Dur de travailler en Muse-ique...

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- Myy life, you electrify myy life, fredonnait Sophie en gribouillant distraitement.

Sébastien soupira à nouveau à côté d'elle et ses doigts cessèrent de voleter au-dessus du clavier de son ordinateur. Il l'observa une seconde, elle était en train d'esquisser un homme devant un micro, aucun rapport avec l'illustration qu'il lui avait demandée.

- Soph, tu travailles ? Je te rappelles qu'on doit boucler ce chapitre aujourd'hui, ça ne va pas le faire si tu n'es pas concentrée. J'ai un public qui attend de voir mon travail.

- On a un public qui attend de voir notre travail, corrigea Sophie en passant un coup de gomme sur son dessin. Tu m'as demandé quoi, déjà ?

- Pose ta gomme, s'il te plaît.

Elle obéit sagement en se retenant de bouger les lèvres en même temps que celles de Matt Bellamy qui chantait Starlight. Il planta son regard noisette dans le sien, l'air sévère. Il lui décrivit pour la quatrième fois l'illustration qu'il lui demandait de lui faire, mais elle n'écoutait toujours pas. Elle nota ce qu'il disait dans un coin de page de cahier pour y penser plus tard, et attendit qu'il ait fini de parler pour se remettre à son dessin de Matt. Elle voulait réussir à donner à son dessin cette étincelle qui rendait son regard bleu si unique, mais ce n'était pas gagné...

Sébastien abandonna vite l'idée de la reconcentrer, tant qu'elle aurait cette musique hypnotisante dans les oreilles, elle serait incapable de travailler correctement. Mais ça serait bien trop cruel de lui retirer ses écouteurs, vu le bonheur dans lequel elle semblait nager, alors il laissa couler, ça lui passerait sûrement.

À la fin de la journée, le petit croquis de Sophie était devenu une belle aquarelle colorée, et elle était plus que satisfaite de l'éclat qu'elle avait donné aux yeux. Elle sourit en voyant le résultat, signa dans un coin et rapporta la feuille chez elle. Elle résolut d'acheter un cadre dès le lendemain pour mettre à l'abri son œuvre. Elle en était très fière, pour une première ; cette voix était décidément très inspirante, mais elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait quand elle l'entendait. Elle travaillait, les yeux mi-clos comme ceux d'un chat, et quand elle coupait sa musique et rouvrait les paupières, elle se rendait compte qu'elle avait fait naître une œuvre d'art sur le papier.

MattnessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant