On est tous épuisés, incapables d'encaisser ou de donner le moindre coup supplémentaire. Kal est donc obligé de stopper l'entraînement, ne cachant pas sa déception et son mépris à notre égard. Cet entraînement avait plutôt l'allure d'une torture, et ce n'est que le début : le pire reste encore à venir et il nous l'a bien fait comprendre.

Après le cours, on retourne dans notre chambre avec Éria, et on y invite Adam, bien que la présence d'un garçon dedans soit strictement interdite. Un peu d'écart dans le règlement ne peut pas faire du mal après l'humiliation que Kal nous a fait subir.

— On ne devrait pas faire ça. Kal doit avoir les yeux partout, lance Adam, pas rassuré du tout de se savoir dans une chambre féminine.

Éria hausse les épaules d'un air amusé.

— Il n'a aucune raison de se pointer là. T'as peur de lui, Adam ? sourit-elle d'une voix malicieuse.

Son interlocuteur hausse les épaules et secoue la tête.

— C'est juste qu'on ne sait pas de quoi il est capable. Ce mec a des snipers à la place des yeux. Il sait tout, réplique le garçon.

Il s'assoit sur son lit, à côté d'elle, juste en face de moi. Je replie mes genoux contre ma poitrine et m'adosse au mur. Une douleur au niveau de l'estomac me dérange. Les nausées reprennent.

— Tu as mal quelque part ? me demande Éria, comme si elle lisait dans mes pensées.

Je secoue la tête, en essayant de lui accorder un maigre sourire.

— Ça va passer.

— En tout cas, merci encore d'avoir pris ma défense, Lana. Je ne voulais pas que tu combattes à ma place, tu sais... me confie Adam, visiblement embêté que j'ai été amenée à prendre sa place.

— Aucun problème, Adam. Il n'avait pas à te rabaisser de la manière dont il l'a fait.

— Où as-tu appris à combattre de cette manière? me demande la jolie rousse en plongeant son regard dans mes yeux pour m'analyser.

— Seule, la majorité du temps, même si j'ai pris quelques cours.

J'ai répondu sans émotion dans la voix. Éria plisse les yeux et secoue légèrement la tête.

— Ça me paraît bizarre. Tu as tellement de talent, ça crève les yeux. Tu as quand même réussi à frapper Rudis au visage. C'est quand même assez... déroutant.

Je sens qu'elle doute de moi. Mais pourtant, ce que je dis est vrai. Mon entraîneur principal jusqu'à hier a été moi-même. J'ai en effet pratiqué des sports de combat en loisirs pour perfectionner ma technique, mais les cours étaient loin d'être au niveau de ce que demande Kal.

Je hausse les épaules.

— J'ai toujours aimé combattre et m'y suis intéressée très tôt. Avec de la motivation et de la détermination, on arrive à de bons résultats.

Éria finit par hocher la tête dubitativement. Elle poursuit alors la conversation avec Adam.

— Et toi ? Tu as appris à combattre ?

— Bah oui. Mon père m'a payé des cours.

Peut-être qu'il sait se battre, mais en réalité, il est évident que sa force physique est insuffisante. Les autres garçons du groupe sont bien plus robustes et musclés que lui, et je crains que cela ne lui porte rapidement préjudice.

— Et toi, comment tu es arrivée là ? lancé-je à Éria.

Elle n'a que très peu parlé d'elle depuis le début et je la trouve bien mystérieuse. Elle pose beaucoup de questions mais ne répond pas beaucoup aux nôtres.

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