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Putain. j'ai trop mal à la tête, fait chier. J'ouvre les yeux, ma bouche est toute pâteuse. J'analyse vite fait ce qui m'entoure. Bon, c'est pas ma chambre, elle est plus bordélique que la mienne (je savais pas que c'était possible). Waw, me bourrer autant la gueule pour que je ne me souvienne plus avec qui j'ai fini, pathétique la meuf. Je me lève, je vois que je porte encore mes sous vêtements de la veille, mais je porte un tshirt et un short beaucoup trop grands pour moi. Ça doit appartenir à un mec, vu la forme. Je grimace, ça fait trois fois dans la même semaine. Quelle vie de merde. Je commence à chercher mon téléphone et mes fringues. J'entends des bruits de pas et la porte s'ouvre.

"- Alors, ça dort enc... Ah bah non., s'écrie un mec brun, tout fin et élancé. (C'est qui lui ? Le mec avec qui j'ai couché ?) Alors, t'as passé une bonne nuit ?, demande t-il, en se jetant sur le lit.

Je lève les yeux vers le ciel et reprends ma recherche de téléphone et fringues.

- T'as perdu ta voix ? En même temps vu com...

Qu'est-ce qu'il est chiant bordel.

- Tu veux quoi ? La vérité ? Je me souviens pas comment j'ai atterri ici, qui t'es, alors tes remarques sur la baise je m'en passerai merci. Tourne toi je me rhabille.", lui lançai-je, exaspérée.

Je l'entendis se rapprocher de moi. Je me retournai, prête à lui crier de me foutre la paix deux secondes, mais une porte claqua, et une voix de femme cria qu'elle était de retour et des bruits de pas se rapprochèrent. Le mec eut un air paniqué, attrapa ma main et m'entraîna dans un placard à balais (je sais, chelou dans une chambre... en même temps j'ai quand même trouvé une casserole et un bout de porte-manteau pendant mes fouilles). Je commençai à me débattre, mais il me regarda d'un air suppliant, alors je retins mon fou rire. La porte de sa chambre s'ouvrit à la volée, la femme hurla « Antoiiiine » et, devant l'absence de réponse, soupira bruyamment et ressortit en claquant la porte, puis en claquant une autre porte, celle de l'entrée je pense. J'explosai de rire, et lui aussi.

«- Enchanté Antoine. On vient d'éviter qui là ?, demandai-je entre deux moments de rires

- Ahem... Ma mère ?, répondit-il, encore plus gêné

Mon fou rire redoubla. Le placard à balais était super étroit, je le sentis se crisper. Je me rendis compte qu'on était littéralement l'un sur l'autre. Mon fou rire s'arrêta, pour laisser place à un petit rire nerveux. Il dut s'en rendre compte lui aussi, car il essaya de se décoller, en vain.

"- Au fait...

- Oui ?

- On a pas couché ensemble... Hier soir t'étais totalement déf' sur les quais, t'allais limite te jeter dans la Seine, alors j'ai voulu te ramener chez toi, mais tu disais que t'aimais pas ta coloc' de merde parce qu'elle était pète couilles, du coup je t'ai ramené chez moi, et tu t'es endormie direct.", dit il d'une traite, en me fixant.

Aïe. À mon tour d'être gênée. Ma vie pue vraiment la merde en ce moment. Je baissai les yeux, marmonnai un truc bidon et poussai la porte du placard. Je sortis, et me remis à chercher avec colère mon sweat. Putain mais j'allais pas sauter dans la Seine quand même, aka le fleuve le plus dégueulasse en France je pense. Je suis sûre qu'il y a encore le virus de la peste noire dedans. Eurk. D'un coin de l'oeil, je vis Antoine me lancer un sweat, que j'enfilai. Je trouvai mon jean, et je l'enfilai en vitesse. Je pris mon téléphone dans ma poche arrière, et constatai avec un soupir que j'avais trois appels manqués de Catherine, ma coloc' pourrie, cinq messages et deux appels manqués de Lyo, ma meilleure pote complètement timbrée. Je me dirigeai vers la porte, toujours en consultant mon téléphone. Je sentis la présence d'Antoine, qui passa devant moi et m'escorta jusque la porte d'entrée. J'ouvris la porte d'entrée, et me retournai, gênée, pour lui dire au revoir, mais je vis qu'il me tendait un skate.

"- Je te raccompagne, il est cinq heures du mat' et j'ai pas envie que tu te fasses enlever, séquestrer ou je sais pas quoi. Et vu que j'ai plu de scooter et pas de voiture, j'te raccompagne à ma manière., m'expliqua-t-il en haussant les épaules

-Ah euh ok, bah merci", dis-je en prenant le skate. J'en ai fait étant ado, pendant deux, trois ans. J'avais un bon niveau, mais j'ai du arrêter quand je me suis blessée bêtement au ski avec mes parents, et j'ai jamais repris.

On descendit rapidement les marches, et une fois dehors je lui demandai dans quel arrondissement on était.

"- Treizième. T'habites où ?

- 18e putain. C'est vraiment à l'autre bout de Paris, jsuis désolée.

Il sourit.

- Bah c'est parti pour visiter Paris de nuit !"

Putain j'ai cours dans trois heures, c'est abusé.

On a traversé Paris en silence, l'air frais me faisait du bien. Il y avait plus personne, ça faisait du bien de reprendre le skate dans ces conditions. J'avais tenté quelques tricks simples, et Antoine faisait les mêmes, mais avec tellement d'aisance que je compris très vite qu'on avait pas le même niveau. Une heure plus tard, on arrive devant chez moi, près de place de Clichy. Je descends de mon skate et fais mon code. Je me tourne vers Antoine et lui tends son skate.

«- Nan c'est bon, garde le. Je vois bien que t'aimes ça.

- Qu'est-ce qui te dit que j'en ai pas un chez moi ?

- Ta réponse. Et au pire, ça nous fait une excuse pour se revoir..., dit-il en souriant

Je lui fais un petit sourire, je sens la fatigue peser. Je regarde l'heure. 6H08. Bon bah ça va être une bonne journée. Un plaisir.

"- Bon bah salut ?

- Ouais, salut, prends soin de Thierry.

- Attends, tu donnes des prénoms à tes planches ?

- Bah ouais, je te présente Jack.", dit il en levant sa planche. Je lève les yeux au ciel. C'est quoi ça encore ? Je m'engouffre dans mon immeuble, qui pue le chou-fleur, big up à madame du cinquième, Martha. Cette folle cuisine à 6h du mat'. Ça m'étonne même plus. Je visse mes écouteurs dans mes oreilles, et me lance  dans les escaliers, direction le septième. Merci l'ascenseur qui marche tous les 5 ans.

J'ai vu le vrai moi briller dans ses yeuxOnde histórias criam vida. Descubra agora