Grandes mains | Seungbin

(3)

- Je ne le recommanderais pas. - Seungmin est intervenu. -Le bébé est prématuré et très fragile... je ne sais pas si elle résisterait.

- D'accord, je... - Changbin s'est levé rapidement, encore un peu étourdi par toute les informations. - Je dois y aller, préparer les choses de l'enterrement... J'ai... - Il a essayé de formuler une autre phrase, sans succès.

Il a juste marché hors de la pièce aussi vite qu'il a pu, passant par le brun et le regardant fixement avant d'atteindre le couloir. Seungmin sentit son corps frissonner entièrement et se préparait déjà à entendre le sermon de Chan, quand son bipeur a sonné.

- C'est elle... - Dit-il en ayant reconnu l'appel des soins intensifs.

Il n'a pas salué ou même demandé la permission, il voulait encore moins attendre l'ascenseur. Il descendit les escaliers en glissant à travers les marches. Il sentait sa respiration s'arrêter, il courait beaucoup de fois comme ça, mais maintenant c'était différent.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? - Il a demandé dès qu'il est entré dans le lieu, reconnaissant le docteur qui tentait de ranimer le bébé.

Seungmin a paniqué. Le même bip continu d'il y a quelques heures résonnait à nouveau et il ne pouvait même pas se permettre de fermer les yeux, parce que la vision de Changbin le regardant intensément envahissait ses pensées. Le temps semblait s'arrêter. Tout autour semblait silencieux. Le médecin disait des choses que Seungmin ne se souciait pas de comprendre; il ne se souciait que du moniteur. Le brun a seulement réalisé qu'il retenait son souffle quand il a lâché tout l'air en une seule fois. Les battements étaient revenus.

- Cet enfant veut vraiment vivre... - Le docteur aux cheveux noirs s'est tourné pour le regarder. - Elle a eu trois arrêts cardiaques en dix minutes.

- Hyunjin, tu es le meilleur cardiologue au monde. - Seungmin rit nerveusement, en essayant toujours de reprendre son souffle.

- Peut-être que je le suis. - Il sourit, frappant légèrement sur l'épaule de son ami. - Mais Jaeun ne tiendra pas une autre, Seungmin. Les battements sont beaucoup trop faibles.

- Elle doit tenir... - Dit Seungmin presque dans une supplication tout en la regardant respirer lentement. - C'est une question d'honneur maintenant.

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Changbin est descendu de la voiture découragé. Les cernes profondes et sombres étaient visibles sur sa peau. Il n'avait pas dormi depuis qu'il avait perdu sa femme et maintenant qu'il allait lui dire au revoir pour la dernière fois, c'était comme si plusieurs couteaux lui avaient transpercé le cœur.

Il marchait sans se presser jusqu'au petit groupe de gens qui se réunissaient autour du cercueil sur le point d'être enterré. Il reconnut ses beaux-parents et sa belle-sœur qui étaient dos à lui, et se préparait à les saluer quand la femme aux cheveux bouclés remarqua sa présence.

- Tu penses faire quoi ici ? - Demanda la femme, le regardant avec dégoût et énervement.

- C'était ma femme. Vous ne pouvez pas m'empêcher de faire ça.

- Maintenant, je peux vraiment pas t'empêcher de faire ce que tu veux, n'est-ce pas? Regarde ça, ma fille est morte. Morte, Changbin. Tu es heureux ? Tu as détruit ma famille comme je l'avais prédis.

- Ce n'est pas ma faute, Hyejin. - Il s'est défendu, maintenant attirant le regard de pitié de sa belle-soeur.

- Jiwoo avait un avenir, elle avait des projets... Ma fille avait tant de désir... - La femme ferma les yeux pour empêcher les larmes d'en sortir. - Jusqu'à ce que tu te pointes avec ce stupide amour, avec ton petit esprit sans ambition. Tu as pris ma fille et tu l'as jetée dans un cercueil. J'espère que tu es satisfait.

- Hyejin, allons-y. Ce n'est pas la peine. - L'homme à côté d'elle a demandé.

- Non, Jaesang ! Il doit écouter ! - Elle répondit d'un ton plus élevé, se détachant des mains de son mari.

- Il en a assez entendu et il n'y a rien d'autre à dire ou faire ici. - L'homme a insisté.

- Tu ne voulais pas être peintre, Changbin ? Prends une toile et peint un tableau de la tombe que tu as creusée pour ma fille.

- Je l'aimais, Hyejin. Jiwoo était l'amour de ma vie et elle ressentait la même choses. On n'était pas prêts pour cet enfant maintenant, mais elle est venue et c'est une grande tristesse qu'elle grandisse sans sa mère... - Changbin sentait des picotements sur son nez et ses yeux. Il voulait pleurer, mais il ne donnerait pas ce plaisir à ma belle-mère. - Ça ne me dérange pas que vous la connaissiez. - Il complète, faisant rire le couple plus âgés.

- La connaître ? Tu crois vraiment que je veux un contact avec cet enfant maudit ?

- Maman, ne parle pas comme ça ! Elle a notre sang aussi, et elle est innocente, ce n'est pas de sa faute !

- Personne n'est coupable, pas vrai ? Personne... Ah, Haeyoung, tu es une autre déception dans ma vie. - Elle a commenté, faisant la blonde baisser la tête. - Je n'ai aucune envie de connaître cette inutile. J'aurais pu faire un effort pour ma fille, mais elle n'est plus là.

Jaesang réussit finalement à éloigner sa femme de là et fut suivi par sa fille cadette. Changbin se tenait devant la tombe qui avait été fermée il y a quelques minutes. Il se sentait en colère contre lui-même pour avoir été si rêveur. Il voulait juste une famille, il voulait juste être heureux. Après avoir perdu ses parents, il s'est tellement renfermé que tout semblait sans couleur. Mais quand Jiwoo lui avait sourit pour la première fois, toutes les couleurs étaient là à nouveau, surtout le rouge, qui symbolisait la passion écrasante qu'il avait ressenti immédiatement. Et maintenant, il était seul encore une fois.

Il s'est souvenu des mots prononcés sur le médecin il y a quelques jours, puis la vérité est tombé. Ce n'était pas Kim Seungmin le coupable de la mort de sa femme, mais lui-même. Seo Changbin. Il était un rien, un zéro, un raté. Il a détruit la vie de plusieurs personnes à la fois, comme quelqu'un qui renverse une rangée de dominos et il ferait probablement ça avec sa fille aussi. La fille qu'il n'avait pas encore rencontrée; il n'avait pas eu le courage. Il ne savait pas à quoi ressemblait son visage ou son odeur, et c'était peut-être mieux ainsi, puisqu'il avait pris une décision.

De retour à la voiture, Changbin ouvrit son portefeuille et sortit la carte qu'il avait pris à la réception de l'hôpital. Il a débloqué le téléphone et composa le numéro indiqué. Il a démarré l'appel, sentant sa main se gelé soudainement.

- Allô? - La voix féminine s'est prononcée de l'autre côté de la ligne et Changbin semblait avoir perdu sa voix. - Allô? Quelqu'un est là ?

- Bonjour... - Il a hésité. - Mon nom est Seo Changbin. Vous êtes bien de l'agence d'adoption?

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Je ne veux rien entendre. C'est du talent, j'aurais pas fait mieux !