Sans issues

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Un silence de plomb, glacial et puissant. Puis une mélodie s'ensuivit. Adrien, les genoux tirés vers son torse tentait tant bien que mal de comprendre l'étendue de la situation. Ses muscles refusaient de lui répondre, si bien qu'il ne pouvait voir autre chose que ses genoux. Ses doigts glacés criaient à l'aide et la mélodie ne s'arrêtait pas. On aurait dit un morceau de flûte au fond duquel on aurait agrémenté des cliquetis. Cliquetis habituellement agréables mais qui, à cet instant-là, donnaient à Adrien des frissons douloureux.

Le sol était aussi froid que les doigts du jeune blond. Il devinait qu'il s'agissait d'un parterre en granite poli. L'atmosphère de la pièce était effrayante. Pourquoi cette musique ?

Finalement, les muscles du blond se relâchèrent, comme libérés. Il en profita sur le champ et leva ses yeux vers la provenance du bruit. Devant lui. Ses mains se crispèrent.

La pièce était si vaste qu'il était difficile pour des yeux normaux de distinguer la fin de cette étendue de granite poli. De gigantesques poutres s'étendant jusqu'au ciel semblait-il et c'était à peine si on devinait la couleur bleue sombre du plafond. Adrien avait l'impression d'être au fond des abysses d'un océan froid et sans émotions. Seul la musique et l'air qu'il inspirait lui laissait penser le contraire.

Aux côtés tournés vers l'intérieur de la pièce brillaient des flammes bleues, si vives que l'on pouvait s'aveugler à trop les fixer. Leurs vacillations imitaient le rythme d'un cœur en panique et pour Adrien, ce n'était pas des plus rassurants.

Finalement, sortis de leur ankylose, les muscles du jeune homme se contractèrent et lui permirent de se redresser, au moins jusqu'à la hauteur de trois pommes. Toujours à terre, il tenta de se relever, mais un violent tournis le cloua au sol, si bien qu'il faillit se fracasser le crâne.

Pour plus de sécurité, du moins pour le moment, il décida de ne pas se lever. Mais qu'est-ce qu'il faisait dans un endroit comme celui-là ?

Ce jour-là, si sa mémoire voulait bien lui permettre le délice de mettre ses souvenirs en place, son père projetait de l'emmener dans un endroit inconnu. Du haut de ses 10 ans, Adrien était content de pouvoir faire de nouvelles choses avec son géniteur, si taciturne d'habitude.

Maintenant, avec cette mélodie si étrange, que devenait le monde ?

Le jeune homme inspira à fond et se releva, non sans quelques hésitations. Lorsqu'il parvint à se tenir sur ses deux jambes, il passa ses mains froides sur son visage. Le contact de sa peau le rassura un peu, mais la mélodie ne cessait de l'assourdir elle.

_ Adrien, chuchota une voix féminine. Adrien...

La voix semblait flétrir, aller et venir, sans véritable conscience et existence. Adrien tourna la tête dans tous les sens. Il voulait se ressaisir et en même temps, souhaitait savoir d'où provenait la chose. Sans succès.

La mélodie qui s'était un instant arrêtée reprit de plus belle, comme pernicieuse. Adrien ne put longtemps rester sans trembler de peur devant toutes ces horreurs encore immobiles qui l'entouraient. Où était-il ? Que faisait-il ?

Soudain, une voix grave le prit par surprise :

_ Adrien. Dis-moi.

On aurait dit la voix de Gabriel Agreste. Qu'est-ce qui... Une voix effrayante. De ce qu'il en savait, le blond avait l'impression d'avoir entendu un jeune père, dangereux narcissique qui tentait de faire croire à tout le monde qu'Adrien se trompait dans sa décision. Et ce, dans le but unique de l'oppresser jusqu'à le faire plier sous ses ordres.

_ Qu'est-ce que tu comptes faire ? Dis-moi.

Cette fois-ci, s'en fut trop. Ses jambes ne tinrent plus et le garçon s'affala au sol. Il ramassa à nouveau ses jambes vers lui et des larmes de détresse se mirent à couler.

_ Adrien, ne t'inquiète pas.

Et à présent, il s'agissait de la voix féminine. Bien plus rassurante. Si douce et avenante en comparaison avec l'autre qu'Adrien releva la tête, les yeux ronds. Son souffle était saccadé par la terreur, mais un espoir infime de voir son père revenir le chercher, pour l'emmener dans un endroit sûr, l'attrapa par derrière.

Mais l'horrible voix ne tarda pas à revenir griffer l'esprit du blond :

_ Qu'est-ce que tu mijotes ? Adrien ! Qui est ton père ? A qui dois-tu obéissance ?

Le jeune blond leva ses mains à la hauteur de sa tête et baissa le regard, effrayé à nouveau. Son cœur se serrait, de plus ne plus fort. Sa gorge ne se privait pas, elle non-plus, de n'en faire qu'à sa tête. Il avait l'impression d'étouffer. Qu'est-ce qui lui arrivait ?

_ Adrien. Mon prince ! Tu ne dois pas faire ça. Résiste !

Tout redevint noir. Et l'Adrien présent se réveilla de ses convulsions.

A terre, au pied de la Tour Eiffel, Chat Blanc observait le carnage qu'il avait engendré. Une larme coula le long de sa joue. Il n'avait pas obéi à son père. Il n'avait pas suivi sa dulcinée. Il était à présent seul, et les flammes bleues qui constituaient son cœur battaient de plus en plus lentement, à mesure que son espoir s'amenuisait. 

Normalement je devrais faire des trucs plus consistants et moins vides de sens dans les jours à venir T-T

Lumi-chan 

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⏰ Last updated: Jun 02, 2020 ⏰

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