propre à cet âge, il avait aimé ses victimes avec respect et platonisme.

Abruptement, un son mit cours à ses réflexions incessantes, le souffle d'une respiration erratique résonnait dans l'air, alors qu'il crut percevoir l'ombre d'une silhouette, il s'approcha à pas feutrés, curieux de voir ce qui se produirait en suivant.

Le Peintre de Sang Where stories live. Discover now