-Tu m'as encore laissée toute seule au cour de sur Françoise! s'exclama ma meilleure amie avec une mine boudeuse. Tu sais pourtant que je hais les cours de mathématiques! Je ne peux pas y survivre sans toi!

- Une première vue tu n'es pas morte ... lui rétorquai-je avec un clin d'il. Sais-tu ce que je préfère entre une cour de maths ennuyeux à mourir et un bon livre?

- Laissez-moi moi deviner ! Tu es encore restée dans ce grenier transformé en ce qu'il appelle un dortoir, à lire ce vieux grimoire plein de poussière et dont l'utilité est proche de zéro si sur éliminer le fait que ça ferait un excellent combustible.

- Ne dis pas ça, si tu l'avais lu ... Tu ne pourrais pas dire ça. Éloïse n'avait jamais aimé la conférence, à mon grand désespoir, mais elle n'avait malheureusement pas tort; il faudra tôt ou tard que je trouve de nouvelles conférences.

- Si tu le dis ... C'est toi l'experte après tout. Bernadette a dû être folle de rage!

- Ça je te le confirme! lui répondis-je en roulant des yeux.

- Plus qu'un an, un an et nous quitterons cet endroit pour ne jamais y revenir .... Est ce que tu t'en rends compte?

C'était étrange de songer à quitter cet endroit ... nous avions décidé de nous inscrire dans une école de droit et de devenir avocates. Enfin déjà faudrait-il qu'on arrive à passer le concours d'entrée de la fac de Georgetown. Alors non, non je ne m'en rendais pas compte. Mon amie avait toujours eu un sens de l'optimiste à tout épreuve, mais je me demandais souvent comment elle faisait pour penser à un brillant avenir, où tout nous réussirait forcément. Hum.Bien loin de la réalité.

Éloïse avait toujours eu les yeux rieurs, une bouche fine et de grandes boucles blondes qui encadraient son visage d'ange. Mais il ne fallait pas si méprendre, ma meilleure amie pouvait devenir un vrai petit démon quand on lui demandait d'exploiter son côté rusé et malicieux; elle se transformait alors en une lionne prête à charger un troupeau de gazelles.

Nous continuâmes de parler de tout et de rien jusqu'à notre table habituelle où nous retrouvâmes nos deux amis, James et Éric, qui s'étaient auto déclarer gardes du corps de demoiselles en détresse. Je croyais d'ailleurs savoir qu'ils voulaient entrer dans la police ... ou dans l'armée; à vrai dire ils changeaient sans cesse d'avis, à mon grand désarroi.

Nous discutions de nos projets de semaines lorsque la mère supérieure, aussi appelée la vielle vache, le pôle nord ou la sorcière sans cur, une femme sèche et froide comme une nuit d'hiver, nous interrompit.

Elle était accompagnée par sur Bernadette.

-Eva Rowsling? demanda-t-elle à la ronde

- Ici, répondis-je, me demandant à quelle sauce j'allais être mangé. Ce n'était pas la première fois que je séchai les cours mais on ne m'avait jamais amenée chez la mère supérieure pour autant.

Celle-ci me toisa un long moment; elle aurait voulu découvrir quelle face de ma «personnalité décadente» j'allai bien pouvoir lui montrer cette fois-ci.

Depuis que l'on m'avait traînée dans son bureau pour vol sept ans auparavant, elle avait rajoutée quelques mots des plus enthousiastes au sujet de ma personnalité, de mon caractère et aussi de ma sociabilité dans mon dossier. A croire qu'elle ne voulait pas que je me fasse adopter. Et cela avait bien fonctionné, vue que j'étais encore ici. Encore heureux qu'elle n'ai pas réglé mon compte sur mon bulletin scolaire ... qui, j'avoue, été plutôt bon.

Le pole nord reprit finalement:

- Quelqu'un souhaite que vous voir.

Mes amis me questionnèrent du regard, ce à quoi je répondis en secouant la tête. Qui aurait bien pu venir me voir?

Les Enfants Perdus d'ItlitWhere stories live. Discover now