Bonne et mauvaise nouvelle

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Le téléphone sonna Hélène prit le combiné, dit allo, écouta puis raccrocha.

Elle était pâle mais soulagée.

Cela faisait des mois qu'elle s'angoissait dans l'attente du verdict sur la garde de ses enfants.

Son ex-mari, avocat, au fait des lois et de leurs maniements, réclamait la garde des enfants, sans droit de visite pour leur mère, qu'il déclarait folle et de vie dissolue. Et voilà que tout s'était fini brutalement, Bertrand venait de succomber à un accident de la circulation. La haine qu'elle nourrissait à son encontre marquait encore les plis de sa bouche où naissait à présent la joie d'une mère.

- C'était qui ? demanda Julie en entrant dans le salon.

- Appelle ton frère ma chérie, j'ai une dure nouvelle à vous annoncer.

Les enfants furent très triste de savoir leur papa mort , même si à leur âge, sept ans pour la fille et cinq pour le garçon, la mort ne représentait qu'une longue absence, un peu comme un droit de garde sans visite. C'est d'ailleurs de cette façon qu'Hélène leur avait présenté la chose : Leur père avait été puni. Il avait voulu faire disparaître leur maman à la vue de ses enfants, et c'était lui qui avait disparu.

Quelques jours plus tard la famille se retrouva au cimetière. L'enterrement fut très digne et très sobre. Les enfants pleurèrent, Hélène fit semblant. Le soulagement qu'elle éprouvait se transforma bientôt en gaieté contagieuse à la maison. Les enfants qui avaient pris l'habitude de voir leur mère morne et abattue, se sentaient moins meurtris dans ce nouvel environnement affectif. Ils partageaient sans comprendre cette euphorie, même si au fond de leur coeur manquait l'amour de leur père .

C'était les vacances de Noël et Hélène avait pris quelques jours de congés pour garder ses enfants et profiter de leur émerveillement. Ensemble, ils avaient joué aux petits chevaux, étaient sortis semer leurs rires dans les bois, avaient empli leurs yeux de féeries devant les vitrines animées des grands boulevards.

Fatiguée, Hélène s'était couchée tôt ce soir là. Elle dormait du profond sommeil que procure le bonheur quand on lui tira la jambe.

- C'est toi Cyril ? demanda-t-elle d'une voix douce encore ensommeillée.

Personne ne répondit.

- Julie ! appela-t-elle en essayant de se soustraire à l'empire des songes.

- C'est moi ! dit alors une voix.

A ces mots Hélène se réveille totalement et se retourne. Une ombre est au pied de son lit. Atterrée, elle fixe l'imposante silhouette qui la domine. Et quand ses yeux percent enfin l'obscurité, un cri s'étrangle dans sa gorge.

- Surprise ! Ma chérie !

Bertrand fixait Hélène de toute la haine que peuvent exprimer des yeux.

- Toi ! Mais tu es mort !

- Rien ne m'empêchera d'exercer mon droit de garde et de soustraire les enfants à ton influence néfaste. Certainement pas une histoire de frontière soit disant infranchissable.

- Que me veux-tu ?

- Rien ! En tant qu'Avocat, je me devais de te prévenir de la décision que j'ai prise d'emmener les enfants avec moi ! Au plaisir de ne plus te revoir.

Un léger souffle souleva les fins cheveux d'Hélène. La présence avait disparu. Hélène alluma sa lampe de chevet pour découvrir la chambre vide et paisible. Elle laissa la lampe allumée et s'endormit d'un sommeil agité dans l'angoisse d'une autre apparition. Rien ne vint plus troubler sa nuit.

Au réveil, elle se souvint confusément d'un cauchemar horrible qu'elle essaya aussitôt d'oublier.

Le Droit de GardeWhere stories live. Discover now